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La conception behavioriste sociale de l'image mentale

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Academic year: 2021

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LB

5-5

ÜU

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Cesa,

FACULTE DES SCIENCES DE L'EDUCATION

THESE PRESENTEE

A L'ECOLE DES GRADUES DE L'UNIVERSITE LAVAL

POUR L'OBTENTION

DU GRADE DE MAITRE ES ARTS (M.A.) PAR

SIMONE DELIGNY-HERRY

LICENCIEE EN ENSEIGNEMENT ELEMENTAIRE DE L'UNIVERSITE LAVAL

LA CONCEPTION BEHAVIORISTE SOCIALE DE L'IMAGE MENTALE

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faculté des sciences de l'éducation de l'Université Laval, et S monsieur Marc Herry, Ph.D., professeur S la Commission des écoles catholiques de Québec â qui elle est redevable d'une assistance constante et éclairée.

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Table des matières

Introduction ... 1

Chapitre premier - La théorie de base de l'apprentissage et du comportement du béhaviorisme social ... 6

- Le conditionnement classique ... 8

- Les corollaires du principe du conditionnement classique . . . 10

- Les variables qui affectent le conditionnement ... 12

- Le conditionnement instrumental ... 13

- Les corollaires du principe du conditionnement instrumental ... 14

- Les variables qui affectent le conditionnement ... 17

- La théorie de l'apprentissage des trois fonctions du s t i m u l u s ...17

- Les mécanismes stimulus-réponse (S-R) ... 22

- Les stimuli et les réponses internes ...24

Chapitre 2 - Les sources d'inspiration de la conception behavioriste sociale de 1 ' i m a g e ... 26

Chapitre 3 - L'image mentale: une réponse sensorielle conditionnée ... 49 - La formation de l'image ... 51 - Les fonctions de l ' i m a g e ... 65 - La fonction conditionnée ... 66 - La fonction renforçante . . ... 69 - La fonction directive ... 71

- L'interrelation et l'interaction des trois fonctions de 1 'image ... 76

Discussion et conclusion ... 80

Liste des f i g u r e s ... i

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Figure 1

Figure 2

- Le conditionnement classique ... 9

- Le principe de base du conditionnement

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mentale d'un objet, d'une personne ou d'un événement qui ne tombe pas actuel­ lement sous l'emprise des sens, c'est-à-dire en son absence.

Comme processus mental, l'image a été diversement considérée en psychologie, notamment par les deux conceptions antagonistes du comportement humain que sont la conception cognitive traditionnelle et la conception béha- vioriste radicale (Staats, 1975).

L'approche cognitive conçoit l'image comme le produit d'une faculté qui permet de se représenter oes objets, des personnes et des événements en leur absence l'imagination. Comme les processus mentaux en général, l'imagination dépend

alors du développement de processus ou de structures internes innés et fonda­ mentalement de nature biologique. Comme faculté, elle est considérée comme responsable de différences entre les individus dans leur capacité de reproduire des objets et des personnes absents ou des événements passés (l'imagination re­ productrice) aussi bien que dans leur capacité de dissocier des images pour les recombiner ensuite en de nouvelles images (l'imagination créatrice). Sans se préoccuper outre mesure de la nature et de la formation de l'image, cette con­ ception, que Staats qualifie d'organico-mentale, concentre son attention sur son aspect fonctionnel. L'image contribue au contrôle du comportement humain et joue un rôle important dans tous les domaines de l'activité humaine: l'acti­ vité quotidienne, les sciences, les arts, les relations sociales etc... En bref, l'approche cognitive conçoit l'image corme un événement interne produit d'un processus interne inné et comme une cause du comportement, notamment dans le domaine de la créativité.

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Suivant la doctrine de Watson, épousée par Skinner, le béhaviorisme traditionnel et radical ne retient comme matière de la psychologie que les stimuli et les réponses directement observables. Par ailleurs, le comportement est déterminé par l'environnement et non par des processus et des événements internes (Staats, 1975). Ainsi, de nombreux événements internes que les

théories cognitives et de la personnalité considèrent d'une importance capitale dans la compréhension, l'explication et le contrôle du comportement humain se sont trouvés à toutes fins pratiques exclus & priori du champ d'investigation du béhaviorisme traditionnel. Staats et Lohr (1979) rapportent que Watson con­ sidérait l'imagination comme rien d'autre qu'une conversation de l'individu avec lui-même ou avec autrui â propos d'objets et d'événements qui ne se sont pas encore manifestés ou qui s'étant manifestés, ne sont plus d'actualité.

Ils qualifiaient de sornettes les arguments des structuralistes et des fonction- nalistes en faveur de l'imagerie mentale. Finalement, ils rejetaient l'image et les autres composantes de la conscience parce qu'ils les préssentaient

inaccessibles aux méthodes de la science. Il n'y a pas lieu, dès lors, de

s'étonner que la représentation mentale et l'image, événements internes produits d'un processus interne, inaptes â l'observation et, échappant de ce fait aux méthodes objectives de la science, n'aient suscité que peu d'intérêt chez les béhavioristes traditionnels.

Dans une étude critique de l'imagerie mentale,Pylyshyn (1973) après avoir rappelé qu'elle a été un sujet esquivé pendant cinquante ans, souligne que l'existence d'expérience d'images ne peut pas être mise en doute. L'imagerie est une forme atténuée d'expérience extrêmement importante chez les humains.

Elle réapparaît désormais non seulement comme un phénomène à investiguer mais aussi comne un phénomène explicatif en psychologie cognitive.

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Dans sa récente théorie biologique des objets mentaux, Changeux (1983) rappelle que les anciens avaient déjà pris conscience de l'existence des images qu'ils qualifiaient de simulacres et qu'ils comparaient à l'empreinte laissée par un sceau sur une tablette de cire. Il rappelle aussi que l'intérêt pour l'image se poursuit à l'époque de la pensée empirique de Locke et de Hume et jusqu'à la fin du XIXe siècle avec les associationnistes cornue Laine, Binet et Ribot; c'est 1 'Sge d'or de l'image, promue au rang d'unité élémentaire de l'esprit humain mais poursuit Changeux, une réaction anti-image ne tarde pas à se manifester: Watson exclut de son catéchisme béhavioriste "tous les termes subjectifs comme sensation, perception, image...", avec pour résultat que les recherches sur l'imagerie mentale s'arrêteront pendant près d'un demi-siècle. Cependant, comme Pylyshyn, Changeux estime que la balance penche de nouveau du côté de l'imagerie mentale "on ne doute plus aujourd'hui des images mentales. Elles sont désormais soumises à la mesure comme le démontrent les études expé­ rimentales de Shepard et Metzler (1971), de Shepard et Judo (1975) et de Kosslyn (1980)"(Changeux, 1983, pp. 173-174).

Au moment oQ la recherche paraît manifester un regain d'intérêt pour l'imagerie et les objets mentaux, il semble approprié, voire utile, de présenter la conception béhavioriste sociale de l'image mentale. En effet, dès les origi­ nes de sa conception par Staats dans les années 50 le béhaviorisme social s'est intéressé aux événements et processus mentaux pour tenter de répondre aux ques­ tions qui constituent l'essentiel des préoccupations de la psychologie cognitive. De ce point de vue, le béhaviorisme social diffère fondamentalement de la doc­ trine de Watson et du béhaviorisme traditionnel, tout en demeurant béhavioriste par sa fidélité à l'objectivité; l'approche béhavioriste sociale de l'apprentis­ sage et du comportement n'est pas béhavioriste dans le sens d'ignorer et d'in­

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tradition-5

nelles de la personnalité jugent essentielles à la compréhension, à l'explica­ tion et au contrôle du comportement humain. Sa stratégie consiste alors à utiliser des principes empiriques de l'apprentissage, issus et dérivés de la recherche béhavioriste en laboratoire pour traiter des types de comportement et de processus mentaux qui font traditionnellement l'objet de la psychologie. De ce point de vue, le béhaviorisme social effectue un rapprochement majeur des théories béhavioristes et des théories cognitives de l'apprentissage et du comportement (Staats et Lohr, 1979). Aussi, il n'y a pas lieu de s'étonner que, contrairement, au béhaviorisme traditionnel, le béhaviorisme social se soit intéressé très tôt à l'imagerie mentale.

