Ann. Soc. Geologitpe de Belgique T. LXXXIV, Avril 196l
Conduits soutetmins
en
relation
avec les
terrassesfluviales
par Camille
EK
(7 figures et I hors texte) English abstiact at the utd
Résumé
L.
-
An
fupeparticulier de
grotte estilccrit;
il
consiste enlongues galeri,es subhorizontales, débouchant cu.r, fl,anc iles rtallées.
2.
-
En
se basantsur
l'analyse d,es carattères morphologiquesde ces caaités l'auteur considère ce type
ile
grottts conlme etant enrapport direct aaec iles terrasses fluoiales.
8.
-
Une série ilc relations sont d,éfiruies e'h,tre le type de grotteaudié et
la
morphologi'e ile stnface.Après aaoir donné d,euæ eæemTtlcs d"application
à
d,es problèmes iln terrasses, l'auteur conclutàl'interêt
ile l'éfude d,e ces caoités pour d,es reclærchessw
les terrasses inlérianes d,es rùtières.MM.
les
professeursP.
Mlcln et
L.
Cer.nMBr:Rront
bienvoulu me faire
bénéfrcierde
leurs précieux conseils.Je
les enremercie très vivement.
Ma
gratitude
va
aussià
mes compagnonsde
prospection, MM.H.
et
J.
Counrors,L.
Pnrr,rpset
R.
Dr'Noor,,qui m'ont
si patiemment assisté dans les levés topographiques et altimétriques, etqui
m'ont fourniun
appui précieux durant l'élaboration de cetravail.
Quelques observations ont montré que l'étude de la morphologie de certains types de grottes peut être profitable
aux
recherches concernantla
chronologiedu
Quatornaire. Ce n'est qu'à cetitre
314 CAMILLE EK
que sont livrées iei les premières constatations faites dans quatre. grottes du bassin de l'Ourthe :
-
la
grotte
SainteAnne
et la
grotte
deBrialmont,
situées_au
sudde
Tiltr,
dansla
valléede
l'Ourthe;
ces deux grottes, dontla
seconde est située juste au-dessus dela
premièreàt
d"rt
la même formation, seront considérées ensemble, comme formant, génétiquement,
un
tout
;-
Ia
grotte
du pont
d'Esneux, situéeau bord
de
l,Ourtheégalement;
-
la grotte de la carrière Jaminon, à Cornesse, dans la r-allée deIa
Vesdre.--
une partie clela
grotte de Remouchamps, dansla
vallée del'Amblèr'e.
1.
Le
développement
horizontal
et
linéaire
des
§rottes
étudiéesAnalysant récernment (f958) les critères possibles d,une
clas-sification des
cavités naturelles,le
professeur NeNcnnoNr (1)rappelait
tout
d'abord l'opposition morphologique évidente entreles grottes
à
développementsurtout vertical
et
les grottes
àextension horizontale (Srcnn, 19,13).
C'est parmi les cavités du second type que se rangent les grottes décrites ici
;
ellesont
en outre deux particularités importantes :ce sont
essentiellementde
longs
couloirs presque rectilignes,en
pentetrès faible
versIa
vallée; en outre,
elles comportent généralement deux ou plusieurs « étages » de galeries superposées.A.
-
La
gt'otte Sainte-lnne
etla
g.otte d,e lJrialmont,Tilff
a) Localisation.-
En
amont deTilff
s,ouvre sur Ia rive d.roitede l'Ourthe une
grande carrièrede
calcaire, depuis longtemps désaffectée;c'est dans cette
carrièreque
débouchela
grotte Sainte Anne, formée detrois
longs couloirs superposéset
reliésentre
eux
pa,rde
nombreuses fissures. Au-dessus cle ces trois couloirs se trouve un quatrième : la grotte de Brialmont, à laquelle on accèdepar
le plateauqui
dominel'Ourthe;
il
ne semble pasCO§DUITS SOUTERRAINS 315
Frc. r.
-
situation *Ë:1":,IJ:.J".\T'rËit,î. et rocarisation (4, B, c, D)v
avoir, actuellement, entrela
grotte Sainte Anne etla
grotte de Brialmont, de communication praticable à l'homme.b)
Situati,on géotogique.-
Entre
deux vastesanticlinaux
deDévonien inférieur, l'Ourthe recoupe, au sud de
Tilff,
un synclinal eomplexe, s'allongeant d'est en ouest,et
comportant des terrains couviniens, givetiens et frasniens (fig. 2, A).La
grotte est creusée dans les bancs frasniensde
ce synclinal, qui sont massifs et réguliers et présentent à cet endroit un pendage d'environ 70o sud.c) L'étage in!érieur
(').
-
C'est audroit
dela
carrière Sainte Anne, mais au niveau mênte de l'Ourthe, que débouche le ruisseau(r) Lzr grotte sàinte Anne et les àtltres cavités décrites ici ont été l'objet de
,lir.erses descriptions, au uroins partielles, et notâll)n)ent de la part de Vau lraN
Bnorcx, ]Iantul- et R.rsrn (19i0). Les éventttelles descriptions antérieures solrt
eitées et columentées par ces atltetlrs. Ourthe
3r6 CAMILLE EK
0216810Km
éq,.ridistonce des courbes :20m.À
grotte étudiéeLimite gêotogique fo i L[e
Frt. 2.
- Situation topographique des grottes étudiées. A.
- Tiltr (géologie d'après L. Cer,ausrnr, 1960, inédit). B.
- Esneux (géologie d'après M. Loursr, 1898).
C.
- Cornesse (géologie d'après H. Fonrn, 1893). D.
- Remouchamps (géologie d'après P. X'ounnnnrnn, 1958).
Abaiüions: T: Tournaisien; Fa: Famennien; I': Frasnien; Gv: Givetien: Co : Couvinien; E : Dmsien.
Note : le Givetien supérieur (Gv b) des cartes B et C est actuellement rangé dan-.
le Frasnien.
.ù*"Pi
--,---;?1-
z'v'
7
L
\_
\''
I
\l
CONDUITS SOUTERRAINS 317 souterrain
qui
pareourtla
grotte.
Onpeut
le
remonter sur une distance d'environ cent cinquante mètres. Sa largeur est d'environ un mètre, la hauteur d'eau est de l'ordre de cinquante centimètres.Lc
fond rocheux est t-apissépar
plusieurs décimètres d'alluvions fines enrobant des cailloux roulés. Le courant, généralement assez lent, peut devenir rapide à la suite de pluies très abondantes.it) L'étage nxoAen.
