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Traitement comportemental pour le trouble du sommeil lié à l'horaire de travail chez les travailleurs de nuit : une étude exploratoire

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Academic year: 2021

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TRAITEMENT COMPORTEMENTAL POUR LE TROUBLE DU SOMMEIL

LIÉ À L’HORAIRE DE TRAVAIL CHEZ LES TRAVAILLEURS DE NUIT :

UNE ÉTUDE EXPLORATOIRE

Mémoire doctoral

Sonia Claveau

Doctorat en psychologie

Docteure en psychologie (D.Psy.)

Québec, Canada

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Résumé

Le travail à horaire non conventionnel est une réalité dans notre société et peut causer des problèmes de sommeil et de santé importants. L’efficacité de la thérapie comportementale pour le Trouble de l’insomnie est bien établie dans la littérature. Toutefois, peu d’études s’intéressent au traitement de l’insomnie au sein du Trouble de l’horaire de travail (THT). L’objectif du présent mémoire doctoral est d’explorer l’efficacité d’un traitement comportemental pour le THT. Quatre participants âgés entre 20 et 36 ans ont reçu un traitement en huit séances. Pour identifier la présence d’un THT, l’EDI (Échelle Diagnostique de l’Insomnie) adaptée à la situation du travail de nuit a été utilisée. Les résultats obtenus révèlent que le traitement comportemental semble diminuer les symptômes d’insomnie et de somnolence excessive ainsi que les symptômes dépressifs chez les personnes en souffrant. Ces résultats illustrent l’efficacité potentielle d’un traitement comportemental pour le THT.

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Table des matières

Résumé ... iii

Table des matières... v

Liste des tableaux ... vii

Liste des figures ... ix

Liste des abréviations ... xi

Avant-Propos ... xiii

CHAPITRE I – INTRODUCTION GÉNÉRALE ... 1

1. Introduction ... 2

1.1 Rythme Circadien ... 2

1.2 Horaire de travail de nuit ... 3

1.3 Critères diagnostics du THT ... 3

1.4 Morbidité associée ... 4

1.5 Traitement du THT ... 5

1.5.1 Traitements biologiques/pharmacologiques. ... 5

1.6 Traitements psychologiques pour le THT... 11

1.6.1 La sieste : traitement comportemental. ... 11

1.6.2 Traitement Cognitivo-Comportemental de l’insomnie (TCC-I). ... 13

1.7 Synthèse de la littérature portant sur le traitement du THT et rationnel de l’étude ... 15

1.8 Objectifs et hypothèses ... 16

CHAPITRE II – TRAITEMENT COMPORTEMENTAL POUR LE TROUBLE DU SOMMEIL LIÉ À L’HORAIRE DE TRAVAIL CHEZ LES TRAVAILLEURS DE NUIT : UNE ÉTUDE EXPLORATOIRE (Article) ... 17 2.1 Résumé ... 19 2.2 Introduction ... 20 2.3 Méthode ... 26 2.3.1 Participants ... 26 2.3.2 Mesures ... 27 2.3.3 Traitement ... 30 2.3.4 Protocole ... 30 2.3.5 Procédure ... 31

2.3.6 Analyses des données ... 31

2.4 Résultats ... 33

2.4.1 Participante 1 ... 33

2.4.2 Participant 2 ... 36

2.4.3 Participante 3 ... 37

2.4.4 Participant 4 ... 39

2.4.5 Résumé global des résultats ... 41

2.4.6 Réponse au traitement global ... 42

2.5 Discussion ... 43

Références ... 57

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vi Références ... 75 Annexe A ... 89 Annexe B ... 90 Annexe C ... 92 Annexe D ... 102 Annexe E ... 104 Annexe F ... 106 Annexe G ... 107 Annexe H ... 110 Annexe I ... 112 Annexe J... 116 Annexe K ... 117

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Liste des tableaux

Tableau 1. Résumé du traitement comportemental adapté au trouble du sommeil lié

à l’horaire de travail ………...50

Tableau 2. Paramètres de sommeil par phase d’évaluation pour chacun des

participants ……….51

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Liste des figures

Figure 1. Évolution du temps total de sommeil de jour du participant 1 ..………...53 Figure 2. Évolution du temps d’éveil de jour du participant 1 ………...………..53 Figure 3. Évolution du temps total de sommeil de jour du participant 2 …...………...………...54 Figure 4. Évolution du temps d’éveil de jour du participant 2 ………...……..54 Figure 5. Évolution du temps total de sommeil de jour du participant 3 …...……...…………...55 Figure 6. Évolution du temps d’éveil de jour du participant 3 …………...…...………...55 Figure 7. Évolution du temps total de sommeil de jour du participant 4 …..………...56 Figure 8. Évolution du temps d’éveil de jour du participant 4 …………...………..56

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Liste des abréviations

BDI-II Inventaire de Dépression de Beck-II

CAS-16 Échelle de Croyances et Attitudes concernant le Sommeil - 16 DSM 5 Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders 5 EDI Entrevue Diagnostique de l’Insomnie

ES Efficacité de Sommeil

IASTA Inventaire d’Anxiété Situationnelle et de Trait d’Anxiété ICSD-2 International Classification of Sleep Disorders 2

ISI Index de Sévérité de l’Insomnie LE Latence d’Endormissement RC Rythme circadien

SCID-IV Entrevue Clinique Structurée pour le DSM-IV TCC Thérapie Cognitivo-Comportementale

TCC-I Thérapie Cognitivo-Comportementale du Trouble d’Insomnie TE Temps d’éveil

THT Trouble de l’horaire de travail TTS Temps Total de Sommeil

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Avant-Propos

Ce mémoire doctoral est réalisé en réponse aux exigences du programme de doctorat en psychologie (D.Psy) de l’École de psychologie de l’Université Laval. Madame Annie Vallières Ph. D. et Madame Célyne Bastien, Ph. D., toutes deux professeures à l’École de psychologie de l’Université Laval, ont agi comme co-directrices pour ce mémoire doctoral.

