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. \ "LIs
LE'l"l'RJm AU MARQUIS DBsm
GIll :. s: G' f',
./
. ' " "BTUDE STYLISTIQUE ET RlSl'OUQUI
, ,
•
" " l ' , , l "-...
'aathe M. -Nrtault A theala ~ .ut.ittecl tol'acult)' of Gracluate Studle. and "aearch.
MaG!11 Ualyeralty,
.,.rUai fu1fU~t of the requir-.t.
for the dear.8 of
Doctor ~ P1dl~ophJ ,
.
De,.rt "1t. of 'l*Ieh'~ . . Liteubac.,.
',
, ,.,
1
-'
..
/ "1
•
1
l , , ..'.
" ,~. Abstract \Le texte apocryphe des Lettres de Ninon de Lenclos au marquis
de,Sévigné est ici l'obje~ d'une étude stylistique et historique, que
com-pIète une critique d'attribution.
Cet ouvrage, si souvent réédité au XVIIIe siècle, est connu
,.
sous deux versions différentes, celle de l'~dition originale, datant de 1750,
et celle' de 1752, qui diffèrent. beaucouP ent're elles. Ceci pose
n'cessaire-ment le problème de l'authenticité des lettres, et corollairen'cessaire-ment, celui de
..,; - ~
A.-la typologie ou du genre de l'oeuvre. C'est A.-la question
fondamentale~l}.la-quelle s'efforce de ré~ondre cette thèse et elle entraine une question
se-co~daire, celle de >l'attribution.
,
La description stylistique constitue l'essentiel de ce travail:
elle porte tout aussi bien sur l'aspect global de la structure et de la
cam-position que ,sur l'aspect local de l'expression et la texture plus
détai1-1ée du texte, et ce, au double point de vue du raisonnable ou du discours rhétorique et idéologique et du'romanesque ou de la fonction narrative.
La descripti~n ainsi eff,ctuée est soumise à un contôle exter-
.-ne: celui de l'histoire. L'étude historique a le mérite de trancher
défini-tivem,nt le problème de l'apocryphe. Une étude stylistique comparative de, 1
, ,
la correspondance authentique de Ninon de Lenclos. des roœans épistolaires
.
'
-, '
à voix unique de Crébillon, et des Lettres de ~iladl*** de Loui8 Dambura
...r , ... :..
, ~
• complète cette thèse et pe'rmet d'attribuer les Lettres au ut."9,ula â 'Ce
der-nier auteur.
"
•
'~.
Abstrpct
In this thesis, we have mad~ a stylistic and historical etudy
of the spurious text of the Lettres de Ninon de Lenclos au marquis de
Sé-vigné, complemen~ed by a study of attribution •
...
Of thfs work 50 often re-edited in the eighteenth cen~ury,
" ./
.,
~ ,there exist two very different versions: the original dating from 1750 and
j
another from'1752. ~'Ih,is difference rais es the f\IDdamental question of the
authenticity of the Lettres and, corrcspoRdingly, that of the "genre" of
the work.
The stylistic description, which constitutes the essentiel' part of this study, includes the global aspect of the structure and composition,
as weIl as a close examination of the texture of the text -- and.this, bath
'" from the point of view of the "raisonnable" or the rhetorical and
ideolo-gical discourse. and a,lso from the point of view of the "romanesque',' or
the narrative function.
control of
.
. The description thus ~aborated iS,submitted to the external
1
history, a procedure which enables us to resolve beyond doubt
the problem of authenticity.
/ ' \
, Finally, a comparative 8ttlistic study of the authe~tic
co~-respondance of Ninon de Lenclos, the one-sided epiatolary novel~ of C~-'
billon,
.
and the Lettres de Milad!*~* of Louis Damours allove ua toattri-bute the Lettres au marquis ta Louis Damours.
,
-1 ·1 i~ " l 1 :•
,
1 • /~.
, I{ ' \ }, •TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT
.•...•...•...•...•...•...•...
(.
INTRODUCTION
•.••.•••....•..•••.•..••.•...•.•..•••....•..•••
crKAPITRE PREMIER- .Coapo8i~~on et rytn.e du récit
...
Introduction
...•....•....•...•...•...•..
La co.position des ~ettre8 de Ninon de Lenclos au -arguis
de Sévign': Synt~.e de deux tendance •••••••••••••••••••
1: {
La co.positlon du recueil de 1750: distribution des
let-tre ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
Analyse de la structure ••••••••••••••••••••••••••••
,-Plan directeur et authenticité: incidence. ••••••••
L'éditiQn de 1752: texte probl, . . tique ••••• : ••••••
Reptise et distribution d •• lettre. de l'édition
originale dan. le recueil de 1752 ••••••••••• ~ •••••
Le. deux édition. et le probl'" d. 'llapocry~ ••••
/ La
coapoS~ion
du recueil de 1752: distribution d •• l.t-·trea •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
Etude d •• addition. aux lettres d. 1750 ••••••••••••
Analys. d. la .tructura ••••••••••••••••••••••••••••
,
L. ryt~ du réc:iit-dans l' 'di tian oriaina1e: étwl. d.
l'lntriaue •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
L..
technique. d. la narration d. l' 'di tionorlai-'11&1_ ... .
,
..
'Le tWcit-tW. _ _ ou ~ta1ra •••••••••••••• R • •
Le. diT.~ type. d'int.rruption ••••••••••••••• .... -1-, TU 1 11 11 12 13
(
U ~ 18,..
~ 23 25 27 28 31 35 40J
,,41.44
'''1r
'."
--•
•
-11-Evénement. et allusion. accessoire •••••••••••••
Le rale.ti •• ~l'aceélération ••••••••••••
Le récit en "direct" . . . .
Le rythme du ~récit dan8.l'édi~ion de 1752: étude de
l'in-t rigue •••••.•••.• ,. •••••.••••••••••••••••••••••••••••••••••
Fon~ion des nouveaux te~es et illogi.mea de
cer-ta1n~ déplacements •••••••••••••••••••••••••••••••••• Le. procédé. narratifs: . technique. Douyelles et
di.-continuité de la narration .: ••••••••••••••••••••••••
Le té~lgnage et le projet narratif •••••••••••• Le mélange de. style. et le. interférence •••••• La variété des tons dan. le. lettres nouvelles •
La .érie terainale de. lettres narratives: un
changement de perspective ••••••••••••••••••••••
.
'Conclusion .•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
RAl'PO~ ,PfTRE LX ROMANESQUE ET LE RAISONNABLE •••••••..•••••••.
CHAPITRE 11- L'aspect roaanesque •••••••••••••••••••••••••••••
Introduction ••••••••••••••••.••••••••••••••••••••••••••• #.
Le roaan c~ genre et technique d'écriture ••••••••••••••
Le roilan co_ genre au XVIIIe .iècle " •• ~ ••.•••• : ••••••••••
L'élé-.nt " •• pace" et le 1:'éall . . . . visuel •••••••••••••••••• L'élé_nt "teap." et la fiction l"OlISn • • que
Le. Lettre. de Ninon de Lenclo. au _rgul. de
"vip
et latec:.bnlqu.e ~ •• qu.e ••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
r.~"",ihclice. fo~1a
et 1 •• lntruaiona d'aut.ur ••••••L.... ettr.. cle Ninon de Lenclo.
au _
18 de Sértro~épl.tolaire une ~i ••••••••••••••••• ~ •••••••
La fOrM épistolaire et l'expo.ition d. l'intril\fe ••
prOcécW. narratif.: ''l..ttre.-lléllOire.'' et "lettr. •
d' 'ft~t.1t •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
Le cbea1ne.ent du récit et 1.' découpeae l'OIIIUleeque ••
Le. peraOllDale. et leur ~. d. pré.entation ••••••••
Concluaion
...•..••...•.•...•
47 49 50 ..-53 54 62 64 67 68 70 73 75 77 ,71 78 78 81 -. 87 92 93 .' CJ7 98 101 103 10it 117 .1•
-11i-"" Le Il rolla.n •• que" ••••••••••••••••••• ~ •••••••••••• ,. ••••••••••
Le romanesque de. situations ••.•.••••••••••••••••••• Le romanesque sentimental ••.••••.••••••••••••••.••••
Etude du lansaae rollaIlesque
...
