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Loin des yeux, près du coeur : la transition à la parentalité en contexte d'adoption à l'international

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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LOIN DES YEUX, PRÈS DU COEUR: LA TRANSITION À LA PARENTALITÉ EN CONTEXTE D'ADOPTION À L'INTERNATIONAL

MÉMOIRE PRÉSENTÉ

COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN SEXOLOGIE

PAR

LAURENCE~AMÉLIE QUEVILLON

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UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL Service des bibliothèques

Avertissement

La diffusion de ce mémoire se fait dans le respect des droits de son auteur, qui a signé le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles supérieurs (SDU-522 – Rév.10-2015). Cette autorisation stipule que «conformément à l’article 11 du Règlement no 8 des études de cycles supérieurs,[l’auteur] concède à l’Université du Québec à Montréal une licence non exclusive d’utilisation et de publication de la totalité ou d’une partie importante de [son] travail de recherche pour des fins pédagogiques et non commerciales. Plus précisément, [l’auteur] autorise l’Université du Québec à Montréal à reproduire, diffuser, prêter, distribuer ouvendre des copies de [son] travail de recherche à des fins non commerciales sur quelque support que ce soit, y comprisl’Internet. Cettelicence et cette autorisation n’entraînent pas une renonciation de [la] part [de l’auteur] à [ses] droits moraux ni à [ses] droits de propriété intellectuelle. Sauf entente contraire, [l’auteur] conserve la liberté de diffuser et de commercialiser ou non cetravail dont[il] possède un exemplaire.»

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Tout d'abord, il me semble crucial de remercier ces six couples qui m'ont partagé leur histoire avec beaucoup de générosité et de sincérité. Sans vous, ce projet de recherche n'aurait pas pu être réalisé.

Merci à Anne-Marie Morel, présidente de la Fédération des Parents Adoptants du Québec, pour sa précieuse collaboration et son implication inspirante au sein de cette association de parents. Ta dévotion n'a pas cessé de m'impressionner!

Merci à Sylvie Lévesque, ma directrice de recherche, pour ces trois années d'encadrement. Merci d'avoir cru en mon projet - et en moi ! - depuis le début. Tu m'as aussi aidée à repousser mes limites plus que je ne l'avais jamais fait auparavant. Merci à mes collègues et amies de l'UQÀM pour les conversations qui m'ont aidée à avancer et celles qui m'ont permis de ventiler. À Sarah et Valérie, merci d'avoir débroussaillé la voie comme vous l'avez fait; vous êtes des inspirations. À Véronique, merci d'avoir partagé avec moi les déceptions, les frustrations, mais aussi les réussites du quotidien. Je serai là jusqu'à ce que, toi aussi, tu rédiges ces dernières lignes. Merci à mes ami.es, spécialement à Rose-Marie et Samuel, pour votre présence constante et apaisante. Merci aussi de m'avoir acceptée telle que je suis durant ces dernières années, et ce, dans les bons et les moins bons moments. Votre amitié fait partie de ce que j'ai de plus précieux.

Mille - au moins ! - mercis à ma famille, particulièrement à ma mère et mon beau-père, pour votre soutien pendant ces trois dernières années, mais aussi pendant

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l'ensemble de ma scolarité. Il n'existe pas de mot me permettant d'exprimer toute la reconnaissance et l'amour que j'ai à votre égard. La différence que vous avez faite dans mon parcours scolaire, et dans ma vie, est inestimable.

Enfin, un merci particulier à mes chats (bien que vous ne sachiez pas lire) pour votre présence réconfortante pendant tout ce temps passé à rédiger, et ce, à toutes les heures du jour et de la nuit.

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LISTE DES FIGURES ... VII RÉSUMÉ ... VIII INTRODUCTION ... 1 CHAPITRE! PROBLÉMATIQUE ... ; ... 3 CHAPITRE II ÉTAT DES CONNAISSANCES ... 7

2.1 Les facettes du couple ... 7

2.1.1 Définition du couple ... 7

2.1.2 Distinction entre les facettes conjugale et parentale du couple ... 8

2.2 La transition à la parentalité ... 10

2.2.1 Défis rencontrés lors de la transition à la parentalité ... 10

2.2.2 Soutien social lors de la transition à la parentalité ... 12

2.2.3 Modulation de la satisfaction conjugale lors de la transition à la parentalité... .. .. . .. . ... .. . . . ... . . .... . . .. .. .. . . ... .. .. ... .. .. . .. . .. ... .... . . . .. . . .. . . 13

2.2.4 Modulation de la satisfaction sexuelle lors de la transition à la parentalité ... 14

2.3 La parentalité adoptive ... 15

2.3.1 Profil des parents adoptants à l'international ... 15

2.3.2 Processus d'adoption à l'international ... 17

2.3.3 Profil des enfants adoptés à l'international ... 22

2.3.4 Défis propres à la parentalité adoptive ... 24

2.3.5 Satisfactions conjugale et sexuelle des parents adoptants à l'international ... 28

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CHAPITRE III

CADRE CONCEPTUEL ... 30

3.1 Opérationnalisation de concepts-clés ... 30

3 .2 Théorie du parcours de vie ... 3 2 3.3 Théorie de la transition ... 34

3.4 Apport du cadre conceptuel au projet de recherche ... 36

CHAPITRE IV MÉTHODOLOGIE ... 38

4.1 Approche théorique ... 38

4.2 Population à l'étude et échantillon ... 3 9 4.3 Recrutement des participant.es ... 41

4.4 Instrument de mesure et déroulement des entrevues de recherche ... .42

4.5 Analyse des données ... 44

4.6 Considérations éthiques ... 45

4. 7 Limite de l'étude ... 46

4.8 Profil des couples de participant.es ... 46

4.8.1 Vignettes ... 47

CHAPITRE V ARTICLE ... 52

5.1 La mise en œuvre du projet familial: l'importance accordée à la parentalité comme principal moteur face aux obstacles rencontrés ... 64

5.2 La gestation virtuelle de 1' enfant à venir : un remodelage des identités .. 66

5.3 La concrétisation de la parentalité: ensemble face aux nouveaux défis .. 69

5.4 Le remodelage des identités: un principe de vases communicants modulant les satisfactions conjugale et sexuelle ... 73

CONCLUSION ... 88

ANNEXE A ÉTAPES DU PROCESSUS D'ADOPTION À L'INTERNATIONAL ... 90

ANNEXEB AFFICHE DE RECRUTEMENT ... 103

(7)

ANNEXEC

FORMULAIRE DE CONSENTEMENT ... 104 ANNEXED

GRILLE DE CODIFICATION ... 108 RÉFÉRENCES

(8)

Figure

Page

Figure 5.1 Représentation schématique du processus de transition à la parentalité en

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À l'heure actuelle, l'adoption d'un enfant à l'international est une voie pour accéder à la parentalité d'une importance considérable ; au Québec, c'est une dizaine d'organismes agréés et plus de 1500 enfants adoptés à l'international qu'on dénombre depuis 2010 (Gouvernement du Québec, 2015). Malgré tout, les connaissances portant spécifiquement sur la transition à la parentalité des couples de parents adoptants sont très limitées. Le présent projet de recherche tentera ainsi de combler cette lacune importante. Afin d'y arriver, l'étude visera à répondre à la question de recherche suivante :

«

Comment les couples de parents adoptants effectuent-ils leur transition à la parentalité? » Le projet de recherche qualitative a été réalisé au Québec de septembre 2016 à mai 2018 en s'appuyant sur la théorie du parcours de vie (Levy et Pavie Team, 2005) et celle de la transition (Meleis, 2010). Six couples de parents ayant terminé le processus d'adoption à l'international de leur premier enfant depuis au moins un an et au plus sept ans ont chacun pris part à une entrevue de recherche dyadique semi-directive. Une analyse par théorisation ancrée a mené à relever les principales composantes de la transition à la parentalité en contexte d'adoption à l'international. Ainsi, un modèle théorique est proposé permettant, entre autres, de mettre en relation le fort désir de parentalité des participantes et leur reconceptualisation de cette notion, en passant par l'éclosion de l'identité de parent et au déclin de l'identité de conjoint. Au cours du processus d'adoption à l'international, ces couples ne peuvent généralement pas compter sur un soutien social suffisant et adéquat, ce qui a des répercussions importantes sur leur expérience de transition à la parentalité. De manière générale, l'étude a permis de souligner l'importance des services pré et post-adoption, en plus de fournir des pistes d'intervention sexologique adressées aux intervenants œuvrant auprès des couples de parents adoptants.

