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État des récifs coralliens et des écosystèmes associés des Outre-mer français en 2015 - IFRECOR (format PDF / 38 Mo)

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Texte intégral

(1)

Comment se portent les récifs

coralliens des Outre-mer français ?

Etat des récifs coralliens et

des écosystèmes associés des

Outre-mer français en 2015

(2)

Coordination : Jean-Pascal QUOD, Guillaume MALFAIT, secrétariat national de l’IFRECOR

Les rédacteurs :

• Résumé et Carte de synthèse

Jean-Pascal Quod, Guillaume Malfait, secrétariat national de l’IFRECOR

• Chapitre “Introduction & contexte”

• Introduction : Jean-Pascal Quod, Guillaume Malfait • Présentation globale des territoires et des RCEA :

Jean Pascal Quod, Mathilde Facon, Fanny Kerninon • Importance d’assurer une veille environnementale :

Jean Pascal Quod

• Chapitre “Présentation des réseaux et stations de surveillance” • Le réseau des stations : Julien Wickel

• Les protocoles mis en œuvre : Julien Wickel

• Que deviennent les données récoltées ? : Jean-pascal Quod • Les indicateurs de l’état de santé : Claire Bissery

• Chapitre “Tendances évolutives globales observées sur mes récifs français”

• Introduction : Jean-Pascal Quod • Evolutions de l’état de santé des récifs

- Tendances globales pour la zone Caraïbes : Christelle Batailler, Claude Bouchon et Jean-Philippe Maréchal.

- Tendances globales de la zone océan Indien : Julien Wickel et Jean-Pascal Quod

- Tendances globales de la zone océan Pacifique : Bernard Salvat - Tendance globale des herbiers : Fanny Kerninon

- Tendance globale des mangroves : Marie Windstein • Socio-économie des récifs coralliens en France : Nicolas Pascal • Les pressions : Jean-Pascal Quod, Mathilde Facon

Chapitre “Situations par territoire d’Outre-mer”

• Guadeloupe : Claude Bouchon, Christelle Batailler, Yolande Bouchon-Navaro, Rémi Garnier, Franck Mazéas, Pedro Portillo, Fanny Kerninon, Marie Windstein

• Martinique : Jean-Philippe Maréchal, Ewan Trégarot, Fanny Kerninon

• Iles du Nord : Claude Bouchon, Christelle Batailler, Yolande Bouchon-Navaro, Julien Chalifour, Fanny Kerninon, Franciane Lequellec, Pedro Portillo, Marie Windstein

• Mayotte : Julien Wickel, Alban Jamon, Jean-Benoît Nicet, Alexandra Gigou, Jean-Pascal Quod, Katia Ballorain, Guillaume Decalf, Bernard-Armand Thomassin, Michel Pichon, Lionel Bigot, Pascale Chabanet.

• Iles Eparses : Clément Quetel, Lionel Bigot, Pascale Chabanet • La Réunion : Julien Wickel, Jean-Benoît Nicet, Lionel Bigot, Pascale Chabanet, Bruce Cauvin, Karine Pothin, Jean-Pascal Quod, Mathieu Seré, Guillaume Malfait.

• Nouvelle-Calédonie : Sandrine Job

• Polynésie Française : Charlotte Morits, Vetea Liao, Yannick Chancerelle

• Wallis & Futuna : Pauline Bosserelle, Karine Brunet, Enelio Liufau, Atoloto Malau.

• Clipperton : Mehdi Adjeroud, Jean-Pascal Quod

IFRECOR, 2016. Etat des récifs coralliens et des écosystèmes associés des Outre-mer francais en 2015, 168p

Conception graphique et réalisation : Michaël MENARD

Impression : GRAPHICA - Juin 2016 Papiers issus de forêts gérées durablement Crédits photographiques :

Mehdi Adjeroud (p158) ; Serge Andrefouët/IRD (p117) ; ARVAM (p63b) ;

Christophe Attrait (p6d ; p113) ; Frédéric Bassemayousse (p5c ; p62a) ; Jack Berthomier (p132 ; p134b) ; BioRéCIE/IRD (p114) ; Benjamin Blinot (p15c) ; Pauline Bosserelle (p157) ; Claude Bouchon (p95) ; Aurélien Brusini (p91) ; Julien Chalifour (p16a,b ; p97) ; Yannick Chancerelle/ CRIOBE (p139 ; p148b) ; Martial Dosdane/Province Sud (p130a,b) ; Mathilde Facon (p6a,b ; p60a ; page arrière n°3) ; Rébecca Guezel (p100) ; IFREMER (p33) ; Sandrine Job (p153), Matthieu Juncker (p32 ; p134a) ; Fanny Kerninon (p50 ; p70 ; p74 ; p93) ; Guillaume Malfait (p13a ; p80 ; p85a,b ; page arrière n°4) ; Hughes Le Monnier (p131) ; Enelio Liufau (p150) ; Mazarin (p35a) ; Franck Mazeas (p13b ; p29 ; p40 ; p56 ; p57a) OEIL/Adrien Bertaud (p133a,b) ; OEIL/Matthieu Juncker (page de couverture n°3, p134a) ; Nicolas Pascal (p57b,c) ; PARETO (p22 ; p 71 ; p87 ; p88 ; p98 ; p99 ; page arrière n°1) ; Jean-Pascal Quod (page de couverture n°2 ; p5a,b,d ; p06 ; p15a,b ; p17 ; p24 ; p35b,c ; p37 ; p42 ; p46 ; p49 ; p53 ; p55 ; p59 ; p60b ; p61a,b,c ; p62a,c ; p63a ; p76 ; p148a) ; Reef Check France (p07 ; p21) ; Mathieu Seré (p124) ; Julien Wickel (page de couverture n°1 ; p25 ; p26 ; p 27 ; p28 ; p30 ; p31 ; p103 ; p106 ; p108 ; p121 ; p122 ; p125).

Fotolia® - © Galyna Andrushko (première de couverture, p64) ; © Dudarev Mikhail (p10) ; © eyewave (p66 ; p76) ; © Fabien R.C. (p78) ; © Naeblys (p90) ; © Christophe Fouquin (p128) ; © Xavier MARCHANT (p138) ; © Beboy (p120, dernière de couverture). Coordination : Jean-Pascal QUOD, Guillaume MALFAIT, secrétariat national de l’IFRECOR

Les rédacteurs :

• Résumé et Carte de synthèse

Jean-Pascal Quod, Guillaume Malfait, secrétariat national de l’IFRECOR

• Chapitre “Introduction & contexte”

• Introduction : Jean-Pascal Quod, Guillaume Malfait • Présentation globale des territoires et des RCEA :

(3)

Sommaire

03 02

Résumé

04

Carte de synthèse

09

Introduction & contexte

11

• Introduction

12

• Présentation des récifs coralliens et des écosystèmes associés (RCEA) des collectivités d’Outre-mer

15

• Importance d’assurer une veille environnementale

18

Présentation des réseaux et stations de surveillance

23

• Le réseau des stations

24

• Les protocoles mis en œuvre

27

• Que deviennent les données récoltées ?

34

• Les indicateurs de l’état de santé

36

Tendances évolutives globales observées sur les récifs français depuis 15 ans

41

• Tendances globales de la zone Caraïbes

43

• Tendances globales de la zone océan Indien

45

• Tendances globales de la zone océan Pacifique

47

• Tendances globales des herbiers

50

• Tendances globales des mangroves

54

• Valeur économique des services rendus par les récifs coralliens et écosystèmes associé

56

Situation par territoire

65

• Guadeloupe

66

• Martinique

78

• Iles du Nord

90

• Mayotte

100

• Iles Eparses

110

• Réunion

120

• Nouvelle-Calédonie

128

• Polynésie française

138

• Wallis et Futuna

150

• Clipperton

158

(4)

Surveiller l’état de Santé deS récifS :

pourquoi, pourquoi faire, pour qui,

comment ?

