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L'acceptabilité des traitements du trouble d'anxiété généralisée chez les personnes âgées

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L’acceptabilité des traitements du trouble d’anxiété généralisée

chez les personnes âgées

Mémoire doctoral

Catherine Gaudreau

Doctorat en psychologie

Docteure en psychologie (D.Psy)

Québec, Canada

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Résumé

Le trouble d’anxiété généralisée (TAG) est considéré comme un des troubles anxieux les plus répandus parmi les aînés. Différents traitements psychologiques et

pharmacologiques du TAG sont disponibles, mais leur acceptabilité, du point de vue des aînés, n’est pas connue. Ce mémoire a pour objectif principal de déterminer et de comparer l’acceptabilité des traitements du TAG chez les personnes âgées, soit la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), l’auto-traitement guidé basé sur les principes de la TCC (ATG-TCC) et les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Un objectif

secondaire est d’explorersi l’acceptabilité des traitements varie selon la sévérité du TAG et certaines caractéristiques sociodémographiques et cliniques des personnes âgées. Les participants (N=88) ont évalué l'acceptabilité de chaque traitement par rapport au cas fictif d’une dame âgée de 70 ans présentant un TAG d’intensité légère à modérée ou sévère. Les résultats montrent que la TCC est généralement plus acceptable que les ISRS.Aucune interaction significative entre le type d'intervention et la sévérité du TAG n’est observée. L’acceptabilité des traitements est associée à certaines caractéristiques des participants, soit le fait de ne pas savoir ce qui peut être la cause du développement d’un trouble anxieux, et de considérer la durée comme un aspect influençant le choix d’un traitement pour l’anxiété. La présente étude montre que certaines modalités de traitements du TAG chez les

consommateurs âgés potentiels sont plus acceptables que d’autres. Ceci permet d’identifier les interventions auxquelles cette population est plus susceptible d’adhérer.

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Table des matières

RÉSUMÉ ... III TABLE DES MATIÈRES ... V LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES ... VI AVANT-PROPOS ... IX

CHAPITRE 1 – INTRODUCTION GÉNÉRALE ... 1

INTRODUCTION ... 2 PRÉVALENCE ... 2 CAUSES ... 3 FACTEURS DE RISQUE ... 5 IMPACTS ... 5 TRAITEMENTS ... 6 PHARMACOTHÉRAPIE ... 6 PSYCHOTHÉRAPIE ... 7 SOUS-TRAITEMENT ... 9

PERCEPTION DES TRAITEMENTS ... 11

L’ACCEPTABILITÉ DES TRAITEMENTS DE L’ANXIÉTÉ ... 12

OBJECTIFS ET HYPOTHÈSE ... 14

MÉTHODOLOGIE ... 15

TABLEAU 1 ... 17

CHAPITRE 2 - L’ACCEPTABILITÉ DES TRAITEMENTS DU TROUBLE D’ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE CHEZ LES PERSONNES ÂGÉES (ARTICLE) ... 21

RÉSUMÉ ... 24

METHODE ... 30

PARTICIPANTS ... 30

MESURES ET MATÉRIEL ... 30

FICHE SIGNALÉTIQUE ... 30

SYMPTÔMES ANXIEUX ET INQUIÉTUDES ... 31

SYMPTÔMES DÉPRESSIFS ... 32

DESCRIPTION DES CAS ET DES TRAITEMENTS ... 32

ACCEPTABILITÉ DES TRAITEMENTS ... 32

PROCÉDURE ... 33

ANALYSE DES DONNÉES ... 34

RÉSULTATS ... 35 DISCUSSION ... 38 RÉFÉRENCES ... 44 TABLEAU 1 ... 53 TABLEAU 2 ... 56 TABLEAU 3 ... 58 FIGURE 1 ... 59 FIGURE 2 ... 60

CHAPITRE 3 - CONCLUSION GÉNÉRALE ... 61

RAPPEL DES OBJECTIFS ... 63

RÉSULTATS ... 63

LIMITES DE L’ÉTUDE ... 65

IMPLICATIONS ET PISTES DE RECHERCHES FUTURES ... 66

BIBLIOGRAPHIE ... 71

ANNEXE A ... 79

ANNEXE B ... 81

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Liste des tableaux et figures

Chapitre 1

Tableau 1 : Études ayant évalué l’acceptabilité des traitements de l’anxiété auprès de diverses populations d’adultes.

Chapitre 2

Tableau 1 : Caractéristiques sociodémographiques et cliniques des participants. Tableau 2 : Acceptabilité des traitements du trouble d’anxiété généralisée selon les caractéristiques des participants (variables catégorielles).

Tableau 3 : Estimé de régression de l’acceptabilité des traitements du trouble d’anxiété généralisée selon les caractéristiques des participants (variables continues).

Figure 1 : Acceptabilité générale de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), de l’auto-traitement guidé basé sur les principes de la TCC (ATG-TCC) et des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) en fonction de la sévérité du trouble d’anxiété généralisée.

Figure 2 : Acceptabilité (effets négatifs) de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), de l’auto-traitement guidé basé sur les principes de la TCC (ATG-TCC) et des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) en fonction de la sévérité du trouble d’anxiété généralisée.

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Avant-propos

Mon mémoire doctoral correspond aux exigences du programme D.Psy de l’École de psychologie de l’Université Laval. Monsieur Philippe Landreville, Ph.D., a agi comme directeur de recherche et a proposé le sujet de l’étude. Les objectifs et la méthode ont été développés conjointement avec monsieur Landreville. J’ai recueilli l’ensemble des données, avec l’aide de madame Alexandra Champagne, étudiante au doctorat en

psychologie (D.Psy), et j’étais responsable d’effectuer l’ensemble des analyses statistiques et de la rédaction sous la supervision de monsieur Landreville. Monsieur Pierre-Hugues Carmichael, M.Sc., est biostatisticien et m’a aidée quant à mes analyses statistiques. La présentation de l'article est rédigée selon les normes de l'American Psychological Association, conformément aux règles de l'École de psychologie de l'Université Laval.

Et voilà! Mon parcours universitaire est bientôt terminé ! Comme le temps passe vite lorsque l’on est bien accompagné. En effet, mon cheminement académique n’aurait pas été aussi agréable et stimulant si je n’avais pas eu la chance d’être soutenue à différents égards. D’abord, je remercie vivement mon directeur de recherche, Monsieur Landreville, sans qui le présent mémoire doctoral n’aurait pu voir le jour. Votre disponibilité, vos nombreuses connaissances et vos réflexions justes et pertinentes m’ont aidée à travailler toujours plus fort et, je l’espère, dans un esprit de rigueur. Je tiens aussi à remercier chaleureusement monsieur Patrick Gosselin, Ph.D., qui a accepté de faire partie de mon comité d’encadrement, pour ses nombreux conseils et recommandations. Merci également à monsieur Carmichael pour son aide judicieuse quant à mes analyses statistiques.

Ce travail n’aurait pu aboutir sans l’aide de nombreuses autres personnes. Que me pardonnent celles que j’oublie ici, mais j’adresse une pensée particulière à Alexandra Champagne, étudiante au doctorat en psychologie et collègue de laboratoire, qui m’a énormément aidée pendant la collecte des données. Merci aussi à Véronique Boudreault et July Fraser, autres agréables collègues de laboratoire avec qui j’ai eu la chance de passer ces trois dernières années. Votre présence et vos mots d’encouragement m’ont été d’un grand support. Ces remerciements ne seraient pas complets sans une pensée pour mes amis de la très inestimable Wonderteam : Katrine, Caroline et Jérôme. Merci de m’avoir aidée et encouragée, de m’avoir changé les idées quand j’en avais besoin et, bien sûr, de m’avoir énormément fait rire.

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I

ntroduction

Les troubles anxieux sont caractérisés par la peur persistante et intense d’objets, de personnes, de situations ou d’événements (American Psychiatric Association, 2013). L’anxiété se distingue d’une peur normale par le nombre, l’intensité et la durée des symptômes et par une souffrance ou une perturbation majeure du fonctionnement. La distinction entre chacun des troubles anxieux se fait en fonction de l’objet de la peur. Le trouble panique, caractérisé par des attaques de panique récurrentes et inattendues, est lié à la peur de ce qui pourrait arriver lors d’une de ces attaques. L’agoraphobie réfère à la peur d’avoir une attaque de panique dans des situations où il pourrait être difficile de fuir. Dans la phobie spécifique, l’anxiété est liée à la peur d’un objet ou d’une situation précise. La phobie sociale renvoie à la crainte de mal paraître ou d’être ridiculisé en public.