Cone1 ualon ... .
CHAPITRE Ill. Le raisonnable
.
... .
lnt E"Oduct ion •••••••••••••••••••••••••• ' ••••••••••••••••••••
La rhétorique: situation du problème ••••••••.•••••.••••••
La rhétorique fonctionnelle: le. technique. d. persuasion.
Le. groupe. verbaux •••••••••••••••••••••••••••• ~
LI iapératif
.
,... .
Le. affi~tion. redoublées ••••••••••••••••••.••••••
LI
i~nie
.' •• , •••••••••••••••••••.•••••••••••••••••••• \Le. di veraes fOrMS de l' in.istance: ••••••••••••••• ) Répétitions et reprises ••...••••••••••••••••••• L'exc1aaation et l'interjection •••••••••••••••• Le chantage é.otif
La
rhétorique fonctionnelle: et les incita~on •••••• , ••••• l' argu.entat 1 ••••••••••••• ....L..
_xi .ea .••••..••• •.•••.••••.•••••••••••••.•• '" •••De 11 i-a1riation concnte aux concept. abstraits
L •• contraste. et 1 •• proeédé. antino~que •••• ~
Fonction 10lique .t llrriCnaellellt .yntaxique •••••
L •• t8cbn~qu •• dla~tation ••• ; •••••••••••••••••• L •• lnterrolation •••••••••••••••••••••••••••••• La ais. en opposition •••••••••••••••••••••••••• I.e. IJI.rall~l.. • •••••••••••••••••••••••••••••••• L •• di.po.ition • • yIII6trique ... . • <t' • ) 118
l~/
127 133 145 147 147 149 152 152 154 156 158 162 162 164 166.•
167 169 171 115 177 182 183 187 189 ... 192 l ,•
,
•
(\ -iv-La rhétorique déçorative.
.
.
. .
. . .
.
. . .
. .
.
.
.
•• • ;J • ... La dialectique. .
.
.. ...
..
.. ....
..
.
..
....
.. ....
.. ..
..
..
.. ....
.. .. .. ......
"....
Le didactisme...
Le dogmatisme .. .. ....
.. .. .. .. ....
....
....
..
....
.....
Conclusion..
.. .. .. ....
..
..
....
....
....
.. .. ....
.....
~... ..
CHAPITRE IV- Etude historique
...
Introduction
...
Ninon de Lenclos: personnage historique ou légendaire?
...
Quelques indices de l'authenticité douteuse des lettres
Etude historique ,.. ..
..
..
.
....
....
....
......
.... ..
..
.....
Le temps "calendrier" et le temps "datation"
...
"
Examen des allusions historiques •••••••• • •••••
La dialectique du faux et du
V~ridiqUe
•••••••••••••••••Le foisonneaent des personnages historiques et les appa-rances de la vérité
...
Les lim.ites de la critique hi~torique
..
.... ...
~
Les allusions historiques e~ la composition des lettres.
Conc1udon
...
~CHAPITRE
v.
Critique d'attribution...
, -..
Introduction
••••••••....•.••...••••.•.• • .•••. • . • • • •• • • • • J ••••
Etude lexicologique..
.
.
. .
.
.
. .
.
. .
. .
.
. . .
. .
. .
. .
.
.
.
.
. .
.
.
.
. .
.
.
.
. .. .
.
Etude idéologique .••.•••••••••.•••••••••••••••••••••••••••••• L' ..,ur .... . ' ••••...•.•....•.•.•..•..•...•.•. ~ ,J...
~... .
L'bonnêteté et l'esprit ~ti~e •••••••••••••••••••••••
~
. 195 197 206 213 216 220 220 221 230 243 243 *-252 254 264 277 /<. 280 281 287 287 -" 304lOI
310 315 , , ~ " l ""~ rl~\~ ,~;.:(...
•
..
)•
-
-v-Etude 8tyli.tlq~ •••••••••••••••.•••••••.•••••••••••.•••••••••Etude comparative du roman et de la correspondance
au-thentique de Ninon de Lenclos ••••••••••••••••••••••••••
~
Etude coaparative des romans épistolaires à voix unique
de Crébillon et des Lettres de Ninon de Lenclos ••••••••
Le roma.neaque ... . Le raisonnable ••••••••••••••••••••••••••••••••••••
Etud~ comparative des textes de Louis Damours et des Lettres de Ninon de Lenclos au marquis de Sévigné ••••••
L 1 a.pe~t r-o.an.eaqu.e ... .
i
Les Lettres de miladi*** , roaan A thèse ••••••••••
Le teaps romanesque et le réalisme spatial •••••••• Les techn iques .de narration ••••••••••••••.••••••••• ;. Le I"OaaIleaque •••••••••••••••••••••••••• Ar- • • • • • • • • •
Le 'rAilonnable . . . .
>k
La rhétorique fonctionnelle: technique de
persua-noo ...•...•....
La rhétorique fonctionnelle: l'argumentation •••••
La di al ectique ••••••••••••••••• ~ •••••••••••••••••••
Le didact1a_
...
Le dogma.t 1.111!! . . . .
Concordances, similitudes et reprises
...
~....
cœCUJSION
...
321 • 321 328 '329342
357 357 357 3.59 363 371 376 376 383 .402 412 4~ 424 434APPENDICE A- Lettre. de Ninon de ,Lenclos au _rguis de Séviané:
Découpage selon le8 types de lettres •••••••••••••••
446
APPlIfDICE B- Lettres de Ninon de Lenclo. au
-remi:
de Séviané:APPJIIDICE
C-n.
Longu.eurcl..
lettre. • .•.••..•.••••••••••••••••••••.• ' 41+7 ~oapo~ du ro . . de l7'l--
.
...
..
"-.
/'•
J
,
if-vi-APP~DICE D- L.tt~1 de Ninon de ténclol au _l'quia de Sévigné:
Texte B: Type de distribution des tex1;lts nouveaux •• '
/ "
'-....--':'
.
453
APPENDICE E- L.ttres de IIliladi
***:
découpage selon les typesde
lettrel . . . :... .•...• 4.54--BIBLIOGRAPHIE...
/
"
, , -. . \ , ( (, :i c-, ~SS•
t ,..
-..
•
•
• o AVERTISSEMENT..
Pour le bénéfic. du l.ot.ur "'.t un. plus gnllld. clarté de
pœ.en-'tation, nous avons:
1. Id.ntifié par des ~igl.e. l~. 'ditions suivant.s:
Text. A: Lettres de Ninon d. Lenclos au aarqui. d. Sévlsp4,
ADaterdaa: che~ François Joly, 1750, 2 vol., in-16;
Tome 1: Portr. xii-186 p., T~ Il: Titre·gra~,
,200 p. Texte B: T.xte C: T.xte D: " ,'Text. E:
T.xt.
p:Lettre. de Ninon ge L.nçlos au "!QUis de
Sévigné,
aus-nté.s de sa vi. et d. 43 lettres, Aaaterclaa:
chez Fr8I\çoi8 Joly, 1752, '2 vol., i~ ... 12; To_ 1:
xiv-212 p.t Toae II: 332 p.