Les récifs coralliens s’étendent sur moins d’1% des océans mais renferment une biodiversité animale et végétale d’une grande richesse : 100 000 espèces connues, dont 800 coraux, 8 000 poissons, 25 000 mollusques. Ils fournissent aussi d’importants services : barrières contre la houle, source d’alimentation, support du tourisme... La France a une grande responsabilité à l’échelle internationale dans le maintien de cet extraordinaire réservoir de biodiversité. Présente dans les trois océans de la planète, elle possède en effet une superficie de récifs et de lagons totalisant près de 58 000 km2, soit la quatrième place mondiale après l’Australie, l’Indonésie et les Philippines.

Les récifs sensu stricto sont construits par les Scléractiniaires1et par les algues calcaires. Résultat d’une association entre un animal (le polype) et une microalgue (la zooxanthelle2), les coraux durs bioconstructeurs présentent une diversité en espèces plus élevée dans l’Indo-Pacifique que dans les Caraïbes.

D’autres écosystèmes d’importance sont présents en Outre-mer et associés aux récifs coralliens: les mangroves littorales (1 035 km2 avec la Guyane, soir 0,7% de la superficie mondiale) et les herbiers de phanérogames (1 213 km2sur l’ensemble des COM, hors des Iles Eparses dont la surface n’est pas connue).

Les mangroves sont constituées de 70 à 84 espèces dans le monde, dont 26 sont présentes dans l’Outre-mer (6 dans les Caraïbes, 7 dans l’océan Indien et 13 dans l’océan Pacifique). Le Conservatoire du Littoral joue un rôle central dans la gestion et la conservation de ces écosystèmes en Outre-mer. Ces espaces protègent les littoraux et sont des nurseries pour de nombreuses espèces récifales.

Les phanérogames, qui sont des plantes à fleur et non des algues, forment des herbiers essentiellement à faible profondeur et dans les zones de lagons. Si 70 espèces sont connues sur la planète, 16 à 18 sont présentes en Outre-mer. Ces écosystèmes sont encore insuffisamment étudiés et surveillés, comme en témoigne le faible développement du réseau de suivi.

deS valeurS SocioéconomiqueS importanteS

pour leS territoireS ultramarinS

Chaque année, les RCEA3français (en excluant ceux de Saint-Barthélemy, des Iles Eparses et de Wallis & Futuna qui n’ont pas encore fait l’objet d’évaluation), génèrent une valeur économique estimée à 1,1 milliard d’euros, dont 460 millions d’euros (M€) sont directement visibles dans les statistiques économiques. Le principal service fourni par les RCEA est la protection contre les inondations côtières (470 M€/an), grâce à l’absorption d’une grande partie de l’énergie de la houle. Les RCEA évitent ainsi les dommages liés aux inondations lors des cyclones ou des autres évènements climatiques extrêmes. lls contribuent à la protection des plages et du littoral contre l’érosion.

Le service du tourisme bleu représente quant à lui 280 M€/an, avec près d’un million de personnes faisant usage des récifs pour leurs loisirs. Ce service présente un potentiel de développement intéressant, notamment en termes d’emploi, pour autant que ce développement soit durable.

La pêche liée aux écosystèmes côtiers génère 180 M€ de recettes par an. Ce service est important, aussi bien en termes d’emploi que d’alimentation des ménages dans les espaces côtiers. Ce service doit être durable afin de préserver la ressource et d’éviter les impacts directs et indirects pour les usages touristiques et la protection côtière. Le dernier service écosystémique est celui de séquestration du carbone, très important chez les herbiers et les mangroves. Ces formations seraient responsables de 40 % du carbone fixé chaque année par la végétation côtière, avec des variations en fonction de l’espèce et des conditions environnementales.

Résumé

Au total, ce sont environ 5 000 sociétés, 38 000 emplois et

l’alimentation en protéines des populations, qui dépendent à différents degrés des services écosystémiques des récifs coral-liens et des écosystèmes associés.

deS preSSionS nombreuSeS à l’origine

d’une perte de biodiverSité et de

productivité

Au niveau mondial, on estime que 20% des récifs et des écosystèmes associés ont été irrémédiablement détruits au cours des dernières décennies, en raison de pressions anthropiques et naturelles. Parmi les 80% restants, seuls 30% seraient dans un état satisfaisant. En France, les tendances observées sont également à la baisse dans plusieurs collectivités depuis les quatre dernières décennies. Les pressions sur ces écosystèmes sont nombreuses. Cyclones et tempêtes ont toujours affecté la vitalité corallienne, comme la prolifération d’Acanthaster, l’étoile de mer qui se nourrit du corail. Une fois passés ces évènements, la résilience des récifs leur permettait le plus souvent de retrouver leur état initial en quelques années ou décennies.

Depuis quatre décennies au moins, les pressions anthropiques sont venues mettre à mal ce schéma avec des impacts aigus et/ou chroniques : sédimentation terrigène issue des défrichements et de l’érosion des bassins versants ; pollutions chimiques, agricoles et industrielles ; maladies ; apparition d’espèces envahissantes, etc ... :

Les pollutions issues du bassin versant affectent directement les récifs frangeants. Les rejets par les rivières, les ravines, les nappes phréatiques véhiculent un cortège de molécules chimiques toxiques pour la faune et la flore, d’azote et de phosphore qui favorisent les algues au détriment des coraux bioconstructeurs, ou encore de terre emportée lors des fortes pluies qui étouffe les habitats. Les pesticides

ont particulièrement retenu l’attention de l’IFRECOR, puisque leurs effets sont reconnus comme sérieux, notamment sur les zooxanthelles.

Comme tout organisme vivant, les coraux subissent des maladies. Ils ne sont pas les seuls comme en témoignent les programmes de recherche menés sur les éponges, les algues ou les poissons. Les Scléractiniaires hébergent naturellement une microflore bactérienne et virale (plusieurs millions d’indi-vidus/cm2 pour un corail sain). Sous l’effet des stress, les coraux peinent à lutter contre les bactéries et les virus pathogènes, dont plusieurs sont supposés d’origine humaine.

Plusieurs espèces envahissantes ont été identifiées comme des menaces sévères pour la biodiversité marine de l’Outre-mer, comme le poisson-lion Pterois et la phanérogame Halophila

stipulacea dans les Caraïbes. D’autres sont sous surveillance,

dont certaines algues vertes et rouges comme les caulerpes ou

l’Asparagopsis.

quand le thermomètre voit rouge,

le corail blanchit

Une augmentation anormale de la température des eaux océaniques de surface conduit à rompre l’équilibre entre les coraux et les zooxanthelles. Cela produit le blanchissement, qui peut entrainer leur mort si le phénomène dure trop longtemps.

Le phénomène El Niño ou ENSO (El Niño Southern Oscillation), survient tous les 3 à 7 ans. Il engendre une augmentation de la température ce qui accroit fortement le risque de blanchissement des coraux. Plusieurs épisodes ont été constatés au cours des dernières décennies, dont celui de l’été austral 1997-1998 dans l’océan Indien qui a été particulièrement intense. Celui de l'état austral 2015-2016 semble aussi d’une grande intensité et aura certainement de graves conséquences.

Le réchauffement climatique est une tendance globale plus lente et modulée également selon les régions océaniques. Un océan plus chaud se traduira par un risque accru de phénomènes de blanchissement, des cyclones plus violents, une montée du

niveau marin, etc ... 05

04

1. Coraux durs constructeurs de récifs 2. Algues unicellulaires vitales pour le corail avec lequel elles vivent en symbiose 3. Récifs coralliens et écosystèmes associés

(5)

Le 5èmerapport du GIEC (2014) apporte un éclairage important sur les conséquences principales du changement climatique en cours. La température des océans s’est globalement réchauffée de 0,11 °C sur les dernières décennie, avec des situations contrastées d’une région à une autre. Un réseau de suivi de la température des eaux se met progressivement en place et complète les informations acquises par les satellites.

L’augmentation des émissions de dioxyde de carbone (CO2) d’origine anthropique dans l’atmosphère pose aussi un problème lié à l’acidification des océans. L’océan absorbe une grande quantité de ce CO2, ce qui diminue le pH des eaux et les acidifie, limitant la croissance des organismes dont le squelette ou la coquille est calcaire ou siliceux.

