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La musicologie du contemporain (pour les 40 ans du
Cdmc)
Makis Solomos
To cite this version:
Makis Solomos. La musicologie du contemporain (pour les 40 ans du Cdmc). La mémoire en acte. Quarante ans de création musicale, 2017. �hal-02055020�
La musicologie du contemporain (pour les 40 ans du Cdmc)
Makis Solomos
in La mémoire en acte. Quarante ans de création musicale, Paris, Cdmc-MF, 2017, p. 259-260. Que le quarantième anniversaire du Centre de documentation de la musique contemporaine coïncide avec l’année de la mort de Marianne Lyon n’est pas une coïncidence. Marianne a créé le Cdmc dans une décennie où la musique contemporaine était un astre ascendant : c’était l’époque des polytopes de Xenakis, de la création de l’Ircam, de la naissance de la musique spectrale… Depuis, la musique contemporaine s’est inscrite dans l’histoire. Question : une musique de la rupture, de la création ex nihilo (ou presque), de l’utopie peut-elle survivre à cette inscription ? Témoin de cette historication progressive, je répondrai en évoquant mon travail de recherche musicologique.
D’un côté, la réponse est positive. Mais oui, c’est une bonne chose que, enfin, les Xenakis, Boulez ou Grisey soient reconnus et qu’on aille jusqu’à faire la philologie (pardon, la génétique) de leur œuvre ! Même si le goût est un peu amer : étudiant, je me suis spécialisé dans la musique contemporaine entre autres parce que j’avais horreur des archives… Mais au moins, lorsqu’on aborde les archives à la maturité, on n’est pas un rat de bibliothèque : on se pose des questions, on sait que les archives sont muettes, que c’est à nous de les faire parler, qu’elles ne contiennent qu’une infinie portion de ce qui a pu se passer, que tout rester à imaginer… Et puis, on fait œuvre utile : voilà un immense répertoire de grande qualité qui demande à être cartographié. Enfin, il y a peu de risque qu’un jour ces musiques si singulières se retrouvent instrumentalisées dans la marche triomphale d’un politicien…
De l’autre côté cependant, si l’on a aimé la musique contemporaine à la création du Cdmc, c’est qu’on apprécie la nouveauté, le risque, l’éphémère, la contestation, voire le marginal. Or, dans la musique contemporaine d’aujourd’hui, le goût de l’aventure collective prospective s’est estompé. Comme partout ailleurs dans la société, y domine – dans une certaine mesure, mais, fort heureusement, moins que dans les arts plastiques – le productivisme effréné, la concurrence ardue, l’individualisme exacerbé ainsi que l’asservissement au progrès technologique. Alors, il faut nous ouvrir à d’autres domaines et, surtout, remettre les pendules à l’heure : on ne travaille pas pour la gloire de l’individu artiste, mais pour les idées qu’il peut véhiculer… C’est pourquoi, ces dernières années, je tends à faire l’école buissonnière et assiste moins aux concerts de musique contemporaine, préférant travailler sur les formes d’art en transition…
