QUELQUES QUESTIONS A REMPORTER CHEZ SOI
J.-L. MARTINAND Université Paris Sud et L1RESPT (Université Paris 7 et CNRS)
l - l1p.ttre les mots "vie Quotidienne" rait incont~st,blem'!nt une' bonne arfiche pour un colloque. Le noml:>re élevé des proposit1o~s de communication, l'intérêt SllSettÂ
à
l'extériellr, 1Il0ntrent Que le t,èl1lc ,1~~ ,Iollrnées 86 est. lmbon tbème. '1ous allons repartir avec une so'!!me d'exp4riencp.s, de réflexions, de .1onnées, d'idées échangées qui constituent sûrelllent une baM pOlir aVllncer.
P.n même tp.mps, le' thème (je cettp. année est pértllp.u~ ; i l cll'llule en erret deux !ltrflcultés, inh';rent es /lUX domal Iles d~ l' éoucllti~n d'un côté, de III vi e qllotidienne de l'autrll. llur oes .1p.'1~ sujet!!, tout le 1Il'Jr'lde pt'ut parler et intp.rvenir : et c'est lo!l!1tlme p'lislue 011 <\0'.ll1 est rêelle'llent con<:'!erné. Mais la conséqllence est Qu'on pellt di re lit met trp. 11 peu près ce QIl' 0'1 VP'IJt., sans er rort d'élucidation, ni lIlêllle besoin de clarirlcatio~.
'1ous avons des exigences autres celles d ',me étude rationnelle, objective, novatricll. Ce sont ces p.d~ences '1lli Justtrient nos ,Journées. Pour ~
satisfaire, pOlir pro~resser, i l est nécllssaire rl'.!iah()rer un véritable qllestionnelllent.
D'un poi'1t Je vue gênérlll, i l S'3Rit de distinguer ,les problè,"es là où les évidences et les lieux communs Ilrlsq'lent les nntirs !l'étonnp.11ent et les sources de nouveauté. D'un point de vue pills p<lrtic1.lller, i l s'3,~it de nous posit ionnp.r nettement, l"rsQue nOlIS parlons .le "v ie ql10t.iil1<enne" (e), p:3r rapport J\UX activités de travail, et <lonc par rapp~rt au~ "cultures du travail"
~I plut5t au~ sous-cultures spécialisées.
e) Mal~ré sa public<ltion déjà !\t1cientle, le tOllIe UV <le l'Encyclopédill
Française, la civilisation quotidienne, Soci~té d'EUtion de l'Encydopédie Française, Paris, 195~, reste une rérérence rond~~entale.
Plus récents, les nurn~ros suivants de Culture Techni'l'le N' 3 - Machines au royer. 1980
Je crois qu'il est 'Itile pour cela de -Ii fférenc1er tieux registres de problèmes :
1) le registre des relations entre pensée scientifique et pratiques communes; 2) le re~lstre des relttions entre activités scientifiques éducatives et vie
quotidienne.
Or 11 est symptolftat ique que le titre même de nos Journées résulte d'une collision lies lieux reRlstre, "1als sans dOllte en savons-nous assez mai nt enant pour dép;ager Quelques "questions à re'llporter cl1ez soi".
II - Du côt'; des problèlftes posés par les rehtions entre pensée scientifique et. pratiques communp.s, on pp'ut 1iscerner plu.~ie'Jrs séries .de questions.
- La premll!re série concerne lI;,s savoirs communs construits dans et pour les pratiques communes. Les savoirs C(lfllmuns existe'lt., .. "I3is que sont-ils? L'hypothèse tie le'lr dl fférence 'lvec les S'lvolr~ scie'lt Hiq'Jes est S'lns doutp. la plus fécon'ie au d';part car elle lnclte 11 préciser selnn qllels aspect",. voire q'lelles tilmen! Ions peuvel'Jt se repérer les lU rférences. Nous po1lrrons alors p.ssayer de nourrir les réponses ''''-IX 'luestions s'Jr les savoirs col11mun.' : quelle est leur "nature" 7 Quels sont les processus ? CO"lment se font les évolutions, les pertes, tr/!"ls format ions, varl'ltlons
l'environnP'l~ent et 1e'! pratiq'Jes soclales. a'lX "'1iluvell'!s falllili'lrltés"
qll'imposent lp.s tp.chnlques conte'llporaines 7
2 - l.a tieudème sérle concerne l'imp'lct des 'Hvoirs d'ori~lne scientifique sur les pratiques communp.s. On sait cO'llbl'!n l'hy~l~ne et l'a~ricult'Ire ont évolu'; SOU" l' lnf'luence :le l'école, rép"tndant d'! nO'Jv'!lle~ nor'1les avec des éléments d'l savoir médical ou agronomique. l)1'J connaît aussi l'lS résistances
à
la transformation ratlonn'!lle <les comportements all'~'lntÜres par la diétique, alors l'Iême que l'alimentation subit des boulev~rsel'1ents,'fais alors, quels sont les l1e'H:, les l1lédlatiOlJs, les 1II0tifs, les clleminements de cette recréation d'un savoir savant dans sa diffusion?
3 - Une ,Iernière série cie que'!t ion'! conc"rne le~ rapp~rts entre savoirs savants et représentations communes. Est pO'lé ici le p"ohl~"Ie·1.. 1·'1 place cie la cllltur'e 'lci'!I1tirtq'I", non "",ul",,,,e'1t clan" 'les rapp')rt.s '1vec C" qu'tl e'lt. conv"n'J ,l'appeler la cult'Jre Rénérale, mais D'lI' r'lpport
à
l'"ns ..'n'lle clesrepré"lent'ltion" qui fonctionnent che~ les inrl1vi·111.'l "t les g:rOIJp'!"! dans une civili 'lllt ion.