La présentation de la conception béhavioriste sociale dans son état actuel est l'objet de ce rapport de recherche. Le chapitre premier est consa­ cré â la théorie de base de l'apprentissage et du comportement du béhaviorisme social sur laquelle s'appuie la conception de l'image mentale. Le chapitre suivant décrit sonmairement des études expérimentales que Staats mentionne comme source d'inspiration de sa conception de l'image qui est spécifiquement l'objet du troisième chapitre. Enfin, la conclusion aborde la question de la validation expérimentale de la théorie béhavioriste sociale de l'imagerie mentale.

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La théorie de base de l'apprentissage et du comportement du béhaviorisme social

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Puisque la stratégie du béhaviorisme social consiste â traiter les événements psychiques, dont l'image mentale, en se référant à des principes issus et dérivés de la recherche empirique, il convient en tout premier lieu de présenter la théorie de base de 1 'apprentissage et du comportement du behaviorisme social.

Le béhaviorisme social reconnaît sans réserve le conditionnement classique et le conditionnement instrumental comme les deux types majeurs d'apprentissage - Staats (1970; 1975) décrit d'abord les conditionnements classique et instrumental séparément selon la coutume du béhaviorisme tradi­ tionnel. Il expose ensuite la conception béhavioriste sociale des deux condi­ tionnements, non plus comme deux types d'apprentissage distincts, séparés et indépendants l'un de l'autre mais comme deux processus d'apprentissage inter- reliës. La théorie de l'apprentissage des trois fonctions du stimulus concep­ tualise 1 'interrelation des conditionnements classique et instrumental. Par ailleurs, pour tenir compte de la complexité des comportements humains et des situations oû ils se manifestent dans la vie courante, par opposition â la simplification nécessaire mais artificielle du laboratoire, la théorie de base de l'apprentissage introduit le concept de mécanisme stimulus-réponse. Enfin, la théorie reconnaît l'existence de stimuli et de réponses internes et non manifestes que le béhaviorisme traditionnel tend à ignorer généralement mais que la psychologie humaniste tient au contraire pour l'aspect le plus important de la nature humaine (Staats, 1975).

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Le conditionnement classique

Il revient â Pavlov d'avoir découvert le conditionnement classique. En réalité, Pavlov étudiait les processus digestifs au niveau animal. La préparation du sujet, un chien, impliquait la déviation des canaux salivaires â travers les joues de sorte que la salive pouvait être recueillie et sa

quantité mesurée. Lorsque l'expérimentateur déposait des parcelles alimentaires dans la gueule de l'animal, une réponse salivaire se produisait de façon incon­ ditionnelle. Incidemment Pavlov constate que parfois le chien salivait sans que l'aliment n'ait été déposé dans sa gueule. Il remarque qu'en réalité lors­ qu'un stimulus, en 1 'occurence le tintement d'une cloche se présentait en conti­ guïté avec la parcelle alimentaire, ultérieurement le son de la cloche seul, déclenchait la réponse salivaire. Pavlov entreprit alors l'étude du condition­ nement classique.

Dans ses travaux, un échantillon simple de l'environnement, le son d'une clochette, est employé comme stimulus à conditionner. Le stimulus qui déclenche inconditionnellement la réponse salivaire est une parcelle alimentaire. La quantité de salive recueillie constitue la mesure de la réponse des glandes salivaires. L'expérimentateur présente le stimulus conditionné ^S, le son de la clochette qu'il fait tinter, suivi du stimulus inconditionné *S, la parcel­ le alimentaire qu'il dépose dans la gueule de l'animal. L'opération se répète un certain nombre de fois; puis, le stimulus conditionné est présenté seul et la quantité de salive mesurée. Il se révèle que, désormais, le stimulus condi­ tionné déclenche, seul et avec sûreté, la réponse salivaire. La figure 1 sché­ matise le conditionnement classique.

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Le principe de base du conditionnement classique peut s'énoncer ainsi: si un stimulus neutre se présente de façon répétée en contiguïté avec un stimulus inconditionné, il devient un stimulus conditionné qui déclenche une réponse similaire 3 celle déclenchée par le stimulus inconditionné.

aliment

CS _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ ^ r

son de cloche salivation

°S ---> r

son de cloche salivation

Fig. 1 La présentation de l'aliment déclenche la réponse salivaire. Après le jumelage du son de la cloche et de l'ali­ ment, le son de la cloche déclenche, seul, la réponse (extrait de Staats, 1975, p. ¿ ¿ ) .

Une découverte comte celle du conditionnement classique au niveau animal, précise, Staats (1975), ne devient utile à la compréhension du comporte­ ment humain qu'après l'extension, théorique ou expérimentale de l'application de son principe au niveau humain. Il cite conme exemple de l'extension expé­ rimentale du principe du conditionnement classique au niveau hunain l'expérience de Watson et Raynor en 1920. Le bruit assourdissant produit par un marteau que l'on frappe provoquait les pleurs de leur sujet, un enfant. Les expérimentateurs

r

présentaient â l'enfant un lapin blanc en guise de stimulus conditionné, S, tandis que leur sujet regardait l'animal, ils frappaient avec le marteau dont le bruit assourdissant, *S, déclenchait les pleurs de 1 'enfant. Après un certain nombre d'essais de conditionnement le lapin blanc déclenchait, seul, la réponse impliquée: 1 'enfant pleurait.

Staats suggère l'extension du principe au niveau hunain en soulignant qu'il existe dans le monde d'innombrables stimuli inconditionnés qui impliquent nombre de types de réponses. Il y a, par exemple, une grande variété de

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sub-stances comestibles qui déclencheront des variétés de réponses dans l'orga­ nisme; des stimulations tactiles, des sons, des odeurs, des mouvements etc... qui sont autant de stimuli qui déclenchent des réponses physiologiques lors­ qu'ils se présentent dans le champ sensoriel approprié. Toutes ces réponses inconditionnées sont conditionnâmes à des stimuli qui ne les déclenchent pas naturellement. En outre certaines sont ressenties comme agréables, satis­ faisantes, d'autres comme désagréables et insatisfaisantes; les stimuli qui déclenchent les premières sont alors qualifiés de positifs, les autres de négatifs. En bref, toutes sortes de stimuli auxquels l'être humain est sensi­ ble mais qui ne déclenchent pas en lui une réponse inconditionnée d'une modali­ té donnée, peut en venir à déclencher une telle réponse par conditionnement classique. Ceci suggère l'importance considérable du conditionnement classique au niveau humain, une importance d'autant plus considérable qu'il n'est aucune­ ment nécessaire que l'être humain ait conscience du phénomène lorsqu'il se

produit: la seule condition pour qu'une réponse inconditionnée se conditionne â un stimulus neutre est que ce stimulus se présente en contiguïté avec un sti­ mulus inconditionné.

Les corollaires du principe du conditionnement classique

La recherche expérimentale a découvert et isolé plusieurs sous-prin­ cipes du conditionnement classique. Ces sous-principes sont aussi importants pour analyser le comportement humain et comprendre les effets du conditionnement dans la vie quotidienne.

