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Comment mieux mesurer l’effet des valeurs socioculturelles sur les jugements de risques ? Par l'amorçage peut-être ?

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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HAL Id: hal-02958475

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Submitted on 5 Oct 2020

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Comment mieux mesurer l’effet des valeurs

socioculturelles sur les jugements de risques ? Par

l’amorçage peut-être ?

Ianis Chassang, Odile Rohmer, Bruno Chauvin

To cite this version:

Ianis Chassang, Odile Rohmer, Bruno Chauvin. Comment mieux mesurer l’effet des valeurs sociocul-turelles sur les jugements de risques ? Par l’amorçage peut-être ?. 14ème Colloque Jeunes Chercheurs en Psychologie Sociale de l’ADRIPS, Montpellier,Juin, Jun 2019, Bordeaux, France. �hal-02958475�

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Comment mieux mesurer l’effet des valeurs socioculturelles sur les jugements de risques ?

Par l'amorçage peut-être ? Chassang, I, Rohmer, O., & Chauvin, B.

EA : 4440 – Laboratoire de Psychologie des Cognitions (LPC) – Université de Strasbourg

Les risques sont omniprésents dans notre société, faisant de l'étude du risque une question d'intérêt majeur pour bon nombre de personnes – citoyens, experts, industriels, autorités gouvernementales et organisations non gouvernementales. Les médias de masse regorgent d’informations sur les risques ; les acteurs politiques, économiques et sociétaux du forum économique mondial commandent un rapport global de risques tous les ans. Côté population, on peut citer les 2 millions de français (en plus de quatre ONG) qui ont récemment assigné l’Etat français en justice pour inaction climatique. En bref, il semble y avoir un intérêt généralisé pour la question du risque, intérêt qui se manifeste toutefois sous des formes très variées, comme l'illustre très bien l'exemple du nucléaire : alors que certains groupes d'individus perçoivent l’énergie nucléaire comme très risquée parce qu’ils la perçoivent comme une menace pour la nature et comme faisant des dégâts irréversibles, d'autres la perçoivent peu risquée, soit parce que la rentabilité de l’énergie nucléaire surpasse ses coûts potentiels, soit parce qu’elle est certifiée par les experts et qu’elle bénéfice à l’Etat en lui permettant l’indépendance énergétique.

La question que l'on peut alors se poser est de savoir pourquoi certains individus perçoivent la même activité, substance ou technologie comme plus risquée que d’autres individus ? Depuis 40 ans, de nombreuses pistes de travail ont été explorées pour répondre à une telle question (voir Slovic, 2000, pour une synthèse ; voir aussi Chauvin, 2014). Parmi elles, il y a celle des valeurs socioculturelles, considérées ici comme des dispositions orientant la perception des risques (Dake, 1991; Brenot, Bonnefous, & Marris, 1998). Sur le plan théorique, 4 grands patterns de valeurs socioculturelles ont été identifiés (Douglas & Wildavsky, 1982). Les Egalitaristes croient en l’égalité, la solidarité, la justice sociale et fiscale. Ils perçoivent la nature comme fragile (donc à protéger). Pour les Hiérarchistes, l’autorité, le pouvoir et les relations hiérarchiques prônent. La nature est perçue comme tolérante (si gérée par les experts). Pour les Individualistes, la liberté individuelle, l’autorégulation et l’indépendance priment. La nature est une corne d’abondance. Pour les Fatalistes, malchance, vulnérabilité et résignation sont de mise. La nature est perçue comme capricieuse et imprévisible. Sur le plan empirique, de nombreux travaux ont montré des relations consistantes entre valeurs socioculturelles et perception des risques. Il a par exemple été montré que les Egalitaristes jugent élevés les risques liés aux technologies (nucléaire, industries chimiques ; Dake, 1991 ; Brenot et al., 1998); les Hiérarchistes sont préoccupés par les risques de déviances sociales (manifestations, désobéissance civile…) et peu préoccupés par les risques liés au nucléaire (Dake, 1991 ; Rippl, 2002) ; les Individualistes sont plus préoccupés par les risques économiques (Krach Boursier, surrégulation…) et peu par les menaces technologiques (Dake, 1991 ; Peters & Slovic, 1996) ; les Fatalistes sont préoccupés par les risques personnels (chômage, Sida) et peu par les autres risques qui sont perçus comme incontrôlables (Rippl, 2002). Toutefois, malgré la consistance de ces résultats, les liens valeurs socioculturelles – perception des risques restent de faible ampleur (voir Sjöberg, 1998, pour une critique).