Mots-clés : transition à la parentalité, adoption à l'international, projet familial, familles adoptives, familles non traditionnelles

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La transition à la parentalité biologique est une thématique abordée fréquemment dans les écrits scientifiques. La situation est bien différente lorsqu'il est question de la thématique de la transition à la parentalité en contexte d'adoption à l'international, bien que cette voie pour accéder à la parentalité touche une multitude de gens. Le présent mémoire s'intéresse particulièrement à la façon dont s'articule ce processus de transition à la parentalité dans le contexte particulier de l'adoption à l'international, à partir du désir d'enfant des partenaires et jusqu'à plusieurs années après l'arrivée de l'enfant au Québec.

Le mémoire, déposé à titre d'exigence partielle de la maîtrise en sexologie, est composé de cinq chapitres. Le chapitre I présente la problématique à l'étude sous différents aspects, mettant en lumière les principaux enjeux actuels concernant la transition à la parentalité en contexte d'adoption à l'international. Il se termine par la question de recherche orientant le projet de recherche. Le chapitre II expose l'état des connaissances. Il est ainsi possible d'y lire un survol des écrits scientifique au sujet de trois thèmes différents, soit les facettes du couple, la transition à la parentalité et la parentalité adoptive. Le chapitre III présente le cadre conceptuel, soit les fondements théoriques soutenant le projet de recherche. Plus précisément, il est possible d'y lire une opérationnalisation de concepts-clés utilisés tout au long de l'étude, en plus d'une présentation de la théorie du parcours de vie et de celle de la transition. Le chapitre IV expose la méthodologie du projet de recherche, soit une description de l'approche théorique choisie, de la population à l'étude et de l'échantillon sélectionné, du recrutement de ces participant.es, de l'instrument de mesure, du déroulement des entrewes de recherche et, enfin, de l'analyse des données. Des considérations éthiques

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ainsi que les principales limites de l'étude y sont aussi partagées. Le dernier chapitre du mémoire, soit le chapitre V, correspond à l'article. Ce chapitre contient les résultats du projet de recherche, qui sont présentés sous la forme de quatre catégories conceptuelles, en plus d'une discussion au sujet de ces résultats.

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PROBLÉMATIQUE

Aux États~Unis, une augmentation du nombre d'adoptions effectuées à l'international peut être observée depuis plusieurs années, ce chiffre ayant triplé lors de la dernière décennie (Hellerstedt, Madsen, Gunnar, Grotevant, Lee et Johnson, 2008). D'un côté, ce recours plus fréquent à l'adoption d'un enfant peut être mis en relation avec l'augmentation de l'incidence des problématiques d'infertilité ainsi qu'un désir de parentalité tardif de plus en plus courant (Hollingsworth, 2000). D'un autre côté, choisir d'effectuer un processus d'adoption à l'international peut être expliqué par le fait que plus d'enfants sont disponibles pour l'adoption à l'étranger qu'à l'intérieur de son propre pays (U.S. Department ofHomeland Security, 2006 cité dans Hellerstedt et al., 2008). Au Québec, c'est une dizaine d'organismes agréés et plus de 1500 enfants adoptés à l'international qu'on dénombre depuis 2010 (Gouvernement du Québec, 2015). L'adoption à l'international est ainsi une voie pour accéder à la parentalité qui atouche une multitude de gens au Québec et ailleurs.

Bien que les familles adoptives soient proportionnellement peu nombreuses,

il

semble pertinent de s'intéresser à cette population puisqu'il est probable que le recours à l'adoption à l'international comme voie vers la parentalité devienne de plus en plus fréquent dans les prochaines années au Québec. En effet, le 10 novembre 2015, le projet de loi 20 a mené à la fm de la gratuité complète du programme de services de procréation médicalement assistée (PMA) dans la province et à la création de nouvelles balises pour accéder à ce service (Bonenfant, 2015). Ce fait souligne le caractère actuel

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et social de la thématique de la transition à la parentalité en contexte d'adoption à l'international.

Les couples adoptant un premier enfant à l'international possèdent un profil tout aussi unique que leur expérience de transition à la parentalité. En effet, en comparaison avec les nouveaux parents biologiques, on remarque qu'ils possèdent un plus haut niveau d'éducation, appartiennent généralement à une classe économique supérieure et ont davantage tendance à être en union libre ou mariés (Hellerstedt et al., 2008). Ils ont aussi habituellement 10 ans de plus que les nouveaux parents biologiques (Lemieux, J., 2013). Les couples de parents adoptants à l'international peuvent par ailleurs rencontrer de nombreux défis propres à leur voie vers la parentalité tels qu'une discrimination perçue tout au long du parcours (Brown, Smalling, Groza et Ryan, 2009 ; Gianino, 2008 ; Reinoso, Juffer et Tieman, 2013), des difficultés légales (Brown et

al.,

2009), des doutes de l'entourage concernant le sérieux du projet, du racisme provenant des membres de la famille élargie (Bédard, 2013) et la fréquente présence de problèmes de santé chez l'enfant adopté (Gouvernement du Québec, 2017a), entre autres.

De nombreuses études se penchent sur la thématique de la transition à la parentalité biologique (Figueiredo, Field, Diego, Hernandez-Reif, Deeds et Ascencio, 2008; Lawrence, Rothman, Cobb, Rothman et Bradbury, 2008; Nezhad et Goodarzi, 2011). Toutefois, à l'heure actuelle, malgré l'importance de l'adoption à l'international comme voie pour accéder à la parentalité, les connaissances portant spécifiquement sur la transition à la parentalité des couples de parents adoptants sont très limitées. De plus, comme ces dyades se distinguent grandement des couples de parents biologiques de par leurs caractéristiques sociodémographiques, il s'avère impossible de transférer les résultats d'études sur la parentalité à leur expérience particulière. En ce qui concerne les recherches scientifiques qui, jusqu'à maintenant, se sont intéressées au contexte de l'adoption à l'international, l'objet d'étude est plus souvent fixé sur l'enfant adopté

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(Barcons, Abrines, Brun, Sartini, Fumad6 et Marre, 2012 ; Miller, Chan, Tirella et Perrin, 2009; Pérouse de Montclos, 2011) que sur le couple de parents adoptants. Le présent projet de recherche cherche ainsi à pallier ces lacunes importantes au niveau des connaissances sur la transition à la parentalité des couples de parents adoptants. Afin d'y arriver, l'étude visera à répondre à la question de recherche suivante : « Comment les couples de parents adoptants effectuent-ils leur transition à la parentalité ? »

La paucité de données et, conséquemment, la méconnaissance de la réalité des couples de parents adoptants nuisent de façon importante aux services offerts à cette population singulière. Actuellement, dans la région métropolitaine de Montréal, seulement deux établissements du réseau de la santé et des services sociaux offrent des services pré et post-adoption à l'international, soit le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Est-de-l'Île-de-Montréal et le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l'Ouest-de-l'île-de-Montréal (Secrétariat à l'Adoption Internationale, 2017). Avant l'arrivée de l'enfant au Québec, ces services prennent la forme d'interventions de groupe facilitant la préparation à l'adoption (Gouvernement du Québec, 2010). Lors de ces ateliers, de multiples thématiques sont abordées, telles que les différences entre l'enfant adopté et l'enfant biologique, la santé et le développement de l'enfant adopté, l'attachement de l'enfant adopté et le sentiment d'abandon pouvant être ressenti par l'enfant adopté (Gouvernement du Québec, 2010). Suite à l'arrivée de l'enfant, les services post-adoption à l'international correspondent à la visite d'un intervenant qui conseillera les nouveaux parents quant aux soins appropriés à donner à l'enfant et les orientera dans le but de faciliter l'intégration de l'enfant dans son nouvel environnement social et familial (Secrétariat à !'Adoption Internationale, 2018c). Les services pré et post-adoption à l'international concernent donc principalement l'enfant adopté et très peu d'attention est portée aux couples de parents adoptants.

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Le projet de recherche pennettra de fournir des pistes d'intervention sexologique adressées aux intervenants œuvrant auprès des couples de parents adoptants à l'international. De plus, les nouvelles connaissances sur la réalité des couples de parents adoptants pennettront de bonifier les services pré et post-adoption à l'international. En s'intéressant particulièrement à la transition à la parentalité en contexte d'adoption à l'international, le présent projet contribuera certainement à mettre en relief la légitimité de l'adoption à l'international comme voie vers la parentalité. Cette notion peut effectivement être ébranlée chez les nouveaux parents adoptants dû, par exemple, au sentiment de culpabilité lié à la possibilité de jouir de la présence d'un enfant qu'une mère n'a pas pu garder auprès d'elle (Cameiro, 2007). De manière générale, le projet de recherche participera aussi à la mise en valeur de la multiplicité des parcours de vie amoureuse et des configurations familiales observables au sein de la société québécoise.