Le premier chapitre contient l’introduction à la problématique du trouble de l’horaire de travail chez les travailleurs de nuit et son traitement. L’objectif principal et la pertinence de l’étude y sont présentés. Ensuite, le deuxième chapitre est présenté sous forme d’article scientifique et constitue l’élément principal du mémoire. Il inclue le contexte théorique de l’étude, la méthodologie, les résultats obtenus ainsi qu’une discussion traitant de l’interprétation des données. À titre d’auteure principale de l’article présenté, j’ai rédigé la totalité du mémoire et réalisé les interprétations associées, sous la supervision de Mme Annie Vallières et Mme Célyne Bastien. Ces dernières ont agi en tant que co-auteures en participant à l’interprétation des données ainsi qu’à la révision et à la rédaction du manuscrit. Monsieur Martin Provencher Ph. D. a également contribué à la révision du manuscrit. L’article de ce mémoire sera soumis sous peu pour publication. Finalement, le troisième chapitre contient la conclusion générale. Ce dernier chapitre discute en profondeur des contributions de l’étude, de ses forces et limites et des pistes de recherche futures.

Le parcours que représentent les études doctorales a été pour moi une occasion très enrichissante de relever de nombreux défis autant au plan professionnel que personnel. J’en ressors avec une fierté d’avoir relevé ce défi qui m’a parfois semblé impossible. La rencontre et le soutien de certaines personnes clés pendant mon cheminement a rendu celui-ci réalisable et plus intéressant.

Plusieurs personnes ont été d’une aide précieuse. Tout d’abord, Annie Vallières, qui m’a constamment amené à me surpasser et qui m’a permis de bénéficier de son expertise. Ensuite, Célyne Bastien n’a jamais hésité à m’offrir son soutien et ses conseils précieux avec sa passion évidente pour son métier. Je désire également remercier Martin Provencher, Ph.D. pour

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l’encadrement fourni au cours de la réalisation de mon projet. Je tiens à souligner le soutien de Monica Roy, qui m’a fourni plusieurs conseils utiles et de Manon Lamy, qui m’a offert de l’aide à titre de coordonnatrice. Aussi, je désire remercier Emmanuelle Bastille-Denis pour son soutien et son agréable compagnie ainsi que les autres membres du laboratoire de recherche. J’aimerais également souligner la participation d’Evelyne, Delphine et Michel pour l’entrée de données. Un petit clin d’œil aussi à Priscilla Brochu pour nos « cafés-travail » qui ont rendu la tâche agréable pendant les derniers tours de piste.

Je souhaite remercier également mes parents et mon frère qui ont constamment cru en moi. Mes parents m’ont transmis notamment la valeur de la persévérance et de l’accomplissement personnel et professionnel. J’admire beaucoup leur bonté respective. Mon frère, avec qui on ne s’ennuie jamais, pour les agréables moments partagés. Aussi, j’aimerais remercier sincèrement Alexandre pour tous nos beaux moments passés ensemble dont je garde un excellent souvenir! Tous nos moments de complicité m’ont permis de refaire le plein d’énergie pendant la réalisation de ce projet qui a pu me rendre par moments moins disponible. J’aimerais également remercier Diane, Guy et Geneviève pour les moments agréables passés ensemble.

Enfin, j’aimerais remercier mes précieuses amies pour le soutien constant et pour les nombreux moments de bonheur partagés ensemble. Plus particulièrement à ma meilleure amie Sarah, qui m’a offert son soutien constant au cours des dernières années et qui sait toujours me faire sourire. Il s’agit d’une personne que j’admire beaucoup avec qui j’ai une précieuse amitié depuis bientôt 10 ans. Finalement, je tiens à remercier mes amis(es) du doctorat avec qui j’ai passé de beaux et mémorables moments, plus particulièrement Priscilla, Stéphanie, Émilie, Raquel, Andrée-Anne B., Marie-Ève, Emmanuelle F. et Emmanuelle B-D. Un grand merci à vous toutes pour les beaux moments partagés!

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1. Introduction

L’impact important des troubles du sommeil sur la qualité de vie des individus est maintenant bien établi. Certains troubles du sommeil sont liés à des problèmes du rythme circadien (RC). Il s’agit d’un mauvais synchronisme entre l’horaire de sommeil et le RC régulé par l’horloge biologique. Les indices externes de l’environnement (p. ex. l’horaire de travail, la lumière reçue et les heures de prise des repas) exercent une pression en sens inverse des pressions internes du RC de l’individu, ce qui entraîne un déséquilibre. Ce désalignement entre le RC et l’horaire de sommeil, lorsqu’il est causé par un horaire de travail non conventionnel, peut engendrer un Trouble de l’horaire de travail (THT) qui entraîne des symptômes d’insomnie et/ou de somnolence excessive (American Academy of Sleep Medicine, 2005). Il s’avère qu’entre 14 et 32 % des travailleurs de nuit ainsi que 8 à 26 % des travailleurs de nuit à horaire rotatif (alternance fixe de quarts de travail de jour et/ou de soir et/ou de nuit) souffriraient du THT (Drake, Roehrs, Richardson, Walsh, & Roth, 2004).

