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L'essai littérature au Québec (1970-1990) : un projet de liberté

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1.1

National Library 01Canada

Blbliolhèque nalionale du Canada

Canadian Theses SelVÎCe Service des Ihèses canadiennes

Ottawa. Canada K1A ON'

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(2)

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L'ESSAI LITrÉRi\lRE AU OUÉBEC (1<)70-19<)O~: UN PROJET DE LIBERTÉ

by

JanuS7. PRZYCHODZEN

A thcsis submitted to the

FaclIlly of Graduate Studies and Research in partial fulfillment of the rcqllirements

for the degree of Master of Arts

Department of French Language and Litcrature McGiII University, Montreal

Mars 1992

(3)

1+1

National Ubrary of Canada

Bibliothèque nalionale du canada

Canadian Theses Service Se1vicedes lhèses canadiennes

Olt3W3,Canada K1AON4

The author has granted8.01 irrevocable non· exclusive licence a1lowing

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L'auteur conserve la propriété du droit d'auteur qui protège sa thèse. Nilathèse ni des extraits substantiels de celle-ci ne doivent être imprimés ou autrement reproduits sans son autorisation.

ISBN 0-315-74653-X

(4)

RÉSUMÉ

Ce mémoire est une description et une analyse cie la situation et de l'évolution du genre essayistique au Québee de 1970

à

1990. Il s'appuie sur l'examen d'un corpus de textes littéraires qui reflètent, à notre avis, la structure du discours essayistigue québécois contemporain.

À

travers l'étude de trois dimensions de l'essai québécois: socio-politique , intime/personnelle et féministe, nous allons essayer de saisir et d'interpréter les différents modes de prise en charge par le je essayistique du contexte culturel et idéologique. Au·delà de cet objet principal, nous proposons un état présent des études sur la définition de l'essai littéraire. .

Ce vaste panorama de l'écriture essayistique québécoise s'aœompagne de la bibliographie des essais littéraires publiés pendant cette dernière vingtaine d'années. On la trouvera dans la deuxième partie de l'ouvrage. Pour permettre au lecteur une évaluation plus claire du développement du genre, nous y ajoutons également la liste chronologique des teXtes.

(5)

ABSTRACT

This thesis describes and analyzes the context and the evolution of the Quebec Iiterary essay between 1970 and 1990. It is supported by a body of texts which, inour opinion, ref1ect the structure of contemporary essayistic discourse in

Quebec.

By studying three dimensions of the Quebec cssay - the socio-political, the personal and the feminist -- we will attempt to understand and interpret the various modes through which the essayistic

"1"

dcals with its cultural and ideological contexts. Beyond this principal goal, we offer an account of recent studies on the definition of the Iiterary essay.

This vast panorama of Quebee essay is accompanied, in the second part of this work, bythe bibliography of texts published during the last two decades. In order to facilitate a clcarer assessment of the development of the "genre" in question, we have appended a chronologieal listing of these texts.

(6)
(7)

1

TABLE DES MATIERES

Introduction 6

PREMIÈRE PARTIE

Chapitre1.Vers une définition de l'essai littéraire ...•... 15 Chapitre II. Évolution et situation du genre ....•.•...•... 27

Chapitre III. Du socio-politique

à

l'intime 48

Chapitre IV. De l'intime au socio-politique ...•.•.•...•... 70

Chapitre V. Quelques métamorphoses de la "femme d'jci" 94

Conclusion

115

DEUXIÈME PARTIB

Bibliographie de l'essai québécois (1970-1990) ....•.•.•..•... 123 Bibliographie chronologique de l'essai québécois (1970-1990) .•.•....•...•.•. 166 Liste des prix dans le domaine de l'essai littéraire québécois .•.•....••.••••..•...•. 183 Études sur l'essai en général .•.• • • • . • . . . • . • . . . • . • . . . • . . . . • . . . • . . .• 185

Études sur

Itessai

québécois

187

(8)

"I~tre nbsoJumcnt moderne"

Rimbaud

"En pratique et au jourlejour, cette résolution se traduit pour moi par une indépendance radicale. CeDe·ci, très sensibleà toute influence qui prétendrait m'entrainer par mécanisme social où que ce soit, me ravit maintenant à l'action de la plupart des idées qui courent le monde ou les rues. Je refuse. Je suis ailleurs. Singulièrement, les modes, n'importe quelle mode, sont tenues pour moi pour des automatismes en marche.

Rejeter, indifféremment, pêle-mêle, négligemment, le tohu-bohu philosophique de cette époque et tout de lui. Faire le plus possible le contraire de ce qu'elle fait. [...]

être absolument inactuel. TI semble que ce soit la façon de comprendre aujourd'hui la phrase de Rimbaud. Pour être absolument moderne, du reste,iln'y a peut-être jamais eu d'autre moyen."

(9)

1

o

ImnoDucnoN

L'écriture essayistique se caractérise aujourd'hui par un impressionnant dynamisme à l'intérieur du champ littéraire québécois. Prenant ses origines déjà dans la deuxième moitié du XIXe siècle, où son discours empruntait aussi bien à la forme orale qu'écrite, elle désirait refléter essentiellement des préoccupations collectives des Canadiens française). L'évolution de l'essai étant particulièrement liée àl'évolution des idées. il a fallu attendre jusqu'à l'après la Seconde Guerre mondiale pour que l'essayiste au Québec commence à prendre une véritable conscience de l'individualité. C'est

à

ce moment-là que se préparaient également quelques mouvements de contestation qui au cours des années soixante annonceront clairement "la fin de l'unanimité de la pensée" et le déclin de l'esprit doctrinal. Dans cette marche

à

la pluralité, l'essai se situait souvent en position d'avant-garde et le premier ils'attaqua;~au monolithisme idéologique qui caractérisait alors l'atmosphère culturelle de la province.

L'inauguration de l'âge de la libre expression a favorisé la multiplication des textes essayistiques dont la spécificité reposait essentiellement sur l'analyse diversifiée, au niveau

( ') • DaWlM.Ha,..."L'essaiauOu~bee:desorigincsll.Conr~d~ration·.cIan5Paul\Vy<:zynllki.François Oal/a)O el Sylvain Sim.,d (aoualadiroelion de).!.·....!cIl. P"'S d·id6e.

eu

Qu§hss.Monln!a~Fid...(<<Archi... dealell"" eanadienn.... VI). J9115.pp.J1.27.

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thématique (idéologique) ct fonnelle, du fait canadien-français/québécois. Eu dénonçant la mystification de la réalitoé, ils propm'1ient de nouvelles pistes cie recherches sociales, politiques et intellectuelles qui allaient bientôt prendre la forme d'un impos.1nt projet de transformation radicale du Québec. Soulignons encore que par sa position de rejet de toute forme de déterminisme, J'essayiste stimulait continuellement le rythme de ces changements.

De ce point de vue, l'essai québécois

contemporain

s'inscrit manifestement dans une tradition de modernité dont la continuité nous apparaît d'ailleurs comme une des caractéristiques fondamentales du genre: se questionner sur la réalité, sur son identité propre, conserver dans cette interrogation un sens d'(auto)critique - tel est le fondement de la rénexion de l'essayiste québécois d'aujourd'hui. Cependant, il est nécessaire de repérer dans cette incessante recherche de vérité qui souvent se transforme en une quête de liberté quelques particularités dont la connaissance nous permettra de mieux comprendre l'évolution qui s'est opérée dans ce genre au Québec à partir des années 60. Une des premières différences observables à l'occasion de la comparaison du discours ,de l'essai québécois d'aujourd'hui et de celui qui se pratiquait à l'époque de la Révolution tranquille . consiste en une modification importante au niveau de la situation d'énonciation. C'est que jusqu'à la moitié des années soixante-dix. c'était surtout le destin collectif voire national qui représentait , .. l'aspect thématique dominant des textesessayistiques. Ceci avait conséquemment des implications discursives précises: le sujet du discours portait sur un Nous commun et communautaire dont l'importance s'avérait fondamentale dans la mesure où cet élément renétait assez fidèlement le dispositif idéologique du projet social et politique du Québec de cette époque. Toutefois, marqué par quelques différences, ce pluriel ne représentait pas une configuration homogène, d'autant plus que le caractère générique de l'essai installe d'habitude dans le texte tout un système de confrontation et de reinterprétation des orientations idéologiques prises en charge.

Ce

système, en

(11)

o

se situant

à

la base d'un complexe di:llogisme, constitue d'aiIIeurs un <les l'rinripes du fonctionnement du discours essayistiC]ue.

Ainsi, le Nous-Sujet se voit confronté de pins en plus au cours des années soixante-llix an phénomène de la singularisation dn discours essayistiqne età l'cmprise progressive du .le qni. comme l'indique l'ensemble des définitions de ee genre (chapitre 1). constitue le noyau ceulral ct fondateur de l'écriture essayistique. L.'l modification de l'essai québécois consistera donc en un dépassement progressif de l'hori7.on idéologique national ct en une individualisation visible de la vision de la réalité. L'analyse de ce glissement du Nous au Je, avec l'étude de la transmutation idéologique qui s'opérera dans l'écriture essayistique aux cours des décennies

1970

et 1980forme l'ohjcl principal de notre travail.

