ALLOCUTIONS DES PERSONNALITES
Mr MAMADOU CISSE POUR L'UNESCO (PNUE-P1EE)
Je voudrais, au nom du Directeur Général de l'UNESCO, présenter les compliments de l'Organisation aux initiateurs de cette réunion et à tous les participants.
La manifestation s'inscrit en effet dans la perspective de l'action entreprise par l'UNESCO depuis une quinzaine d'années aux niveaux national, régional et international pour développer l'éducation
à
l'environnement en coopération avec le programme des Nations Unies pour l'Environnement.Comme vous le savez, c'est en application de la recommandation nO 96 de la Conférence des Nations Unies sur l'Environnement humain tenue à Stockholm en 1972 que l'Unesco et le PNUE ont lancé en. commun le Programme International d'Education RelativeàL'Environnement. L'action de ce Programme se développe dans le cadre des recommandations de la Conférence intergouvernementale de Tbilissi (URSS 1977) sur l'Education Relative
à
l'Environnement et du Congrès International de Moscou en 1987 qui a adopté une stratégie internationale et un Plan d'Action dans le domaine de l'Education et de la formation relativesà
l'environnement pour les années 1990.L'objectif des activités proposées au titre de ce programme est d'accroître le volume des connaissances et des informations disponibles concernant les questions touchant l'environnement, de manière
à
faire prendre conscience de la nécessité de protéger et d'améliorer l'environnement et de susciter à cet égard des attitudes positives et la volonté d'oeuvrer en ce sens.On
recourt pour ce faire, à la diffusion d'informations scientifiques,à
des actions éducatives età
la vulgarisation des questions relatives à l'environnement, en mettant l'accent sur le caractère interdisciplinaire de l'éducationà l'environnement et son orientation vers la résolution des problèmes. La priorité est donnée au développement de cette éducation dans la perspective du développement durable en l'intégrant dans l'instruction dispensée aux jeunes et aux adultes, notamment dans le cadre des programmes d'alphabétisation et de postalphabétisation, de l'enseignement primaire et secondaire général, de l'enseignement supérieur et de l'enseignement technique et professionnel. Elle sera incluse dans les programmes de formation initiale et en cours d'emploi des maîtres et donnera lieuà
la préparation de matériels éducatifs appropriés.Ces objectifs sont visés
à
travers: l'accèsàl'information, la recherche et l'expérimentation, l'élaboration des programmes et des matériels didactiques, la formation du personnel, l'enseignement technique et professionnel, l'éducation du public, l'enseignement universitaire général et la coopération internationale et régionale.Mesdames, Messieurs, Vous avez perçu l'importance du rôle de l'infonnation et des mass média dans cette éducation. L'Unesco s'en réjouit. Elle vous encourage dans vos efforts en souhaitant que soit intensifiée la fonnation du personnel d'infonnation dans le domaine de l'éducation
à
l'environnement et que soit encore plus étendue l'activité des mass médias dans la diffusion des messages de cette éducation.C'est sur cet appel de l'Unesco que je voudrais conclure en souhaitant plein succèsànos travaux.
MME ANNIE BENAROUS, POUR LE CONSEIL DES COMMUNAUTES EUROPEENNES (DG Xl, ENVIRONNEMENT)
Tous mes remerciements aux organisateurs de ces l3èmes rencontres internationales de Chamonix consacrées cette année
à
l'éducation, l'environnement, les médias, de me permettre de participerà
ces travaux.Avoir l'occasion d'être panni vous aujourd'hui est d'autant plus importante qu'un des problèmes majeurs au niveau communautaire est celui de la circulation de l'infonnation sur les expériences menées pour promouvoir l'éducation
à
l'environnement.Comme vous le savez, l'éducation est à ce jour de la compétence des Etats membres. C'est donc aux Etats membres qu'il revient de décider à quel niveau, et comment, développer auprès des jeunes et notamment des jeunes scolaires l'information, la sensibilisation aux questions liées
à
la nécessaire protection de l'environnement, comment aideràmodifier certains comportements. Par cette éducation "active", d'approche interdisciplinaire, il s'agit en même temps d'aider à la formation du futur citoyen, apte à se forger un jugement personnel etàagir en conséquence.En 1988, le Conseil des Ministres de la C.E.E. a adopté une résolution en faveur du développement de l'éducation à l'environnement.
Celui-ci fixe un certain nombre d'objectifs, du recours des Etats membres d'une part (par exemple en ce qui concerne les programmes scolaires, l'exercice de l'interdisciplinarité,lerôle des associations, etc ...), et au niveau communautaire d'autre part (impulsion des échanges, encouragements
à
la coopération interrégionale, etc.).Si cette résolution n'a pas de caractère contraignant sur le plan juridique, elle n'en est pas moins une prise de position politique suffisamment importante pour constituer désormais une référence pour les actionsà venir.