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ÉTAT DES CONNAISSANCES

Les connaissances portant sur la transition à la parentalité des couples de nouveaux parents adoptants sont très limitées, ce qui défavorise de façon importante les services étant offerts à cette population singulière. En ce sens, un survol des écrits scientifiques pertinents sera effectué, touchant trois thèmes différents soit 1) les facettes du couple, 2) la transition à la parentalité et 3) la parentalité adoptive. Notons que le manque criant d'études, et plus précisément d'études récentes, portant sur la parentalité adoptive explique l'utilisation récurrente de certaines sources.

2.1 Les facettes du couple

2.1.1 Définition du couple

Depuis les 30 dernières années, la définition du couple a changé à de multiples niveaux (Bawin-Legros et Gauthier, 2001). Néanmoins, il est généralement reconnu qu'au sein des sociétés occidentales contemporaines, le couple est formé suite à la transformation de l'état amoureux en engagement amoureux (Dupré la Tour, 2009). Les membres d'une dyade s'investissent dans leur relation de couple alors qu'ils se reconnaissent comme étant un couple et se font reconnaitre comme tel par leur environnement (Dupré la Tour, 2009). La relation de couple« [ ... ] implique un projet, le désir de durer pour réaliser ce projet et une certaine stabilité » (Dupré la Tour, p.199). L'existence du couple dépend de la capacité des partenaires à conserver une distinction entre leur relation et le reste du monde (Bawin-Legros et Gauthier, 2001). Ainsi, le couple ne doit

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pas dépendre de variables extérieures, telles que la proximité géographlque par exemple, pour rester lui-même (Bawin-Legros et Gauthler, 2001). L'investissement des partenaires doit plutôt être suffisant à la préservation des éléments identitaires du couple (Bawin-Legros et Gauthler, 2001).

Le couple est une entité dynamique (Dupré la Tour, 2009). En constante recherche d'équilibre, il se réaménage en fonction des différentes situations qu'il expérimente, comme un événement conflictuel ou une modification dans le style de vie des partenaires telle que la transition à la parentalité (De Butler, 2006; Dupré la Tour, 2009). La relation de couple peut être le berceau de situations stressantes et ainsi être défavorable aux santés psychologique et physique des partenaires (Figueiredo, Field, Diego, Hernandez-Reif, Deeds et Ascencio, 2008). Cependant, si la capacité d'ajustement du couple augmente, celui-ci peut aussi modérer l'impact négatif d'événements confrontants sur les partenaires et faciliter la façon dont ils vivent certaines transitions, comme la transition à la parentalité (Figueiredo et al., 2008).

2.1.2 Distinction entre les facettes conjugale et parentale du couple

Avec la naissance d'un premier enfant, une deuxième facette s'ajoute à la facette fondatrice de la relation ; le couple parental se superpose ainsi au couple conjugal (Frascarolo-Moutinot, Darwiche et Pavez, 2009). Les deux facettes du couple coexistent au sein d'une relation unissant les mêmes partenaires, parallèlement aux relations parent-enfant (Frascarolo-Moutinot et al., 2009). La facette conjugale du couple renvoie à la relation amoureuse entre les partenaires (Frascarolo-Moutinot et

al., 2009). Le couple parental, aussi appelé relation coparentale, fait plutôt référence à la relation entre les partenaires au sujet de leur enfant (Frascarolo-Moutinot et al., 2009). Concrètement, dans le quotidien d'un couple ayant un ou plusieurs enfants, il

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est possible de noter des moments de parentage, des moments de coparentage et, enfin, des moments conjugaux (Frascarolo-Moutinot

et

al., 2009).

Le couple parental « [ ... ] se construit dans le projet d'avoir un enfant et devient opérationnel à la naissance de ce dernier

»

(Frascarolo-Moutinot

et

al., 2009, p.208). D'après Solmeyer et Feinberg (2011 ), la construction du couple parental est faite alors que les partenaires négocient leur nouveau rôle de parent et apprivoisent ensemble le fonctionnement de cette nouvelle équipe qu'ils forment en rapport avec leur enfant. Les paramètres de la relation coparentale seraient modulés par les caractéristiques propres à chacun des partenaires, celles propres à l'enfant, par le soutien accessible par les parents et par la présence, ou non, de sources de stress dans l'environnement du couple (Solmeyer et Feinberg, 2011).

Les facettes conjugale et parentale d'un couple sont différentes sur plusieurs aspects. En fonction de la facette du couple investie à un moment donné, des distinctions nettes sont observables au niveau des représentations du couple que se font les partenaires, des rôles adoptés par les partenaires (Frascarolo-Moutinot

et

al., 2009) et des

interactions observables entre ces derniers (Frascarolo-Moutinot

et

al., 2009; Garcia, 2008). Par exemple, la distribution du leadership ou l'emplacement des limites de chacun des partenaires ne seront pas les mêmes dans le cadre de chacune des deux facettes du couple (Frascarolo-Moutinot

et

al., 2009). À titre démonstratif, un des partenaires pourrait davantage s'occuper de l'organisation de la sphère familiale, alors que l'autre pourrait être plus actif dans la prise de décisions concernant le couple. De plus, les durées de vie respectives de chacune des deux facettes du couple peuvent différer (Frascarolo-Moutinot

et

al., 2009). En effet, si les partenaires mettent un terme au couple conjugal, le couple parental, quant à lui, est maintenu d'une certaine façon puisque les individus demeurent parents de leurs enfants (Frascarolo-Moutinot et al., 2009). On tend à dissocier les facettes conjugale et parentale du couple dans le but de conserver la fonction parentale des partenaires au-delà d'une potentielle séparation

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(Verjus et Boisson, 2005). Néanmoins, il paraît pertinent de préciser que ces deux facettes sont réciproquement influentes, l'une d'elles pouvant avoir des effets positifs ou négatifs sur la seconde (Frascarolo-Moutinot à al., 2009). Par exemple, les membres d'une dyade caractérisée par un sentiment individuel de compétence à titre de parents auront moins d'attentes face à leur partenaire, seront moins facilement déçus et renforceront donc plus facilement l'autre parent, ce qui peut avoir des retombées positives sur le couple conjugal (Frascarolo-Moutinot à al., 2009). Selon De Butler (2006), de manière générale, une relation conjugale équilibrée est à l'origine d'une relation parentale qui l'est aussi, et vice versa.

2.2 La transition à la parentalité

2.2.1 Défis rencontrés lors de la transition à la parentalité

La thématique de la transition à la parentalité est rarement étudiée du point de vue du couple (Verjus et Boisson, 2005). La majorité des études se concentrent sur l'un ou l'autre des parents, habituellement la mère (Grant, McMahon et Austin, 2008 ; Senecky, Agassi, Inbar, Horesh, Diamond, Bergman et Apter, 2009). Pourtant, la transition à la parentalité, soit la superposition de la facette parentale du couple à celle conjugale (Frascarolo-Moutinot à al., 2009), mène le couple à rencontrer de nombreux défis. Les nouvelles tâches et responsabilités entourant la présence de l'enfant sont à l'origine d'une grande fatigue chez les partenaires (Claxton et Perry-Jenkins, 2008; Lawrence à al., 2008; Lemieux, D., 2008; Sanders à al., 2014; Verjus et Boisson, 2005), d'un manque de temps et d'une diminution des loisirs (Claxton et Perry-Jenkins, 2008; Lemieux, D., 2008). Les partenaires peuvent aussi sentir qu'ils ont moins d'indépendance individuelle en raison de leurs engagements dans la sphère familiale (Magni-Speck, Roman, Frascarolo-Moutinot et Antonietti, 2012).

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La routine quotidienne demande à être réorganisée, tant dans la sphère familiale que dans la sphère professionnelle (Lemieux, D., 2008; Luppi, 2014). À ce sujet, une étude de Marshall et Thompson (2014) a démontré que, pour certaines nouvelles mères, il peut s'avérer émotionnellement difficile de mettre sa carrière de côté pour se consacrer entièrement aux nouvelles responsabilités parentales. En effet, le sentiment de compétence procuré par l'épanouissement professionnel s'éteint et peut être remplacé par des doutes sur ses capacités à titre de parent (Macmillan et Copher, 2005). Par ailleurs, le retour au travail a occasionné chez certaines de ces mères des sentiments négatifs comme de la culpabilité et l'impression d'être égoïste (Marshall et Thompson, 2014).