Cnlbillon fUs: Lettres d. la _rgui •• d. K •••
au coat. d. R. . . . , ,t.xt. étabU avec: préfac. d.
Pi.r~. Li\.,re. Paria: L. Divan, . 1'930, xvii-266 p.
?
Crébillon fU.: L.ttr •• d. la duch .... e de •••
au
duc d •••• in Collection coap1'te d •• O'U"f're. d.
M. de Crébillon l~ fils, Nouv.ll. édition. '
Londre~ [yrancfort: Varrentrapp], ln9, rri-478 p.
Louh na.oura: L.ttres d. ailady ••• ~ur 11
iD.fflÛnlC.
qu.
l"
f . . . pourralet m i r dan. l' 'ducatlO1l 41 ••ho_'.
par lIAut.ur d ... ·L.ttre. d. RlBOn de <L_c1~.·.Second. 'dltion, 2 vol. Alut.rclaa.t Pari.:
Chas
la v.lv. Duch.sn., 1788. Tcme 1: .1'.-220
p.,\
T~ Il:262 p. \
\
Loui. Daours:. Conférence de l'OrdgJmance CODC.mapt
le. donation •• aTtc 1. dxv1t rgeaip. 1 •• pci..-a
ordonnance •• 1& Jurlpradeace 41 •• parl . . . nt • • t
1.'.en-tJ.~t
cl,.
aut.ure; '_iyi. d'obnryatlO1l . u r . . . '"par M. DImoure, Ayocat du Cana.i1. "r1~: Cl • .I.B.
s..ch. ~ls, 1753, Yi-lB8 p •
,f
• t _
'.
•
••
.
".
-v1U-~. moderni.é l'orthographe, la ponetua~ion ain.i que la typographie
de. te1tes cités;
3.
J
détachéDdu texte et dactylographié l s~ple interliane quelques
citations de moins de
sb
mots,4. indiqué, lorsque c~tait néCeSBaiTe les nuÉros dfls lettres en
chiffres arabes et utili.é les abréviations .uivantes:
o
.5..
A: {, . Texte A
l B': Texte B
1: lettre incl.: incluaiveaent
cit.: citation 0 (21.15): lettre 21, p. 15.
CAlEF: CLS: lU..C: -s' ..
-RsH:
JCahiers de l'Association l~ternationale de. Etude.
Françahe.
ComparAtive Liter~ture Studies
Re~e de Littérature COlllparée
Revue d'Histoire Littéraire de la France
Revue de. Science. H~ines
o •
-,
disposé en appeddicewdes tableaux illustrant eertaines de ~
PO'
affinu.tionsJ . \1
6. su;vi le. preacription. Ode la
bro~IuA ~
~tyl!
Sheet. Seeond \Edltl09 •. l970, en ee qui coneerne la blbllôlraphi! et 1 •• no~es
en bu de oaae. " ~' <!lo
,r."
.
(;
., '. ,.
.
,. ,> ....•
\
•
p / ---~---INTJl)DUCTlON,
Au dix-.epti~ae si~cle. le genre épistolaire se constituait. A eôté de la production épistolaire, tds i.portante à l1époque,
apparah-.ait une véritable littérature épistolaire "écrite ou rell&1li~e
confot"Ê-_nt à ce' qua les aut,urs ont posé COIIJIe des lola du genre"l. Co.-e pour
toute forae littéraire, le'succ~s dU'genre tient
A
la valeur accordéeA
certaines lettres ou
A
certaine. oeuvres. Elles sa distinguent de lapro-. duction courante ou utilitaire par le style traTaillé et la visé • • atbéti- '
que aup". d'un public élargi, qui consiate en l'ans""la de. lacteurs éventuels et non plus en un correapondant particulier, aeûl et unique
t
destinataire de la lettre.
..
Tella. sont le. caractériatique. du genre l aea débuts. ~t àson évolution historique, al1e pré.ente une prolre •• ion re.arquable, de-pui. le • .anuels d'art épistolaire intrQduit. d'Italie en France durant-'
la seconde aoitié du XVIe ai~cla, en passant par les recuail. de lettrea
tna no~reux en France durant le XVIIe si~cle, jusqu'à la classique lettre
, '
d'aIIOur des rollAns de l'époque et aux ro-.na ~plltolairea qui co ... eent "f
à apparattre apns 1660, aTee d'Aubipac, Guillerquea et Boursault •
.
'Ainai, il an'es~ allé à la publication de ce
,. .i11JUlier ro-.n (' Le ro . . de. lettre.')
co_
r
..
1101er J)ucb&ne, "Réalité ftcue et riuaaite littéraire: J;~ itatut
Particu-Uer de la lettre" Ityu! d'bi.toi!'!
Ittt4Sift
de la't'Ip_,
~71, 2, If/(Man-avril 1971), 181. L .
-1-"
•
)
•
l , •• r\
-2-l celle des 'Lettres portugaises' et des
'Lettres l Babet': chacune de ces trois
oeuvres participant l la fois de la
fac-ture conventionnellè des manuels et des recueils épistolaires et de l'esthétique toute nouvelle du roman par lettres, on a
hésité dans la présentation du volume
A
donner la priorité
A
l'un plutôt qu'Al'autre aspect. D'Aubignac fut le-premier qui osa qualifier son ouvrage de roman. Mais Guilleragues fut le premier roman-cier. Et Boursault ne fit que s'inspirer
de son exemple. 2
.,
Le XVIIIe si~cle verra la montée et l'apogée du genre. Les au-
1
teurs réfléchissent sur l'instrument épistolaire et sa contribution l
"
la technique ibmanesque. De Montesquieu A Lacl~, tous prennent position
dans ce qu'il a été convenu d'appeler le "dilemme du roman" au XVIIIe
"
si~cle et se prononcent sur les vertus propres de la lettre et
l'effica-'>
cité de la suite épirtolaire. Déclarations de principe et'commentaireA
1
critiques sont 'laborés
,
parall~lementA
la pratique d'un a~t épistolairede plus en plus perfectionné. Et ce sont les formes épistolaires qui gagnent en achbelhent et en complexité:
Au long d'une existence d'un pau plus d'un silele,
la forme épistolaire se développe dans plusieurs directions, essaye diverses variantes, s'enrichit et se perfectionne, pour se résoudre finalement
dans le journal intiJae. On peut dire que le
dé-v.loppeaen t èhropQ!ogique corrupond, en gros.
'A
l'évolution, nbn)pas du moins bon au meilleur,mais du simple au coaplexe, de la voix JOliste aux grand . . organisationa symphoniques.
2. B. Bray. L'Art de la lettre ..,ureuae. DesManuels aux l'OII&IUI (1500-1700)
(Paris, LaHaye: Mouton, 1967). p. 28.
3. J. Rouaset,
"Un.
forme épi.tolaire, le roman par lettrea" ro~ etSi-gnification. &ls&1 .ur le. structures littérain. de Corneill.
i
CJ.e!1*l.•
•
(
-3-D'abord. apparatt la suite monodique, sous la forme ~'un pur
mo~logue ou sous celle d'un duo dont on n'entend q~'uné voix. Ensuite,
c'~t
le duo proprement dit: deux correspondants échangeant lettres et1
~
jéponses et finalement,.
ndt
la suite polyphonique, visible dans l'entre-) croisement de lettres de correspondants multiples et s~ultanés.