Les herbiers et les mangroves seront également affectés et leur distribution pourrait être modifiée.

quelS levierS d’action pour la protection

et la geStion durable deS rcea ?

L’Initiative Internationale pour les Récifs Coralliens (ICRI) a été créée en 1994. Elle a pour objectif d’encourager l’adoption de meilleures pratiques dans la gestion durable des récifs coralliens et des écosystèmes associés, de renforcer les moyens pour amé-liorer leur gestion et la sensibilisation dans le monde entier. En 1999, le gouvernement français a créé

la déclinaison française : l’Initiative Française pour les Récifs Coralliens (IFRECOR), dédiée à la protection et la gestion durable des récifs coralliens et des écosystèmes associés en Outre-mer. Pour conduire cette initiative, la France s’est dotée d’un comité national, appuyé par un réseau de 8 comités locaux représentant les collectivités françaises qui abritent des récifs coralliens. Elle s’appuie sur un plan cadre d’actions, décliné en plans quinquennaux. Depuis le lancement de l’IFRECOR, la surveillance de l’état de santé des récifs est au cœur de l’action, relayant la démarche mondiale du GCRMN (le Global Coral Reef Monitoring Network), à laquelle la France rend régulièrement compte. Le GCRMN est l’outil opérationnel de l’ICRI mis en place dès 1998 afin de fournir à la communauté mondiale des informations régulières sur l’état de santé des récifs. Si les récifs ont pendant plusieurs années concentré l’attention, les écosystèmes associés que sont les herbiers et les mangroves sont

éga-lement considérés depuis peu.

C’est aussi le cas des problèmes liés aux contaminants chimiques, notamment les pesticides.

C’est dans ce contexte que s’inscrit cet ouvrage. L’objectif est de dresser un bilan de l’état des récifs coralliens des collectivités d’Outre-mer françaises, faisant suite à ceux établis plus tôt (Gabrié, 2000 ; Gardes et Salvat, 2008).

comment définir le bon état de Santé

deS récifS et Suivre Son évolution ?

Impulsés par l’IFRECOR, des observatoires se sont développés en Outre-mer sous la forme d’un réseau de stations de suivi de l’état des RCEA, surveillées dans le cadre de programmes de recherche, par les gestionnaires d’aires marines protégés, ou pour les initiatives de sciences participatives comme Reef Check, actuellement la plus développée. En 2015, ce réseau se compose d’environ un millier de stations dont 350 dites “à haute fréquence” car échantillonnées régulièrement. Sur chacune de ces stations des plongeurs collectent des informations sur la faune et la flore. Les Scléractiniaires, ou coraux durs, sont les espèces qui soutien-nent l’ensemble des habitats coralliens. Ce groupe fait donc l’objet d’une attention particulière et de programmes de suivis réguliers. A l’heure actuelle, le pourcentage de recouvrement en corail vivant (corail dur uniquement) demeure le paramètre commun à l’ensemble des collectivités. Les poissons, les invertébrés (notamment ceux d’intérêt commercial), les algues figurent aussi parmi les cibles envisagées collectivement pour décrire l’état d’un récif et, dans une moindre mesure, physico-chimiques (température, azote et phosphore, etc). L’ambition est de disposer d’un tableau de bord accessible au plus grand nombre, adapté aux enjeux écologiques, socio-économiques, et ainsi plus complet et plus riche en indicateurs (maladies, températures, espèces commerciales, etc ...).

Si les protocoles restent variés selon les objectifs des études, ils tendent à s’harmoniser ce qui permet d’établir des synthèses communes. Un outil récemment développé sur le site internet de l’IFRECOR permet par exemple de visualiser la localisation

et les caractéristiques de l’ensemble des stations répertoriées (www.ifrecor.com/reseaux-observations.html). Les résultats de ces études sont valorisées à différentes échelles : internationale pour le GCRMN, nationale afin de répondre aux exigences de la Directive Cadre sur l’Eau et de l’Observatoire National de la Biodiversité (ONB), ou locale pour les collectivités elles-mêmes ou les gestionnaires d’aires marines protégées.

Après une phase de validation, la bancarisation des données collectées sur le terrain est une étape importante (intégration des données dans une base de données informatique). Sur la décennie 2000-2010 l’outil CoReMo, développé par l’ARVAM (La Réunion) a progressivement été utilisé dans plusieurs collectivités d’Outre-mer. Devant la nécessité de disposer d’une base de données nationale, connectée avec les autres systèmes d’information nationaux, la

base de données Récif (BD Récif) a été développée et remplacera à terme CoReMo. Aujourd’hui mise en place à titre expérimental pour l’océan Indien, cette base de données a vocation à être étendue aux autres collectivités d’Outre-mer et facilitera la transmission des informations au niveau national.

finalement, comment Se portent leS

récifS corallienS et leS écoSyStèmeS

aSSociéS françaiS ?

Dans le cadre de l’Observatoire National de la Biodiversité (ONB), l’IFRECOR a fourni un indicateur permettant de caractériser la tendance d’évolution de l’état des récifs coralliens de l’ensemble des collectivités d’Outre-mer françaises. Ainsi, en 2015, il apparaît que, sur la dernière décennie, 2/3 des récifs surveillés sont dans un état « stable » ou « en amélioration », alors qu’1/3 sont « en dégradation ». En réalité, comme au niveau mondial, la perte de biodiversité est constatée par les scientifiques et les gestion-naires depuis environ quatre décennies. Les situations actuelles sont néanmoins très variées d’une collectivité à l’autre, mais il ressort globalement que les récifs du Pacifique Sud sont en bon état comparativement à ceux de l’océan Indien et des Antilles Françaises. Ainsi :

Aux Antilles, la dégradation globale des récifs est constatée depuis les années 80 et le sévère blanchissement de 2005 a entrainé une perte importante du recouvrement corallien des récifs de Guadeloupe, de Martinique et des Iles du Nord (Saint Barthélémy et Saint Martin). Fragilisés, les coraux sont devenus plus réceptifs aux maladies comme cela fut constaté en Marti-nique en 2006. Depuis, les recouvrements coralliens récifaux semblent stabilisés, mais à des niveaux faibles. Ainsi en Gua-deloupe, ce recouvrement est de 14 % à 23 % pour les zones rocheuses, de 4 % à 24 % pour les platiers, et de 3 % à 14 % pour les substrats coralliens. En Martinique, trois stations sur cinq ont un recouvrement corallien de 20% et une station continue à se dégrader. Une station présente près de 60% de recouvre-ment corallien, ce qui en fait un site exceptionnel pour la région Martinique. Les taux de recouvrement corallien des récifs de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin ont toujours été relative-ment faibles pour des raisons naturelles, et n’ont jamais excédé 26 %. Ils subissent eux-aussi des pressions anthropiques. Cette dynamique de dégradation du recouvrement corallien s’est généralement accompagnée d’une augmentation du taux de macroalgues sur l’ensemble des côtes des îles.

Dans l’océan Indien, où le blanchissement de 1998 a fortement marqué les esprits et structuré un réseau régional autour de la Commission de l’Océan Indien, l’état de santé des récifs varie fortement d’une île à l’autre. La Réunion, qui dispose d’un espace récifal restreint a fortement souffert au fil des dernières décen-nies des apports du bassin versant, ce qui se traduit encore par un déclin du recouvrement corallien. Ainsi actuellement, ¾ des stations ont un recouvrement inférieur à 50 %. Mayotte, qui dispose d’un grand lagon, a particulièrement bien récupéré de l’épisode El Niño de 1998 (plus de 90% de mortalité) et sert d’exemple pour étudier la résilience d’un écosystème à l’échelle d’une décennie. Cependant, les pressions augmentent avec l’accentuation de la pression démographique. En 2013, le recou-vrement corallien sur les récifs internes est en moyenne de 40 %, et de 23% sur le récif barrière. Les îles Eparses, préservées des activités humaines constituent des points de référence pour suivre l’évolution face au réchauffement climatique et comparer l’évolution des écosystèmes des autres îles de l’océan Indien.