L’anxiété dans le trouble d’anxiété généralisée (TAG) est ressentie, quant à elle, par rapport à plusieurs situations, évènements ou activités qui varient selon les individus. Le

TAG se caractérise par l’aspect excessif, chronique et difficilement contrôlable des inquiétudes et de l’anxiété, et ce, plus d’un jour sur deux pendant au moins 6 mois. Pour établir le diagnostic d’un TAG, il faut en plus rencontrer au moins trois symptômes parmi les suivants : de l’agitation ou la sensation d’être survolté, de la fatigabilité, des difficultés de concentration, de l’irritabilité, des tensions musculaires ou une perturbation du sommeil. Finalement, pour que l’anxiété soit considérée comme pathologique, elle doit générer chez la personne une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants (American Psychiatric

Association, 2013).

Prévalence

Il existe une certaine variabilité entre les études quant à la prévalence du TAG dans la population âgée (Lenze & Wetherell, 2011). Aux États-Unis, la prévalence annuelle chez les personnes de plus de 55 ans est de 2% (Byers, Yaffe, Covinsky, Friedman, & Bruce,

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5.6% (Préville et al., 2008). Gellis et McCracken (2008) indiquent que le taux de prévalence du TAG dans la population âgée varie entre 1.2 et 7.3%. Pour leur part, Wolitzky-Taylor, Castriotta, Lenze, Stanley et Craske (2010) rapportent que le taux de prévalence annuelle varie entre 3.2 et 14.2%. La variabilité observée s’explique par des aspects méthodologiques, tels que les instruments de mesure employés et les critères, qui diffèrent d’une étude à l’autre (Bryant, Jackson, & Ames, 2008; Grenier et al., 2011). Il reste que le TAG est considéré comme un des troubles anxieux les plus répandus chez les aînés et que la très grande majorité de ceux qui ont un TAG présente un second trouble de santé mentale comorbide (Mackenzie, Reynolds, Chou, Pagura, & Sareen, 2011).

De façon générale, les données disponibles montrent que les taux de prévalence actuels et passés sont moins élevés chez les personnes âgées que pour le reste de la population adulte (Bryant et al., 2008; Gum et al., 2009). Cependant, il est difficile de déterminer si ces données illustrent un effet de cohorte ou s’il y a une diminution de la prévalence du TAG avec l’avancement en âge. Aussi, la variabilité des taux chez la population âgée est plus grande que celle de la population adulte. Par exemple, selon MacKenzie et al. (2011), la prévalence annuelle du TAG dans la population âgée varie entre 0.7 à 9%, alors qu’elle oscille entre 2 et 5% chez la population adulte.

Causes

Le TAG est considéré comme un trouble chronique, persistant et qui se résorbe rarement par lui-même. Ainsi, chez les personnes âgées, le TAG est bien souvent présent depuis des dizaines d’années (Le Roux, Gatz, & Wetherell, 2005). Différentes causes du TAG ont été avancées. D’un point de vue sociobiologique, les résultats de Mackintosh, Gatz, Wetherell et Pedersen (2006) suggèrent qu’un peu plus du quart des sources influençant le développement d’un TAG chez les aînés jumeaux sont attribuables aux facteurs génétiques, le reste étant attribuables à des facteurs environnementaux spécifiques.

D’un point de vue psychologique, l’aspect central commun aux principaux modèles théoriques contemporains du TAG est l’importance accordée à l’évitement des expériences internes. Ainsi, les inquiétudes excessives et chroniques constituent une stratégie pour

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éviter de ressentir les stimuli désagréables, tels que l’activation somatique découlant des réactions émotives (Behar, DiMarco, Hekler, Mohlman, & Staples, 2009). Cette stratégie s’avère toutefois inefficace puisqu’elle génère paradoxalement un niveau d’anxiété difficilement tolérable pour l’individu. Certains aspects cognitifs sont aussi identifiés comme mécanisme pathologique sous-tendant le TAG. Ainsi, l’intolérance à l’incertitude joue un rôle central dans l’étiologie du TAG étant considérée comme une vulnérabilité cognitive à la base des inquiétudes excessives et des pensées négatives (Behar et al., 2009; Dugas, Gagnon, Ladouceur, & Freeston, 1998; Dugas et al., 2010). Les résultats de Nuevo, Wetherell, Montorio, Ruiz et Cabrera (2009) illustrent l’importance de la relation entre l’intolérance à l’incertitude et les inquiétudes chez les aînés. Ces chercheurs ont montré que le niveau de connaissances au sujet du vieillissement est associé négativement à la sévérité des inquiétudes. Autrement dit, plus les personnes âgées connaissent les probabilités que certaines conséquences liées au vieillissement surviennent, moins leurs inquiétudes liées au vieillissement sont grandes. Leurs résultats montrent aussi que l’intolérance à l’incertitude est une variable médiatrice importante de cette relation : les connaissances au sujet du vieillissement diminuent l’intolérance à l’incertitude, ce qui contribue à réduire les inquiétudes.

L’expression de l’anxiété pathologique varie selon l’âge (Wolitzky-Taylor et al., 2010). Ainsi, chez les individus souffrant d’un TAG, les aînés montrent davantage d’inquiétudes excessives liées à leur santé personnelle et à leurs finances et présentent moins d’inquiétudes liées au travail comparativement aux adultes plus jeunes (Diefenbach, Stanley, & Beck, 2001). De plus, les inquiétudes à portée sociale sont présentes chez les jeunes adultes atteints d’un TAG alors qu’elles semblent plutôt absentes chez les individus âgés (Ladouceur, Freeston, Fournier, Dugas, & Doucet, 2002).Finalement, des facteurs biochimiques peuvent aussi être impliqués dans l’étiologie du TAG chez les aînés. Un dysfonctionnement de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, responsable entre autres de la sécrétion de glucocorticoïdes comme le cortisol, est associé à la présence du TAG. Comparativement aux aînés non anxieux, le niveau de cortisol salivaire des personnes

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inquiétudes et les symptômes du TAG éprouvés par les personnes âgées sont sévères (Mantella et al., 2008).

Facteurs de risque. Certains facteurs de risque sont associés aux troubles anxieux

en général chez les aînés. Avoir 12 ans et moins de scolarité, ne pas être marié et avoir au moins trois autres problèmes de santé chroniques sont des facteurs associés à l’incidence d’un trouble anxieux sur une période de 12 mois (Gum et al., 2009). Les évènements négatifs vécus pendant l’enfance, les tracas quotidiens et le névrosisme font également partie des facteurs de risque (Wolitzky-Taylor et al., 2010).

Différents facteurs sont aussi associés au TAG chez les personnes âgées. D’abord, ce trouble touche davantage les femmes que les hommes dans un rapport moyen de 2 pour 1, sans égard au groupe ethnique (Byers et al., 2010; Gum et al., 2009). De plus, les incapacités physiques semblent constituer un facteur de risque lié à l’apparition d’un TAG à un âge avancé. Les personnes chez qui le TAG est apparu après l’âge de 50 ans sont davantage limitées au niveau fonctionnel en raison de plusieurs problèmes d’ordre physique. En comparaison, les personnes chez qui le TAG s’est installé avant l’âge de 50 ans, soit un peu plus de la moitié des personnes âgées, présentent une comorbidité

psychiatrique plus importante, consomment davantage de psychotropes et ont des inquiétudes plus sévères (Le Roux et al., 2005).

Impacts

Le TAG est associé à des conséquences délétères chez les personnes âgées. Parmi ces impacts, on note une diminution de la qualité de vie (Wetherell et al., 2004), les limitations fonctionnelles (Porensky et al., 2009), la douleur (Casten, Parmelee, Kleban, Lawton, & Katz, 1995), les problèmes de sommeil, notamment l’insomnie (Magee & Carmin, 2010), les problèmes cognitifs (Rozzini et al., 2009), et divers problèmes de santé, dont les maladies cardiaques (Wolitzky-Taylor et al., 2010). Les personnes âgées ayant un TAG sont aussi plus à risque d’être diabétiques et d’avoir une maladie gastro-intestinale (Wetherell et al., 2010).Il est donc important que le TAG chez la personne âgée soit traité

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non seulement pour réduire l’anxiété, mais aussi pour éviter les nombreux problèmes qui y sont associés (Mackenzie et al., 2011).

La comorbidité entre le TAG et certains autres troubles de santé mentale est

importante. L’observation la plus fréquente concernant le TAG chez la population âgée est sa co-occurrence avec la dépression majeure. Ce trouble est présent chez une personne âgée sur trois souffrant du TAG (Flint et al., 2010). De plus, la majorité des personnes âgées qui ont un TAG ont un autre trouble anxieux comorbide et un trouble de personnalité est observé chez le quart de cette population (Mackenzie et al., 2011).