Aujourd'hui, comme prévu par la résolution, un rapport sur les actions engagées et la situation de l'éducation à l'environnement est en cours d'élaboration.
Sans préjuger des conclusions qui seront remises au Conseil des Ministres,ilest possible de dire brièvement:
1) que les "choses" avancent,
2) mais que, si l'un se situe par rapport aux besoins de l'éducation, et parrapport à l'urgence des questions liées à l'environnement, il y a encore beaucoup à faire.
En fait, on peut se demander si, après 15/20 ans d'expérimentations originales, créatives, et qui à un moment donné intéressent l'ensemble du système scolaire, et malgré les inévitables inégalités d'un Etat à l'autre, J'objectif commun à tous ne devrait pas être désormais de parvenir rapidement
à
la généralisation de J'éducation à l'environnement.Répondre positivement à cette question suppose des décisions de caractère politique, "volontaristes" dans cenains cas.
Mettre en oeuvre de tels objectifs suppose la mobilisation et le savoir-faire de tous ceux qui, pendant si longtemps, ont un peu fait figure de pionniers, d'engagés convaincus, en menant de nombreuses expériences, dans des domaines, nouveaux parfois, complexes et en constante évolution la plupart du temps.
Cela valorise d'autant plus les projets que vous avez réalisés, et votre initiative d'aujourd'hui à laquelle je souhaite plein succès, en espérant qu'une large diffusion sera réservée à vos travaux.
MR RENE MARIT POUR LE MINISTRE DE L'AGRICULTURE ET DE LA FORET (EN CLOTURE DES JOURNEES).
Je souhaite vous dire simplement quelques mots pour témoigner combien, au sein de l'enseignement scientifique et technique relevant du ministère de l'agriculture et de la forêt, sont appréciées les rencontres de CHAMONIX.
Depuis treize sessions, des collègues de l'Institut National de Recherche et d'Applications Pédagogiques (INRAP) y participent régulièrement.
Le
thème retenu cette année justifie un intérêt accru de la part du Ministère de l'Agriculture et de la Forêt. En effet l'agriculture, première activité utilisatrice de l'espace naturel, ne peut ignorer les exigences de la protection de l'environnement; l'enseignement agricole depuis longtemps est sensible aux défis de l'environnement. Depuis 25 ans, nous pratiquons dans les lycées et lycées professionnels agricoles l'étude du milieu et des centres tels le CEMPAMA de BEIG MEIL et le CEP de FLORAC ont accumulé une grande expérience dans la pédagogie de l'environnement. Depuis 1971, la seule formation de techniciens supérieurs consacrée à la protection de la nature existe dans l'enseignement technique agricole, au lycée de NEUVIC. Plus récemment, dans une vaste entreprise de rénovation des formations, ont été mises en place les premières formations conduisant à des diplômes nationaux de niveau V, c'est-à-dire CAP et BEP, relatifs aux métiers de l'aménagement de l'espace et de la protection de l'environnement.A la rentrée prochaine, une nouvelle qualification "gestion de la faune sauvage" sera créée, au niveau du brevet de technicien agricole.
Enfin sont en cours d'écriture des programmes nouveaux, de conception modulaire et utilisant largement la pédagogie par objectifs et par projets, de technicien supérieurs consacrés
à
la gestion des ressources en eaux, à l'arbre et à la forêt, à l'aménagement paysager, au génie écologique, à l'animation nature liée au développement local.Maisà côté de ces nouvelles formations professionnelles mises en place dans l'esprit du plan national pour l'environnement, l'enseignement agricole a aussi le souci de donner très largement à tous une culture scientifique et de participer à l'éducationàl'environnement.
En témoigne l'action "à l'école de la forêt" conduite conjointement par le Ministère de l'Education Nationale et le Ministère de l'Agriculture et de la forêt et dont l'animateur, côté "agriculture et forêt" Monsieur DABURON a participéà ces journées de CHAMONIX. Cette action est exemplaire dans la mesure où elle inciteàdes initiatives locales et où elle concrétise une démarche partenariale et interdisciplinaire.
Je crois, en effet, et cela a été souligné ici par plusieurs intervenants, qu'une des clefs de la réussite est l'abandon des cloisonnements hermétiques qui séparent trop souvent les institutions et les disciplines. Les institutions de formation ne pourront traiter des problèmes de l'environnement sans travailler étroitement avec la recherche agronomique, la recherche pédagogique, les lieux d'expérimentation et les professionnels concernés, ceux de l'agriculture comme ceux de l'aménagement ou du tourisme. De même un environnement rénové, efficace et de qualité ne peut se faire sans une démarche qui rapproche les disciplines : géographie, écologie, arts plastiques, économie, mais aussi français, mathématiques, agronomie, éducation physique et sportive...
