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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Pensée scientifique et santé : du producteur au consommateur

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Academic year: 2021

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PENSEE SCIENTIFIQUE ET SANTE : DU PRODUCTEUR AU CONSOMMATEUR

F. FRIEMEL

Mots clés: Médecine - Santé - Sport - Prévention - Information.

Résumé:

Depuis quelques années, les médias se sont emparés de l'information scienti-fique concernant la santé. Plusieurs questions peuvent être posées

à

propos de ce phénomène :

- quelle est la qualité de cette information

?

- Quelles en sont les voies d'accès ?

- Quel en est le retentissement sur le comportement de la population ? - Pourquoi les connaissances scientifiques qui peuvent avoir un impact sur la

santé sont-elles rarement transmises par les médecins, qui ont à la fois un contact permanent avec la population et des connaissances qui leur permettent d'analyser et de transcrire en langage courant l'information? - dans quels domaines de la santé la pensée scientifique risque-t-elle d'avoir le

plus d'impact? La prévention, par exemple, ne passe-t-elle pas par une in-formation rigoureuse et didactique ? Dans d'autres domaines, on peut cons-tater des effets néfastes: automédications de toutes sortes, mises en garde illégitime contre des pratiques médicales d'une efficacité incontestable (vaccinations par exemple).

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Pourquoi ce titre? Parce que dans le cas des connaissances médicales les intermédiaires sont nombreux. En effet les connaissances scientifiques qui peuvent avoir un impact sur la santé de la population sont, la plupart du temps, le résultat de recherches fondamentales assez éloignées de l'applica-tion directe à la médecine.

1. Quels sont ces domaines de recherche? - la biologie fondamentale

- l'épidémiologie - les sciences humaines

Dans chacun de ces domaines l'information ne peut être transmise de la même manière.

1.1 La biologie fondamentale

La compréhension des résultats obtenus par les biologistes nécessite une formation scientifique que la majorité de la population n'a pas. Le plus souvent, ce sont les médias qui rendent compte de ces résultats, pas toujours de manière didactique; Ils ne font apparaître que le c8té sensationnel des travaux (finances obligent

Il

et n'en donnent pas les limites d'application.

On peut citer l'exemple de la fécondation in vitro. Le "bébé éprouvet-te", depuis la parution du "meilleur des mondes" et même peut-être avant, fait partie des fantasmes de notre civilisation. Si, effectivement, les techniques de culture de cellules sont maintenant bien au point et que la fécondation in vitro pose peu de problèmes, tout n'est pas résolu à ce stade. Déjà, pour que la fécondation in vitro ait lieu, il faut prélever des ovules sur la future mère (intervention chirurgicale), il faut que le sperme du père soit de bonne qualité. Passé ce stade, le plus difficile reste à faire: l'implantation du foetus. Si ces techniques sont maintenant bien au point, encore faut-il que l'utérus receveur soit en bon état j pour ce faire, on prépare l'implantation à l'aide d'hormones. Ceci n'est pas sans conséquence sur le comportement et l'état général de la mère. Une fois le foetus intro-duit. les meilleures équipes n'obtiennent que 25

%

de réussites, c'est-à-dire de grossesses à terme, après une sélection scrupuleuse des couples deman-deurs. Certaines équipes limitent le nombre d'essais à 6 ; on comprend cette attitude quand on imagine l'état de stress des couples qui attendent à chaque fois un résultat qui s'avère négatif. Or les médias ne parlent souvent que des réussites et laissent espérer à des couples stériles une naissance

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quasi-certaine. L'imagination populaire, très féconde, finit par envisager la fécondation in vitro et, pourquoi pas, la naissance foetale in vitro, généralisées dans un avenir proche. Ceci, dans l'ignorance, malgré quelques discrètes émissions de télévision, de l'importance du dialogue mère-enfant au cours de la grossesse.

Par contre, ce que les médias ne disent pas, c'est que ces techniques repréaentent un des moyens de lutte contre la stérilité parmi d'autres. Elles ouvrent aussi un avenir intéressant en pratique vétérinaire. 1.2 L'épidémiologie

L'épidémiologie est une science qui a'est développée, ces dernières décennies ; elle spporte des résultats qui confirment, sur le plan de la santé de la population, des études fondamentales faites aouvent chez l'ani-mal. L'épidémiologie donne les arguments nécessaires à la prévention.

