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Prépositions, préverbes et postverbes en anglais et en français. Le cas de away, off et out. Approche syntaxique et sémantique.

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Academic year: 2021

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THÈSE

Pour l'obtention du grade de

DOCTEUR DE L'UNIVERSITÉ DE POITIERS UFR lettres et langues

Laboratoire Formes et représentations en littérature et linguistique (Poitiers) (Diplôme National - Arrêté du 7 août 2006)

École doctorale : Cognition, comportements, langage(s) - CCL (Poitiers) Secteur de recherche : Linguistique anglaise

Présentée par :

Perrine Ciraud-Lanoue

Prépositions, préverbes et postverbes en anglais et en français.

Le cas de away, off et out.

Approche syntaxique et sémantique.

Directeur(s) de Thèse : Jean Chuquet

Soutenue le 18 janvier 2013 devant le jury

Jury :

Président Jean-Marie Merle Professeur - Université de Nice, Sophia-Antipolis Rapporteur Nigel Quayle Professeur - École Centrale de Lille

Rapporteur Éric Gilbert Professeur - Université de Caen

Membre Jean Chuquet Professeur émérite - Université de Poitiers

Membre Gilles Col Professeur - Université de Poitiers

Pour citer cette thèse :

Perrine Ciraud-Lanoue. Prépositions, préverbes et postverbes en anglais et en français.Le cas de away, off et out. Approche syntaxique et sémantique. [En ligne]. Thèse Linguistique anglaise. Poitiers : Université de Poitiers, 2013. Disponible sur Internet <http://theses.univ-poitiers.fr>

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THÈSE

Pour l’obtention du grade de

DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE POITIERS

Spécialité: Linguistique anglaise Faculté Lettres et Langues

École doctorale 527 Cognition, Comportement et Langage(s)

Présentée par

Perrine CIRAUD-LANOUE

Prépositions, préverbes et postverbes en anglais et en français. Le cas de

away, off et out. Approche syntaxique et sémantique

Directeur de thèse : M. Jean CHUQUET

Soutenue le 18 janvier 2013

JURY

M. Gilles COL Professeur à l’Université de Poitiers M. Eric GILBERT Professeur à l’Université de Caen M. Jean-Marie MERLE Professeur à l’Université de Nice M. Nigel QUAYLE Professeur à l’Ecole Centrale de Lille M. Jean CHUQUET Professeur Emérite à l’Université de Poitiers

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THÈSE

Pour l’obtention du grade de

DOCTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE POITIERS

Spécialité: Linguistique anglaise Faculté Lettres et Langues

École doctorale 527 Cognition, Comportement et Langage(s)

Présentée par

Perrine CIRAUD-LANOUE

Prépositions, préverbes et postverbes en anglais et en français. Le cas de

away, off et out. Approche syntaxique et sémantique

Directeur de thèse : M. Jean CHUQUET

Soutenue le 18 janvier 2013

JURY

M. Gilles COL Professeur à l’Université de Poitiers M. Eric GILBERT Professeur à l’Université de Caen M. Jean-Marie MERLE Professeur à l’Université de Nice M. Nigel QUAYLE Professeur à l’Ecole Centrale de Lille M. Jean CHUQUET Professeur Emérite à l’Université de Poitiers

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R

EMERCIEMENTS

Je tiens tout d’abord à remercier mon directeur de thèse, Jean Chuquet, pour avoir fait en sorte que ce travail puisse aller à son terme, ainsi que pour sa grande bienveillance à mon égard.

Mes remerciements vont également aux membres du jury qui ont accepté d’évaluer cette thèse, et à la Région Poitou-Charentes dont le financement l’a initialement rendue possible.

Qu’il me soit ensuite permis d’exprimer toute ma gratitude à l’ensemble de mes proches, famille et amis, pour leur soutien indéfectible durant ces (trop) longues années. Mille mercis en particulier à :

- Thierry, mon compagnon, pour sa patience (pourtant mise à rude épreuve), ses encouragements sans cesse renouvelés, sa confiance inébranlable ;

- ma mère, Brigitte, et ma grand-mère, Danièle, pour m’avoir régulièrement offert les conditions les plus propices à l’avancement de mon travail, et avoir si bien pris soin de moi à cette occasion ;

- mes beaux-parents, Gisèle et Jacky, pour m’avoir si gentiment accueillie chez eux lorsque j’en ai eu besoin ;

- Caroline pour sa grande compréhension, sa disponibilité et son aide si précieuse à tous points de vue ;

- Sandrine pour son écoute attentive, ses encouragements répétés et ses conseils toujours avisés ;

- Tom, un ami bien plus qu’un informateur, pour sa disponibilité et la patience avec laquelle il a toujours répondu à mes questions.

Une pensée, enfin, pour mon grand-père, Claude, trop tôt disparu et à la mémoire duquel je dédie cette thèse.

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SOMMAIRE

INTRODUCTION 4

1.VERBES A PARTICULE : GENERALITES ET ETUDES ANTERIEURES 8

2.AWAY, OFF ET OUT : PRÉSENTATION GÉNÉRALE 106

3.VERBES A PARTICULE : UNE NOUVELLE APPROCHE 204

CONCLUSION 339

BIBLIOGRAPHIE 343

ABRÉVIATIONS 356

INDEX DES CONCEPTS UTILISES 358

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(7)

INTRODUCTION

Claude Hagège : L’anglais est une langue très difficile, malgré son absurde réputation de

facilité. Commençons donc par apprendre aussi des langues plus faciles comme l’italien, l’allemand et donc…

Guillaume Durand : L’allemand est plus facile que l’anglais… C. H. : Mais nettement plus, l’anglais est une langue très difficile… G. D. : … mais enfin vous vous moquez de moi !

C. H. : … la réputation de l’anglais… écoutez : he did him in il l’a tué, he set them up il les a

dérangés. Combien de gens sont capables de comprendre ces fameuses petites postpositions qui changent, qui modifient totalement le sens des mots de l’anglais ?

[…]

C. H. : to see him off accompagner quelqu’un quand il s’en va, to see him off… si vous ne

savez pas ça…

Esprits libres, émission du 6 juin 2008 sur France 2.

Il est assez symptomatique qu’un linguiste de renom, invité à s’exprimer dans une émission grand public, prenne comme exemples des verbes à particule pour illustrer le haut degré de complexité de la langue anglaise. Les verbes à particule, ou phrasal verbs, qui sont formés par association d’un verbe et d’une particule et qui constituent le type de verbe composé le plus répandu en anglais, font partie intégrante du vocabulaire le plus courant de cette langue, laquelle s’enrichit, du reste, sans cesse de nouveaux éléments de ce type. Or, il s’avère qu’ils posent effectivement de nombreux problèmes à tous les apprenants, et ce, quel que soit leur niveau1, mais plus particulièrement à ceux, tels les francophones, dont la langue maternelle ne possède aucune structure similaire. D’après R. Dirven (2001: 24),

These learning problems are situated at three levels at least: they are contained in each single sense of a preposition or particle verb, in the coherent links between the various sub-senses in each cluster of an item’s senses, and finally in the link between the various clusters and in the link with the basic sense or proto-image of a given item.

De fait, l’apprenant confronté à la série d’exemples qui suit2

aura bien du mal à être convaincu du caractère non aléatoire du sens de out :

1C’est ainsi que même les étudiants spécialistes de l’anglais sont loin d’en avoir une parfaite maitrise, de

sorte qu’ils ont souvent tendance à les négliger lors du passage du français vers l’anglais alors que, comme le soulignent H. Chuquet et M. Paillard (1989 : 199), « le recours au phrasal verb est dans bien des cas indispensable à la production d’un texte authentique ».