1.1 Rythme Circadien

Le RC est endogène et fait référence au rythme biologique d’une durée d’environ 24 heures (Billiard & Dauvilliers, 2005). En plus d’être régit par des processus biologiques, le RC est influencé par des indices externes tels que la lumière et la température. Le RC est géré par l’horloge biologique qui instaure, à l’aide de la lumière, des bornes temporelles à l’intérieur desquelles l’équilibre homéostatique doit être maintenu. Par ailleurs, le processus homéostasique, d’origine biologique, crée une pression pour dormir proportionnelle au temps d’éveil. Le modèle de Borbély propose que le processus de régulation circadienne s’ajoute au processus homéostatique qui régularise l’équilibre veille-sommeil (Billiard & Dauvilliers, 2005; Borbély, 1982) (voir Annexe A pour une illustration graphique du modèle de régulation du sommeil à deux processus selon Borbély). Conséquemment, lorsqu’une personne tente de maintenir son corps en éveil lors d’un quart de travail de nuit, son RC se retrouve plutôt dans la phase où le sommeil est favorisé. Cette personne éprouve alors de la difficulté à rester éveillée pendant son quart de travail. À l’inverse, lorsqu’elle souhaite dormir à la suite de son quart de

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3 travail (le matin), son RC l’incite plutôt à l’éveil. Le corps, stimulé par la lumière matinale, inhibe la production de mélatonine (hormone favorisant la somnolence) et accentue la production de cortisol (hormone favorisant l’éveil) (Burgess, Sharkey, & Eastman, 2002; Reid & Burgess, 2005). Selon le modèle de Borbély, une interaction équilibrée entre le RC et le processus homéostasique doit être respectée afin de favoriser un sommeil de qualité optimale. Autrement dit, le moment où l’horloge biologique commande au corps de dormir doit être en harmonie le plus possible avec l’équilibre veille/sommeil. Or, une minorité de moins de 3 % des travailleurs de nuit connaissent un ajustement biologique naturel complet de leur rythme de production et d’inhibition de mélatonine à l’horaire de travail de nuit (Eastman et al., 1995; Folkard, 2008).

1.2 Horaire de travail de nuit

Environ 30 % des travailleurs canadiens ont un horaire de travail non conventionnel, c’est-à-dire que ceux-ci n’ont pas un horaire de travail de jour entre 9 h 00 et 17 h 00 (Shields, 2002). Il n’existe pas de consensus pour définir la plage horaire qualifiant le travail de nuit. Certaines études ne mentionnent pas la durée du quart de nuit ou la période exacte où il a lieu. Ou encore, d’autres études ne définissent pas la population cible ou le font de façon très vague. Bref, la définition de l’horaire de travail de nuit est plutôt vaste et peu spécifique, ce qui rend la comparaison des études entre elles difficile et constitue une faille méthodologique (Knutsson, 2004). Selon Knutsson, une définition trop large de l’horaire de travail de nuit amène à sous-estimer l’ampleur des problèmes associés au travail de nuit. Par exemple, si le désalignement circadien des personnes étudiées n’est pas suffisamment important pour être représentatif de la problématique réelle, les résultats observés risquent de ne pas s’avérer concluants auprès de la population qui présente un THT. L’étude du THT bénéficierait d’une plus grande validité de construit en délimitant plus précisément la plage horaire des participants à l’étude.

1.3 Critères diagnostics du THT

Les critères diagnostics du THT, selon l’International Classification of Sleep Disorders-2 (ICSD-2) (American Academy of Sleep Medicine, 2005), sont des plaintes d’insomnie et/ou de somnolence excessive qui sont associées à l’horaire de travail récurrent qui empiète sur la période de sommeil habituelle. Les symptômes doivent être associés à l’horaire de travail depuis

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une durée d’au moins un mois. Ce désalignement doit avoir une durée minimale de sept jours. Puis, les problèmes de sommeil ne doivent pas être mieux expliqués par un autre trouble du sommeil, un trouble médical ou neurologique, un trouble mental, l’usage d’une médication ou encore par un trouble lié à l’utilisation d’une substance. Pour ce qui est des plaintes d’insomnie associées au THT, il s’agit de symptômes d’insomnie qu’il est possible de définir comme suit selon le DSM-5 (American Psychiatric Association, 2013) : une plainte d’insatisfaction en lien avec la durée ou la qualité de sommeil caractérisée par une difficulté d’endormissement, de maintien du sommeil ou des éveils prématurés où l’endormissement n’est plus possible, au moins trois fois par semaine, ceci pendant au moins trois mois.

1.4 Morbidité associée

Le désalignement entre le RC et l’horaire de sommeil (Schwartz & Roth, 2006) créé par l’horaire de travail réduit la qualité et la durée du sommeil. Cela entraîne de la somnolence sévère pendant la période active, une diminution de la vigilance et des performances cognitives et accroît les risques d’accident (Akerstedt, 1995; Akerstedt, Connor, Gray, & Kecklund, 2008; Costa, 1996; Muecke, 2005; Ohayon., Lemoine, Arnaud-Briant, & Dreyfus, 2002; Porcù, Bellatreccia, Ferrara, Bellagrande, 1997; Price, 2011). De plus, le travail à horaire non conventionnel augmente les risques de difficultés de sommeil, d’ulcères peptiques, de syndrome métabolique, de cancer du sein, de problèmes liés à la grossesse et à la fécondité, de diabète, d’obésité et de problèmes cardiovasculaires dont l’infarctus du myocarde, l’accident ischémique et l’hypertension (Andrzejczak, Kapala-Kempa, Zawilska, 2011; Brown et al., 2009; Costa, 1996; Figà-Talamanca, 2006; Hansen, 2001; Knutsson & Van Caulter, 2008; Nurminen, 1998; Ohayon, Lemoine, Arnaud-Briant, & Dreyfus, 2002; Vyas et al., 2012).

Pour sa part, le THT est lié à une hausse des risques de problèmes mentaux, physiques et de performance au travail (Drake et al., 2004). Sur le plan psychologique, le THT est associé à un risque accru de problèmes d’humeur, notamment, d’irritabilité, d’anxiété et de dépression (Drake et al., 2004; Reid & Burgess, 2005; Schwartz & Roth, 2006). Sur le plan physique, le THT entraîne une propension au sommeil de jour moindre, une augmentation des problèmes gastro-intestinaux et des risques plus élevés d’accidents où la fatigue est en cause (Drake et al., 2004). Aussi, la combinaison de symptômes de somnolence excessive et d’insomnie est liée à

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5 l’absentéisme au travail (Drake et al., 2004). De plus, l’allongement de la période de sommeil semble être associé à une amélioration du niveau de vigilance, du temps de réaction ainsi que de l’humeur (Kamdar, Kaplan, Kezirian, & Dement, 2004). Certaines conséquences négatives sont donc spécifiques au travail de nuit et au THT et pourraient être diminuées en améliorant le sommeil des travailleurs de nuit.