07 06

(6)

ÎLES EPARSES 523 km2 de RCEA ETAT DE SANTÉ 42 STATIONS 2 programmes principaux : GCRMN, MAYOTTE 1767 km2 de RCEA ETAT DE SANTÉ 343 STATIONS

4 programmes principaux : GCRMN, Suivi Réserve Passe en S,

Réseau Hydrologique du Littoral Mahorais, Reef Check

ILES DU NORD 19 km2 de RCEA ETAT DE SANTÉ 15 STATIONS NOUVELLE-CALEDONIE 35926 km2 de RCEA ETAT DE SANTÉ 189 STATIONS

4 programmes principaux : AMP, Parc lagon Sud, Vale

Nouvelle-Calédonie, Reef Check

WALLIS & FUTUNA

932 km2

de RCEA

ETAT DE SANTÉ

10 STATIONS

3 programmes principaux : GCRMN, Suivi des herbiers de

Wallis, Reef Check

POLYNÉSIE FRANÇAISE

15128 km2

de RCEA

ETAT DE SANTÉ

130 STATIONS

3 programmes principaux : GCRMN, AMP Moorea, Reef Check

CLIPPERTON 11 km2 de RCEA ETAT DE SANTÉ 2 STATIONS 1 programme principal : GCRMN

(Saint-Ma rtin uniquement)

Principaux types de suivi : Valeur des services écosystémiques : 429 M€

Valeur des services écosystémiques : ND

Valeur des services écosystémiques : ND Valeur des services écosystémiques : ND Valeur des services écosystémiques : 28 M€

Valeur des services écosystémiques : 17 M€

Valeur des services écosystémiques : 286 M€

Design Graphique : Artworks concept / sebastiensolignac.fr - SARL Pareto

Reef Check

Carte de synthèse de l'état de santé des récifs coralliens et des écosystèmes associés par collectivité.

MARTINIQUE

473 km2

de RCEA

ETAT DE SANTÉ

34 STATIONS

3 programmes principaux : Réseau Hydrologique du Littoral

Martiniquais, GCRMN Reef Check,

Valeur des services écosystémiques : 170 M€

LA RÉUNION

16 km2

de RCEA

ETAT DE SANTÉ

163 STATIONS

4 programmes principaux : GCRMN, Suivi réserve, Réseau

Hydrologique du Littoral Réunionnais, Reef Check

Valeur des services écosystémiques : 47 M€

ves, ck ves, ck GUADELOUPE 2762 km2 de RCEA

Valeur des services écosystémiques : 114 M€

ETAT DE SANTÉ

52 STATIONS

4 programmes principaux : GCRMN, Réseau des Réser

Réseau Hydrologique du Littoral Guadeloupéen, Reef Che

ÉTAT DE SANTÉ, établi à dire d’experts 4 programmes principaux : Réseau des Réserves,

GCRMN (Saint Barthélémy), Réseau Hydrologique du littoral de Saint-martin, Reef Check Les territoires du Pacifique sud sont globalement en bonne santé

comme le montrent les observatoires présents en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie. Par exemple, 80% des récifs de Nouvelle-Calédonie sont considérés comme en bon état, et des dizaines d’îles ou d’atolls de Polynésie ont des formations récifales indemnes de toute pollution ou de surexploitation. Le territoire de Wallis et Futuna montre une situation contrastée entre Wallis en « bon » état, avec un recouvrement corallien moyen sur la pente externe de la côte ouest de 62 %, et Futuna en « mauvais » état avec des recouvrements inférieurs à 20%. Les perturbations les plus fortes interviennent lors des cy-clones, des augmentations de température et des proliférations d’Acanthaster. Les pollutions issues du bassin versant restent localisées aux grosses agglomérations (Nouméa, Papeete), ou aux impacts de l’industrie du nickel en Nouvelle Calédonie. Les forces motrices du déclin sont connues depuis plusieurs décennies, notamment dans les zones côtières où la qualité des masses d’eau littorales dépend de la gestion des pratiques agricoles, urbaines et industrielles du bassin versant. Si les diagnostics et les recommandations qui suivent se révèlent « aisés » à des échelles globales ou régionales, leur traduction pour des actions opérationnelles au niveau local reste plus délicate.

Des initiatives existent pour réduire les impacts des activités humaines et pour restaurer – très localement – des milieux dégradés. Mais elles restent encore insuffisantes pour permettre d’accroitre la résilience des RCEA. L’accent est particulièrement mis sur la création d’aires marines protégées, de cantonnements de pêche, de zones protégées de mangroves, mais aussi sur la protection d’espèces menacées, la lutte contre les espèces envahissantes, et différentes expérimentations de récifs artificiels et de bouturage de coraux adaptés pour résister aux pressions. Ralentir ou inverser le déclin de l’état de santé des RCEA passe donc par :

une lutte accrue contre les pollutions issues des bassins versants, contre les dégradations liées aux aménagements côtiers, contre les pratiques de pêche destructives ;

un renforcement du réseau d’aires protégées, tenant compte des zones de résilience naturelle, de la connectivité à l’échelle régionale et associant aux récifs coralliens des zones de mangroves et d’herbiers sous la forme d’unités cohérentes de gestion ; un effort conséquent et durable dans l’éducation et la sensibi-lisation à l’environnement ;

ou encore, lorsque des dégradations locales sont avérées, en mettant en œuvre des actions d’ingénierie écologique pour aider localement la régénération naturelle.

(7)

11 10

Introduction

& contexte

• Introduction

11

• Présentation des récifs coralliens et des écosystèmes

associés (RCEA) des collectivités d’Outre-mer

15

• Importance d’assurer une veille environnementale

18

11

1

(8)

13 rapports mondiaux, la France a, en 2008, lors de l’« année

inter-nationale des récifs coralliens », publié un ouvrage de synthèse sur l’état des récifs coralliens de l’Outre-mer français (Gardes et Salvat 2008). A l’occasion de l’élaboration du troisième programme d’action (2011-2015), l’IFRECOR s’est fixée comme objectif de publier un nouvel ouvrage présentant l’évolution de l’état des récifs coralliens et des écosystèmes associés.

le thème d’intérêt tranSverSal reSobS

Avec pour objectif global la surveillance des écosystèmes récifaux et associés comme outil d’aide à la décision en vue de maintenir les fonctions écologiques et socio-économiques de ces écosystèmes, l’IFRECOR s’est doté depuis sa création d’un thème transversal et commun à toutes les collectivités portant sur les réseaux d’observation (TIT RESOBS). Les objectifs sont de :

développer et pérenniser un réseau représentatif de suivi des récifs et des écosystèmes associés pour détecter les changements et fournir une aide à la décision aux gestionnaires locaux, développer un système d’information pour une information partagée, harmonisée et interopérable avec les autres outils existants/en cours, permettant de rapporter aux échelles locales, nationale et internationale,

produire des bilans périodiques (avec analyse des évolutions) de l’état des RCEA des Outre-mer français.

Si l’accent est fortement mis sur les récifs sensu stricto, des efforts conséquents ont également été menés pour les herbiers de phanérogames et les mangroves afin d’organiser les observations permettant in fine de disposer d’un diagnostic de leur état écolo-gique, voire d’un diagnostic intégré à l’échelle de l’écosystème dans sa globalité.

Dès 2009, l’IFRECOR commença à s’intéresser aux écosystèmes associés aux récifs coralliens et finança la réalisation d’un premier bilan sur l’état des lieux des mangroves des Outre-mer français (Roussel, 2009), avec le Conservatoire du Littoral, puis des herbiers de phanérogames marines des Outre-mer français (Hily et al. 2010).

Ainsi dès le démarrage de la troisième phase de l’IFRECOR en 2011, sont programmées (i) la mise en place d’un réseau d’obser-vation des herbiers des Outre-mer coordonné et animé par le Laboratoire des sciences de l’environnement marin (LEMAR UMR 6539) et (ii) d’un réseau d’observation des mangroves coordonné et animé par le pôle-relai « mangroves et zones humides des Outre-mer », porté par le Conservatoire du Littoral. Les activités visent à accroître les connaissances sur ces écosystèmes, à en suivre l’état de santé à différentes échelles et pour la première fois à l’échelle globale des Outre-mer français : la mise en réseau des acteurs, l’inventaire des connaissances, le développement de protocoles harmonisés...

comment définir et Surveiller l’état de

Santé d’un récif ?