Le grand mérite de ces journées de Chamonix est de tenter et réussir ce rapprochement des divers acteurs d'une pédagogie rénovée. Nous avons cette année en France, des opportunités qu'il nous faut saisir pour progresser ensemble dans cette éducationàl'environnement. Il s'agit d'une part du plan national pour l'environnement qui permet aux institutions concernées de travailler ensemble pour l'atteinte des objectifs fixés dans ce Plan. Il s'agit d'autre part de la mise en place des Instituts Universitaires de formation des maîtres dont la généralisation est décidée pour la rentrée 1991. Sans doute va-t-il falloir, là aussi, bousculer quelques cloisonnements et vaincre des réticences, mais la formation scientifique et professionnelle des enseignants, la généralisation des démarches didactiques, telles que celles que vous exposez ici avec conviction, la progression vers une culture scientifique et industrielle de notre temps sont des enjeux si importants qu'il faut que nous fassions ensemble des projets audacieux.
Pour aller vers cette élaboration de projets, où l'éducationà l'environnement aura toute sa place, nul doute que ces 13ème journées de Chamonix y contribueront fortement.
En effet, la richesse des réflexions et propositions, la diversité des expériences de terrain, l'ouverture apportée par nos collègues québécois, suisses, italiens entre autres, en font un temps fort. D'ores et déjà les actes de ces journées sont assurées d'être un succès de librairie! Je suis heureux de vous annoncer que le ministère de l'agriculture et de la forêt a décidé d'aider à l'édition et
à
la diffusion de ces actes.Sans doute, comme l'ont demandé de nombreux intervenants, faudra-t-il inventer des rencontres régulières sur ce thème si important dans notre société, de l'éducationà l'environnement. Nous sommes prêts
à
y réfléchir età
y participer avec tous ceux que cela intéresse. Nous pouvons proposer des lieux.Sans omettre de féliciter les organisateurs de ces 13ème journées, je vous remercie de votre attenùon.
Mme JACQUEUNE POCHON, POUR LE MINISTRE DE LA RECHERCHE ET DE LA TECHNOLOGIE
Le thème de ces XlIIèmes journées internationales sur la communication, l'éducation et la culture scientifiques et industrielles consacréesà l'environnement, bien que décidé depuis un an, illustre avec pertinence l'actualité institutionnelle puisque mercredi dernier, le 23 janvier 1991 Monsieur Hubert CURIEN, Ministre de la recherche et de la technologie et Monsieur Brice LALONDE, Ministre délégué
à
l'environnement, présentaient une communication conjointe au Conseil des Ministres.Cette communication vise
à
instaurer une meilleure structuration de ce secteur d'acùvités en améliorant la coordination au niveau national et européen avec la création de nouvelles structures (mise en place d'un comité de la recherche publique dansledomaine de l'environnement, avec la participation accrue et identique des organismes de recherche, mise en place de groupements d'intérêt public ... , concernant les problèmes de l'eau et de la forêt. .. , regroupement de l'A.F.M.E., A.N.R.E.D. et de l'A.Q.A. dans une même agence intervenant dans la recherche technologique). Les deux ministères ont annoncé leur intention d'obtenir, d'ici 5 ans un doublement de l'effort national de recherche consacréà
l'environnement. Cet effort devrait représenter en 1995 cinq pour cent du budget civil de la recherche, soit 2,4 milliards de francs. La formation et le recrutement des chercheurs dans ce domaine sont également envisagés, aussi qu'une aideà
la recherche industrielle et une participaùon aux programmes européen et internationaux (Euréka, notamment).Mais si l'environnement a besoin sans conteste des apports de la recherche, la culture scientifique et technique (C.S.T.) ne peut se concevoir, ni se renouveler sans la composante environnementale. En effet, tout citoyen doit pouvoir observer en étant en mesure de se poser les bonnes questions, tout ce qui compose son environnement: monde vivant, ressources offertes par la planète, produits manufacturés de plus en plus sophistiqués, complexes et difficilesàcerner. Cest la pratique des activités scientifiques et techniques sous toutes ses formes qui facilite, auprès du grand public, l'apprentissage des attitudes et des démarches ainsi que l'appropriation des connaissances indispensablesàla maîtrise des repères fondamentaux.
Le rôle conjugué de l'école du milieu associatif et des grands médias - donc de vous tous ici rassemblés aujourd'hui _ avec le soutien des pouvoirs publics (état et collectivités locales) et la compétence des personnels de la recherche publique et privée - prend une place désormais de plus en plus prépondérante. C'est pourquoi des journées de réflexion consacrées aux défis de l'environnement auxquels nous devons faire face vont apporter à chacun d'entre nous de nouvelles perspectives pour contribuer dans le cadre de nos activités et de nos responsabilités, au développement des actions déjà entreprises et à l'émergence de nouvelles initiatives au plan local, national et internationale.