A - Le principe de conditionnement d'ordre supérieur

Lorsqu'un certain nombre d'essais de conditionnement primaire se sont r

produits le stimulus conditionné, S, devient un stimulus qui déclenche avec sûreté et force la réponse â l'origine déclenchée par le stimulus inconditionné,

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A toutes fins pratiques, le conditionnement peut devenir plus ou moins perma­ nent. Le stimulus conditionné peut dès lors assumer les mêmes fonctions que le stimulus inconditionné en conditionnement classique primaire. Si un nouveau stimulus neutre se présente en contiguïté avec un stimulus conditionné, il devient lui-même un stimulus conditionné, qualifié d'ordre supérieur.

B - Le principe de généralisation du stimulus

En réalité, un stimulus d'un type donné est rarement strictement identique à lui-même dans les circonstances diverses où il se manifeste. Cepen­ dant, la réponse émise en sa présence demeure similaire. Ainsi, si un stimulus déclenche une réponse, tout stimulus similaire tendra S déclencher une réponse similaire. La similitude des réponses dépendra alors de la similitude des stimuli.

C - Le principe de discrimination du stimulus

Une réponse conditionnée à un stimulus tendra â se manifester en présence d'un stimulus similaire. Dans ce cas, cependant, si l'un des stimuli, contrairement â l'autre, continue à se présenter en contiguïté avec le stimulus inconditionné, ce stimulus sera discriminé. C'est-à-dire, que la réponse conti­ nuera â se manifester en présence de l'un et tendra â ne plus se manifester en présence de l'autre. L'être hunain peut ainsi apprendre des réponses différentes

à des stimuli très similaires. Tout ce qui est requis pour ce faire, c'est que les stimuli concernés soient soumis à un procédé de conditionnement diffé­ rentiel.

D - Le principe d'extinction

Le principe d'extinction fait partie du principe de discrimination du stimulus. Lorsque l'organisme a été conditionné 3 répondre â un stimulus, l'ap­ prentissage persistera. Cependant, si ce stimulus se présente un certain nombre de fois sans être jumelé au stimulus inconditionné, la force du

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condition-nement s'affaiblira progressivement. Ceci constitue l'un des aspects du prin­ cipe de discrimination où l'un des stimuli ne se présente plus en contiguïté avec le stimulus inconditionné, contrairement 3 l'autre.

E - Le principe du contreconditionnement

Le contreconditionnement est un autre procédé qui change la fonction conditionnée d'un stimulus. Si un stimulus a acquis par conditionnement le pouvoir de déclencher une réponse ou positive ou négative et qu'il se présente dès lors en contiguïté avec un stimulus qui déclenche une réponse opposée ou négative ou positive selon le cas, il tendra ultérieurement 3 déclencher la nouvelle réponse. Ce résultat ne s'obtiendra cependant que pour autant que le nouveau stimulus impliqué dans le procédé déclenche sa réponse avec plus de force que le stimulus conditionné concerné ne déclenche celle acquise antérieurement.

Les variables qui affectent le conditionnement

Un certain nombre de variables affectent les résultats du condition­ nement classique. Ainsi, l'intervalle de temps qui sépare la présentation du stimulus 3 conditionner de celle du stimulus inconditionné affectera l'ampleur du conditionnement, l'intervalle le plus propice est de l'ordre de la demi-seconde. D'autre part, le conditionnement se réalise même si le stimulus inconditionné

ne suit pas de manière continue le stimulus 3 conditionner. Cependant, le conditionnement continu produit une réponse conditionnée plus intense que le conditionnement intermittent mais le conditionnement intermittent produit une réponse conditionnée plus résistante 3 l'extinction que le conditionnement conti­ nu. Enfin, le nombre d'essais de conditionnement constitue une variable impor­ tante. Ordinairement plus les essais sont nombreux plus la force de condition­ nement sera importante, tant en intensité avec laquelle le stimulus conditionné déclenche la réponse qu'en résistance de la réponse 3 l'extinction. Enfin, de façon générale, l'état de privation ou de rassasiement du sujet à un stimulus

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Le conditionnement instrumental

Tandis que Pavlov publiait ses travaux sur le conditionnement clas­ sique, Thorndike menait une recherche d'égale importance sur l'autre processus majeur d'apprentissage, le conditionnement instrumental. Alors que Pavlov

s'intéressait aux réponses internes des glandes et des muscles lisses, Thorndike faisait porter ses travaux sur les réponses manifestes des muscles squelettiques. Sa stratégie expérimentale consistait à placer un animal dans une cage et â déposer une parcelle de nourriture S l'extérieur. L'intérieur de la cage était muni d'un système simple dont 1 'activation par les mouvements de l'animal ouvrait une porte qui lui permettait de sortir et d'accéder à 1 'aliment.Thorndike nota qu'a

mesure que les essais se multipliaient, il fallait de moins en moins de temps pour que l'animal parvienne 3 ouvrir sa cage. Conscient de l'importance de la conséquence de la réponse de l'organisme dans l'apprentissage de la réponse par l'animaljil appela ce principe: la loi de l'effet: si une réponse est suivie d'un état agréable, elle s'apprend; si elle est suivie d'un état désagréable, elle ne s'apprend pas.

Staats a reformulé le principe du conditionnement instrumental de façon plus précise: si une réponse motrice (instrumentale) se produit en présence

d'un stimulus ou d'une situation stimulante et qu'elle est suivie d'un type de stimulus appelé stimulus renforçant positif, elle tendra à se reproduire de nou­ veau en présence de cette condition stimulante. Après un nombre suffisant

d'essais de conditionnement la situation stimulante tendra d'elle-même à déclen­ cher la réponse instrumentale, même en 1 'absence du stimulus renforçant.

D Un stimulus renforçant, que Staats représente par le symbole S, renforce, non pas la réponse elle-même, mais la tendance de la situation stimu­ lante à la déclencher. Le stimulus situationnel qui déclenche la réponse

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instrumentale est, dans la terminologie de Staats, un stimulus directif, repré­ senté par le symbole DS. La figure 2 schématise le principe de base du condition­ nement instrumental.

stimulus stimulus

situationnel réponse renforçant

DS ... > R R+S DS --- > R

Fi g. 2 - Si la réponse instrumentale est suivie d'un stimulus renforçant, ultérieurement la situation deviendra un stimulus directif et déclenchera la réponse, même en l'absence de renforcement (extrait de Staats, 1975, p. 28).

Comme les principes du conditionnement classique, le principe de base du conditionnement instrumental ou principe du renforcement positif a été

amplement démontré depuis les premiers travaux de Thorndike en utilisant divers appareils (voir Staats, 1975).

Les corollaires du principe du conditionnement instrumental

La recherche expérimentale a permi de dériver du principe de base du conditionnement instrumental un certain nombre de sous-principes également importants pour analyser le comportement humain et comprendre les effets du conditionnement instrumental dans la vie quotidienne.

A - Le principe de la punition positive

Le principe de la punition positive est le principe inverse du principe du renforcement positif. Il peut s'énoncer ainsi: si une réponse instrumentale se produit en présence d'une situation stimulante et qu'elle est suivie d'un stimulus appelé renforceur négatif, elle tendra à ne plus se reproduire en pré­ sence de cette condition stimulante.

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B - Le principe de renforcement négatif

Les situations stimulantes peuvent avoir une connotation négative en soi. Si une réponse instrumentale se produit en présence d'une telle situa­ tion et qu'elle est suivie de la suppression du caractère négatif de la situa­ tion, elle tendra ultérieurement à se reproduire dans cette situation.

