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Parkinson, entre ce qui se voit et ne se voit pas... Pertinence d'une intervention psychomotrice ponctuelle auprès de patients atteints de la maladie de Parkinson

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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HAL Id: dumas-00863406

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-00863406

Submitted on 18 Sep 2013

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Parkinson, entre ce qui se voit et ne se voit pas...

Pertinence d’une intervention psychomotrice ponctuelle

auprès de patients atteints de la maladie de Parkinson

Julie Brosolo

To cite this version:

Julie Brosolo. Parkinson, entre ce qui se voit et ne se voit pas... Pertinence d’une intervention psychomotrice ponctuelle auprès de patients atteints de la maladie de Parkinson. Médecine humaine et pathologie. 2013. �dumas-00863406�

(2)

1

UNIVERSITE BORDEAUX SEGALEN

Institut de Formation en PsychomotricitŽ

MŽmoire en vue de lÕobtention

du Dipl™me dÕEtat de Psychomotricien

Parkinson, entre ce qui se voit et ne se voit pasÉ

Pertinence dÕune intervention psychomotrice ponctuelle auprs de

patients atteints de la maladie de Parkinson.

BROSOLO Julie

NŽe le 16/09/1990 ˆ Marmande

Juin 2013

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2

PrŽface

La maladie de Parkinson est une maladie neurodŽgŽnŽrative qui affecte la globalitŽ de lÕindividu. Mme si ils disposent de mŽdicaments efficaces, les neurologues rŽalisent dans leur quotidien combien cette prise en charge de la globalitŽ du patient est essentielle et si jÕoserais dire Ç inŽvitable È. Elle est altre par essence le lien et les composantes du couple motion-Žmotion, lien mis ˆ mal par le processus mme de la maladie mais aussi parfois troublŽ ou dŽsŽquilibrŽ par les mŽdicaments ou procŽdures chirurgicales. La psychomotricitŽ est au cÏur de la restauration de ce lien. LÕapproche de Julie Brosolo, ayant donnŽ lieu ˆ ce mŽmoire, a ouvert un nouveau champ dÕapproche thŽrapeutique complŽmentaire dont lՎquipe et les patients ont pu mesurer lÕintŽrt. Par lՎcoute, les mots des patients, les dessins elle permet dՎlargir le champ de vision des soignants sur leurs patients. Elle dessine Žgalement dans ce mŽmoire ce qui pourrait devenir un vŽritable projet de soins. Pr Franois Tison

(4)

3

Remerciements

Je remercie Madame Nelly MUNIER, superviseur de stage et ma”tre de mŽmoire, pour lՎcoute et le soutien constant dont elle a pu faire preuve durant la rŽalisation de ce projet. Je remercie Žgalement Monsieur Benjamin CARRERA, ma”tre de mŽmoire, pour ses prŽcieux conseils. Ses remarques pertinentes mÕont guidŽe dans lՎlaboration de cet Žcrit.

Je remercie le Professeur Dominique GUEHL de mÕavoir permis de vivre cette expŽrience et le Professeur Franois TISON dÕavoir permis la rŽalisation de mon projet. Je les remercie pour leurs lectures ŽclairŽes. Je remercie Žgalement toute lՎquipe pour son accueil.

Je remercie Madame BŽatrice CHENEL pour son accueil bienveillant. Les deux annŽes passŽes ˆ ses c™tŽs ont ŽtŽ aussi agrŽables que formatrices.

Je remercie Madame CŽline BOBE pour son Žcoute et ses nombreux conseils.

Je remercie Monsieur Jean Bernard PROUX, responsable dŽpartemental Gironde de France Parkinson, pour toutes les informations quÕil mÕa fournies.

Je remercie les enseignants pour la qualitŽ de leurs cours. Je remercie toutes les personnes ayant lu ce mŽmoire.

Je remercie chacun des patients sans qui ce mŽmoire nÕaurait pas ŽtŽ rŽalisable. Je remercie Žgalement mes parents et ma famille pour leur soutien.

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4

Avant propos

Ds ma plus jeune enfance, ma famille a ŽtŽ confrontŽe ˆ cette maladie. Parkinson, cÕest la maladie avec laquelle mon grand-pre a vŽcu durant des annŽes.

La vie, depuis, mÕa conduite ˆ la formation de psychomotricienne et la rencontre avec la psychomotricitŽ mÕa reposŽ cette question du vŽcu.

Alors, ces trois ans de formations ˆ ma future profession mÕont permis dÕimaginer une place de la psychomotricitŽ auprs de patients atteints de la maladie de Parkinson que jÕai voulu mettre en pratiqueÉ

(6)

5

TABLE DES MATIERES

PrŽface ... 2

Remerciements ... 3

Avant propos... 4

TABLE DES MATIERES ... 5

INTRODUCTION ... 7

DONNEES THEORIQUES ET REFLEXIONS PERSONNELLES ... 9

I- La maladie de Parkinson dÕun point de vue neurologique ... 10

1) GŽnŽralitŽs ... 10

2) Physiologie... 11

3) La sŽmiologie... 12

a) Les signes moteurs ...12

b) Les signes cognitifs...14

4) Les traitements ... 15

5) Les diffŽrentes Žtapes de lՎvolution de la maladie ... 16

6) Des moyens dՎvaluation... 17

II- Ma vision de la psychomotricitŽ... 18

1) Auprs des patients parkinsoniens ... 18

2) En intervention ponctuelle ... 21

a) LÕorganisation hospitalire ...21

b) La psychomotricitŽ dans le milieu hospitalier ...23

HYPOTHESES... 27

ETRE STAGIAIRE PSYCHOMOTRICIENNE AU SEIN DÕUN SERVICE DE NEUROLOGIE... 29

I- Une pŽriode dÕobservation... 30

(7)

6

MODE DÕINTERVENTION ... 34

MES OUTILS DÕEVALUATION... 36

CHOIX DE MES CRITERES DÕOBSERVATION ... 41

I- Dilemme... 42

1) LՎmotion... 42

2) Les sentiments... 44

3) LÕhumeur ... 45

II- Mon choix ... 46

III- Le tonus musculaire... 47

DES SIGNES CLINIQUES A LA PROPOSITION DÕUNE SEANCE ADAPTEE... 49

1) Cas de Mme G : Ma premire patiente... 52

2) Cas de M. B : Une dŽfinition de la psychomotricitŽ... 55

3) Cas de M. D : Une question de relation ... 59

4) Cas de Mme F : LÕangoisse, un frein ˆ la motricitŽ ... 62

DISCUSSION ... 66

CONCLUSION... 72

BIBLIOGRAPHIE ... 73

(8)

7

INTRODUCTION

La maladie de Parkinson est une maladie chronique, dŽfinie comme Žtant psychomotrice. Avant tout connue pour tre une pathologie du mouvement, on sait quÕelle affecte Žgalement les Žmotions et les comportements. MalgrŽ les avancŽes en terme de traitements mŽdicamenteux et chirurgicaux, elle reste une maladie Žvolutive qui entra”ne une perte progressive de lÕautonomie du patient. Au cours de cette Žvolution, les patients seront amenŽs ˆ tre hospitalisŽs pour une rŽŽvaluation de leurs traitements. CÕest souvent une pŽriode compliquŽe pour eux, tout autant que pour leur entourage.

Cette maladie complexe qui touche le sujet dans sa globalitŽ a suscitŽ en moi une question ˆ laquelle je tenterai de rŽpondre tout au long de ce mŽmoire : Quel peut-tre lÕintŽrt dÕune prise en charge psychomotrice auprs de patients atteints de la maladie de Parkinson ?

Je rŽpondrai ˆ cette problŽmatique en prŽsentant le dŽroulement de mon stage expŽrimental dans un service de neurologie au Centre Hospitalo-Universitaire, qui mÕa permis dÕaller ˆ la rencontre de patients atteints de cette maladie.

Mon lieu de stage Žtant lÕh™pital, une contrainte dÕorganisation sÕimpose : le nombre de rencontres possibles avec les patients. Alors, quÕelle est la pertinence dÕune intervention psychomotrice ponctuelle auprs de ces patients ? Quels sont les changements que peut leur apporter ce type dÕintervention courte ?

(9)

8 Au travers de ce mŽmoire, nous nous intŽresserons de plus prs aux consŽquences de cette maladie et ˆ la place thŽorique que peut prendre la psychomotricitŽ dans sa prise en charge.

Nous reviendrons sur mes trois mois dÕobservations et sur le projet de stage prŽsentŽ ˆ lՎquipe soignante, point de dŽpart de mon intervention. Je vous ferai part des modalitŽs de celle-ci puis des outils dՎvaluation utilisŽs pour observer les changements quÕelle entra”ne. Nous verrons le dilemme qui sÕest alors posŽ ˆ moi pour mettre des mots sur ces changements.

Aprs vous avoir prŽsentŽ quatre exemples de cas cliniques, nous discuterons de lÕintŽrt dÕune prise en charge psychomotrice ponctuelle.

