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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Au Palais de la Découverte à paris, un récent concept de médiation, renoue avec l'idée fondatrice de l'établissement

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Academic year: 2021

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AU PALAIS DE LA DÉCOUVERTE À PARIS,

UN RÉCENT CONCEPT DE MÉDIATION RENOUE

AVEC L'IDÉE FONDATRICE DE L'ÉTABLISSEMENT

Sylvain LEFAVRAIS

Palais de la découverte – Paris

MOTS-CLÉS : CHERCHEUR – MANIPULATION – RECHERCHE – MOTIVATIONS – VOCATIONS

RÉSUMÉ : Dans l'esprit de son fondateur, le physicien Jean Perrin, le Palais de la découverte devait avoir une fonction majeure : permettre un accès à la Science aux jeunes de toutes origines, et par là, révéler les vocations scientifiques, à l'opposé des procédures élitistes. Le récent concept « Un chercheur, une manip » développé au Palais de la découverte, renoue avec cet esprit fondateur : en produisant la rencontre entre chercheurs et visiteurs, il génère des situations fortes, propres à susciter des vocations chez les jeunes de tous milieux.

ABSTRACT : In the spirit of its founder, the physicist Jean Perrin, the Palais de la découverte was to have a major function : to allow access to the Science youth of all backgrounds, and thereby revealing scientific vocations, unlike elitist tendencies. The recent concept "One researcher, one experiment" developed at the Palais de la découverte, revives the founding spirit : producing the meeting between researchers and visitors, it generates strong situations, that give rise to vocations among young people from all walks of life.

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INTRODUCTION

Le Palais de la découverte est né en 1937, d'une idée et par la volonté du grand physicien Jean Perrin. Il s'agissait alors de mettre la science à la portée du "grand public", afin de susciter motivations et vocations, en favorisant l'accès aux sciences et aux carrières scientifiques pour les jeunes de tous milieux. Cette création exceptionnelle, en mettant en œuvre des moyens de médiation particulièrement originaux, inaugura un nouveau type d'établissement, différent des musées scientifiques d'alors. L’énorme succès auprès du public justifia la pérennité de cette exposition à l'origine temporaire. Depuis, les murs du palais ont vu passer l'équivalent de la population française, ou presque ! C'est dire son impact ! Soixante-dix ans après sa naissance, l'établissement a toujours un succès inégalé ; l'esprit insufflé par Jean Perrin a-t-il donc survécu ?

1. 2005 : UN CHERCHEUR, UNE MANIP, CONCEPT ORIGINAL En 2005, un nouveau concept de médiation – Un

chercheur, une manip – est lancé au Palais, sous l'impulsion du directeur, Jack Guichard, qui me confie la responsabilité d'en préciser les contours et de le concrétiser. Il s'agit de faire venir des chercheurs et de leur faire présenter leurs expériences au Public. Incontestable renouveau pour l'établissement, ce mode de médiation est-il en rupture avec son esprit fondateur ? Ou au contraire, s'inscrit-il dans la voie originale tracée par son fondateur ?

Figure 1 :

Logo Un chercheur, une manip © Palais de la découverte

Au Palais de la découverte, les expériences sont traditionnellement présentées au public par des « médiateurs », au cours d'« exposés ». Le concept « Un chercheur, une manip » complète cette présentation d’expériences par une voie originale. Mais si le principe est simple, il est important de bien définir le concept au départ !

En l'occurrence, il s'agit non pas de produire une rencontre entre visiteur et expérience, comme dans le cas des « exposés » classiques, mais une rencontre entre visiteur et chercheur. Le but est de

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domaine scientifique qu'elle permet d'aborder, n'est que le lien produisant cette interaction, en quelque sorte le catalyseur de la réaction.

Il s'agit plus largement d'une rencontre du visiteur avec l'univers de la recherche : transposons du laboratoire au Palais de la découverte cet environnement « recherche », qui permettra aux visiteurs de se pénétrer de cette ambiance. En particulier, les dispositifs expérimentaux seront tels qu'ils sont dans le laboratoire, sans transformation pour en améliorer ou adapter l'aspect. Il s'agit d'amener au Palais de la découverte un « petit bout de laboratoire ». La science présentée est donc de la science actuelle, et les expériences concernent des recherches en cours.

