POURQUOI
EST-CE QU'ON ENSEIGNE SEULEMENT
LES RESULTATS DE LA SCIENCE
?Présentation: ~aoul Pedro GÀG~A;~I Université de Gen~ve
162.
L'enseignement de la science ,:ians IIécole comprendre certal:-'.S
::.-é-sultats, la formula~iondes lcis universelles, des règles et ax~cmes ~a scienoe, elle même, n'est pas un sujet de l'enseignemen~. ~'é
lève apprend les lois de la physique, cu l'anatomie d'un végétal, mais il n'apprend pas comment oes connaissances ont été produites, ni quel est le mode de fonotionnement de la sc~ence.
Quelle est l'importance de connaître comment se fait l'activité scientifique?
Pourquoi les seules résultats de la science ne suffisent pas? L'importance croissante de la science dans la sociét~ actuel:e, le pouvoir militaire, économique et politique qui se dégage èu
con~ôle de la science et de l'utilisation de ces résultats, sont des motifs qui justifient un enseignement approfondi des mécanismes de la science.
Il ne s'agit pas d'augmenter la quantité de choses à mémor~ser,ni
de transfo~lerà chaque élève en un scientifique, sinon de contri-buer à que l'ensemble de la population soit capable de comprendre l'enjeu de la science actuelle.
Dans la production des connaissances scientifiques il y a différents aspects à considerer: la financiation, la production elle même, l'appropriation, l'utilisation et l'impact sur l'environnement et sur la société.
La financiation de la science est un des moyens de control sur les sujets de la recherche, étant donné le coût très grand de l'ac-tivité scientifique. Ce control est exercé par ceux qu~ controlent les organismes publiques ou privés qui gérent les fonds, e-, .~on
par ceux qui payent la recherche (c'est à dire ceux qui payent les
impots). La décision sur quelle recherche doit se faire, détermi~e
toute une ligne future, par la poss~b~litéde format~on des scien-tifiques qUl se spécialisent dans les groupes de travail existen~es.
La production scientifique elle même est un des points de control de ~'activité sc~entifique. En effet, malgré la libe~~é académique, le chalnp des recherches "possibles" est limité par la st:rèlcture conceptuelle de la science (paradigmes), et par les inst~tucions
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~'1:' ,~es de la :ormz."l.on des sClentifiqûes (reprcductrices des
paradi~mes) et les institutions dans les quelles se fait la re-cherche scientifique. Gn "autocontrol", plus subtil, s'exerce par la necessité de que les résultats soient acceptés par les publi-caticns scientifiques, c'est à dire, coherents avec la pensée de chaque discipline.
," t:out ce système qui peut être appel lé "con tro l insti tu tionnel" et qui est en partie inconscient, s'ajout un autre système plus direct, la production "secrète", par des institutions publiques ou privées, dans les quelles la recherche est dirigé 'fers un but précis et les résultats ne sont pas publiés.
L'appropriation des résultats de l'activité scientifique est di-recte dans le cas des recherches secrètes. ~ais aussi dans le cas des recherches publiées dans les revues scientifiques de libre diffusion, i l y a une appropriation des résultats par les institu-tions publiques ou privées qui possedent les mOY2ns d'integrer les donnés disperses dans les differents publications, et qui peuvent faire le transfert à la technologie.
L'appropriation ne signifie pas, necessairement, l'utilisation des résultats, parce que pour le moyen des patentes ou par le secret des recherches, une entreprise peut garder des innovations jusq'au moment ou elles soient rentables.
Dans l'utilisation des résultats de la science il y a la possibi-lité de transformacion de la nature et de la société. Celui qui peut modifier une réalité, a un pouvoir sur les hommes qui vivent dans cette réalité. De l'utilisation des résultats de la science se dégage un pouvoir sur l'ensemble de la société.
Le fait que il y a des mythes sur la science, qui la presentent comme une activité touJours bienfaisante pour l'humanité, occulte les problèmes liés à l'utilisation des résultats de la science, et le pouvoir qui l'utilisation de la science donne.
La production et reproduction des mythes sur la science, est faite, en partie dans l'école. Le fait de donner simplement les résultats de la science, de la montrer comme productrice des "verites", ajouté à la publicité que les "mass media" font sur l'utilisation des résultats scientifiques et l'occultation
des processus de control et d'appropr~ationde la ?roduct~on sc~en tifique, amenent aux élèves à vcir la SClence comme un domal~e "neut:::e" qUl produira les solutlons à toutes les problèmes. Cette vision de la science est liée à l' ldée de la science ccr.~e int.rinsèquement lldifficile". L'élève peut être l'doue'l .:Jullpas ·icue" 1
dans le premier cas il accedera à "La Verité", au temple è-u savoir, dans le second cas il ne s'occupera plus de la science, sauf peur admirer les apparells compliqués à la TV.
L'aspect final à considerer c'est l'impact de l'utilisation des résultats de la SClence sur la nature et la société. De la trans-formation culturelle à la pollution, de la guèrre bactériologlque aux syst~mes de control des populations par l'informatique, la science peut donner des résultats non prévisibles pour les scien-tifiques (et qui ne sont pas bonnes pour la mayorité de la popula-tian). Cet impact (qui contredit les mythes signalés), est
présen-té comme le prix à payer pour l'amélioration de la qualité de vie
grâce à la science, en oubliant que si l'ensemble de la population participe dans les processus de control de l'utilisation de la science, beaucoup de ces impacts peuvent être Gvités.
La discussion de touts ces problèmes dans l'école peQt
contri-buer au développement scientifique des élèves, parce que les per-mettra de comprendre la science comme une activité résultat de toute une société, dans une époque précise, qui est utillsé d'un certaine façon, et produit des effets sur l'ens~~ble de la socié-té.
Cette discussion peut contribuer aUSSl à détruire le mythe de la difficulté intrinsèque à la science, et perrnet~ra d'augmenter l'interêt des élèves pocr la scisnce, dans la mesure où les ln-finltes formules et équations, serent rélationnées avec ~ne
réa-lité concrète, dans la quel~e vir ~'élève, et dans la quelle