Les membres de la dyade doivent aussi repenser à la façon d'investir leurs différents rôles (de conjoint et de nouveau parent notamment) et ce que ceux-ci impliquent dans la situation actuelle (Lemieux, D., 2008; Magni-Speck

et

al., 2012). De plus, la coordination de ces nouveaux rôles parentaux peut être difficile pour certains couples (Lawrence

et

al., 2008 ; Lemieux, 2008) puisque des négociations doivent être faites quant à la division des nouvelles tâches, le retrait d'emploi temporaire ou l'alternance des congés, entre autres (Lemieux, D., 2008). Il arrive aussi que l'issue de ces négociations ne concorde pas avec les attentes qu'avait l'un ou l'autre des partenaires (Lemieux, D., 2008).

Lorsque la naissance de l'enfant survient simultanément avec un autre événement, la transition à la parentalité peut être vécue de façon d'autant plus difficile (Lemieux, D., 2008). Un changement d'emploi, une période de chômage, un contexte migratoire ou un parcours scolaire inachevé ajoutent leur lot spécifique de défis à la transition à la parentalité des nouveaux parents (Lemieux, D., 2008). Ces aspects peuvent aussi contribuer à un endossement inégal du projet parental entre les partenaires, ce qui peut être à l'origine de conflits au sein du couple (Lemieux, D., 2008).

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2.2.2 Soutien social lors de la transition à la parentalité

Le soutien social est défini comme l'échange entre individus d'informations, d'aide instrumentale et de gestes d'appréciation et de préoccupation (Leahy-Warren, McCarthy et Corcoran, 2012). D'après une étude de Nomaguchi et Milkie (2003), en comparaison avec les couples sans enfant, les nouveaux parents rapporteraient un niveau plus élevé d'intégration sociale. Le soutien social procuré par cette intégration proviendrait de différentes sources telles que le partenaire (Leahy-Warren

et

al., 2012; Marshall et Thompson, 2014), la famille (Leahy-Warren

et

al., 2012; Lemieux, D., 2008; Marshall et Thompson, 2014; Sanders

et

al., 2014), les amis, les professionnels de la santé (Marshall et Thompson, 2014; Sanders etal., 2014), les membres de groupes de soutien (Marshall et Thompson, 2014) et les autres parents rencontrés aux classes prénatales (Sanders et al., 2014).

Concrètement, les relations à l'origine de soutien social qu'ont les nouveaux parents leur permettraient, entre autres, de recevoir une assistance dans la préparation des repas et la réalisation de tâches ménagères, d'acquérir de nouvelles connaissances et de partager ses craintes et préoccupations avec des individus vivant une situation similaire (Marshall et Thompson, 2014), en plus de les rassurer quant à leurs compétences parentales (Leahy-Warren

et

al., 2012; Sanders et al., 2014). La présence de soutien social réduirait aussi l'impression de solitude qu'ils peuvent parfois ressentir (Sanders

et

al., 2014). Par ailleurs, une étude de Leahy-Warren et ses collègues (2012) a été menée auprès de 410 femmes, six semaines après qu'elles soient devenues mères pour la première fois. Les résultats rapportés par ces auteurs suggèrent que le soutien social apporté par la famille et les amis aurait un impact positif sur la santé mentale des nouvelles mères . En effet, les participantes ayant manifesté recevoir un haut niveau de soutien social auraient démontré moins de symptômes de dépression postnatale que les autres (Leahy-Warren

et

al., 2012).

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2.2.3 Modulation de la satisfaction conjugale lors de la transition à la parentalité

Qu et de Vaus (2015) ont démontré que la satisfaction face à la vie des futurs parents augmente de façon importante suite à l'annonce de la grossesse, particulièrement chez la mère. Cependant, suite à l'arrivée de l'enfant à la maison, la satisfaction face à la vie des mères est diminuée considérablement, et ce, lors de la première année de parentalité et de façon plus prononcée lorsque l'enfant est âgé de un à deux ans (Qu et de Vaus, 2015).

La notion de satisfaction conjugale est définie comme l'évaluation subjective que font les partenaires de la qualité de leur relation (Sabourin, Lussier, Laplante et Wright, 1990). Elle aussi diminuerait suite à la naissance du premier enfant (Doss, Rhoades, Stanley et Markman, 2009; Frascarolo-Moutinot et al., 2009; Lawrence et al., 2008; Luppi, 2014; Nezhad et Goodarzi, 2011 ). Le couple peut être mis à rude épreuve par les responsabilités supplémentaires telles que les tâches ménagères redoublées et les nouveaux soins à donner à l'enfant (Nomaguchi et Milkie, 2003). De plus, le temps jadis accordé aux loisirs partagés par les partenaires est nettement diminué suite à la venue de l'enfant en raison de la fatigue, du manque de temps et de l'envie qu'ont les nouveaux parents d'être avec leur enfant (Claxton et Perry-Jenkins, 2008). Conséquemment, certaines dyades centrent leurs énergies sur la facette parentale de leur couple, au détriment de la facette conjugale (Frascarolo-Moutinot et al., 2009). Plusieurs facteurs de protection seraient associés à une détérioration moindre de la satisfaction conjugale lors de la transition à la parentalité, tels que la cohabitation des partenaires (Figueiredo

et

al., 2008), une relation conjugale perçue comme positive précédemment à l'arrivée du premier enfant ainsi que le caractère planifié de la grossesse (Lawrence et al., 2008) ou une réaction positive face à la grossesse (Figueiredo

et

al., 2008). Un niveau d'intimité élevé, soit l'acceptation mutuelle des partenaires et leur dévouement à la relation conjugale (Gilbert, 1976, p. 221 cité dans

(23)

Nezhad et Goodarzi, 2011 ), permettrait aussi de maintenir une bonne satisfaction conjugale lors de la période de transition à la parentalité (Nezhad et Goodarzi, 2011). Selon Luppi (2014), communiquer avec son partenaire la façon dont est vécue la transition à la parentalité aurait le même effet, du moins pour les hommes.

2.2.4 Modulation de la satisfaction sexuelle lors de la transition à la parentalité

Selon Montemurro et Siefken (2012), suite à leur transition à la parentalité, la plupart des femmes perçoivent un changement dans le sens qu'elles accordent à la sexualité, leur sentiment de désirabilité et leur désir sexuel. Selon les participantes de cette étude, la sexualité des femmes étant mères serait clairement distincte de celle des femmes sans enfant, car le corps de la mère devient un objet de réconfort pour l'enfant et la source de la réponse à ses besoins primaires (Montemurro et Siefken, 2012). Elles ont ainsi affirmé pouvoir ressentir qu'un conflit existe entre leur identité de mère, de conjointe et de personne sexuelle (Montemurro et Siefken, 2012).

En ce qui concerne le couple, la satisfaction sexuelle peut être définie comme l'appréciation subjective qu'a une personne de la sexualité qu'elle partage avec son partenaire (Shak.erian, Nazari, Masoomi, Ebrahimi et Danai, 2014). Celle-ci tend à diminuer lors de la transition à la parentalité (Nezhad et Goodarzi, 2011 ). Ce phénomène peut être associé à différents facteurs. D'abord, les partenaires sont davantage fatigués (Lemieux, D., 2008; Montemurro et Siefken, 2012; Nezhad et Goodarzi, 2011) et leur nouvel horaire de parents laisse peu de place à la sexualité (Lemieux, D., 2008; Montemurro et Siefken, 2012). De plus, une part des besoins de proximité des nouveaux parents, tels que le besoin de partager des contacts physiques avec une autre personne, peut être comblée par la relation nouvelle avec l'enfant

(24)

puisque les soins apportés à ce dernier impliquent de le bercer, l'allaiter, le laver, etc. (Nezhad et Goodarzi, 2011 ).

Lorsque la transition à la parentalité implique une grossesse, certains changements physiques peuvent diminuer l'image corporelle de la femme (Marshall et Thompson, 2014; Nezhad et Goodarzi, 2011). À cet égard, il est possible de penser à la prise de poids, l'apparition de vergetures et la gerçure des mamelons, entre autres. Aussi, les déchirures du périnée lors de l'accouchement peuvent entraîner de la douleur lors de la reprise des rapports sexuels (Nezhad et Goodarzi, 2011 ). De nombreux nouveaux parents sont embarrassés à l'idée d'aborder ces problématiques avec un professionnel de la santé ce qui les laisse avec des questions non répondues (Nezhad et Goodarzi, 2011 ). Cette situation peut mener une dyade à ressentir des craintes quant aux moments d'intimité sexuelle et peut, ultimement, résulter en un évitement de la sexualité conjugale (Nezhad et Goodarzi, 2011 ).