De façon générale, la période que nous avons choisie représente

l'après de

III Rc!l'Oi/lliorl

tranquille_

Évidemment le choix de la date de

1970

demeure arbitraire et ne peut pas être consilléré

comme fixe, surtout qu'il est assez difficile de situer précisément la fin de l'époque que l'on désigne par le nom de la Révolution tranquille.

La

majorité des étudespropo~ecomme dates charnières les années

1964-1966

où on observe un certain essournement des réformes entreprises par le gouvernement libéral de Jean Lesage. Signalons aussi qu'au sens large, "l'expressio;'l est aussi utilisée pour carar(ériser ['ensemble des décennies

1960

ct

1970,

marquées par le triomphe du néo-libéralisme etdu néo-nationalisme ct par une remarquable coutinuité dans les orientations des divers gouvernemenL~ qui se succèdent

à

Québec"f).

Dans ses préoccupations

génériques,

la méthode de notre travail consiste en une systématisation d'études qui abordent la question de la définition fonnelle de l'essai (chapitre 1). Ce chapitre est redevable essentiellement àdes travaux de Jean-Marcel Paquette, Robert Vigneault,

( ~• "Sous le Jigne de laR~volutiDn trnnqui1lc de 1960l DMjauni- cbn. P.•' ..UnleOlu.R. Dumchcr,J•.

c.

Robcrtctr. nic.,rd,

(12)

c

1~1urcllt M:lilhot, Jeall Tcrrasse et Marc AlIgcnot qui ont approfondi dans différcnts sens la notion de l'essai. En voulalltllous munir d'une ccrtain fondementthéori'luc pour la constitution du corpus bihliographiquc dc l'essai Iilléraire québécois ct pour mieux expliquer notre démarche analytique nous proposons dans celle partic du travail d'évaluer, d'inlcrpréter ,~t d'intégrcr Ics réncxions qui abordent la qucstion de la stmcture du genre. En conclusion à cc chapitre, nous admellons comme base de notre étudc la définition opérationnellc de l'essai proposée par Jean Marcel, tout en soulignant cependant la nécessité d'approfondisscment de certains aspccts aussi hicn fornlels quc sémantiques ou socio-critique5 du discours cssayistiquc,

La

délimitation du corpus bibliographiqnc de l'essai québécois s'est donc faite en fonction de celte définition, Toutefois, même si elle propose comme élément générateur du discours lilléraire essayistiquc Ic .Te, il est nécessaire de notcr que cet élément formel peut sc dissimuler dans certaines situations sous la formc d'un Nous (cas de l'cssai québécois dcs annécs 1960), ou d'un IL (essai pseudo-scientifiquc). Ajoutons qu'il n'est pas rare que le sujet du discours de l'essai oscille entre ces trois formese),

Ainsi,

à

cause du caraclère particulier ct parfois hélérogène dc l'essai québécois, nous incluons dans la listc des te.'(tes

à

analyser dcs écrits où le Je n'cst ps toujours très présent: souvent ilse voit presque effacé par le c.1raclère non-personnel de l'ouvrage. Une telle démarche nous parait justifiablc car par exemplc l'étude de l'évolution de l'écriture d'autcurs comme Marcel Rioux ou Fernand Dumont nous permettra de d6montrer le haut degré de personnalisation du genre essayistique au Québec après 1970. Mais nous évitons globalement d'inclure dans notre corpus des textes essayistiques qui portent cssentiellement sur l'histoire, sur la philosophie, ainsi que des écrits dc scienccs politiqucs, de sociologie, on dcs ouvrages critiques car, à'notre avis, ils rcntrent difficilement dans le cadrelittéraire dc la définition proposée du genre.

( ') • Un",jellnl~re...nl, m.isqui dép.".., le eadn: de nnln: ~lUde, eenec:me 1. ~..nee de rnrmes di",,,,,",,es propres

a

l'e..:Ûd.ns

C'CJtaincs rtlmle., de:récit,comme te mnUln.11I nouvelle ou le mnle. Vuir Accpropos JeanMarccl,"PmI6snm~ncsà une th60rie del'e~i",

(13)

Ct

Quelques "exceptions" il cetle règle s'expliqucnt aussi par rUsa!~c "performatir' que' lks auteurs font du langage. C'est le cas notammcnt de ccrtains écrils d'cssayisll's-phiiosllphl's l'llmme Joseph Pestieau (~poir incertain, ~i sur Je poUvoir) ct Gillcs Lane (Si Il'f marll)llI1\:.U~~ pouvaient choisir) ou de textes des critiques-essayistes comme André Delleau ()'a-l-Uuu intl'llc,·tul'l dans la salle, Snspendre les voix), André Brochu (La Littérature ct le Rl'ste, 1..1 Visée crili'llll') l" aussi François Ricard (La littérature motre elle-mên]Ç)('). Admetlons toutefois que dans \'enscmhle des essais, l'essai de critique littéraire présente uu problème particulicr; parfois esclu des répertoircs, parfois

y

inclu sans critères typologiques précis (Bibliographie de Liy[l,'s ct AUtl'UI::; C.anadiens\Ouéhécois); ce sous-genre semble éveiller beaucoup de controverses. Ici, si nous proposons d'intégrer parfois cette fonne de réOexion, e'cst seulement là où comme le remarque Robert Vigneault la critique "exige une mobilisation intime de ('écrivain et commande une écriture qui la démarqne radicalement du

compte rel/dl/

ou de

l'étl/de théoriql/e

ou de l'enquête

d'Iris/ni,,!

littéraire.

[Son] investissement personnel [...] [doit donc] se réaliser il travers une dialectique de la

distance et de l'identification, souvent éprouvante

à

vivre, et qui ne trouve sa résolution que dans la découverte d'un certain ton de l'éeriture"(S).

Précisons que la Bibliographie de l'essai québécois (1960-1970), annexée

à

cc travail, s'est construite

à

travers les instrument de recherches suivants: Dieliommire des j!llleurs de langue française en Amérique du Nord (DALFAN), Dictionnaires des oeuvres littéraires du Ouébec (DOLQ); rubriques (chroniques) consacrées

à

l'essai dans les re"les: Liyres cl auleurs quéhémis (Bibliographie), Lettres Québécoises et Études francajses. Nous avons également tenu compte de

( 4)_II cst n6ccs:saircdenoCer IbM cc dernier caslaprâcncc de plus cn plus marqul!c de l'auteur cbn..lc champlit~rairede('cNi (voir à ce sujet notre bibliogr.:aphic). Cependant, ce gli_menl "(ormel" nous:l:mblc ëlrc J'évolution natun::t1cdehlréncxinn del'c''~:lyi~c

qui d~jA danll se! pn:micl'1I tCltCl sc &fUMait la tAche d'un "veilleur de conftCÎcncc". À nntre avis, cc prnj~t tClttuc:l lOlUJ-lcnd continuellement le discours de Ilauleur, même.'iIs'agit desac!crit5 IClI plu.. CritiqUCL

( 3)_Robert Vigneault. "Une anthnlogie de.'et'UlÎau mble de lath~oric".J["tgqu§WsoÎZ$ 0°39, automne 1985.p.m.Surlc.I:llul del'essaicritique voir du même autcur"Jcan·Louia Major ct J'cxigw:ncc d'6aitwc", Voix el InulI!gt. vol.X.on 3. prinlcmps 1985, pp.

(14)

deux hihlillgraphies sur l'essai '1u"h''''"is déjà e,istall"~' '" 'l"i se tmllvenl <Jans I.'essai \juéhécnis IRn·I'JR3 (selective) de I-.,"'elll Mailhlll el de Benoil MelanÇDn el dans L'essai el la prose d'idéer ail Ouéhec (générale) de l'aul Wyczynski, de François (,allays cl de Syl\'aiu ~~:ni~cd. La mise àjour dl~S h~slll1;,'Saillsi nhknus s'est fait par la l"llnslIl1alil)1I dl~. la Bihlingraphie du ()uëhtç, du syst~.me infomlatiquc MUSE de la Bibliothèque de l'Université McUill ct de la banque de donnés -BADAPUQ de l'Université du Québecà Munt""a!. La lisle d"s l'l'Ïx dis<"erués dans 1" dumain" d" l'essai littéraire s'est constituée à partir du Répertoire d"s Drix littérajres!!!91(6),

En cc qui cuncerne l't'illde dll cliscullr.\' essuyisliqlle qllébéwis, l'al'I'r... che, utilisée ici litmdm compte dans un premier lieu de la démarche socio-critique et surtout de son aspect externe où ('acccnt est mis sur Ic rapf'Ort cntre le tcxte et son contexte social, politique ct culturel, Dans cette pen:pective se déploie le chapitre Il qui illustre l'évolution générale de l'essai quéhécois de 1970 jusqu'il nos jours et présente les lignes de force de cette écriture. Cependant, pour démontrer une continuité rcmarquahle dans le développement de ce genre à l'intliri;,ur du champ Iittliraire du Québec el pour expliquer 'luelques fondements idéologiques de l'organisation dn discours essayistique contemporain, nous nous pennettons élargir notre champ d'enquête, et d'évoquer brièvement la situatiun socio-politique <.1'ava,ut 1970, ainsi que de comlllentt;r g6nélalemenl la produclion essayislique de ceUe époque, Nous temlinons ce chapitre par une courte évaluation de la situation instituliulUldle <.1u genre.