C - Le principe de la punition négative

Les situations stimulantes peuvent aussi posséder une connotation positive. Si une réponse instrumentale se produit en présence d'une telle situation et qu'elle est suivie de la suppression de ses éléments positifs,elle tendra ultérieurement â ne pas se reproduire dans cette situation.

D - Le principe du conditionnement instrumental d'ordre supérieur

Ce principe original, formulé par Staats en 1964, contrairement aux autres principes, n'est pas issu de la recherche expérimentale. Staats l'a dérivé logiquement de la comparaison des conditionnements classique et instru­ mental, principe par principe. La similitude de l'ensemble des deux types de conditionnement péchait sur un point: l'absence en conditionnement instrumental d'un principe de conditionnement d'ordre supérieur analogue au principe du condi­ tionnement classique d'ordre supérieur. Ce principe peut s'énoncer ainsi: si un stimulus neutre se présente en contiguïté avec un stimulus directif qui a acquis le contrôle d'une réponse instrumentale, il devient un stimulus directif pour la réponse instrumentale concernée, sans qu'il soit nécessaire d'utiliser

de stimulus renforçant. Staats l'a démontré de façon informelle. Birkimer(1966) au niveau animal et Herry (1980) au niveau humain, l'ont démontré expérimentalement.

E - Le principe de généralisation du stimulus

Ce principe peut s'énoncer ainsi de façon analogue à celui des condi­ tionnement classique: si un stimulus a acquis la fonction directive pour une réponse instrunentale particulière, tout stimulus similaire tendra à déclencher

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une réponse similaire. La similitude des réponses dépendra alors de la simi­ litude des stimuli.

F - Le principe de discrimination du stimulus

Lorsque deux stimuli similaires tendent à déclencher une même réponse instrumentale, si la réponse émise en présence de l'un est contrairement â la réponse émise en présence de l'autre, suivie d'un stimulus renforçant, elle

tendra à se maintenir en présence du premier et à ne plus se produire en présence du second.

G - Le principe d'extinction

Ce principe peut se formuler comme suit: si une réponse instrumentale particulière a été conditionnée à se manifester en présence d'un stimulus et qu'elle n'est plus suivie du stimulus renforçant, la valeur directive de la situation stimulante tend â revenir à la valeur initiale qu'elle possédait avant le conditionnement.

H - Le principe de contreconditionnement

La fonction directive d'un stimulus directif à déclencher une réponse instrumentale particulière peut être affectée par une opération de contrecondi- tionnement à déclencher une réponse instrumentale incompatible avec plus de force qu'il ne déclenche la réponse initiale, la présentation du stimulus directif

déclenchera la réponse la plus forte. La seconde réponse supplantera la première. Cependant, le stimulus directif ne perd pas sa tendance à déclencher la réponse initiale. Si pour une raison quelconque la manifestation de la seconde réponse s'affaiblit ou qu'elle ne peut se produire, la réponse initiale se manifestera S nouveau.

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Les variables qui affectent le conditionnement

Un certain nombre de variables affectent le conditionnement instru­ mental. Il en est ainsi du temps qui s'écoule entre la réponse et la présen­ tation du stimulus renforçant. Au niveau animal par exemple, après un délai aussi court que 30 secondes la réponse ne se conditionne pas. Le délai entre la présentation de la situation stimulante et la manifestation de la réponse est également important. Le renforcement continu ou intermittent constitue une variable importante en conditionnement instrumental. En fait, des programnes de renforcement différents ont des effets caractéristiques sur la manifestation de la réponse. En général, pour obtenir une réponse rapide en présence du stimulus directif ainsi que résistante â l'extinction le meilleur procédé est d'utiliser du début un rapport, essais renforcés, essais non renforcés, très élevé, puis de le réduire progressivement. Par ailleurs, un certain nombre d'essais s'avère nécessaire pour réaliser le conditionnement, mais leur nombre varie en fonction de diverses conditions. Enfin, la privation ou le rassasiement du stimulus renforçant en affectant sa valeur renforçante facilite ou entrave selon le cas le conditionnement instrumental.

La théorie de l'apprentissage des trois fonctions du stimulus

Staats précise avoir décrit les conditionnements classique et instru­ mental séparément selon la coutume des théories traditionnelles de l'apprentissage. Cependant, poursuit-il, les théories béhavioristes de l'apprentissage ont en

général impliqué, à des degrés variés et de façon plus ou moins explicite, la question des relations entre les deux types de conditionnement.

Des théories ont tenté de dériver logiquement S partir des principes empiriques de conditionnement établis en laboratoire un principe ou processus unique d'apprentissage comnun et sous-jacent aux deux types d'apprentissage (Staats, 1975).

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D'autres théories, à l'inverse, ont soutenu l'existence de deux types d'apprentissage séparés et distincts qui rendaient compte de la différence de procédé particulier â chacun d'eux.

Enfin â partir de 1947 un nouveau type de théorie de l'apprentissage, dite â double processus, s'est développé sous l'influence de Mowrer, en parti­ culier (voir Staats, 1975). Cette nouvelle conception, tout en admettant la distinction opérationnelle entre les conditionnements classique et instrumental, soutenait l'existence de relations fonctionnelles entre les deux processus

d'apprentissage. Selon Rescola et Solomon (1967)sun certain succès au niveau expérimental tend S accréditer une version particulière de théorie à double processus qui postule que la concomitance qui s'observe entre les réponses con­ ditionnées périphériques et des réponses instrumentales est médiatisée par un état central commun et que les modifications de cet état sont assujetties aux principes du conditionnement classique.

Staats (1970) considère que l'une des tâches les plus importantes d'une théorie de l'apprentissage consiste à indiquer les interrelations qui existent entre les conditionnements classique et instrumental. De ce point de vue, la similitude d'ensemble des deux types de conditionnement, comme la révèle leur description précédente, suggère fortement qu'ils sont interreliés:dans les deux cas les corrolaires des principes de base ainsi que les variables qui affectent le conditionnement sont soit exactement les mêmes, soit les mêmes avec des caractéristiques particulières mineures. Cependant, l'aspect majeur et original de la théorie de l'apprentissage et du comportement de Staats réside dans la théorie de 1 'apprentissage des trois fonctions du stimulus qui conceptua­ lise 1 'interrelation des conditionnements classique et instrumental.

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La théorie de Staats (1975) reconnaît les principes de base des condi­ tionnements classique et instrumental comne les lois les plus fondamentales de l'apprentissage. Elle reconnaît aussi la distinction opérationnelle entre leur procédé de base:la contiguïté en conditionnement classique et le renforcement en conditionnement instrumental.

La théorie de l'apprentissage des trois fonctions du stimulus concerne les fonctions conditionné, renforçante et directive (discriminative) qu'un stimulus peut acquérir en vertu des deux procédés de conditionnement. Selon les théories béhavioristes traditionnelles ces fonctions s'acquièrent séparément et spécifi­ quement en vertu des principes soit du conditionnement classique soit du condi­ tionnement instrumental, selon le cas. La théorie de Staats suggère que les trois fonctions s'acquièrent simultanément quelque soit le procédé de condition­ nement concerné.