Ces expériences sont alors présentées avec toutes les hypothèses explicatives associées à leur statut de nouvelles découvertes, et non pas avec un caractère de certitude.

L'aspect "découverte" est mis en avant, avec si possible une démarche active de la part du visiteur, dans un esprit de plaisir et de convivialité, avec, comme message implicite : « la science n'est pas austère ».

Figure 2 : Un chercheur, une manip : pollution des nappes phréatiques.

Centre armoricain de recherches en environnement (CAREN) – Rennes

© C. Rousselin – Palais de la découverte

Les publics ciblés s’inscrivent dans le plus large éventail possible, incluant les jeunes et très jeunes, âge favorable à la naissance des motivations et vocations.

Depuis le début de l'année 2005, une quinzaine de thèmes se sont succédé sur l'espace dédié à Un chercheur, une manip. Le recul permet maintenant d'apprécier les bénéfices de ce nouveau concept.

• Pour le public, c'est l'occasion rare d'un contact direct avec la science « en train de se faire » et ses enjeux sociétaux. Mais c'est aussi l'occasion de découvrir et de se motiver pour les métiers de la science, qui souffrent actuellement d'une nette désaffection.

• Pour l'établissement, c'est d'abord l'opportunité de présenter des évènements de qualité, mais aussi, la possibilité de « coller » au présent de la découverte scientifique en renforçant ses liens avec la communauté scientifique. Enfin, c'est aussi pour lui une source d'idées nouvelles de présentations pour les espaces d'exposition et de former les médiateurs aux plus récentes avancées scientifiques.

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2. 1934-1937 : LA NAISSANCE DU PALAIS

Figure 3 :

Jean Perrin dans son laboratoire, vers 1922 © Palais de la découverte

Figure 4 : Inauguration du Palais de la découverte, avec Jean Perrin, Albert Lebrun et

Gabriel Bertrand. © Palais de la découverte

Dès 1934, l'Exposition internationale de 1937 est en préparation. L'esprit qui préside à sa naissance, à la fois moderniste, progressiste et nationaliste, vaudra également pour le Palais de la découverte, un des « Palais » de l'exposition. L'un des quatorze groupes de travail réunis en 1934 pour préparer l'exposition – le groupe de « l'expression de la pensée » – est présidé par Henry de Jouvenel, par ailleurs mari de Colette. Le secrétaire de ce groupe est André Léveillé, qui sera par la suite le premier directeur du Palais de la découverte. Ce dernier soutient une idée forte : « Rien ne marque peut-être la pensée de notre temps autant que la démarche scientifique. L'Exposition devra montrer l'extraordinaire progrès de la science. Il faut créer un Palais de la science. Ce sera le clou de l'exposition. » Henry de Jouvenel, enthousiasmé, demande à Jean Perrin de concrétiser ce projet. En novembre 1934, les Jouvenel organisent un repas, réunissant quelques éminents scientifiques, dont André Léveillé et Jean Perrin. André Léveillé se lance dans un discours un peu confus pour expliquer son idée de Palais. Jean Perrin, qui semblait ailleurs, prend la parole et trace avec clarté les grandes lignes de ce « Palais de la science ». Il déclare : « On l'appellera le Palais de la découverte… ». Perrin précise qu'il ne s'agit pas d'un musée, pas d'un lieu de collection des objets du passé, pas d'une présentation de l'histoire des sciences. Le futur Palais s'ancre dans le présent : il s'agit de montrer la science en train de se faire, d'ouvrir au public des laboratoires en activité, de faire participer le public aux démonstrations, de rendre les visiteurs témoins de la découverte… Dans l'histoire des musées, c’est une vraie révolution !

Parallèlement, sous l'égide de Jean Perrin, s'échafaude ce qui sera plus tard le CNRS (Centre National de Recherche scientifique) avec la fondation en 1930 de la CNS, (Caisse nationale des

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d'abord confié à Irène Joliot Curie, puis à Jean Perrin, qui y installe, dans la foulée, un « Service central de la recherche scientifique », devenant en 1938 le CNRSA (Centre national de la recherche scientifique appliquée), puis en 1939 le CNRS.