(10)

9

DONNEES THEORIQUES ET REFLEXIONS

PERSONNELLES

(11)

10

I-

La maladie de Parkinson dÕun point de vue neurologique

Commenons ce mŽmoire par quelques notions neurologiques, indispensables ˆ la comprŽhension des changements, ˆ tous points de vue, quÕentra”ne cette maladie. La connaissance de ces informations mÕa ŽtŽ nŽcessaire tout au long de mon stage pour interagir avec les professionnels tout autant quÕavec les patients. Ce sont des notions que jÕai acquises tout au long de ma formation et qui sont le fruit de recherches plus approfondies (9), (23).

1) GŽnŽralitŽs

La maladie de Parkinson est lÕaffection neurologique la plus rŽpandue aprs la maladie dÕAlzheimer. Elle touche environ 1% des sujets de plus de 60 ans dans le monde.

CÕest une maladie neurodŽgŽnŽrative qui se caractŽrise par plusieurs Žtapes, avec une expression clinique qui peut tre trs variable.

LՉge moyen de dŽbut de la maladie se situe entre 58 et 62 ans. La maladie de Parkinson peut tre juvŽnile et appara”tre avant 20 ans, ou ˆ dŽbut prŽcoce et survenir avant 40 ans. Mais dans 80% des cas, elle dŽbute entre 40 et 75 ans.

Il existe plusieurs hypothses Žtiologiques. RŽcemment, des arguments en faveur dÕune origine gŽnŽtique ont ŽtŽ dŽveloppŽs, mais les facteurs environnementaux sont les plus largement ŽtudiŽs. Sont mises en causes en particulier des substances comme les herbicides, pesticides et insecticides mais aussi une exposition prolongŽe ˆ des solvants organiques ou ˆ des mŽtaux lourds.

(12)

11

2) Physiologie

La destruction du systme dopaminergique nigrostriatal est ˆ lÕorigine de la maladie de Parkinson. Ce systme unit la substance noire et le striatum. Le striatum reprŽsente lÕentrŽe des noyaux gris centraux. (Annexe 1). LorsquÕil y a une lŽsion de la substance noire compacte (contenant les cellules qui fabriquent de la dopamine), le fonctionnement des noyaux gris centraux est modifiŽ et entra”ne une diminution de lÕactivitŽ du cortex cŽrŽbral et donc une diminution et une rarŽfaction des mouvements. (Annexe 2).

Il nÕexiste pas de traitement neuroprotecteur de la maladie car les mŽcanismes molŽculaires qui conduisent ˆ la neurodŽgŽnŽrescence sont encore mal compris. La principale avancŽe en matire de traitement a ŽtŽ la dŽcouverte de la lŽvodopa. DÕautres approches thŽrapeutiques complŽmentaires telles que la pause dՎlectrodes seront ŽvoquŽes plus tard.

Une dŽpigmentation de la substance noire compacte (SNc) sera observŽe lors de la maladie de Parkinson. A lÕorigine, les signes cliniques ont ŽtŽ dŽcrits par James Parkinson qui parlera de paralysie tremblante. Plus tard, il sera dŽmontrŽ que la dŽgŽnŽrescence des neurones dopaminergiques de la SNc entra”ne un dŽficit en dopamine dans le striatum, ˆ lÕorigine dÕune profonde perturbation fonctionnelle du systme extrapyramidal.

Le systme extrapyramidal est lÕensemble des structures du systme nerveux central qui participent au contr™le des postures du corps et des mouvements automatiques.

Des lŽsions non dopaminergiques sont aussi observŽes, ˆ lÕorigine de signes dits Ç non moteurs È de la maladie.

(13)

12

3) La sŽmiologie

a) Les signes moteurs

Le syndrome parkinsonien ou syndrome extrapyramidal se traduit par une expression clinique variable. Cependant, se retrouvent quand mme des signes initiaux frŽquents ; on parlera de triade parkinsonienne. Elle se caractŽrise par :

- La rigiditŽ : se traduit par une hypertonie des muscles. CÕest une rigiditŽ dite plastique car ˆ lÕarrt de la mobilisation passive des articulations, le membre ne revient pas ˆ sa position initiale. Cette rigiditŽ cde ˆ la mobilisation passive soit par ˆ-coups (phŽnomne de roue dentŽe) ou de faon lente et progressive (rigiditŽ en tuyau de plomb).

- Le tremblement de repos : dŽbute gŽnŽralement ˆ lÕextrŽmitŽ distale du membre supŽrieur (aux doigts et ˆ la main) et parfois ˆ lÕextrŽmitŽ distale du membre infŽrieur (aux orteils et au pied). Il est prŽsent au repos, lorsque le rel‰chement du muscle est complet. Il est majorŽ ou appara”t en fonction des Žmotions, en cas de stress ou de concentration intellectuelle et dispara”t lors des mouvements, du maintien postural ou au cours du sommeil.

- LÕakinŽsie : lÕakinŽsie proprement dite entra”ne des difficultŽs dÕinitiation du mouvement, responsable dÕun allongement des temps de rŽaction.

La bradykinŽsie est un ralentissement du temps dÕexŽcution. 1

LÕhypokinŽsie est la rŽduction de lÕamplitude des mouvements. 2

LÕakinŽsie concerne les mouvements automatiques. On observe une perte du balancement dÕun bras ˆ la marche, une perte de la mimique gestuelle des membres supŽrieurs lors dÕune conversation, une amimie (les Žmotions ne sÕexpriment plus sur le visage et la paupire supŽrieure est rŽtractŽe). En fait, le patient est hŽsitant dans ses mouvements, il est lent et nÕa plus dÕaisance lors de leur rŽalisation.

1 DEFEBVRE Luc, VERIN Marc. La maladie de Parkinson. ELSEVIER MASSON.p. 48. 2

(14)

13 M. B est un patient atteint de la maladie de Parkinson hospitalisŽ dans le cadre dÕune rŽŽvaluation de son traitement. Au cours dÕun entretien, nous Žvoquons les consŽquences de la maladie sur sa motricitŽ ; il me dit en rŽfŽrence ˆ sa marche : Ç Je suis au ralenti, jÕai lÕimpression que je marche sur la Lune È.

Parmi les signes moteurs, on trouve aussi des troubles posturaux et des troubles de la marche. Ils sont dus ˆ lÕakinŽsie et la rigiditŽ des membres infŽrieurs et du tronc.

La dŽmarche dÕun patient parkinsonien se traduit donc par une hŽsitation au dŽmarrage de la marche, un piŽtinement dž ˆ une faible amplitude des pas, et un demi-tour dŽcomposŽ. La posture flŽchie est due ˆ lÕhypertonie des muscles axiaux antŽrieurs du tronc.

Des sympt™mes plus tardifs seront observŽs comme les troubles de la marche paroxystiques dits Ç festination È et Ç freezing È.

La festination se traduit par une augmentation de la frŽquence des pas et une diminution de lÕamplitude. On dira alors que le patient donne lÕimpression de courir aprs son centre de gravitŽ et accŽlre le pas.

Le freezing est caractŽrisŽ par lÕabsence dÕinitiation du pas ou lÕarrt de la marche de faon inopinŽe. La motricitŽ automatique est ralentie, alors que la motricitŽ volontaire est intacte. Le patient doit alors passer par la motricitŽ volontaire avant dÕexŽcuter un mouvement, ce qui entra”ne une lenteur des gestes. Accompagner ses actions par la voix peut faciliter sa motricitŽ.

Le freezing est plus couramment appelŽ Ç blocage È ou encore Ç pieds aimantŽs au sol È par les patients atteints de la maladie de Parkinson. JÕai fait le constat quÕil Žtait souvent leur plainte principale. Dans leurs discours, ils paraissent dŽmunis face ˆ cette situation. Mme B est une patiente hospitalisŽe dans le cadre de sa maladie de Parkinson. Elle me parle du freezing. Je cite : Ç le freezing cÕest ce qui me gne le plus. Lorsque je suis bloquŽe, je ne peux rien faire ˆ part attendre la prochaine prise des mŽdicaments. A ce moment-lˆ, jÕai les os qui se rŽtractent, les doigts de pieds sont serrŽs et je nÕarrive pas ˆ les Žcarter È.

(15)

14 Se pose ici la question de lÕabsence de ma”trise du corps, qui pourrait tre abordŽe lors dÕune prise en charge psychomotrice.

Ces troubles entra”neront des chutes qui participeront ˆ la perte dÕautonomie. On retrouve aussi des troubles de la posture, responsables de lÕaltŽration de lՎquilibre et une instabilitŽ posturale qui se manifeste par une rŽtroplusion et qui sera ˆ lÕorigine de la majoritŽ des chutes.

On retrouve aussi chez ces patients des troubles de la dŽglutition gŽnŽralement associŽs aux troubles de la parole.

b) Les signes cognitifs

Les signes cognitifs accompagnent les signes moteurs et sont parfois perus comme plus gnants par le patient ou son entourage.