Traitements

Pharmacothérapie. La pharmacothérapie est le traitement le plus répandu pour les

troubles anxieux chez les personnes âgées (Wetherell, Lenze, & Stanley, 2005). Environ 25 % à 53% des aînés rapportent consommer des benzodiazépines pour le traitement d’un trouble anxieux (Benitez et al., 2008; Wolitzky-Taylor et al., 2010). Les benzodiazépines sont considérées plus efficaces qu’un placebo et leur effet est relativement rapide puisque des effets bénéfiques sont notables en sept jours (Wetherell et al., 2005). Cependant, Schuurmans et Balkom (2011) soulignent le manque de données appuyant l’efficacité de la pharmacothérapie, incluant les benzodiazépines, dans le traitement des troubles anxieux chez les aînés. Bien qu’à l’heure actuelle ce type de médicament soit très utilisé, il ne constitue pas un traitement de première ligne auprès de la population âgée atteinte d’un TAG (Flint, 2005). D’ailleurs, il faut noter plusieurs effets secondaires fréquents chez les aînés qui utilisent les benzodiazépines à long terme. Un risque plus élevé de chutes (Gray et al., 2006) ainsi qu’une altération des fonctions cognitives, notamment des problèmes de mémoire (Hanlon et al., 1998), comptent parmi les effets délétères. Aussi, un risque de dépendance associée à l’utilisation à long terme est bien présent. En effet, près de 10% des aînés québécois consommateurs de benzodiazépines rencontrent les critères diagnostiques de dépendance et un peu plus de 40% des consommateurs sans diagnostic de dépendance croient tout de même être dépendants des benzodiazépines (Voyer, Préville, Cohen,

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Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) sont un autre type de médicament consommé par un peu moins du quart (21%) des aînés ayant un trouble

anxieux (Benitez et al., 2008). Les ISRS étant efficaces pour le traitement des troubles anxieux en général, ils sont aussi recommandés pour les aînés (Lenze et al., 2005). Pour ce qui est spécifiquement du TAG dans cette population, les ISRS produisent une amélioration du fonctionnement social et émotif (Lenze et al., 2009). Ils sont aussi associés à une

réduction significative du cortisol et des symptômes anxieux chez les personnes âgées (Lenze et al., 2011). En plus, leur efficacité thérapeutique se démarque positivement des autres médicaments utilisés dans le traitement du TAG en présence d’une dépression majeure comorbide (Flint, 2005). Contrairement aux benzodiazépines, les ISRS sont actuellement recommandés pour le traitement de première ligne du TAG (Baldwin et al., 2005). Toutefois, comparativement aux benzodiazépines, leur action anxiolytique est plus lente à se faire sentir, ce qui complique souvent l’observance à long terme du traitement (Vasile, Bruce, Goisman, Pagano, & Keller, 2005). De plus, il est montré que ce type de médicament peut entraîner de la fatigue ou de la somnolence, des problèmes de sommeil ou des symptômes urinaires (Lenze et al., 2009). Schuurmans et Balkom (2011) proposent que, malgré le manque de données permettant de conclure en la supériorité d’un type de pharmacothérapie pour le traitement des troubles anxieux chez les aînés, les ISRS constituent une alternative appropriée dans le cas de comorbidité dépressive ou lorsque l’individu âgé ne souhaite pas entreprendre de psychothérapie.

Psychothérapie. Différents types d’interventions psychothérapeutiques sont

disponibles pour le traitement des symptômes et troubles anxieux chez les aînés.

L’entraînement à la relaxation, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et, dans une moindre mesure, la thérapie cognitive et celle de soutien, sont démontrés efficaces. Pour ce qui est spécifiquement du traitement du TAG chez les personnes âgées, la relaxation et la TCC sont les approches ayant reçu le plus de soutien empirique (Ayers, Sorrell, Thorp, & Wetherell, 2007; Hendriks, Oude Voshaar, Keijsers, Hoogduin, & Van Blkom, 2008; Thorp et al., 2009).

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La TCC est probablement l’approche la plus étudiée pour le traitement du TAG et des autres formes d’anxiété chez les aînés. Cette thérapie est limitée dans le temps et vise à enseigner au client des habiletés spécifiques. Elle repose sur une collaboration active entre le psychothérapeute et le client. Ce dernier est typiquement actif durant et entre les séances. Par exemple, il peut noter ses inquiétudes ou mettre en pratique une habileté nouvellement apprise. La TCC regroupe diverses composantes, telles que l’éducation psychologique, l’entraînement à la relaxation, la restructuration cognitive et l’exposition aux stimuli générant de l’anxiété. La réduction de la fréquence et de l’intensité des inquiétudes est généralement l’objectif premier de la TCC (Bradford et al., 2011). Celle-ci produit donc une diminution importante de la sévérité des inquiétudes et des symptômes anxieux, et ces gains semblent se maintenir dans le temps (Covin, Ouimet, Seeds, & Dozois, 2008;

Hendriks et al., 2008; Stanley et al., 2009). Les résultats d’une méta-analyse de Hendriks et al. confirment que la TCC constitue un traitement adéquat du TAG pour la population âgée de 60 ans et plus.

La bibliothérapie est une autre approche étudiée depuis peu pour l’anxiété chez les aînés et qui donne des résultats intéressants (Brenes et al., 2012). La bibliothérapie est un traitement auto-administré basé sur un matériel structuré et prenant la forme d’exercices et de lectures (Landreville, Landry, Baillargeon, Guérette, & Matteau, 2001; McKenna, Hevey, & Martin, 2010). Si ce type de traitement est encadré par un thérapeute dont le rôle consiste essentiellement à soutenir le patient, il est alors plus juste de parler d’un auto-traitement guidé (ATG) (Cuijpers, Donker, van Straten, Li, & Andrersson, 2010).

L’avantage principal d’un ATG est qu’il peut être appliqué à la maison. Il est aussi connu qu’il favorise l’empowerment, faisant du client un agent actif de son changement

(McKenna et al., 2010). L’ATG constitue aussi une approche intéressante du point de vue du rapport coût-efficacité (Brenes, McCall, Williamson, & Stanley, 2010; Lenze & Wetherell, 2011). Brenes et al. (2012) ont récemment montré qu’un auto-traitement

combinant un manuel présentant des techniques de la TCC à des appels téléphoniques d’un psychothérapeute peut être efficace pour réduire l'anxiété et les inquiétudes chez les

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téléphoniques d’un psychologue et l’utilisation de matériel écrit disponible en ligne sur Internet. Pour leur part, van’t Veer-Tazelaar et al. (2011) ont montré qu’un ATG basé sur les principes de la TCC (ATG-TCC), utilisé comme première intervention dans un programme de soin en étapes, diminue de moitié l’incidence sur 24 mois des troubles anxieux chez les aînés de plus de 75 ans.

Il n’est pas clair si la psychothérapie et la pharmacothérapie ont une efficacité équivalente pour le traitement du TAG chez les aînés, car ces deux formes de traitement n’ont pas été comparées directement dans les études. Cependant, les auteurs d’une

importante méta-analyse concluent que les aînés atteints d’un TAG bénéficient autant de la pharmacothérapie que de la psychothérapie, bien que la première ait un effet thérapeutique légèrement plus important que la seconde (Gonçalves & Byrne, 2012).

Il est généralement considéré que la TCC produit des tailles d’effet moindres lorsqu’elle est utilisée pour le traitement du TAG chez les aînés comparativement aux adultes plus jeunes (Hunot, Churchill, de Lima, & Teixeira, 2007). Il faut noter, cependant, que certains chercheurs ne partagent pas ce point de vue. Une méta-analyse a montré que les tailles d'effet sont comparables à celles rapportées ailleurs pour la TCC pour l'anxiété dans la population générale ou pour la pharmacothérapie chez les aînés anxieux (Thorp et al., 2009). Par ailleurs, les taux d’attrition pour la psychothérapie semblent plus élevés chez les aînés que chez les adultes plus jeunes, alors que l’attrition dans les études sur la

pharmacothérapie est comparable à celui des jeunes adultes anxieux (Wetherell et al., 2005). Il semble donc qu’il y ait place à amélioration pour le traitement psychologique du TAG et des autres troubles anxieux dans la population âgée.