2

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(1) How are you making out with your research? :: Comment avancent tes recherches ? How do you make that out? :: Qu’est-ce qui vous fait penser cela ?

The biography makes her out to be ruthless. :: Cette biographie la décrit comme une femme impitoyable.

You’ll have your work cut out to persuade him to come. :: Vous aurez du mal à le persuader de venir.

Their luck ran out. :: La chance les a lâchés.

Il parait, en effet, bien difficile de déduire le sens de ces combinaisons de celui du verbe et de la particule qui les composent, et tout aussi difficile de retrouver ici l’idée d’extériorité habituellement associée à out.

C’est donc sur ce terreau fertile qu’ont été amenés à proliférer dictionnaires et autres ouvrages thématiques dont l’objectif est de rendre la compréhension des verbes à particule plus accessible et, partant, d’en faciliter l’apprentissage. Nous aurons toutefois l’occasion de montrer dans le premier chapitre qu’ils posent eux-mêmes problème, d’abord parce qu’ils peinent à offrir autre chose que des listes dont la mémorisation est malaisée, et ensuite parce qu’en l’absence de tout fondement théorique, ils présentent les données d’une manière qui ne peut que contribuer à accroitre le désarroi des apprenants. Il n’empêche, comme le rappelle A. Kurtyka (2001 : 29),

Since phrasal verbs are very common in everyday language they are important to learn so that speakers might be able to use them and be understood, if not merely to understand others.

Nous estimons cependant qu’un travail théorique approfondi, qui vise à identifier des régularités de fonctionnement, s’impose préalablement à toute tentative de proposer d’autres méthodes d’apprentissage et/ ou une nouvelle approche pour la rédaction des dictionnaires. Nous rejoignons en cela R. Dirven (ibid.) qui estime que « only with the help of semantic/ linguistic analyses […] can one begin to program the learning difficulties in a more systematic way ».

C’est très précisément le type d’entreprise dans lequel nous souhaitons nous engager ici. Si les travaux sur les verbes à particule ne manquent pas, peu ont l’exigence d’offrir un traitement véritablement unitaire des phénomènes, pourtant essentiel à nos yeux. La littérature anglo-saxonne sur le sujet, notamment, tend à définir les particules en termes d’invariants sémantiques, particulièrement à partir de propriétés relatives à l’espace et, par extension, au temps. Les autres "emplois" se trouvent alors qualifiés de "métaphoriques" et envisagés au cas par cas, selon une typologie verbale essentiellement sémantique, aboutissant à une multiplication des valeurs qui sont alors vues comme disjointes, et finalement indépendantes

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les unes des autres. Nous délaisserons la perspective cognitiviste qui sous-tend la plupart des études récentes pour privilégier une approche énonciative dans le cadre de la Théorie des Opérations Enonciatives3d’A. Culioli (désormais TOE). Ce faisant, nous nous inscrirons dans une approche qui ancre la syntaxe dans le lexique et envisage le sens comme produit par un agencement de marqueurs d’opérations, et non comme un assemblage d’unités ayant chacune un "sens premier".

Le champ étant fort vaste, il serait utopique de chercher à l’embrasser dans son entier ; aussi avons-nous décidé de circonscrire notre étude à un groupe de particules donné, à savoir

away, off et out, dont on a l’intuition qu’il s’articule en système4. Après un état des lieux fouillé de la question, dont le but sera de mieux cerner les différents problèmes d’analyse que posent les verbes à particule, nous examinerons l’ensemble des valeurs et contextes d’emploi de ce triplet de particules pour en identifier les régularités. Nous serons alors en mesure de montrer, dans une troisième et dernière partie, d’une part qu’il est possible de dégager, pour toute particule, une forme schématique stable – définie à partir d’opérations de repérage abstraites et susceptibles d’intégrer les modifications et variations dues au co-texte, et d’autre part, que les mêmes paramètres peuvent être utilisés pour les formes schématiques de toutes les particules. Tout au long de ce processus, l’interaction verbe-particule restera au cœur de nos préoccupations.

3

Ou, plus exactement, la Théorie des Opérations Prédicatives et Enonciatives, dans la mesure où les deux niveaux sont distinguables et également très importants par les relations qu'ils entretiennent.

4 Une intuition dont on signalera qu’elle est partagée par L. Dufaye, le linguiste engageant une réflexion sur

ces trois marqueurs dans l’un de ses travaux (2006c). Cette réflexion s’inscrit cependant dans une toute autre perspective que la nôtre, puisque « le propos n’est pas de présenter une analyse exhaustive, ni même détaillée, de OFF, OUT et AWAY, mais bien d’expliciter le principe d’une méthodologie hypothético-déductive, de sorte que [ses] remarques [ont] le plus souvent un caractère tout à fait allusif » (ibid. : 136). C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de ne pas nous appuyer sur les conclusions auxquelles il parvient, bien que nous ne nous interdisions pas d’en reprendre certains éléments ponctuellement.

(10)

1.

V

ERBES A PARTICULE

:

GENERALITES ET ETUDES

ANTERIEURES

(11)

1. VERBES A PARTICULE : GENERALITES ET ETUDES

ANTERIEURES

"What property of an item like in allows it to occur in particle position when inside does not? […] Given the imperfect correlation between intransitive prepositionhood and particlehood, how can we capture in synchronic grammar the fact that prepositional particles are far less marked compared to particles cognate with words of other categories? […] Where the tests for pv [particle verbs] status do pick out a uniform class, what is responsible for the uniformity? Does the pv construction possess primitive status in the form of a lexical entry, or can its existence be predicted from the lexical entries of the elements concerned […]? What is the syntactic structure associated with these constructions […]? […] Are the alternative word order patterns involving particles […] in free variation, […] or do the serialisation differences correspond to other (e.g. semantic, information-structural) differences? […] What semantics can be associated with these constructions and how do particles interact with verbal argument structures? […] is the syntactic structure the same for all the different semantic interpretations assigned to the construction? […]". (Dehé et al., 2002 : 5-6)

Cette série de questions figure dans un article de N. Dehé et al. (2002) qui sert d'introduction à un ouvrage relativement récent intitulé Verb-Particle Explorations. Bien entendu, elle reflète d'abord et avant tout les préoccupations des auteurs des travaux réunis dans ce recueil, mais, si nous avons choisi de la citer ici en guise de préambule, c'est parce qu'elle offre aussi un excellent aperçu de l'ampleur et de la diversité des problèmes d'analyse que pose la structure qui nous intéresse. Quel meilleur point de départ donc pour un chapitre dans lequel, sans avoir la prétention d'établir un inventaire exhaustif de ces problèmes, nous entendons tout de même en brosser un tableau d'ensemble aussi complet que possible ? Il s'agit là, à nos yeux, d'un passage obligé, car nous sommes convaincue que pour espérer traiter les phénomènes en jeu, quels qu'ils soient, d'une manière satisfaisante, il faut auparavant s'être assurée que l'on en cernait les contours avec précision. Terminologie, propriétés définitoires, tests et critères de reconnaissance, etc. feront par conséquent l'objet de la plus grande attention. Mais nous nous attacherons également à évaluer la pertinence des différentes interprétations dont nous serons amenée à rendre compte, afin de mettre en lumière les points qui gagneraient à être abordés dans le cadre que nous avons décidé de faire nôtre, c’est-à-dire la TOE.