Le « bon état de santé » peut se définir comme celui qui garantit le bon fonctionnement des différentes communautés animales et végétales de l’écosystème considéré. Surveiller, suivre l’état de santé consiste donc à évaluer au travers de variables d’état et de tendances appropriées l’évolution des écosystèmes dans le temps et leur éloignement à des valeurs de référence, c’est-à-dire à en détecter les changements.

En France, c’est à partir des années 1990 que se sont progressivement mis en place des réseaux de suivi des récifs dans les Outre-mer, selon des protocoles distincts. Après une première vague de stations matérialisées et suivies qui débute pour Mayotte, la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie, c’est sous l’impulsion de l’IFRECOR qu’est lancée une seconde vague dans tous les territoires ultra-marins : 150 stations sont alors rapportées comme opérationnelles de façon systématique et pérenne. Le suivi de l’état de santé des récifs est une action à l’origine menée par les scientifiques selon des protocoles robustes (English et al. 1997 ; Hill et Wilkinson 2004), couplée aux projets de recherche fondamentale et appliquée des équipes scientifiques. Depuis, les programmes de suivi liés à la mise en œuvre de la

Directive Cadre sur l’Eau dans les Outre-mer appartenant à l’Union européenne, les suivis des Réserves naturelles et des Parcs naturels marins ont su adopter et adapter les protocoles issus du GCRMN à leurs besoins spécifiques de surveillance et de rapportage.

Au fil du temps, est apparue la nécessité d’élargir le champ des intervenants, notamment les gestionnaires d’espaces protégés, les associations et la société civile. Des initiatives se sont ainsi mises en place pour impliquer les citoyens. Reef Check, partenaire du GCRMN, lancé en 1997, est l’initiative de sciences participatives la plus globale. Elle rassemble plusieurs milliers d’intervenants dans le monde qui sont sensibilisés et participent à la collecte de données scientifiquement utilisables. Les intervenants bénéficient préalablement de formations et sont encadrés sur le terrain par des scientifiques.

Introduction

leS récifS, l’icri et l’ifrecor

L’ensemble des récifs de l’Outre-mer français totalise une super-ficie de 58 000 km², soit environ 10 % des récifs du monde. A la quatrième place mondiale derrière l’Indonésie, l’Australie et les Philippines, la France est le seul Etat à avoir la responsabilité de ce patrimoine naturel dans les trois océans : la Martinique, la Guadeloupe ainsi que Saint-Martin et Saint-Barthélemy dans l’océan Atlantique ; la Réunion, Mayotte et les îles Eparses dans l’océan Indien ; la Nouvelle Calédonie, la Polynésie française, Wallis & Futuna et Clipperton dans l’océan Pacifique. Ces écosys-tèmes fournissent des services socioéconomiques essentiels : protection des côtes, ressources alimentaires, support d’activités touristiques et de loisirs.

Au niveau mondial, on estime que 20% des récifs et des écosys-tèmes associés ont été irrémédiablement détruits au cours des dernières décennies, en raison de pressions anthropiques et naturelles. Parmi les 80% restants, seuls 30% seraient dans un état satisfaisant. En France, les tendances observées sont égale-ment à la baisse dans plusieurs collectivités.

Ces pressions se traduisent depuis quelques décennies par un ensemble de dégradations qui touchent de nombreux récifs, n’épargnant pas ceux des collectivités françaises d’Outre-mer. Cet état est préoccupant, comme en témoignent les informations remontant des gestionnaires d’aires marines protégées, de la communauté scientifique ou des usagers.

Le réchauffement climatique, enjeu global en ce début de XXIème siècle, aura des conséquences importantes pour les récifs : augmentation des évènements majeurs du type cyclone, risques accrus de blanchissement des coraux, acidification impactant la croissance corallienne, remontée du niveau marin, etc. Surveiller l’état de santé des récifs à long terme demeure l’activité principale

pour évaluer dans l’espace et dans le temps l’évolution écologique des récifs.

Engagée en mars 1999 sur décision du Premier ministre, l’IFRECOR (Initiative Française pour les Récifs Coralliens), déclinaison nationale de l’ICRI (initiative internationale en faveur des récifs), est une action nationale en faveur des récifs coralliens et des écosystèmes qui leurs sont associés (herbiers de phanérogames et mangroves) des collectivités d’Outre-mer. Elle est portée par le ministère chargé de l’écologie et le ministère chargé des Outre-mer. Face aux menaces avérées et potentielles d’origines naturelles et/ou anthropiques, l’IFRECOR s’est fixé comme objectifs la protection et la gestion durable des récifs coralliens et des écosystèmes associés (RCEA) de l’Outre-mer français. Pour répondre à cet enjeu, l’IFRECOR a adopté en 2000 un plan cadre national d’actions pour la protection et la gestion durable des récifs coralliens. Il est décliné en programmes d’actions quinquennaux. Le troisième programme (2011-2015) est terminé et le quatrième (2016-2020) sera prochainement lancé. Ces programmes sont déclinés en plusieurs thèmes d’intérêt trans-versaux (TIT) abordés de manière collective et coordonnée dans les Outre-mer.

le contexte de l’ouvrage

Dès 2000, alors qu’elle assurait le secrétariat de l’ICRI, la France s’est engagée à participer activement au réseau mondial de surveillance des récifs coralliens : le GCRMN (Global Coral Reef Monitoring Network). Le GCRMN est depuis 1998, la pierre angulaire du suivi de l’état de santé des récifs dans le monde. Des bilans périodiques ont été publiés (Wilkinson 1998, 2000, 2002, 2004, 2008 ; Chin et al. 2011), ainsi que des ouvrages plus ciblés, par exemple sur les conséquences du tsunami de 2005 (Wilkinson et al. 2006), ou encore sur les méthodes de diagnostic socio-économique.

La France a contribué à plusieurs de ces rapports mondiaux et plus récemment, à celui sur l’évolution des récifs coralliens des Caraïbes entre 1970 et 2012 (Jackson, 2014). A l’image de ces 12

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15 La nécessité de disposer d’indicateurs d’état des récifs a émergé

récemment et a été accentuée par la mise en place de l’observatoire national de la biodiversité (ONB), développé dans le cadre de la stratégie nationale pour la biodiversité (SNB). Il existe dans la littérature scientifique un très grand nombre de variables, de métriques écologiques, socio-économiques aptes à constituer d’excellents composants d’un tableau de bord pour les récifs coralliens. Parmi ceux-ci, un indicateur sur les récifs coralliens a été développé pour l’ONB en 2014 sur la base des jeux de données disponibles.

Réaliser un bilan à la fois global et détaillé de l’état de santé des récifs et des écosystèmes associés demeure délicat, d’autant qu’il faut considérer que seulement une petite partie des récifs est suivie, en attendant des méthodes nouvelles avec les satel-lites ou les drones. Néanmoins cet ouvrage aborde dans une première partie de manière aussi synthétique que possible un panorama descriptif des connaissances, des enjeux par écosys-tèmes (récif, herbier, mangrove), ainsi que par océans (mer des Caraïbes, océan Indien, océan Pacifique). La deuxième partie de l’ouvrage dresse le bilan de la situation dans chacun des Outre-mer français sous la forme de chapitres individualisés élaborés par des experts locaux.

références bibliographiques

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WILKINSON C, SOUTER D, GOLBERG J, 2006. Status of coral reefs in tsunami affected countries: 2005. Global Coral Reef Monitoring Network and Reef and Rainforest Research Centre, Townsville. 152p.

Les récifs coralliens et les écosystèmes associés sont, avec les forêts tropicales, les écosystèmes les plus riches et les plus productifs de la planète. Aujourd’hui, on estime qu’ils abritent près de 100 000 espèces, soit le tiers des espèces marines connues à ce jour sur 0,2% de la surface des océans.

leS récifS corallienS d’outre-mer :

deScription et enjeux

La France est le seul pays au monde à posséder des récifs coral-liens dans les trois océans de la planète :

L’océan Pacifique: Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis & Futuna, Clipperton,

L’océan Indien: La Réunion, Mayotte, les Iles Eparses, L’océan Atlantique: Martinique, Guadeloupe, Iles du Nord (Saint-Martin et Saint-Barthélemy).