Sous-traitement

Peu d’aînés atteints d’un TAG reçoivent un traitement bien que plusieurs

traitements soient disponibles. Seulement 18% à 28% des aînés ayant un TAG sollicitent l’aide de professionnels de la santé (Mackenzie et al., 2011). Préville et al. (2008) montrent également qu’un peu plus du quart (28%) des aînés ayant un diagnostic probable de TAG ont utilisé les services de santé pour leurs symptômes de souffrance psychologique au cours

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de la dernière année. Ce taux est inférieur à celui pour l’ensemble des troubles de santé mentale (39%) et à celui pour la dépression majeure (50%).

Le problème du sous-traitement du TAG chez les aînés peut être lié à des difficultés pratiques et financières. D’un point de vue pratique, il est possible que le TAG soit sous-diagnostiqué dans cette population (Lauderdale & Sheikh, 2003; Sable & Jeste, 2001). Les professionnels de la santé, tout comme les personnes âgées, peuvent considérer l’anxiété comme normale en fonction de leur situation ou encore la confondre avec des problèmes de santé physique (Lenze & Wetherell, 2009). Plusieurs aînés peuvent aussi avoir de la

difficulté à se déplacer par eux-mêmes pour rencontrer un psychothérapeute régulièrement. D’un point de vue financier, les coûts d’une psychothérapie en privé étant élevés et les revenus étant moindres à la retraite, plusieurs personnes peuvent y renoncer ou faire appel au secteur public où l’attente est longue avant de recevoir un traitement psychologique (Landreville et al., 2001).

Le sous-traitement peut aussi s’expliquer par une réaction négative face aux médicaments. La majorité des aînés atteints d’un trouble anxieux consulte en premier lieu leur médecin de famille ce qui explique peut-être en partie pourquoi la médication

représente le traitement de l’anxiété le plus fréquent chez la population âgée anxieuse (Wetherell et al., 2005). Cependant, même si un traitement pharmacologique est prescrit, plusieurs aînés peuvent le refuser ou y renoncer pour diverses raisons, telles que les effets secondaires et la crainte de développer une dépendance.

D’autre part, les attitudes que les aînés, leur entourage et les professionnels de la santé entretiennent quant aux traitements du TAG à un âge avancé peuvent aussi avoir un impact (Collin, 2002; Joo, Wiitink, & Dahlberg, 2011; Landreville & Guérette, 1998; McKenna et al., 2010). En fait, le recours et l’adhérence à une intervention sont moins probables s’il est considéré que l’anxiété est normale chez les personnes âgées, que celles-ci sont trop vieilles pour apprendre à gérer leurs symptômes anxieux ou que les traitements

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Perception des traitements

Il revient à Wolf (1978) d’avoir proposé d’évaluer le jugement émis envers la procédure d’une intervention thérapeutique. Cela renvoie à mesurer le degré d’acceptabilité du traitement. Spirrison (1992) note qu’il n’existe aucun consensus entre les chercheurs quant à la signification précise de ce concept. Il renvoie le lecteur à la définition qu’en donne Kazdin (1980), à savoir les jugements sur les procédures de traitement par des non-professionnels, des clients et d’autres consommateurs potentiels du traitement, notamment si le traitement est approprié pour le problème, s’il est équitable, raisonnable et intrusif, et s’il est conforme avec les notions classiques sur ce qu’un traitement doit être. Plus une personne considère le traitement efficace, juste, approprié, éthique et raisonnable, plus celui-ci est jugé acceptable. Ce jugement peut varier selon la personne qui le pose, qu’il s’agisse de consommateurs potentiels, de personnes présentant le problème, de membres de la famille, de professionnels de la santé, ou autres. L’acceptabilité d’un traitement est liée à son observance et son efficacité (Collin, 2002; Yates, 1994). D’ailleurs, Barlow, Levitt et Bufka (1999) considèrent l’acceptabilité comme un enjeu de la faisabilité, soit un des facteurs d’évaluation de l’utilité clinique d’un traitement. Il est donc pertinent de

s’intéresser aux perceptions qu’entretiennent les individus quant aux traitements qu’ils sont susceptibles d’utiliser. Cela aide également les cliniciens à offrir des traitements qui seront appréciés par leurs clients.

La notion d’acceptabilité suscite de plus en plus d’intérêt. Cependant, on note l’abondance de termes employés par différents auteurs qui, chacun à leur façon, traitent d’un aspect de l’acceptabilité. Ces termes incluent les croyances, les perceptions ainsi que les préférences par rapport aux traitements. Cette diversité terminologique peut porter à confusion puisque ces termes sont souvent utilisés de façon interchangeable. Pour la présente étude, la conceptualisation de l’acceptabilité de Kazdin (1980) est retenue.

Différents instruments de mesure ont été proposés pour mesurer l’acceptabilité d’un traitement. Carter (2007) en identifie près d’une dizaine. Un des plus connus et des plus utilisés est le Treatment Evaluation Inventory (TEI ; Kazdin, 1980). Le flou entourant le concept d’acceptabilité se reflète par la variabilité des dimensions sous-jacentes à un outil

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comme le TEI. Comme l’ont noté Landreville et Guérette (1998), différentes analyses factorielles ont révélé que le nombre de facteurs du TEI varie entre un et quatre. Leurs propres résultats avec le TEI appliqué à la dépression chez les aînés suggèrent la présence de deux facteurs, soit l’acceptabilité générale et les effets négatifs, expliquant 73% de la variance. L’acceptabilité générale renvoie aux aspects positifs du traitement, comme son efficacité, alors que les effets négatifs désignent les conséquences indésirables, telles que les effets secondaires.

L’acceptabilité des traitements de l’anxiété. Comme on peut le voir au Tableau 1,

quelques études ont porté sur l’acceptabilité des traitements de l’anxiété dans diverses populations d’adultes1. Il ressort généralement de ces travaux que la population adulte atteinte de troubles anxieux, bien que généralement favorable aux deux types de traitements, tend à préférer la TCC à la pharmacothérapie.

Le tableau 1 suggère aussi certaines variables associées à la perception des traitements. Ainsi, la perception des adultes est modérée par l’expérience personnelle antérieure d’un traitement pharmacologique: contrairement aux consommateurs de médicaments, les non-consommateurs perçoivent la pharmacothérapie comme moins acceptable, moins crédible et moins susceptible d’être efficace à long terme que la TCC (Deacon & Abramowitz, 2005). Les croyances individuelles entretenues (c’est-à-dire les attitudes favorables ou défavorables) ne semblent toutefois pas associées à la présence d’un trouble anxieux, alors que des attitudes favorables envers la pharmacothérapie sont

associées à la présence de symptômes dépressifs (Wagner et al., 2005). Cette association entre la dépression et la préférence pour la pharmacothérapie est corroborée par Zoellner, Feeny et Bittinger (2009). Ces auteurs soulignent qu’il faut aussi tenir compte de la sévérité de la psychopathologie, laquelle est associée positivement à la probabilité qu’un client adulte préfère la pharmacothérapie à la psychothérapie. Finalement, aucune variable

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ethnique, laquelle est liée à des attitudes défavorables autant envers la psychothérapie que la pharmacothérapie (Wagner et al., 2005). Bien que l’expérience antérieure de traitement, le type et la sévérité de la psychopathologie soient des facteurs influençant les perceptions de l’efficacité d’un traitement, les croyances individuelles constituent le prédicteur le plus fort de la préférence et du choix d’un traitement. Plus la perception envers un type de traitement est positive et que celui-ci est jugé crédible, plus il est probable qu’il soit choisi (Zoellner et al., 2009).

Malgré ces résultats intéressants, soulignons qu’ils doivent être interprétés avec prudence considérant la présence de limites méthodologiques. Principalement, il y a la nécessité de répliquer les résultats auprès d’échantillons cliniques plus larges et plus diversifiés. De plus, les propriétés psychométriques des instruments de mesure utilisés sont parfois inconnues (Deacon & Abramowitz, 2005; Wagner et al., 2005). Notre connaissance des facteurs influençant les croyances qui prédisent l’acceptabilité et par le fait même la préférence, le choix et l’observance d’un traitement est, somme toute, très limitée (Deacon & Abramowitz, 2005; Hanson & Scogin, 2008; Molhman, 2012; Wagner et al., 2005). Parmi les variables qui devraient être examinées davantage par les chercheurs, on retrouve l’expérience antérieure de traitements (Zoellner et al., 2009), la façon dont l’individu explique le développement de son trouble (Deacon & Abramowitz, 2005), ainsi que son niveau de connaissance des traitements (Mohlman, 2012).