LÕun des principaux signes cognitifs est la dŽpression qui a deux origines : soit la dŽgŽnŽrescence des neurones dopaminergiques, noradrŽnergiques et sŽrotoninergiques, soit le fait que le patient vit mal sa maladie.

Le syndrome frontal, lui, est ˆ lÕorigine de la persŽvŽration du patient dans son erreur. Il semble incapable de changer de comportement. Il se peut que lÕon retrouve une rŽduction de la spontanŽitŽ motrice. Cependant, le patient rŽpond quand mme ˆ une excitation extŽrieure. Ce syndrome frontal peut appara”tre au fil des annŽes dՎvolution de la maladie et sÕintgre gŽnŽralement dans la dŽmence dite parkinsonienne (dŽmence sous cortico frontale).

Pour A. DAMASIO, Ç lÕatteinte du lobe frontal perturberait la capacitŽ ˆ ressentir

des Žmotions È. 1

1 Oppenheim-Gluckman, HŽlne. La pensŽe naufragŽe, Clinique psychopathologique des patients cŽrŽbro-lŽsŽs.

(16)

15 Et dÕaprs B. DUBOIS et coll. (19) les atteintes du lobe frontal peuvent entra”ner des troubles du comportement dŽcrits en trois types :

- Inertie, apathie, absence de motivation, - DŽsinhibition et impulsivitŽ,

- PersŽvŽration et distractibilitŽ.

Parmi les troubles cognitifs, il existe aussi des hallucinations, quÕelles soient visuelles, auditives, olfactives ou gustatives, et des Žtats de confusion ainsi que dÕanxiŽtŽ et de fatigue. Ces derniers sont rarement spontanŽs et le plus souvent liŽs aux thŽrapeutiques antiparkinsoniennes.

4) Les traitements

Voici maintenant une prŽsentation des principaux traitements existants. Se sont des traitements symptomatiques qui ne stoppent pas lՎvolution de la maladie.

La lŽvodopa, prŽcurseur de la dopa, est le plus utilisŽ. On nÕutilise pas directement la dopa car elle ne passe pas la barrire hŽmato-encŽphalique (membrane sŽparant la circulation sanguine et le liquide cŽphalorachidien). Elle a un dŽlai dÕaction de trente minutes ˆ une heure et un effet clinique dÕune ˆ quatre heures.

Il existe Žgalement des agonistes dopaminergiques. Leurs effets cliniques et biologiques sont identiques ˆ ceux de la lŽvodopa mais leur demi-vie et durŽe dÕaction sont plus longues. Ils stimulent directement les rŽcepteurs dopaminergiques. MalgrŽ cela, les effets moteurs de ces agonistes sont moindres que ceux de la lŽvodopa. De plus, les effets indŽsirables sont plus frŽquents du fait de la demi-vie plus longue.

Les inhibiteurs de la mono amine oxydase B (IMAO B) et de la cathŽcol-O-mŽthyltransfŽrase (I-COMT) rŽduisent le catabolisme de la dopamine.

(17)

16 Une autre forme de traitement peut tre utilisŽe : les traitements non dopaminergiques (anti glutamatergique).

Lorsque la maladie Žvolue et que lՎquilibre thŽrapeutique est difficile (en gŽnŽral au bout de cinq ans de traitement rŽgulier), dÕautres approches thŽrapeutiques peuvent tre proposŽes, notamment la stimulation cŽrŽbrale profonde (SCP) des noyaux sous-thalamiques (NST). Les Žlectrodes sont reliŽes ˆ un stimulateur Žlectrique se trouvant sous la peau du patient (similaire ˆ un pacemaker cardiaque) ce qui permet de moduler lÕactivitŽ neurale au sein des ganglions de la base.

En cas de contre-indication ˆ la neurostimulation, il y a une alternative : la pompe ˆ apomorphine (10). Elle dŽlivre en permanence, en sous-cutanŽ, un dŽbit de base. En cas de blocage, le patient peut sÕajouter, en appuyant sur une touche prŽvue ˆ cet effet, une dose

supplŽmentaire dÕapomorphine appelŽe Ç bolus È (une injection supplŽmentaire

dÕapomorphine, avec un stylo, peut tre aussi envisagŽe, notamment le matin avant la mise en route de la pompe).

5) Les diffŽrentes Žtapes de lՎvolution de la maladie

Aprs le diagnostic et lÕinstauration du traitement, on observe ce que lÕon appelle la pŽriode de Ç lune de miel È qui dure en moyenne trois ˆ cinq ans et au cours de laquelle les sympt™mes du patient restent discrets.

Par contre, aprs cette pŽriode, le traitement chronique par la lŽvodopa induit progressivement des modifications de la sensibilitŽ des rŽcepteurs dopaminergiques striataux ˆ lÕorigine des fluctuations dÕefficacitŽ motrice et intellectuelle au sein mme dÕune journŽe. CÕest ce que lÕon appelle les pŽriodes Ç on È (bonne mobilitŽ du patient) et Ç off È (mobilitŽ rŽduite).

Par la suite, les traitements entra”nent progressivement lÕapparition des mouvements anormaux involontaires appelŽs dyskinŽsies. DÕaprs les patients, ces dernires sont souvent vŽcues comme Ç fatigantes È et Ç douloureuses È.

(18)

17 Mme D est une patiente ‰gŽe de 70 ans, hospitalisŽe dans le cadre dÕune rŽŽvaluation clinique et thŽrapeutique de sa maladie de Parkinson. Elle prŽsente depuis quelques jours dÕimportantes dyskinŽsies liŽes au traitement. Elle dit se sentir Ç ŽpuisŽe È et Ç douloureuse È ˆ cause de ces mouvements quÕelle Ç ne contr™le pas È.

6) Des moyens dՎvaluation

Plusieurs Žchelles peuvent tre utilisŽes par les cliniciens pour des recherches ou simplement Žvaluer o en est le patient dans lՎvolution de sa maladie. Elles prennent en compte les traitements mŽdicamenteux.

Dans la maladie de Parkinson, lՎchelle la plus utilisŽe est lÕUPDRS (Unified ParkinsonÕs Disease Rating Scale) (23). Elle permet dÕavoir une vision globale de lՎtat du malade. En effet, elle se compose de plusieurs domaines dՎvaluation :

- Žtat mental, comportemental et thymique - activitŽs de la vie quotidienne

- examen moteur - rŽponse au traitement

On trouve une autre Žvaluation multidimensionnelle : la MDS-UPDRS qui est une version actualisŽe de lՎchelle UPDRS.

La maladie de Parkinson atteint donc la globalitŽ de lÕindividu. Il semble alors intŽressant dՎtudier lÕapport de la psychomotricitŽ dans la prise en charge de celle-ci.

(19)

18

II- Ma vision de la psychomotricitŽ

1) Auprs des patients parkinsoniens

Avant de proposer ma vision de la psychomotricitŽ, il me para”t important de conna”tre les ressentis que peut engendrer cette maladie et les difficultŽs relationnelles quÕelle entra”ne. Pour ce faire, je prends lÕexemple de F. CAVANNA, cŽlbre Žcrivain, lui mme atteint de la maladie de Parkinson. Dans son livre Lune de Miel (3), il tŽmoigne de son vŽcu au quotidien.

Tout au long du rŽcit, F. CAVANNA emploie la troisime personne pour parler de sa maladie. En la nommant Ç Miss Parkinson È nous comprenons quÕil souhaite la mettre ˆ distance. Quant ˆ lui, il se prŽsente comme Ç parkinsonien È et non comme une personne atteinte de la maladie de Parkinson. Ici, comme le dŽcrit E. GOFFMAN (13), nous constatons que les sympt™mes deviennent des ŽlŽments identitaires.

F. CAVANNA dŽcrit son corps comme incontr™lable et sous lÕemprise de la maladie. En tant quՎcrivain, il prend souvent lÕexemple de sa main : Ç Ma main ne mÕobŽit plus È,1

Ç ma main allait o elle voulait, non o je voulais quÕelle aille È. 2

Ensuite, F.CAVANNA dŽcrit ses difficultŽs de communication en raison des troubles de la parole. Ç Bafouiller. Un des cadeaux surprises de miss Parkinson. On veut prononcer un

certain mot. On nÕy arrive pas. (É) Les gens se regardent, de vous ils nÕattendaient pas a È.3

Notons ici, quÕil attribut de lÕimportance au regard que les autres portent sur lui.

Enfin, il Žvoque lÕidŽe de Ç nՐtre plus ma”tre de ses mouvements È tout en gardant Ç lÕintŽgritŽ de sa luciditŽ È. Il dŽcrit aussi tous les changements au quotidien quÕentra”ne la maladie, notamment la fatigue, les pertes dՎquilibre, les chutes, les douleursÉ

1

CAVANNA, Franois. Lune de miel. Editions gallimard. p. 106.