Les chapilres III-V sonl consacrés à l'analyse de la structureinterne du discours essayistique.

En nous servant entre autre de possibilités de recherches qu'offre la critique thématique et la sémiotique littéraire, nOlis cherchons à approfondir Ie.~ constatations fonnulée.~ dans le chapitre précédent, Es.~entiellement, l'objectif principal de cette partie du travail repose sur l'étude de la situation d'énonciation, c'est·à-dire sur le pa~sage du Nous au .hl que nous avons déjà évoqué.

(15)

o

Compte tenu d'une indh'idualisation progressive du discours, nous d~sirons également révékr et décrire certaines stratégies qu'entreprend le J,: ess:tyistique alin d'imposer ou de ganler la plal'"

centrale dans le discours.

Lechapitre III s'appuie sur un ensemhle de texiesà caractère socio-politique ct propose de voir comment cette tendance il la personnalisation subvertit graduellement la vision de la n'alité construite par l'ess,1yiste. Par contre, le chapitre IV se donne pour cadre des essais qui visent de façon plus ouverte à la centralisation sur le Je - projet dont la réalisation s'avère dirficile, ce qui nous permettra de dégager un jeu d" relations idéologiques complexes.

L'époque des années1970-1990 étant marquée particulièrement par la présence des felllmes nous consacrons une partie de notre travail (chal" V) à la parole essa~listique féministe. Il est nécessaire de signaler que le manque particulier d'études approfondies sur cc sujet nous oblige il présenter cette dimension de l'essai québécois dans la perspective idéologique générale de l'écriture des femmes. Ceci d'ailleurs correspond

à

la fonction principale dont sc sont chargées au début les femmes-essayistes: le plus souvent elles jouaient (ct jouent encore) le rôle esseutiel dans la constitution et la consolidation de l'espace social et textuel propre il leur symbolique et il leur l'imaginaire. Dans un second lieu, celte analyse des représentations fémiuistes diverses du réel chercheà faire ressortir les points décisifs de J'évolution propre au discours essayistique et

à

voir comment le Sujet-Femme s'est défini par rapport au contexte socio-eulturel québécois.

La

délimitation du corpus

pour chaque chapitre n'est pas neutre, elle s'est effectuée

à

partir

de deux critères: tout d'abord, nous avons désiré présenter les auteurs et les oeuvres les plus représentatifs pour l'ensemble de l'essai littéraire québécois contemporain. ensuite, notre choix a voulu tenir cempte des textes et des essayistes qui renètent, selon nous, de façon exemplaire et intéressante la structure des trois dimensions que nous avons discernées pour. celle analyse. Nous considérons que les champs sodo-politique, intime/personnelle et féministe constituent les facettes

(16)

les plus caractéristiqucs de l'essai littéraire au Québec. Notons cependant que noire sélection des auteurs ct des titres ne prétend aucunement à l'exhaustivité.

Il est facile d'observer donc que la structure de notre étude se découpe principalement en trois plan: fonnel (chap.I), descriptif (chap. Il) ct analytique (chap. III-V). Nous croyons pouvoir présenter ainsi la grande richesse thématique et formelle d'un genre e..'(trêmement important dans l'évolution littéraire et culturelle du Québec. Compte tenu des observations formulées durant le traV'dil ct des résultats obtenus, la conclusionà cette première partie de l'ouvrage cherche à faire la synthèse sur l'état du discours ess.,yistlque québécois actuel ct à proposer d'autres pistes de recherche en cette matière.

(17)

o

(18)

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c

CHAPITRE 1

VERS UNE DÉFINITION DE L'ESSAI LITTÉRAIRE

Se questionner sur la définition des genrcs littéraires, à l'époque où on assiste à l'éclatement

et à l'effacement de ceux-ci, est devenu un acte qui peut légèrement surprendre. Le mouvement

postmodernc, avee le sentiment de méfiance si intense à l'égard du Récit, qu'il semble porter

également menace à la structure générique des textcs, a provoqué une sorte d'hybridation des écrits

littéraires et tente d'orienter la discussion "sur le genre littéraire" vers ce qu'on pourrait nommer "le

genre-littérature". Dans ce processus de fusion globale, se cache, tout au moins, un paradoxe curieux,

le désir de plus en plus présent d'auto/définition de l'écriture essayistique.

Ày regarder de près, ce paradoxe est autant curieux qu'apparent. Pratiqué depuis Montaigne

(:E.~sajs(1580»

et peut-être même avant lui(I), échappant toujours aux tentatives de saisie dans une

formule normative, l'cssai prend aujourd'hui sa force, entre autre, du voisinage immédiat avec

( 1) _JeanMarcd"Porme et Conction de l'esai dans la littérature espagnole",elUcIaUttfmiŒ!l.V,J,nvri11972.p. 77.,"Pro~gom~nes

lune thMrlc dere.u:ai",Kw:n1nlnilc Nenfilnlncrlcr.ny. Varsovie, XXXlrt, 4, wioma J986, pp.4S1-4S4, ct ROUTI1, lIamld Victor, wrhc

(19)

o

d'autres types de récit qui nourrissent son ambiguïté englobante. Subversion '? Con:;idéré par Donalll W. Bleznick comme "le plus moderne des gellTes littéraires"

0

l'essai bÎllit également sa notoriété sur la résurgence du

JE,

"lié en partie à cc "retour au lisible" qui est

mailllcllalit

le discoUTS dominant" (') Et malgré le récent débat sur la 'mort du sujet" (Foucault), le JE s'est nommé ct s'affirme délibérément comme l'un des éléments fondateurs de cette écriture. Sa spécificité sc manifc.5te implicitement déjà dans les premières définitions de l'essai, qui ne paraissent qu'au XVIITième siècle. En 1718, le Dictionnaire de l'Académie observe: "Sc dit auffi, des

l'rCIIIÙ1rcs

productions d'esprit

qui se font fur quelque matière, pour voirfil'on y réussira" (tome 1, p, 595). On

retrouve le même épiphénomène dans l'édition de 1728 du Ricbelet: "Divers auteuTS ont donné par

modeftie

ce titre à leurs ouvrages" (tome 2, p, 113), ct dans le Djctjonnnjre de l'Acndémjc de 1798,

qui précise: "II sc dit encore de certains ouvrages qu'on intitule ainsi, soit par modestie, soit parce que, en effet,

l'auteuT Ile se propose pas d'approfolldir la matière qu'il traite"

(tome 1, p.525).(') Cependant, ce qui détermine ce rapport "modeste" du Je avec la réalité ne sc situe pas uniquement au niveau d'un psycbologisme du sujet, mais provient avec la même force des champs culturels ct bistoriques qui, par le processus de coexistence ou plutôt de superposition, provoquent l'émergence de l'écriture réflexive. Comme le remarque Jean Marcel, dans ses observations sur les premières manifestations de l'essai dans la littérature française (Montaigne), anglaise (Bacon, Cowley) ct espagnole (Ortéga Y Gasset, Unamuno), les tensions qui agitent ct stimulent la conscience du Je tirent leur origine du sentiment radical d'achèvement, d'instabilité du monde, sentiment qu'il faudrait définir nécessairement en terme de crise.(5)

( ') • DonaldWilliam Dlcmiclc, nte,,",!,!! ..n.finl<Ici"jolnXVI ,,1 XX.M~xi"", "didnne.DeAndrea, 1964, p.31. ( .'). Jean Yves Collette. "Je CIl un BUllell

dansIJI tentation ntllohjnmnhinue. CnmmuniCltinn!C de ht 9"nlnmème rc:nctmlre

gu~WMi:it jn'ttnntinnniedesécrivain"Montréa.,L'llcugone,19N8.p. 103.

( ') • Nou., snuUgnons dlll1S lnus

ce.,

exemples.

(20)

.< .