La conception de Staats repose fondamentalement sur la constatation qu'en général les stimuli inconditionnés, positifs ou négatifs, utilisés en conditionnement classique, la nourriture et la décharge électrique, par exemple, fonctionnent aussi comme stimuli renforçants, positifs ou négatifs, en condi­ tionnement instrumental. Ainsi la double fonction des stimuli inconditionnés conduit 3 réexaminer la situation typique du conditionnement classique qui est la suivante: un stimulus neutre se présente en contiguïté avec un stimulus inconditionné, il devient alors un stimulus conditionné qui déclenche, seul ultérieurement, une réponse similaire 3 celle déclenchée par le stimulus incon­ ditionné (figure 1). Cependant, le stimulus inconditionné est aussi un stimulus renforçant, les deux fonctions étant reliées, selon Staats, biologiquement, elles doivent aussi se transférer au stimulus 3 conditionner au cours du procédé de conditionnement classique. Ainsi, dans la figure 1, le stimulus incondi

IR

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CRs, pour indiquer la double fonction des stimuli. En fin de processus le stimulus neutre à l'origine devrait être en effet un stimulus â la fois

condi-CR

tionné et renforçant, R. Zimmerman (1957) et Pihl et Greenspoon (1969) ont démontré expérimentalement, l'un au niveau animal, les autres au niveau humain, que si un stimulus neutre se présente en contiguïté avec un stimulus incondi­ tionné ou conditionné, il devient simultanément un stimulus conditionné qui fonctionne ultérieurement comme stimulus renforçant dans des situations de conditionnement instrumental. Ces résultats constituent la démonstration d'un aspect particulier de 1 'interrelation des conditionnements classique et ins­ trumental .

La troisième fonction concernée par la théorie de l'apprentissage des trois fonctions du stimulus est la fonction directive du stimulus. La validation du principe du conditionnement instrumental d'ordre supérieur (Birkimer, 1966; Herry, 1980) dont il a été question dans la description du conditionnement ins­ trumental constitue une autre demonstration de 1 'interrelation des conditionnements classique et instrumental. En effet, fondamentalement un stimulus acquiert sa fonction directive en vertu du principe de base du conditionnement instrumental, le principe de renforcement. Cependant, dans le cas du principe du conditionne­ ment instrumental d'ordre supérieur le stimulus acquiert sa fonction directive en vertu du principe de base du conditionnement classique, le principe de contiguïté.

Par ailleurs, la théorie permet de formuler deux hypothèses. La pre-r mière peut se formuler ainsi: si un stimulus acquiert par conditionnement clas­ sique les fonctions conditionnée et renforçante, il acquiert simultanément la fonction directive. Les études expérimentales de Guay (1971) de Martin et Staats (1973: voir Staats 1975) et de Kappenberg (1973) ont démontré cette hypothèse.

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Les résultats de l'expérience de Trapold et Winokur (1967) peuvent aussi

s'interpréter comme une démonstration de cette hypothèse. La seconde hypothèse Peut se formuler ainsi: si un stimulus neutre est impliqué dans un procédé de conditionnement instrumental, il acquiert non seulement la fonction directive mais aussi les fonctions conditionnée et renforçante. Cette hypothèse a été démontrée par Herry (1983). Dans la situation typique du conditionnement ins­ trumental le procédé est le suivant: la situation stimulante se présente, la réponse instrunentale se produit en sa présence et elle est suivie d'un stimulus renforçant. Staats suggérait que le stimulus renforçant étant aussi un stimulus inconditionné ou conditionné, à mesure que le procédé de conditionnement instru­ mental se répète, la situation stimulante se présente en contiguïté avec un stimulus inconditionné ou conditionné et renforçant, le renforceur qui suit la réponse instrumentale. Ainsi, par un procédé de conditionnement classique systé­ matiquement intégré au procédé de tout conditionnement instrumental, le stimulus situationnel devient en fin de processus un stimulus directif, conditionné et renforçant.

Les expériences qui viennent d'être décrites sont autant de démonstra­ tion de 1 'interrelation intime du conditionnement classique et du conditionnement instrumental tant dans le sens conditionnement classique - conditionnement instrumental que dans le sens inverse, comme le conceptualise la théorie de l'ap­ prentissage des trois fonctions du stimulus.

Staats suggère enfin que l'implication des corollaires d'un type de conditionnement dans une situation d'apprentissage entraîne l'implication des corollaires de l'autre type de conditionnement. C'est une suggestion qui pour­ rait donner lieu â la formulation d'un certain nombre d'hypothèses â vérifier expérimentalement.

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Les mécanismes stimulus-réponse (S-R)

Les principes élémentaires de l'apprentissage sont issus en général de la recherche en laboratoire où la précision expérimentale exigeait la mani­ pulation d'un stimulus simple et l'observation de ses effets sur une réponse également simple. Ainsi, les principes élémentaires de conditionnement ont impliqué habituellement des mécanismes stimulus-réponse (S-R) simples.

Cependant, les comportements humains dans la vie réelle et quotidienne sont rarement aussi simples; ils sont habituellement complexes. Pour tenir compte de cette caractéristique du comportement humain en particulier il est nécessaire de spécifier de quelles façons les principes d'apprentissage entraînent des

mécanismes S-R plus complexes que le mécanisme S-R simple du laboratoire (Staats, 1975).

Il est très important, précise Staats, de souligner que toute réponse de l'organisme possède des caractéristiques stimulantes. Ainsi, par exemple, une réponse vocale, un mot, constitue pour celui qui l'émet aussi bien que pour autrui un stimulus auditif; chaque réponse musculaire active des structures sen - sorielles situées dans les articulations, les muscles et les tendons qui donne lieu a la sensation du mouvement exécuté, les crampes d'estomac sont la source de stimulations parfois douloureuses, etc...

Ces stimuli produits par les réponses de l'organisme sont d'une impor­ tance spéciale parce qu 'i 1s jouent un rôle de premier plan dans l'apprentissage d'un type de mécanisme S-R ainsi présent dans la vie quotidienne, le mécanisme de la réponse séquentielle ou chaîne de réponses. C'est par le biais de cette carac­ téristique de la réponse que chaque fois qu'une réponse suit immédiatement une autre réponse, la seconde réponse se conditionne à la première, la troisième â la seconde, etc...

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Il arrive aussi très fréquemment que plusieurs stimuli tendent à déclencher une même réponse particulière, chacun avec sa propre puissance. Lorsque ces stimuli se présentent conjointement,il y a alors sonmation des puissances et la réponse tendra à se déclencher avec plus de force. Il se peut également que plusieurs stimuli se présentent en étroite proximité, chacun tendant â déclencher sa propre réponse différente de la réponse déclenchée par chacun des autres. Ce mécanisme aura pour effet de déclencher une nouvelle combinaison de réponses, une réponse complexe nouvelle et original, sur la base de réponses élémentaires précédenment apprises séparément à chacun des stimuli impliqués. Ce mécanisme rend compte de la créativité. Il existe,par ailleurs, des coninnaisons de stimuli où chacun tend â déclencher une réponse particulière inconpatible avec la réponse déclenchée par les autres. Ce mécanisme rend

compte de l'incertitude qui s'observe parfois quant au comportement à produire dans nombre de situations stimulantes de la vie courante où certains stimuli tendent â déclencher des réponses d'approche, d'autres des réponses d ‘évitement. Ces trois exemples de mécanisme S-R présentent la caractéristique comnune d'im­ pliquer deux ou plusieurs stimuli et une réponse unique.

L'être humain, par ailleurs, peut aussi apprendre plus d'une réponse au même stimulus, chacune incompatible avec chacune des autres de sorte que si l'une se produit les autres ne peuvent se produire. La réponse la plus fortement conditionnée, compte tenu de la situation, se produira en priorité. Cependant si sa force s'affaiblit, la suivante dans la hiérarchie se manifestera. Ce type de mécanisme S-R implique un stimulus unique et des réponses multiples.

Enfin, les mécanismes S-R peuvent donner lieu à des combinaisons extrê­ mement complexes où des combinaisons de stimuli multiples déclencheront des com­ binaisons de réponses multiples. C'est un fait qu'en général l'être humain peut et doit apprendre des séquences et des combinaisons complexes de réponses sous des conditions stimulantes complexes.