2.3 La parentalité adoptive

2.3.1 Profil des parents adoptants à l'international

Contrairement à ce qui en est pour les enfants adoptés, peu d'informations concernant les couples de parents adoptants sont accessibles. En effet, la plupart des données disponibles concernent le sexe des enfants adoptés, leur âge, leur pays d'origine, leur état de santé et leur appartenance à une fratrie. Il est toutefois connu que le profil des dyades de parents adoptants à l'international se distingue généralement de celui des couples accédant à une parentalité biologique au niveau de leur âge plus avancé (Gianino, 2008; Hamilton, Cheng et Powell, 2007; Lemieux, J., 2013; McKay et Ross, 2010; Villeneuve-Gokalp, 2007; Vinay

a

al., 2014). En 2016, l'âge moyen des mères

(25)

adoptantes à l'arrivée de leur enfant au Québec était de 41,41 ans alors que l'âge moyen des pères adoptants était de 43,62 ans (Gouvernement du Québec, 2017a). À titre comparatif, en 2016, l'âge moyen des mères biologiques à la naissance de leur premier enfant était de 29 ans (Gouvernement du Québec, 2017b).

Les couples de parents adoptants se démarqueraient aussi quant à leur niveau d'éducation plus élevé que celui des couples de parents biologiques (Bègue, 2013; Hamilton

et

al., 2007; Jacobson, Nielsen et Hardeman, 2012) et leur appartenance à une classe économique supérieure (Hamilton

et

al., 2007; Hellerstedt,

et

al., 2008; Jacobson

et

al., 2012; Villeneuve-Gokalp, 2007; Vinay

et

al., 2014). D'ailleurs, d'après Hamilton et ses collaborateurs (2007), l'âge plus avancé des parents adoptants, leur niveau d'éducation plus élevé et leur appartenance à une classe économique supérieure seraient des caractéristiques associées à un grand investissement dans leur relation avec leur enfant.

En ce qui concerne le statut relationnel, et donc l'orientation sexuelle, des couples désirant adopter un enfant à l'international, le Ministère de la Santé et des Services sociaux émet la précision suivante :

Concernant les couples hétérosexuels vivant en union libre ou les couples homosexuels, ni le Secrétariat à l'adoption internationale ni les organismes agréés en adoption internationale ne peuvent s'engager à acheminer unilatéralement leurs dossiers dans des pays d'origine sans vérification au préalable de leur recevabilité auprès des autorités étrangères. Il est à noter que peu ou pas de pays sont ouverts à recevoir ce type de demandes ( Gouvernement du Québec, 2007, p.4).

Hellerstedt et ses associés (2008) soulignent que les parents adoptants se distinguent par leur statut relationnel stable, ce qui n'est pas toujours le cas des parents biologiques. En général, ces dyades ne sont parents d'aucun enfant biologique préalablement au processus d'adoption à l'international (Villeneuve-Gokalp, 2007). Les parents adoptants démontrent cependant un fort désir d'enfant (Gianino, 2008). Les motivations qu'ont ces couples à se tourner vers l'adoption d'un enfant à l'international

(26)

sont variées : désir de changer la vie d'un enfant (Bègue, 2013; Denby, Alford et Ayala, 2011; Gouvernement du Québec, 2010; Jennings, Mellisha, Taskerb, Lamba et Golombok, 2014), logique politique et morale selon laquelle il est préférable de donner des parents aux enfants qui sont déjà en attente plutôt que d'en faire d'autres (Bègue, 2013), âge avancé compliquant la tenue d'une grossesse (Denby

et

al., 2011; Gouvernement du Québec, 2010; Jennings et al., 2014), coûts élevés de la PMA en cas de problématique d'infertilité (Jennings

et

al., 2014), échecs répétés de la PMA (Bègue, 2013; Gouvernement du Québec, 2011; Jennings et al., 2014), et objections morales ou religieuses quant au recours à la PMA (Jennings

et

al., 2014). Dans beaucoup de cas, selon Bègue (2013), l'idée d'adopter un enfant a été discutée par les partenaires avant que ceux-ci tentent de devenir parents biologiquement. Toutefois, plusieurs couples de parents adoptants se sont d'abord tournés vers une des autres alternatives permettant d'avoir un enfant, telle que la parentalité biologique ou la PMA, car celles-ci leur paraissaient moins ardues que l'adoption à l'international (Jennings et al., 2014).

2.3.2 Processus d'adoption à l'international

Le processus d'adoption d'un enfant à l'international est complexe et implique une multitude d'acteurs qui sont présentés ci-dessous. L'annexe A présente quant à lui le détail des différentes étapes de ce processus tiré du Guide de l'adoption d'un enfant domicilié hors du Québec (Gouvernement du Québec, 2010) du Ministère de la Santé et des Services sociaux.

(27)

2.3.2.1 Convention de La Haye

Le Québec a participé, dès le début des années '90, à la Convention de La Haye sur la protection des enfants et la coopération en matière d'adoption à l'international (Gouvernement du Québec, 2011). Cette convention avait deux principaux objectifs dont le premier était

« [ ... ]

d'établir des garanties pour que les adoptions internationales aient lieu dans l'intérêt supérieur de l'enfant et dans le respect des droits fondamentaux qui lui sont reconnus en droit international» (Gouvernement du Québec, 2011, p.10). Le second objectif de la Convention de La Haye était « [ ... ] d'instaurer un système de coopération entre les États contractants pour assurer le respect de ces garanties et prévenir ainsi l'enlèvement, la vente ou la traite d'enfants

»

(Gouvernement du Québec, 2011, p.11). Ainsi, au Québec, lorsqu'il est question d'adoption à l'international, les règles générales sont établies par le Code civil du Québec et le Code de procédure civile, puis précisées par la Loi sur la protection de la jeunesse, mais elles sont, avant tout, orientées par les principes de la Convention de La Haye (Gouvernement du Québec, 2010). D'après Jacobson, Nielsen et Hardeman (2012), si une diminution du nombre d'adoption à l'international peut être observée dans certains pays depuis quelques années, c'est en raison de l'adhérence grandissante à la Convention de La Haye grâce à laquelle on privilégie l'adoption des enfants dans leur État d'origine.

2.3 .2.2 Secrétariat à l' Adoption Internationale

Le Secrétariat à l' Adoption Internationale est l'entité responsable de coordonner les activités en matière d'adoption à l'international au Québec (Gouvernement du Québec, 2011). Son mandat consiste, entre autres, à veiller au respect de la Convention de La Haye et des législations des États concernés par un projet d'adoption, en plus de recommander l'agrément, soit « [ ... ] l'autorisation officielle d'agir en adoption internationale, pour les organismes ayant pour mission l'adoption d'enfants domiciliés

(28)

hors du Québec » (Secrétariat à l'Adoption Internationale, 2018b). Le Secrétariat à l 'Adoption Internationale fuit partie du ministère de la Santé et des Services sociaux et agit en son nom (Secrétariat à !'Adoption Internationale, 2018b). Dans le cadre de ~on mandat, il préconise le respect, l'équité et l'intégrité (Secrétariat à !'Adoption Internationale, 2018b ).

2.3.2.3 Organismes agréés

Au Québec, seuls quelques organismes à but non lucratif se voient octroyer un agrément par le Ministère de la Santé et des Services sociaux, suite à une recommandation du Secrétariat à l' Adoption Internationale, et sont donc autorisés à œuvrer en adoption à l'international (Gouvernement du Québec, 2010). Ces organismes ont de multiples responsabilités, allant de la réalisation des démarches d'adoption d'un enfant à l'international (aider les couples à monter leur dossier d'adoption, transmettre ce dernier dans le pays d'origine, etc.) jusqu'à la collaboration aux recherches d'antécédents sociobiologiques et de retrouvailles (Gouvernement du Québec, 2010). Des personnes œuvrant pour chacun des organismes agréés se rendent aussi dans le pays d'origine avec lequel ils collaborent afin d'entretenir de bonnes relations (Gouvernement du Québec, 2011) et, parfois, de participer à des projets humanitaires (Gouvernement du Québec, 2010).