11

.~

....

c

La reconstitution de la vision perdue du monde, la tentative de sa restitution dans ct par l'univers du texte nous apparaît donc ici comme l'acte fondamental d'un Je angoissé, situé au plein milieu de l'éclatement de son système référentiel. Se retrouver ne constituerait cependant qu'une des facettes de cette entreprise, car la mise en scène du projet et du processus de construction d'une représentation textuelle-littéraire de la réalité, implique, par ailleurs, le déplacement de l'essayiste vers l'universel ct ceci paraît devenir le geste premier et toutàfait original de Montaigne. Malgré une certaine influence des modèles antiques sur ses écrits(Dialo~l!esde Platon, Lettres de Pline et de Sénèque, ou Méditatiogs de Marc-Aurèle), manifestement c'est avec Montaigne que l'essai trouve, en tant que genre, sa forme essentielle: le Je - sujet et ohjet du discours - voit subir ici "la transformation de [son) individualité dans un tout qui l'englobe sans pour autant le dissoudre".(6)

D'autre part,

il

convient de souligner que cette mise en interaction du singulier et du global n'arrive jamais à contrecarrer ou à pervertir la parole subjective du Je, sans cesse, distincte du discours idéologique ou scientilique('). Elle l'investit plutôt de manière dialectique, quoique déséquilibrée, et peut produire, dans certains cas, l'effet d'effacement de la présence de l'auteur dans le texte et attribuer, par conséquent,àce dernier des traits fortement impersonnels. Cette présence, d'habitude moins manifeste que dans d'autres genres Iitléràires, demeure, tout de même, pertinente, car c'est le Je qui, par lès procédés de transfert, détient le pouvoir d'exhorter le lecteur-destinateur

à

partager ses visions du réel. J can Terasse en observant le rapport complexe entre ces trois constituants (Je-Réel-Lecteur), remarque qu'ils peuvent de leur propre façon déterminer l'aspect du discours essayistique ct, par le biais d'opérations rhétoriques spécifiques, lui donner la forme soit

( 'l

-lli!km.

p.19.

(21)

o

médiative (destinateur), soit pamphlétaire (destinataire) ou encore historique (description du réel).(")

Robert Vigneault, en examinant le Je de l'essai en tant que "sujet de l'énonciation", est amené à attirer l'attention aussi sur l'implication proronde du Je dans l'acte discnrsir ct sur les résonances bigarrées que cet enracinement produit. Il observe dans son article: "Cette mainmise dn Je sur le discours provoque la transrormation, voire le bouleversement du code lan~a~ier (00') elle suscite aussi, du même coup, la mobilisation même de l'imaginaire. Autrement dit, cette entrée remarquée dans l'ordre du langage, ou encore cet accès au domaine de la littérarité, en un mot: cette mise en texte, qui caractérise le discours de l'essai, procède, comme tout discours littéraire, de l'activité littéraire, de l'activité fictionnelle de l'imagination."C) Nous proposons d'éclaircir cette remarque et de voir sur quoi reposerait précisément cette (re)conliguration du discours dans le contexte de l'essai. Toujours en accord avec Robert Vigneault, il paraît important de const.1ler d'abord, que la notion de discours, impliqne dans son premier sens (épistémologiqne) "la successivité logique d'un ordre rationnel".(''') Par conséquent, elle s'oppos'~, manifestement, au c.1ractère particulier - intuitif et non-conceptuel - de la démarche cssayistique qui, en dernière instance, se révèle hors de l'emprise de l'énonciation méthodique. Dans le climat de l'expérience personnelle, l'essayiste construit subrepticement, mais avec une eflicacité particulière, une écriture-lecture irrationnelle dont le mode d'articulation se fonde souvent sur l'enthymème. Ce terme, présenté par Aristote comme une forme de raisonnement par déduction, donc de démonstration, se distingue

cepenàan~du syllogisme dialectique par le recours aux procédés de rhétorique qui déterminent, dans

le c:ls de l'essai, le choix et l'ordre de présentation des idées.

( '). Jean Tem... RMtprigue del'cm;'iuérnj!S, Mont"'at.P"""",sde l'Univemté du Ouébec,lm,p. 129. ( ') • RobertVigncaut~'L'e...iquél~coilCpolalabl.. théorique", Voixelim... VIIl,2,hiver 1983, p.3t9. ( "') .1JWm,P.313.

(22)

c

Il semhle en effet, que dans son enlreprise, le discours du Je essayistique, sc rapproche en définitive "d'une fiction d'un type particulier: forme intennédiaire entre la création imaginaire ct la création coneeptuelle".(t1) Mais, comme le dit Paul Wyczynski, "ce qui importe, c'est que l'essayiste saisi~se le sujet dans le vif du problème, qu'il en fasse le centre de sa pensée et qu'il traduise cette pensée en une fonne originale".('2)

La structure de cette stratégie qui ne se donne pas le but ultime de fournir la réponse définitive, mais de prendre en charge "un objet culturel"('J), de l'évaluer, de le dé-couvrir au fur ct

à

mesure ct de le faire évoluer par le changement constant de perspectives, se montre manifestement ouverte au mouvement non-linéaire, circulaire et spirale. Cc mouvement prend la fonne d'un voyage, d'une exploration inlassable des trois dimensions ct semble parfois, par son errance, présenter une menace

à

l'unité de la pensée, mais, en réalité, iln'est que sa dissimulation. Du point de vue de la sémantique strncturale, la discontinuité du discours essayistique est due, comme le note Jean Terrasse

('4),

à l'utilisation inégale, par le Je, des prédicats statiques et dynamiques (Greimas). Ces deux constituants langagiers entrent ici dans une relation hypotaxique qui sc caractért~e par la domination du prédicat fonctionnel et qui distingue l'essai du genre didactique en détenninant d'une certaille façon son vocabulaire et ses métaboles.

Les

conséquences qui en décolllent - l'utilisation de mots plurivoques, l'oscillation du Je entre l'anecdote et la conceptualisation - affaiblissent la rigueur despreuve.~intrinsèques et déclenchent le processus de segmentation de la parole essayistique. Celui-ci s'explique également par une tension contradictoire

( "). LaurentMai"'n~n....igu~I!!!c:nl. tRF-19H3, Muntnlal, lIurlubl.c IIMII, 1984, p.4.

( 12) •Paut Wyczyn5ki,"r1olltaiIlUrla'iU~rature:desoriginell 1960". dansL'F.'l'Cni etlanm~d'idE9 auQ~I~csousla directionde

FrançnisOoUO)'l, Sylvain Simard cl Paul Wya.ynski,Mnnlnla~ l'ides,p.76. ( P) •Jean Marcel,!ne.cil.p. 80el8.~.

(23)

·t

e

~l:

o

qui sous-teudle projet essayistique originel ct l'empêche d'allcilllire l'unanimité de sa visilln: située au niveau des rapports Je - Réalité, elle dévoile la volonté contradictoire de l'essayiste de saisir la réalité en tant que 'Ten soi et le pour soi"C~), de la décrire dans son état préverhal, iunommé cl innommable et, en même temps, de se l'approprier.

. Il faut également tenir compte d'une autre perspective que représente cette entreprise, car la tentative de transcender le réel pour trouver sa dimension ultime ct absolue devient, en effet, une quête de la vérité, Pour une bonne part, les conceptions de voSrité élaborées par le Je de l'essai surgissent d'un clivage entre la eonnaiSS<1l1Ce abstraite, spéculative ct l'expérience vécue qui pennet d'organiser, plus aisément que dans d'autres genres littéraires, un système cognitif propre.

À

cc niveau, nous pouvons observer que la réalité produite par l'essai qui se donne la vic elle-même (sans y exclure l'art) pour modèleC6

), vient non seulement d'une tentative de réduire l'expérience à sa

fonne subjective, mais aussi d'une opposition originaire du dualisme entre subjectif ct objectif, et d'un processus d'interaction entre les deux.

La

médiatisation de ce savoir s'opère bel et bien

à

travers le langage, un autre constituant fondamental de la structure ess.,yistique.

Les analyses de François Ricard et de Jean Marcel signalent ensemble le caractère fortement perfonnatif du langage utilisé par l'essai: "Le signifiant y fait plus qne transmellrc le signifié, il l'invente, le modèle, agit

constamment

sur lui".C?) L'observation demeure juste, elle paraît cerner le fond de la problématiqne de l'acte de J'énonciation et pennet simnltanément de rendre compte

( I~.George l.uk6c\ "I..cttn:ltl..co Popper'", tmduitcpu O,micllc BohlcrciFréd~ricMartM:g.!Il:)UlI litre "Naturectfumlede)'cSUli*

clansJude3ljtt~rpirs;'L lm:...dl.,p.lOt PourillustrercetteaU1.l;tatation,nous pourrions nous lIiCrvir du pas.liagc desPCtl}RCWjmmnde,

Pierre Vadcboncocur,l'cayi.,tc de première lignedan., la littérature québécoise:-Utme voilA maintenant qui parle de!!: f'YJ'1Imidcsctde

tamort.1oDqu'il nc s'.gilicique des menus esquisses que je wsail parp~lemps 1Je parletkla·lIic.plutôt,ct InIrtnut de quclque chose deptua,inh~rcnll taule oeuvre pour peu qu'è::Uc BOilscmiblc: nonputanl Ja vie elle-memc,manircst~cau regard cl qui est partout,quiat commune, mai! roraclc de 1.vic.bien d'avanlagc, ct son lI)'I1lootc, ellFès pric*menl te aigne qui n:préKnlc un rtlCDuge

quine peut èlrcI~.·. (Monln!a~L'Hexagone, 197H, p. 101. No... lIOulignn..), ( ") • François Ricard,!!lUi!..p. 237. (Nous soulignons).