En ce qui a trait précisément aux préférences des ainés quant aux traitements de l’anxiété, une seule étude s’est intéressée à évaluer celles-ci, soit celle de Molhman (2012). Les résultats montrent que la grande majorité (76%) des répondants préfère la

psychothérapie à la pharmacothérapie (13%) et à leur combinaison (11%). Le type de psychothérapie recevant le plus d’appui est la TCC. Le nombre d’années d’éducation complétées constitue la seule variable sociodémographique prédictive significative : les aînés les plus éduqués préfèrent davantage la psychothérapie à la pharmacothérapie ou à leur combinaison. Ce résultat va dans le même sens que ceux de Landreville et al. (2001) qui ont étudié l’acceptabilité de différents traitements de la dépression chez les aînés. Leurs résultats montrent qu’en plus du niveau d’éducation, le statut civil est une autre variable

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associée à l’acceptabilité : les aînés vivant avec un partenaire considèrent la thérapie cognitive plus acceptable que les aînés vivant seuls, tandis que l’inverse est vrai en ce qui concerne la pharmacothérapie.

L’étude de Mohlman (2012) présente cependant des limites importantes. D’abord, les participants ont évalué des traitements par rapport à un ensemble de symptômes anxieux plutôt qu’un ou plusieurs troubles anxieux spécifiques. Certains symptômes, tels que les inquiétudes constantes, se retrouvent typiquement dans le TAG, mais pas dans tous les troubles anxieux. Il est donc difficile de savoir à quels troubles les résultats s’appliquent. Notons également que les participants devaient indiquer leur traitement préféré parmi une liste, mais ne disposaient d’aucune information (procédure, désavantages, effets

secondaires, etc.) au sujet des différents traitements présentés. Il est donc difficile de savoir sur quoi leur préférence était basée et s’ils disposaient de l’information nécessaire pour préférer un traitement plutôt qu’un autre.

Objectifs et hypothèse

L’objectif principal de ce mémoire est de connaître l’acceptabilité des traitements psychologiques et pharmacologiques du TAG chez les personnes âgées. Précisément, celle-ci vise surtout à documenter l’acceptabilité des princelle-cipaux traitements du TAG chez les aînés issus de la population générale. L’étude sera basée sur l’évaluation de descriptions de différents traitements appliqués pour les cas fictifs d’une personne atteinte d’un TAG, dont la sévérité des symptômes est variable. Nous examinerons plus spécifiquement

l’acceptabilité de trois traitements, soit la TCC, l’ATG-TCC, et les ISRS. La TCC et les ISRS sont retenus considérant les données appuyant leur efficacité pour le traitement du TAG chez les aînés. Quant à l’ATG-TCC, il est inclus puisqu’il représente une avenue prometteuse pour le traitement des aînés (Lenze & Wetherell, 2011). Il est attendu que la TCC sera jugée plus acceptable que l’ATG-TCC et que la pharmacothérapie. L’étude vise également à explorer si les jugements d’acceptabilité varient selon la sévérité du TAG et certaines caractéristiques sociodémographiques et cliniques des personnes âgées.

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Méthodologie

Ce chapitre est une introduction à l’acceptabilité des traitements du TAG chez les personnes âgées. Les objectifs de l'étude ont également été énoncés. Le deuxième chapitre est présenté sous forme d'article scientifique et constitue le corps du mémoire doctoral. L’article décrit la problématique et les objectifs de l'étude, la méthodologie utilisée, les résultats et se termine par une discussion. Le troisième chapitre constitue une conclusion générale. Il y est question des principaux résultats du mémoire, de ses limites, des implications et de pistes de recherches futures.

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Tableau 1

Études ayant évalué l’acceptabilité des traitements de l’anxiété auprès de diverses populations d’adultes.

Étude Échantillon Méthode Mesures Résultats

Deacon & Abramowit z (2005) Adultes atteints de troubles anxieux (N = 103)

Âge moyen = 35.4 ans

Comparaison de la perception (acceptabilité, crédibilité et efficacité) de la TCC et de la pharmacothérapie.

TPQ TCC et pharmacothérapie évaluées positivement; TCC perçue plus acceptable que pharmacothérapie, plus efficace à long terme

et préférée par la plupart des participants;

Perceptions associées à usage de médicaments pas associées à histoire de psychothérapie.

Wagner et al. (2005)

Personnes atteintes d’un trouble anxieux

(n = 273)

et sans trouble anxieux (n = 69)

68.7% = < 50 ans

Comparaison des croyances (attitudes favorables ou défavorables) entretenues sur la psychothérapie et la pharmacothérapie

BPC Présence sx anxieux n’influence pas croyances envers traitements

Sx dépressifs associée positivement à attitudes favorables envers pharmacothérapie;

Minorité ethnique = attitudes défavorables envers les 2 traitements.

Botella et al. (2009)

Jeunes adultes atteints de phobie sociale (N = 52)

Âge moyen = 24.4 ans

Comparaison de

l’acceptabilité (i.e., l’utilité clinique) entre la TCC via Internet et la TCC via une thérapie conventionnelle

CICE STQ

Internet et thérapie conventionnelle évalués positivement; Aucune différence crédibilité et utilité, sauf confiance en l’efficacité au pré-traitement = Internet > thérapeute; Sévérité sx corrélée négativement à confiance accordée au pré-traitement;

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Étude Échantillon Méthode Mesures Résultats

Ludervold, Pahwa, & Lyons (2009)

Personne atteinte d’un TAG secondaire à la maladie de Parkinson (N = 1) Âge = 67 ans Évaluation de l’efficacité et de l’acceptabilité d’une intervention comportementale (entraînement à la

relaxation) sur la réduction des sx anxieux.

AARP L’intervention comportementale est évaluée hautement acceptable. Zoellner et al. (2009) 1) 747 femmes rencontrant le critère A (DSM-IV) de l’ESPT 2) 84 femmes ayant vécu un évènement traumatique potentiel. Comparaison de la perception de l’efficacité (i.e., crédibilité et attitudes personnelles) de la Sertraline (antidépresseur ISRS) et de l’exposition prolongée (psychothérapie). CS PRR

Croyances (réactions personnelles et crédibilité accordées) et sévérité

des sx = prédicteurs les plus forts de la préférence;

Pas d’association entre les variables sociodémographiques avec

les croyances et préférences;

Sévérité des sx ESPT + dépression rendent pharmacothérapie plus

favorable que psychothérapie. Khanna & Kendall (2010) Enfants atteints de troubles anxieux (n = 49) et leurs parents. Âge moyen des enfants = 10.1 ans Comparaison de l’efficacité et de l’acceptabilité (i.e., satisfaction) de la TCC par ordinateur, de la TCC conventionnelle et de la CESA (effets non-spécifiques).

CSQ-8 Tous les traitements évalués positivement par enfants et parents;

TCC administrée par ordinateur et TCC conventionnelle reçoivent

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CHAPITRE 2 - L’ACCEPTABILITÉ DES TRAITEMENTS DU TROUBLE D’ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE CHEZ LES PERSONNES ÂGÉES

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L’acceptabilité des traitements du trouble d’anxiété généralisée chez les personnes âgées

Catherine Gaudreau, B.A., candidate au doctorat en psychologie 1 Philippe Landreville, Ph.D. 1, 2

Pierres-Hugues Carmichael, M.Sc. 2

Alexandra Champagne, B.A., candidate au doctorat en psychologie 1 Caroline Camateros, B.A., candidate au doctorat en psychologie1

1 École de psychologie, Université Laval, Québec, Canada 2 Centre de recherche du CHU de Québec, Canada

Catherine Gaudreau et Alexandra Champagne détenaient chacune une bourse des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et des Fonds de recherche du Québec - Santé (FRQ-S), respectivement, durant la période de réalisation de cette étude. Toute correspondance

concernant cet article doit être adressée à Philippe Landreville, Ph.D., École de psychologie, Université Laval, Pavillon Félix-Antoine-Savard, 2325, rue des Bibliothèques, Québec, QC, G1V 0A6, Canada. Numéro de téléphone : 418 2131, poste 3024. Télécopieur: 418 656-3646. Courrier électronique: philippe.landreville@psy.ulaval.ca

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Résumé

Contexte : Diverses interventions psychologiques et pharmacologiques sont disponibles pour traiter le trouble d’anxiété généralisée (TAG) chez les personnes âgées, mais leur

acceptabilité du point de vue des aînés est peu connue.

Objectifs : Cette étude a pour objectif principal de déterminer et de comparer l’acceptabilité de traitements du TAG chez les personnes âgées, soit la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), l’auto-traitement guidé basé sur les principes de la TCC (ATG-TCC), et les

inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Un objectif secondaire est d’explorer si les jugements d’acceptabilité varient selon la sévérité du TAG et certaines caractéristiques sociodémographiques et cliniques des personnes âgées.