(12)

1.1. De quoi parle-t-on ?

1.1.1. Diachronie

Étant donné que ce premier chapitre vise, entre autres, à prendre la mesure de l’ensemble des problèmes que posent les verbes à particule, il ne nous paraît pas inutile, pour commencer, de retracer brièvement les principales étapes de leur développement. Celles-ci apportent en effet un éclairage précieux sur nombre de leurs caractéristiques actuelles. Dans son ouvrage intitulé Verbes prépositionnels et verbes à particule, P. Gettliffe (1999 : 7) s’appuie sur les travaux des spécialistes de linguistique historique pour affirmer que :

il existait en I.E. des outils autonomes, sortes de particules adverbiales, qui étaient très mobiles et pouvaient se placer presque n’importe où dans la proposition. […] L’évolution aurait conduit à une diversification fonctionnelle (adverbe, préfixe, particule, préposition) que les langues indo-européennes ont exploitée diversement et à des époques variables de leur histoire :

 Le maintien de son autonomie confirme l’opérateur dans son rôle d’adverbe.

 Le rattachement au verbe aboutit à la préfixation : […]. A l’origine, cette particule placée juste avant le verbe était indépendante de lui et pouvait en rester séparée, mais la tendance a été à la soudure avec le verbe pour constituer un préfixe. […].

 Enfin la spécialisation de ces outils comme relateurs entre deux éléments en a fait des

prépositions […].

L’auteur précise que (ibid. : 7-8) :

L’anglais a exploité les « particules adverbiales » évoquées pour l’I.E. en manifestant d’abord une tendance synthétique, caractérisée par :

 le développement en V.A. des préfixes ( pgān = go up) et des particules ( t faran = go out) ;

 le nombre assez faible de verbes prépositionnels ; puis une tendance analytique par :

 la perte de nombreux préfixes ou verbes préfixés ;

 le passage de la particule à la droite du verbe, rendant impossible l’affixation, avec mobilité relative de la particule (He took off his coat / He took his coat off) ;

 le développement des verbes prépositionnels.

De fait, comme le souligne L. Brinton (1988 : 185),

From Old English to Early Modern English, the language underwent an important structural shift, from a productive system of verbal prefixes to a new system of post-verbal particles. In this shift, phrasal verbs as well as prepositional verbs come to be the functional equivalents of the older prefixed verbs […].

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Les préfixes vont donc se trouver petit à petit remplacés par les particules (et les prépositions). Cette mutation s’amorce visiblement dès le vieil-anglais, mais L. Brinton montre bien que le degré d’avancement du phénomène à cette époque est loin de faire l’unanimité parmi les différents linguistes qui se sont penchés sur la question (cf. ibid. : 186). Certains, à l’instar de A. Kennedy (1920 : 12), estiment que « occurrences of the verb-adverb combination are practically nil », tandis que d’autres, tels G. Curme (1914 : 320), soutiennent, au contraire, que « ther is a manifest tendency toward separation »5. L’origine de ce désaccord réside sans nul doute dans la difficulté qu’il y a à distinguer les séquences adverbe-verbe et préfixe-verbe, notamment en raison du caractère plurifonctionnel de certains opérateurs (cf. Gettliffe, ibid. : 70-71). A cela, s’ajoute le problème méthodologique du choix des textes sur lesquels se fondent les analyses et de leur représentativité. Alors que R. Hiltunen (1983 : 31) mentionne avoir travaillé sur « some of the most important OE and eME prose texts », qu’il a examinés « in toto » (ibid.), A. Kennedy, pour ne citer que lui, n’a manifestement étudié que des passages restreints (cf. « the first 300 lines of the Beowulf » (ibid. : 11) et « in pp. 8-15 of the Ancren Riwle » (ibid. : 12)). Et, comme le remarque D. Spasov (1966 : 22), « it is not improbable that in certain periods writers may not have reflected the real state of affairs in the language, following the fashion of the day or personal likes or dislikes ». Notons que le débat porte également, quoique dans une moindre mesure, sur la position de la particule : selon P. Gettliffe (ibid. : 85), « il y a en V.A. une certaine souplesse pour la place de la particule et du complément d’objet » et « il n’existe qu’une seule contrainte réelle, qui est l’impossibilité de placer un pronom objet après la particule ». L. Brinton, elle, indique que « it is generally acknowledged that preverbal position of the particle is more common in the OE phrasal verb than post-verbal position » (ibid.). Enfin, G. Curme déclare à plusieurs reprises que « in earliest English the tendency had developt to put the strest adverb after the verb » (ibid. : 328). En conclusion, il semble qu’à la suite de L. Brinton, on puisse considérer d’une part que « although prefixes were predominant in the OE period, verbal particles also occurred, both following and preceding the verb », et d’autre part que « the phrasal verb was well-established in Old English » (ibid.).

Concernant le moyen-anglais en revanche, les données font a priori l’objet d’un plus large consensus, puisque l’on retrouve partout présente l’idée d’une « increasing frequency of verb-particle combinations »6 (Brinton, ibid. : 187). Pour P. Gettliffe (ibid. : 91), « cet

5

Signalons que toutes les citations extraites de l'article de G. Curme (op. cit.) sont présentées dans leur orthographe d'origine.

6

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enrichissement se caractérise à la fois par une croissance du nombre de combinaisons possibles avec un même verbe et par la polysémie grandissante des combinaisons ». Parallèlement à cette expansion, les préfixes connaissent alors un rapide déclin. Signalons par ailleurs que la particule vient de plus en plus souvent se placer après le verbe ; toutefois, ce passage de la gauche à la droite du verbe s’effectue très progressivement : L. Brinton (ibid. : 190) et P. Gettliffe (ibid. : 100) font tous deux valoir qu’« il y a pendant plusieurs siècles coexistence des deux systèmes ». En effet, R. Hiltunen (ibid. : 188) met clairement en évidence que « the changes did not all take place at the same time or at equal pace ». Ainsi, dans un premier temps, ce sont essentiellement les propositions indépendantes et principales, à une forme finie du verbe, qui sont affectées (cf. Gettliffe, ibid. : 80-83, 100-103 et Curme,

ibid. : 330, 337-340). De plus, ce processus s’inscrit dans le cadre d’une évolution plus

générale de la syntaxe de la phrase anglaise, qui « va consister à passer d’une langue de type SOV à une langue de type SVO » (Gettliffe, ibid : 79) : de fait, il s’avère que « the postverbal position steadily gains ground along with the decline of the S.O.V. syntax » (Hiltunen,

ibid. : 125).

De multiples raisons ont été avancées pour expliquer les différents bouleversements que nous venons d’évoquer. P. Gettliffe (ibid. : 69) récapitule les principales en ces termes :

 la tendance de l’anglais vers un état de langue analytique ;

 l’influence du V.N., qui avait perdu ses préfixes précocement ;

 l’absence d’accent sur les préfixes verbaux ;

 leur perte de poids sémantique : par exemple, il n’y a souvent plus de différence

sémantique entre hebban et āhebban (heave, lift up). […] ;

 le phénomène de syncrétisme, c’est-à-dire la fusion de plusieurs préfixes sous une même forme, qui a contribué aussi à la perte de poids sémantique. […].

L’essentiel est dit, mais on pourra également, si on le souhaite, consulter la liste, plus complète, dressée par L. Brinton (ibid. : 189) : la linguiste a le mérite d’y associer chacun des arguments qu’elle recense à un renvoi direct aux références qui le mettent en avant. Sans vouloir entrer dans le détail, nous pensons cependant qu’il est important de souligner que tous les facteurs invoqués sont étroitement liés les uns aux autres, même si l’accentuation est celui

the development of the verb-adverb combination would have been much more rapid had it not been weakened for some generations or even centuries, by the adoption into the English of numerous Romanic verbs with inseparable prefixes which drove out the native compounds, and for a time made the newer combination unnecessary.