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Il ne s'agit là, conclut Staats, que de quelques exemples de mécanisme S-R. C'est un domaine qui doit faire l'objet d'études expérimentales pour montrer comment de tels mécanismes peuvent s'apprendre et, une fois appris, comment ils fonctionnent dans des activités comportementales de toutes sortes, impli­ quant des réponses motrices, verbales, émotionnelles, e t c . .. C'est l'une des conditions les plus importantes pour comprendre et traiter les problèmes humains (Staats, 1975).

Les stimuli et les réponses internes

L'extension des faits et des théories de l'apprentissage au niveau humain requiert des modifications du niveau de base. La théorie de l'apprentis­ sage des trois fonctions du stimulus en est une. La description des mécanismes S-R est un autre domaine â développer, comme l'intégration de stimuli et de réponses internes aux processus de conditionnement.

Contrairement â la doctrine épousée par le béhaviorisme traditionnel depuis Watson, qui ne reconnaît comme matière 3 la psychologie que les stimuli et réponses manifestes, le béhaviorisme social prend en compte les stimuli et

les réponses internes. Le fait est, en effet, que l'expérience commune dit à chacun que beaucoup d'événements d'importance dans l'étude du comportement humain se déroulent en soi et ne sont pas observables directement. L'être hunain pense, planifie, imagine, sent,etc... ,ii s'agit d'événements internes non manifestes. Le béhaviorisme a parfois ignoré les événements internes que la psychologie humaniste a

tenus, elle, pour l'aspect le plus important de la nature humaine. Staats sug­ gère qu'il est possible de définir des concepts et de formuler des principes basés sur l'observation indirecte. Ainsi, s'il y a des stimuli et des réponses qui ne peuvent être spécifiés par observation directe, sans doute est-il possible de le faire par observation indirecte. Par exemple, la dissection permet d'observer

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des structures nerveuses dans les organismes et de découvrir qu'il existe diver­ ses sources de stimulation interne. Des appareils sophistiqués permettent de contrôler chez des êtres vivants l'activité nerveuse; il s'agit de stimuli et réponses internes. Les méthodes de conditionnement sont aussi un moyen d'obser­ vation indirecte. Miller (1935: voir Staats, 1975) a démontré, par exemple, que le langage interne suit les mêmes principes que le langage manifeste, c'est-â-dire que le langage peut déclencher des réponses conditionnées obser­ vables. Son étude indique qu'il existe des réponses "mentales" et que ces réponses ont aussi des caractéristiques stimulantes: d'autres réponses peuvent s'y conditionner. Il y.a , conclut Staats, suffisamment d'évidence que les mêmes principes s'appliquent aux stimjli et réponses internes qu'aux événements comportementaux manifestes.

C'est ainsi que, dans le contexte du présent rapport de recherche, le béhaviorisme social aborde l'étude de l'image mentale, événement interne, en ternes de conditionnement. Cependant, conformément à sa stratégie habituelle, il s'inspire d'études expérinentales antérieures sur le sujet qui font l'objet du chapitre suivant.

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Les sources d'inspiration de la conception béhavioriste sociale de l'image

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En introduction et dans le premier chapitre il a été mentionné que la stratégie du béhaviorisme social consiste â utiliser les principes d'ap­ prentissage et de comportement issus et dérivés de la recherche fondamentale pour analyser et expliquer les phénomènes psychiques. Le chapitre premier a présenté la théorie de base de l'apprentissage et du comportement du behavio- risme social.

Cependant, le béhaviorisme social se caractérise aussi par l'inspira­ tion qu'il va chercher, pour aborder un sujet particulier, dans des études expérimentales antérieures sur le sujet concerné. C'est ainsi qu'en ce qui

concerne l'imagerie mentale Staats cite â plusieurs reprises, comme source d'ins­ piration de sa conception béhavioriste sociale de l'image, des expériences de Leuba (1940), d'Ellson (1941), de Brogden (1947) et de Phillips (1958). La relation sommaire de ces études expérimentales fait l'objet du présent chapitre.

En 1940, Leuba publie un article qui relate un certain nombre d'expé­ riences planifiées dans le but de vérifier si les sensations peuvent se condition­ ner à des stimuli manifestes de la même façon automatique, mécanique et incons­ ciente que des réponses objectives l'ont été dans d'innombrables expériences depuis les expériences classiques de Pavlov.

La méthodologie de ces expériences y est ainsi décrite sommairement. Le sujet est plongé dans un état de profonde hypnose. L'expérimentateur lui applique alors simultanément deux stimuli, le son d'une cloche et une piqûre

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d'épingle sur la main, par exemple, une demi-douzaine de fois; avant de réveiller son sujet, il lui suggère d'oublier ce qui s'est passé durant l'état d'hypnose

(amnésie post-hypnotique). Quelques minutes après le réveil du sujet, il le soumet â une succession de stimuli parmi lesquels se présente l'un des deux stimuli précédemment utilisés, en lui demandant de lui dire sur le champ s'il expérimente visuellement, tactilement ou selon tout autre modalité sensorielle, quelque chose d'autre que les effets directs habituels de ces stimuli.

Leuba propose deux raisons à l'implication de l'état d'hypnose dans ses expériences. D'une part, la concentration de l'attention et l'absence de distractions dans cet état devraient favoriser le processus de conditionnement et réduire la possibilité d'attribuer ultérieurement les résultats obtenus à des influences étrangères. D'autre part, habituellement, S son réveil, le sujet hypnotisé ne se souvient plus de ce qui s'est produit durant son sommeil. Cette amnésie peut être suggérée au sujet avant son réveil. L'auteur considère l'amné­ sie post-hypnotique complète, qu'elle soit spontanée ou induite par sugqestion, corme une condition préalable essentielle à la démonstration que l'image peut

s'associer à un stimulus, en l'absence d'associations rappelées conscienment comme le postulent les lois classiques de l'association.

Les expériences, qui ont été réalisées durant les dix années précé­ dentes lorsque les occasions favorables se présentaient, ont impliqué plusieurs sujets et plusieurs expérimentateurs. Les sujets ont été des étudiants de

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niveau collégial, la plupart engagés dans un cours de psychologie générale au moment de l'expérience. Afin qu'ils ne découvrent pas la véritable nature de

l'expérience, l'hypnose, conme sujet d'étude, leur était présentée dans une perspective thérapeutique ou de travail pratique. Les expérimentateurs étaient soit l'auteur, soit un étudiant suffisamnent au fait des données théoriques et des techniques de l'hypnotisme pour se voir confier une démonstration d'hypno­ tisme devant la classe durant le cours de psychologie. Ils utilisaient la méthode traditionnelle d'hypnotisme: concentration de l'attention du sujet sur un stimulus continu ou sur un stimulus monotone et répété et suggestions de relaxation, d'apaisement et de sonroeil par l'expérimentateur. La plupart des sujets avaient été hypnotisés plusieurs fois avant 1 'expérience et avaient donné des signes manifestes de profonde hypnose (anesthésie, hallucinations) et

d'amnésie post-hypnotique.

La plupart des expériences ont été conduites dans le bureau de l'auteur ou dans une salle relativement insonorisée du département de psychologie.

L'auteur, relate ainsi 17 expériences qui se sont échelonnées de 1929 S 1939.

L'expérimentateur pique plusieurs fois le sujet endormi avec un objet pointu tandis qu'une clochette tinte. Il lui suggère l'amnésie post-hypnotique puis le réveille. Il échange quelques mots avec lui et fait tinter la clochette.

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Le sujet esquisse alors un geste vers la main qui a été piquée en disant qu'il vient de sentir à l'instant quelque chose à cet endroit.