1.5 Traitement du THT

Pour traiter le THT, il existe actuellement plusieurs types de traitement : les hypnotiques, la mélatonine, les stimulants, la luminothérapie, la thérapie cognitivo-comportementale pour l’insomnie (TCC-I) et les siestes. Une brève recension de la littérature s’ensuit afin d’illustrer l’état actuel des connaissances au sujet du traitement du THT.

1.5.1 Traitements biologiques/pharmacologiques.

1.5.1.1 Hypnotiques.

Selon la revue de la littérature réalisée par Schwartz et Roth (2006), la prise d’hypnotique peut s’avérer efficace afin de favoriser le sommeil le matin. Cependant, elle n’améliore pas les problèmes de désynchronisation du RC avec l’horaire de sommeil, problèmes qui entraînent de la somnolence et une baisse de performance pendant le quart de nuit (Porcù, Bellatreccia, Ferrara, & Casagrande, 1997; Reid & Burgess, 2005). Par ailleurs, les effets indésirables qui découlent de l’utilisation des hypnotiques chez les travailleurs de nuit demeurent à ce jour encore très peu documentés (Kripke, 2000; Reid & Burgess, 2005). Toutefois, chez les individus qui souffrent du trouble d’insomnie, l’utilisation chronique entraîne de la tolérance et de la dépendance, interfère avec la performance, la cognition et la mémoire, hausse le risque d’anxiété et de dépression, produit un effet sédatif, en plus d’augmenter le risque d’accident automobile (Barker, Greenwood, Jackson, & Crowe, 2004; Buffet-Jerrot & Stewart, 2002; Curran et al., 2003; Kripke, 2000; Lader, 1994; Lader, 1999; Paterniti, Dufouil, & Alpérovitch, 2002). De plus, la tolérance au médicament ferait en sorte que son effet somnolent serait perdu avec l’utilisation chronique (Kripke, 2000). L’utilisation à long terme des hypnotiques n’est donc pas recommandée (Kripke, 2000; NIH, 1991).

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1.5.1.2 Mélatonine.

L’administration de mélatonine, une hormone favorisant le sommeil, a deux objectifs qui varient en fonction de la dose et de l’heure où elle est prise (Burgess, Revell, Molina, & Eastman, 2010; Lewy, Ahmed, Jackson, & Sack, 1992; Reid & Burgess, 2005). D’une part, la mélatonine prise juste avant l’heure du coucher par voix orale vise à favoriser le sommeil de façon endogène. D’autre part, l’administration de mélatonine à plus faible dose de façon récurrente entre le lever et le coucher vise à réguler le RC. Une étude révèle que la mélatonine exogène devrait être administrée au moment où la mélatonine endogène se trouve à son niveau le plus bas afin d’en maximiser l’efficacité (Wyatt, Dijk, Ritz-de Cecco, Ronda, & Czeisler, 2006).

Actuellement, l’utilisation de mélatonine est l' controverse. Une étude a évalué l’efficacité de 6 mg de mélatonine auprès de 12 infirmiers (ères) en milieu naturel à l’aide d’un protocole expérimental à mesures répétées. L’étude comparait trois traitements : 6 mg de mélatonine, 6 mg de mélatonine combiné au port de lunettes noires le matin et un placebo (Yoon, & Song, 2002). Chaque participant était soumis à chacune de ces trois conditions une à la suite de l’autre. La présence du THT n’a cependant pas été évaluée. La mélatonine était prise juste avant le sommeil de jour et a permis d’augmenter le temps total de sommeil de façon significative pour la condition mélatonine (436.1 ± 50 minutes) et la condition mélatonine combinée au port de lunettes noires (445,9 ± 49,5 minutes), mais pas pour le placebo (380,0 ± 48,3 minutes). Toutefois, l’efficacité de sommeil de jour et la performance cognitive pendant le quart de travail de nuit sont demeurées inchangées pour tous malgré l’administration des traitements ou du placebo. Une autre étude randomisée avec placebo réalisée auprès de 22 participants n’a pas trouvé d’effet bénéfique sur la qualité du sommeil en lien avec la prise de 6 mg de mélatonine après le quart de nuit (James, Tremea, Jones, & Krohmer, 1998). L’administration de 5 mg de mélatonine avant le coucher entraînerait une amélioration subjective de 5 % de la qualité et de la durée subjective du sommeil et une augmentation de 20 % du niveau de vigilance pendant la période d’éveil diurne subséquente chez les travailleurs de nuit (Folkard, Arendt, & Clark, 1993). Par contre, la présence d’un THT n’a pas été évaluée auprès de l’échantillon de personnes à l’étude. De plus, une autre étude a illustré que la prise de 5 mg de mélatonine 30 minutes avant la période de sommeil de nuit n’a pas d’impact sur la durée de sommeil (Sadeghniiat-Haghighi, Aminian, Pouryaghoub, & Yazdi, 2008). Toutefois, le type

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7 d’horaire de travail des 86 participants à l’étude était très varié, peu défini et il n’est pas mentionné s’ils souffraient d’un THT. Par ailleurs, l’administration de 5 mg de mélatonine avant le sommeil de jour des travailleurs de nuit n’aurait aucun effet bénéfique sur la qualité du sommeil, l’endormissement ou l’état des capacités cognitives en comparaison à un groupe placebo pharmacologique (Wright et al., 1998). Cependant, il faut noter que ce traitement a été administré pour une courte période de trois nuits.