Méthode : Les participants (N=88) ont évalué l'acceptabilité de chaque traitement par rapport au cas fictif d’une dame âgée de 70 ans présentant un TAG d’intensité légère à modérée ou sévère.

Résultats : Les résultats montrent que la TCC est généralement plus acceptable que les ISRS. Aucune interaction significative entre le type d'intervention et la sévérité du TAG n’est observée. L’acceptabilité des traitements est associée à certaines caractéristiques des participants, soit le fait de ne pas savoir ce que peut être la cause du développement d’un trouble anxieux, et de considérer la durée comme un aspect influençant le choix d’un traitement pour l’anxiété.

Conclusion : La présente étude montre que certaines modalités de traitements du TAG chez les consommateurs âgés potentiels sont plus acceptables que d’autres. Ceci permet

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Le trouble d’anxiété généralisée (TAG) se caractérise par l’aspect excessif, chronique et difficilement contrôlable des inquiétudes et de l’anxiété, plus d’un jour sur deux, pendant au moins 6 mois. Il faut en plus rencontrer au moins trois des symptômes suivants: agitation ou sensation d’être survolté, fatigabilité, difficultés de concentration, irritabilité, tensions musculaires ou perturbation du sommeil (American Psychiatric Association, 2013). Dans la population âgée, les taux de prévalence annuelle du TAG rapportés pour les aînés varient entre 1.2% et 14.2% (Gellis & McCracken, 2008; Wolitzky-Taylor et al., 2010). Malgré cet écart considérable, imputable en bonne partie à des différences méthodologiques entre les études, le TAG est considéré parmi les troubles anxieux les plus répandus chez les aînés. L’anxiété est associée à des conséquences délétères chez les aînés, notamment à la douleur (Casten et al., 1995), à l’insomnie (Magee & Carmin, 2010), aux problèmes cognitifs (Rozzini et al., 2009) et aux maladies cardiaques (Wolitzky-Taylor et al., 2010). Les

personnes âgées ayant un TAG sont aussi plus à risque d’être atteintes de diabète, et d’avoir une maladie gastro-intestinale (Wetherell et al., 2010) et des limitations fonctionnelles (Porensky et al., 2009). La grande majorité présente aussi un trouble de santé mentale comorbide (Mackenzie et al., 2011). La comorbidité la plus fréquente est la dépression majeure présente chez un aîné sur trois atteint d’un TAG (Flint et al., 2010). Il est donc important que le TAG chez les aînés soit traité adéquatement pour réduire l’anxiété et minimiser ou prévenir les nombreux problèmes associés (Mackenzie et al., 2011).

La pharmacothérapie est le traitement le plus répandu pour les aînés ayant un trouble anxieux (Wetherell et al., 2005). Près de la moitié d’entre eux obtiennent une prescription pour un antidépresseur ou un anxiolytique après avoir consulté un professionnel de santé de première ligne (Stanley, Roberts, Bourland, & Novy, 2001). Les inhibiteurs sélectifs de la

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TAG (Baldwin et al., 2005) et sont utilisés par près du quart des aînés ayant un trouble anxieux (Benitez et al., 2008). Les ISRS produisent une amélioration du fonctionnement social et émotif de l’individu âgé (Lenze et al., 2009, 2011). Il semble également que la pharmacothérapie ait un effet thérapeutique légèrement supérieur à la psychothérapie pour le traitement du TAG chez les aînés (Goncalves & Byrne, 2012). Toutefois, l’action

anxiolytique des ISRS est plus lente que celle des benzodiazépines, ce qui complique l’observance à long terme (Vasile, Bruce, Goisman, Pagano, & Keller, 2005). Aussi, ils peuvent entraîner de la fatigue, de la somnolence, des problèmes de sommeil ou des problèmes urinaires (Lenze et al., 2009).

En ce qui a trait aux interventions psychologiques, la relaxation et la thérapie

cognitivo-comportementale (TCC) sont les approches ayant reçu le plus de soutien empirique pour le TAG chez les personnes âgées (Ayers et al., 2007; Hendriks et al., 2008; Thorp et al., 2009). La TCC, qui inclut souvent la relaxation, produit une diminution importante de la sévérité des inquiétudes et des symptômes dépressifs, et ces gains semblent se maintenir dans le temps (Covin et al., 2008; Hendriks et al., 2008; Stanley et al., 2009). Certains chercheurs avancent que la TCC pour le traitement du TAG gériatrique produit des tailles d’effet moindres que chez les adultes (Hunot et al., 2007), mais d’autres indiquent que les tailles d'effet de traitements comportementaux sont comparables à celles rapportées pour la TCC pour l'anxiété dans la population générale (Thorp et al., 2009).

La bibliothérapie est un format d’intervention psychologique prometteur pour le traitement de l’anxiété chez les aînés. Il s’agit d’un programme structuré composé de lectures et d’exercices que le client fait à la maison. Si le traitement est réalisé sous la supervision

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Straten, Li, & Andrersson, 2010). L’ATG présente plusieurs avantages : il réduit les déplacements du client, favorise l’empowerment, faisant du client un agent actif de son changement (McKenna et al., 2010), et constitue aussi une approche intéressante du point de vue coût-efficacité (Brenes et al., 2010 ; Lenze & Wetherell, 2011). Brenes et al. (2012) ont récemment montré qu’un traitement combinant un manuel présentant des techniques de la TCC à des séances de thérapie par téléphone, peut être efficace pour réduire l'anxiété et l'inquiétude chez les personnes âgées. Zou et al. (2012) ont aussi rapporté les effets

bénéfiques d’un programme d’orientation cognitivo-comportementale combinant des appels téléphoniques d’un psychologue et l’utilisation de matériel écrit disponible en ligne sur Internet. Pour leur part, van’t Veer-Tazelaar et al. (2011) ont montré qu’un ATG basé sur les principes de la TCC (ATG-TCC), utilisé comme première intervention dans un programme de soin en étapes, diminue de moitié l’incidence sur 24 mois des troubles anxieux chez les aînés de plus de 75 ans.

Bien que plusieurs traitements soient disponibles, peu d’aînés ayant un TAG en reçoivent. Seulement 18% à 28% de ceux-ci sollicitent l’aide de professionnels de la santé (Mackenzie et al., 2011). Moins du tiers (28%) des aînés ayant un diagnostic probable de TAG ont utilisé les services de santé pour leurs symptômes au cours de la dernière année (Préville et al., 2008). Ce taux est inférieur à celui pour l’ensemble des troubles de santé mentale (39%) et à celui pour la dépression majeure (50%). La majorité des aînés atteints d’un trouble anxieux qui utilisent les services de santé consulte en premier leur médecin de famille, ce qui explique peut-être en partie pourquoi la pharmacothérapie est le traitement le plus fréquent chez cette population (Wetherell et al., 2005).

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un âge avancé (Collin, 2002; Joo et al., 2011; McKenna et al., 2010). Évaluer le jugement envers une intervention renvoie notamment à mesurer le degré d’acceptabilité du traitement, c’est-à-dire comment ce traitement est jugé en fonction du problème (Kazdin,1980 ; Wolf, 1978). Plus une personne considère le traitement efficace, approprié, éthique et raisonnable, plus il est jugé acceptable et susceptible d’être utilisé. L’acceptabilité d’un traitement est d’ailleurs liée à son observance et, ultimement, à son efficacité (Collin, 2002; Yates, 1994). Qui plus est, le niveau de crédibilité accordée envers un traitement peut être utilisé comme prédicteur de l’efficacité de ce dernier (Botella et al., 2009). Il est donc pertinent de

s’intéresser aux perceptions qu’entretiennent les individus quant aux traitements qu’ils sont susceptibles d’utiliser. Cela aide également les cliniciens à offrir des traitements qui seront appréciés par leurs clients.

Actuellement, on ne connait pas l’acceptabilité des traitements du TAG chez les aînés. Cependant, on sait que les adultes tendent à préférer la TCC à la pharmacothérapie pour le traitement de l’anxiété, bien qu’ils sont généralement favorables aux deux traitements (Deacon & Abramowitz, 2005; Zoellner et al., 2009). On sait également que l’historique de traitement (Deacon & Abramowitz, 2005), le type et la sévérité de la psychopathologie (Zoellner et al., 2009) influencent les perceptions par rapport aux traitements de l’anxiété. D’autres facteurs potentiels ont été proposés, tels que la façon selon laquelle l’individu explique le développement de son trouble (Deacon & Abramowitz, 2005) et son niveau de connaissance des traitements (Mohlman, 2012).