Les naissances quasi conjointes du CNRS et du Palais de la découverte sont évidemment intimement liées par le même esprit créateur, la même volonté de faire partager et connaître les sciences. Entre les deux guerres, Jean Perrin participe activement, avec des hommes tels Paul Langevin, à la création des universités populaires. Mais l'ouverture des sciences à un large public est-elle compatible avec « l'élitisme » de la recherche » ? N'est-ce pas plutôt cet élitisme qui aurait inspiré à Perrin la création du Palais ? Cette apparente contradiction n'en était en fait pas une pour lui. Pour preuve, sa référence constante à Faraday, l'un des plus illustres physiciens de tous les temps, mais aussi l'un des moins favorisés par la naissance. Jean Perrin caresse un rêve : Trouver un Faraday, ou plutôt : donner l'occasion à un Faraday de se trouver : « On peut espérer que dans ce peuple où subsistent d'immenses réserves inutilisées, il se rencontrera, parmi les jeunes visiteurs qui n'ont pas été favorisés par une éducation jusqu'ici toujours réservée à un petit nombre de privilégiés, des esprits particulièrement aptes à la recherche, auxquels leur vocation se trouvera révélée… [ ] S'il se révélait ainsi dans notre Palais de la découverte une seule grande vocation de même sorte [que celle de Faraday], notre effort à tous serait payé plus qu'au centuple » (1937 – discours de présentation du futur Palais).

3. FARADAY ET LE PALAIS DE LA DÉCOUVERTE

L'exceptionnelle carrière scientifique de Faraday n'est due qu'à un hasard extraordinaire. Né en 1791 dans un milieu humble (son père était forgeron), Faraday a travaillé très tôt, comme vendeur de journaux. À 14 ans, il est employé par un libraire comme apprenti relieur. Il n'a donc reçu qu'une éducation très sommaire. Mais Faraday a un insatiable appétit de lecture : son patron lui conseille celle des articles scientifiques de l'Encyclopédia Britannica. Parallèlement, un client de la librairie lui fait cadeau de quelques tickets pour les conférences de Humphrey Davy, chimiste de renom, à la Royal Institution. Faraday y prend des notes, les calligraphie, les relie (c'est son métier), et les envoie à Humphrey Davy en lui proposant ses services. Le 1er mars 1813, Faraday devient ainsi garçon de laboratoire. Il remplacera ensuite Davy comme professeur de chimie, et deviendra directeur de la Royal Institution, où il travaillera toute sa vie. Il y accumulera découvertes sur découvertes en chimie et en électricité, toutes plus belles les unes que les autres : les lois de l'électrolyse, le benzène, le paramagnétisme, l'induction magnétique, à la fois fondement de la théorie électromagnétique et base des immenses développements de l'électricité !

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Mais si Faraday a été un grand scientifique, il a été aussi un grand vulgarisateur. La Royal institution demandait en effet à ses savants de communiquer leurs travaux par des conférences ouvertes au plus vaste public. Faraday excellait dans cet exercice, et ses conférences étaient renommées : « Conférences du vendredi », « Conférences de Noël » pour les enfants. Témoin aussi de son génie vulgarisateur, sa célèbre « Histoire d'une chandelle », chef-d'œuvre de vulgarisation. Faraday agrémentait ses conférences d'expériences concernant la science d'alors. Quelle influence a eu le « Faraday vulgarisateur » sur Jean Perrin ? Car, on le voit, les méthodes que celui-ci défendait étaient aussi celles de Faraday… Faraday serait-il le vrai père du Palais de la découverte ?