Ces récifs et lagons couvrent près de 60 000 km², soit près de 10% des récifs du monde (Gabrié et Salvat 1999, Andrefouet et al., 2008). Ils sont particulièrement diversifiés sur le plan géomorphologique : récifs barrière, récifs frangeants, atolls, etc ... Les récifs coralliens sont considérés au niveau mondial comme des points chauds de biodiversité avec environ 800 espèces de coraux , 8 000 de poissons, 25 000 de mollusques et des dizaines de milliers d’autres invertébrés (crustacés, échinodermes, etc ...). La diversité spécifique des récifs est loin d’être totalement réper-toriée. Dans l’Outre-mer français, un total de 22 850 espèces a été à ce jour recensé (source : TAXREF v8.0 2014).

La richesse et le taux d’endémisme dépendent de la situation biogéographique et de l’âge géologique de chaque territoire. Les taux d’endémisme sont ainsi particulièrement marqués en Polynésie, notamment aux Marquises et aux Gambier qui sont deux archipels très isolés, ou encore dans l’océan Indien.

Les récifs constituent également des sites d’importance majeure pour de nombreuses espèces protégées comme

les dugongs (qu’on ne trouve plus qu’en Nouvelle-Calédonie et à Mayotte), ou les tortues marines.

Les récifs ont également un intérêt culturel et socio-économique primordial pour les collectivités où ils participent fortement au développement économique local. Leur rôle dans la protection des littoraux est majeur ; les ressources alimen-taires sont importantes pour les populations, en

lien avec l’isolement des îles et les traditions

cultu-relles ; et le tourisme, lié à la beauté des paysages coralliens, s’est développé dans presque toutes les collectivités, jusqu’à repré-senter parfois l’essentiel de leurs revenus.

L’ensemble de ces services écosystémiques sont cependant menacés par la dégradation globale des récifs coralliens à travers le monde. Les collectivités d’Outre-mer ne font pas exception.

leS herbierS d’outre-mer :

deScription et enjeux

Les phanérogames marines sont des plantes à fleurs marines et/ou estuariennes formant des prairies appelées « herbiers ». Le groupe qu’elles constituent est composé de près de 70 espèces appartenant à 6 familles (Short et al. 2011). Leur aire de distribution est vaste: elles sont installées dans la majorité des zones côtières mondiales, à l’exception du littoral de l’Antarctique.

Présentation des récifs coralliens

et des écosystèmes associés (RCEA)

des collectivités d’Outre-mer

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Ces herbiers sont plus ou moins étendus et ils ont des caracté-ristiques variées selon les conditions environnementales aux-quelles ils sont soumis. À l’exception de certaines espèces qui s’installent en zone intertidale rocheuse, les herbiers se développent généralement en eau peu profonde sur des sédiments meubles. Quelques unes se développent néanmoins jusqu’à 60 m de pro-fondeur lorsque l’eau est très claire. De multiples facteurs, liés ou non aux activités humaines agissent à différentes échelles spatiales et régissent la distribution des herbiers, leur composition et leur structure. Si les phanérogames marines possèdent un système végétatif sem-blable à celui des plantes terrestres, composé de racines et de rhizomes, de tiges et de feuilles, elles présentent des morpholo-gies diverses selon les espèces. Les phanérogames marines se multiplient principalement par voie végétative mais également par reproduction sexuée.

En dépit du nombre restreint d’espèces composant les herbiers, leur fonction écologique est d’une importance pri-mordiale pour l’environnement côtier peu profond. Espèces ingénieures, elles jouent en effet un rôle important dans les zones côtières où elles sont présentes, en créant un habitat très productif propice au développement de nombreuses espèces animales et végétales: en particulier par leur rôle d’aire de ponte, de refuge, de nourricerie et d’alimentation pour de nombreuses espèces d’in-vertébrés et de poissons, dont certaines présentent un intérêt commercial.

De plus, les herbiers amortissent les houles et piègent les sédiments, contribuant ainsi à protéger le littoral de l’érosion. Ils sont toutefois sensibles à de nombreuses pressions, qu’elles soient naturelles, anthropiques, directes ou indirectes.

Les herbiers de phanérogames marines sont peu développées en Polynésie et à La Réunion. En Guyane et à Clipperton, seule l’espèce ubiquiste Ruppia maritima est ponctuellement présente dans les eaux saumâtres, bancs de vases et jeunes marais (Hily et al. 2010 ; Payri et al. 2009). Dans les autres collectivités, elles constituent des habitats remarquables dans de nombreux lagons et plus rarement sur les pentes externes de certains récifs coral-liens. Ainsi un nombre total de 16 à 18 espèces de phanérogames

marines appartenant à trois familles (Cymodoceaceae, Hydrocharitaceae et Zosteraceae) et huit genres

(Cymodocea, Halodule, Syrin-godium, Thalassodendron, Thalassia, Enhalus, Halo-phila et Zostera), a été

confirmé à l’échelle des régions tropicales de l’Outre-mer.

leS mangroveS d’outre-mer :

deScription et enjeux

Les mangroves sont des formations végétales côtières embléma-tiques des régions intertropicales et représentatives d’une partie des littoraux de l’Outre-mer français. Ces forêts se développent dans les zones de balancement des marées, sur les portions du littoral calmes, abritées des vagues et des courants. Généralement organisées en bandes parallèles à la côte, les espèces de palétuviers ont des distributions variables entre leur limite marine et leur limite terrestre. Les principaux facteurs déterminant la répartition des différentes espèces au sein d’une mangrove sont (i) la fréquence d’inondation et (ii) le gradient de salinité.

Il existe dans le monde, selon les auteurs, entre 70 et 84 espèces exclusives de palétuviers (Saenger 2002 ; Duke et al. 1998), dont 28 sont présentes en Outre-mer. Leur répartition est inégale et scindée en deux grandes zones biogéographiques : le bloc occidental, représenté par le bassin Atlantique et la côte ouest du continent américain, et le bloc oriental s’étendant de la côte est africaine aux îles de l’océan Pacifique.

Les mangroves françaises représentent 0,7 % des surfaces de mangrove dans le monde (Roussel 2010). Pour le bassin Atlan-tique, on les retrouve sur tous les territoires français de la zone intertropicale : à Saint-Barthélémy, à Saint-Martin, en Guadeloupe, en Martinique et surtout en Guyane. Dans la région indopacifique on retrouve ces écosystèmes à Mayotte, dans les îles Eparses, en Nouvelle-Calédonie, à Wallis et Futuna et plus anecdotiquement en Polynésie française, où les palétuviers ont été introduits. Elles sont absentes de l’île de la Réunion. En Outre-mer, leur surface a été estimée en 2010 à 1 035 km² (Roussel et al, 2010), répartis pour la majorité entre la Guyane (67 %) et la Nouvelle-Calédonie (25 %).

Les Antilles et la Guyane, comprises dans le bloc occidental, ont une diversité spécifique relativement faible puisqu’elles ne comp-tent que six espèces de palétuviers, dont trois sont communes aux cinq territoires. Par contre, ces six espèces sont totalement absentes du reste des territoires français de l’océan Indien et de

l’océan Pacifique. Le bloc oriental, quant à lui, présente une diversité spécifique beaucoup plus importante. Les îles Eparses et Mayotte comptent au total sept espèces de palétuviers, dont cinq sont communes aux deux territoires. Bien qu’éloignée géographiquement, la Nouvelle-Calédonie compte six des sept espèces présentes sur les territoires de l’océan Indien. En tout, ce sont 21 espèces qui sont présentes en Nouvelle-Calédonie, parmi lesquelles 13 ne se trouvent dans aucun autre territoire d’Outre-mer (Taureau 2014). Plus à l’ouest, en plein cœur de l’océan Paci-fique, la diversité spécifique diminue considérablement. Ainsi, Wallis et Futuna ne compte que deux espèces de palétuviers, tandis qu’une seule espèce récemment introduite est présente en Polynésie française.