Comme d~ nombreux autres romans épistolaires, les Lettres de
Ninpn de Lenclos au Marquis de Sévigné présentent la forme du duo A une
seule voix: c'était la fbrme préférée au XVIIIe siàcle, affirme J. Rousset
l,
" 1+
"avec ses effets de perception relative et de réalité tronquée". On
con-natt la fortune du roman épistolaire au cours du XVIII si~cle: les
réédi-tions sont courantes et attestent la popularité d'un g~re dont le public
est grand consommateur. Quant A l'épistoli~re des Lettres au Marquis, elle
) ~
était célàbre: ce roman jouit donc de" l'engouement du public pour le genre
épistolaire, en m&me temps qu'il offre un attrait similaire
A
celui de"l'histoire véritable" non moins populaire
A
l'époque. Il y eut par consé- .quant de tœs nombreuses éditions du texte: une recherche bibliographique
nous en a fait dénombrer 41, dont 24 pour le seul XYliie si~le. Le texte
est en vogue et fort apprécié du public, surtout durant les année. cinquante
(Il éditions), et apr~ 1775 (9 éditions).
Une
éditio~
critique du texte !tanttou~r.
attendue, on ignore~
pour le .-ent queUe est l'édition mattreastt et queUes en .ont 1 . .
Tarian--' ~
.
5tes. Néanmoins, un fait qu'aucun chercheur ne ...,le avoir signalé juaqu'ici
~:
--
• J4
J.
Rousset,Op.
citl p. 81.S H_ S.P. Jones, dana sa bibliographie d . . rc.ana 'piatolaira ne ~
tionna pu ce fait. Voir A Liat of French Proa. l'1ctiOll, fqp: 1,610 to
1750. (Nev-York: B.W. \I118on, 1939).
•
•
-4-attire bientôt l'attention de qu: consulte p~ieurs éditions de ce texte:
selon les éditions, le texte varie considérablement et on se trouve en présence d'une suite de 55 ou.de 98 lettres. Les éditions de 98 lettres
comportent, il va sans dire, de noabreusrs le~trea nouvelles (une
quaran-tà1ne environ) par rapport aux précédentes, aais elles lIIIOdif1ent en plus,
d~ façon notable l'ordre, la succession et la distribution des lettres
re-p1:!ses. Des lettres sont scindées, déplacées, modif:téea et le lecteur
IOM '
farcourt un texte enti~reaent nouveau; non seulement au niveau de la forme
,
." et de la composition, mals,aussi quant l l'intrigue et l la trame
romanes-que.
Ce simple fait:. ,pose nécessairement la question de l'authenticité des lettres et, corollaire.ent, celle de la typologie ou du genre de l'oeu-vre. S'agit-il d'un recueil de lettres véritables ou d'un roman
épistolai-~e? Dans le cas d'un ouvrage apocryphe, il faut bien reconrtattre au texte
le statut de roman épistolaire. or c'est préciaéDent la position de
cner-,
cheurs actuelB CoœDe R. Picard, L. VerBini ou J. Rousset, qui refuaen't 1
\ Ninon de Lenclos la paternité de ce texte.
~
~ L'authent~clté
atse en doute au contestée, laqueot~on
del'at-~
tribution Be poBe: qui donc est t'auteur de ces lettreB ou l'éditeur de ce..
~eu,
que les grandes biblioth6ques font figurer BOUS les uc.a de Cré-billon li1s, Ninon de Lenclos ou Louis na.oura?tendne la structure de ce traYail. the ~~ion .fond~t&l.
~ \
posée, ceUe cle l'authentiCité. et elle entrduait une qu . . tlOll
••
•
~
-5-/ "
de l'attribution.
Un fait
JlOUV~u'.ll'
existence de deuxédlti~ns
fort différentes,renouvelé not~è connaissaIlce du texte, a déterminé notre approche du
probl~e. Il s'agissait d'utiliser ce fait pour nier ou confirmer le
ca-ract~re âpocryphe du texte et partant, po~r refuser ou Deconnattre
A
l'oeu-vre les caractéristiques du roman épistolaire. D'où l'étude stylistique quiconstitue l'essentiel de ce travail et qui porte tout aussi bien sur l'as-pect global de la 'tructure et de la composition (étude pour laquelle la
coapar~son d~s deux groupes d'éditions s'av~re fonctionnelle) que sur
6
l'aspect locAl ô~ l'expression et la texture plus détaillée du texte.
, ,
Cette étude stylistique interne de l'oeuvre menée l bien,
l'étu-de comparée l'étu-des 'l'étu-deux édi tions au point l'étu-de vue l'étu-de atructure. xtllXtun ,,~re
(l'aspect ch raisonnable ou discursif s'opposant l l'aspect romanesque ou
narratif) étant ,t_,,4hrfiiu, i l s'agit de soumettre la description ainsi
ef-fectuée et les conclusions obtenues l un contrôle extern~: ~elui de
l'h1s-toire. L'étude historique s'tmpose donc; elle permet de confirmer ou
d'in-firmer les observations précédentes au sujet des disparités entre les édi- \
,
,.
tions et de leur incidenee sur l'authenticité du t~eJ elle a de plus le
mérite de compléter l'étude stylis,tique et de trancher déf1n1U,~t le
probU.e de l'apocryphez c'eat Il le but essentiel de notre travail.
6. Ce Bont les deu niveaux atylistique. diatingués par Beardsley et repris
par S. Chatman in "111e .-.nUcs, ofu _tyle
n 18&&,. in s.i,otica. recueil
BOua la direction de J. lriateva, J~ Rey-Dabove et D. t:IId.ker, ('!'he
lfaaue-Parisl Mouton, 1971>, p.
406.
1
--•
'.
-6-Réste le probl~e-de l'attribution, probl~e suffisamment vaste
____ en ...!~i~m~~ ... ~~t: f.aire l'objet d'une nouvelle th~se et traité de ce fait
(
par nous comme une question subsidiaire. La perspective quijnoUS paratt
.
s'imposer est surtout celle d'un retour A l'analyse stylistique, sous le
~
triple aspect structure, genre et texture, sans pour autant négliger lor~'.ll.
~ rentable, l'aspect' sémantique. La méthode comparatiste, visant moins
A une description exhaustive qu'au repérage des disparités nous a semblé
la plus opératoire. C'est pourquoi nous la retenons.
Enfin, l'inévitable question métastylistique de la valeur du texte
et de son apport A la littérature épistolaire devait se poser. Malgré les
errements de la stylistique actuelle quant A ce probl~, la conclusion
contient quelques jugements sur l'importance et la valeur littéraire des Lettres 'de Ninon de Lenclos au Marquis de Sévigné.
Faute d'édition critique, les textes retenus sont, semble-t-il,
les premiers publiés chronologiquement. Ainsi, nous arrAtons notre choix
sur l'édition en 2 volumes des 55 lettres publiées en 1750 chez François
Joly, principal éd!~eur du texte (Texte A) et sur celle da 1752 che. le
m&.e éditeur, la premi~re
l
notre connaissance,l
comporter98
lettres'(Texte B).
Quant l la méthode stylistique pratiquée par nous, elle a d'abord
été déterminée par son objetr les Lettres de Ninon sont un texte composite,
rationnel et romanesque, qui constitue l la foi. un réc~t et un expo.é
•
f
•
..
7-l'auteur, ~'oà l'apparentement au genre du roman ou A celui de l'exposé
moral et la nécessité d'opérer l'étude du style comme texture sous ce~
deux aspects.
Les mAmes distinctions sont conservées, mais reprises sur un
mode comparatiste et selon une visée plus sélective pour les écrits des
auteurs éventuels. La recherche des disparités, malgré la haute
sélecti-vité qu'elle en~a!ne, peut s'avérer concluante. Quant A l'exisFence de
deux séries d'éditions dissemblables et souventes fois reprises, elle ne peut 3tre ignorée. Elle entra!ne un double choix méthodologiquer l'étude
comparatiste du chapitre 1 et la définition du style au niveau structurel.