Toutefois, sur ce point, il n'est guère rejoint que par D. Bolinger (1971 : xi), qui écrit :

The number [of phrasal verbs] grew slowly in the Middle English period, then received a setback, at least in the literary language, from the influx of Romance derivatives and did not get going strongly again until the fifteenth century.

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qui paraît avoir eu l’influence la plus décisive. C’est en tout cas ce que laissent entendre de nombreux commentaires, parmi lesquels les deux suivants, que l’on doit à G. Curme (ibid. : 335, 324) :

In the natural sentence accent the prefix as an adverbial element had in the position before the verb a weaker stres than the verb and gradually sufferd a loss of form.

In oldest Germanic the verb was felt as a more important element than the adverb and hence stood after it in the important end position. Later in English the adverb was often felt as more conspicuous than the verb and hence was placed after it. […] Now, as only strongly strest adverbs past by the verb and assumed a position after it and only moderatly or weakly strest adverbs remained before it, it seems self-evident that the reason for the transfer of any modifier of the verb from a position before the verb to a place after it was an increase in stres and a relativ decrease of the importance of the verb.

A en croire l’auteur, ces éléments permettent de rendre compte du fait qu’en vieil-anglais « the adverb usually folloed the verb when it had concrete force and in general preceded it when used figurativly » (ibid. : 328).

Voilà qui nous amène à aborder la question du développement sémantique des verbes à particule. L. Brinton (ibid. : 187) constate que « in their earliest uses, phrasal verbs seem to have been fairly literal or only slightly extended in meaning ». Dans son étude, R. Hiltunen (ibid. : 149), lui, établit que :

literal meanings are predominant in both the OE and the eME material, but there is a tendency towards metaphorical meanings in lOE and an expansion in this direction in eME.

Une tendance qui se confirme par la suite, puisque, selon L. Brinton (ibid.) « from the ENE period on, the phrasal verb has increased steadily in frequency and productivity ». Il n’est donc pas étonnant que P. Gettliffe (ibid. : 106) en vienne à conclure que « ce qui marque l’A.M., c’est l’augmentation du nombre de particules qui peuvent s’associer à un même verbe, et la multiplication des sens de ces combinaisons ».

Attendu que nous n’avions pas ici d’autre intention que d’introduire les quelques données historiques nécessaires à une meilleure appréhension du fonctionnement des verbes à particule en anglais contemporain, nous nous en tiendrons là. Nous invitons donc le lecteur désireux d’approfondir la dimension diachronique des phénomènes en jeu à se reporter aux divers travaux que nous venons de citer. Ainsi P. Gettliffe (op. cit.) présente-t-il d’une manière claire et synthétique les différents aspects de l’évolution des verbes à particule (identification des particules en vieil-anglais et développement des unités concernées, propriétés syntaxiques, etc.) et des verbes prépositionnels (prépositions concernées et leur

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développement, caractéristiques et problèmes syntaxiques (rection verbale), etc.) depuis le vieil-anglais jusqu’à nos jours. Chez L. Brinton, on trouvera, en plus des points mentionnés ci-dessus, des éléments de réponse à la série de questions qui suit (ibid. : 191) :

why some prefixes have counterparts as particles and others do not, why new particles develop, what the meaning relationships are between prefixes and particles, and how and when non-spatial meanings develop in the prefixes and particles.

Enfin, l’ouvrage de R. Hiltunen (op. cit.) décrit avec minutie la syntaxe des phrasal verbs en vieil- et moyen-anglais, tandis que l’article de G. Curme (op. cit.) traite plus spécifiquement de la relation entre accent et sens et position de la particule.

1.1.2. Premières descriptions

Un examen attentif et critique de la littérature constitue d’ordinaire une étape incontournable de tout travail du type de celui que nous avons entrepris. Nous ne dérogerons donc pas à la règle et commencerons par nous intéresser aux écrits de ceux que l’on a coutume de considérer comme les premiers grammairiens, afin d’établir ce qu’ils avaient cerné des propriétés des verbes à particule, et notamment à partir de quel moment ceux-ci furent réellement reconnus comme une structure de la langue à part entière. Bien entendu, comme le souligne D. Crystal (2003 : 78), « treatises on aspects of grammar are known from the 16th century », et c’est ainsi que N. Quayle (1994 : 23) fait allusion à deux références qui remontent respectivement à 1586 et 1712, car le problème de la distinction entre adverbe et préposition y est brièvement abordé. Toutefois, vu la perspective qui est la nôtre dans la présente étude, la consultation de tels textes ne nous a pas semblé s’imposer, et nous avons préféré nous limiter aux cinq ouvrages datant du début de 20ème siècle dont le rayonnement a

a priori été le plus grand7. Par conséquent, la description la plus ancienne qui va être discutée ici est celle proposée par H. Sweet dans sa New English Grammar, Logical and Historical (1891), qui paraît être l’une des premières à faire réellement autorité. Au préalable, il convient de préciser que nulle part les verbes à particule n’y sont mentionnés en tant que tels. Cela étant, ce que l’auteur dit des particles, et ses réflexions sur les group-verbs, représentent autant d’éléments pertinents par rapport à notre propos. Pour H. Sweet (ibid. : 37), la catégorie des « indeclinable words or particles comprise[s] adverbs, prepositions, conjunctions, and interjections ». Il divise les adverbes et les prépositions en deux « classes » (ibid. : 118) : les « primary adverbs [/prepositions] » et les « secondary adverbs

7

Signalons que les cinq références en question, ainsi que quelques autres qui en sont contemporaines, sont également présentées et évaluées par N. Quayle (ibid. : 21-68), mais sous un angle quelque peu différent.

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[/prepositions] »8 (ibid. : 118, 134). Ces derniers sont définis comme « formed from other parts of speech », tandis que les premiers sont caractérisés comme « showing no connection with the other parts of speech, except the other particles » (ibid.). Si l’on comprend bien ce que le grammairien entend par là, il se montre tout de même fort peu disert sur le sujet, puisque l’on doit se contenter de ce commentaire (ibid.) :

Thus the adverbs in and up in come in! come up! are also used as prepositions in to stay in the house, he came up the road […].

En l’absence d’une véritable liste, il s’agit de la seule indication que l’on ait quant aux unités qu’il inclut dans la classe des primary adverbs/ prepositions, à laquelle on peut supposer que celles qui nous préoccupent appartiennent. Et il n’approfondit pas non plus la question du lien entre adverbe et préposition, pourtant clairement suggéré par ses exemples.

Le terme group-verb, lui, apparait à deux reprises chez H. Sweet. Il est tout d’abord introduit dans l’un des paragraphes qu’il consacre aux « transitive and intransitive verbs » (ibid. : 91) :

When the combination of an intransitive verb with a preposition is logically equivalent to a transitive verb, we call the combination a group-verb9. Thus think of is the group-verb corresponding to the transitive verb consider.

avant d’être repris dans une remarque concernant les fonctions des prépositions (ibid. : 137-138) :

Although a preposition is grammatically associated with the noun-word it governs, it is in meaning associated quite as closely with the word modified by the preposition-group – in some cases even more so, especially when the head-word is a verb. Thus in sentences such as I saw him pass by the window and run across the road and tell him to come here, the prepositions are so closely associated with the preceding verbs than we can omit the nouns that follow them without altering the meaning, except that we make it vaguer: I saw him pass by, run across and tell him to come here. So we may regard pass-by and run-across in such constructions as

group-verbs, logically equivalent to such simple transitive verbs as pass and cross in he passed the

house, he crossed the road, just as look-at, think-of, attend-to are logically equivalent to survey, consider, etc.