2 CAVANNA, Franois. Lune de miel. Editions gallimard. p. 304. 3 CAVANNA, Franois. Lune de miel. Editions gallimard. p. 105.

(20)

19 La psychomotricitŽ semble donc pouvoir trouver une place auprs des patients atteints de la maladie de Parkinson. En effet, cette discipline considre comme existant le lien entre corps et psychisme et Žtudie lÕindividu dans son unitŽ, dans sa globalitŽ.

De plus, elle se prŽoccupe de la faon dont chaque personne peroit et vit son corps. LÕobjectif Žtant que les patients retrouvent une meilleure assise narcissique ˆ partir de vŽcus corporels.

LÕapproche globale que va apporter la psychomotricitŽ peut permettre au patient de mieux conna”tre et reconna”tre son corps.

LÕimportant en psychomotricitŽ est de savoir sÕajuster aux capacitŽs du patient et de tenir compte de ses intŽrts et de ses motivations. CÕest une approche individualisŽe.

*

La maladie de Parkinson modifie le corps de la personne atteinte ainsi que la perception quÕelle sÕen fait. Ces changements entra”nent alors chez le patient une altŽration de son identitŽ tant physique que psychologique, qui pourra venir perturber la relation quÕil a ˆ son environnement.

Ç La maladie grave, la douleur qui dure, des brusques changements corporels mais aussi la proximitŽ de la mort induisent une fragilisation globale et dÕun point de vue psychomoteur modifient notre image corporelle, nos modes de communication, nos perceptions sensorielles, nos capacitŽs motricesÉÈ Isabelle MARCOS, psychomotricienne dans un service de soins palliatifs et dÕaccompagnement. 1

*

Les signes moteurs et cognitifs prŽsents chez les patients parkinsoniens leur rendent difficile la communication non verbale. Leur tonus est trs ŽlevŽ, beaucoup prŽsentent des tremblements ou des dyskinŽsies. La communication non verbale et les Žmotions sont alors difficilement transmises ˆ lÕentourage.

1 Texte intŽgral des XXX journŽes de ThŽrapie Psychomotrice. Ç Corps vŽcu/corps rŽel, redonner du lien quand

(21)

20 Paradoxalement ˆ un repli sur eux-mmes parfois observŽ au sein de leur environnement social, lorsquÕils sont en prise en charge, les patients parkinsoniens sont trs investis dans ce qui leur est proposŽ.

*

Il sera important, lors dÕune prise en charge, de prendre en compte le fait que la maladie de Parkinson soit une maladie Žvolutive, qui ne se soigne pas. Elle peut tre ralentie, mais en aucun cas elle ne sera stoppŽe, ce qui nÕest jamais totalement acceptŽ par les patients. Comme pour toute maladie grave, aprs lÕannonce du diagnostic, appara”t une sorte de mise en question de son tre, de son identitŽ, un processus de deuil qui va faire Žvoluer la perception de la maladie, chez la personne.

Ç Ce travail de deuil de lՎtat de santŽ antŽrieur permet lÕacceptation de la maladie

chronique c'est-ˆ-dire lÕappropriation de sa maladie par le patient È. 1

Le patient atteint dÕune maladie neurodŽgŽnŽrative comme la maladie de Parkinson va prendre conscience quÕelle est incurable et tre confrontŽ ˆ la notion de perte ; perte de capacitŽs ; mais aussi ˆ lÕapparition de la question de la mort.

Nous voyons chez les malades chroniques diffŽrentes Žtapes du processus de deuil dŽcrit dans le modle de E.K†BLER-ROSS (12) : choc initial, dŽni, rŽvolte, nŽgociation, rŽflexion, acceptation. Durant la phase dÕacceptation qui peut tre partielle, la personne va voir Žvoluer une image dÕelle et pourra accepter les contraintes quotidiennes que la maladie impose.

*

Un accompagnement long pourra avoir un impact sur le regard que le sujet porte sur lui-mme, que les autres ont de lui, et pourra participer au maintien et ˆ la recherche de son identitŽ. Mais alors quÕen est-il lors dÕune prise en charge ponctuelle ?

(22)

21

2) En intervention ponctuelle

a) LÕorganisation hospitalire

LÕintervention ponctuelle du psychomotricien se retrouve, entre autres, dans le milieu hospitalier, les patients Žtant hospitalisŽs pour seulement quelques semaines.

LÕh™pital est un endroit o le patient est encadrŽ. En effet, le lieu et les obligations quotidiennes (la toilette, les repas, la prise des mŽdicaments, la visite du mŽdecin et la rŽŽducation) lui apportent le cadre nŽcessaire ˆ son adaptation. CÕest cette rŽpŽtition dÕactes qui donne ses repres aux patients. On peut faire rŽfŽrence ˆ ce que D. MARCELLI nomme macrorythmes (17).

En effet, ces rythmes hospitaliers ont un c™tŽ maternant, contenant pour les patients. Ils leur apportent une sŽcuritŽ qui va leur permettre dÕanticiper les diffŽrents temps de la journŽe et ainsi dÕaccepter les temps dÕattente.

Cependant, cet encadrement, ces rythmes, peuvent tre vŽcus comme une contrainte par les patients.

Les professionnels de lՎquipe soignante qui amnent cet encadrement ont aussi une fonction de contenance. Ils portent attention au patient par lÕintermŽdiaire des diffŽrents soins apportŽs dans la journŽe. MalgrŽ ces attentions du personnel soignant, il est important de noter que lÕhospitalisation et la dŽpendance qui lÕaccompagne souvent, restent angoissantes voire mme difficilement acceptables pour les patients.

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22 Il est possible que lÕhospitalisation entra”ne un syndrome de glissement (5), et plus particulirement encore chez le patient ‰gŽ. Il se caractŽrise par lÕapparition de comportements de dŽsinvestissement ˆ lՎgard de la vie tels que lÕasthŽnie, lÕanorexieÉ et de comportements dÕopposition et de refus tels que le refus de soins, de sÕhabillerÉ Ce syndrome va traduire la perte de lÕenvie de vivre de la personne.

*

Les patients parkinsoniens sont hospitalisŽs lorsque les mŽdicaments ne font plus effets ou quÕils entra”nent des effets secondaires trop envahissants. A ce stade, malgrŽ les efforts de lՎquipe soignante, les patients perdent souvent leur autonomie, leur indŽpendance, ce qui peut tre mal vŽcu (cas de Mme D ci-dessous). Ils sont frŽquemment dŽstabilisŽs, cela reprŽsente un pallier, une Žtape de plus dans lՎvolution de leur maladie.

De plus, pour installer un nouveau traitement, il faut sevrer le patient de lÕancien, puis rŽintroduire les doses progressivement. Alors parfois, cÕest un Ç choc È pour les patients qui nÕont pas anticipŽ ce moment du sevrage.

Mme D, est une ancienne infirmire et directrice de maison de retraite accueillant, entre autres, des patients parkinsoniens. Elle est maintenant elle-mme atteinte de cette maladie. Au cours dÕun entretien, elle me dira ˆ quel point il est difficile pour elle de sՐtre occupŽe de personnes dŽpendantes, et dՐtre ˆ son tour incapable de gŽrer seule son quotidien.

Les patients vivent leur corps comme un Ç poids È, un Ç fardeau È du fait des tensions que provoquent les tremblements, les dyskinŽsies, les blocages et lÕhypertonie. Ils le vivent comme quelque chose de douloureux, qui ne leur appartient plus, quÕils ne maitrisent plus et sont souvent en proie ˆ un sentiment de dŽvalorisation.

Alors que peut leur apporter la psychomotricitŽ lorsquÕils sont dans une situation dÕhospitalisation ?

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23 b) La psychomotricitŽ dans le milieu hospitalier

La psychomotricitŽ est une profession qui a la particularitŽ de ne pas tre dans lÕurgence, contrairement ˆ dÕautres professionnels de santŽ, qui, lŽgitimement, doivent intervenir assez rapidement auprs du patient.

LÕoriginalitŽ et la spŽcificitŽ de la pratique psychomotrice se retrouve aussi dans la mise en place dÕun cadre psychomoteur.

Ç Le cadre thŽrapeutique est ce qui contient une action thŽrapeutique dans un lieu,

dans un temps, dans une pensŽe. È !

Ce cadre essentiel, que nous dŽcrit C. POTEL (20), doit permettre dÕassurer une fonction de contenance, de sŽcuritŽ, de limite.

*

La psychomotricitŽ est une rencontre lors de laquelle va sÕinstaurer une relation. Pour Žtablir cette dernire, il para”t important que le psychomotricien utilise ses connaissances, son savoir faire, mais aussi son savoir tre. Il faut quÕil ait conscience de sa posture et puisse sÕajuster par rapport au patient. Le psychomotricien utilise son langage corporel pour entrer en relation.