En ce qui a trait précisément aux préférences des aînés quant aux traitements de l’anxiété, une seule étude s’est intéressée à évaluer celles-ci, sans toutefois spécifier le type

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combinaison (11%). Le type de psychothérapie recevant le plus d’appui est la TCC,

comparativement à d’autres formes telles que les thérapies de soutien, psychodynamique ou d’acceptation et d’engagement. Bien que la lecture d’un manuel d’auto-traitement a été considérée, cette forme d’intervention a été placée dans une catégorie assez large incluant, entre autres, parler avec un ami et s’impliquer dans un projet. On ne sait donc pas où se situe un ATG comparativement à la psychothérapie et la médication. Les résultats montrent aussi que le nombre d’années d’éducation complétées et l’âge sont associés à la préférence par rapport aux traitements : les aînés les plus éduqués préfèrent la psychothérapie à la

pharmacothérapie ou à leur combinaison, et les aînés les plus jeunes préfèrent la TCC alors que les plus vieux préfèrent la thérapie de soutien.

L’objectif principal de cette étude est donc de connaître l’acceptabilité des traitements psychologiques et pharmacologiques du TAG chez les aînés. Précisément, elle vise à

documenter l’acceptabilité des principaux traitements du TAG chez les aînés issus de la population générale. L’étude est basée sur l’évaluation de descriptions de différents traitements appliqués au cas fictif d’une personne atteinte d’un TAG d’intensité légère à modérée ou sévère. Trois traitements, soit la TCC, l’ATG-TCC, et les ISRS, sont comparés. La TCC et les ISRS sont retenus considérant les données appuyant leur efficacité pour le traitement du TAG chez les aînés. Quant à l’ATG-TCC, il est inclus puisqu’il représente une avenue prometteuse pour le traitement des aînés(Lenze & Wetherell, 2011). Il est attendu que la TCC sera jugée plus acceptable que l’ATG-TCC et que la pharmacothérapie. L’étude vise également à déterminer si les jugements d’acceptabilité varient selon la sévérité du TAG et certaines caractéristiques sociodémographiques et cliniques des participants.

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Méthode Participants

Les participants ont été recrutés dans des clubs sociaux et de loisirs, un centre de jour, une clinique médicale et des résidences pour aînés de la grande région de Québec. Pour être inclus dans l'étude, les participants devaient avoir 65 ans ou plus et ne pas présenter de problème cognitif. Trente milieux ont été sollicités pour participer à l'étude et 15 ont donné leur accord. Au total, 458 personnes ont été approchées et 205 d’entre elles (45 %) ont accepté de participer. De celles-ci, 102 personnes (50%) ont retourné les questionnaires. Parmi l’ensemble des questionnaires retournés, ceux de 14 participants étaient trop

incomplets et n’ont pas été inclus dans l’analyse des données. Au final, un échantillon de 88 participants est obtenu.

La taille de l’échantillon nécessaire à la présente étude avait été estimée précédemment à partir des résultats de l’étude de Landreville et al. (2001) qui ont utilisé un devis similaire à celui prévu dans la présente étude. La taille de l’effet pour la comparaison entre les

traitements dans cette étude a été estimée à 0.254 selon le f2 de Cohen. Ainsi, afin de détecter la présence d’une telle taille d’effet, avec une puissance statistique de 0.80 et un alpha

bilatéral de 0.05, la taille de l’échantillon nécessaire a été estimée à 86 participants grâce au logiciel G*Power (Faul, Erdfelder, Lang, & Buchner, 2007).

Mesures et matériel

Fiche signalétique. Cette fiche (Annexe A) nous a permis de documenter des

caractéristiques sociodémographiques (le sexe, l’âge, l’appartenance à une communauté culturelle, le statut civil actuel, le niveau d’éducation, le revenu annuel brut, le lieu de

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traitements pour l’anxiété, le niveau de familiarité avec les traitements de l’anxiété, la cause probable du développement d’un trouble anxieux et les aspects influençant le choix d’un traitement). On a demandé aux participants s’ils avaient déjà connu un épisode anxieux d’une durée de 6 mois ou plus. Dans l’affirmative, on leur a demandé de préciser le nombre

d’épisodes, s’ils traversaient un tel épisode présentement, s’ils avaient déjà reçu un traitement pour l’anxiété et finalement, pour un autre trouble de santé mentale. On leur a également demandé d’évaluer leur degré de familiarité avec les traitements de l’anxiété. Finalement, les participants devaient indiquer quel(s) élément(s) contribue(nt) au

développement d’un trouble anxieux et jusqu’à quel point différents aspects, tels que les coûts, la durée et les effets secondaires, influenceraient leur choix d’un traitement de

l’anxiété. Pour cette dernière question, le participant répondait en utilisant une échelle variant entre 0 (aucune influence) et 10 (très grande influence)

Symptômes anxieux et inquiétudes. La version canadienne-française du Geriatric

Anxiety Inventory (GAI-CF; Pachana et al., 2007) a été utilisée pour évaluer la présence et la sévérité des symptômes anxieux chez les participants. Le GAI a été développé expressément pour évaluer la sévérité de l’anxiété chez les aînés. Une étude préliminaire des qualités psychométriques du GAI-CF a démontré que celles-ci sont prometteuses (Champagne, Landreville, & Gaudreau, 2012). Le score-frontière suggérant la présence d’un trouble anxieux est de 8-9. Aussi, la version française du GAD-7 (Spitzer, Kroenke, Williams, & Löwe, 2006), qui permet de dépister le TAG (score-frontière de 10) et d’en évaluer la sévérité, a été administrée. Finalement, la version abrégée à 8 items du Questionnaire sur les inquiétudes de Penn State (QIPS-A; Hopko et al., 2003) a été utilisée. Celle-ci présente d’excellentes qualités psychométriques (Crittendon & Hopko, 2006). La version française

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possède notamment une bonne consistance interne (a = .92) et une bonne validité (Gosselin, Dugas, Ladouceur, & Freeston, 2001).

Symptômes dépressifs. La version abrégée de l’Échelle de dépression gériatrique

(EDG-A) de Bourque, Blanchard, et Vézina (1990) a été utilisée. L’EDG est la version francaise du Geriatric Depression Inventory (Yesavage et al., 1983). La version abrégée de 15 items se complète rapidement et constitue une mesure appropriée pour le dépistage des symptômes dépressifs dans la population âgée. Un score de 5 et plus suggère la présence de symptômes dépressifs, alors qu’un score de 10 et plus est presque toujours indicateur d’une dépression.

Description des cas et des traitements. Deux vignettes cliniques ont été développées

sur la base des critères diagnostiques du TAG selon le DSM-IV-TR (American Psychiatric Association, 2000). Ces vignettes décrivaient le cas d’une femme âgée de 70 ans atteinte d’un TAG léger-modéré ou sévère (Annexe B). Une description de chacun des trois

traitements a également été préparée (Annexe C). Les descriptions étaient similaires à celles utilisées dans des études ayant évalué l’acceptabilité de traitements, comme ceux examinés dans la présente étude (Deacon & Abramovitz, 2005; Flint, 2005; Landreville et al., 2001).

Acceptabilité des traitements. Une version modifiée du Treatment Evaluation

Inventory (TEI-modifié; Landreville & Guérette, 1998) a été utilisée pour évaluer l’acceptabilité des traitements. Certains énoncés ont été reformulés pour spécifier que le traitement vise l’anxiété. Les 11 énoncés du TEI-modifié évaluent des aspects positifs et négatifs d’un traitement. Chaque énoncé est répondu sur une échelle de type Likert variant de 1 à 7. Le score total correspond à la somme de l’ensemble des scores à chaque énoncé et un

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ont montré les qualités psychométriques du TEI dans le contexte de la dépression chez les personnes âgées. Leur analyse factorielle a également révélé deux facteurs expliquant 73% de la variance totale et pouvant être utilisés comme sous-échelles au TEI-modifié, soit l’acceptabilité générale (AG; 8 énoncés) et les effets négatifs (EN; 3 énoncés). L’AG renvoie aux aspects positifs du traitement, comme son efficacité, alors que les EN désignent les conséquences indésirables, telles que les effets secondaires. Dans la présente étude, les données sont analysées séparément pour chacune de ces deux sous-échelles.