Ces deux passages mettent en lumière que les combinaisons que H. Sweet rassemble sous l’appellation group-verb correspondent à ce que les grammaires actuelles nomment verbes à

particule et verbes prépositionnels (cf. infra 1.1.3.2). Mais, cet auteur, lui, ne discerne jamais

8

Souligné dans le texte.

9

(18)

formellement les deux structures l’une de l’autre, même si sa présentation des group-verbs donne à penser qu’il avait l’intuition d’avoir affaire à une catégorie hétérogène. L’équivalence avec un verbe simple – un critère dont nombre de ses successeurs se serviront plus ou moins judicieusement – est visiblement le point qui avait le plus retenu son attention.

La Grammar of Late Modern English de H. Poustma (1926) ignore, elle aussi, en grande partie, les phénomènes liés aux phrasal verbs, puisqu’à aucun moment elle ne reconnait clairement leur existence. En la matière, elle reprend, pour l’essentiel, la terminologie et les distinctions posées par H. Sweet (op. cit.). Ainsi les adverbes, prépositions, conjonctions et interjections se trouvent-ils à nouveau réunis sous l’étiquette particle10. Quant à l’expression

group-verb, l’usage qui en est fait rappelle beaucoup ce que nous venons de voir, comme en

témoigne l’observation suivante (ibid. : 86) :

Many intransitives may be coupled with an adverb or adverbial word-group to form with it a kind of transitive group-verb […].

On notera cependant que H. Poutsma, contrairement à H. Sweet, s’interroge sur la nature du

second terme (ibid. : 87) :

It is not always easy to tell off-hand whether such words as over, through, etc., […], should be considered as adverbs or prepositions, when they stand in immediate succession to the verb; in other words, whether or no the latter forms a kind of transitive group-verb with the particle […].

Malheureusement, le trait sur lequel il propose de s’appuyer pour différencier adverbes et prépositions manque singulièrement de précision (ibid. : 88) :

A mechanical way to decide the question is to read such sentences out loud. When the particle has full or medium stress, and follows the verb without a pause, it is to be set down as an adverb and forms a kind of transitive with the verb with which it is linked […]. In the alternative case it is a preposition and the intransitive verb has undergone no conversion.

On déplorera également qu’il affirme (ibid. : 89) :

Although forming a kind of group-verb with the verb with which they are connected, the adverbs cannot be said to constitute a compound with it, as they do when they precede.

Alors même qu’il écrit plus loin que (ibid. : 117) :

10

Soulignons néanmoins que H. Poutsma va un peu plus loin que H. Sweet dans la mesure où, citant les exemples de celui-ci que nous avons mentionnés ci-dessus, il indique que, selon lui,

Primary prepositions differ from primary adverbs only in that they are furnished with a noun or pronoun by way of complement; or contrarivise primary adverbs may be defined as primary prepositions without a complement. (ibid. : 806)

(19)

The prepositional object may belong to a semi-compound consisting of a verb and adverb. ONIONS (Adv. Eng. Synt., § 28)11 offers the following illustration: Such a state of things cannot be put up with. This practice has long been done away with. The tragedy is led up to by a pathetic love-story.

ou bien encore que (ibid. : 809-810) :

There is sometimes also a difficulty in telling the function of a particle when it is placed in immediate succession to an intransitive verb: i.e. there may be some hesitation in answering the question whether it is the particle alone which forms a kind of sense-unit with the verb, or the particle with the following (pro)noun. In the former case it is an adverb, in the latter a preposition.

Ce flottement, ajouté au fait que H. Poutsma emploie le terme group-verb pour désigner d’autres types de combinaisons verbales, prouve qu’il n’avait pas pris la pleine mesure de la spécificité de la structure qui nous intéresse.

C’est d’autant plus regrettable qu’il s’était par ailleurs rendu compte de ce que les particules peuvent endosser le rôle de marqueur aspectuel, comme le révèle toute une série de remarques disséminées dans son chapitre sur l’aspect.

Many verbs of the above description are assisted in expressing an ingressive (or momentaneous) aspect by adverbs (or adverbial word-groups) implying a movement in a certain direction. (ibid. : 296)

In the majority of cases the notion of terminativeness is brought out with the assistance of adverbs, chiefly out, through and up, […]. The above adverbs may, in a manner, be regarded as denoting a kind of result of the action expressed by the verb with which they are connected. (ibid. : 300-301)

The continuative aspect may be more explicitly expressed by a) the adverb on, which may be placed after practically any durative verb. (ibid. : 307)

Il est ainsi l’un des premiers auteurs à avoir mis au jour cette caractéristique, qui est l’une des principales habituellement attribuées aux particules des verbes à particule.

Cette question est, en revanche, entièrement passée sous silence par O. Jespersen dont les travaux ont néanmoins, eux aussi, fait date. Concernant les "parties de discours", ce dernier adopte, dans sa Philosophy of Grammar (1924), la même terminologie que H. Sweet et H. Poutsma, justifiant ce choix en ces termes (ibid. : 87) :

In nearly all grammars, adverbs, prepositions, conjunctions and interjections are treated as four distinct “parts of speech,” the difference between them being thus put on par with that

11

(20)

between substantives, adjectives, pronouns, and verbs. But in this way the dissimilarities between these words are grossly exaggerated, and their evident similarities correspondingly obscured, and I therefore propose to revert to the old terminology by which these four classes are treated as one called “particles.”

A la suite d’un ensemble de comparaisons, notamment avec les emplois transitifs et intransitifs d’un même verbe, il en vient à se demander (ibid. : 88) :

Would it not be more natural to include [such words as on or in] in one class and to say that [they] are sometimes complete in themselves and sometimes followed by a complement (or object)?

Seulement, comme le souligne N. Quayle (op. cit. : 31-32), ce point de vue, que l’on peut parfaitement admettre, repose sur une argumentation d’une faiblesse indéniable. De plus, et de manière assez paradoxale, la position qu’O. Jespersen défend là ne l’empêche pas de consacrer ensuite plusieurs paragraphes de sa Modern English Grammar on Historical

Principles (1927) à la présentation de critères permettant de résoudre le problème que pose le

constat suivant (ibid. : 273) :

In some combinations of a verb + a particle + an object it may be doubtful whether the particle is an adverb or a preposition.

Pour trancher la question, il invoque « the sound » et « the meaning » (ibid.), tout en reconnaissant que « sometimes these criteria fail us » (ibid.). Dans ce cas, il estime que (ibid. : 274) :

word-order becomes our only criterion, as it shows whether the cohesion is stronger with the verb or the primary12.

Il explique alors que (ibid. : 273) :

When the particle comes after the object, this must be governed by the verb, and the particle accordingly is an adverb; but when the particle precedes the object, both alternatives are possible.

On le voit, ces critères, du moins tels que l’auteur les expose, sont par trop imprécis. Qui plus est, une grande hétérogénéité règne parmi les exemples qu’il propose. Si certains contiennent effectivement des combinaisons que les dictionnaires actuels considèreraient comme de véritables phrasal verbs, beaucoup d’autres ne mettent en jeu que de simples séquences verbe

12

Dans la Modern English Grammar on Historical Principles, O. Jespersen utilise le terme primary pour désigner le sujet ou l’objet d’un verbe ou d’une préposition (cf. ibid. : 1).

(21)

+ adverbe, ou bien ce que nous appelons aujourd’hui des verbes prépositionnels, structure à laquelle il accorde du reste une place prépondérante.