(24)

(

c

du lien ilu/is.mcitlble qui sc f.. it enlre cet ..cte ct 1.. performance. En conséquence, elle parvient

à

meUre en évidence un élément fondamental de l'écriture essayistique: passion qui sc veut, en toute instance, une des forces génératrices du Je. Cependant, comme ra senti avec acuité Jean TerrasseC"), la spécificité du discours essayistique qui dépend, entre autre, du type de destinataire visé, s'accorde, en degré diversifié, à la stratégie perfonnative. Très présente chez le polémiste, assez visible dans le pamphlet("'), la perfonnativité devient subtile dans les écrits introspectifs. Mais, soulignons-le, une fois de plus, c'est elle qui modélise la plume de l'essayiste, lui donne du mouvement, du rythme, de la dynamique et, en mettant au premier plan aussi bien la face signifiante que la face signifiée du signe, éveille une série de relations qui travaillent le texte à de multiples niveaux.

Ramenée au plan phraséologique, la fonction perfonnative est soumise à des procédés textuels comme la répétition, la gradation, la symétrie, l'opposition ou même la mélodie. Ce mode de fonctionnement des champs lexicaux dans la fabrication de la parole essayistique rend possible la réalisation de l'itinéraire de sa pensée et renforce, par la prolifération des angles de we, la position centrale ct centralisante du Je-même.Lacharge poétique et lyrique de ce discours sc voit parfois soulignée par la disposition matérielle <le cas de l'essai investi par la Nouvelle Écriture) qui laisse ainsi infonner le texte

entier

du dynamisme de son écriture..

Évidemment, une telle structure du langage essayistique ne reste pas sans importance sur la relation que le Je entretient avec le réel. Fondé, comme nous l'avons déjà noté, sur le mode lyrique

( ") • Jea. Terra...."~.p.129.

( ") • y..,.Avril,'LepamphleC ...ided~fi.ili••cta.al,.. dequelquCS'lDl'deacspmœd~s', t;rud""lill~rai... XI,2,8.Ot1978, P.265.

(25)

.'.

o

et intuitif, responsable en majeure partie de la liction de l'essai. le discours essayistiqlle l'orle sur un objet très précis. Celui-ci. délimité avec heaucoup de précision et une granùe justesse par les analyses de Jean Marcel, se révèle comme étant essentiellement de n;lture culturelle: "Montaigne naît de ses lectures, Ortéga. Unamuno ou Azorin naissent de leur décryptage des profondeurs de la production culturelle de l'Espagne".(-~ C'est dire, qu'en délinitive, le vécu et le culturel ordonnent J'exécution du procès d'analyse et de synthèse du référent et pemlettent également d'opérer une distinction entre l'essai ct d'autres "genres" Iilléraires qui lui sont souvent voisins. Ainsi, l'autobiographie et le journal intime ne construisent pas leur discours dirt'ctt'/IItllt

à

partir d'un corpus eulturel, mais puisent plutlit dans le qnotidien.el

) De même, le pamphlet et le manifeste qui, déjà par la volonté d'intervention, se situent sur le plan tout à fait différent dans leur rapport avec la réalité culturelle.

Dans la relation qu'entretient le donné culturel avee le Je de l'essai, on doit reeonnaÎlre néccssairement que ee premier ne constitue pas l'objet unique de l'essai. Dans ce type particulier de réflexion que présente le texte essayistique, ilsert anssi d'éiément médiateur, grflce à qui le .Je arrive à récupérer son êlre dispersé. Selon Jean Marcel, ce retour à soi, qui produit finalement le dédoublement de l'objet, constitue, en dernière instance, un achèvement de la fomle de l'essai.(21)

Dans son aboutissement, le cheminement de la pensée de l'essai semble donc retrouver le point de départ. Nous pouvons observer qu'à travers son eA'Périence singulière ct complexe, celle pensée se faille dépositaire d'une vision du monde intraduisihle autrement que dans un discours oil le Je et le référent s'examinent dans une interdépendanee dialectique. Intégrés de la sorte, ees éléments assurent l'unité et l'identité de l'écriture cssayistique ct transfomlent5.1 parole plurivoque

( "') • Jean Marccl,l!!!O..!àb p.M.

( 21) •Cependant,cc:voisinage immédiat de l'écritun: aUlnhiographiquc avec reaairmcJuil tb tclte3qu"ileltpml'iiblcdeconlâdén:r

(26)

C'

c

en langage homogénéisé par la quéte ue Sens. Il n'en uemeurc pas moins quc ce langage, en évaluation constantc dcs signcs qui advienncnt, rcjoint l'cntrcprisc archaïqnc, nommée en latin

exagill1n(!J),

l'archétype de l'cssai.

L'extrapolation et la relccture des études consaerées à cette écriture migrante que constitue l'essai nous autorisent à signaler, dans un premier temps, une longue évolution qui s'est effectuée dans la délimitation de ses constituants. Dc plus en plus d'auteurs admettent,

à

l'exemple de Jean Starobinski, que "l'essai revcndique le droit à un dessin autonome"(!') et proposent, comme nous avons pu l'ohserver, des analyses, parfois très poussées, des origines de l'essai et de son statut particulier parmi d'autres genres littéraires. Ce qui mérite également d'être souligné, c'est que ces études fournissent des interrogations, quoique timides encore, sur les difficultés présentes dans l'établissement des bases

d'une typologie.(.5)

Celle·ci dépasserait nécessairement le cadre défini par la rhétorique traditionnelle, surtout que, comme nous l'avons déjà noté, l'écriture essayistique semble entretenir un rapport asst,'z ambigu avec les genres "traditionnels".

Dans ce vaste ensemble d'études, une différence essentielle s'énonce entre les formulations

"l,

( 1'1) ..Antoine Compagnan,

t"

Menade Mnin nu le tmypitdeJi)citiltinn. Paris.Seuil,1979.p.2S6.

( J') .. Jcnn Stambinsld."La littérature .Ietexte,ct l'interprète·, dansFairede111jl'1niœ-sou.. la direction de Jacquc... LeGoffct Pierre

Nora, L2:Nouvel1," ooomeh... Pari.. Gallimard, 1974, p. 173.

( ZJ) ..Surtout Jean TcmtR:,

Jm...si.1.

Marc Angcnot. lA ppmle ppmphJttniŒ' 1\pnlnpjsdadisC:Qum modrmn- Paris, Payot, 1982,

(27)

:1-- ,

o

idéalistes (philosophiques ct humanistes) de la premières moitié du XXième siècleClks propnsili')lIs

actuelles de définition. Pendant qlle les premières ne voient daliSl'essai 1III'IIne forme lillérairl' "'1l1i

sc situe à mi-chemin entre la philosophie, e~'Pression conceptllefle d'nne vision du monde ct dl' la littérature, création imaginaire d'un univers de personnes individuelles ct de siluatinns concrètes"(.6), des analyses empiriques récentes, équipées en instnunents de recherches linguistiqnl's et critiques fournis par le formalisme ct le stmcturalisme, s'attaquent à la délimitation ct à la description minutieuse des éléments fondateurs du genre: le JE, son DISCOURS, la nature du RÉFÉRENT ct le MODE par lequel ce dernier sc voit ahorder. Cet avancement considérahIe dans la construction de la définition précise de l'écriture essayistique penn cl, en conséquence, d'ahorder de façon plus systématique la question de la rhétorique du genre ct d'exclure systématiquement du corpus d'études toutes les fonnulations larges ct ambiguës sur J'essai, Ainsi, s'est perdue quelque part, la définition américaine de la

non-fiction

qui se trouvait, jusqu'en 1972,

à

la base du classement employé par Uues et auteurs canadiens(27) et qui considérait comllle essai tout texte qui échappait aux catégories traditionnelles du récit.(-R)

Quelques études s'orientent vers l'exploration des fonnes connexes ùl'essai, surtout du pamphlet et du manifeste. Yves Avril nous propose une analyse de principaux procédés pamphlétaires à travers les écrits "de circonstance" du XIX siècle· âge d'or du pamphlet,e") Une étude plus ponctuelle de Bernard Andrès(JO) sc donne comme objectif la typologie du discours

( :A) _Obsc:rvnlinn r3.itc lia !ruiled~GrorgeI.ulme.'lpllrLucien Gtlldmann. Pour "or :roc.jolosiç du roman,Pari~OallimltnL II)M.

l'l''240·241.

( ~- ÀpArtirde 1969. J.ivrc!letauleul"59uP!h~cniR.

( "l -François RiCllnl,ls&siL.p. 365.

(

"l -

y"".

Avril.loc:.cil.p. 276.

(28)

palllphlétaire québécois moderne en fonction dc ses variantes r.ocio-politiques. Marc Angenot dans son imposanlc description théoriquc de la "littérature dc comhat"(") chcrche il préciser au niveau thématique, sémantique ct rhétorique les différents modes de fonctionnement de la parole pamphlétaire. Ses "Remarques sur l'essai Iittéraire"(32) définissent de façon globale le genre essayistique comme "discours doxologique non polémique" elIes nous proposent également l'examen de deux types discursifs moyens: essai cognitif ct essai-méditation('3).