Figure 5 : Michael FARADAY (1791-1867). © Palais de la découverte

4. LE PALAIS DE 1937 À NOS JOURS

Revenons maintenant aux années 1937-1938. Le Palais est inauguré le 24 mai 1937 par Albert Lebrun, président de la République. Le 30 octobre de la même année, soit près de 5 mois après, deux millions de visiteur sont passés dans ses murs ! Ce succès va permettre à Jean Perrin de lancer un appel pour rendre pérenne cette manifestation, qui au départ ne devait pas survivre à l'exposition internationale. Perrin en profite pour rappeler clairement les buts qu'il assigne à ce Palais, auquel il rêve depuis tant d'années :

« …répandre dans le public le goût de la culture scientifique, en même temps que les qualités de précision, de probité critique et de liberté de jugement que développe cette culture et qui sont utiles et précieuses à tout homme… […]…faire comprendre aux masses et aux classes dirigeantes que favoriser la recherche est de première nécessité pour le bien public. [ ] …nous avons la chance d'avoir atteint ce qui au fond était notre but principal, la révélation de vocations qui entraîneront de nouveaux progrès de l'humanité. […] Un palais permanent ne sera utile que si, loin d'être une sorte de Musée bientôt stérilisé dans l'immobilité, il garde un contact vivant avec la Science qui continue à se créer, ceci grâce à l'effort soutenu de chercheurs et de savants… […] Nous suggérons

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que, en liaison avec le conservatoire des Arts et métiers […] le Palais de la découverte pourra réaliser une grande Université populaire, plongeant ses racines dans le peuple de Paris. […]…la France […] mérite d'essayer par là de se placer, une fois de plus, à l'avant-garde de l'humanité.

Figure 6 : Façade du Palais de la découverte en 1937 © Palais de la découverte

Figure 7 : Le grand générateur électrostatique dans le hall en 1937 © Palais de la découverte

Qu'est devenu depuis le Palais ? Avec les années, certains des objectifs de Jean Perrin avaient été largement oubliés : que l'on ouvre les portes aux laboratoires en activité, que les exposés expérimentaux soient faits par des scientifiques, que l'on présente de la science « en train de se faire », que les visiteurs soient rendus témoins des découvertes en cours etc.. D'ailleurs, depuis sa pérennisation, le Palais de la découverte a-t-il jamais vraiment fonctionné suivant les principes édictés par Jean Perrin ? Est-ce même faisable ?

Pourtant Un chercheur, une manip, concept original en 2005, est sans doute dans la ligne et dans l'esprit du Palais de la découverte comme le montrent ces quelques pages ; les objectifs de Un chercheur, une manip se calquent précisément sur ceux de Jean Perrin. Ainsi, plus que d'être « dans l'esprit du Palais », le concept incarne son esprit même, insufflé par Jean Perrin il y a 70 ans, et qui a gardé toute sa jeunesse. Voilà l'opportunité pour l'établissement de se remettre sur ses rails d'origine, d'affirmer son originalité par rapport aux autres centres de science, de réintroduire les scientifiques au sein de ses présentations... Une nouvelle naissance ?

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EN CONCLUSION

Depuis son origine, le Palais de la découverte est un outil puissant de motivation chez les jeunes, et permet une ouverture aux sciences pour un large éventail de publics. À ce titre, il est donc un incontestable outil de démocratisation, non seulement en procurant à tous un accès à l'information scientifique, mais aussi en permettant à chacun de vivre l'aventure de la science. Ainsi, nombre de chercheurs ont trouvé là, enfants, leur vocation. Un chercheur, une manip vient maintenant fortement renforcer cet effet, en permettant aux visiteurs un contact direct, une rencontre exceptionnelle avec les scientifiques, tout en confortant l'esprit qui a contribué à sa création. Le concept Un chercheur, une manip, fort de son succès, tend maintenant à se généraliser dans l'établissement et également, à se répandre à l'étranger : le beau rêve de Jean Perrin se concrétise…

BIBLIOGRAPHIE, SITOGRAPHIE

MAURY, J-P. (1994). Le Palais de la découverte, Paris : Découvertes Gallimard. http://www.palais-decouverte.fr/index.php?id=357

Figure

Figure 2 : Un chercheur, une manip : pollution des nappes phréatiques.
Figure 4 : Inauguration du Palais de la découverte, avec Jean Perrin, Albert Lebrun et
Figure 5 : Michael FARADAY (1791-1867). © Palais de la découverte
Figure 6 : Façade du Palais de la découverte en 1937 © Palais de la découverte

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