Cette année, le département de la culture scientifique et technique du Ministère de la Recherche et de la Technologie, et maintenant bien sûr, son action incitative et de soutien en direction des jeunes (P.A.E., ateliers, clubs, exposciences, programme récréasciences et manifestations diverses
à
caractère scientifique et technique) contribue également au financement et à la réalisation d'une nouvelle revue de culture et d'éducation à l'environnement qui doit paraître à l'automne et qui a le mérite d'être le fruit d'une collaboration de quatre ministères: (éducation nationale, environnement, recherche et agriculture).Je vous remercie et je vous souhaite un excellent colloque dans cette si belle vallée de Chamonix.
Mme JEANNINE DEUNFF
au nom de Monsieur le Ministre d'Etat, Ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, etde Monsieur LAFOREST, Doyen de /'lnspection générale de l'Education Nationale.
Le sujet retenu cette année pour ces XIII journées internationales sur la communication, l'éducation et la culture scientifiques et industrielles, est d'une extrême urgence et d'une brûlante actualité...
EXTREME URGENCE, car, dans de trop nombreux cas,ilest déjà trop tard et certains dégâts sont irréversibles...
Dans certains pays, c'est depuis plusieurs décennies que l'E.E. a pris une place importante dans l'enseignement scientifique, dans l'éducation civique et éthique du futur citoyen. Tous les travaux du séminaire, et, dans un instant, l'exposé introductif d'André GIORDAN vont se consacrer à décrire l'importance et l'urgence des problèmes...
BRULANTE ACTUALITE, hélas, car chacun sait qu'une gestion cohérente et intelligente de l'environnement à l'échelle planétaire suppose la paix...Qui décrira et analysera non seulement les dégâts humains mais aussi les catastrophes "environnementales" provoquées par les guerres, toutes les guerres, et tout à fait particulièrement par cette guerre, actuelle, dite "du golfe"'!Ce conflit
inquiète tant les enfants qu'il est le sujet de conversation prioritaire dans les cours d'école, y compris dans les grandes sections de maternelle!
Le sous-titre du "programme" de cette année me paraît aussi extrêmement intéressant: "A vous de jouer, les jeunes!"
En effet, s'il est un domaine dans lequel il faut se préoccuper, non seulement du court et du moyen terme, mais aussi et sans jamais faiblir, du long terme, c'est celui de l'E.E., et c'est la formation du citoyen de demain qui ne doit pas être perdue de vue... Une formation à la responsabilité, à la clairvoyance, à l'efficacité dans la réflexion et l'action...
Mais les jeunes ontàs'exprimer aussi d'un autre point de vue... Quelle planète allons-nous leur léguer, demain?Le droit des jeunes à recevoir un héritage qui ne soit pas défiguré détruit. dévasté. "inyiyable" , ce droit commence à être défini, précisé, analysé. TI doit maintenant être mis en oeuvre... S'il est un problème qui concerne l'ensemble de la planète, c'est bien celui de la préservation de l'environnement. ..
Des réunions internationales, comme celles-ci, permettent :
- d'améliorer la diffusion des connaissances, aussi bien dans le domaine de la recherche scientifique fondamentale que dans le champ de la didactique,
- de rendre plus cohérente, plus "homogène", donc plus efficace l'action éducative,
Il est donc très important qu'elles soient organisées dans les conditions les meilleures possibles ...
Est-il nécessaire de rappeler l'intérêt de tels échanges entre chercheurs, enseignants, responsables d'éducation qui vont ainsi trouver l'occasion de développer encore leur ouverture d'esprit, leur capacité à comprendre et respecter l'autre, leur possibilité de raisonner en termes de grande REGION et même, si possible, de PLANETE ?
Par ailleurs, même si la vision planétaire reste toujours prioritaire dans l'ensemble de nos travaux, ce sont les pays européens qui sont pour l'instant majoritaires dans ce séminaire... A la veille de l'ouverture du "marché unique européen",ilest essentiel de rappeler qu'une "VRAIE" EUROPE ne se fera pas sans harmonisation des systèmes éducatifs, et la priorité se situe bien sûr dans le domaine de l'Education à l'Environnement.
En conclusion
L'extrême urgence de la prise en compte des problèmes de l'avenir de notre planète est soulignée par les chercheurs, intellectuels et responsables de gestion... (Problèmes d'environnement y compris les problèmes de population...)
Seul un effort considérable portant sur l'information et l'éducation, à tous les âges,