1
car c'est A ce niveau que l'établissement du délit ou du non lieu
apocry-phe est le plus rentable.
Il est évident que la stylistique,' devant la multiplication des sciences actuelles de la littérature, se cherche. Qui entreprend l'étude
de ce domaine pén~tre dans ~e forêt profonde et fort1obscure, dont les
bornes sont imprécises, et mal délimitées:
Les bibliographies stylistiques contiennent des
milliers de titres, et l'on ne manque cert~nement
pas de fûts observés: cependant, la polysémie
des concepts, l'imprécision des méthodes,
l'in-certitude des buts mimes, de ces recherche8,
font que le domaine eat loin d' ltre pro~r •• 7
7 T 6 Todorov, "Le. étüd . . d. style, Bibl1qsraphte aélectin" Poétique,
No. 2, 1970, p. ~24. ' "-, ',,-", , " 1 t " , 1
,.
•
•
-8-C'est pourquoi, sans adop~r une méthode unique de stylistique
contemporaine, notre étude retient 1 plusieurs distinctions ou concepts de
8
base définis par des stylisticiens actuels.
Ainsi, il sera évident tout ~'abord, selon la distinction
opé-1
rée par G. Antoine, que nous avons voulu pratiquer la stylistique des
for-,- 9
mes, étudier "l'organisation interne du s1gnifÜlllt" et non p!s la
stylis-tique des th~es. D'autre part, notre point de vue n'est ni n rmatif, ni
génétique, mais bien plut6t descriptif: i l s'agit d' expliquer le "cOIIIIIent 10
de l'oeuvre écrite". La rl6tion de spécificité du message, de but visé.
de destination et d'effet sera également retenue: elle est corollaire
A
, la notion de genre et détermine l'ét~~e du ti\SU textuel sous l'angle du
''YoIoaneaque'' et du ''rai.sonnaole". \
Quant aux concepts stylistiques qui semblent les plus
générale-,
\
.
-ment admis et les plus opératoires, ils se r~ent en SOlIDe A deux grands
8 Il est impossible de signaler ici tous les rapprochements
aéthodologi-ques entre notre travail et les stylistiques actuelles. Pour connattre
celles-ci l'excellent livre de P. Guiraud et P. Kuentz, La Stylistique,
Lectures (Paris: éditions ICUncbieck, 1970) est d'une grande utl'lité.
9 C. Tatilon, "Les grândes options de la stylistique littéraire" Le
fran-çais dans le monde. Vol. 9, Mo 71, (mars 1970), p. l~ Voir égala.ent
G. Antoine, "Stylistique des forme. ou stylistiqUe d ... th . . , ou ie
stylisticien face A l'ancienne ou A la nouvelle critique", Lea Chains
actuels de la critique, (Paris: Union générale d'éditions 1969)· pp.
159-173...,
10 G. Mounin. "Les stylistiques actuelles", Cafdera internatioDaUl[ du .,...
boli .... No 15-16, 1967-68, p.
54.
1
•
-9-11
principes.
La
notion d'écart comme telle sera évitée et assouplie et 0remplacée par celles d'encodage ou de 8urcQdage. d'emphase ou de redondance (telles qu'on peut les trouver chez Riffaterre, par exemple). Ainsi c'est le repérage des éléments marqués du message, des motifs ou "patterns", des traits signalétiques du texte qui nous permet de recourir au concept d'i-diolecte ou de style individuel. Quant au second principe, c'est celui; reçu et complémentaire, de la fréquence, de la répétition ou de la
récur-rence. Il facilite le repérase, mime 8an8 recours
A
des méthodesstatisti-ques ou au dépouUl'ement par ordinateur.
Enfin, malgré l'étude particuli~re des procédés signalant le
style individuel:
Individuel style depends far more on phrase recurrence, worcl-order and juxtaposition,
pe-riodicity of various kind and the
12
requencyof wards other than substantives. .
noua éviterons d'assimiler enti~rement le texte littéraire A la-parole
in-dividuelle. Cette réduction "est évitée par la reconnaissance de plusieurs
niveaux de relais: diachronique (notion de style d'époque), • • • e~
dia-13
typique (liaison du style et du sujet traité)". Ces deux notions sont
Il. Voir l ce sujet l'article de N. Gue6nier,
"La
pertinence de 'la notiond'écart en styUstique", Langue française, La stylistique, No. 3, ~.
(Sept-.bre 1969), pp. 34-46.
12 E.~ Vincent,- "Mechanica1 aid8 for the smdyof language and l1terary
8tyle "Literature and SCienc .... PToceedings of the aixth triennal
con-gress, Oxford, 1954, (OEfordl Ba4il Bla~ll, 1958), p. 58.
13 P. lD_tz, "Tenduc.s actuell . . de la stylistique anglo-_r1ea1ne'~ ..
Lan&ue
française.k!
styliatique, No. 3, (Septe.bre 1969), p. 87.~ >'
•
"
-10-également utilisées
A
l'occasion.1
&,.fin. étant donné son orientation at sa perspecUTa, cè travail
laisse pendantes certaines questions ,et na fait pa~ppel
A
cettaine.aé-thodas dont~i'utilité est reconnue. Il est évident qU'une édition critique
du texte l'i~ose; g c'est une tlche qui dépasle largement le cadre de nOI
recherches. Non seulement aIle permettrait d'identifier avec précision les deux éditions mattrasses et d'établir leI variantes, mais elle devrait ap-portéf'de précieuses indications sur tous les 'aBpecta (idéologique. lexical,
stylis~ique et surtout historique) prORres à déterminer la nature apocryphe du recueil.
.'
14
,Une étude de stylistique statistique ne s'impose pas .ains. En
dehors d'un document (juridique ou autre) qui tasse autorité, la stylométrie reste la seule discipline dont l'efficacité est reconnue dàns l'identiflca-tion des textes apocryphes. Une étude stylométtique pourrait résoudre défi-nitivaœent dans le cal qui nous occupe la question de l'attribution et con-firmerait probablement, pensons-nous, nOI conclusions et notre déaarcbe d'ordre déductif.
o
14, Voir J. Proust,
"be
l'usage du ordinateurs dan. l'édition d . . arands~cr1vaina françail du XVIIIe .i~len. levue d'hi.toire littéraire de la France, 70, 5-6, (Sept-.bre-Déceabre 1970>, 784-797.
,
\
• > •
•
rj
•
ù CHAPITRE PRD4IERCOMPOSITION ET RYTHME DU RECIT
Parai les noabreux faits que la critique moderne a mis en valeur,
il faut lui reconnattre un mérite: celui d'avoir souligné que la
connaia-sance que noua avons des oeuvres littéraire. repoae aur des souvenirs
frag-aentaires, néce .. aireMnt partiels, qui
té~ignen.t,"de
-notre iapuissance l, . \ ; " .
__ ;- reconstituer l'oeuvre dans .on intég~lité. Ce fait, de noabreux critiques.
depuis J.P.Richard jusqu'A J.Rouss.t l'ont relevé, pour eux l'étude d'une oeuvre est néces.aire.ant une reoonstruction abstraite, qui n. re.titue en
,
aucun cas 80n enti'reté. Pure construction . . ntal. ou structure' .patiale,
co . . . l'affirme Barth •• , l'approche critique est cert.s une entrepris.
iosa-tieft.ieante, - plue une tentative qu' un ac~ve_nt. Mai. pa~ le.-.ttollbreux
aspect. de l'oeuvre auxquels .'attach. l'analyse .tyliatique, la coaposition
et le rytb8e du récit rel~veht d'une approch. global •• d'une tentative
d'ap-préhension .ynthétique du text., et A c. titre, ii nous s.ablait loaique d'aborder l'étude de. L,ttre. de Ninon d. Lencio. au _rguis de SéviE' par
ce double aspect de la st,ructure et de la narration. L' .ffort d • • ynt~se
qu'entratne cette étude lai •• e peut-atre .oins de place aux souvenira fras-~
_ntaires et au rappel de t.l ou tel détail anecdotique précis, d'autant
plu. que la .ethode utU is'. par noua s. fera par .,_nt. _thé_tique •
-11-•
/'\
•
-12-nale, l'édition de 1752 "augaentée de 43 lettres"l, offre trop d'innovations
l ce point de vue et la comparaison avec l'édition de 1750 alav~re fort
inat ruct i"'e.