Certains résultsts ont permis de montrer l'impact du tabac, de l'al-coolisme, dans la survenue de certaines pathologies malignes ou chroniques. Là encore, les médias ont fait passer un message qui n'a pas eu d'effets importants sur le comportement de nos concitoyens, puisque, si la consomma-tion d'alcool et surtout de vin ordinaire s un peu diminué, la consommaconsomma-tion de tabac est restée constante, et s'est tournée vers les tabacs étrangers.

On peut penser aussi que peu de gens se sont sentis personnellement concernés.

Actuellement de grandes campagnes sont menées pour montrer le rôle im-portant de l'alimentation dans la survenue des maladies cardio-vasculaires. De nombreuses revues proposent toutes sortes de régimes "terroristes". Dans ce domaine, i l faut définir le concept de "sujets à risques". En effet, s'il est raisonnable de penser que 20

%

de la population présentent des risques particuliers à l'égard de la maladie athéromateuse, rien n'autorise à mettre systématiquement au régime toute la population. Les bilans de ssnté existent, ils sont remboursés par la Sécurité Sociale; plutôt que de proposer des ré-gimes fantaisistes, il faut inviter les gens à faire régulièrement ces bilans et, si l'on découvre un facteur de risque particulier, soigner, conseiller, un régime qui tienne compte des spécificités génétiques et de l'activité de chacun.

De même, on a démontré que la pratique du sport a un rôle préventif dans les maladies cardiovasculaires. Ainsi, toute une population non entraf-née, non éduquée, s'est mise à faire du sport dans n'importe quelles

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Conditions (ex. : les cours d'aérobic à la télévision approvisionnent les consultations médicales du lundi matin 1). Mais les médias ont réagi.

Ex. : Dans le Figaro Magazine nO 12830, on peut lire que "le sport fait plus de victimes que la drogue". En effet, on observe fréquemment des infarc-tus du myocarde, des tendinites, claquages vsriés aussi dépendants d'une pratique inadaptée que d'un matériel inadéquat. Ce que les médias ne disent pas assez, c'est que, si la pratique du sport a des effets bénéfiques sur la santé physique et mentale de la plus grande partie de la population, encore faut-il se soumettre à un examen médical régulièrement, s'entrafner en respectant ses limites, avec un matériel adapté.

Ces quelques exemples montrent que l'information scientifique, pour avoir un impact sur la santé de la population ne doit pas appartenir aux seuls médias.

2. Comment s'informer?

Dans ce domaine, les médecins, les pharmaciens, les paramédicaux, et naturellement les enseignants, doivent jouer un rôle essentiel.

2.1 tout simplement par l'image qu'ils donnent

Si votre médecin, dans un nuage de fumée, vous explique que le tabagis-me présente des risques, il est évident que vous considérerez que, s'il futabagis-me, ces risques ne sont pas aussi importants qu'il veut bien le dire.

L'obésité est un facteur de risque cardio-vasculaire: là encore, l'exemple a un rôle important.

L'activité physique diminue les risques cardio-vasculaires : on se demande comment un médecin, un paramédical, ou un enseignant, qui ne pratique aucune activité physique sera assez convaincant pour expliquer que l'on peut prendre l'escalier au lieu de l'ascenseur, que l'on peut aller chercher son pain à pied, etc •.• , tout cela constituant une hygiène de vie quotidienne facile à mettre en oeuvre à condition d'être convaincu de son efficacité. 2.2 psr des revues spécialisées

Par exemple, dans le dernier numéro de la revue de la MGEN, on peut lire un article sur l'artériopathie des membres inférieurs. On y lit une défini-tion simple de la maladie, des conseils judicieux de prévendéfini-tion, les traite-ments possibles de cette maladie et des conseils pour en éviter l'évolution. 2.3 par une information individuelle du patient en fonction de sa pathologie.

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l'asthme et le suivi d'entratnement Dans ce cadre, je citerai 2 exemplea

des sportifs.