2.3.2.4 Évaluation psychosociale

Dans le cadre d'un projet d'adoption à l'international, une évaluation psychosociale est exigée par le Code civil du Québec (Gouvernement du Québec, 2007) et en accord avec

(29)

les principes de la Convention de La Haye (Gouvernement du Québec, 2011). L'évaluateur doit être membre de l'Ordre des travailleurs sociaux, thérapeutes conjugaux ou familiaux du Québec ou un professionnel membre de l'Ordre des psychologues du Québec (Gouvernement du Québec, 2011). L'évaluation psychosociale d'un couple souhaitant adopter un enfant à l'international vise à analyser la capacité parentale de la dyade ainsi que sa capacité à mettre le projet d'adoption à terme, en plus d'évaluer si les partenaires disposent de l'état de santé et des conditions matérielles propices au développement de l'enfant qui pourrait leur être confié (Gouvernement du Québec, 2007). Le professionnel responsable de l'évaluation psychosociale s'intéressera ainsi à différents aspects de la personnalité des partenaires, de leur relation conjugale et de leurs relations sociales, (Gouvernement du Québec, 2007), entre autres. L'évaluation psychosociale d'un couple réalisée dans le cadre d'un projet d'adoption à l'international est valide pour une durée de deux ans (Gouvernement du Québec, 2011 ). Une mise à jour est nécessaire après ce délai afin de « [ ... ] rendre compte de l'évolution du système familial et à conserver un portrait juste et actuel des adoptants» (Gouvernement du Québec, 2011, p.28).

2.3.2.5 Coûts de l'adoption à l'international

Les coûts de l'adoption d'un enfant à l'international semblent élevés (Gouvernement du Québec, 2010). Cependant, plusieurs facteurs expliquent ces sommes, tels que :

[ ... ]les frais exigés par les instances gouvernementales pour produire des actes de naissance et de mariage ; les frais de passeport ; les frais pour l'obtention d'un certificat médical ; les frais liés à l'évaluation psychosociale ; les frais de déplacement et de séjour dans le pays d'origine ; les frais d'administration et de coordination demandés par l'organisme agréé ; les frais juridiques et de traduction ; les frais concernant l'entretien de l'enfant et les examens médicaux pratiqués durant le séjour en institution ; la contribution monétaire requise par les autorités

(30)

étrangères et destinée à l'amélioration des conditions de vie dans les orphelinats, à l'élaboration de services et de programmes pour les orphelins et à la mise en place de programmes sociaux à l'échelle nationale pour la protection de l'enfance (Gouvernement du Québec, 2010, p.12).

En fonction de ces facteurs, les coûts de l'adoption à l'international varient d'un pays d'origine à un autre. À titre démonstratif, l'adoption d'un enfant aux Philippines est estimée entre 19 000 $ et 23 000 $ alors que l'adoption d'un enfant en Corée du Sud est estimée entre 44 778 $ et 57 015 $ (Secrétariat à !'Adoption Internationale, 2018a).

2.3.2.6 Services pré et post-adoption à l'international

Tel qu'il est possible de le lire dans le Guide de l'adoption d'un enfant domicilié hors du Québec (2010) du Ministère de la Santé et des Services sociaux, différents services liés à l'adoption d'un enfant à l'international sont offerts dans la province tels que des interventions de groupe préadoption traitant de divers thèmes : les différences entre l'enfant adopté et l'enfant biologique, la santé et le développement de l'enfant adopté, le sentiment d'abandon pouvant être vécu par l'enfant adopté, l'attachement de l'enfant adopté à ses nouveaux parents, la façon d'assurer la discipline de l'enfant adopté, etc. Suite à l'arrivée de l'enfant, les services post-adoption à l'international correspondent à la visite d'un intervenant qui conseillera les nouveaux parents quant aux soins appropriés à donner à l'enfant et les orientera dans le but de faciliter l'intégration de l'enfant dans son nouvel environnement social et familial (Secrétariat à l 'Adoption Internationale, 2018c). À tout moment au cours de leur processus, il est possible pour les nouveaux parents adoptants de faire appel à des professionnels du milieu des services sociaux (travailleur.es sociaux, psychologues, etc.) afin de bénéficier d'interventions individuelles en pratique privée (Gouvernement du Québec, 2010).

(31)

Il a été soulevé par plusieurs auteurs hors Québec que peu de parents adoptants ont accès à de tels services pré et post-adoption à l'international (Hamilton et

al.,

2007; McKay et Ross, 201 O; Paulsen et Merighi, 2009; Watson et al., 2012). Aucune donnée ne permet de faire· état de la situation dans la province.

L'importance des ateliers de préparation à l'adoption et du soutien post-adoption a été soulignée dans la littérature scientifique (Timm, Mooradian et Hock, 2011; Vinay

et

al., 2014). Les parents adoptants considèrent effectivement que ces interventions de groupe sont aidantes, mais, selon eux, ils ne sont pas entièrement suffisants, ce qui les amène à se tourner vers des sources d'information complémentaires telles que des professionnels de la santé (Denby et al., 2011). Timm et ses collègues (2011) relèvent aussi une lacune des services pré et post-adoption à l'international, soit l'absence de la thématique de la relation conjugale au cours du processus.

2.3.3 Profil des enfants adoptés à l'international

Il est intrinsèque au processus d'adoption à l'international que les couples nourrissent des attentes quant à leur futur enfant ; celles-ci peuvent concerner son sexe, son âge, son apparence, etc. (Vinay et

al.,

2014). Or, il est possible que ces attentes ne soient pas répondues et « [ ... ] si l'écart entre l'enfant imaginé et l'enfant réel demeure trop grand, il peut y avoir déception des parents lors de la rencontre avec l'enfant réel, trop différent de leur enfant imaginé, et quelque peu idéalisé» (Vinay et

al.,

2014, p.24). Les enfants adoptés à l'international possèdent un profil particulier qui a évolué lors de la dernière décennie (Gouvernement du Québec, 2011). D'après Denby et ses collaborateurs (2011), plusieurs parents adoptants ont une préférence pour l'adoption d'un enfant en très bas âge. Toutefois, on remarque une augmentation de l'âge moyen

(32)

des enfants disponibles pour l'adoption dans certains pays (Gouvernement du Québec, 2011). En 2016, l'âge moyen des enfants adoptés à l'international à leur arrivée au Québec était de 53,8 mois, soit environ quatre ans et demi (Gouvernement du Québec, 2017a). De plus, plusieurs couples préfèrent adopter un enfant qui leur ressemble, donc généralement pour l'adoption d'un enfant caucasien (Jacobson et al., 2012). Parallèlement, de nombreux enfants font partie de fratries de deux enfants ou plus dont on privilégie qu'ils soient adoptés ensemble (Gouvernement du Québec, 2011). Au Québec, la proportion d'enfants faisant partie d'une fratrie qui a été adoptée s'est élevée à 25% en 2016 (Gouvernement du Québec, 2017a).

De nombreux enfants adoptés présentent des troubles de santé physique ou psychologique allant de léger à grave (Gouvernement du Québec, 2011). Le Ministère de la Santé et des Services sociaux fait le point sur ce fait dans le Guide de l'adoption d'un enfant domicilié hors du Québec (2010) :

L'adoptant en attente d'une proposition d'enfant nourrit des inquiétudes bien légitimes au sujet de la santé physique, mentale, émotionnelle et relationnelle de celui qui lui sera confié. Les enfants ne reçoivent pas tous à l'étranger l'attention et les soins médicaux requis par leur état. Certains vivent de bonnes expériences relationnelles avec les autres enfants ou avec une personne significative de leur entourage, certains occupent une position privilégiée à l'orphelinat ou séj oument dans une famille d'accueil chaleureuse, alors que d'autres manquent d'attention et de soins. Par ailleurs, il peut être difficile d'obtenir une évaluation médicale et psychosociale satisfaisante dans le pays d'origine à cause du manque de fiabilité des tests et des examens médicaux et de bilans de santé plus ou moins complets. La conception culturelle de la santé, parfois fort différente de la nôtre, est aussi un facteur à considérer (Gouvernement du Québec, 2010, p.12).

Au Québec, la proportion d'enfants adoptés et considérés comme ayant des problèmes de santé selon leur pays d'origine s'est élevée à 44% en 2016 (Gouvernement du Québec, 2017a). À titre comparatif, c'est 11 % des enfants nés au Québec qui présentent un état de santé moins favorable (Institut de la statistique du Québec, 2004).

(33)

Lors de l'année 2016, soit au moment où le projet de recherche a débuté, 134 enfants ont été adoptés à l'international par des couples du Québec (Gouvernement du Québec, 2017).