L'expérimentateur demande au sujet hypnotisé de regarder l'image d'une pagode chinoise projetée sur un écran et d'écouter un enregistrement musical. Il le réveille et repasse l'enregistrement musical. Le sujet dessine alors une pagode chinoise relativement détaillée. Quand l'expérimentateur lui demande pourquoi il a dessiné une pagode, il répond ne pas le savoir. Il ne se rappelle pas en avoir vue depuis plusieurs mois et ne se souvient pas non plus d'avoir entendu de la musique depuis son arrivée dans la salle.

Le sujet endormi, l'expérimentateur frappe une boîte de fer blanc tout en frappant doucement sa main, six ou sept fois avec le plat d'une règle. Chaque fois, le sujet rejette légèrement la tête, en arrière. Il est réveillé après suggestion d'amnésie. Après une brève conversation l'expérimentateur lui demande de dire s'il entend, voit ou sent une sensation quelconque alors qu'il exécute certaines actions. L'expérimentateur ramasse divers objets, frappe du pied, tape sur la table et frappe divers objets dont la boîte de fer blanc. Les deux primières fois où la boîte est frappée le sujet rejette légèrement la tête. Cependant il ne mentionne en aucune occasion quelqu'expé- rience que ce soit, si ce n'est celle causée directement par les stimuli manifestes utilisés. Leuba attribue l'absence de conditionnement à un stimulus sonore au fait que durant la préparation hypnotique du sujet l'expérimentateur lui a recommandé de ne porter attention à rien, ni de ne rien écouter excepté sa voix et qu'il a oublié de lever cette restriction auditive avant de réveiller le sujet.

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L'expérimentateur enfonce doucement une règle dans les côtes du sujet hypnotisé tout en lui disant de regarder un chronomètre nickelé placé à environ 20cm des yeux pendant trois â cinq secondes. La combinaison des deux stimuli est répétée six fois à intervalle de 10 - 15 secondes. Après suggestion d'amné­ sie le sujet est réveillé. L'expérimentateur l'invite 5 se coucher sur un sofa et lui demande de regarder une carte blanche placé à la même distance que le chronomètre durant la phase d'hypnotisme. Il l'invite à dire ce qu'il expéri­ mente pendant certaines actions qu'il exécute en lui recommandant de regarder attentivement la carte. L'expérimentateur se déplace alors dans la salle et frappe divers objets avec la règle. Puis il enfonce la règle dans les côtes du sujet. Le sujet s'exclame aussitôt "Héi Attendez.' que diable'." Il ajoute qu'un anneau s'est formé sur la carte aussitôt que la règle T a touché. Lorsque la règle l'atteint une troisième fois, il déclare que l'anneau réapparaît de nouveau, qu'il y a un point noir au centre et qu'il est argenté. Il n'est cependant pas capable de fournir plus de détails concernant cette image sur la carte. Ultérieurement alors qu'il se déplace dans la salle, surpris et intrigué par le phénomène, il se saisit du chronomètre sur la table en s'exclamant que l'anneau qu'il a vu sur la carte était une montre, qu'il en est absolument certain.

Tandis qu'un expérimentateur fait claquer un criquet, un autre pince le dos de la main d'un sujet endormi â l'aide d'un abgësiomètre. Les stimuli sont jumelés cinq fois â intervalle de 10 - 15 secondes. A son réveil, le sujet est invité à dire ce qu'il expérimente tandis que les examinateurs font diverses choses, aussitôt que l'expérimentateur fait claquer le criquet, le sujet retire vivement sa main de l'accoudoir de son fauteuil, s'exclame que quelque chose l'a piqué à la main et frotte l'endroit où il a été piqué sous hypnose. Il ne répond â aucun autre stimulus utilisé mais chaque fois que le criquet claque, il retire sa main en disant qu'il sent une piqûre d'épingle.

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L'un des expérimentateurs demande au sujet de porter attention à l'autre examinateur. Celui-ci tient une petite bouteille de créosote sous le nez du sujet endormi et lui demande de sentir chaque fois qu'il la lui présente. Simultanément l'autre expérimentateur frotte le bras droit du sujet avec une règle. Le frottement du bras suivi de la présentation de la bouteille de créosote est répété cinq, six fois. Le sujet est alors réveillé et invite à communiquer ce qu'il expérimente. L'un des expérimentateur frappe ou frotte divers objets avec la règle, même la jambe du sujet, sans réponse. Cependant, aussitôt son bras frotté, il renifle et dit sentir une odeur bizarre, une odeur qui vient de pénétrer à l'instant dans la pièce. Le bras frotté de nouveau, il dit que l'odeur est plus forte, mais qu'elle ne persiste pas très longtemps. Il demande à l'expérimentateur s'il sent cette odeur, à sa réponse négative il semble intrigué. De façon apparamment tout à fait accidentelle l'expérimenta­ teur frotte de nouveau le bras du sujet qui de nouveau rapporte sentir une odeur forte. "Quelque chose comne une route asphaltée, comme la créosote" dit-il

finalement. L'odeur n'apparaît que lorsque le bras droit est frotté; aucun autre stimulus utilisé n'est efficace. Le sujet est très intrigué par l'apparition de l'odeur et désire connaître son origine. Il dit qu'elle apparaît soudainement, qu'elle est évidente et qu'il n'en peut voir la cause.

Pendant une minute, 1 'expérimentateur montre au sujet hypnotisé une fiche sur laquelle figure un rectangle et frappe un classeur métallique avec une règle. Peu après son réveil, il remet au sujet une fiche vierge, lui demande de la fixer du regard et de rapporter ce qui éventuellement y apparaîtra. Il agite alors ses clés, va et vient dans la pièce, ferme bruyanment un livre, se racle la gorge et frappe le classeur avec la règle. Au dernier stimulus le sujet

dit "ça y estJ je ne peux pas dire exactement quoi, mais c'est une sorte de figure géométrique". Quand l'expérimentateur lui en demande la couleur, il

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répond qu'elle a un "contour noir". Lorsqu'il lui présente un jeu de fiches de sujet choisit le rectangle comme la figure qu'il a vue. La figure apparaît sur la fiche vierge chaque fois que l'expérimentateur frappe le classeur mais elle disparaît rapidement.

L'expérimentateur pince le sujet environ huit fois avec un algésio- mêtre â la partie charnue de la main droite, entre la base du pouce et l'index. En même temps il frappe une boîte de fer blanc avec un crayon. A son réveil, le sujet est invité à rapporter ce qu'il voit, sent ou expérimente de toute autre façon en relation avec une série de stimuli. L'expérimentateur frappe du pied, fait claquer un classeur et ainsi de suite, finalement il frappe la boîte avec le crayon, immédiatement le sujet gratte la zone de sa main droite précédemnent stimulée en disant que "ça pique et ça démange". Dès que l 'expé- rimateur cesse de frapper la boîte, le sujet arrête de se gratter, il se gratte de nouveau quand l'expérimentateur reconrience.

L'expérimentateur montre un petit dessin â la plume d'un poisson au sujet tandis qu'il plie et déplie son bras neuf ou dix fois. A son réveil, il lui demande de lui dire ce qu'il expérimente sensoriellement lorsqu'il exécute divers mouvements: bouger la jambe droite, puis la jambe gauche et enfin plier et déplier le bras droit. A ce moment, le sujet dit qu'il lui vient quelque chose à l'esprit mais ne sait quoi exactement. Quand l'expérimentateur lui donne une fiche blanche à regarder, il dit qu'il y voit un poisson d'environ sept centimètres de long sur deux de large à la queue et qu'il s'estompe dès qu'il arrête de mouvoir le bras. Le poisson réapparaît dès qu'il le meut.