JI n'en reste pas moins que dans tout cet ensemble d'études, des propositions précises de définitions aussi bien du genre essayistique que de ses dérivés sont vraiment rarcs. Parmi toutes ces tentatives, la définition opérationnelIe de Jean Marcel mérite d'être soulignée; nous pouvons observer qu'clIc s'impose progressivement dans les recherches consacrées

à

l'étude de cette écriture. En saisissant ct en spécifiant les éléments qui constituent le genre, celte définition

systématise,

ce qui paraît essentielil nos yeux, leurs relations réciproques. L'essai entendu ici comme "Discours réflexif de type Iyrigue entretenu par un Je nOIl-métnphorigue sur un objet culturel agissant comme médiateur entre les tensions fragmentées de J'individualité dans sa relation il elIe-même et au monde"(:M) est proposé, par conséquent, comme la base dans la constitution du corpus des textes pour notre étude:Il est important de souligner que Jean Marcel désigne le Je comme l'élément fondateur et ,centralisant de la parole essayistique; ceci nous pennet en conséquence de délimiter

31) •Mare Angennt. lA pomle nnmphJ§JnÎrç.rnntàhllUOD

a

10 typologie siS:! sljsn"C' mndcrnç:s..Pori,Payot. 19R2,. 425 p.

(

>Il •

t"i~el1l,l'P.46-58.

( "'). Cependant. cettedt,tinclÎnnn'a qu'uncnrnct~rc théorique, car Angennt signaleque"Lanotion d'ewi dans notre état de cuiture regroupe desromlc.,discursivesIr~s vnriées dans lcur fonction id&llogiquc. leur mode d'énonciation ct leur argnnisatinn internc,le rapport quift'l!lnblit enlre10vécu clio règle.Dudiogno:ltiea.laml!l1ilotion, deladéRlomtmtinna.lamille endéri\'od'une pcnsl!c, de l'-asKlli !lCÎcnliiitlue-t.l'CMOiophnri~tiquC; du didactiqueftl'onirique. deladLomnc:iotion conœptucllcAlafu.,ionIt1)'Stiquc;Icmut d'cllSai

porvientl recourir tnutcs sortC'3 d'utilisation du lang;tgc, pour aubnt quo n'y dominentnila namlion ni l'cxprc::mvilcS Iyriquc".l.hisl.r, p.

46.

( 34) ..JeanMarcel.Js&.siL.p.87. Cette: définition sera ulUis&: dansDictionnaireinternational d('3 tCTDJI;alittcSriire& Berne Francke (MU.'presle).Ajoutons qu'une fonnulationsimilairea eSt6 pmpMEe par RobertVigneaultf10ur quil'emireprésente:"un discoursd'un

SUJ~'Tqui interrogects'approprie le vécu parctdans leIang:&ge:".L'auteur ajoute cependant que cettedéfinition"ne trouvera sa pleine mgnificàtion que lorsqu'aumnt cStcS cSlucidcScs ann seulement les questionl relatives au texte ct b. la fICtion de l'CMai,maisawud cellesqui se rapportentnllx divc,SI"Subude (·....i.("L·...iqu6bc!COL'I:pn!a1.blesthéoriques".Yoix01 lm...VIII.2,hiver1983.pp.311-329.).

(29)

o

précisément Je terrain de notre analyse qni en sc penchant snr la sitllathm d'éllOllciatioll llans IL' discours essayistique désire avant tont décrire Je rôle et le ronctimllWlllcnt de son Snje!. lh'pnndn'

à

cette question, c'est réfléchir sur les principes des rapports qu'entretient le .le de l'essai avec lui-méme et avec le monde. À notre avis, ces rapports ne sontjmllais aléatoires, car en vonlant prendre en charge des enjeux idéologiques et des débats propres à une époque et à une société données. IL. discours ess"yistique doit porter nécessairement des marques de la conjoncture sociale, politique ct culturelle de son émergence. Les écarts causés entre le modèle virtuel de l'essai, présenté dans la définition, et ses mutations réelles qu'il trouve dans les pratiques textuelles singulières constitnent d'autant plus l'objet de cette étude qne dans le cas de l'essai littéraire québécois un Icl phénomène se réalise de manière particulièrement intéressante. Nous espérons que la description et l'interprétation que nous proposons de l'essai moderne au Québec pennettra dans la même mesure d'e~:pliquerle "conditionnement extérieur" de ce type discursif, et de rendre compte en quoi consiste son caractère spécifique et autonome.

(30)

L

C"

CHAPITREII

ÉVOLUTION ET SITUATION DU GENRE

Ln construction ct avant tOIlt, ln consolidation d'un territoire propre caractérisent l'écriture essayistiqlle québécoise de la période 1970-1990. En s'inscrivant, au début, dans la perspective générale du développement du champ culturel qui, dans le domaine li1l6rairc, se distingue par une croissnnce spectnculaire des textes, l'essor du genre essayistique est dù, en majeure pnrtie, à l'éclatement de la relative unité symptomatique de l'institution culturelle québécoise de la décennie précédente. Déterminée par les multiples mutations idéologiques produites par le phénomène que l'on désigne habituellement sous le nom de la Révolution tranquille, cette unité se définissait alors, d'un côté, par une volonté de rupture avec le passé, marqué par la mainmise du clergé et la noireeur duplessiste, et de l'autre côté, par une audacieuse mise en place d'un grand projet de modernisation de ln société québécoise.(I)

( ') • Andn!·J. Il<!1.nll"r,RUplVrnct rocso.t... Monln!nJ, Hurtubisc HMH, 1977, pp.137.194; Paul·Andn! Unlcau,R~Durochcr,

Jean-Oande Robert et Frnnçni.oc Ricard, Hklnirt" duOu~heecnntemnm..in.Tome 2:LeOut!bcc depuis 1930,Montr&l.I3orb"1986• .

(31)

..

",'

À

celle époque, l'écriture essayistique s'efforce principlliement de l'rendre cn chllr~c iL's diver.;es tensions qui agitent celle entreprise ct sous-tendent, en conséquence, tout le ..hamp littéraire. Par sa nature e1lo1rêmement sensible

à

chaque type d'cxpérience de crise, l'érriture essayistique sc nourrit. sous toutes ses formes, des significations ct dcs résonances qU'llpportc l'émergence d'un nouvel espace symbolique: les manifestes, les programmes, k's témoignagcs qlli

apparaissent en profusion dès le début des annécs 1960.

Pamli les textes essayistiques les plus importants entre 1960 - 1970, on doit relenir r.cs Insolences du Frère Vntele), textes douloureux, révoltés, assoiffés d'une pensèe Iihre; JonTllal d'un inquisiteure) de Gilles Leclerc qui a su séduire par "son attilude crHique

à

l'égard de tout ordre, de toute morale, des institutions nées de la raisons humaine"('); Convergences

e)

de Jean Le Moyne qui en dénonçant le règne des mythes religieux ct maternels, prend des distances par rapport au contexte proprement canadien-français; "La fatigue culturelle du Canada frnnçais"(6) de Hullert Aquin, essai-attaque contre la réduction et la vulgarisation de la complexité de la réalité québécoise, réponse au foudroyant réquisiloire dressé par Pierre Elliou Trudeau contre le nationalisme québécoise); ct surtout

Ln

Licne du risq!:e(~ de Pierre Vadehoncoeur. Ce dernier texte, dans son choix de vivre une liberté qui se réalise au moyen de l'engagement total et du refus d'un modèle

( ~.Montn5al, Les t:.ditionsdet1tommc. 1960, 158 p.(l~r8ce d'André t,aurcndcnu; t9RR. 253 p.;tCIteannolé[Mr('lI"leuravec

priCace de JaDlu" Ht!bert.

( ') -M.nlria~aditioll.. de l'Aube, t96O, 3131'••Falum«; (Jditions du Jour, 1974, 333l" Priroce de Jenn MoreeL ( ') • Andri Major, "Mt!mnircs d'un jeune Cannque', Aclinn natinnnle.vol.55,N"Vin, avril 1966, 1'1'.~1U\.9ll'l.

( ') - Montrt!al, flditinnsIlMIl,1961,3"..4l" «CClnvelllenCCl«; Cnnycœ""" n!i:W.l.llunnhi..IIMII,19/i1i; lIunuhi...IIMIl,19n.

( ') • dansUh!:Iltvot. 4, nO 23, mai 1962, 1'1'.299·326.Cctexte rait également ponie de1!I0Sllerml;qu<& Mnntrial, Quinle, t977, 1'1'. 171·198.