Les mangroves sont utiles à nos sociétés à bien des égards. En effet, elles fournissent de nombreux services écosystémiques : en atténuant la houle elles protègent des agressions de la mer les infrastructures humaines installées en zone côtière; elles sont des lieux de reproduction et de nurserie pour de nombreuses espèces d’oiseaux et de poissons qui ont des valeurs économiques non négligeables pour les communautés locales. En interceptant les sédiments et les nombreux polluants venant de la terre elles réduisent les flux de pollution vers le lagon, garantissant ainsi une eau plus limpide aux herbiers et aux récifs en aval; finale-ment, elles constituent des réservoirs de carbone parmi les plus efficaces au monde.

Malgré ces services, les mangroves gardent une mauvaise réputation dans la conscience collective. Globalement moins menacées que dans d’autres pays, les mangroves françaises restent néanmoins la cibles de nombreuses agressions, aussi bien d’origine anthro-pique que naturelle: destructions directes, artificialisation des bassins versants, remblais, drainage, dépôts d’ordures, réceptacle des eaux usées, élévation du niveau de la mer, tempêtes, etc ... En Outre-mer, la menace la plus importante est de loin l’aménagement du territoire, qui convertit peu à peu des zones de mangroves pour accueillir diverses infrastructures humaines.

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références bibliographiques

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TAXREF v8.0. URL : www.inpn.mnhn.fr

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1

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Surveiller l’état de Santé deS récifS :

pourquoi, pourquoi faire, pour qui,

comment ?

Le « bon état de santé des récifs » est appréhendé ici comme celui qui permet à l’écosystème corallien concerné d’assurer les ser-vices écologiques indispensables au maintien de sa structure et de son fonctionnement. A l’instar de la surveillance de l’état de santé d’un humain, c’est donc au travers de la caractérisation dans le temps de variables (par exemple le pourcentage de corail vivant ou le recouvrement corallien, la biomasse en poissons commerciaux) que se fait la surveillance (le monitoring) de l’état de santé.

La valeur recueillie à un instant « t », par exemple un pourcentage de 34% de recouvrement corallien, ne donne pas une indication fiable de son état de santé. Seule l’analyse de cette valeur dans un suivi pluri-annuel peut permettre d’appréhender si l’état de santé du corail est (i) stable, (ii) s’améliore ou (iii) se dégrade. Actuellement, l’indicateur « corail vivant » ne suffit plus pour ca-ractériser l’état de santé et le suivi s’oriente donc vers un tableau de bord qui intègrera plusieurs descripteurs d’état et de tendance (dont le recouvrement corallien), complété judicieusement par des données de suivi des températures, de la qualité des eaux, etc ... Pour chaque type de récif, ces paramètres ont une valeur optimale qui hélas reste difficile à préciser faute de donner historiques et est donc souvent définie « à dire d’experts ». Il est possible de considérer que compte tenu des dégradations avérées au cours des dernières décennies, les valeurs de référence à considérer lorsqu’elles existent sont celles des années 1970, une époque où les équipes de recherche œuvraient déjà.

Une surveillance socio-économique est également indispensable si l’on souhaite maintenir les services socio-économiques que fournissent les récifs aux humains : alimentation, protection des littoraux, etc. Pour ce faire, des indicateurs biologiques comme la biomasse de poissons commerciaux capturés ou des indicateurs d’usage des ressources sont développés et utilisés via des bases de données incrémentées dans le temps. Ce sont surtout les ressources halieutiques qui ont été considérées ces dernières décennies.

L’écosystème corallien demeure riche et diversifié, donc complexe, mais il peut être divisé en plusieurs compartiments biophysiques et biologiques qui interagissent entre eux, en cohérence avec l’approche « Habitat » qui associe un biotope à une biocénose. Ainsi, les trois principaux compartiments qui sont concernés sont (i) le compartiment « substrat » qui peut être dur (roche) ou sédimentaire (sable, vase, ...), (ii) le compartiment « eau » et (iii) le compartiment « matière vivante » qui regroupe l’ensemble de la faune et de la flore, qu’elles soient fixées sur le substrat (comme les coraux, les algues, les hydraires, les herbiers, etc), mobiles à proximité du fond (espèces nectobenthiquescomme les oursins, les étoiles de mer, les poissons qui évoluent à proximité du fond) ou mobiles dans la colonne d’eau (espèces pélagiques). Pour être le plus exhaustif possible, un suivi devra donc porter sur ces trois compartiments.

objectifS d’aide à la déciSion

et de SenSibiliSation

Dans le cadre de programmes de recherche appliquée, les orga-nismes scientifiques assurent une veille sur la structure et le fonctionnement des récifs coralliens depuis plusieurs décennies. C’est dans le cadre de ces démarches rigoureuses qu’ont été élaborés les protocoles de suivi des communautés récifales qui prévalent encore actuellement avec un focus très prononcé sur les coraux bioconstructeurs et les poissons coralliens.

L’aide à la décision s’appuie sur des diagnostics de l’état de santé, matérialisés sous la forme de cartes d’habitats, de vitalité coral-lienne, de sensibilité écologique, et vise à la planification des activités humaines, l’élaboration des plans de gestion des espaces maritimes, les mesures compensatoires à prendre dans le cadre de projets d’aménagements locaux comme les stations d’épuration, les projets hôteliers, etc.

Les programmes de suivi « expert » correspondent à ceux requis dans le cadre du GCRMN (Global Coral Reef Monitoring Network) et nécessitent souvent un niveau d’expertise élevé au niveau de l’espèce. Mis en place dès 1998, ils avaient initialement pour vo-cation de dresser une approche à l’échelle mondiale en comparant le plus petit dénominateur commun à tous les récifs : les pentes externes. Au fil des années, ce prérequis a disparu et les suivis se sont effectués dans de nombreux autres types d’habitats coralliens.

Importance d’assurer

une veille environnementale

Figure 1 : Illustration des trois compartiments d’un écosystème corallien.

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Les programmes de suivi écologique ont également une forte capacité à sensibiliser et à éduquer les populations locales à la fragilité du récif.Les réseaux de science participative, de mouvance plutôt anglo-saxonne, se développent désormais en France. En témoigne la mise en place au sein de Vigie-Mer (co-animé par le MNHN et l’Agence des Aires Marines Protégées) du projet 65 millions d’observateurs au sein duquel l’initiative Reef Check figure en place centrale en ce qui concerne la participation de la société civile aux activités de suivi de l’état de santé des récifs : gestionnaires d’aires protégées, clubs de plongée, associations environnementales, etc.

hiStorique de la Surveillance

deS récifS en france

Dès 1998, un ouvrage « état des récifs coralliens en France Outre-mer » était publié dans l’élan du lancement de l’ICRI (Gabrié 1998) et constituait déjà un des piliers de l’action de l’IFRECOR. Des grandes diversités existent en réalité d’une collectivité à l’autre puisque la Polynésie Française dispose de stations de suivi depuis plusieurs décennies, alors que certaines comme Wallis et Futuna ou les Iles Eparses disposent de moins d’une décennie de données.

Désormais, la surveillance de l’état de santé des récifs fait partie intégrante des programmes nationaux comme en témoignent les travaux menés sur la bioindication pour le rapportage dans le cadre de la DCE, ou encore de définition d’un indicateur pour l’Observatoire National de la Biodiversité (ONB).

comment Suivre l’état de Santé

d’un récif donné ?

Il existe un consensus mondial pour reconnaître que la surveillance (de l’état de santé) d’un récif donné doit s’effectuer de manière régulière dans une portion représentative d’un habitat récifal homogène. Il peut s’agir par exemple d’une pente externe à la même profondeur, d’une portion de platier interne de récif barrière ou d’une patate corallienne.