2.3.1 L'asthme est une pathologie qui atteint une partie non négligeable de la population; de plus, on peut penser que chacun d'entre nous est un asthma-tique en puissance. Les malades qui présentent des crises d'asthme ont la par-ticularité d'être parfaitement normaux entre les crises, au moins au début de la maladie. L'asthmatique doit donc vivre comme tout le monde en évitant sim-plement la rencontre avec les allergènes qui provoquent ses crises et par-fois en étant soumis à un traitement de fond. Cette maladie fait peur, elle est très anxiogène pour le patient et son entourage, ce qui amène à des com-portements aberrants. Par exemple, il est très fréquent qu'un jeune asthmati-que soit dispensé d'EPS en milieu scolaire, alors asthmati-que la pratiasthmati-que d'une acti-vité physique peut constituer un des éléments du traitement.

Il convient donc que le médecin explique clairement que la crise d'asthme est une réaction de la muqueuse et des muscles bronchiques en pré-sence d'un allergène. La rencontre avec l'allergène peut parfois être évitée

(par ex. : poils de chats ou de chiens) ou minimisée (poussière de maison) par des mesures très simples. La survenue des crises d'asthme est favorisée par la nuit en raison de la baisse de la concentration en cortisol, par l'exercice musculaire qui provoque une hyperventilation augmentant les échan-ges thermiques au niveau des bronches. Mais l'asthme est aussi une maladie psychosomatique : les crises surviennent souvent dans des circonstances par-ticulières de la vie affective. La crise d'asthme n'est pas inéluctable un bon contrale de soi-même et de sa ventilation peut minimiser la sévérité d'une crise: en cela, la pratique d'une activité physique est tout-à-fait re-commandée en tenant compte du fait qu'elle peut provoquer une crise, mais que celle-ci doit être minime et passer rapidement. Autrement dit, le médecin doit redonner confiance et persuader le patient qu'il n'est pas un handicapé, qu'il doit avoir une attitude active devant sa maladie. Bien des traitements de longue durée et souvent inefficaces seraient souvent évités.

Pourquoi les médecins préfèrent-ils souvent laisser les patients passifs devant leur maladie?

2.3.2 Depuis une dizaine d'années, le suivi médical d'entratnement a permis d'a.éliorer les performances et la santé des sportifs. Nous avons là une rela-tion exemplaire entre recherche fondamentale, médecin du sport, entratneur et sportif. En effet, la performance sportive' représentant le but principal du suivi médical du sportif, il est très important que les découvertes

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scientifiques les plus récentes puissent être appliquées. C'est pourquoi le médecin du sport doit suivre très préCisément l'évolution des connaissances scientifiques qui peuvent avoir un impact sur la performance. Le sportif, lui, ne peut rester passif devant le médecin qui lui donne les résultats de ses examens. En effet, en fonction de ceux-ci, il modifiera ou non son entrsfne-ment. Il faut donc que le sportif et l'entrafneur sachent interpréter les résultats des examens pratiqués: ils doivent appréhender les qualités méta-boliques, psychomotrices, etc ••• , nécessaires à la pratique du sport choisi et tirer les conséquences des résultats obtenus aux différents examens, chez un sportif, pour son entrafnement. Il existe donc un dialogue permanent entre le médecin et le sportif, faute de quoi les examens pratiqués s'avèrent inuti-les. La médecine du sport a aussi pour but de prévenir la pathologie. Il con-vient donc que la découverte d'une anomalie quelconque, soit au cours des examens, soit à l'interrogatoire, amène des mesures conservatoires immédiates. Dans ce cas, le sportif ne ressent en général rien; il convient donc de lui expliquer les risques qu'il encourt, et de le conseiller.

On peut citer un exemple :

La déshydratation fréquente lors de la pratique du sport entrafne dea dé-sordres hydroélectrolytiques qui favorisent la fatigue, les troubles du rythme cardiaque, les tendinites. Le sportif doit donc boire abondamment même pendant la pratique du sport. On trouve souvent des réticences, et une information bien faite peut amener le sportif à changer son comportement.

Conclusion

Les connaissances scientifiques peuvent avoir un impact important sur la santé. Encore faut-il qu'elles soient transmises de manière didactique à la population, et individuellement pour ceux qui peuvent les appréhender facile-ment. Cette démarche se retrouve rarement dans le corps médical. Les médecins veulent-ils être des grands sorciers ?

Références

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