DÕaprs F. DESOBEAU, psychomotricienne, Ç Le psychomotricien se doit de possŽder des connaissances et un savoir faire. Cela ne va pas suffire. Encore doit-il possŽder un savoir tre, et qui plus est, un savoir exister dans son corps. Car la spŽcificitŽ de la relation thŽrapeutique en psychomotricitŽ est que le psychomotricien sÕimplique dans son

langage corporel pour rencontrer lÕenfant (le patient) lˆ o il est et comme il est È. 2

1 POTEL, Catherine. Etre psychomotricien, un mŽtier du prŽsent, un mŽtier d'avenir. Ers.p. 321.

2 DESOBEAU, F. Ç IdentitŽ et fonction du psychomotricien È. ThŽrapie psychomotrice et recherches n¡162,

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24 Mme D est hospitalisŽe dans le cadre dÕune rŽŽvaluation clinique et thŽrapeutique de sa maladie de Parkinson. Lorsque je lÕai rencontrŽe, elle prŽsentait dÕimportantes dyskinŽsies. CՎtait la premire fois que jՎtais face ˆ des troubles moteurs dÕune telle ampleur. JÕai ŽtŽ confrontŽe ˆ la difficultŽ de mÕajuster, de diminuer mon rythme, de ralentir mon dŽbit de paroles et dÕadapter ma tonicitŽ.

La premire chose que fait un psychomotricien est de procŽder ˆ une lecture de la problŽmatique du patient et de sÕajuster. En effet, cette lecture amne un ajustement immŽdiat du psychomotricien qui lui permet, en retour, de mieux percevoir. CÕest en ce sens quÕil met en jeu son savoir tre et son savoir exister nŽcessaire pour entrer en relation avec le patient.

Lors dÕune rencontre ponctuelle, comme pour toute prise en charge psychomotrice, il est donc important quÕune relation sÕinstalle entre le patient et le psychomotricien. Il est nŽcessaire quÕil y ait un ajustement immŽdiat ; une des particularitŽs de la prise en charge brve.

Cette relation consiste ˆ porter attention ˆ lÕautre, Žcouter ce quÕil dit verbalement, mais aussi observer la faon dont il se tient, sa posture, ses mouvements, la prŽsence ou non de tensions... En effet, si pour lÕadulte, contrairement ˆ lÕenfant, le lien aux autres se rŽalise principalement par le langage et non plus par la motricitŽ (le langage est devenu son mode de communication privilŽgiŽ), il est important de porter attention ˆ tout ce qui est de lÕordre de la communication non verbale.

Ç Parmi le discours non verbal, on observe des manires de dire, mais aussi des manires dՐtre, les attitudes È. !

La relation thŽrapeutique est donc un espace partagŽ, un moment de lÕhistoire du sujet. CÕest un espace o le patient est ŽcoutŽ. Elle permet une recherche de solutions ˆ un mal tre, une Žlaboration qui va vers une recherche de changements, dÕapaisement.

*

1

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25 La psychomotricitŽ peut trouver sa place en milieu hospitalier car elle reprŽsente Ç un moment È dŽterminŽ, cadrŽ, durant lequel la disponibilitŽ du thŽrapeute permet au patient dՐtre attentif ˆ lui-mme, ˆ ce quÕil ressent, aux sensations quÕil peut Žprouver.

Elle permet de rompre avec lÕexpŽrience angoissante de lÕhospitalisation. CÕest Ç un lieu È, Ç un Žchange È, o le patient peut sՎvader et sÕapaiser. La psychomotricitŽ est, dans ce contexte, une faon de sÕextraire dÕun univers fait de contraintes. Elle est une forme de respiration pour le patient.

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Il me parait primordial de ne pas minimiser une intervention brve. En effet, il est possible que se soit un moment marquant.

Melle B est une jeune femme de 21 ans, hospitalisŽe pour une rŽŽvaluation de son traitement pour la maladie de Parkinson. Elle est atteinte dÕune forme juvŽnile gŽnŽtique rare de la maladie depuis quÕelle est ‰gŽe de 12 ans. Il est Žcrit dans son dossier quÕelle vit dans un environnement familial et social instable. ElevŽe par sa grand-mre, elle a ŽtŽ prise en charge par plusieurs services sociaux.

Je la rencontre ˆ la demande de lՎquipe. Durant notre entretien, Melle B me parle de lÕhistoire de sa maladie et des consŽquences physiques quÕelle a entra”nŽes. Elle me raconte principalement son expŽrience avec la psychomotricitŽ, sa prise en charge de courte durŽe, il y a des annŽes de cela. Cependant, elle se souvient encore des sŽances de relaxation et les refait rŽgulirement lorsquÕelle se sent angoissŽe. Elle me montre aussi un flacon dÕhuile essentielle quÕelle utilisait en sŽance et dont elle dit se servir encore trs rŽgulirement aujourdÕhui. Elle me demande de revenir dans lÕaprs midi pour une sŽance de relaxation. JÕaccepte, mais la sŽance nÕaura pas lieu car elle reoit de la visite et souhaite profiter de ses amis.

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26 Le cas de Melle B illustre bien lÕimportance que peut avoir une intervention psychomotrice, mme courte, et surtout son inscription dans la mŽmoire et le quotidien de la patiente. Ma seule rencontre avec Melle B me semble avoir rŽactivŽ lÕaction de la prise en charge prŽcŽdente.

*

Aprs avoir prŽsentŽ ma vision de la psychomotricitŽ et plus particulirement auprs des patients parkinsoniens hospitalisŽs, je vais maintenant Žnoncer des hypothses. Je tenterai dÕy rŽpondre dans la suite de ce mŽmoire, en prenant appui sur le dŽroulement de mon stage et sur lÕanalyse des signes cliniques observŽs.

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HYPOTHESES

Le tonus est trs ŽlevŽ chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson pour deux raisons. La premire est directement liŽe aux dysfonctionnements neurologiques du sujet malade, sur lequel, seuls certains traitements mŽdicamenteux peuvent tre efficaces. En revanche il existe une part du tonus sensible aux Žmotions.

LÕaccompagnement du processus de lՎmergence du sentiment permet une meilleure intŽgration de lÕexpŽrience tonique.

Je pose les hypothses suivantes :

Une intervention psychomotrice, mme ponctuelle, peut avoir une action bŽnŽfique sur les patients parkinsoniens.

Les outils thŽrapeutiques du psychomotricien, en particulier la relaxation et lÕapproche sensorielle, amnent une variation tonique permettant lՎmergence dՎmotions qui deviennent accessibles ˆ une reprŽsentation symbolisable.

LÕajustement tonique du psychomotricien permet lÕexpression dՎmotions entra”nant une variation tonique sensible, perue comme un apaisement par le patient.

Le rel‰chement tonique est dÕautant plus peru que la prŽsence du psychomotricien le souligne soit par des mots, soit uniquement par le regard.

LÕintervention en psychomotricitŽ intervient dans le processus dՎmergence du sentiment dÕexister.

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28 Il mÕest apparu intŽressant, lors dÕune intervention brve, dՎtudier les changements que celle-ci peut entra”ner sur les sentiments et les Žmotions dÕun patient parkinsonien en tenant compte de ses ressentis immŽdiats.

LÕintervention ponctuelle correspond ˆ un nombre de sŽances allant dÕune ˆ trois rencontres. Il est important de prendre en compte que, du fait dÕune prise en charge courte, les changements brefs dՎmotions et de sentiments peuvent tre moins attribuŽs aux mŽdicaments.

Pour vŽrifier ces hypothses, en plus de lÕobservation clinique qui sera dŽtaillŽe, jÕai conu plusieurs outils, dŽcrits dans la suite du mŽmoire pour tenter dÕobjectiver les changements.

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ETRE STAGIAIRE PSYCHOMOTRICIENNE AU SEIN

DÕUN SERVICE DE NEUROLOGIE

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I-

Une pŽriode dÕobservation

Durant ma pŽriode dÕobservation, se dŽroulant du mois dÕoctobre au mois de dŽcembre, je dŽcide de demander aux patients que je rencontre ˆ lÕh™pital sÕils savent ce quÕest leur maladie, sÕils connaissent leur traitement, et dÕo proviennent les informations quÕils possdent. Je dŽbute alors la rŽdaction dÕun questionnaire (Annexe 3) qui, je prŽcise, nÕest pas un questionnaire dit Ç Žducatif È dans le cadre dÕun programme dՎducation thŽrapeutique. CÕest simplement pour moi une faon dÕaller ˆ la rencontre de patients, de connaitre les changements quÕentra”ne la maladie, et de me faire une idŽe de leurs ressentis. Durant cette rencontre, je laisse le patient, sÕil le souhaite, aborder dÕautres sujets. JÕutiliserai ce questionnaire uniquement pendant cette pŽriode dÕobservation.