Le choix de positionnement de la station est un élément crucial pour le suivi temporel et devra être déterminé selon qu’il s’agisse de suivre l’impact d’un projet d’aménagement ou de mesurer l’évolution de la valeur patrimoniale du récif. Le hasard ne devrait donc pas prévaloir, surtout si la station s’inscrit dans le cadre de la démarche DCE et a donc valeur à qualifier dans l’espace et dans le temps la qualité de l’ensemble de la masse d’eau récifale concernée. Représentative autant que possible d’un type donné d’habitat, la station devra être géoréférencée et idéalement matérialisée au moyen de piquets et de colliers pour permettre de ré-échantillonner la même zone la fois suivante.

La fréquence de suivi est à minima annuelle pour la majorité des stations. Elle peut être plus rapprochée (semestrielle) si certaines cibles comme les algues font partie de la surveillance.

La superficie échantillonnée pour le benthos fixé (les coraux, les algues, les substrats, etc ...), les poissons, les invertébrés mobiles, peut varier d’une équipe à l’autre selon l’objectif visé, mais globale-ment et pour des raisons de représentativité statistique, c’est une superficie de l’ordre de 400 à 500 m qui sera étudiée, avec à l’inté-rieur plusieurs réplicats (ou pseudo-réplicats) de type points, lignes (les transects) ou surfaces (les quadrats).

Pour le benthos fixé, c’est la technique du transect LIT (Line Transect Intercept) qui est la plus utilisée par les équipes sur le terrain pour relever d’un point de vue qualitatif et/ou quantitatif les peuplements benthiques à un niveau d’expertise qui varie selon l’objectif et/ou la compétence de l’opérateur. Les principales méthodes sont décrites ci-après dans le chapitre sur les protocoles de suivis.

Certains relevés sont plus précis par exemple lorsqu’il s’agit de quantifier les maladies qui affectent les coraux ou le taux de blan-chissement lors d’un épisode de forte chaleur.

D’autres méthodes permettant une approche plus générale sont également utilisées. Inspirée du travail mené par E. Clua sur les habitats récifaux, la technique MSA (Medium Scale Approach) est aisée à mettre enœuvre et permet de décrire l’habitat corallien selon des catégories relativement simples pour lesquelles le pourcentage de recouvrement des différentes catégories benthiques s’inspire de la cotation de Dahl, à 5 niveaux (Clua et al, 2006).

Figure 2 : Exemple de relevé de type LIT. Source : Conand & al - 1998

(12)

21 21 21 20 Figure 4 : Opérateur en cours de relevé des catégories benthiques selon le protocole Reef Check.

Outre les peuplements benthiques, les poissons ainsi que les invertébrés mobiles sont étudiés.

Pour les peuplements ichtyologiques, c’est la méthode du transect-couloir qui est la plus utilisée, l’opérateur relevant en un ou plusieurs passages les espèces ainsi que leur taille.

Pour les invertébrés, les priorités demeurent données aux espèces d’intérêt halieutique comme les holothuries et les oursins. Les espèces ayant un caractère indicateur de pollution (par exemple les algues vertes, les cyanobactéries) ou présentant un risque invasif (par exemple les Acanthaster, les algues rouges

Aspara-gopsis).

références bibliographiques

CLUA E, LEGENDRE P, VIGLIOLA L, MAGRON F, KULBICKI M, SARRAMEGNA S, LABROSSE P, GALZIN R, 2006. Medium scaleapproach for improvedassessment of coralreeffish habitat. Jembe, 333 (2), p. 219-230.

GABRIE C, 1998. L’état des récifs coralliens en France Outre-mer. IFRECOR. Novembre 1998. 136p. CONAND C, CHABANET P, QUOD JP, BIGOT L, 1998. Suivi de l’état de santé des récifs coralliens du S-O de l’Océan Indien. Manuel méthodologique. PRE-COI. 27p.

Figure 3 : Schéma de principe d’une station de suivi et des principaux protocoles mis en œuvre. © ReefCheck

21

1

(13)

Présentation des

réseaux et stations

de surveillance

• Le réseau des stations

24

• Les protocoles mis en œuvre

27

• Que deviennent les données récoltées ?

34

• Les indicateurs de l’état de santé

36

22 23

(14)

fréquence de l’échantillonnage

Sur l’ensemble des stations, la fréquence des relevés de données s’effectue sur une large gamme, depuis des campagnes semes-trielles jusqu’à des relevés effectués tous les 14 ans. Néanmoins, laplupart des suivis sont pratiqués tous les ans (46 %), tandis qu’une large autre part (43 %) le sont selon un pas de temps qui n’est pas fixe (Figure 3), ce qui s’avère préjudiciable pour l’analyse statistique des données.

ancienneté deS SuiviS

Parmi ceux qui sont toujours actifs à ce jour, les suivis les plus anciens ont été mis en place au début des années 1990 dans le Pacifique (Nouvelle-Calédonie et Poly-nésie française) et à Mayotte. C’est cependant suite à l’événement de blanchissement corallien massif de 1998, et de la mortalité consécutive observée à l’échelle mondiale, que se sont mis en place de façon significative les suivis haute fréquence (relevés réalisés tous les ans ou mieux) sous la houlette de l’ICRI et de son bras armé, le GCRMN. Initialement, le GCRMN était ciblé uniquement sur les pentes externes, et s’est étendu au fil des années. Le réseau français de stations de suivi haute fréquence s’est depuis régulièrement développé, notamment grâce à la dynamique des initiatives de science participative Reef Check, pour atteindre aujourd’hui près de 350 stations suivies annuellement (Figure 2).

0

50

100

150

200

250

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350

25

Figure 3 : Fréquence des relevés sur les stations de suivi.

1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Fréquence des relevés Nombre de stations

Annuelle variable tous les 4 ans Semestrielle

tous les 2 ans

2% 1% 1% 1%

tous les 10 ans tous les 14 ans tous les 3 ans

43%

46%

3%

3%

2%1% 1% 1% 46% 43% 3% 3%

Figure 2 : Evolution temporelle du nombre de stations de suivis à haute fréquence (tous les ans ou mieux).

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le reSeau deS StationS

Classiquement dans le monde, l’état de santé des récifs est appréhendé au travers de plusieurs programmes de suivi qui répondent à des besoins variés : évaluation de la résilience du milieu, mesure de l’efficacité d’une aire marine protégée, étude de l’impact d’un projet de développement sur le milieu marin, indication de la qualité des masses d’eau côtière, etc ...

En 2015, c’est un réseau de 981 stations de suivi de l’écosystème récifal qui existe dans l’Outre-mer français. La répartition de ces stations en 2014 au sein de chaque collectivité du réseau est présentée dans la Figure 1.

Dans l’analyse suivante sont considérées uniquement :

les stations qui contribuent à un suivi temporel, c’est à dire qui ont fait l’objet de a minima deux campagnes de relevés. Les études thématiques ponctuelles (un seul relevé) tels les inven-taires et états des lieux biologiques utilisant les méthodes LIT, PIT, etc., bien qu’ils contribuent également au renforcement de la connaissance sur les écosystèmes, ne sont pas considérés dans cet ouvrage en tant que programmes de suivi,

les stations qui sont fixes, pas nécessairement matérialisées sur le terrain, mais qui possèdent des coordonnées géogra-phiques propres et sur lesquelles l’échantillonnage peut être reproduit lors de chaque campagne de relevé,

les stations de suivi des communautés biologiques des RCEA. Les stations pour lesquelles l’échantillonnage ne concerne que les compartiments « eau » et « sédiments » (ex : suivis de la DCE dans les DOM) n’ont pas été comptabilisées dans l’analyse car ces facteurs sont considérés comme des paramètres explicatifs plutôt que comme des indicateurs sensu stricto de l’état de santé du récif concerné.

Tous suivis Suivis haute fréquence

(tous les ans ou mieux) Figure 1 : Nombre de stations de suivi en cours en 2014.

Le réseau

des stations

Nombre de stations

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100

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200

250

Saint -Bar thele my Wall is et Fu tuna Saint -Mar tin Martin ique Iles E pars es Guad eloup e Polyn esie Fran çaise Réun ion Nouv ell e-Caléd onie May otte 208 25 107 139 189 45 90 208 51 49 42 0 29 29 9 9 7 1 6 6

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