ARTheque - STEF - ENS Cachan | L'EAO, le micro et l'enseignant

L'E.A.O., LE MICRO ET L'ENSEIGNANT

Nicole RICHE Laboratoire de l'OPE Université 0e PARIS 7

Résumé L'utilisation de l'ordinateur, loin de reproduire le comportement du maître, entraîne une profonde modification de l'acte

d'ensei-gnement. de nouvelles perspectives pédagogiques.

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-L'E.A.O., LE MICRO ET L'ENSEIGNANT

L'arrivée des micro-ordinateurs a ouvert à tous les enseignants l'accès (jusque là quasi interdit) à l'équivalent d'un centre de cal-cul. Simultanément les applications de plus en plus nombreuses de l'informatique dans la vie courante, la multiplicité de, jeux élec-troniques ne permettent guère d'ignorer la question:

L'ORDINATEUR PEUT-IL SERVIR A ENSEIGNER ~

Selon l'idée que l'enseignant se fait de l'éducation, dE's réponses fort diverses, voire opposées peuvent étre données, mais de toutes façons, il lui faudra accepter ce postulat

POSTULAT DE BASE : L'ordinateur n'enseigne pas COMME le maitre Pour arriver au méme résultat, le chemin diffère.

Exemple de la vie pratique:

Pour laver la vaisselle, vous prenez chaque piece une à une, la plongez dans le liquide moussant, rincez d'une main alerte les verres à l'eau, mais frottez avec application les assiet-tes

ou

la sauce s'est figée et puis vous disposez l'objet sur l'égouttoir.

Votre machine travaille tout autrement. Propres ou sales, tous les objets seront arrosés simultanément et longuement du liquide détergent, puis rincés à l'eau déminéralisée avant de s'égoutter dans le panier où vous les aviez disposés. Exemple sco1aire :

Quel est le mot le plus long de la l i s t e ?

DISQUE ORDINATEUR INTERFACE

TELEINFORMATIQUE LANGAGE BUS

D'un coup d'oeil, vous trouvez la solution. L'ordinateur qui sera peut-être plus rapide que vous, prendra chaque mot, un à un, comparera les longueurs, lettre par lettre. Mais le résultat firal sera le même.

Ces différences entre les méthodes utilisées rendent vaines de REPRODUIRE à l'ordinateur l'ENSEIGNEMENT du maître. La machine serait mal utilisée ou l'enseignant jouait le rôle d'un ROBOT

Il faut admettre la nécessité d'un véritable changement

COMPLÈTE MODIFICATION DE L'ACTE D'ENSEIGNEMENT

Sauf pour les exercices d'entraînement répétitifs d'une appauvris-sante monotonie, les modifications apparaissent naturelles, évidentes si le maître utilise l'ordinateur pour des activités neuves comme les simulations, les recherches de modèles, les activités de type Logo ... mais l'approche des transformations est plus délicates quand il s'agit d'ENSEIGNEMENT DE TYPE TUTORIEL qui sera seul abordé ici~: Il ne s' agit pas de PRIVIl.EGIER ce domaine, mais d'attirer l'attention sur Hi.

1 Aux journdes de Chamonix. d'autres participants ont aborJds ces aspect~ dans d'alJtres commissions ou a t e l i e r s .

Le maître tenté de prendre la/machine comme un prolongement de lui-même, craint de se voir conduit par l'exigence de la réflexion à ma· difier son enseignement habituel

1-1 INTERACTIVITÉ ÉTUDIANT-MACHINE

Orienté par toute sa formation sur sa propre activité, l 'EAO va le conduire à se centrer UNIQUEMENT sur les ACTIONS que l'étudiant devra accomplir penché sur son terminal. Envoyer des paquets d'information sur l'écran, revient à reproduire un manuel (peu lisible:) et ré-duit l'activité de l'étudiant à appuyer sur une touche pour tourner les pages. A l'opposé mettre devant un cl avier, un étudiant pour lui faire chercher un long problème dont il enverra la réponse de 3 chiffres, est proche du travail à la maison cornge par le maître

Au ter;ninal, les échanges entre l 'étudi ant et la machine devrai-ent être incessants. Les exemples présent[s sont tirés des travaux d'enseignants qui suivent les cours de PEDAGOGIE de l'EAO de l'uni-versité PARIS VII

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La pauvreté d'une question de ce type

OUI-NON, nécessite en général une deuxième question pour connaÎtre les raisons du choix du type POURQUOI. Il est beaucoup plus intéressant de poser la question sous une autre

for-me pour obten~r une activité plus enri.

chissante pour l'étudiant.