-
Au-dessus dela
galeriequi vient
d'êtredeerite existe
un
autre étage,qui
communique avecle
premier par de nombreuses fissures parallèles à la stratification. ce secondétage,
qui
fut
découverten
1837,lors
de l'exploitation de
la cramière, s'ouvre parun
hall
relativement spacieux situéà
seizemètres au-dessus du niveau de l'Ourthe. Le sol est formé par des
éboulis
-
€t,
probablement, des déblaisde Ia
carrière;
aussifaut-il,
au fond dela
saJle d'entrée, deseendre de quatre mètres pourtrouver
Ie couloir de l'étage moyen. Ce couloir est connusur
une distancede
six
eentvingt
mètres(fig. 3),
jusqu'à un siphonpar
or\arrivent
les eauxdu
ruisseauqui,
delà,
eoulent rers l'Ourthe, dans le couloir de I'étage moyend'abord;
on peut descendrele
coursd'eau
sur
prèsde
quatre
centsmètres;
il
dispamît alors
par
d'étroites frssurespour
sejeter
cl.ans le cours inférieur déjà déerit.La
sectionaval
dela
galerie està
sec,du
fait
de ces pertes, mais des bancsde
cailloux
roulés, enrobés dansune
matrice sablo-limoneuse, attestent I'aneien pareours dela
rivière souter-raine, qui empruntait jadis ce couloir jusqu'àl'air
libre.En
section transversale, l'étage moyen se présente sous deux aspects prineipaux:
en
certains endroits,surtout
vers l'amont, cles fissures font communiquer cet étage avec la galerie supérieure; ees fissuresont par
place plusd'un
mètre de largeet
sont très généralement parallèlesà
la
stratification.En
d'autres endroits,le
eouloir
présenteune
forme
plus
ou
moins elliptique
(voir fig.8, A).Des effondrements importants encombrent en quelques places
le
couloir;
ces effondrementssont
visiblement postérieurs au façonnement de la galerie par la rivière'e) L'etage supérieur.
-
A
huit
mètres
environ au-dessus du second couloirde
la
grotte
s'étend une troisième galerie, dont les formessont
beaucoupplus
difficilesà
reeonnaître,à
cause318 CAMILLE EK
d'abord
de
I'abondant
concrétionnementqui
caraetérise eetétage, et ensuite du
fait
d'effondrements ; en de nombreux points.en effet, le calcaire compris entre le plancher de l'étage supérieur et le plafond de l'étage moyen s'est écroulé.
Aussi reste-t-il très peu de l'ancienne topographie de cet étage: les vestiges en sont discontinus
:
en plusier.rrs endroits, en effet. le couloir est interrompupar
l'abondance des concrétions.Il
est donctrès difficile de
reconstituer l'ancienprofil
en long
cle la galerie.A
l'extrémité amont de cet étage, une lame d'eau très mitree mais large d'environ deux mètres s'éeoule sur une pente concré-tionnée. L'eauarrive par
des fissures or)l'on
nepeut
pénétrer. Au bas de la pente stalagmitique sur laquelle elle coule en nappe. l'eau traverse une succession de gours, pour se précipiter ensuite en cascatelles vers l'étage moyen.l) L"
grotte de Brialmont.-
}-ormant
la
partie
tout
àfait
supérieure
du
système,la
grotte de Brialmont ne semble, être encommurrication avec
la
grotte
Sainte Annepar
aueuue fissurc accessibleà
l'homme.Elle est formée par deux galeries superposées, larges de deux à
cinq
mètresenviron,
dont
la
supérieuren'existe
plus
qu'aux extrémités dela
cavité;
au milieu de celle-ci, en effet,le
«plan-cher » de
la
partie supérieure s'est effondré dansle
couloirsous-jaeent.
Des concrétions extrêmement abondantes
et
variées eaehent presque entièrement les parois, et ceci donne à penser que l'actuelle extrémité ouest dela
grotte rr'estqu'un
passage, complètemeut obstrué parun
remplissage stalagmitique, \rers une autre partie à présent inaccessibleEn
résumé,la
série d'étages superposés que formentla
grotte Sainte Anneet la
grotte
deBrialmont,
sembleavoir
une même origine; les deux galeries inférieures sont maniflestement, dans leur état actuel, l'æuvre d'un cours d'eau I les deux étages supérieurs sont envahis par les conc.étions et montrent en plusieurs endroitsdes
traces d'effondrementsimportants;
aussil'examen
de
la morphologieactuelle
de
ces
galeries
ne
suffit-il pas
porrr retracer les premières étapes de leur développement.On verra plus loin les méthodes mises en æuvre pour reepnstituer l'érrolution de ces étages supérieurs.
CO]§DUITS SOUTERRAINS 319
B.
-
La
grotte dupont
il'Esneu,ra)
Localisation.-
En
facedu
pont
d'Esneux,le
versant derive droite de l'Ourthe qe termine à sa base par une petite paroi
ealcaire verticale. Cet abrupt
fut
jadistaillé
pour permettrel'édi-fieation d'habitations aujourd'hui
disparues.C'est dans
cetre paroi que s'ouvre, à un peu moins de quatre mètres au-dessus du solune
large galerienaturelle
:
la
grotte
du
Pont,
clite aussigrotte
à
Ursus
spelæus(Fnerrosr,
1884),gtotte cle
l'Ours, ou grotte de la Boulangerie.b) Situati,on géologique.
--
Le calcaire frasnien (Goà de I'ancienne carte géologique) dans lequel est creuséela
grotte d'Esneux est flanqué depart et
d'autrepar
des schistes frasniens (fig. 2, B). La tectonique de l'endroit est très complexe, mais, à la lumière d'une récente note du Baron de ReozrrzKrr D'OsrRorvrcx (1955), on peut considérer que les bancs à peu près verticaux qui renfer-mentla
grotte forment le flanc nord d'un anticlinal très resserré,et
probablementfaillé le
long de
sa charnièrequi
setrouve
à quelques dizaines de mètres au sud dela grotte;
cette charnière aurait, au droit de la grotte, une direction N 70o E approximative-ment; ceci eoïncide à très peu près avecla
direction movenne clucouloir de la grotte, eui est parallèle à la stratification.
c)
La
canite.-
La,grotte est
forméed'un
seullong
couloir(fig. a). Ce conduit est, à très peu près, horizontal, mais
la
choseest difficile
à
percevoir dansle
détail carla
couverture argileuse et limoneusedu
sol est très irrégulière;
ceci est surtoutdû
aux nombreuses fouilles dont la grotte a été l'objet depuis Ia découverte parJ.