A la fin du questionnaire, je choisis de leur demander de se dessiner (lorsque cela est possible), simplement comme ils se ressentent, comme ils ressentent leur corps, lorsquÕils sont debout. Ceci me permet de me faire une idŽe sur la manire dont ils peroivent leur corps, leurs limites corporelles. (Annexe 4). Le contour du dessin nÕest pas net, il y a peu, voire pas de continuitŽ entre les membres. DÕune manire gŽnŽrale, on note des disproportions des membres, ou des emplacements faussŽs. Le tonus nÕest pas adaptŽ, le trait est peu ou trs appuyŽ. Il est discontinu, tremblant. Ces dessins mettent en Žvidence une absence dÕenveloppe corporelle. Ils permettent Žgalement dÕobserver un dŽsinvestissement ou surinvestissement de certaines parties du corps.

Durant ces premiers mois, jÕassiste ˆ de nombreuses sŽances de kinŽsithŽrapie. Elles me permettent dÕobserver quelques rŽpercussions de la maladie sur les patients.

Le tonus, la raideur, est ce que je remarque en premier. Souvent, lՎmotion est peu transmise et exprimŽe ce qui rend difficile la communication non verbale, nŽcessaire ˆ la relation. NŽanmoins, elle nÕest pas la seule ˆ la troubler. En effet, gr‰ce ˆ mes Žchanges avec les patients comme avec les professionnels, jÕai pu constater quÕun sujet prŽsentant des dyskinŽsies ne contr™le plus son corps. Il nÕest plus ma”tre de ces mouvements. La relation aux autres devient alors compliquŽe, et le risque pour les patients est de se replier sur eux-mmes.

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31 JÕobserve Žgalement une absence de ma”trise de leur corps, et un dŽsinvestissement de celui-ci avec souvent la perte de lÕenvie de se mouvoir. Je mÕaperois quÕils dŽcrivent leur corps uniquement comme dŽfaillant et source de souffrance. Dans leurs discours, un sentiment dÕangoisse et de perte de confiance en eux est rŽcurrent.

Un phŽnomne frŽquent chez ces patients est la rŽtropulsion. Elle est souvent prŽsente lorsquÕils sont assis, ou bien debout lors de la marche. Ils nÕont pas conscience de cette posture, qui sera parfois ˆ lÕorigine dÕun dŽsŽquilibre pouvant entra”ner des chutes.

Ces diffŽrentes observations me permettent de conclure ˆ la nŽcessitŽ dÕun travail en psychomotricitŽ.

A la fin de cette pŽriode, je monte un projet que je prŽsente ˆ lՎquipe du service. Dans ce projet est proposŽe une dŽfinition de la psychomotricitŽ axŽe sur la prise en charge de patients parkinsoniens. JÕy introduis Žgalement certaines mŽdiations que je pourrai tre amenŽe ˆ utiliser.

A travers ce projet, je souhaite montrer la place que pourrait prendre le psychomotricien dans un service hospitalier tel que celui o jÕeffectue mon stage. JÕessaie aussi dՎtudier et de montrer lÕutilitŽ dÕune telle prise en charge gr‰ce aux retours que pourront mÕapporter les patients ou quÕils partageront avec lՎquipe soignante.

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II- RŽsumŽ du projet de stage expŽrimental prŽsentŽ ˆ lՎquipe

Voici le rŽsumŽ du projet prŽsentŽ ˆ lՎquipe au mois de dŽcembre. Il me para”t important de le partager ici car il est une des bases de la rŽflexion que je dŽveloppe tout au long de ce mŽmoire. La dŽfinition de la psychomotricitŽ auprs des patients parkinsoniens que jÕavais proposŽe ˆ lՎquipe, nÕappara”t pas dans le rŽsumŽ car elle a ŽtŽ dŽveloppŽe dans la partie : Ç Ma vision de la psychomotricitŽ È.

*

JÕavais proposŽ de prendre en sŽance individuelle les patients, pour qui, une sŽance de psychomotricitŽ pourrait tre bŽnŽfique.

Voici les mŽdiations que jÕavais dŽcrites ˆ lՎquipe :

" De la relaxation : elle se prŽsente sous forme dÕinduction verbale. Elle permet au patient de se centrer sur ses sensations, dÕamener un abaissement du tonus musculaire, et dÕagir sur lÕanxiŽtŽ, le stress.

" Des stimulations sensorielles : o MŽthode Bergs.

o Massages avec diffŽrentes balles.

o Approche sensorielle avec huiles essentielles.

Ces mŽdiations peuvent permettre lՎmergence de nouvelles sensations, notamment de contenance afin de diminuer les phŽnomnes dÕanxiŽtŽ et de stress.

JÕavais aussi suggŽrŽ le recours ˆ une sŽance de coordinations et dՎquilibre pour les patients chez qui elle pouvait sÕavŽrer utile.

Elle peut aider le patient ˆ garder une autonomie dans les dŽplacements tout en lui permettant un rŽinvestissement corporel avec :

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33 ¥ Un travail sur lՎquilibre dynamique qui joue sur lÕorganisation de la marche :

o Parcours entre des barres parallles (ou non) avec obstacles : coussins, tapis, balles ˆ enjamberÉ

o Un grand cerceau et dedans un petit cercle ; le patient tourne en rond avec un pied entre le cerceau et le cercle et un pied hors du cerceau.

o Une ligne, des cerceaux alignŽs sur celle-ci et le patient marche en avant et en arrire avec un pied de chaque c™tŽ de la ligne mais dans le cerceau.

¥ Un travail sur lÕaxe :

o Assis sur le gros ballon : balancement de droite ˆ gauche et dÕavant en arrire. o Assis sur la table Bobath : ballon gonflable ˆ envoyer ˆ droite et ˆ gauche. JÕavais ensuite dŽcrit quels Žtaient mes objectifs, tout en prŽcisant que de nombreux changements pourraient tre observŽs dans le cadre dÕune prise en charge sur plusieurs sŽances, mais que la durŽe dÕhospitalisation trs courte des patients ne me permettrait de faire quÕune voire deux sŽances (et plus exceptionnellement trois) avec chacun dÕentre eux. Les objectifs en une sŽance Žtaient dՎtablir une relation thŽrapeutique permettant au patient de se recentrer sur lui-mme et de lÕamener vers une conscience corporelle.

Enfin, jÕavais prŽcisŽ ˆ lՎquipe que pour chacune de mes sŽances, jÕallais tre amenŽe ˆ faire Žmerger et ˆ prendre en compte le ressenti quՎprouvaient les patients face aux changements de leur corps.

*

Dans ce projet, jÕavais fais le choix de proposer une sŽance de coordinations et dՎquilibre que je nÕai jamais eu ˆ rŽaliser. Les kinŽsithŽrapeutes participent dŽjˆ au maintien des ces capacitŽs. Alors, mme sÕil est vrai que nous nÕavons pas le mme regard clinique, ni la mme faon dÕaborder une sŽance, ce sont des exercices quÕeffectuent dŽjˆ les patients avec eux.

*

Nous allons donc maintenant dŽcouvrir le mode dÕintervention mis en place pour rŽaliser ce projet.

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35 Les patients sont hospitalisŽs dans la majoritŽ des cas durant une semaine. Parfois leur hospitalisation se prolonge ˆ deux, et plus exceptionnellement, ˆ trois semaines. Ma prŽsence dans ce service Žtant limitŽe aux jeudis, mon intervention auprs des patients aura lieu, la plupart du temps, sur cette unique journŽe.

Pour chacune de mes prises en charge, jÕai fait le choix de les sŽparer en deux temps : lÕentretien et la sŽance.

LÕentretien a lieu, dans la mesure du possible, le matin. Il se dŽroule sous la forme dÕun entretien semi directif. Des questions ouvertes sont posŽes au patient. Elle me permettent dÕaborder des thmes principaux (environnement familial et social, motif de lÕhospitalisation, changements liŽs ˆ la maladieÉ), tout en laissant la libertŽ au patient dՎvoquer dÕautres sujets sÕil le souhaite. Cet entretien thŽrapeutique, me permet, ˆ partir dÕobservations cliniques et aprs Žlaboration dÕune demande par le patient, de mettre en place, si besoin est, une sŽance adaptŽe.

La sŽance se dŽroule gŽnŽralement lÕaprs midi dans une salle prŽvue ˆ cet effet. Elle a ŽtŽ mise ˆ ma disposition par lՎquipe soignante. NŽanmoins, pour les patients dont la perte dÕautonomie ne leur permet pas de sortir de la chambre, la sŽance a lieu dans celle-ci.

Lors de ces rencontres, il est important dՐtre dans une Žcoute empathique. Il est nŽcessaire dՐtre attentif ˆ sa disposition spatiale, sa posture, le ton de sa voixÉ Cette notion dÕempathie est centrale en psychomotricitŽ et demande un ajustement sur le plan tonique mais aussi sur le plan Žmotionnel, lÕun et lÕautre Žtant Žtroitement liŽs.

Pour mon cheminement personnel, je choisis dՎvaluer les changements quÕentra”ne une sŽance de psychomotricitŽ sur ces patients. Dans ce but, jÕutilise des outils que jÕai crŽŽs avec lÕaide des professionnels qui mÕentourent.