D’autres études ont évalué des doses différentes de mélatonine. Ainsi, il semble que 1,8 mg, 3 mg ou 10 mg de mélatonine ingéré avant le sommeil de jour n’ait pas d’effet significatif sur la qualité et la durée du sommeil de jour des travailleurs de nuit, ni sur l’humeur et l’attention (Smith, Lee, Crowley, Fogg, & Eastman, 2005; Cavallo, Ris, Succop, & Jaskiewicz, 2005; Jorgensen & Witting, 1998). De plus, un possible effet d’habituation estomperait l’effet bénéfique à long terme (Sharkey, Fogg, et al., 2001). Toujours selon ces auteurs, la mélatonine n’aurait aucun effet sur la somnolence, la vigilance, la performance cognitive et l’humeur pendant le quart de nuit. Et ce, probablement en raison du RC qui demeure désaligné. Par ailleurs, une étude illustre que le RC peut être devancé par la prise de mélatonine en après-midi afin d’instaurer le sommeil avant le quart de nuit (Sharkey, & Eastman, 2002). Par contre, cette étude est réalisée à partir de quarts de nuits simulés auprès de personnes pour qui la présence d’un THT n’a pas été évaluée.

Une revue de littérature a conclu que la mélatonine n’a pas un effet significatif sur l’efficacité de sommeil et la latence d’endormissement associés au THT (Buscemi et al., 2006). Ces auteurs soulignent que les études qui révèlent un effet positif de la mélatonine sur le THT possèdent une trop petite taille d’effet pour en tirer des conclusions valides. Ils précisent toutefois qu’aucun danger n’a été relevé en lien avec l’utilisation de la mélatonine, mais que des études supplémentaires seraient nécessaires à ce sujet. Par ailleurs, dans leur recension des écrits, des auteurs soulignent le manque d’étude sur la moment idéal de prise de mélatonine effectuées auprès des travailleurs de nuits qui présentent un diagnostic de THT (Sack, et al., 2007).

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1.5.1.3 Stimulants.

Les stimulants sont des substances qui peuvent entre autres pallier aux symptômes de somnolence pendant le quart de travail de nuit (Thorpy, 2010). Par exemple, le modafinil et l’armodafinil sont des stimulants sous ordonnance. Une étude a révélé que le niveau d’éveil et la performance cognitive sont améliorés par la prise de 400 mg de modafinil (Grady, Aeschbach, Wright, & Czeisler, 2010). Toutefois, cette étude était basée sur des quarts de travail de nuit simulés auprès de participants pour qui la présence d’un THT n’a pas été évaluée. Une autre étude a relevé que l’administration de 200 mg de modafinil avant le quart de travail de nuit d’individus atteints du THT augmente de façon modeste la vigilance et la performance cognitive. Ces gains sont décrits comme insuffisants par les auteurs qui soulignent la somnolence excessive, les problèmes de performance cognitive et de vigilance qui persistent malgré la prise de cette substance (Czeisler et al., 2005). De plus, 6 % des participants traités ont présenté de l’insomnie comme effet secondaire, en comparaison à 0 % pour le groupe placebo. Il est donc plausible que le modafinil puisse aggraver le THT. D’autres effets secondaires comme des maux de tête, des infections, des nausées et des problèmes cardiovasculaires pourraient également y être associés (Czeisler et al., 2005). Par ailleurs, le désalignement circadien demeure inchangé et les symptômes de somnolence excessive pendant le quart de nuit perdurent. D’ailleurs, selon ces mêmes auteurs, aucune différence n’est notée au plan de la qualité et la durée du sommeil de jour. Une autre étude a comparé deux doses de 200 mg de modafinil chez des travailleurs de nuit ayant un THT (Erman & Rosenberg, 2007). Une amélioration significative a été notée au plan de la somnolence excessive et de la qualité de vie (variables de santé).

Deux études ont soulevé qu’une dose de 150 mg d’armodafinil aurait des effets positifs sur la latence d’endormissement, l’attention et la mémoire à long terme (Czeisler, Walsh, Wesnes, Arora, & Roth, 2009; Tembe et al., 2011). Des effets secondaires similaires à ceux associés au modafnil sont toutefois relevés pour les deux dernières études, soit des maux de tête, de l’insomnie, des nausées et des problèmes cardiovasculaires. Par ailleurs, une revue de la littérature sur l’effet du modafinil souligne le manque d’études empiriques au sujet des conséquences négatives associées à l’usage à long terme de cette substance (Ballon & Feifel, 2006). Deux études traitant de l’efficacité à long terme de l’armodafinil pour le THT (Black, Hull, Tiller, Yang, & Harsh, 2010; Schwartz, Khan, McCall, Weintraub, & Tiller, 2010) ont

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9 notamment relevé une augmentation du niveau de vigilance maintenue pendant un an. Toutefois, des effets secondaires d’intensité légère à modérée sont rapportés (maux de tête, insomnie, nausées et étourdissements) et ont causé l’abandon de l’étude chez 8 % à 15 % des participants. Par ailleurs, aucune information n’est fournie sur l’impact de cette substance sur le sommeil de jour.

La caféine est un stimulant réputé efficace pour augmenter la vigilance pendant le quart de nuit chez les personnes qui présentent un THT (Morgenthaler et al., 2007). Des études avec placebo révèlent que la prise de café pendant le quart de nuit simulé peut augmenter la vigilance et réduire la somnolence (Muehlbach & Walsh, 1995; Walsh et al., 1990). Une autre étude suggère que la combinaison de 300 mg de caféine à une sieste en soirée, avant le quart de travail de nuit, aurait un meilleur impact sur la performance et la vigilance qu’une sieste en soirée (Schweitzer, Randazzo, Stone, Erman, & Walsh, 2006). Toutefois, les études décrites ci-haut n’ont pas évalué la présence du THT et ne fournissent pas d’information au sujet de la qualité et la durée de sommeil de jour consécutive au quart de travail. À ce sujet, une étude évaluant l’impact de la caféine consommée pendant le quart de travail de nuit sur le sommeil de jour consécutif à ce quart de travail révèle un impact négatif sur la qualité et la durée du sommeil de jour (Carrier et al., 2007). De plus, une revue de la littérature soulève l’effet défavorable de la consommation de caféine sur la qualité et la durée de sommeil et sur le risque de somnolence le lendemain (Roehrs & Roth, 2008).