Procédure

Les responsables des différents centres de jour, clubs de loisirs et résidences pour personnes âgées ont été contactés afin d’obtenir leur accord pour recruter des participants et afin de déterminer une date de rencontre. Dans la plupart des milieux, la chercheure

principale (CG) et la co-chercheure (AC) ont rencontré en personne les participants

potentiels lors d’une activité de groupe. À noter que les responsables de chacun des milieux ont identifié les participants potentiels présentant des déficits cognitifs notables afin

d’exclure les personnes inaptes à participer. Pour la clinique médicale, des dépliants décrivant l’étude ont été déposés dans la salle d’attente. Les participants potentiels étaient invités à contacter la chercheure afin de signifier leur intérêt à participer à l’étude.

Une fois que les buts généraux et qu’une brève description de l’étude ont été

présentés et que le formulaire de consentement a été complété, une enveloppe a été remise au participant contenant tous les documents, soit (a) la fiche signalétique, (b) le GAI-CF, (c) le GAD-7, (d) le QIPS-A, (e) l’EDG-A, (f) une des deux descriptions de cas, (g) une

description de chacun des trois traitements, et (h) trois exemplaires du TEI-modifié. Après avoir lu la description de cas, le participant devait lire la description de chaque traitement et

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Les participants ont été assignés aléatoirement à l’une des 12 conditions de l’étude (2 niveaux de sévérité du TAG x 6 ordres de présentation contrebalancée des traitements). Ils avaient une semaine pour compléter l’ensemble des questionnaires. La chercheure ou la co-chercheure récupérait les enveloppes la semaine suivante. La co-chercheure pouvait être rejointe par téléphone pour répondre aux questions des participants.

Analyse des données

Le logiciel SAS version 9.3 pour Windows a été utilisé pour réaliser les différentes analyses statistiques. Des analyses descriptives des variables sociodémographiques et cliniques ont été effectuées dans un premier temps, avec une attention particulière à l'identification des données manquantes ou possiblement aberrantes. Pour permettre les analyses, des variables catégorielles ont dû être recatégorisées à partir de leur format original (i.e., tel qu’elles avaient été présentées dans les questionnaires) lorsqu'il y avait

sous-représentation de certaines catégories. Des regroupements ont donc été faits avec les catégories du statut civil, du niveau d’éducation, du revenu annuel brut, de l’occupation principale, de la perception de l’état de santé, du niveau de familiarité avec les traitements, et de l’historique d’anxiété et de ses traitements. Le tableau 1 présente les caractéristiques sociodémographiques et cliniques une fois recatégorisées.

Le modèle de régression serait le plus approprié pour étudier les variables liées à l’acceptabilité qui est une variable continue. Toutefois, comme nous disposons

d’observations sur le TEI qui sont dépendantes les unes des autres (3 mesures par

participants, chacun d’eux ayant répondu 3 fois au TEI, soit une fois pour chaque traitement, nous devons relaxer l’hypothèse d’indépendance, ce qui peut être fait à l’aide d’un modèle de

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répétées (de type régression). Notons que la relation entre l’acceptabilité et les traitements a été ajustée pour la sévérité du TAG décrit dans la vignette et pour le nombre d’énoncés du TEI répondus par les participants (90.9% des participants ont répondu aux 11 énoncés du TEI). Les effets simples et d’interaction du type de traitement et de la sévérité du TAG ont été également analysés.

Finalement, des analyses ont été réalisées afin de vérifier si les caractéristiques sociodémographiques et cliniques des participants sont associées à leur jugement d’acceptabilité. Avant d’entreprendre ces analyses, nous avons examiné la possibilité d’interactions entre ces caractéristiques et l’acceptabilité des différents traitements. Ensuite, afin de répondre spécifiquement à ce second objectif de recherche, le même modèle linéaire mixte à mesures répétées (c’est-à-dire ajusté pour le type de traitement, la sévérité du TAG décrit dans la vignette et le nombre de questions répondues) a été utilisé. À l’aide de ce modèle, des estimés de régression (pentes) pour les variables continues ont été obtenus, alors que des ANOVAS pour les variables catégorielles ont été réalisées. Pour toutes les analyses, le seuil alpha a été fixé à .05.

Résultats

Quarante-sept participants (53.4%) ont été recrutés dans un centre de loisirs, seize (18.2%) provenaient d’une résidence pour aînés, quatorze (15.9%) étaient des connaissances de l’entourage, neuf (10.2%) provenaient d’un centre de jour et deux (2.3%) ont été recrutés dans une clinique médicale. Les caractéristiques sociodémographiques et cliniques de l'échantillon sont présentées au tableau 1. Notons que pour la variable « Cause probable du développement d’un trouble anxieux », le nombre de répondants est plus élevé que la taille de l’échantillon puisque plus d’une réponse était acceptée. On constate que les participants

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de personnes retraitées, vivant avec un partenaire, ayant une scolarité de niveau secondaire, collégial ou universitaire, et un revenu brut de 39 999$ et moins. Près de la moitié des participants vivaient en résidence privée. Au plan des caractéristiques cliniques, les participants ont généralement très peu de problèmes de santé nécessitant une attention médicale et la plupart d’entre eux perçoivent leur état de santé comme étant bon ou mieux. Près de la moitié des participants rapportent avoir connu un épisode anxieux dans le passé et, de ce groupe, huit participants indiquent vivre un épisode anxieux présentement. Dans le même groupe, moins de la moitié des participants ont déjà reçu un traitement pour leur anxiété, soit la pharmacothérapie pour la grande majorité. Si la plupart des participants disent que leur familiarité avec les traitements de l’anxiété est bonne, très bonne ou excellente, 43% d’entre eux rapportent qu’elle est médiocre ou mauvaise. Le contexte social est identifié par près de la moitié des participants comme une cause du développement d’un trouble anxieux. Une fragilité psychologique et un dérèglement biologique sont rapportés moins

fréquemment. Fait intéressant, un participant sur cinq a indiqué ne pas savoir ce qui cause le développement d’un trouble anxieux. Les recommandations du médecin est l’aspect

influençant le plus le choix d’un traitement pour l’anxiété, suivi de près par les effets secondaires, les inconvénients et l’acceptabilité. Enfin, les participants présentent en moyenne un faible niveau de symptômes anxieux, de symptômes du TAG, de symptômes dépressifs et d’inquiétudes.

Notons d’abord que le score total moyen au TEI de chaque traitement (TCC = 53.79, ET= 1.77; ATG-TCC = 48.42, ET = 1.77; ISRS = 47.13, ET = 1.77) est supérieur à 44, soit le score indiquant un degré modéré d’acceptabilité. La figure 1 illustre les résultats pour l’AG

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TAG, F(2,168) = 1.60, p = .20. Pour ce qui est des effets simples, nous remarquons que l’acceptabilité diffère significativement selon le traitement (p = .001). Les analyses de contraste montrent que la TCC (M = 39.97; ET = 1.37) est plus acceptable que l’ATG-TCC (M = 34.91; ET = 1.37), t(2,168) = 3.39, p < .001, et que les ISRS (M = 35.47; ET = 1.37), t(2,168) = 2.99, p = .003. La différence entre l’ATG-TCC et les ISRS n’est pas significative, t(2,168) = -0.37, p = .70.

Les résultats pour les EN sont présentés à la figure 2. Encore une fois, les analyses montrent qu’il n’y a aucune interaction significative entre les traitements et la sévérité du TAG, F(2,168) = 1.28, p = .28. Pour ce qui est des effets simples, l’acceptabilité diffère significativement selon le traitement (p < .001). Les analyses de contraste montrent que la TCC (M = 13.89; ET = 0.56) est jugée plus acceptable que les ISRS (M = 11.45; ET = 0.56), t(2,168) = 4.14, p <.001. L’ATG-TCC (M = 13.60; ET = 0.56) est également plus acceptable que les ISRS, t(2,168) = 3.64, p < .001. La différence entre la TCC et l’ATG-TCC n’est toutefois pas significative, t(2,168) = 0.50, p = .61.

Une exploration visuelle de diagrammes de points ne suggérait pas la présence d’une interaction entre les caractéristiques des participants et l’acceptabilité des différents

traitements. Par conséquent, il n’a pas été jugé utile de tenir compte du traitement dans les analyses sur les relations entre l’acceptabilité et les caractéristiques des participants. L’acceptabilité en fonction des variables catégorielles est présentée dans le tableau 2. Pour l’AG, les résultats montrent une relation significative en ce qui a trait à la cause probable du développement d’un trouble anxieux : les participants qui considèrent ne pas savoir quelle est la cause d’un trouble anxieux jugent les traitements comme moins acceptables. En ce qui concerne les variables continues, le tableau 3 présente l’estimé de régression de

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