2.3.4 Défis propres à la parentalité adoptive

Les couples de parents adoptants rencontrent généralement la plupart des défis associés à la transition à la parentalité : manque de temps, adaptation difficile aux nouveaux rôles (Gianino, 2008), stress au quotidien et sentiment d'incompétence à titre de parent (Watson Et al., 2012), entre autres. De plus, selon Vinay et ses collègues (2014), même si elles n'ont pas vécu de grossesse, les mères adoptives seraient susceptibles de vivre un baby-blues suite à l'arrivée de leur enfant Toutefois, plusieurs de ces obstacles sont compliqués par le contexte particulier de la parentalité adoptive. À titre d'exemple, comme certains enfants adoptés présentent des difficultés d'ajustement et des troubles du comportement, la fatigue physique et émotionnelle peut être décuplée pour les parents adoptants (Gianino, 2008). De plus,

il

est possible que les parents adoptants ne partagent pas la même langue que l'enfant adopté, ce qui complexifie la situation des nouveaux parents dans le cadre de leurs contacts avec l'enfant (Gianino, 2008). Des défis propres à la parentalité adoptive sont aussi rencontrés par les couples de parents adoptants. Ces dyades doivent prendre différentes décisions incluant, entre autres, l'origine ethnique (Gianino, 2008) et l'âge de l'enfant ainsi qu'évaluer leur ouverture à adopter un enfant présentant des besoins particuliers (Gianino, 2008; Gouvernement du Québec, 2007) ou une fratrie de plusieurs enfants (Gouvernement du Québec, 2007). Ils doivent aussi considérer des aspects tels que les coüts de l'adoption d'un enfant à l'international, la durée et le nombre de séjours prévus dans le pays d'origine de l'enfant (Gouvernement du Québec, 2010).

(34)

La définition classique de la famille renvoie au couple hétérosexuel et à leurs enfants qui habitent tous sous un même toit (Margalit, 2011 ). Les dyades de parents adoptants dérogent de cette traditionnelle « [ ... ] logique des liens du sang en intégrant en leur sein un enfant issu d'une autre filiation et originaire d'un autre continent

»

(Bègue, 2013, p.l 07). Contrairement aux couples accédant à une parentalité biologique, les couples adoptants doivent donc repenser leur façon de conceptualiser les relations familiales au cours de leur processus de transition (Vinay

et

al., 2014). À cet égard, les parents adoptants peuvent souscrire à une vision constructiviste de la famille selon laquelle les interactions entre individus sont des bases aussi légitimes que les liens du sang dans la formation d'une famille (Suter, Bax.ter, Seurer et Thomas, 2014). D'après les individus adhérant à cette vision de la famille, les liens biologiques ne garantissent pas la formation d'une famille, contrairement à l'amour inconditionnel et intemporel (Suter

et

al., 2014). Néanmoins, il est possible que les parents adoptants rencontrent une difficulté à s'identifier comme de vrais parents (Timm

et

al., 2011). De plus, certains couples en processus d'adoption doivent faire le deuil de leur fécondité (Bègue, 2013; Timm

et

al., 2011) ou de l'enfant rêvé (Timm et al., 2011; Vinay et al., 2014), ce qui correspond en soi à un autre défi plus fréquemment vécu dans le cadre d'une transition à la parentalité adoptive.

Par ailleurs, les couples de parents adoptants devront faire face au discours sur la bionormativité selon lequel les liens du sang sont plus normaux et plus valides dans la formation d'une famille (Suter

et

al., 2014). À ce sujet, Margalit (2011) souligne le fait qu'il est plus simple pour les couples hétérosexuels de devenir parent via l'adoption alors que l'adoption d'un enfant par un couple homosexuel est seulement faite dans des cas particuliers. Selon cet auteur, ce fait démontre que les institutions alimentent toujours l'idée selon laquelle les couples correspondant à la définition traditionnelle de la famille sont plus valables que les autres (Margalit, 2011 ). De plus, selon Hamilton et ses collaborateurs (2007), les discours sur la parentalité suggèrent généralement que toutes déviations de la forme traditionnelle de la famille impliquent un investissement

(35)

moindre des parents dans leur relation avec l'enfant. L'étude de ces auteurs démontre toutefois le contraire. Néanmoins, l'existence de tels discours fait en sorte que les familles dites non traditionnelles sont marginalisées (Hamilton

a:

al., 2007).

Parallèlement, les couples de parents adoptants peuvent vivre d'autres formes de discrimination au quotidien (Brown

a:

al., 2009; Gianino, 2008; Watson

a:

al., 2012; Younes et Klein, 2014). Celle-ci peut être liée à l'origine ethnique de l'enfant adopté (Watson

a:

al., 2012) ou à l'orientation sexuelle des parents adoptants (Brown

a:

al., 2009). Plusieurs de ces dyades sont aussi offensées d'être étiquetées comme étant des parents adoptants alors qu'ils considèrent être les parents de leur enfant, tout simplement (Younes et Klein, 2014).

Bien que la période d'attente soit souvent longue, une fois la proposition de l'enfant fait, celui-ci peut arriver subitement, contrairement à un enfant biologique. Cette situation peut priver les nouveaux parents adoptants d'un précieux temps de préparation (McKay et Ross, 2010) et d'adaptation au profil spécifique de leur enfant (McKay et Ross, 2010; Paulsen et Merighi, 2009). Une fois l'enfant arrivé, plusieurs couples adoptants à s'ajuster à différentes problématiques au niveau du comportement de l'enfant, telles que l'énurésie nocturne, le stockage de nourriture ou les mensonges excessifs (Denby

a:

al., 2011).

Il est aussi courant que les familles adoptives rencontrent des difficultés dans la création du lien d'attachement entre les parents et l'enfant (Denby

a:

al., 2011 ; Euillet, Spencer, Troupel-Cremel, Fresno et Zaouche Gaudron, 2008 ; Ongari et Tomasi, 2010 ; Piché, 2012; Timm

a:

al., 2011). Ce concept est défini comme le«[ ... ] lien affectif entre l'enfant et sa mère ou son père, qui lui permet d'utiliser celle-ci, ou celui-ci, comme un port de sécurité lorsqu'il est en situation de détresse, puis comme une base de sécurité à partir de laquelle il peut à nouveau explorer lorsque le danger a disparu » (Pinel-Jacquemin et Zaouche-Gaudron, 2009). La facilité avec laquelle le lien d'attachement est créé peut varier en fonction de multiples facteurs tels que l'âge de

(36)

l'enfant au moment de son adoption, les conditions de vie dans le pays d'origine, (Euill et

et

al., 2008), le nombre de voyages précédant le départ de l'enfant vers son pays d'accueil (Ongari et Tomasi, 2010) et le contexte familial du milieu accueillant l'enfant (Piché, 2012). La création difficile d'un lien d'attachement peut notamment se manisfester par un rapport aux pairs inédéquat, en plus d'être à l'origine de « [ ... ] comportements problématiques, comme le manque de limites dans l'expression de l'agressivité, l'absence de respect des règles, et quelques cas d'hyperactivité

»

(Ongari et Tomasi, 2010). De plus, chez les familles rencontrant une difficulté à créer le lien d'attachement, il est possible d'observer une préférence exclusive de l'enfant pour l'un de ses parents, ce qui peut placer le couple dans une situation délicate ( Ongari et Tomasi, 2010).

En général, peu de soutien social est accessible pour les parents adoptants. Il arrive notamment que l'entourage du couple n'approuve pas le projet d'adoption (Brown

et

al., 2009; Gianino, 2008; Timm et al., 2011). De plus, comme ces dyades sont généralement plus âgées que les parents biologiques, les membres de leurs familles affichent aussi un âge plus avancé (McKay et Ross, 2010). Ainsi, les grands-parents de l'enfant adopté ne sont pas toujours en mesure d'offrir activement un répit aux parents adoptants, particulièrement lorsque l'enfant présente des besoins particuliers (McK.ay et Ross, 2010). Peu de ressources professionnelles sont aussi disponibles pour ces couples qui adoptent un enfant (Hamilton

et

al., 2007; McKay et Ross, 2010; Paulsen et Merighi, 2009; Watson

et

al., 2012) ou leur accès est occasionnel seulement (McKay et Ross, 2010). Par ailleurs, lorsque les dyades se tournent vers des groupes de soutien pour parents, elles ont le sentiment de vivre des expériences complètement différentes de celles vécues par les parents biologiques (McKay et Ross, 2010).