En bref, l’étude des stimulants pour le THT est un champ d’étude récent et les effets à long terme des stimulants sont peu connus (Schwartz & Roth, 2006). L’effet à long terme des stimulants nécessite d’être approfondi dans les recherches futures.

1.5.1.4 Luminothérapie.

La luminothérapie vise à exposer une personne à une source lumineuse intense afin de favoriser l’éveil pendant le quart de nuit et retarder l’endormissement. Ce type de traitement permet d’améliorer le niveau de vigilance et de performance cognitive en retardant le RC chez les travailleurs de nuit (Burgess, Sharkey, & Eastman, 2002; Campbell et al., 1995; Dawson & Campbell, 1991; Eastman, Liwen, & Fogg, 1995; Lowden, Akerstedt, & Wibom, 2004; Yoon,

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Jeong, Kwon, Kang, & Song, 2002). Dans certains cas, l’adaptation du RC peut même devenir complète. L’amélioration subjective du sommeil de jour et de l’humeur serait également possible (Eastman, Liwen, & Fogg, 1995). Par contre, la présence d’un THT n’a pas été évaluée chez les participants à l’étude. Par ailleurs, le port de lunettes noires au retour à la maison est fréquemment combiné à la luminothérapie. Ce faisant, le temps de réaction, la vigilance et le sommeil de jour des travailleurs de nuit s’améliorent (Crowley, Lee, Tseng, Fogg, & Eastman, 2003; Eastman, 1992; Eastman, Stewart, Mahoney, Liu, & Fogg, 1994; Boivin & James, 2002; Chesson el al., 1999; Sack et al., 2007; Sasseville, Paquet, Sévigny, & Hébert, 2006; Smith, Fogg, & Eastman, 2009; Yoon, Jeong, Kwon, Kang, & Song, 2002). Toutefois, la plupart de ces études sont basées sur des quarts de travail de nuit simulés en laboratoire. Cela ne représente donc pas véritablement la réalité des travailleurs de nuit. La luminothérapie a également été testée pendant des quarts de travail réels. En effet, les résultats d’une étude réalisée en milieu de travail naturel révèlent l’adaptation du RC sans toutefois évaluer l’amélioration de la vigilance ou de la performance (Boivin & James, 2002). Une autre étude s’intéressant aux travailleurs de nuit au sein de leur environnement réel a relevé que les travailleurs de nuit présentant un THT ne sont pas parvenus à retarder leur RC (Gumenyuk, Roth, & Drake, 2012). Ces auteurs suggèrent que pour y parvenir, la lumière matinale doit être évitée à l’aide de lunettes noires et le moment du coucher ne devrait pas être devancé lors des congés.

Plusieurs inconvénients sont associés à la luminothérapie. Tout d’abord, elle doit être appliquée de façon stricte même pendant les jours où la personne ne travaille pas afin de favoriser une stabilisation du RC (Smith, Fogg, & Eastman, 2009). Ensuite, elle peut causer des chaleurs, des maux de tête, une réduction des habiletés de conduite automobile, de la tension corporelle (Budnick, Lerman, & Nicolich, 1995) et augmenter le risque de cancer (Schernhammer & Schulmeister, 2004). Ainsi, les auteurs Smith, Fogg, & Eastman (2009) soutiennent que l’application stricte du traitement s’ajuste mal aux variations du mode de vie. Il importe donc de développer des méthodes de traitement plus souples et pouvant s’adapter au quotidien des travailleurs de nuit.

L’adaptation partielle du RC par la luminothérapie vise un retardement non-complet du RC obtenu par l’exposition à une source modérée de lumière pendant la première partie du quart

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11 de nuit. L’avantage étant de faciliter le retour à un sommeil de nuit lors des périodes de congé, donc d’assouplir l’application du traitement. L’adaptation partielle pourrait avoir des effets bénéfiques similaires à l’adaptation complète du RC (Crowley, Lee, Tseng, Fogg, & Eastman, 2004; Smith, Fogg, & Eastman, 2009). Selon les auteurs de ces deux études, une amélioration de la performance cognitive, de la vigilance et de la durée du sommeil de jour serait obtenue en retardant le début du cycle de production de mélatonine à 3h00 am. Dans ces deux études, quatre séances d’exposition de luminothérapie d’une durée de 15 minutes et d’intensité modérée (4 100 lux) ont été administrées entre 00 h 45 et 4 h 00. De plus, les participants portaient des lunettes fumées au retour à la maison. Il semble même que cette technique n’aurait pas d’impact négatif sur les périodes de sommeil lors des journées de congé où la personne dort la nuit (Smith, Fogg, & Eastman, 2009). Toutefois, les deux études ont été réalisées à l’aide de quarts de travail simulés chez des personnes pour qui la présence d’un THT n’a pas été évaluée. De plus, la littérature actuelle n’est pas claire à savoir si l’adaptation partielle du RC peut causer de la somnolence au moment de la conduite automobile lors du retour à la maison le matin (Wright, Bogan, & Wyatt, 2013).

1.6 Traitements psychologiques pour le THT.

1.6.1 La sieste : traitement comportemental.

Globalement, le traitement de type comportemental vise à améliorer les habitudes de sommeil en favorisant l’hygiène du sommeil (Edinger, Wohlgemuth, Radtke, Marsh, & Quillian, 2001) afin d’améliorer et de consolider le sommeil. Notamment, deux types de sieste ont été testés chez les travailleurs de nuit. D’abord, la sieste à visée récupératrice qui a lieu pendant le quart de travail de nuit vise à compenser les effets d’un déficit de sommeil. Ensuite, la sieste à visée prophylactique qui est effectuée avant le quart de travail de nuit et vise à prévenir le désalignement du RC.