FnetroNr,
en 1884, de nombreux restes d'IJrsus spelaeus. Le sol d.e la grotte a d'ailleurs été en grande partie déblayé, pour facilitei'l'accès, sur plusieurs dizaines de mètres à partir de l'entrée. Au-delà, on peut observer en plrrsieurs placesun
dépôt dedix
à trente centimètres d'épaisseur, formé parun
sable grossieret
de nombreux petits cailloux roulés. T.es cailloux comprennent surtout des petits éléments de quartzet
de quartzite, de moins de deux eentimètres de diamètreen
général. Ce dépôtest
surmonté d.e plusieurs couches limoneuseset
argileusesdont
la
disposition semble varier d'un point à l'autre de la grotte (1).(1) Une coupe dans ces dépôts a été étuditle par L. Tolm.lr.r.n et L. Don (f 958),
x o û rIl Ë o H il o è0 È I § o At -la o, E u c o, E
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CONDLJITS SOUTERRAINS 321 fæ plafond de la cavité présente en plusieurs endroits de larges
dlons
longitudinauxqui
semblent êtrela
trace de passages enconduite forcée;
la
pentedu
plafond, en ces endroits, est assez irregulière.Sous les plafonds, cependant,
la
galerie principale montre une seetion qui n'évoque en rien un écoulement forcé (fig. 8, B).La
grotte
se termine,à
nonante mètresde
l'entrée,par
un bouchon limoneux qui colmate, presque jusqu'au plafond, l'extré'mité de
la
galerie. Ce remplissage empêehela
prospection deseonduits qui prolongent le couloir décrit.
C.
-
La
grotte d,ela
carrièreJaminon,
Cornessea) Localisation.
-
A derrx cents mètres en aval de sa confluencearce
la
Ilægne,
la
Vesdre dér,eloppesa
plainealluviale
entredes versants escarpés qui Ia dominent d'une soixantaine de mètres. Sur
la
rive
droite, au pied de l'ancienne carrière Jaminon,et
àslx
mètres au-dessusde
la
Vesdre, déboucheun petit
conduit naturel qui s'enfonce dans le calcaire et amène, à trois mètres sous Ie niveau de l'entrée, dans la galerie principale.b) Situation géolàgique"
-
La
vallée s'allonge, dansla
régionétudiée, sur le flanc méridional du synclinal de la Vesdre. Vers le
sud
affieurentle
Dévonienmoyen
et le
Dévonien inférieur; versle
nord,le
Dévonien supérieuret le
Carbonifère (fig.2,
C).Ln pli
a
renversé, audroit
dela
grotte, les calcaires frasnierts,qui
présententun
fort
pendagesud.
C'est dansles
bancs du Frasnienet
parallèlementà
leur
direction que s'est développée la cavité.c)
La
grotte.-
Elle
est
essentiellement formée, comme lesprécédentes,
par
un
long couloir
à
peu
près horizontal, connu actuellement sur une longueur de cent quinze mètres. D'après un plan levé par MM.J.
Lecr,pnce etH.
Coun'rors (fig. s) elle a une pente moyenne de l'ordre de 2 o/o. En plusieurs endroits, le couloir principal présente une forme à peu près cylindrique (1).La
grotte
se terminepar
une salle d'envi"onhuit
mètres surtreize, dans laquelle se retrouvent
les
traces
de
nombreuses(r) On trouvera une description plus détaillée dans la petite monographie de J. Lrcr,rncc (196O).
N X ô U
l-z'
U o (»o-a
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c) UJ (n @ trlz
É.o
o
z
o
z
=
-)
trJ F Fo:
É.
-5(9À
JCONDUITS SOUTERRAINS
rrir€es
d'eau anciennes (fig. 8, C). Ce sont des conduites cylin-&iques à forte pente,ou
des conduits semi-cylindriques,à
baseFl*e,
à
pente très faible, assez analoguesà
ceux décritspar
le professeurL.
Cer,punnnr (f950) dans les rochesdu
lit
de l'Am-tlève, et qui ont très probablement une origine analogue'Tout comme les deux cavités précédemment décrites,
la
grotte Jaminon présentefort
peu de ramifications latérales importantes et peu de salles par rapport à la longueur de la galerie axiale'La
grotte n'est parcouruepar
aucun coursd'eau;
cependant,à
un
niveau inférieuret
presque sousla
grotte
même coule un misseau souterrainqui
sejette
dansla
Vesdreà
quelque trente mètres clela
sortie dela
grotte.D.
.---.La
grotte de RemouchamPsa) Locatôsaüo%.
-
L'Amblève reçoità
Remouchamps les eaux.l'un
important vallon de sarive
droite : le vallon des chantoirs. Toutes les eauxde
cette dépression*-
Sauf unepetite
partie, lorsde
crues exceptionnelles--
lui
parviennentpar
des cotrrsh1'pogés.
Les eaux sont en effet toutes collectées par de nombreux eha'r-toirs qui, de Louveigné à Remouchamps, sur une distance d'envi-r.rn six kilomètres, s'ouvrent un peu partout dans Ie vallon'
L-ne partie de cette circulation karstique est collectée
par ull
affiuent souterrain
de l'Amblève
:
le
Rubicon. Ce cours d'eau traverse,avant
de
sejeter
dansI'Amblève,
une des
grottes touristiques les plus importantesdu
pays: la
grotte de Remou-ehamps.b),situation géotogi.que.
-
La géologie du vallon des chantoirs a été remise àjour
en I.958 par la parution de la nou't'elle édition dela
carte géologique dela
feuille Louveigné-spa, du ProfesseurP.