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37 Lorsque cela sÕavre possible, en dŽbut et fin de sŽance, je demande aux patients de se dessiner, simplement comme ils se ressentent lorsquÕils sont debout. Ce dessin de conscience corporelle est un outil que je nÕai pu utiliser souvent en raison des troubles importants de lՎcriture tels que la micrographie quÕentra”ne la maladie de Parkinson. Ces troubles sont souvent majorŽs par les dyskinŽsies ou les tremblements.

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LÕoutil principal, que jÕai rŽalisŽ et nommŽ Ç nuage È a ŽtŽ un vŽritable support dans mes rŽflexions personnelles :

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38 Avant la sŽance :

Comment vous sentez-vous moralement ? Entourez le mot qui correspond au sentiment que vous Žprouvez maintenant.

AngoissŽ(e)

ApaisŽ(e)

Heureux (se)

StressŽ(e)

AgitŽ(e)

EnervŽ(e)

ColŽreux (se)

Confiant(e)

Tendu(e)

DŽtendu(e)

DŽboussolŽ(e)

DŽprimŽ(e)

FatiguŽ(e)

Enthousiaste

Triste

SoulagŽ(e)

Souffrant(e)

Calme

StimulŽ(e)

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39 Aprs la sŽance :

Comment vous sentez-vous moralement ? Entourez le mot qui correspond au sentiment que vous Žprouvez maintenant.

AngoissŽ(e)

ApaisŽ(e)

Heureux (se)

StressŽ(e)

AgitŽ(e)

EnervŽ(e)

ColŽreux (se)

Confiant(e)

Tendu(e)

DŽtendu(e)

DŽboussolŽ(e)

DŽprimŽ(e)

FatiguŽ(e)

Enthousiaste

Triste

SoulagŽ(e)

Souffrant(e)

Calme

StimulŽ(e)

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40 Gr‰ce ˆ cet outil, je peux constater certains des changements quÕentra”ne une sŽance de psychomotricitŽ sur les patients parkinsoniens. CÕest un outil analogique qui me permet de conna”tre leur ressenti avant et aprs la prise en charge. JÕai fait le choix de proposer des mots qui correspondent ˆ divers sentiments ˆ connotations positives et nŽgatives, et de les placer diffŽremment sur le nuage dÕavant et celui dÕaprs la sŽance. Ainsi, le patient, ˆ la fin de la sŽance, doit relire la totalitŽ des mots avant de faire son choix.

*

JÕai aussi mis en place une Žchelle dÕauto-Žvaluation du tonus inspirŽe de lՎchelle dÕauto-Žvaluation de la douleur (Echelle Visuelle Analogique). Elle se prŽsente sous la forme dÕune rŽglette horizontale ˆ deux faces. Sur la face prŽsentŽe aux patients se trouve un curseur quÕils mobilisent le long dÕune ligne dont lÕune des extrŽmitŽs correspond ˆ Ç Rel‰chŽ(e), DŽtendu(e) È et lÕautre correspond ˆ Ç Rigide, Tendu(e) È. Les patients doivent, le long de cette ligne, placer le curseur (initialement positionnŽ au milieu) ˆ lÕendroit qui situe le mieux leur Žtat tonique. Sur lÕautre face, que les patients ne voient pas, se trouve des graduations. La position du curseur mobilisŽ par les patients permet de lire lÕintensitŽ de leur Žtat de tonicitŽ. Ainsi, le patient Žvalue lui mme son Žtat tonique.

*

JÕai ŽtŽ amenŽ ˆ utiliser le test du ballant pour Žvaluer la diffŽrence de tonus de fond avant et aprs une sŽance.

*

Mon stage a donc commencŽ par une pŽriode dÕobservation de trois mois qui mÕa permis de conclure ˆ la nŽcessitŽ dÕune approche psychomotrice auprs des patients parkinsoniens hospitalisŽs. Cette pŽriode mÕa aussi permis de prŽparer un projet de stage dont je vous ai prŽsentŽ un rŽsumŽ, et de rŽflŽchir ˆ un mode dÕintervention et ˆ des outils dՎvaluations, dŽtaillŽs ci-dessus.

Je vais maintenant approfondir les notions thŽoriques ŽvoquŽes lors de mon hypothse et qui seront illustrŽes lors des analyses cliniques de la partie suivante.

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I-

Dilemme

Lors de mes premires prises en charge, suite ˆ mes observations cliniques, une question sÕest posŽe ˆ moi : comment nommer les changements que jÕobservais ? Emotion, sentiment, humeur ? CÕest en me plongeant dans leur dŽfinition que jÕai rŽellement compris ce qui les diffŽrenciait. Il me semble donc important de vous les prŽsenter pour que vous puissiez comprendre ma dŽmarche et mon choix.

1) LՎmotion

H. WALLON (18), dans sa thŽorie, dŽmontrera lÕÇ intŽrt vital È de la fonction expressive des Žmotions chez le nourrisson.

Pour H. WALLON, lÕenfant (et plus particulirement le nourrisson) nÕa pas la possibilitŽ dÕagir sur son entourage. Il utilise donc les Žmotions et leur fonction expressive comme un moyen dÕaction sur celui-ci.

Les Žmotions sont aussi un moyen de dŽchargement tonique. Elles vont tenter dÕamener une rŽorganisation de lÕorganisme, malgrŽ la prŽsence de phŽnomnes physiques et physiologiques aux apparences dŽsorganisŽes qui lÕaccompagnent.

LՎmotion donne au nourrisson un pouvoir dÕaction sur son entourage et de communication avec lui.

Avec lՎvolution et lÕadaptation de lÕindividu, la motricitŽ et la reprŽsentation intellectuelle des choses deviendront les activitŽs principales de relations, dŽpassant lՎmotion.

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43 Donc, selon la thŽorie de H. WALLON, les Žmotions sont la base de la vie psychique bien que peu ˆ peu, ce soient les activitŽs psychiques supŽrieures qui prennent le dessus. Nous pouvons voir notamment ce phŽnomne avec lÕapparition du langage, qui deviendra le mode principal dÕexpression et de communication.

Cependant, le psychomotricien, au cours de sa prise en charge, ne devra pas seulement sÕintŽresser au langage verbal. Aussi, il me semble important de dŽcrire la place des Žmotions en psychomotricitŽ, et son intŽrt lors dÕune prise en charge.

Il para”t difficile dՎtudier de manire objective lՎmotion. En effet, elle est liŽe aux ressentis de chacun. Elle fait rŽfŽrence ˆ notre expŽrience subjective. Il a ŽtŽ tout de mme possible de repŽrer certaines Ç Žmotions de bases È telles que : la peur, la colre, la joie, la tristesse, le dŽgout, et la surprise.

Les Žmotions se manifestent par des changements corporels. Couramment, le terme mme dՎmotion est employŽ nŽgativement du point de vue de ce quÕelle entra”ne physiologiquement, ˆ savoir les rougeurs, la sueur, la p‰leur, les tremblements, lÕagitationÉ

Les Žmotions constituent une chaine dՎvnements ˆ lÕorigine de ces manifestations corporelles. Pour A. DAMASIO (8), lÕesprit Žvalue la situation, en tenant compte de lÕenvironnement interne et externe ˆ lÕorganisme, puis va y rŽpondre de faon adŽquate et adaptŽe : se sont les Žmotions.

Elles peuvent donc tre visibles ˆ lÕobservation clinique et restent importantes en psychomotricitŽ. Elles permettent une communication non verbale, nŽcessaire au bon ajustement du psychomotricien, indispensable ˆ sa relation avec les patients. Les Žmotions sont alors le support de lÕexpressivitŽ.

Pour A. DAMASIO (8), les Žmotions sont visibles corporellement, mais pas seulement. Elles peuvent aussi avoir des manifestations physiologiques qui ne se voient pas ˆ lÕobservation.

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44 LՎtymologie du mot Žmotion (emotio, issu dÕex-movere,) signifie mouvement vers lÕextŽrieur 1. LÕorigine de ce terme indique dŽjˆ lÕidŽe de mouvement, donc de manifestations

corporelles et de visibilitŽ des Žmotions.

Les Žmotions, support de lÕexpressivitŽ, sont permises gr‰ce aux modifications toniques participant ˆ la sensation dÕenveloppe corporelle, de limites, et sont ˆ la base dÕun sentiment dÕexister (il sent son corps, il se sent exister, il sent quÕil vit).

2) Les sentiments

Selon A. DAMASIO, Ç le sentiment, au sens pur et Žtroit du mot est lÕidŽe du corps

qui est dÕune certaine manire È 2. Les sentiments sont Ç des rŽvŽlateurs de lՎtat vŽcu au sein

de lÕorganisme tout entier È. 3

Les sentiments impliquent donc la perception que lÕindividu a de son Žtat et en particulier de son corps. Ils sont une manire de qualifier les ressentis ŽprouvŽs et reprŽsentent une perception plus ŽlaborŽe du vŽcu.