Signalons toutefois que dans le volume VII du même ouvrage, paru, lui, en 1949, figure la remarque que voici (104-105) :

Complemental advs, i.e. advs that form a sense-unit with the vb, have their place after the vb, but may be separated from it by the object, if this is a light unstressed pronoun. The rule thus is:

I give him up: I give up all hope. put it on: put on your hat.

put it off | put off the whole thing. […]

L’idée qu’il existe des adverbes « that form a sense-unit with the vb » est bien entendu fondamentale car elle est à la base de la plupart des définitions de ce qu’est un phrasal verb. Les quelques remarques qui suivent sont, elles aussi, très importantes puisqu’O. Jespersen y aborde la question de la position du complément, et en particulier du pronom-objet, d’une façon beaucoup plus convaincante que précédemment, à l’aide d’une série d’exemples illustrant les différentes possibilités, ainsi que les exceptions à la règle. On peut y voir les prémices de la manière dont ces phénomènes vont être traités dans les travaux de ses successeurs, qui feront de ce sujet une préoccupation syntaxique majeure. Dans ces conditions, on ne pourra que regretter qu’O. Jespersen conclue ce (trop) bref passage en ces termes (ibid. : 107) :

As to cases in which it may be doubtful whether we have an adv or a prep. (think over a matter: think a matter over) see vol III 13.91 (1) ff.

c’est-à-dire par un renvoi à la partie du volume III dont nous avons dénoncé les lacunes ci-dessus.

O. Jespersen, H. Poutsma et H. Sweet sont donc globalement passés à côté de la problématique du verbe à particule, qui n’a pas de statut propre dans leurs descriptions. La conséquence en est que, comme on a pu le constater, ils n’en évoquent que certaines propriétés, et ce, le plus souvent, incidemment. En revanche, le linguiste américain A. Kennedy avait visiblement perçu, lui, toute la portée et le potentiel de cette structure, lui consacrant, dès 1920, une monographie d’une cinquantaine de pages, ce qui en fait le pionnier du genre. Dans ce document, l’essentiel des problèmes qui feront ultérieurement l’objet d’analyses détaillées est déjà soulevé. Il ne nous semble guère utile d’en dresser ici une liste exhaustive, mais mentionnons tout de même qu’en matière de syntaxe, cela va de la « transformation of intransitives into transitives » et vice versa, au « change in the character of the object governed by the verb » (ibid. : 3). Et l'on se doit également de relever que « the

(22)

addition of the particle as a perfective or intensive » (ibid. : 27) figure également en bonne place parmi les conséquences sémantiques de l'association verbe-adverbe. Pour le reste, nous préférons inviter notre lecteur à consulter directement A. Kennedy (op. cit.), et, en particulier, les chapitres IV et V de l’ouvrage. Il convient cependant d’indiquer encore que l’auteur passe complètement sous silence la question de la catégorie grammaticale à laquelle appartient le second élément, qui était au centre des préoccupations d’O. Jespersen, H. Poutsma et, dans une moindre mesure, H. Sweet. Certes, son étude est intitulée The Modern English

Verb-Adverb Combination13, mais, dans la table des matières puis dans l’introduction, ce sont les

expressions adverbial particle (ibid. : 3) et prepositional-adverb (ibid. : 9) qui prennent le relais pour désigner les 16 mots à partir desquels sont formées les combinaisons qu’il examine. Or, nulle part il ne précise ce qu’il entend exactement par là, ni quels critères ont présidé au choix de ces 16 unités. En fait, il paraît utiliser l’ensemble de ces termes indifféremment. Si ce point de grammaire est ainsi laissé en suspens, c’est vraisemblablement parce que, comme le note N. Quayle (ibid. : 27), « selon Kennedy, la signification de la particule est l’aspect le plus important de la structure en question ». On ne s’étonnera donc pas que tout un chapitre de son travail porte sur les différentes valeurs que peuvent prendre les 16 particules qu’il a retenues14, avec force exemples à l’appui dans le cas des plus répandues.

Cela le conduit, du reste, à affirmer que (ibid. : 19) :

While, in many of the combinations, these particles retain the meanings ordinarily possessed as prepositions or adverbs, at times the value of the particle differs in combination with the verb from the value which it has as a separate preposition or adverb. And more rarely the particle is so merged with the verb that it seems no longer to have an independent value.

Bien entendu, les descriptions de A. Kennedy ne sont pas exemptes de défauts – défauts que l’on retrouve d’ailleurs dans nombre d’ouvrages plus récents : il est indéniable qu’une série de remarques telle que celle qui suit ne peut qu’avoir contribué à véhiculer l’impression, toujours persistante, que le sens des verbes à particule est une donnée fondamentalement aléatoire.

one is not dealing with a fixed category of English speech, but with a changing, growing tendency in language which throws up over night, as it were, new combinations, and new meanings, so that an absolute and complete list would be impossible of realization. (ibid. : 5)

13

Nous soulignons.

14

Précisons que les 16 particules en question sont les suivantes : about, across, around (or round), at, by, down, for, in, off, on, out, over, thru, to, up, with (ibid. : 9).

(23)

These combinations are capable of such varying shades of meaning that no two persons will show quite the same reactions toward them. (ibid. : 6)

These combinations, moreover, are susceptible of an amazing number of uses and phases of meaning. (ibid. : 35).

Toutefois, le linguiste avait aussi eu quelques intuitions des plus justes, pressentant par exemple que la signification attribuée à certaines combinaisons est plutôt à chercher du côté du verbe que de celui de la particule, comme en témoignent ces deux commentaires15 :

the inherent meaning of the verb frequently gives to the combinations with out the idea of

openness or publicity […]. (ibid. : 22)

Perhaps the difference between these combinations and those of the group immediately preceding lies rather in the verb than in any value contributed by the particle. (ibid. : 24)

Ainsi que nous aurons l’occasion de le voir par la suite, beaucoup de dictionnaires actuels gagneraient à s’inspirer de telles réflexions. De plus, le texte de A. Kennedy est ponctué d’observations tout à fait pertinentes : il avait, entre autres, relevé le fait que certains verbes n’apparaissent quasiment jamais sans être associés à une particule (cf. ibid. : 29). Et les nuances de sens, le plus souvent assez subtiles, qui peuvent exister entre deux combinaisons dans lesquelles le même verbe entre en jeu ne lui avaient pas non plus échappé (cf. ibid. : 36-37). Surtout, l’examen minutieux auquel il s’était livré l’avait amené à formuler le constat suivant (ibid. : 9) :

In some [combinations], […] the elements of the combination have almost or altogether sacrificed their individual meanings and by the act of combination have assumed a new meaning; […]. In other combinations, however, and by far the greatest number, the verb is modified in meaning by a certain weakly adverbial function of the particle but does not entirely merge its verbal personality in the combination. The particle, it is true, loses much of its usual adverbial or prepositional signification, but in the combination assumes peculiar adverbial values, […]. And in many others, finally, the usual values of verb and prepositional-adverb remain fairly evident, […].

It becomes evident that this last group of combinations shades off so imperceptibly into the great mass of adverbial modifications […] that it would be a hopeless undertaking to attempt to classify every verb-adverb combination as either close enough to be termed a verb-adverb compound, or loose enough to be called merely an adverbial modification.

Cette position, qui a le mérite d’éviter de figer dans un carcan la relation qu’entretiennent verbe et particule, préfigure, dans une certaine mesure, l’approche adoptée par D. Bolinger

15

(24)

(1971)16, que nous présenterons un peu plus loin (cf. infra 1.1.4 et 1.2.2.3). En conclusion, même si cette monographie est principalement descriptive et ne propose que peu de véritables analyses, elle n’en fait pas moins d’A. Kennedy le véritable précurseur des études consacrées aux phrasal verbs et l’on comprend qu’elle conserve, aujourd’hui encore, le statut de référence incontournable, malgré le caractère parfois désuet de certaines des remarques qu’on y trouve17.