( ') - Piem:-EUiolt TnIdcau,1&ll!dt!mti.me ct la mit! canadienn..r[lpçai"", Montrial, flditions HMII. 1967, Jiii, 227l"

( ') • Montria!. Orpht!e, 58 p. Paru d'abord comme numEm spécial delaRVQe Sitv,Jjp",. 1962,1'1" 3-58.; l'lditionsllMll, 1963, 2116 p..~ditiOD Dusment~ede plwâcurs leXIes parus dnns]Jl Nouvelle Relb!e. QI61ibrc ctt'.Cril~duCanadllfr:llnçais t!ditinna 11Mtt, 1969;

(32)

f

passéiste, instaure une relation d'affirmation ct de continuité avec l'ull des premiers(") et des plus significatifs css,1is dans la tradition littéraire au Qu6bee: Rcfus ~JQhal

(1948)(10)

de Paul-Émile norduas et d'onze autres signataires(t1). Un autre essai de Vadeboncoeur, publié en

1961

dans.Qi!§. Jilire. démontre fort bien l'importance qu'a joué ce manifeste dans l'affirmation et dans l'expression du Je essayistique au Qu6bec:

Avoir dc la vérité dans nOl" rapports avcc la ·vérité. C'cst du manque d'une tclle vérité que nous souffrons dans nos vies, dans notre pensée. C'est oc que l'art, la vie ct la pensée de Paul-Emile Darduas proclament, c'est ce qu'ils illuminent de la lumière intense et brève de la révolte. [...]11 a posé que d'abord la réponse de l'homme doit être vraie, qu'elle soit de refus, de foi, d'allente ou d'acte: lout ce qui sort de l'homme doit être vrai. c'est la première vérité et non d'abord ce qui entre. Tant mieux si octte première vérité rencontre ensuite une autre vérité. [...) Du moins, en f(\t-i1 ainsi, je crois. pour Bordlms. Refus Global fllt un acte de vérité; jc ne dis pas un acte d'adhésionàla vérité, mais un acte de vérité. (...) Borduas est à la source de la «n:science des intellectuels depuis quinze ans chez-nllus; ilest le point de départ et le point ocntral de cette conscience.(I2)

( ') - Lecad", de œne an.lyse ne nnus pennel pM de Imiler del'~me'llenœdu gon", ....yiatique .u XIX aiècJc. En plllll, 1.. 1..le. d'aUleulS comme r:.dmund de Ne... Marcel Dugas, Jules Poumier ou Olivar Asselin ,wleur camelè", plutôt didaeüqueqU'CIlh~üquc,

annt difficile à d ....r conlme essaip.." , . _dit. Néanmoins, noUi mnseillons la IcclUlll de 'L'essai au Québec:dca origines à 1.

conr~&I6ration"de David M. Illyno. dans •.'cmi ct ln D'P'O d1d§mlUOpgbçt'..lOua la direction de Paul Wyc:r.ymki. deFmnçoil GaUys

ct de Sylvain Simanl. Mantrinl, Fides. 19&5. pp. 11·27; de'll':C.lRi" de Maurice LemiRl. dans Dictjonnaire dc!! mm, UIMrnl[Ç3 du

~Monln!al, Ad... 1978,10'" l, pp. XXXIX-XUII, cl de 'L·....iqué~coi••u XIXai~d"de Sylv.in Simard, Voile el jm... VI,2, hiver 1981, pp. 261-268.

( '') - 'LesAUlomstlfttc:s". dans! ..!ln"" duJour.n"17·20. janvie....04t 1969. pp. 138-154.

, "). Celto opJlO'Ïtion enl", le p.Olé ct le fUlur d.nsl .. ligne dl! rime a~t6mioc en ",Uef par Robert VijllleauU qui o!>serve:"A œl éprd,l'elergue [de l'ouvrage] donne le ton: aITrontement enl", de... ms1trcsàpOlL...r (Lionel Grou!l, P.ul.Gmile Dordu,..), ct entro

deux àlltions; d'une part, unimniqu~d6lQveu: ..Nolram;a1t~10~'#idel'autre, cnrcvandlC'.. un aKSCntiment pa.'V1Îonn6: -l.e pass6 dut~trc acecpt6 avec la nai&WJl.ce,ilne lIlurait~trc IIIcr6.•Nou., Jammes lanjou", quittes CIlycrs lub•.

a

ine d = p.167). Cct

....ntimeol.e n!pelllUle d'ailleurs au cocurdu ICIle. IIOUIls fonned'unpan~gyriqueàl'ad,,,,,,e du même Borduns 'de pp. 185-191) [•.]: .Dordua. fuI le p",ntierl rnn,pro mdicalcment.(iI!id. p. tllS)". "Pic..., Vadehoncoeur. la pmmotionlittêmi", du dualisme", dan. LTI...aicl1."!!!!led·id'" nu Qué!>ec, Montn!al, Ad... 1985, P. 768.

(33)

.~

~,',

o

Dans ce vaste ensemble, L'lIolJ)!Ilç' d'idC") d'Ernest Gagnon, "le premier essai il llnnnl'r de l'épaisseur, de l'ombre, dc la chairil la réflcxion sur la l'ie illlc'riCllrt'''C''), constituc, qnelqne part, une discrète, mais authentique réponse aux écril~ dc l3orduas,

La floraison sans précédcnt dc l'cssai québécois après 1960, fait dc celtc écriturc un gCllfl' qui commence

il

occuper une position centrale dans l'institution littéraire. Quoiqu'cncorc il la

recherche de ses sources, il se donne progressivement une perspective, sa parole accepte la fomlc du dialogue et s'ouvre au changement qni nc réclame plus la posscssion dogmatiquc dc la vérité: sa transformation coïncide avec J'évolution de la pensée au Québec, François Ricard définit ainsi celle première vague d'essayistes québécois:

Des traits communs rcssortent assez nettement. La plupart d'entre eux sont nés autour dc

1920,c'est·à-dire appartiennent Î\une génération marquée principalement par1,.,Relèye puis par Cité libre, et dont les bcauxjours ont été ceux de l'anliduplessisme et de la contestation du nationalisme conservateur au nom d'un spiritualisme et d'uu humanisme il tendance fortement individualiste et universaliste. Aussi ce qU'exprime cet essai québécois des années

1960-1967, c'est d'abord et avant tout le climat intellectuel el idéologique de la décennie précédenle, au cours de laquelle, d'ailleurs, la plupart des textes onl été écrits, mais peu répandus, leur diffusion devant attendre, pour s'imposer, la Révolution tranquille qui, à cet égard, a moins inventé qu'elle D'a utilisé les thèmes idéologiques élaborés entre1945et1960.

Cette période fut. il proprement parler, un "déblocage",1'e.~losion au grand jour des idées et des oeuvres qui couvaient plus ou moins secrètement depuis une quinzaine d·années.(U)

Cette observation nous amène

il

souligner que la thématique nationale, indissociable des

( D) •Outbcc,In..titullil~..i",de Outbec, 1952, t39 p. pn!race de Robert élie;! :nomme d'ici ouM deViellEde !'jolel!illCn\'Ç,

Monln!a~ HMH. 1963, 191p•.conlllonl"'.. . ( ") • La""'nl Maiho4 "L'Âge de (·....i·.~nO 731, ma.. 1990.p.34, (Nous soulignons).

(34)

r:

implications poliliques ct sociales, malgré son degré divers d'inscription dans le texte essayistique

de cette époque, constitue pour lui un sujet majeur ct s'articule puissamment dans la vision

esthétique produite parleJe. Dimension importante,

elledélermille

la position que l'essayiste oceupe

vis·à-vis de la réalité et pénètre dans la production de tout son discours. D'un autre côté, il convient

d'attirer l'attention sur le fait qu'une telle homogénéité de la pensée essayistique du début des

années 1960 est travaillée subrepticement par des forces qui tendent à reconfiguer le fond

idéologique de la vision essayistique et qui, vers la fin de la décennie, aboutiront à créer certains

clivages dans son mode de r"présentation.

Ainsi, les essais qui apparaissent au tournant des années 1960 nous permettent de voir le

référent national qui couvre toujours le premier plan du processu> d'esthétisation, mais qui s'élabore

d'une nouvelle manière: empreint de deux orientations idéologiques modernes concourantes que

représentent le néo-Iiberalisme et le néo-nationalisme,

il

donne lieu à des textes qui interrogent de

façon moins dogmatique leur rapport

à

la problématique nationaliste. Les essais de Jacques

Godbout, publiés dans le recueil Le Réforrnjste(

6

),

de Fernand Dumont, Le lieu de l'hommeC7)

et

La

YiLlile du Qnébecj octobre

1970:

l'impasse

?C~,

de Marcel Rioux

La

Question du Québec

C'),

de Pierre Vadeboncoeur,

La

Dernière Heure et la PremjèrefO) et particulièrement ses

(

") -

Mnnlnla~

Oui07.o, t975. 200 p.l'nlraœ d'Andnl Majnr.

(

") •

Mnnt'l!a~

f:.dilinn. HMH, t!llia, 233 p.•COn<tAnt....

(

").

Monlnla~

Hullubi,. HMH, t971, 234 p.

( ") • Pari..

(ldition.Sellh.... 1969, t97

p.;

(iditiona Seghen, t971, 24S p.; Mnntnlal. t'alli

Pri....

t976, 263

p.;

Pnlli

Pri....

1977, 271 p.;

I.'H...gnne: 1987, 275 p...rypo..

.

(

"). Mnntnlal. l1ditinns d.