Le sentiment est Ç en grande partie constituŽ par la perception dÕun certain Žtat du

corps [É] et celle dÕun certain Žtat dÕesprit lÕaccompagnant È. 4

Le sentiment correspond ˆ la perception ˆ la fois de son Žtat psychique et de son Žtat corporel. Pour quÕil y ait Žmergence dÕun sentiment, il est nŽcessaire de pouvoir comprendre (ŽlŽment cognitif) et percevoir des sensations et leur mise en relation. Le sentiment est exprimable. Tant que ce nÕest pas exprimable on ne parle pas de sentiment.

1 Dictionnaire Le Petit Robert.

2 DAMASIO, Antonio R. Spinoza avait raison; Joie et tristesse, le cerveau des Žmotions. Poches Odile Jacob,

2005. p. 93.

3 DAMASIO, Antonio R. Spinoza avait raison; Joie et tristesse, le cerveau des Žmotions. Poches Odile Jacob,

2005. p. 13.

4 DAMASIO, Antonio R. Spinoza avait raison; Joie et tristesse, le cerveau des Žmotions. Poches Odile Jacob,

(46)

45

3) LÕhumeur

A lÕorigine, le terme humeur est employŽ par la mŽdecine pour dŽsigner des fluides corporels. AujourdÕhui, elle utilise trs peu ce terme.

Il est plut™t repris en psychologie ou en psychiatrie comme dŽsignant Ç un Žtat affectif relativement stable et durable : bien que parfois fluctuant ; lÕhumeur nÕest pas liŽe ˆ un objet prŽcis. È 1

CÕest en ce sens quÕelle se diffŽrencie de lՎmotion qui se caractŽrise par une durŽe brve et une forte intensitŽ. En effet, dÕaprs le Larousse, lՎmotion est Ç une rŽaction affective transitoire dÕassez grande intensitŽ, habituellement provoquŽe par une stimulation

venue de lÕenvironnement È. 2

Dans son ouvrage consacrŽ aux dŽrglements de lÕhumeur, Jean DELAY, psychiatre, en propose une dŽfinition. Ç Cette disposition affective fondamentale, riche de toutes les instances Žmotionnelles et instinctives, qui donnent ˆ chacun de nos Žtats dՉme une tonalitŽ

agrŽable ou dŽsagrŽable, oscillant entre les deux p™les extrmes du plaisir et de la douleur È.3

LÕhumeur est donc un Žtat affectif Ç de base È propre au sujet qui vient donner le ton, la couleur, ˆ ce qui est vŽcu. Ce nÕest pas un Žtat constant. En effet, pour chaque personnalitŽ, il fluctue autour dÕune humeur que lÕon pourrait qualifier dÕÇ humeur de fond È.

Ici, J. DELAY parle de variation de lÕhumeur comme oscillant entre le plaisir et la douleur. Les troubles de lÕhumeur seraient alors une exagŽration de ces oscillations. Ils peuvent tre rŽpartis en deux classes : les troubles dŽpressifs et les troubles bipolaires ou maniaco-dŽpressifs (que nous ne dŽtaillerons pas dans ce mŽmoire).

Aprs avoir dŽfini chacune de ces notions, il me semble important de prŽciser quÕelles peuvent avoir une influence les unes envers les autres.

1

GIFFARD, BŽnŽdicte. ÇTraitŽ de neuropsychologie clinique, Chapitre 22. Emotion, humeur et motivation.È

Neurosciences & cognition, 2008. p. 383.

2 Dictionnaire Larousse 3

(47)

46

II- Mon choix

Durant mes interventions, jÕobserverai les Žmotions du patient dans sa posture, son tonus, les expressions de son visage, sa faon dՐtre en mouvements ou dÕautres manifestations corporelles. Je choisis donc dÕutiliser le terme dÕÇ ŽmotionÈ pour faire rŽfŽrence ˆ cette expressivitŽ.

Je parlerai de Ç sentiments È lorsquÕil y aura une expression possible (lÕexpression comprenant une dimension intensionnelle qui nÕest pas retrouvŽe dans lÕexpressivitŽ).

Pour faire ce choix, je me suis appuyŽe principalement sur le lien entre Žmotions et sentiments.

Pour DAMASIO (8), se sont les Žmotions qui prŽcdent les sentiments. Il pose comme principe que les pensŽes dŽclenchent les Žmotions et que les Žmotions, corporelles, deviennent ensuite de nouvelles pensŽes que nous appelons sentiments.

En effet, Žmotions et sentiments sont liŽs dans un cycle. Des pensŽes vont causer des Žmotions qui vont ensuite faire Žmerger des sentiments exprimant de nouvelles pensŽes qui peuvent ˆ leur tour, venir amplifier lՎtat Žmotionnel.

Ç Les Žmotions se manifestent sur le thŽ‰tre du corps ; les sentiments sur celui de lÕesprit È. 1

Le tonus musculaire Žtant la base de la manifestation des Žmotions, il semble important de le dŽfinir afin de cerner lÕintŽrt de la liaison tonus-Žmotion en prise en charge psychomotrice.

1 DAMASIO, Antonio R. Spinoza avait raison; Joie et tristesse, le cerveau des Žmotions. Poches Odile Jacob,

(48)

47

III- Le tonus musculaire

Chez les patients parkinsoniens la prise en considŽration du tonus musculaire est essentielle. Ces derniers prŽsentent divers troubles moteurs, dont la rigiditŽ.

Le tonus musculaire peut tre dŽfini comme Ç une contraction lŽgre, physiologique

des muscles, entretenue par des influx nerveux È 1. Il est donc un Žtat de tension permanente

et involontaire des muscles.

Une contraction rŽpŽtŽe se traduira sur le plan musculaire par une augmentation de la tension que lÕon appellera hypertonie musculaire. A lÕinverse, lorsque la contraction de fond diminue, on parlera dÕhypotonie musculaire. 2

Son dŽveloppement durant lÕenfance se fait dÕune hypotonie vers un tonus normal pour le rachis et dÕune hypertonie vers un tonus normal pour les membres.

Le tonus musculaire a, entre autres, pour r™les principaux : la cohŽsion de lÕensemble du corps ; le soutien et lÕexpression de lՎveil, la vigilance ; mais encore la prŽparation au mouvement.

Nous pouvons distinguer plusieurs formes de tonus :

" Le tonus de fond, Žgalement appelŽ tonus de base. Il est constituŽ de lՎtat de lŽgre tension des muscles. Involontaire et permanent, il subsiste mme au repos et lors du sommeil. Il reprŽsente le substrat de lÕaffectivitŽ et des Žmotions. De plus, il soutient le sentiment dÕunitŽ corporelle. Il permet le tonus dÕattitude, ou tonus postural, reprŽsentant lÕactivitŽ tonique minimale permettant lՎquilibre et la station debout. Ce dernier est liŽ ˆ la vigilance et ˆ lՎveil.

" Le tonus dÕaction rŽsulte dÕune contraction musculaire permettant le mouvement et lÕaction.

1 DURAND DE BOUSINGEN. Ç La relaxation È. Que sais-je ?. Huitime Ždition corrigŽe. p. 10. 2

(49)

48 En psychomotricitŽ, plusieurs tests nous permettent dՎvaluer le tonus. LÕextensibilitŽ, le ballant et la chute permettent dՎvaluer le tonus de fond. Les tests des marionnettes, du serment et les syncinŽsies axiales nous permettent dՎvaluer le tonus dÕaction.

*

Dans la maladie de Parkinson, il y a une dŽrŽgulation du tonus musculaire. Si elle est ˆ lÕorigine de rigiditŽs, de difficultŽs dans la rŽalisation de mouvements, visible au premier abord, elle soulve Žgalement des questions telles que le sentiment dÕunitŽ corporelle des patients.

Il est important de diffŽrencier deux dimensions du tonus : une dimension physiologique, dŽrŽgulŽe dans la maladie de Parkinson et une dimension liŽe aux Žmotions du patient. CÕest sur cette dernire que le psychomotricien trouve un vecteur dÕexpression et un outil de soin. Ainsi, quelle que soit la perturbation du tonus physiologique, la psychomotricitŽ pourra toucher ˆ la partie accessible ˆ la relation et aux Žmotions.

Le tonus musculaire est une des bases de la psychomotricitŽ. Il est situŽ ˆ lÕarticulation entre le physiologique et lÕaffectif. Ç Toile de fond È 1 du fonctionnement musculaire, tant au

repos que dans la motricitŽ et le maintien de la posture, il lÕest Žgalement, dans lÕexpression somatique de la vie Žmotionnelle et affective du sujet.

Ce carrefour entre la vie psychique et somatique, vŽritable traduction des Žmotions, peut tre modifiŽ au cours dÕune intervention psychomotrice comme illustrŽ dans les cas cliniques ˆ venir.

1

(50)

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DES SIGNES CLINIQUES A LA PROPOSITION

DÕUNE SEANCE ADAPTEE

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