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DFUXIEME EMBUCHE :

Cette question FLEUVE qui nécessite Je longues réponses peut paraître ~0ttre en jeu une plus grande

ac-tiT.TitÂ: mais l'-? ."'?a.itre ne pourra pas analyser

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TROI5IEME EMBUCHE ,

L'entrée dans les QCM sim~ plifie l'analyse de la

ré-ponse, l'ordinateur envo-yant les commentaires pré-vus pour chaque choix . Mais ce type d'activité, parfaitement j u s t i f i é dans certains cas devient vite lassant, si i l se répète fréquemment .

Et rédiger un BON QCM se révèle TRES DIFFICILE

- 326 -L'E.A.O., LE MICRO ET L'ENSEIGNANT

ïrè vite, l'enseignant arrive à corriger ses propositions

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Ces nouvelles questions présentent une nette amélioration par rapport aux textes de départ. En dépit du bref travail communiqué à la machi-ne (TRAVAIL DE SURFACE destiné à être analysé), l'étudiant doit faire appel à des facultés de jugement (1), de synthèse (2), de compréhen-sion verbale (3), pour élaborer la réponse (ACTIVITES INTELLECTUELLES)

Les travaux habituellement proposés réclament souvent de longs dis-cours .... pour des activités intellectuelles parfois minimes et plu-tôt répétitives. Des recherches sur l' ACTIVICIEL sont à mener pour promouvoir des travaux stimulants mettant en jeu le maximum de facul-tés intellectuelles

1-2 TRAITEMENT IMMEDIAT DE L'INFORMATION

Il est possible qu'à son rythme, l'étudiant puisse traiter l'infor-mation au fur et à mesure que celle-ci lui est présentée par des sé-ries de questions appropriées

EXEMPLE DE TRAITEMENT IMMEDIAT DE L'INFORMATION INFORMATION A TRAITER :

QuATRIEMES JOURNEES INTERNATIONALES SUR L'EDUCATION SCIENTIFIQUE

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Quel est le terme du texte qui pourrait impliquer gue tout

TRAVAIL NOCTURNE serait EXCLUS ?

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Sans_{EDUCATION SCIENTIFIQUE pour lever l'ambiguité du}u t i l i s e r aucun des 2 termes (ni dérivés), remplacer_{sujet des}

journées : 1

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- éducation basée sur 1 es acquis de la science

- éducation des données des sciences

1

-

éducation à la méthodologie scientifique

La difficulté pour les maîtres est d'éviter le piège de l'évasion vers des informations parasites ou secondaires. N'insistons pas ici.

1-3 DIVERSITE DES TRAITEMENTS PROPOSES

L'assimilation des concepts demande à l'étudiant de se constituer un réseau qui puisse être opérationnel lorsqu'il est sollicité. Il est possible d'aider à l'organisation de ces chaînages en provoquant par des questions un grand nombre de liens entre des élements, des repré.

sentations, des savoirs, des mêthodologies

La maitrise des enseignants s'affirme dans ces trois exemples de ques-tions rapidement rêdigêes pour traiter le sujet du cours.