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12

En général, le travailleur serait davantage porté à faire une sieste lorsqu’il y a un manque de sommeil et en réponse à une pression homéostatique élevée pour rétablir l’équilibre circadien (Akerstedt & Torsvall, 1985). Les auteurs soulèvent que la durée de la sieste aurait peu d’importance sur le niveau de vigilance et de performance, mais que l’important soit qu’elle ait lieu. Par contre, la performance, l’humeur et le niveau de vigilance seraient directement proportionnels à la durée de la sieste avant le quart de travail (Bonnet, Gomez, Wirth, & Arand, 1995). De plus, l’étude de Rosa (1993) ajoute que les facteurs à considérer dans la planification de siestes sont la quantité et la qualité de sommeil estimées ainsi que la synchronisation de la période de la sieste avec le RC.

Au sujet de la sieste à visée récupératrice, il semble qu’une sieste de 20 minutes pendant le quart de travail de nuit permettrait d’améliorer la vigilance pour les dernières heures du quart chez les travailleurs de nuit (Purnell, Feyer & Herbison, 2002). Aussi, une sieste de 30 ou 50 minutes pendant le quart de nuit favoriserait la vigilance (Sallinen, Härmä, Akerstedt, Rosa & Lillqvist, 1998) et l’ajout d’une sieste d’une durée maximale d’une heure, pendant une période d’un an, favoriserait la vigilance et la qualité de vie générale subjective du travailleur de nuit (Bonnefond et al., 2001). Selon ces mêmes auteurs, la sieste aurait pour effet d’augmenter significativement la durée de sommeil et de la rendre statistiquement similaire à celle associée aux quarts de travail de jour. De plus, l’ajout d’une sieste d’une durée d’environ deux heures et demie à un moment fixe pendant le quart de travail de nuit semble compenser pour le déficit de sommeil de jour (Ribeiro-Silva et al., 2006). Aussi, la sieste lors du quart de travail réduirait la perte du nombre d’heures de sommeil et la faible qualité de sommeil causées par le travail de nuit (Matsumoto & Harada, 1994).

Bien que la sieste à visée récupératrice s’avère efficace, elle ne semble pas toujours applicable à la réalité des travailleurs de nuit (Ribeiro-Silva et al., 2006). Notamment, en raison de l’incompatibilité avec le type de travail exercé ou en raison de réticences de la part de l’employeur. Aussi, il serait pertinent de savoir s’il est possible d’adapter la sieste pour qu’elle soit également efficace et conciliable avec le mode de vie des travailleurs de nuit en dehors des heures de travail. Par ailleurs, il semblerait qu’immédiatement à la suite de la sieste, certaines

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13 personnes se plaignent d’un sentiment subjectif de fatigue : un état d’inertie (Matsumoto & Harada, 1994; Sallinen, Härmä, Akerstedt, Rosa & Lillqvist, 1998). Enfin, l’ajout d’une sieste pendant le quart de travail peut augmenter le niveau de fatigue ressenti, entraîner une baisse de performance au travail et peut donc avoir des effets négatifs sur la sécurité des travailleurs de nuit (Lubin, Hord, Tracy, & Johnson, 1976; Matsumoto & Harada, 1994).

Pour sa part, la sieste à visée prophylactique d’une durée de 30 à 102 minutes semble être efficace pour contrer la baisse de vigilance et de performance associée au travail de nuit (Garbarino et al., 2004). Par contre, une sieste d’une durée de deux heures serait davantage bénéfique à la performance des dernières heures de travail, à la sécurité au travail et à la qualité de sommeil qu’une sieste d’une heure (Kubo et al., 2007). En outre, les travailleurs de nuit qui ne font pas de sieste à visée prophylactique auraient plus de problèmes de sommeil et une moindre qualité de sommeil que ceux qui en font une (Harma, Knauth, & Ilmarinen, 1989). De plus, il semble qu’une sieste en après-midi devrait être faite dans la noirceur étant donné que la lumière est le synchronisateur principal du RC (Buxton, L’Hermite-Balériaux, Turek, & Cauteur, 2000). La sieste est donc efficace et une certaine flexibilité quant au moment de son exécution peut être envisagée.

Bref, devant ce manque de consensus quant au moment où la sieste devrait être prise, il est difficile de faire des recommandations adéquates. De plus, aucune étude n’a examiné l’impact de la sieste sur le THT (Morgenthaler et al., 2007; Thorpy, 2010). L’effet de la sieste sur le THT devrait être étudié davantage et cela auprès d’un échantillon de travailleurs de nuit souffrant de THT.

1.6.2 Traitement Cognitivo-Comportemental de l’insomnie (TCC-I).

Le TCC-I inclut des interventions comportementales telles que le contrôle du stimulus, la restriction du sommeil et la relaxation ainsi que des interventions cognitives. Les interventions comportementales sont des recommandations visant à réduire les comportements incompatibles avec le sommeil et è réajuster l’horloge biologique. Dans l’ensemble, le TCC-I est reconnu efficace et durable pour traiter l’insomnie (Morin, Bootzin, & Buysse, 2006; Morin, Culbert, & Schwartz, 1994; Smith et al., 2002). Ces interventions améliorent la perception subjective du

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sommeil. De plus, la majorité des tailles d’effet recensées à travers les différentes études sont supérieures à .80, soit un grand effet (Murtagh & Greenwood, 1995). La méta-analyse de Murtagh et Greenwood (1995) révèle que l’efficacité moyenne attendue d’un traitement de type psychologique réduirait la latence d’endormissement, augmenterait la durée totale du sommeil et réduirait le nombre et le temps d’éveils nocturnes par nuit. Il est à noter que l’effet bénéfique des traitements de type comportemental serait maintenu à long terme voire légèrement bonifié.

Actuellement, une seule étude a évalué l’efficacité de la TCC-I sur les symptômes d’insomnie vécus par les travailleurs à horaire non conventionnel (Järnefelt et al., 2012). Dans cette étude, un groupe de 19 travailleurs à horaire non conventionnel a reçu la TCC-I afin d’évaluer son impact sur les symptômes d’insomnie. Les participants devaient travailler au moins six quarts de travail de nuit par trois semaines pour répondre au critère d’horaire non conventionnel. Les résultats de cette étude ont suggéré une réduction significative de la latence d’endormissement, des croyances dysfonctionnelles en lien avec le sommeil, des symptômes d’insomnie, des symptômes d’anxiété et de dépression ainsi qu’une augmentation significative de l’efficacité de sommeil et de la qualité du sommeil. Toutefois, la présence d’un THT n’a pas été évaluée chez les participants et ceux-ci présentaient des horaires de travail variables. De plus, le protocole utilisé ne contrôlait pas pour la maturation des participants et les changements spontanés possibles.