Qu .. UP.'l sont les différence'! et les convergences ? Quel"! sont l'!'! confUts, alliances, récupér'ltions mlltu",ls 7 Ici, l'app')rt 1u rléplY~"l1lent. ethnogr~phiqu'!
e'!t IJn p.xcp.llent stimulant : les "histoires sén';O:11'1ises" l'ont 'Tn'1t.ré avec humour et force.
C",s questions se si tuent sur diver'! plans signification général", lies savoirs, proceSS1lS intellectuel!!,
'!tructures et évolutions "ocialp.s.
Folles appellent rlonc des tr'lV'iux en épisté>1lo10~ie, psycholoo;ip. cop:n1tivp., sodolo~ie <Je 1'1 cOnn'lbHance. Mais dans l~ perspectiv" 'Ul'1ctlqu'! 9'.li e!!t la nôtr'!, 11 s' '1l1;i t d' appe 1er et surtolJt coorrlonner ces p'li nt" de VIJe part iel".
III Ou côté des problèmes posés par les relatio ... s e~tre activités scientifiques scolaires et vie quoti1ien'1e, plu'lie~rs autres séries de que"tions 'le posent encore.
- Et d'aborrl,
à
quelle vie quotidienne,à
qllel!! élél1lents ele la vie qllotielienne s'intéresse-t-on 7 Lorsq!le q'lelq'J'un s'interroge sur les tourbillons de l'eau qui s'évacue de la baignoire, qui est-il Que représente-t-il?De
quelle "quotidienneté" relève son étonnel1lent ? Son interrogation ? Pl'J9 précisément, lorsque nOlis prétendons nû'1S intéres~erà
la vie quotidienne, s'agit-il de celledes enfants? hors de l'école? ou
à
l'école? des adultes? !Ictllels 7 futUrs 7Il n'e~t plus possihle de lai~ser dans l'J flou les ~"nh que nnus faisons : ils ont trop de conséquences métho1oloo;iq>les 'Jt théoriQlles p,J'lr la recherche, technl'lues, écono"'lQ'Jes et pol i tiques dans l'~ns"io;ne"l'~nt,
2 - Il s'agit ensuite des rapports entre activités scientifiques éducatives et vie Quotidienne des for",és. L'école séparée de 13 vie, voi1ll une réalité aussi v.leille que l'école, p'Jisque cette séparation est constitutive de l'école ellc-même. 'lais ne soyons pas naïfs: l'école e,t '1IH,~i llll mi lieu de vie, 'lvec
son actu'llité, S'l propre quotidienneté l'école est créatrice de vie quotidienne. D~s lors, les questions sont celles des ruptures et continuités, des ",ppuis et d';tournements entre dl fférents mi He'Jx de vie Quoti11enne, <:tont l'école, le travail et la vie domestique.
Pour l '';r1l1cation .scientifique, ces r',pture.'l, continuités, appuis et détourne,nents affectent les prohlèmes l n'!lIct 'lOIrs ,jes '1ct i vttés, les nrlyens ",atériels et intelle'lt'Jels, les ancrao;es et déh()uchés 1es s'lvoirs produits et appropriés.
n
y '1 ici erfectheMent 'Jn vaste cha"lp 1e possibil ttés que la rp.cherche et l'innovation r1id'lf)tiqlles sont hien l'>in cl'avoir p.xplor<!.3 Il est alors possible d'aborder le problème des finalité" 1e l'ér1llcation. 'lais la locution "vie q'llJti<:tienne" ~'lt ,1<' nO'He'l'1 inadapt';r> lci. La qlle:'ltton e'lt en effet c'Jl1e -Je, rapports entre ~prentissages s~l"' es et
'pratique~communes. Or les sol'JUons edstantes :"Jnt très v'lriée'l l'lns les
pays intl'lstrlaUsés, tout le mn,ie ~pprerd il c"nl'.lire une voit'Ir",. 'Il"'lis pas à l' éco le p,"'Ir contre les o;o'JvernellIents se",h lent r~ns"r q'le h "cond'Ji te "'ordinat'!lIr" ,loivl!nt f~lr'! l'obj'!t <1'un apprentlss"~e scohire. Les arguments POIII' ou eontr'! sont-ils si é'lidents ?
Il s'a~tt en vérité de grands choh sociaux, politiques, qui doivent faire
l 'ohjet -j'un "~bat puhlic. 1,11 responsllbilité desH'1acticiens '!'lt d'en faire ressorti.. 1 e'l enJeu'C, les conséquences, les cortil lt;ions dl! '!lise en oeuvre cohérente : ils n'ont aUC1llle l~~it imit~ pour chois ir seul"
• velJt-on développ'!r des compétences pr'ltiques, ,1es cap'lcités critiques, une socialisation ?
veut-on rationnelle, la l' éco le ?
aller vers une capacité d'agir adaptation sur lui ? au t)'.J milieu, vers le
son 'Jti lisat ion changement par
Je crois qu'il est nécessaire de garder ce!J que,tions présentes
à
l'e!Jprit. Nous sommes venus avec nos intuitions, nos habitudes, nos elCpériences. ~i nous repartons avec des probl!!l'Ies, les .Jour-nées d'! Chal1lOnh 86