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~~ai., diversifier les t,'aHe-ments nécessite que les au-teurs décon:oosent les infor-:nations, analysent leur

COIl-tenus, recherchent 1es 1iens sans Quelle,- d'inventer des travaux permettant ensuite de structurer, synthétiser Ces aspects devraient pren,

1-4 CATALOGUE DES AUTRES FACTEURS SPECIFIQUES DE L'EAO

La place ne permet pas de développer tous les points qui intervien-nent pour la formation des enseignants

a

l'utilisation de l'ordinateur. Déjâ ceux abordés n'ont été qu'esquissés ~ En voici les principaux INTEGRATION DES ERREURS

PLURIDISCIPLINARITE ETUDE DES CHEMINEMENTS ETUDE DES STATISTIQUES STRUCTURES SCOLAiRES CONTROLE DES OBJECTIFS

POTENTIELLES DANS L'APPRENTISS.AGE RELATION MAITRE-ETUDIANT RESPONSABILITE DES ETUDIANTS TRAVAUX DE GROUPE

TRAVAIL A LA MAISON E • 1. C.

LES NOUVEAUX ROLES DE L'ENSEIGNANT

A très très long terme, peut-~tre le nombre des enseignants tradition-nels pourrait diminuer au profit d'autres types de tâches d'enseigne-ment. A ce moment l 'horaire hebdomadaire atteindra moins de 20 h et l'enseignant

A court terme

(estimation non communiquée) .

les acitivités de l'enseignant vont évoluer. Déchargê d'un grand nombre de tâches que l'ordinateur accomplira, il pourra étre successivement ou simultanément:

- 328

-L'E . A. O. TUTEUR

LE MICRO ET L'ENSEIGNANT

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lTopcséint des 5YLchèses . . . .

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ANIMATEUR Dl"'ja;--;isant dc's cav-aux

ches dfdquipe, profQ_

vori~ant les échallyes, les domaines dl-tistiqll

'-le grc:~pc,.sLsc.it,;" des rec!22 T.-L: des dctivité-:3 T,jatior, /'

les réalisations ciaies clans

s (ignorés dctuc.?l,.:nt.-'I1!:)

CONCEPTEUR rcidaLteur de diJ~cticie16f 1 .J''C

~labo~er des J;~zlogu~s r2 id r~~pn nr

sp~ci[ique5 Ol] ;natciria!isa~t une itl~c

grer une ou des ~quipes rédigeant des

n~es a une diffusion p.lus ou /noins 13rge,

des analyses dr_' contenus, des pTévlSi

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nt:'cessi tan!: réponS(~:.' CHERCHEUR Les problémes prldagogiquE~S110 sont en,:orc -Jas tous pose

que .1'ordinareul vient ouvr.ir dt:: nouvelles v o i e s . La machi;]c qui peut étre un puissant outil pour mener des

I2cherclJes pourra ainsi contribuer au vc_!oppernent

l'EAO .

3 PERSPECTiVES D'AVENIR

Le futur est en pleine gestation Il dépend certes du matériel, des logiciels qui se mu'tiplient de jour en jour .... mais surtout de l'i-magination des enseignants qui utilisent l'ordinateur pour leur ensei-gnement .

En parti cul iel-, il faudrait approfondir ce que l'ordinateur peut apporter à notre ACTIVITE INTELLECTUELLE. Loin de devenir notre MA-CHINE A PENSER, l'ordinateur pourrait se placer comme notre OUTIL A PENSER LOGIQUE . De même que nous prenons un marteau pour enfoncer un clou pour augmenter notre action, de même nous pourrions faire appel à la machine pour toutes activités réclamant une part de rationnel Toute NOTRE ADOLESCENCE et une importante part de notre JEUNESSE est consacrée à des activités rationnelles nU détriment de nos autres aptitudes Les disciplines litteraires, les 1angue" ;;histoire, la

géographie sont peu à peu envahies par des aspects sC<~itifiques qui augmente de plus en plus la pnrt faite à la pensée logique (pour des résultats en fait fort douteux) . Malgré cet entrâinement intensif, tous les pays cherchent comment améliorer cet enseignement .... et essaient d'augmenter le nombre d'heures à y consacrer.

Déchargé de contrôler à tout instant le suivi de notre raisonne-ment, l'ordinateur nous signalant à tout instant nos déviations, solli-citant des précisions, la mise en jeu des méthodologies, signalant les erreurs, il serait possible de se consacrer à des activités sociales, artistiques, créatrices ... et méme à des activités scientifiques par gôut , comme nous le souhaiterions.