L'hypothèse de travail que nous faisons pour expliquer de tels résultats se réfère à la façon dont sont habituellement opérationnalisés les types culturels ainsi qu'à la mesure de l'adhésion à

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ces derniers. En particulier, il apparait que les études corrélationnelles échouent à distinguer les grands ensembles de valeurs socioculturelles, ce qui réduit la capacité des chercheurs à faire le lien entre chacune des valeurs et la perception des risques. Sachant que les études sont le plus souvent basées sur des mesures auto-rapportées un premier objectif de ce projet de thèse est d’identifier les limites de tels paradigmes, afin de proposer un nouveau paradigme utilisant des mesures indirectes. A travers une démarche expérimentale, nous désirons tester l’activation de valeurs puis les effets de cet amorçage sur la perception de différents risques. Dans ce programme, nous nous centrerons sur des risques à forts enjeux dans nos société, tels que les risques liés aux nouvelles technologies, à l’environnement ou encore les risques socio-économiques.

Dans le cadre de cette communication, nous proposons de présenter une étude pilote sur la mise au point d’une technique inédite d’amorçage des valeurs socioculturelles. Plus précisément, le double objectif est de (a) tester la pertinence d’activer expérimentalement des valeurs à travers des scénarii, comme proposé dans d’autres champs de recherche (voir Ginsberg, Rohmer, & Louvet, 2012, pour un exemple d’activation de stéréotypes) (b) vérifier si les différents scénarii amorçaient un et un seul grand ensemble de valeurs socioculturelles A partir d’un travail de revue de littérature des techniques d’amorçages de valeurs, nous avons sélectionné un design par scénario et l’avons adapté aux valeurs socioculturelles. Chaque scénario décrit un personnage qui incarne un seul des quatre grands ensembles de valeurs socioculturelles. Nous avons également construit une condition contrôle avec un scénario n’induisant aucune valeur en particulier. Ce matériel a été testé auprès de 158 participants des 2 sexes âgés de 18 à 75 ans, sollicités en ligne via Qualtrics. La tâche des participants a consisté à repérer les valeurs du protagoniste décrit dans le scénario. Une première partie des participants devaient répondre à une question ouverte sur les valeurs du personnage, et l’autre partie des sujets a eu pour tâche d'estimer à quelles valeurs le protagoniste adhérait le plus, parmi une liste de 20 valeurs (grâce à une échelle de positionnement en 7 points).

Les résultats à la question ouverte montrent que les sujets retrouvent très majoritairement les valeurs induites expérimentalement (jusqu’à 96% de réponses concordantes). Ainsi, par exemple pour l’Individualisme, les méta-mots les plus représentatifs (sur la base de la fréquence et du rang d’apparition) sont : productivité, innovation, compétitivité.

Les résultats à la tâche d'estimation ont eux aussi été concluants. A partir de comparaisons a priori, nous avons par exemple en effet mis en évidence que les sujets amorcés

Hiérarchisme diffèrent significativement de l’ensemble des autres participants pour les mesures

d’adhérence aux valeurs correspondantes (Hiérarchie, Ordre, Loyauté, Respect et Légitimité ; t =

8,05 ; p<.00001). Pour les autres grands ensembles, tous les résultats sont significatifs pour leurs

mesures d'adhésion respectives, à minima à p<.0001.

En conclusion, aussi bien les données qualitatives que quantitatives ont montré que les scénarii amorcent correctement les grands ensembles de valeurs socioculturelles. Elles nous permettent de penser que nous disposons d’une méthodologie susceptible d’activer des valeurs précises. La seconde étape du travail sera de vérifier comment ces valeurs peuvent impacter la perception des risques.

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