Founuenrpn.La
dépression,qui
s'allongedu
nord
au
sud, est parallèle aux couches des calcaires givetienset
fra.sniens dans Isquels elle est creusée (fig. 2,D). A
l'est, au-dessus des versants .-ù affleurele
Couvinien, s'étend le Dé'r'onien inférieur'A
l'ouest rffleure le Famennien.Iæs couches présentent
un
pendage général t'ers I'ouest' nraisdirers
accid.entsfont
varier
ce
pendage localemeut' Plusieursfailles sont
en
outre
signaléespar
le
Professeur FounltaRIER; 323321 CAMILLE EK
deux failles importantes, en particulier, fraeturent en son milieu, au nord de Remouchamps, la bande calcaire du Vallon (fig. 2,
D)-Vu
letrr direction, perpenclieulaire à celle des couches,il
est pro-bable qu'elles perturbent l'hydrologie locale.Toutes les parties actuellement eonnues de la grotte même sont situées dans le Frasnien, plus particulièrement dans l'assise F2 à
(« calcaire principal »). Cette assise est flanquée de sclristes
à
sa baseet à
son sommet;la
grotte
mêmeatteint
par
endroitsls
schistes supérieurs.Le pendage des couches varie entre 30o et l5o ouest.
Il
est done beaucoup plus faible que dans les cavités précédemmentclécrites-et eeci se répercute dans la morphologie de la grotte.
c) Conlormation générale de
la
grotte.._
La
grotte
de Remou-champs est,à
plusieurs points de vue, très différente des précé-dentes. De vastes salles se sont développées dont l'une a plus decent mètres de long, sur une largeur atteignant quarante mètres-Le tracé en plan de la grotte est bearrcoup plus irrégulier que celui des
trois
grottes déerites plushaut
(fig. o). Mais, commeà
Tilfr. les couloirs principaux s'étagent assez régulièrement.L'étage inférieur est celrri que parcourt actuellement
le
cours cl'eau souterrain;un
étage moyenle
surplombe de quelquedlr
mètres-
un
peu moinsà I'aval,
un
peuplus
à
l'amont.
Desgaleries supérieures se développent à une cinquantaine de mètres au-dessus
du
eours d'eau souterrain.Les descriptions
qui
suivent,et la
présente étude en général. selimiteront
strictement aux couloirs principaux. De nombreur autres passages, de même que Iaplupart
des salles,ont
en effet des origines très différentes des processusqui font l'objet
de eetravail, et
ne seront donc pas décrits ici.d,) L'étage i,nférieur.
-
Entièrement parcourupar
un
coursd'eau, l'étage inférieur se présente comme un long couloir dont la largeur varie <le deux à six mètres, et dont le
lit
est tapissé d'allu-vions limoneuseset
caillouteuses de plusd'un
mètre d'épaisseurpar
endroits.La rivière passait en trois endroits sous des voûtes mouillautes-mais les besoins «le l'exploitation touristique ont amené l'agrandis-sement
de
ces passagesoit, sur
quelques dizainesde
mètres. l'eau coulait encore en conduite forcée.û o É o o I b0 bI) o È À o E rd () o a ri p () È d À I€ a À È d È I o d H I h n\$ -t\ Yf /' (z'
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J326 CA}IILLE EK
C'est
à
huit
cent cinqrraDte mètres en amont de sa confluencr avec l'Amblève quela
rivière apparaît dansla
grotte au
sortir d.'un siphon. Celui-ci a été traversé par MM.L.
Pnrr,rps et J. Cot-n-rors. Ils ont ramené de leur plongée un plan de la salle se trouvant au-delà du siphon; une plongée ultérieure m'a permis de compléter ce levé (fig. o).Un
second siphon, en amont du premier, aégale-ment été forcé par M.
L.
Philips. Onvoit
qu'en amont du premier siphon,la
rivière
présenteun
cours extrêmement irrégulier, et d.'un type très différent de eeux quiont
été décrits précédemment dans ce ehapitre.e) Le couloir de l'étage Tnoyen.
-
L'étage moyen, parcouru pàrles touristes, est d'une étude malaisée car en de nombreux points le sol a été déblayé ou surhaussé; le plancher rocheux même est très rarement
visible;
aussile profil
longitudinal,de
eet étagen'indique-t-il
qu'approximativementles
penteset
contrepentes naturelles.Le sol, là oîr
il
est naturel, est formé surtout d'un sable limoneu-t' micacé par endroits. De-ci, de-là, on peut encore observer des lit-s de cailloux roulés d'origine visiblement alluviale,et
qui
se mon-trent par endroits sur une épaisseur de l'ordre du mètre.En
deux endroits, indiqués sur le profil de la figure 6, d'impor-tants éboulis contribuent à perturber le profil en long de la galerie.En
outre des contre-pentes apparaissent localement en aval des orifices despuits
naturelsqui
joignent l.'étage moyenà
I'étage actuellement parcouru par les eaux. ces contre-pentes sont duesau draiuage par les puits du couloir moyen après son abandon par la rivière.
l)
L'étage supérieu,r.-
Q6ry1ry1çà
Tiltr,
I'étage supérieure't
constitué de plusieurs passages, que les prospections menées par}IlL
H.
etJ.
Counrors,n'ont pu
permettre, jusqu'icidu
moins' de rejoinCrc etrtre eux.Galeries presque horizontales
et
conduitsà
pente
forte
s'r-croisent et s'y relaient, formant un complexe dont un plan précisn'a
encorepu
êtrelevé qu'en partie.
L'abondance desconcre-tions
en
certains endroitset la
présence d'effondrements rend d'ailleurs probablement illusoire l'espoir de les relier, pour autant que ces passages supérieursaient
jamais été tousunis par
de= galeries praticables à I'homrne.CONDUITS SOUTERRAI§S 327'
2.
-
Etages
de
§rottes
et
cycles
quaternaires
A la
grotte
Sainte Anne,à Tiltr,
lestrois
galeries superposées.ltrir-ent
à I'Ourthe aux altitudes respectives de zéro mètre pour" Ie passage inférieur,qui
débouche au niveau même de I'Ourthe, douze mètres pour l'étage moyen,et vingt
mètres environ pour. l'étage supérieur, siI'on
prolonge idéalement I'alignement de ses restiges jusqu'àla
vallée.La
grotte
deBrialmont
setrouve
à. quatre-vingt-quatre mètres au-dessus dela
rivière.t-ne étude de I'évolution quaternaire de
l'Ourthe et
de
I'Am-. blère (Ex, 1957)fit
apparaître une corrélation, apriori
inattendue.-{u
droit
de la grotte, les deux terrasses inférieures de l'Ourthe.;ont aux
altitudesde
douzeet
vingt
mètrespar
rapport
à
laririère
et une des terrasses supérieures passeà
quatre-vingt-sept mètres au-dessus du niveau actuel de l'Ourthe (fig. 7, A).Il
y
a
donc correspondance entre les altitudes des terrasses et celles des conduits souterrains.A
Remouchampson
trouve
égalementaux
mêmes hauteurs.de
huit
et
quarante-cinq mètres au-dessusde
la
rivière
deux. terrassesde
l'Amblèveet
les
étages moyenet
supérieurde
la, grotte (fig. 7, D).De telles coïncidences répétées donnent
à
penserqu'il
existe une corrélation entre les deux phénomènes. étudiés:
l'étagemeutdes galeries de certaines grottes et l'évolution cyclique des rivières..