11i...

gnn<lÉditions Palli Pm. t97O, 78 p. ScIon Jean·Marcel PaqueUo, œt olMllg. constitu. 'Un

tournant"dan"1'6vnlution de J'écriture de Vadcboncocur:

'..c

lpiritualisrnc,clarLltle a:nslc plus strictdutcnnc quiallavalorintionde

l'ellprit

cl

('ad.am.m.nt lie revendiqu.r comme valeur suprêm., d6jl ll'oeuvre de raçon lal.nl. dans 1.. oeuvres qui pnlcàI.nt,

.'4!pannuiliciInn!\'Crgngnc,pour nellrir chlnll tCII tiYrCll,quï suivent. Mtamment dansInPt'tt!JmIII'tnlm.qui en IOnlcommel'cScho lumineux. CC31direque liony Imiledepolitiqlle à un nMllultÙ&vi,quicSlI~seul oÎl scn~gaàeau.w la vie del'esprit",(<<LaDemirc

Heure et laPremière» de Pien"C Vadchnncncur", dans Didinnnftiredenel!vre..~liU6rairel au 0uA1ec.. sous la direction de Maurice

(35)

o

~pendances(ll). en témoignent avec acuilé.(.2)

Compte tenu de celle transmutation du discours essayistique, on s'aperçoit que, significativement. àpart la volonté de travailler "à conditionner le corps national". les texles du Réforrnis!e(l") apportent également une profonde réflexion sur la langne d'écriture ct sur les interactions qui se créent dans le rapport entre ces deux éléments. Et meme s'il est vrai que celle reflexion sur la "raison d'écrire"(IA) ne se situe que dans le milieu des années 1960 et qu'elle répond au débat sur l'enjeu de la langue d'écriture déclenché par parti pris (1963-1968) ct sa volonté d'exprimer l'aliénation collective par l'us.1ge (a)esthétique du joual, elle rend compte. d'autre part, de cette réduction considérable et inquiétante de l'espace entre le Je individuel de l'ess.1yiste ct le Nous collcctif(2S),

Fernand Dumont, dans son exercice autant littéraire que scientifique d'interprétation de l'évolution historique du Québec, prend une position qui, profondément enracinée dans le contexte socio-politique, permet de surmonter l'éclatement et de fournir une vision homogène de la réalité. Ce grand projet, qui se situe sur un large horizon de civilisation occidentale, annonce. différemment de Godbout, le mouvement dialectique entre l'universel et le particulier. En dernière instance, le geste des deux essayistes consiste en un dépassement du particulier. sans toutefois le perdre de vue, ilse voit fondéà la base d'un projet de construction d'une vision subjectivisée du monde. De meme,

( "). Monlrén!, L'lIellllgone/l'Brti Pris, 1972, 179 p.I..., deux textes ont~I~précéda. de lB puhlicotion d'Un nmnur lih!\?, Monlrén!,

HMI~ 1970, IG!p.

( 22) • Surla plupart da ce.tepCft:Roltert Vigru:aull, "I:ellMiclulSh6cnill196R·1969", f!hulqrmnsqjlK'3'nlll, février 1970. Pl" 105·120.

( "') - Jacqu..GodboUl,

m...m.

( ,.) - Jacques Godbout, "Une r,eison d'c5crirc",danK

'&

RUnrmit!tc. TetÇll trnnguillc:s.S!l!&..SÎbl'fi.85·87.

( "') - Comme le n:marque Françoia Rican! dana lIOn article'L·....i 1961l-197O"

!!I!...riI.

p. 379., un Buln: ....ide GocIhout qui n!cIame

"J'ab.'~cnt du (..) crnurdcs lamentations» etla cléSZtcrali!lltion du etexte nationAl_ indiquant par Il IIImcasi1éde voir s'exprimerici une pensEe penonncllc en debol'l (_)ciela tbéma1ique nationalisteans queecla la disqualifie ip.rnlado-constitue '1l..crirc-, paru dan.

(36)

en cc qui concerne le texte de Marcel Rioux.

La

publication de La Ol!cstjol! cil! OI!';hccC") se réalise "à l'extérieur" du champ institutionnel du Ouéhee(-7) (Paris, Éditions dl! Seuil), cas plutôt rare dans le domaine de l'essai, surtoutàcette époque, mais qui devient significatif: bon gré mal gré,

à cause du changement de perspective dans la réception, l'essayiste relativise le fait québécois. L'auteur pour rendre plus compréhensible la vision du réel qui lui est propre, doit se munir d'une représentation vulgarisée de soi, mais d'autre part, cette obligation de s'interroger, de se regarder et de se voir à travers l'Autre, lui permet d'enrichir son image de nouvelles significations symboliques.

1..1 dernière heure et la premjère(lll) de Pierre Vadeboncoeur constitue un élargissement

considérable du ehamp de rénéxion essayistique. La modélisation du discours repose ici sur la transgression du politique et sur l'orientation du mouvement de la pensée vers l'inconnu intérieur, Se risquer une fois de plus, se (re)découvrir, telle semble être ici l'entreprise du Je individualisé non seulement par rapport

à

son univers référentiel, mais aussi par la parole qui, "amoureuse et heureuse"(l") dans ses affirmations, rejoint une certaine voix lyrique dans Indépendances

CO),

caractérisée comme suit par Jacques Lazure:

Vadeboncocur, dans cette optique, pourchasse tout Rutant la critique du social et du politique qui s'enferme dans "une lutte entre systèmes", dans "la luttes des systèmes" (p.lO), que "les mécanismes de la réalité rationnelle" (p. 14) qui emprisonnent l1tistoire dans les détermiuismes rigides et font étouffer l'intelligence sous un Rmas de raisons logiques. (...)

( "l .1lK...siI.

( 37) •L'as:inlilaticm CX'Impl~tcde cclCMÙpar l'instilulionliU~l1Iircqu4!b6caÎsc ne sc fera qu'en J976. aYCC la réédition de l'ouvrage

parICI&litinmlPartiJ'lri!&. . '

( ")-Il&..dl.

(

"l·

Lau",ntM.ilhn~'D'un amour lih",l un(Illl'"litll!~·,J.ivrs!etAuteu... Ou6h!c:ni.. t9711,p.43.

(37)

.,--:"'"

o

Unctelle contestntion chercheà "rc\':\l(')rL'iCr lnspontmléité,l'I1l11our, lep:lrmloxc". à"rnll1~n ~r à mesure humaine ct au sens humaiu l'actiou de la voloulé d:\IIS l'histoire" (1'.17). Elle "consiste à sortir de la contrainte des raisons" (p.23); elle "parie pour l'illlprol>:lhle" (p.24). Elle s'attache au fait indépendnnt en dehors etàl'encontre de la loi du sj'stème; elle s'éprend du fait inédit, essentiellement dérogatoire (p.28)

Cest là ,e'est dire au plus ereux de l'homme, dans "l'nutonomie du moi", dans la "fuite pressante vers le bonheur", daus le "salut du sourire", (...) qu'il faut retmuvcr l'avcnir de ln liberté qui "n'est pns peut-être ni collectif, ni politique", (p.34). En définitive,ils'agit d'une révolte "profondément iudividuelle" (p.76), qui revêt un cnractère glohnl du fnit qu'on "ne snurait s'opposer plus diamétrulement à un ordre qu'en s'y oppasnnt pnr le simple fnit

d'être,dans l'absolu du.ringlliier" (p.128)(")

Cette évaluation nous permet d'observer la tendance critique de ,'essai, propre d'ailleurs au genre, qui stimule et radicalise un nouveau courant, intime el personnel. Cclui-ci, pendanl des années 1980, entrera visiblement en relation de connit avec l'élément national. Le Je

à

tendance individualiste et universaliste, qui vise la repossession de plus en plus complète de son "moi" parait manifeste, dans des textes comme J.cs Actes retrouvés(J:!) de Fernand Ouellette, qualifiés, par Victor-Lévy Beaulieu, malgré leur enracinement dans la problématique socio-politique, "d'nctes d'amour",

(33),

Chemjn fajsant(34) de Jacques Brault, ce "promeneur solitaire"e

5).

"Recours didactique" (partie de L'Homme rnpaillé)e") de Gaston Miron qui dans la mutilation et dans la

( 31) • Jacques Lnzurc."Ind~pcndanccs. Le livredela vraiecontestation".UyrççtAu1rurn OuShfcni:s.. 1972.p.29D.

( 32) ..Mnnt~QI. fl.diliul1!IIMI l, 1970, 226p.•Cnnslnlllo_.

( 33). Victor-Uvy Dc4u1icu,"Oc.. actes d'amour: Fcmnnd Oucllcttc'"~vol. 12, nft4, juillet-anOI 1970. PJl. 81-84.

( ") -Monlrén~1.. P..." t975. ISOp••lt:hnngc... (Texles~erilsenlre 1964ct 1971).

( 35). FmnçoisHebert,"Jacques8rnull. OIemin Cnbuant",J.MpctAuleu",Qu~h§çoi.,. 1976,P.209.

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