La composition des Lettrel de Ninon de Lenclol au marguia de Sévigné:
Syn-th~se de deux tendances
La composition et la structure d'un re6ueil de lettres ou d'un
r08&n est un phéno~ne quelquefois fort difficile
A
cerner: l'intentionarchitecturale de l'auteur, exprimée dans l'agencement des chapitres ou le choix des lettres, transparatt plus ou moins claire.ent. Dans le cas d'un recueil de lettres en particulier, comment se prononcer sur leur
authenti-cité ou leur fiction lors d'une recherche stylistique, sinon par l'tétudè de
.,
leur distribution qui lailse appara~tre, ave~ plus ou moina de limpidité,
une traae romanesque?
L~ lettre est un ~~ souplet qui se p~te l différents tons, l
divers objectit"\ On' 8' y livre, on y raconte les derniera événeaenta, on y
d~crit dei personnes connuea, on y résume~l'actualité littéraire ou
histori-que et on y discute morale ou philosophie. Les Lettrel de Ninpn de Lencl&o.
au !Arguis de Sévigné n'échappen~"pal l cet écl.ctia . . de l'intention: la
tendance réaliste ~ faire .e dérouler dei événa.ent. vient y coapiéter la
tendance rationaliste l élaborer une doctrine .arale, et l'on peut tenter de
rapporte!" chacune des tlettres l l'un ou l'autre de ce. deux type.- co . . . l'a
1 Texte Bt titre d.~ la pqe-couverture •
.
.
....
••
••
\
-13-déj). .fai t un cri tique au sujet d. la Nouvelle Hélotse2• Le recueil appara1.t
alors collllU la synthltse de deux tendances c;:oapléJlelltaires: 11 inspiration
romanesque et le parti pria didactique. Il s'agit, certe •• dlun découpa,e_
..
fondé sur deux points de vue ext~ae. et pàr conséquent .iapli.te, co~te
tenu du contenu psychologique, intiai.te et historique du recueil. ..i. une
telle distinction peut présenter l'intérêt d'opérer un partage clair, sinon
significatif.
La composition d~ recueil de 1750: distribution des lettre •
Or, quel ty~ de profil léS SS lettre' de l'édition de 1750
présen-~
tent-elles lorsqu1on effectue ce découpage? Un profil asse~ caractéristique
du point de vue de la distribution des l@ttre. danw le recueil: les 9 lettre.
destinées A la discussion d'idée. se trouvent toutes dans la pra.i\re 80itié
.
du recueil, tandis que les 17 lettre. oh llauteur narre le. événe-.nt., se
situ.~t toutes, sauf 4, dans la seconde moitié du recueil. Quant aux lettre.
mixtes, au nombre de 29, ellas'.'étalent au •• i bien dans la preai\re que dans
la seconde moitié du texte3•
L'auteur a donc évolué progre •• ive..nt. et lpar groupe. de lettre ••
de la, démonstration logique
A
la narration dl événe . . . ta. La fo~tiOll de•
groupe. de lettre. e.t lMIlifeste: 9 lettrel servent> de ..transition dlun
.~-2 J.L. Lecercle, Rou •• eau et l'art clu ro.aD (Pari.: Amand. Calh. 1969).
pp. 69 et aq.
3 Cf. Appendice A, p. 446.
,~
•
•
-14-pe l l'autre et le, masses les plus significatives sont de 6 lettres (1. 2
l 7 inclusivement> pour la discussion d'idées et de 4 lettres (1. 32
A
35>,~
3 U. 46 li 48) et 4 lettres (1. 52 h 55) pour la veine narrative.- Il est
, c
norua~ de trouver parmi les lettres mixtes, puisqu'elles réunissent les
?
deux tendances, les groupel les plus compacts; de 9 (1.8 l 16 incl~), 4
(1. 21 l 24) et 7 lettres (1. 36 l 43).
Une telle évolution vers la narrativité, bien qu'assez caractéri-
..
,"
sée, ne peut apporter l elle seule de réponse quant au genre de l'oeuvre.)
En effet, il est vraisemblable bien que rare, que les inté~ts d'un
corres-pondant évoluent de cette façon au cours d'un échange de lettres, soit parce que le type de relation'entretenue avec le destinataire se transforme, soit
/ '
parce que la situation personnelle de l'épistolier se modifie, que aon atti-
.
"
tude et son "regard" changent, ou pour toute autre raiaon. La concentration
des 'événements vers la fin du texte est donc pos.ible~
,
tant du point de vuede la vraiseablance que de l'inve~tion littéraire, et elle devient plauaible
si l'on invoque la queation du choix des lettres composant 'un recueil. To~t
\
écrivaiD, une fois
àà
correapondanc& rédiBée, a le privil~ge d'en tirer ûnrecueil et dl étab:Lir ~. certaine "coaposftion",du texte qui . . tte l'accent
sur tel ou tel point de vue e.!-, sugg~re une progression donnée. Le produit
qui ~8ulte de cette s~lection e.t toujoUrl une correspondance authentique,
l '
1·
',-~-"
aaia'foraée de lettres c~1tdea, ~a~t,certa1na jalon~, et lai~aan~
alfleu-r
rer par la co~sitiln une intention eathétique et une d'aarcbe d'o~re for..el.
, ..,
Mais aalgré la oProl~sion du style narratif, 1. loat~d. l'auteur
•
•
•
..
15-d'idéel est certain. Si lion étudie le. lettres du recueil de 1730 au point de vue de leur dimension et de son rapporr avec le contenu, de nouvelles
évid.nce. 81i.posent4• Les lettre. le. plus longue. sont .anife.te.ant
celles de la réflexion et de l'échan8e de vues. Non a.ulement les lettre.
enti~reaent consacréea k la réflexion sur des données d'ordre moral ou psy-éholo8ique sont en moyenne -plus voluaineuses, aais ce fait trouve sa vérifi-cation dans les lettres aixtes, dont le. parties d'élaboration rationnelle
occupent netteaent plus de place. Sur les cinq lettres de ce recueil qui
ont plus de dix pagea, troia appartiennent au groupe de la diacusaion d'idées et deux aux lettres mixte., la partie théorique de ce' lettres débordant
lar-,
gemant la partie narrative. A<n.i, du point de vue de la
diatr1buti~
de.1
lettres, le recueil noua semble préaenter deux caractéristique.: lJ quantité
appréciable de texte accordée aux débats idéologiques,sur d~. ca. de morale
ou de psycholo8ie et l'i.portance pro8ressive que pren4 l'élé . . nt narratif
du début k la fin de l'ouvra8e.
Analyse de la structure
Parai l'abondanc. d.s text •• discursifs, 11 s.