1.1.3. Ressources actuelles

Il s’agit ici non de dresser un panorama exhaustif des travaux linguistiques abordant la question des phrasal verbs sous un angle ou sous un autre, mais de passer au crible quelques manuels représentatifs des ressources didactiques à la disposition des apprenants. Les verbes à particule ont en effet pleinement trouvé leur place dans les dictionnaires et grammaires actuels, et il nous a semblé indispensable d’évaluer leur manière d’exposer les différents aspects des phénomènes en jeu pour déterminer dans quelle mesure ce traitement est adéquat. Il est à noter que P. Busuttil se livrait déjà à un exercice de ce type dans sa thèse (1994 : 13-67) : nos observations viendront donc compléter sa présentation, toujours d’actualité au demeurant, par l’analyse d’ouvrages postérieurs à la rédaction de cette dernière.

16On notera d’ailleurs que ce dernier n’hésite pas à affirmer (ibid. : 131) :

Kennedy was right when he declared (p. 8) that “it would be a hopeless undertaking to attempt to classify every verb-adverb combination as either close enough to be termed a verb-adverb compound, or loose enough to be called merely an adverbial modification.”

17C’est notamment le cas de tout ce qui touche au bon usage. Ainsi A. Kennedy considère-t-il que « the

development of these combinations is essentially a process of the common, relatively uneducated, mind » (ibid. : 40). Selon lui,

one hesitates to encourage too freely the use of many of these combinations because of the responsibility of the trained and far-sighted student of English for the maintenance of certain standards in usage. (ibid. : 42)

Ce type de commentaire n’est, du reste, pas l’apanage d’A. Kennedy, bien au contraire. Comme l’indique N. Quayle (ibid. : 54), il est symptomatique de l’attitude de « toute une génération de grammairiens prescriptifs », à côté desquels l’auteur paraît en fait relativement mesuré puisque, loin de rejeter en bloc l’emploi des verbes à particules, il suggère que (ibid. : 46) :

the verb-adverb combination should be accepted in so far as it can become a useful part of the English vocabulary, but it should not be permitted to crowd out any verb which cannot well be spared.

Notons pour terminer que G. Curme, qui écrit sensiblement à la même époque, va, lui, littéralement à l’encontre de la tendance générale en vantant le « matchless power and […] telling effect » (op. cit. : 337) de cette structure.

(25)

1.1.3.1. Dictionnaires

Il existe aujourd’hui quantité de dictionnaires prétendant aider les apprenants de tous horizons à acquérir une meilleure maîtrise des verbes à particule, à l’instar du CPVD qui déclare : « the Cambridge Phrasal Verbs Dictionary helps learners of English to understand phrasal verbs and use them in a way that is natural and appropriate » (2006 : vii). Parmi cette profusion d’ouvrages, huit ont plus particulièrement retenu notre attention et nous ont servi de références tout au long de la préparation du présent travail ; quatre sont des unilingues tandis que les quatre autres sont des bilingues. En voici la liste :

OUVRAGES UNILINGUES

Sinclair, J. 1989 Collins Cobuild Dictionary of Phrasal Verbs CCDPV Cowie, A. et Mackin, R. 1993 Oxford Dictionary of Phrasal Verbs OPVD

2006 Cambridge Phrasal Verbs Dictionary CPVD 2006 Oxford Phrasal Verbs Dictionary for Learners of

English

OPVDLE

OUVRAGES BILINGUES

Bouscaren, C. et Burgué, J.-C. 2003 Dictionnaire sélectif des phrasal verbs

Castagna, A. 1995 It’s a knock out ou comment utiliser les phrasal verbs Davenport, L. 2006 English Phrasal Verbs – Les verbes à particule anglais Riccioli, M. et Bazin, B. 1995 Les verbes anglais à particules

Nous entendons examiner ici à la fois les principales spécificités de ces dictionnaires et la manière dont ils caractérisent les verbes à particule afin de juger de leur utilité réelle.

Dictionnaires unilingues

Un constat s’impose d’emblée lorsque l’on parcourt les unilingues : leur titre ne présage qu’en partie leur contenu. En effet, si, comme le met en lumière le tableau ci-dessus, l’expression phrasal verbs y figure systématiquement en bonne place, au vu des entrées qui constituent le corps de ces ouvrages, on comprend que le terme est, pour l’occasion, pris lato

sensu. Au demeurant, le CCDPV ne fait-il pas valoir que « different people have different

definitions of ‘phrasal verb’ » (ibid. : v) ? Commentaire dont on conviendra qu’il est loin d’être d’un très grand secours. On ne s’étonnera pas non plus que le CPVD, qui est probablement le moins fouillé des dictionnaires de notre sélection, préfère, quant à lui, s’abstenir de préciser le sens qu’il attribue à ce terme. Par conséquent, à défaut d’une définition, on doit, le plus souvent, se contenter d’une brève description des divers types de combinaisons que les auteurs ont décidé d’inclure. Un procédé adopté par l’OPVDLE, qui explique que (ibid. : viii-ix) :

(26)

In this dictionary we include several types of verbs that are used with adverbs or prepositions (often called particles).

a Idiomatic verb + particle combinations. […]

b Verbs which are always followed by a particular particle. […] c Verbs that are followed by a particle in a particular meaning. […]

d Verbs with a particle, where the particle adds to, but does not change, the basic meaning of the verb. […]

e Verbs plus particles where each has their normal meaning. […]

Il va sans dire que cette façon de catégoriser les phrasal verbs est particulièrement approximative. Elle autorise, de surcroit, toutes les dérives. Le CCDPV se montre certes plus précis et rigoureux dans sa présentation, mais, au final, il ne s’avère guère plus sélectif, comme en atteste le tableau dans lequel « [it] summarizes the combinations which [it] include[s] and those which [it] do[es] not » (ibid. : vi) :

Voilà qui est assez curieux : en quoi le fait que go up (dans We went up the hill) soit d’un emploi très répandu justifie-t-il d’élever cette "combinaison" au rang de phrasal verb ? Elle n’a pourtant rien de "phrasal" : il ne s’agit que de la juxtaposition du verbe go et d’un syntagme prépositionnel en up, que rien ne distingue de l’exemple suivant, et dont la signification est aussi transparente que celle de ce dernier. On pourrait également s’attarder sur refer to dont la présence dans ce dictionnaire est le signe de ce qu’il ne fait pas la différence entre verbes à particule et verbes prépositionnels. On notera pour terminer que les raisons mises en avant dans ce tableau, et qui sont essentiellement d’ordre sémantique, recoupent celles invoquées par l’OPVDLE.

En fait, seul l’ODPV prend la peine d’indiquer ce que recouvre pour lui le terme phrasal

(27)

« the combination is a unit of meaning (a phrasal verb) » (ibid. : ix). Sous l’intitulé The scope

of the dictionary, il ajoute ensuite que (ibid. : 427-428) :

‘Phrasal verb’ is used throughout these introductory sections, interchangeably with ‘idiomatic combination of verb + particle/preposition’, to refer to the following types of combination provided they are idioms or semi-idioms:

verb + particle18 (with no object following the verb): (of a witness) come forward

(of an aircraft) take off

verb + preposition (with no object following the verb):

come across (an old friend) run into (difficulties)

verb + particle + preposition (with no object following the verb):

face up to (one’s responsibilities) put up with (interruptions)

verb + particle (with an object following the verb):

make (one’s face) up take (a politician) off

verb + preposition (with an object following the verb):

hold (someone’s past failings) against (him or her) put (someone) off (driving)

verb + particle + preposition (with an object following the verb):

bring (someone) up against (a problem) take (one’s anger) out on (someone)19 Enfin, il souligne que (ibid. : 428) :

The relatively few non-idiomatic combinations of verb + particle, verb + preposition, etc, included in this dictionary are not referred to as phrasal verbs.