En
Belgique commeà
l'étranger, les relations directesqui
se manifestent en certains endroits entre l'érssion fluvialeet
l'évo-lution
des cavités karstiquesont
été étudiées à diverses reprises.En
Belgique,il
faut
citer
MM.M.
Lonnsr et
P.
FounMARTER(l9OB),
Vax
onNBnorcx,
Manrp,r, et Raurn (1910), S. Lncr.pnce I1925), L. Car,nùrernr (1950 et L952, etc...), G. T. Wan.wrcx (1958) ;eneore cette énumération est-elle très loin d'être exhaustive.
]Iais
il
semble quel'on n'a
guère attachéd'intérêt
jusqu'ici-àun
ensemble cohérent de caraetères liésà l'allure du
profiI enlong de certains affiuents sou.terrains des rivières.
f'n
article
récent de tr{. 1\{. SrvnerrNo (1960)met
cependant l'accent sur une relation entre l'étagement des grottes et celui des.terrasses dans des vallées de
la
région. de Buchan (Australie). Les observations contenues dans le chapitre précédent montrentCAMILLE EK 328 ! 3 3 I a
:;
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--I i= i ?-_ -a 2 =: UJ\t.r
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CO\DUITS SOLTTERRAINS 329 L'état actuel de ces eouloirs ne peut en effet être attribué ni à cles
àcteurs agissant dans
la
zone phréatiqueni
à
ceuxqui
agissent drns la zone de battement du niveau des eaux phréatiques.L'æxplication de l'origirre et du mode de formation àes eavités tlécrites dort en effet rendre compte notamment de quatre carac-tères fondamentaux de ces cavités. Ces caractères,
qui vont
être passés en revue, sorrt respectivement:
l'existence,à un
niveautien
déterminé, d'un creusement importarrt; la régularité relative.J=s profils en Ioug; le type linéaire des eouloirs ; enfin le caractère
ilurial
de
eertains «lépôts.l.
-
Les sections transversales des couloirs montrent que le,:rreuserr€rt s'est localisé
à
des niveatrx bien déterminés (fig. 7).ans s'étendre vers le haut
ni
le bas, malgré le pendage, générale-rnent trèsfort,
des bancs encaissants.II
nepeut
donc s'agir de riçeaux d'origrne structurale (r).L-ne influence de variations de niveau de Ja surface phréatique
s
serait marquée par des attaques au moirrs sporadiques ver:s le haut et vers le bas, en fonction des variations de niveau.D'autre part. le
fait
que le creusement est extrêmement localisé malgréla
similitude des strates encaissantes depart et
cl'autre ne permet guère devoir là un travail
phréatiqrre(r).
Là
ori
un tnavail spécifiquement phréatiquepeut
s'observerIa
dissolution .e manifeste cle façon fréquemment dispersée en un réseau peu ou '-»int hiérarchisé et entout
cas ne se concentre pas le long d'un-sment
de direetion détermiuée.2.
-
Le profii en long présente une analogie frappante avec lespmflls des cours d'eau épigés :
la
régularisation du profil est plus parfaite à l'aval qu'à l'amont en général ; les siphons sont éliminés ,lans les sections d'aval avant de l'être en amont.3.
-
Le
caractère linéaire des coul<,rirs montre quele
facteur,lu ereusement a eu sur une distance qui atteint plusieurs eentaines de mètres une aetion particulièrem€nt « concentrée ».
Les diverticules sont relativement rares,
et
de dimensions trèstrl L^ dùection des couloirs est, elle. visiblement due à la structure, au moins .àns les trois premières grottes étudiées. En ce qui concerne la sensibilité des diffé-Eats types de calcaires récifaux à l'érosion karstique, voir Leander Trr,r. (1961).
r:t C'est-à-dire un travail réalisé dans la zone de saturation du sous-sol par
330 CA}IILLE EK
ûrodestes. relatryement
à la
iongueurdu
couloir principal
(r)-La circulation phréatique qui a dû exister antérieurement, lorsqueles endroits étudiés étaient dans la zone de saturation (2), n'a done Iaissé que
fort
peu de traces et, à la grotte Sainte Anne, la grotte du pont cl'Esneux et la grotte Jaminorr, letravail
de l'eauphrea-tique n'a
jamais eu l'ampleurdu
creusementpar
les eaux cou-rantes.d.
-
L'observation des dépôts des couloirs supérieurs asséchêeonfirme I'existènce
de
réelles rir.ières dans ces conduits. La présence clecailloux
roulés de natures diverses, provenant sans doute de terrasses voisines, mêlés à un limon hétérogène nepermet-tent
pas de douter de I'existence cl'apports extérieurs.La
strati-ficationet
la
grande extension de ces sédiments montrent qu'ils ne peuventavoir
étémis
en place quepar
unerivière
et
non-pour les cailloux, par de simples chutesà
travers des cheminées de clissolutionet,
pour les sédiments fins,par
des eaux de per-colation.Les galeries inférieures, qui sont encore sous l'action des rivières, montrent un important alluvionnement limoneux
et
caillouteu-x.Ces quatre observations conduisent aux conclusions suivantes : a) Les couloirs étudiés sont, dans leur
état
actuel,le
résultatd'un
creusenrent par l'eau courante.à) L'analogie avec les cours d'eau superficiels,
et
notammentla
tendance--
au moins apparente, car on ne peut préjuger des processus élémentaires-
à
suivreun profil
d'équilibre, donne àpenser que
le
courant d'eauqui a
établile profil
des galeries necirculait
pasen
conduite forcée,du
moinsà
I'apogéede
sonaction.
c) Le réseau phréatique qui a pu précécler le creusement vadose
et
lui
ouvrir
la
voie
était
nettement moinsimportant que
lesvstème actuel. sans quoi on en retrouverait nécessairement des traees plus abondantes que celles qui s'observent en fait.