(37)

2.3.5 Satisfactions conjugale et sexuelle des parents adoptants à l'international

Très peu d'études se sont intéressées aux satisfactions conjugale et sexuelle des couples de parents adoptants. Tel que démontré précédemment, une diminution de la satisfaction conjugale est observable chez la plupart des couples vivant une transition à la parentalité (Doss

a

al., 2009; Frascarolo-Moutinot à al., 2009; Lawrence

a

al., 2008; Luppi, 2014; Nezhad et Goodarzi, 2011). Toutefois, une problématique d'infertilité, qui mène parfois à l'adoption d'un enfant, pourrait être liée à une consolidation de la relation conjugale (Frascarolo-Moutinot

a

al., 2009; Galhardo, Cunha, et Pinto-Gouveia, 2011).

Selon Gianino (2008), bien que la transition à la parentalité adoptive diminue le temps accordé au couple, le contexte de prise de décisions communes et la communication augmentée participent à la qualité de la relation conjugale perçue par les partenaires. De plus, l'accès à la parentalité permet à ces couples d'actualiser la considération de leur relation comme étant durable et permanente (Gianino, 2008).

Une étude de Timm, Mooradian et Hock (2011) s'est intéressée à la façon dont 104 mères adoptives ont vécu huit principaux enjeux liés à l'adoption d'un enfant et à l'impact de ceux-ci sur la relation conjugale des couples de parents adoptants. Parmi ces enjeux principaux, on retrouve 1) le deuil de la fécondité ou del' enfant rêvé, 2) la remise en question du caractère légitime de sa parentalité, 3) la revendication de l'enfant adopté comme étant le sien, 4) les attentes non répondues quant au processus d'adoption ou à l'enfant adopté, 5) l'intégration de l'enfant adopté à l'unité familiale, 6) la création du lien d'attachement avec l'enfant adopté, 7) la création de l'identité de parent et, enfin, 8) l'impression de ne plus en être contrôle de sa vie (Timm

a

al., 2011 ). Il a été démontré que, de manière générale, si une mère adoptive disait être affectée par un de ces principaux enjeux liés à l'adoption, celui-ci était aussi susceptible d'affecter la relation conjugale (Timm

a

al., 2011). Selon les auteurs, l'enjeu du deuil

(38)

de la fécondité ou de l'enfant rêvé est celui qui a été vécu par le plus grand nombre de mères adoptives. Toutefois, c'est l'enjeu des attentes non répondues quant au processus d'adoption ou à l'enfant adopté qui a été perçu par le plus grand nombre de mères adoptives comme ayant affecté la relation conjugale, ayant à la fois présenté un défi pour le couple et ayant fortifié ce dernier (Timm

et

al., 2011).

Farr, Forssell et Patterson (2010) ont pour leur part démontré que les couples de parents adoptants considèrent la fréquence de leurs rapports sexuels comme ayant une incidence sur leurs satisfactions conjugale et sexuelle. Lors de la transition à la parentalité adoptive, les couples expérimentent une diminution de la fréquence de leurs rapports sexuels (Gianino, 2008). Néanmoins, malgré cette diminution, les parents adoptants rapportent une impression d'intimité augmentée (Gianino, 2008).

(39)

CADRE CONCEPTUEL

Ce chapitre présente les fondements théoriques soutenant le projet de recherche. En premier lieu, une opérationnalisation de concepts-clés utilisés tout au long de l'étude sera faite. En deuxième lieu, la théorie du parcours de vie (Black, Holditch-Davis et Miles, 2009; Gherghel et Saint-Jacques, 2013; Huinink et Kohli, 2014; Levy et Pavie Team, 2005) sera illustrée, suivie d'une présentation de la théorie de la transition (Meleis, 2010). Ensemble, ces théories forment un cadre conceptuel qui a mené à une étude adéquate de la thématique de la transition à la parentalité en contexte d'adoption à l'international. Les objectifs de recherche ayant permis de répondre à la question de recherche sont présentés en fin de chapitre.

3.1 Opérationnalisation de concepts-clés

Il semble prioritaire d' opérationnaliser les principaux concepts-clés utilisés dans le cadre de la présente étude, soit parentalité et transition. Pour débuter, la notion de parentalité est en soi complexe. Néanmoins, Houzel (1999) en dégage trois axes généraux : l'exercice de la parentalité, son expérience et, enfin, sa pratique. Premièrement, l'auteur compare l'exercice de la parentalité à celle d'un droit. En fonction des liens de parenté déterminés dans une société particulière, l'individu qui en fait partie est celui qui « [ ... ] fonde et qui, jusqu'à un certain point, organise la parentalité en situant chaque individu dans ses liens de parenté et en y associant des droits et des devoirs

»

(Houzel, 1999, p.4). Deuxièmement, le second axe de la parentalité réfère à l'expérience subjective d'un individu au sujet d'être un parent

(40)

(Houzel, 1999). Il comprend plusieurs aspects tels que le désir d'enfant et le processus de transition à la parentalité (Houzel, 1999). Troisièmement, l'axe de la pratique de la parentalité renvoie au rôle du parent, soit aux tâches quotidiennes liées à l'enfant qui sont assurées par les parents (Houzel, 1999). Parmi ces tâches, on retrouve notamment les soins physiques et psychologiques à l'enfant (Houzel, 1999).

Le terme transition peut être défini différemment en fonction du domaine d'études considéré (Gherghel et Saint-Jacques, 2013). Levy et Pavie Team (2005) l'associent toutefois à l'idée de changement auquel un individu peut faire face : changement de situation, d'état ou de rôle, entre autres. Selon ces auteurs, il est possible d'observer trois caractéristiques au sujet du concept de transition. D'abord, ces périodes seraient définies dans le temps de façon plus ou moins claire, mais pourraient tout de même avoir des effets à long terme (Levy et Pavie Team, 2005). Ensuite, un résultat tangible serait observable au terme d'une transition (Levy et Pavie Team, 2005). Celui-ci pourrait se traduire sous la forme du fonctionnement d'un individu dans le cadre d'un nouveau rôle, par exemple (Levy et Pavie Team, 2005). Enfin, le concept de transition est plus souvent utilisé lorsque le parcours de vie d'un individu est abordé. Cependant, d'après Levy et Pavie Team (2005), ce concept peut aussi caractériser des changements aux niveaux social et démographique, entre autres.

La transition à la parentalité est généralement opérationnalisée comme la période qui débute lors de la grossesse et se termine quelques mois après la naissance de l'enfant (Gameiro, Moura-Ramos et Canavarro, 2009). Dans le cadre de ce projet, ce concept fera référence à la période débutant aux premières démarches visant la mise en œuvre du projet familial par le couple et se terminant quelques mois après l'arrivée de l'enfant au Québec.

(41)

3.2 Théorie du parcours de vie

La première théorie qui a orienté la présente étude est celle du parcours de vie. Cette théorie interdisciplinaire, principalement mobilisée dans les études en sciences sociales, est teintée des fondements de l'approche écologique selon laquelle des événements au niveau macrosocial peuvent avoir un impact à d'autres niveaux, comme sur les individus par exemple (Gherghel et Saint-Jacques, 2013). Selon Levy et Pavie Team (2005), la théorie du parcours de vie permet de répondre à deux types de questions, soit celles qui cherchent à déterminer la stabilité de caractéristiques ou de comportements au cours de l'existence d'un individu, ainsi que celles visant à comprendre les dynamiques observables au sein des parcours de vie.

La théorie du parcours de vie est particulièrement polyvalente puisqu'elle est applicable à de nombreux domaines s'intéressant à l'individu et à la place de celui-ci dans la société (Levy et Pavie Team, 2005). Cette théorie se caractérise par ses nombreux concepts qui contribuent au caractère interdisciplinaire de la théorie grâce à leur utilisation dans de multiples domaines (Levy et Pavie Team, 2005). Parmi ces concepts, on retrouve notamment la trajectoire, le stade, la transition et le point tournant (Black

et

al., 2009; Levy et Pavie Team, 2005). Pour Levy et Pavie Team (2005), les trajectoires correspondent au déroulement dans chacune des différentes sphères de la vie d'un individu, et ce de la naissance à la mort de celui-ci. Les stades réfèrent aux portions stables de ces trajectoires, soit les périodes lors desquelles l'individu semble avoir atteint un équilibre (Levy et Pavie Team, 2005). Les transitions sont plutôt, telles que définies précédemment, des périodes entraînant un changement dans une ou plusieurs trajectoires du parcours de vie d'un individu (Levy et Pavie Team, 2005). Les points tournants, quant à eux, sont des événements qui vont modifier de façon importante l'orientation d'une ou de plusieurs trajectoires du parcours de vie d'un individu (Gherghel et Saint-Jacques, 2013). D'après Levy et Pavie Team (2005), la principale différence entre les deux derniers concepts (transition et points tournants)

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