[…] the dictionary treats many complex items (push the boat out and make an honest

woman of20, for instance) which though they contain a verb and particle or preposition also incorporate a fixed noun (and possibly also a fixed adjective). These will be referred to as ‘complex idioms’, not as phrasal verbs.

18

Signalons, à la suite de P. Busuttil (ibid. : 27), que l’utilisation qui est ici faite du terme particle ne va pas de soi, certains des exemples proposés montrant que « la distinction entre PARTICULE et PRÉPOSITION n’est pas très claire ».

19

Souligné dans le texte.

20

(28)

Ces précautions terminologiques sont les bienvenues, même si l’on peut regretter que l’ODPV utilise, lui aussi, l’expression phrasal verb dans une acception trop large englobant les verbes prépositionnels. Cet ouvrage se révèle néanmoins beaucoup plus complet et mieux étayé que les précédents, mais, en contrepartie, l’argumentation développée manque parfois un peu de clarté, et son caractère touffu ajoutera sans doute à la confusion des apprenants. D’autant que le degré d’"idiomaticité" est le principal critère21 sur lequel il s’appuie pour

décider si une combinaison donnée peut (ou non) être considérée comme un phrasal verb. Or, une telle approche est indéniablement problématique car, comme le constate P. Busuttil (ibid. : 30), le terme idiomatique est loin d'« avoir exactement22 le même sens pour tous les observateurs et analystes du phénomène » ; dans ces conditions, le contenu d’un dictionnaire devient intégralement tributaire de la subjectivité de ses rédacteurs. Le fait que ceux de l’ODPV s’interrogent ouvertement en ces termes : « as regards the central area – the semi-idioms – where is the line to be drawn ? » (ibid. : 426)23 l'illustre très clairement. C’est pourquoi nous adhérons au point de vue de P. Busuttil (ibid. : 28) qui estime qu’« une explication du phénomène "phrasal" par le caractère plus ou moins idiomatique des ensembles VERBE+PARTICULE est loin d'être entièrement satisfaisante »24. Il a en effet parfaitement raison d’affirmer qu’elle « ne résout rien des problèmes qui peuvent se poser au non-anglophone (et éventuellement à l'non-anglophone) qui cherche à comprendre comment fonctionnent les "phrasal verbs" » (ibid. : 30).

Et ce ne sont pas les rares commentaires à propos des particules qui l’éclaireront davantage. De fait, le terme particle est globalement traité avec la même désinvolture que l’expression phrasal verb, la plupart des ouvrages ne s’embarrassant pas de définitions et fournissant simplement une liste des éléments qu’ils prennent en compte, à l’image de celles qui suivent :

21 D’autres, tant syntaxiques que sémantiques, entrent bien, eux aussi, en ligne de compte (cf. ibid : 426-427),

mais de manière beaucoup plus marginale.

22

Souligné dans le texte.

23 Notons qu’en réponse à cette question ils indiquent : « on the whole we have tended to include the

marginal cases, drawing the line low rather than high » (ibid.)

24 Ce commentaire concerne la première édition de l’ouvrage, qui date de 1975, mais il s’applique

parfaitement à celle que nous avons consultée. Nous renvoyons donc notre lecteur à P. Busuttil (op. cit.) pour une discussion détaillée des faiblesses d’un raisonnement en termes de degré d’"idiomaticité".

(29)

On le voit, ces listes reflètent le choix qui est généralement opéré d’être le moins restrictif possible et d’inclure des combinaisons formées tant avec des adverbes qu’avec des prépositions, ce qui nous ramène au problème de la confusion entre verbes à particule et verbes prépositionnels. On est loin, en tout cas, des 16 unités retenues par A. Kennedy (op.

cit.) pour son étude, et l’on peut se demander si counter, overboard et underground, entre

autres, ont bien leur place dans ces tableaux. Cette question pourra paraître anodine, mais elle trahit la difficulté de l’exercice qui consiste à dresser un inventaire, plus ou moins exhaustif, des particules ; comme le souligne D. Bolinger (ibid. : 17), « though the particle class is unquestionably far smaller than the verb class, deciding exactly what words it contains is harder than one might imagine ». Au final, dans ce domaine aussi, la subjectivité des rédacteurs de ces dictionnaires joue à plein.

Signalons que le CCDPV et l’OPVDLE se veulent tous deux un peu plus complets et comportent l’un un Particles Index, l’autre un Guide to the Particles, sortes de classifications des sens que les particules prennent lorsqu’elles font partie de phrasal verbs. A la lecture des explications qui servent à les introduire, on comprend que ces suppléments partagent le même objectif :

The meanings of English phrasal verbs are not always obvious. Yet the particles index shows very clearly how phrasal verbs are not just arbitrary combinations of verbs and particles. Instead, they fit into the broad patterns of choice and selection in English. When a new combination occurs, it too fits into these patterns. (CCDPV, ibid. : 448)

ODPV : vii

OPVDLE, ibid. : ix CCDPV, ibid : v

(30)

This shows that there is a system to the way phrasal verbs are formed. In other words, the combination of verbs and particles is not totally random. It also explains how new phrasal verbs come to be created, and how they can be understood even by people who have never heard them before. (OPVDLE, ibid. : 380)

Malheureusement, ainsi que nous aurons l’occasion de le montrer dans le Chapitre 2, l’effet produit par ces annexes est à l’inverse de celui recherché. La raison en est fort simple : les propriétés qui y sont mises en avant sont en réalité, le plus souvent, imputables aux verbes avec lesquels les particules sont associées. Chacune se voit donc attribuer une multitude de significations, parfois en complète contradiction les unes avec les autres, sans qu’aucun fil conducteur ne se dégage. En conséquence, au lieu de combattre l’idée reçue que l’on connait, à savoir que le sens des particules, et, par suite, celui des phrasal verbs, est une donnée par essence aléatoire, ces classifications ne font que la renforcer.

Pour conclure, en l’absence de définitions claires et rigoureuses des termes phrasal verb et

particle, c’est dans le fait qu’ils offrent des indications à propos de ce qu’ils appellent les

« grammar patterns of phrasal verbs » (OPVDLE, ibid. : xi-xii), ou bien les « phrasal verb syntactic patterns » (CCDPV, ibid. : xiii-xvi), que réside, à nos yeux, le principal intérêt des dictionnaires unilingues. Ces indications, qui se présentent sous la forme d’un système d’abréviations plus ou moins élaboré25

, précisent, pour chaque "phrasal verb", la nature, adverbiale ou prépositionnelle, de la particule en jeu. Elles renseignent également sur le caractère transitif (ou non) des différentes combinaisons recensées, et, le cas échéant, sur la place habituellement occupée par le complément. Certes, on doit se rendre à l’évidence que les informations en question tiennent plus du constat d’usage que de l’analyse syntaxique argumentée, mais elles n’en constituent pas moins une aide précieuse, pour les apprenants notamment.

Dictionnaires bilingues

Si les dictionnaires de verbes à particule unilingues se ressemblent globalement tous, on ne peut pas en dire autant de leurs homologues bilingues qui forment un ensemble plus hétéroclite, tant sur le fond que sur la forme. On distinguera d’un côté L. Davenport (2006) et

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