.
dél . . . aind.
unré-cit, une hi.toire, ai le lecteur a soin de recon.tituer la tr . . . des
é~ne-aents que raconte l'auteur. logique n'apparatt pal avec
Alon qu' un.
proare.~ion
d;anl 1. discoursidéo-clarté, le récit fai'tlétat d'une nette évolution
d •• événaents et de la aitUAtion des personne. entourant Ninon. En effet,
(
•
-,
•
r
-16-cette Ninon de Lenclos, qui a toujours la parole (nouI.ne 1ilonl jamais d.
réponse l ses lettres au marquis), rapporte dei évén~ints et décrit les
actes ainli que l'évolution des sentiment. de ses
co~aissanc.1
et amil.De plus, elle rappelle les relations avec de8 perSOnn&$e8 hiltoriques tel.
que le duc de La Rochefoucauld, Hme de La Sabli~re, Mo1i~re et Sai~~-Evre.and,
..
et elle feint de se laisser atteindre el1e-miae par l'aventure sentimentale; Le chevalier a t-il trouvé tant de difficulté l
persuader Votre Pénélo~? Cette fem.e désolée
et pr'te , se percer le coeur, en moins de quin-ze jours vous donne un successeur, l'aime, le lui
prouve, en est méprisée ••• 5 .
Je soupe ce soir chez M. de La Rochefoucauld avec .." Madame 'de La Sablil!re et La Fontaine. fi
Mais cependant, ntai-je rien l'cra~dre dans le
co_erce que nous projeton.? L'amour est Bi
11&-lin~ JI exaaine lIOn coeur; non, il est occupé
~lleurs. et les senti.ents qu'il a pour vous
rel-séab1ent moins l l'amour qu'à l'amitié.
7
...
Bien que quelquefois spectatrice ou auteur des événements qu'elle raconte, Ninon est habituellement co..entatrlce ou juge. Elle rapporte ce
qui se pa.se ou en fait un compte-rendU dl apn. le. lettres du marquis. Lei
.
événement. et aituations ainli rapporté • • e déroulent dana un certain ordn
et l'arrangement des lettres entn elles noui livre .ur ce plan une .tructure
ditinie. Le principe' Utt'raire d'une coaposition fondée sur la "aile en
81-.5 Texte A, lettre 'l, 11, 179.
6 Ibld.J lettre 1, l , 4.
7
Ibid ••
•
-17-tuatio~, le noeud et le d~nou.lMmt" est respecté dans l'édition de 1750 de.
Lettre. de Ninon de Lenclol au . . rguia de Séviané, et le plan directeur qui
a présidé ~ le}lr arrangement est feraew.nt tracé. On peut dé~.ler la .lise
en situation initiale dans une preaUre lettre ob. Ninon définit .es rapport.
avec le'aarquis de sévigné: elle refuse de se "charger de lIéducation"e du
marquis, elie sera,sa confidente. Mais il faut attendre la lettre 8 pour
qu'une jeune veuve, la coatesse, fasse son apparition. Troi.i~ae angle du
triangle, ell. vient co.pléter la ai •• en situation et lituer le récit sur
, son véritable plan: celui de. senti.ents et de l'évolution de la passion
.-oureus~. Nous voi1~ donc en présence d'une affaire de coeur, que les 1et-tres 2 A 7 avaient bien suggérée, puisqu'elles constituai.nt une réflexion sur
les relations &fOureuses entre hoaaea et f ... , l partir de. conception. du
1.
. . rquis, .ais que la l~ttre 8 et les suivantes livrent en clair. Tous le.
états et étapes de la liaison -arquis-coates.e y sont décrits.
/;
Le no.ud du récit ••• itue vera la lettre 30 et 8uivant •• , lor.que
o
Ninon qui avait été jusque-lA confidente de. amours du -arqui. ,pour la co.~
te.se part l li' caapaane habiter chez elle, devient .lora la confidente, et
la prévient contre la palsion du . . rqui.: "Non, . . rquil, je n'ai pu lui
re-fuser le • • enti . . nt. d. la plu. tendre •• ti... et .an. con.ulter vos
je ae .uia' unie contre vous avec eUe ... 9 Ce revire_nt d • • ituation,
8 Texte A, lettre l, 1, 4.
•
•
(
-18-l
cision de la ~oate.se de ne plus ai.ar quiA Bon ai.e. ~ent un
élaraia-r "'-aement du récit. DI autres personnes entrent, en sch~: la _rquile, parente
de la co.tesse, une "présidente" et une ·'financilare". plus le clevalier, qui
joue maintenant le rôle d l 8JMJlt de rechange, et nous assbtons A un
cbassé-croisé'des passions aaoureuse~, depuis la lettre
36
jusqul~ la lettre54.
Les liaisons se font, se défont, le marquis fait la cour A Ninon
elle-".e,-'iii
et le dénoueaen~.ne se produit qu'A la toute derni~re lettre alors que le
aarquis offre sa . . in l la co.tesse, qui avait décidé de "renoncer pour ja-,
'
. . i . l t.'&JIOui',.IO Ainai. du point\de
~~
de la atructure de l'oeuvre,voit-on apparattre dans cette éditivoit-on de 1750 un plan directeur par lequel la
traae des événeaents s' organise ~ partir d'un point initial, subit une
wri-table progression et aboutit ~ un dénou..ent re.arquable par sa fonction
t
c.0nclusi ve.
Plan directeur et authenticité: incidences
'~e point de départ, cette coordonnée dl origine oh prend naissance
1
toute la . . rie des lettres du recueU, c'est la preai1.re l.~tre, celle o~
Ninon précise le rôle qu'eUe tiendra, trace le proa~ de ce futur
co_r-ce, en rellave les difficul téa éventuenes et fait état de .a aituation
per-.onnelle (lae, réputation) ainsi que des taboua sociaux:
i
Moi, _rquts, _ cha~er de votre éducation! voua
guider dana la carrilare oh wu all_ entrer! ,
c'
e.t tropextaer
de.,n
aaitié pour -.oua. Voua1
10 Texte A, lettré
S4,
II, 192 •,
/
•
.'
•
-19-le savez: quand une f _ qui n'eat plus de la
prea:1~re jeunesse parait prendre un inté~t far-ticulier ~ un Jeune ho . . . , on dit qu'elle veut le
aettre dans le lIOn de j, e~ vous n'ignorez pas la
aalignité avec laquel~ on ae sert de cette
ex-pression. Je ne veux-donc point .'exposer ~ l'ap~
plication qu'on pourrait .'en faire. Tout ce que je puia pour votre service, c'est d'être votre confidente. Il
Il s' agit l~. sinon d' une prea1~re lettre entre deux correspondants,
t~s certain . . ent d'une lettre consécutive ~ une intiadté nouvelle. Le
mar-quis a fait une demande, plutôt filiale, Ninon répond par la voi~ de llaaitié,
...
.
,et ainsi se précisent dea rapporta sans doute différenta antérieure.ent.
Est-ce la toute prellli~re lettre échangée entre ce"-'..c.ux personnes? Ou
n'est-ce'pas l~ une des lettres du début, de cette correspondance, puisqulelle est
~ l'origine d'une intiaité plus grande? Question difficile, car elle recoupe
le probl~ de l'authenticité.du recueil, mai.