(r) Sauf à la grotte de Remouchamps, oir les salles et divers passages à pentes
diverses ont des genèses absolument différentes de celle des parties de la gmtte étudiées ici.
CONDUITS SOUTERRAINS 33I
Il
a étédit
plus haut que les couloirs étudiés pouvaient tous se rar.corderà
desniveaux
de
terrasses.Si
l'on
juxtapose cette ,rbservationà
cellesqui
précèdent,on peut
tirer
deux
autres eonelusions :d)
Il
existe une relation causale entre le niveau de l'eau da,ns la ralléeet
celui de l'eau dansla grotte;
ceci infirme, d,ans les casprticuliers
etuüés, I'opinionsi
généralement reçue que l'hydro-logie des calcaires est dominéepar
la
diversité des mouvements de l'eau dans desjoints
non
communicants,le
fonctionnement aberrant des syphons, les fontaines vauclusiennes, etc...e)
Enfin,
on peut préciser que les rivières souterraines succes-sir-es coïncident avec les niveaux de plaines alluviales nonseule-ment dans l'espace -_- quant à leur altitude
-
mais aussi dans letemps
--
quant au moment de leur formation.S'il
en était
autrement, c'est-à-diresi
la
rivière
principale, àla süte
d'une reprise d'érosion,avait
recreusé sonlit,
et
coulé durantun
certain temps en contre-bas dela
terrasseà
laquelle aboutissaitle
ruisseau souterrain, celui-ciaurait
alors manifesté dans sa région aval une érosion accrue. Or nulle trace d'une telle rrprise d'érosion n'est visible.Il
est donc probable que les cours d'eau souterrains étudiésici n'ont
jamais débouchéà
l'air
libre par des eouloirs « perchés » au-dessus de la rivière.Si cette dernière conclusion est exacte, elle permettra par
consé-quent de dater les étages successifs des grottes étudiées, en fonction
des eycles quaternaires, lorsque la chronologie absolue de ceux-ci
.era
établie (1).Peut-être aussi,
au
contraire, les recherches actuellement encours, dans certains pays, sur
la
datation des cavités naturelles aideront-elles à établir, par I'intermédiaire des grottes,la
chrono-Iogie absolue des cycles morphologiques épigés.trl On peut esquisser con)nle suit ttne première approche de I'âge de la grotte de
T'rlfr. parixernple. Un travail antérieur (Iix, I957) a t,ontré le synchronisme de la t trarre q.i paise au nivéatt 4e l'étage moven de ltr grotte, et de la tepasse no 2
&la lleuse (lyac,t1, I9B8). IJn 194J, Brueren a daté du Riss ce niveau de terrasse.
D-.près un travail récent de RrcurrR (1958), l'interglaciaire Nlindel-Riss daterait fil r- a 2{0.ooo ans environ, et I'interglaciaire Riss-lvi rnr remonterait à 6o.o0o ans. C:est dolc entre ces deux 6ates que se serait développée la galerie principale de la
882 CAMTLT.f,' EK
Fre, 8,
-
Quelques sections transversales des galeries.A.
-
A la grottc Sainte Anne, à Titff.B.
-
A la gotte du pont d'Esneux.C.
-
A la gotte Jarninon, à Conresse.D.
-
A la grotte de Remouchamps.t\ffi
A2
CONDL]ITS SOUTERRAINS
3.
-
Quelques
des
caractères
de
l'évolution
§rottes
étudiées383
A.
-
Les recreusements su,ccessifsLors des phases de stabilité des rivières épigées, les cours d'eau étudiés manifestent une nette tendance à süvre un cours à pente faible
et
assez régulière; peut-être n'est-on pas fondé cependant à voir là un profil d'équilibre au sens le plusstrict
(2).Durant les
époquesde
recreusementdes
grandes rivières,en
tout
cas, l'érosion souterraine, dansles
cas envisagés ici, n'est pas régressive au sens habituel du terme.S'il
enétait
ainsi, chacune des grottes étudiéesdevrait
se présenter sousla
forme d'une galerie unique, de grande hauteurqui
aurait
été creuséepar un ruisseau s'enfonçant davantage à ehaque reprise d'érosion.
En
réalité,on peut trouver
des vestiges nets des cours cor-respondant à d'aneiennes plaines alluviales, mais les traces datant des périodes de ereusement des rivières épigées sont rares etil
est difficile de définir le parcours de l'eau à ces époques.t'n
indice permet
cependant d'avancerune
hypothèse:
il
esiste,à Tiltr,
au bord dela
routequi
longe l'Ourthe près de la qrotte,un
petit trou
situéà
mi-hauteur entre l'étage moyen et l'étage inférieur; cette ouverture, de forme plus ou moins elliptique, est I'orifice d'un conduit, d'ailleurs obstrué après quelques mètres, nraisqui a
peut-être été empruntépar
I'eauà un
stade inter-médiaire:
la
formeelliptique
du
conduit
donneà
penserqu'il
s'agit d'une conduite foreée, ereusée
à
partir
de fissures ou d'un passage phréatique préexistant,et
communiquant avecla
partiearal
de l'étage moven. C'est probablementpar
cette conduite, fouctionnant à gueule bée, qu'une partie au moins du cours d'eau souterrain sejetait
dans l'Ourthe à un moment donné.Il
sembJe bien que le processus d'enfouissement des cours d'eau étudiéssoit
fort
analogueà
celui cles cours d'eau coulantà
la =rrrfaee des régions karstiques,qui
sont successivement absorbés par des chantoirs situés de plus en plus en amont. Letrajet
actuel de I'eau dans la grotte deTilff
(fiS. 3) est un exemple particulière-mentclair
de ce mocle d'évolution.8A4 CAMILLE EK
Lorsque les rivières épigées cessent de s'encaisser, le proeessu.
qui vient
d'être décrit
permetaux
cours d'eau souterrains cles'établir, d'abord en aval, puis en amont, à un niveau déterminé. fonction du niveau de base que constitue
la
rivière principale(r)-La
pentequi
s'établit
esttelle
quel'affiuent
a
une pentetroli
faible pour encore creuser, mais suffisante pour ne pas remblal-er-C'est
ce
qui
s'observetrès
nettementà la
grotte Sainte Arure actuellement,où
l'étage inférieura
déjà réalisé dans sa section aval une pentequi
exprime incontestablementtn
équ'il'ibre de.-conditions d'écoulement.B.