Le sujet est piqué cinq ou six fois à la partie charnue de la main gauche pendant que l'expérimentateur frappe une corbeille 3 papier métallique avec un crayon métallique. Après son réveil, la série habituelle de stimuli

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n'entraîne aucune réponse de sa part,mais au moment où la corbeille S papier est frappée il remonte rapidement sa main gauche, la regarde, palpe la partie charnue et paraît intrigué. Lorsque l'expérimentateur lui demande ce qui lui arrive, il répond qu'il sent corme la piqûre de quelque chose de petit et de pointu; que cela arrive quand l'expérimentateur fait ce bruit et disparaît lorsqu'il arrête.

L'expérimentateur montre au sujet le petit dessin d'un arbre â l'inté­ rieur d'une boîte pendant qu'il meut le bras. A son réveil le dessin apparaît très clairement comme une image S chaque mouvement du bras.

Le sujet observe l'expérimentateur lever et abaisser son bras et frapper la table de la pointe de son crayon. Au réveil, la vue du mouvement du bras est un stimulus conditionné: le sujet entend le bruit du crayon sur la table.

L'expérimentateur fait claquer un criquet a peu près sept fois pendant que le sujet sent une petite bouteille de créosote. Au réveil, il Utilise le répertoire habituel de stimuli et fournit les directives courantes. Au claque­ ment du criquet, le sujet dit "créosote", plisse et se frotte le nez et détourne la tête. Le même résultat apparaît lorsque les stimuli sont répétés dans un ordre différent. Il y a une réponse au criquet mais â aucun autre stimulus. Le sujet est intrigué par l'odeur et demande ce qui la provoque.

Un criquet claque pendant que le sujet sent de la créosote pendant 20 secondes. Le sujet ne fait de réponse délibérée à aucun des stimuli de la série quand l'expérimentateur le questionne, il dit avoir senti l'odeur de quelque chose au claquement du criquet. A la présentation de deux odeurs, il choisit la créosote comme étant celle qu'il a sentie.

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L ’expérimentateur fait tinter une clochette pendant que le sujet regarde une paire de ciseaux pendant 15 secondes. Lorsqu'à son réveil, il lui dit de regarder une feuille de papier blanc,le sujet dit a œ r c e v o i r sur le papier un couteau, une épée ou quelque chose de ce genre lorsque la clochette tinte. A la présentation de divers objets, il choisit la paire de ciseaux comme l'objet dont l'image lui est apparue sur la feuille de papier.

Une petite clochette tinte pendant que le sujet sent de la créosote pendant 15 secondes, ultérieurement lorsque la clochette tinte seule le sujet renifle et dit sentir quelque chose -"le produit des boules à mites"- mais ne peut en donner le nom. En sentant le créosote il déclare que c'est cela.

Pendant que claque un criquet le sujet regarde ses lunettes. Ulté­

rieurement le criquet ne déclenche pas d'apparition d'image sur une fiche blanche. L'auteur suggère que le sujet peut avoir certaines difficultés à voir sans ses lunettes.

Pratiquement sans exception, rapporte Leuba, les sujets faisaient état d'images (sensations conditionnées) sur présentation du stimulus conditionné. Par exemple, après le tintement de la clochette le sujet mentionnait une déman­ geaison et une douleur à la main, même s'il n'avait pas souvenir d'avoir été précéderaient piqué à cet endroit ou d'avoir entendu la clochette. Les sensations tactiles douloureuses apparaissaient immédiatement et automatiquement dès le tintement de la clochette, à la grande surprise du sujet.

L'auteur assure aussi que les sujets étaient toujours absolunent inconscients de la nature de l'expérience à laquelle ils participaient. Par ailleurs, il était parfaitement évident que les réponses conditionnées s'accom­ pagnaient fréquemnent de réponses objectivescomme un geste, se gratter, se frotter la main, plisser le nez, renifler dans le cas de la créosote. Ces mouvements

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étaient des réponses spontanées, rapides qui suivaient immédiatement le stimulus conditionné et substantifiaient les réponses subjectives verbales du sujet. Habituellement les mouvements manifestes commençaient avant que le sujet fasse état de présence d'image.

Leuba rapporte encore qu'invariablement le sujet était surpris et intrigué par les sensations conditionnées. Elles arrivaient soudainement de nulle part et s'évanouissaient aussi soudainement. Elles étaient totalement involontaires et automatiques. Après un certain nombre de présentations du stimulus conditionné, habituellement le sujet prenait conscience que l'image suivait toujours ce stimulus précis, mais il se demandait encore pourquoi cette connexion bizarre.

Les sensations conditionnées poursuit 1 'auteur, étaient souvent si intenses et si vivaces qu'elles étaient prises pour des sensations réelles, le sujet croyait réellement qu'il sentait une odeur ou qu'il était piqué â la main par un objet pointu, cependant les images étaient vivaces et difficiles â

examiner. Elles apparaissaient et disparaissaient en relation avec le stimulus conditionné et si le stimulus persistait, elles s'évanouissaient. Le sujet pouvait rarement identifier correctement l'image sur le champ: la montre était un anneau d'argent ayant un point au centre; la créosote était une odeur forte, pénétrante; le rectangle n'était que l'ébauche d'une figure géométrique.

Cependant, parmi un certain nombre de stimuli proposés, le sujet reconnaissait toujours le stimulus objet de l'image.

Leuba mentionne que Hull (1933) fait état d'un phénomène similaire 5 ceux décrits précédemment dans une étude expérimentale de Scott (1930). Scott menait une expérience destinée â découvrir les différences, s'il y en avait, entre le conditionnement du retrait du doigt sous les conditions normales et

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sous des conditions d'hypnose, en jumelant le son d'un vibreur et une décharge électrique. Il observe alors incidemment que plusieurs des sujets, totalement amnésiques â leur réveil, prétendaient avoir l'impression d'avoir reçu une décharge électrique aux doigts. L'un des sujets soutenait qu'il avait bel et bien reçu une décharge même si l'expérimentateur après avoir vérifié l'ap­ pareil, était absolument certain qu'il n'en était rien.

En c onclusion de son article Leuba précise que l'état hypnotique des sujets limitait leur attention aux stimuli appropriés permettant ainsi la démons­ tration d'un principe fondamental dont le fonctionnement dans la vie courante est obscure par la présence simultanée de nombreux stimuli et de nombreuses réponses. Ses expériences indiquent qu'un stimulus à l'origine inapte S provo­ quer une sensation d'une modalité sensorielle donnée, acquiert ce pouvoir auto­ matiquement et sans intervention de la conscience, si ce stimulus est présent lorsque l'individu expérimente la sensation concernée. En conséquence, l'image peut être considérée comme une sensation conditionnée.

Eli son ( 1 9 4 1 ^ dans une étude expérimental extraite d'hallucinations produites par conditionnement sensoriel. En introduction, il souligne que la littérature sur les phénomènes psychiques foisonne d'événements S l'occasion

desquels des personnes font état de perceptions qui se sont produites en l'absence

wÊne des événements réels propres à les évoquer normalement. Dans de nombreux cas, l'événement responsable de la perception est identifié; dans d'autres, il ne l'est pas. Très souvent, ce phénomène est décrit conme une hallucination similaire à celle vécue par des malades mentaux ou par des individus sous l'in­ fluence de drogues. Selon Ellson, cependant, â cette époque, peu a été fait dans ce domaine en ce qui concerne la nature des hallucinations chez des person­ nes normales et en l'absence de drogue. C'est l'objet de son étude expérimentale.

Figure

Fig.  1  La  présentation  de  l'aliment  déclenche  la  réponse  salivaire.  Après  le  jumelage  du  son  de  la  cloche  et de  l'ali­

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