,
~ laquelle on peut tenter d'apporter quelques éléments de réponse.Dan. le ca. d'une authentique preai~re lettre, on ne peut que
rell&r-quer le ton d'autorit,é et l'aspect "progr~" de l'esprit de Ninon, qui
dé-.ontre sa volonté 'de prendre la relation en _in, déllOnte les Écani _ _ de
la confidence teUe qu'elle 11 entend, en explique le proe6sua et annon~e déjl
ce qui offrira cet échange. Le fait que le. lettrea subséquentes vérifient
cette interprétation est . . . ez troublant. "'ucidltfi étonnante ou haaard'
\
~
11 Texte
A,
lehre l, l, 1-2..,
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1
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-20-Quant au choix de cette adaaive parmi quelques lettres déjl échan-8ées, il démontrerait bien l'intention architecturale de l'auteur et sa
ten-tative de
coapositio~
du recueil, par son insistance sur une aise ensitua-tian initiale. L'auteur, le dépositaire ou l'éditeur feraient prévaloir par
le fait ~me l'arrangement épistolaire et la coaposition littéraire sur la
parfaite authenticité de la correapondance. Une ~uestion identique ae poae
-au sujet, du dénouement: ce point final, cette conclualon'l laquelle tend tout
le recueil, cette lettre 55, .a t-elle été la derni~re échangée entre Ninon et
le marquis, dans l' hypoth~se dl un échange entre les deux correspondant.? Le
caract~re définitif des affirmations de Ni~on le laiase croire:
••• mieux que noua toua, l'amour vaincra la
ré-sistance de la comte •• e. Tout doit la
déterai-ner ~ recevoir l'offre que vous lui faites de
vot re main .12
Quelle doit être votre félicité? Voua allez posséder dans la même personne et l'ami le plus esti.able, et la maitrease la plus cbar.ante. Dalgnez al admettre pour tiers dan. cette a.aitié, et lIOn bonheur égalera le wtre; en peut-on
ja-. ja-. la go~t.r de plus grand que loraqu'on partage
c~lui de lea ADds? 13
Dana l'espri~ de Ninon, il ne fait aucun doute que le . . riale
.e
conclura et il e.t probable que la peraanence dea relation • .-lcale. d'unepart et lea bienaéance. d'autre part, n'eu •• ent pas autorisé la poursuite de
•
cette co rreapondance. Hai. dana cette lettre encore, un fait attire
llatten-,
12 Texte A, lettre 55, II, 197.
13
---
Ibid., p. 200 ••
•
-21--tion: Ninon effectue un retour critique .ur l'ensemble de la correlpondance
antérieure et reprend ses principale. propositions et . . . prlnci~ c:oaaaeU.
au marquis: d'un ... mouvement. eU • • •
JUS.
et •• > j u t l f i . el.]. ... , etpour conc.lut't t~ nvient l cett .. Ué. dt un. féainlté d4,t.oDn'te u - * ; -al' ea ...
~actéri.tique de 84 pensée:
Eb bien, marquis, Il l'agitation que vous cau.~
tout ceci vous donnait le loilir d'.xaainer ce que je vous dis depuis quelques jours, ne
serfez-vous ~s tenté de me croire
en
contradiction avecmoi-mêae? Je vous avais d'abord cons8illé d~
tr.ai-ter Il amour un peu cavali~rement ,~t de n'en
pren'-dre que ce qu'il fallait pour vous amuser. Vous deviez n"tre que galant, et ne tenir aux belles
!
que par de. liens facile. l rompre: je vous par~
lais alors dans la th~se générale, et relative~nt
au cas que vous deviez faire d.s f ... ordinaire.;
pouvais-~e deviner que voua leriez assez heureux
pour en rencontrer une qui,
co_.
la coate •• e,.réu-nirait les chargeS de son lexe l toute. les qualités
de 11 honnête OOJllll8? 14
•
Ce rappel nI est rien lIOins qu'un lo_i re, qui conf1nt~ ). la
récapi-tulation. Le fait qu'une syntb~8e critique de cette sapleur, inhabituelle.
cbe~ Ninon, soit jointe l cet ach~ve.ent sur le plan narratif aln.i qu'A c. jug ... nt optimiste, sinon .\ip'borique sur la "félicité" du _rquls, et qul.Ue
se trouve située préci.ément 11 la derni~re lettre du recueil, ce fait _rite
d' ltre souliané. 11 y a Il seable-t-il une co!ncldence reIIIlrquable d • . , t i f .
qui tendent tous vers un but: "'-apporter un. conclusion. Et la conclusion ut
, non-équi voque: d'une part, .ur le plan des opinion. la boucle e.t nouée, et
..
"
1 14 'Text. A, lettre .55, Il, 199-200 •
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\
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- - - ---~---~~~~~~~~~---.
'-22-d'autre part, un jugement définitif sur 1'issue des évén8lle1lts est po". Evideaaent, un événellent aussi III!lrquant pour Ninon que l'éventuel _riage
"
du marquis avec la comtesse, peut provoquer un retour sur elle-Mille et
811-trainer une aise en question essentielle, d'oh l'auto-critique
intellectuel-le. C'est égal~ment un fait connu que ces sortes d'événements président l
l'introduction dans la correspondance de motifs devenus clichés littéraires:
souhaits, com.entaire. sur l'avenir, compliaents. De toute faç~,compte
tenu de la vraiseablance possible, le caract~re conclusif de cette derni~re
lettre est remarquable. Et insi.ter plue longteaps sur la volonté de
struc-turation qu'impliquerait la sélection de cette lettre parmi d'autres, pour la publier en conclusion du recueil, serait superflu.
L'édition de 1752: texte probléastique
L'édition de 1752 des Lettres de Ninon de Lenclos au Marquis de
Sévigné pose d'autres probl~s. La publication, de~ ans ap~. l'édition
originale, d'une édition sen.iblement différente, autant par le n911bre tGtal
des lèttres (98)15 que par la quantité de. lettre. enti~~t nouv~lles (41).
n'est pas sans faire nattre la perplexité dan. l'esprit du lecteur. ',Un
dou-te nalt sur l'authenticité du recueil original. D'autant plus qu'un incolUlu.
qui prend .oin de ne pas se no_r et qui avoue ne pubUeJi qu'l condition de
n'être pa. reconnu, affin.e avoir reçu le dépbt du .. véritable lIallU8crlt d.s
lettres~ Elles auraient été tranallis •• par "l. duc de ••• fUs du ...mcbal
15 Cf. Appendice A, p.446 •
.,1'
,
•
..
•
-23-de... qui avait des liaisons avec la faaille des Sévigné. ,,16 Cet incon-nu explique ainli la variation de texte entre les deux édition.:
Si les Auteurs des pread~res éditions des lettres
de Kade.aiselle de Lenclos avaient travaillé lur le véritable Manuscrit, le public ne verrait pas dans celle-ci les changements considérables qui s'y trouvent. Co . . . Ils n'avaient pas toutes les
lettres au . . rquil de Sévigné, ou qu'ils le.
te-naient d'une Dain peu fld~le, UI ont cru devoir
rectifier ce qui leur a paru défectueux, et relll-plir par des lettres supposées les lacunes qu'ils
rencontraient. sûrtout dans la seconde partie. 17
Reprise et distribution de. lettres de l'édition oriainale dans le recueil
de 1752
Cette affi~tion est partlelle . . nt vraie; en effet, la
coaparai-Ion des deux éditions sur le plan de la co.position et de l'utilisation de.
"
textes de 1750 dans l'édition de 175%, ne peut que conduire l la constatation
luivante: 7 lettres de l'édition or1S1nale, dont 6 .ituée. dana la seconde
~itié du recueil <soit les lettres 33, 36, 43, 48, 54, 55), sont absente.
de l'édition postérieure.18 Quant l l'interprétation fournie. celle du
reapl1asaa. l l'aide de lettres "suppos'es" (interprétation qui pour . . .
u-rer l'authenticité du aanuscrit de 1752 doit nier celle de certa~. texte.
1 •
de 1750). elle devient suspecte, surtout quand on l' oppo.e l l' hypot~.e
dl
un.
suppre ... ion de lettre.. La déCouTerte, postérieure l l'éditionori-ainale, d'un aanusc:ri t autlumtique n'est pas invrai.eablable, -.is 'tant c:IoruW
16 Texte B, PrtI!IÛ'rea lian •• de l'A.erti •• .-nt, p. Ui.
17
!!!M •
18 C~. Appendice C. p.4.50.