-
Les grottes horizontales et les stades de l'éaolution subaérienncLes aplanissements partiels
qui
s'observent le long desvallées-et le
creusement des cours d'eau décritsici
sont deux processu-. d'érosionqui
s'exercent dansune
mêmedirection
-
1.s15 l3rivière principale
-
et en fonction d'uu même niveau cle base-cette même rivière.
Dans une bande calcaire traversée
par
la
rivière,
il
ne
peut évidemmentse
développer,à la
mêmealtitude
et
au
mênre endroit,un
aplanissementpartiel
et un
cours d'eau souterrain du type décrit ici : le plafond de la galerie ferait les frais de l'érosion superfreielle etla
« cavité » ne serait plus qu'unétroit
sillon dans un versant aplani.Or, Ia
plupart
des couches calcaires traversées par l'Ourthe et l'Amblève ont été aplanies lors des premiers cycles quaternaires.Il
semble doncqu'il
ne
sera guère possible de retrouver des grottes linéaires et horizontales datant de ces premiers cycles (!;.Durant les
cycles suivants,aux
endroits
oir
la
surface du calcairen'était
pas réajustéeau
nouveau niveaude
la
plaine alluviale, des grottes à caractères fluviatiles ont pu se développer. C'est peut être le cas dela
grotte de Brialmont qui, versquatrne-vingts
mètres au-dessus del'Ourthe,
formela
partie tout
à fait supérieuredu
système de Sainte Anneà Tilff.
Maisla
grotte de(r) Sous le niveau de la rivière souterraine, tel qu'il vient d'être décrit ici, il n'er
pas douteux qu'il existe des courants d'eau dont certains aboutissent d'ailleurs sou. forme de résurgences sous-fluviales à proximité des grottes (voir notamnrent L. Car,rusnnr,lS52\.
(e) Une petite grotte au moins, dans la région étudiée, semble faire une lteureu.c exeption : c'est celle qu'a étudiée }ladenroiselle S. Lscr-once (op. cit.): cette câsitÉ est en effet située à hauteur de la terrasse de 190 m. à Comblain-au-pont.
CO}iDUITS SOL*TERRAINS
Brialmont est envahie par des concrétions en abondance extrême,
qui
cachentla
plus grandepartie
des paroiset qui
recouvrerü presquetout
le plancher;la
situation est analoguepar
endroits dansles
galeries supérieuresde
la
grotte de
Remouchamps.'Il
,r'y a
donc guère d'espoir de retrouver des vestiges nets degrottes du type étudié ici, même au niveau des terrasses d'altitude movenne.
C'est donc des galeries développées lors des derniers cycles que l'on
doit
attendre le plus de renseignements.C'est ainsi par exemple que Ia grotte d'Esneux,
qui
est à sept mètres au-dessus de l'Ourthe, permet de mettre un jalon supplé-mentaire à une très basse terrasse, connue dans l'Ourthe en amont de Comblain-au-Pont, maisqui n'avait
pu
être repérée en aval, peut-êtrepar
suite de son faible développement, ouà
cause desinnombrables modifications apportées
par
l'hommeà la
topo-graphie des fonds de vallée de la région.La
terrasse en question est connueà
Hamoir,
à
septou dix
mètres au-dessus
de l'Ourthe,
et à
Comblain-la-tourà
six
ouLuit
mètres(Ex,
LS57).Il
est très probable quela
grotte
du
pont
d'Esneux est une manifestation contemporaine de cette terrasse,dont
elle semble bienfournir un
indice enun
endroit où
la
topographie super-ficielle n;en porte plus de trace.-
D'e-è-e;
nonloin
de Cornesse,la
terrassela
plus basse de la Vesdievierit
se confondre avecla
plaine alluviale actuelle (Melle A. CrtÀËrrirn, t0sz).Les lambeaux de cette terrasse se situent en effet à des altitudes de plus ên plus pioches, vers
l'amont, du
fond dela
vallée;
le derniei larribeauionnu
est près de Goffontaine, à quatre ou cinq mèties seulement d;altitude relative.La
grotteiamirloïi,
à Cornesse, est à un peu plus de deux kilo-mètres en am'oilt du dernier lambeau de cette terrasse. La partie« aval » du couloii principal de la grotte est à trois mètres au-dessus
du
lit
de la Vêsdre.On doit doric se trouver là, à très peu près, au point de rencontre entre
la
teiilasse inférieureet le
sommet dela
plaine alluviale, ce que l'étirde détaillée dela
topographie extérieuren'avait
pas peimis dg dée"I". avec précision.336 CAfIILLE EK
Comment
faut-il
envisagerle
rapport
ehronologique entrc le creusement d'une grotte « linéaire et horizontale » etl'établiss.
ment de la plaine alluviale ?
Rien ne permet d'affirmer que la formation de la plaine alluriale
et
le
creusement des galeriesà
leurs dimensions maxima sont simultanés.On peut seulement dire
-
si l'hypothèse avancée est exacte-que
le
développementfinal
des cond.uits étudiés s,est effectué durant une période située entre le moment or\ la rivière extérieure a cessé de s'encaisser dansla
r-allée,et
celui auquel elle a repËs son érosion verticale.C.
-
Les modalités d.u creusementLrne
activité
phréatiquea
certainement préeédé,dans
le
grottes qui
font l'objet
de cetravail,
le creusement vadose.A
Remouehamps en particulier, plusieurs parties dela
grottene
peuvent être expliquéespar
les considérations des chapitres précédents ;il
en est de même pour eertains diverticules des grotte>de
Tilff,
d'Esneuxet
de
Cornesse, maisà un
degré nettement moindre dans ces trois cavités.Des phénomènes phréatiques actuels observés près de Remou-ehamps ont été décrits minutieusement et expliqués, par ùI. L. Cr-LEMBERT (1950
et
lgSZ), qui a mis en évidence l,existence de eou-rants latéraux lents sousle
niveau de l'Amblève.La
grotte
deRemouchamps
et
la
grotte
Sainte Anne,à
Tiltr,
montrent
en certainspoints
des chenaux phréatiques analogues. Maisà
la grotte Sainte Anne,à
la
grottedu
pont d'Esneuxet à
la
grotte Jaminon,le
fait
morphologique domi_nantest
le
long
couloir parallèle à la direction des bancs qui descend en pente très faible versla
vallée.Ceci montre
qu'au
stacle phréatique-
dont
les traces sonttrès localisées dans les trois grottes citées ci-dessus, mais beaueouP
plus amples à Remouchamps
-
a succédé un stade d,écoulementvadose (1) durant lequel une grande quantité cl,eau a été collectee
(r) ùI' R. Prssanr a observé à Itrsneux. entre ces deux stades, une plrase inter-mgaiaire, durant laquelle, après le creusément des conduits pn"éauq,i" et à\.ànt celui du courânt « vadose », s'est produit un colmatage argileïx (travail inédit de
CONDUITS SOUTERRAINS ô.) /
par un conduit
unique;
cette eau selllble avoir circulé enéeoule-ment libre la plupart du temPs.
Certains couloirs présentent pourtaut une section elliptique dont
il
est
très
généralementadmis qu'elle indique
un
écoulementen conduite forcée; dans la plupart des cas observés, la pente dans les tronçons
à
section elliptique est sensiblement,la
même que dans les autres tronçons ; ceci semble indiquer que durantl'activité
des « conduites forcées »,
la
circulationa
été suffisamment long-temps-
ou
suffisamment souvent-
libre, pour
permettrel'étÀlissement d'une pente régulière.
Conclusions
A chaque phase de I'évolution récente du réseau hyclrographique superfrciel correspond, dans
la
région étudiée,une
adaptation remarquable de certains conduits souterrains.L'évolution de ces cavités est donc caractérisée par des cycles correspondant
aux
cycles morphologiqueset par
une tendance de ces grottes à se développer dans des conditions d'équilibre aYecla rivière épigée.
Ces caractères se manifestent dans
la
morphologie des cavités par une série d'éléments qui, réunis, permettent de définir un tvpede grotte très particulier,
dont le
« génotype » seraitla
grotteSainte Anne, à
Tilff.
Ces phénomènes
n'ont
fait
l'objet
que d'une étude l<lcalisée. D'autre part, je n'ai trouvé nulle part dans la littérature, d'étudesur
lesprofils en Iong
des cours d'eau souterrains dans leurs rapports avec des terrasses fluviales,ui
de
recherchesur
desproblèmes connexes
si
ce n'est
Ie
très
intéressantarticle
cleII.
M. Su'pnrrxc (1960) cité plus haut.On
ne peut
donc, actuellement, donnerde
caractère généralaux
conclusionsd'un travail
ne
concernant que quatre grottes d'une même région (1).Néanmoins,
le
lien qui unit
les grottes étudiéesà
l'évolution de la topographie superficielle quaternaire permet d'entrevoir uue(r) D'après quelques plans et d'après mes souvenirs, il semble que des conclusions semblables seraient tirées de l'étude des principaux couloirs des grottes deJemelle. d'Eprave et du Pre-au-Tonneâu (Rochefort), par exemple.
;338 C.A,IIILLE EK
méthode supplémentaire
pour
I'étude des dernières alternanees.de creusement et de stabilité relative des cours d,eau.
L'intérêt
de crette méthode réside surtout dansla
grandediffi-'culté
del'étude
des basses terrassesen
région derelief.
cette'difficulté provient de
facteurstrès
divers:
les basses terrassessont
fréquemmentpeu
développées,ou mal
conservées; elles viennent se confondre parfois avec la plainealluviale;
les établis-sements humains,les
assiettesdes
voiesde
communications, les ont souvent masquées ou détruites...On
voit
l'importance, dans ces conditions,du
témoignage des .cavernes,qui
fourniront
certainementplus
cL,un renseignement :sur les derniers stades de stabilité des rivières épigées.Abstract
1.
*
Four
cavesof the
Ourthe basin arebrieflv
deseribed : Sainte Anne cave,at Tilff, in the
Ourthe valley,Bridge
cave,at
Esneux,in
the Ourthe valley, Jaminon cave,at
Cornesse,in
the Vesd.re 'i,alley,Touristic
cave,at
Remouchamps,in
the Amblève valler,.All
four
are developedin
frasnian limestones, andlie on
the sides of the main valleys (fig.I
and 2).Their other commun characteristics are
to
be nearly horizontal.with
a gentle slope towards the valley, and a deveropment chieflvlinear
(fig.a
to
5), exceptthe
Remouchamps cave, much more eomplex (frg. 6), the linear parts of which are o^ly consid.ered here.The Jaminon cave presents
two
superposedstairs;
in
the
Re-mouchamps cave an<lthe
SainteAnne
eave,three stairs
are known.2.
-
The
altitudesof the
caves stairs, referingto
the
levelof
the
main rivers, correspond exactlyto
the
heightsof
fluvlai terraces (fiS.Z).
From whichit
is concludedthat
there is a cor-relation between the developmentof
the successive stairsof
the caves, and the sequential stages of the surface rivers.3.
-
fn
a brief review of the main characters of the evolutionof
the
caves eoncerned,the
following features are emphasized :CONDT:ITS SOUTERRAINS
relatively smooth longitudinal profile, owed
to
a stream rvith free üpper surface, generally rvithout falls or siphons :B.
-
The predominance,in
some cases, of underground erosionon
subaerial erosion, moreparticularly
u'hen surface streamlets reeeive from the slopes superabundant debris.C.
-
The former existenceof a
phreatic stage;this
period isthought to have had
little
development in the caves here described,for
few traces remain, exceptin
many non concerned regionsof
Remouchamps
câve;
a
consequentphreatic
stagewould
haveleft
more records on the sides of the vadose galleriesor
betweenthe
vadosestairs.
In
some places, beforethe last
erosional stage and its gravitation flolvs, pressure flows existed but eertainlynot
everywhere. Conclusions.-
pqul
cavesonlv,
in
the
eoncerned region,clearly showed all here described characters and
features.
There-fore, conclusions cannot
be consideredlike
general statements, before checkingin
other
countries(M.
M.
Stt'nnrrxc,
1960).\evertheless as all refered features were always observed together,
it
seems advisable to consider them as a whole : the caves studied can thus help to definite a « tvpe » that deserves a place in a genetic classification.Deposits
of
cavesrvill
possibly
give
accurate informations about the climatic and hydrological circumstancesof the
settingup
ofriver
plains.
Fluvial
morphology would then disposeof
anerv
tvpe
of
« correlati't'e formation ».(Laborato'ire de Géographie phgsique
de l'Uninersité ile Liège).
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