1.6.2.1 Description des traitements de type comportemental.

Parmi les interventions comportementales utilisées, la restriction du sommeil (Spielman, Saskin, & Thorpy, 1987) consiste à raccourcir la période de temps passée au lit afin que cette dernière corresponde le plus possible à la durée réelle de sommeil. Cette technique vise à maximiser et consolider la période de temps consacrée au sommeil (Harsora & Kessmann, 2009; Perlis et al., 2000). Premièrement, une fenêtre de sommeil est établie en fonction du nombre d’heures que la personne estime dormir. La période de sommeil est alors restreinte à cette fenêtre de sommeil. À chaque séance de traitement, la fenêtre de sommeil est augmentée de 15 à 20 minutes si l’efficacité du sommeil est supérieure ou égale à 85 % et diminuée de la même durée si l’efficacité du sommeil est inférieure ou égale à 80 %. La fenêtre demeure stable si l’efficacité

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15 du sommeil se situe entre 81 % et 84 %. Cette technique est efficace et a pour effet de diminuer la latence d’endormissement, la variabilité quant à la durée des périodes de sommeil et d’améliorer l’efficacité de sommeil (Morin, Hauri, et al., 1999).

L’intervention du contrôle du stimulus consiste en un ensemble de recommandations qui vise à réduire les comportements incompatibles avec le sommeil (Bootzin, 1991). Il s’agit d’associer le lit et la chambre à coucher au sommeil. Pour ce faire, la personne est invitée à suivre certaines règles simples. Premièrement, la personne devrait aller se coucher seulement lorsqu’elle se sent somnolente. Deuxièmement, le lit doit être utilisé seulement pour dormir et pour les relations sexuelles. De plus, si la personne ne parvient pas à trouver le sommeil, elle doit se lever et aller dans une autre pièce, y rester aussi longtemps qu’il est nécessaire pour ensuite retourner se coucher lorsqu’elle se sent somnolente. En attendant de se sentir somnolente, la personne est invitée à pratiquer une activité reposante. Cette procédure doit être répétée aussi souvent que nécessaire. Puis, la personne doit se lever à une heure fixe et au besoin utiliser une alarme-réveil. Enfin, elle est invitée à se garder un moment de détente afin de décompresser juste avant la période de sommeil.

1.7 Synthèse de la littérature portant sur le traitement du THT et rationnel de

l’étude

Le THT a des conséquences négatives importantes dans la vie de ceux qui en souffrent. Certains traitements ont été étudiés pour ce trouble, mais aucun ne cible l’ensemble de sa symptomatologie. Par exemple, la mélatonine permet de s’endormir plus facilement après le quart de nuit sans améliorer la vigilance au cours de ce dernier. À l’inverse, les stimulants permettent une meilleure vigilance pendant le quart de nuit sans toutefois améliorer le sommeil diurne. La luminothérapie, quant à elle, semble difficilement applicable au mode de vie des travailleurs de nuit en raison de la régularité avec laquelle elle doit être exécutée. Les hypnotiques ne règlent pas non plus l’ensemble de la problématique puisqu’ils visent exclusivement l’amélioration du sommeil et n’ont pas d’effet sur la somnolence ou la vigilance. De plus, les effets à long terme de la plupart de ces traitements sont méconnus. Quant aux traitements de type psychologique, ils demeurent peu étudiés pour le THT. L’étude de Järnefelt et al., (2012) illustre que la TCC-I peut être bénéfique pour diminuer les symptômes d’insomnie

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16

chez les travailleurs de nuit. Aussi, il semble que la sieste soit potentiellement efficace pour réduire les symptômes de somnolence sans toutefois résorber les symptômes d’insomnie. Par ailleurs, peu d’études ont ciblé les travailleurs de nuit présentant un THT. Ainsi, le traitement à multiples composantes doit être envisagé pour cette problématique. Pour ce faire, chaque composante de traitement dont celle ciblant les symptômes d’insomnie, doit être testée et adaptée seule en premier lieu. Comme la thérapie comportementale est le traitement de choix pour le trouble d’insomnie (Smith et al., 2002), il importe de l’adapter et le tester auprès d’une population de travailleurs de nuit souffrant de THT.

1.8 Objectifs et hypothèses

L’objectif du mémoire est d’explorer l’efficacité et l’utilité clinique d’un traitement comportemental pour le THT chez les travailleurs de nuit. Il est attendu que l’ajout d’un traitement comportemental (incluant la restriction du sommeil, le contrôle du stimulus et une sieste à visée prophylactique) diminue le temps d’éveil nocturne et diurne, la somnolence nocturne et augmente la durée totale de sommeil diurne et nocturne ainsi que l’efficacité du sommeil diurne et nocturne. Il est également attendu que la sévérité des symptômes d’anxiété et de dépression des participants diminue en raison de la diminution des symptômes d’insomnie prévue.

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CHAPITRE II – TRAITEMENT COMPORTEMENTAL

POUR LE TROUBLE DU SOMMEIL LIÉ À L’HORAIRE

DE TRAVAIL CHEZ LES TRAVAILLEURS DE NUIT :

UNE ÉTUDE EXPLORATOIRE

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Traitement comportemental pour le trouble du sommeil lié à l’horaire de travail chez les travailleurs de nuit : une étude exploratoire

Sonia Claveau, B.A., Célyne Bastien, Ph.D. et Annie Vallières, Ph.D.

Université Laval, Québec, Québec, Canada; Centre d’étude des troubles du sommeil (CETS), Québec, Québec, Canada.

Auteure de correspondance :

Annie Vallières, Ph.D.

Université Laval, École de psychologie 2325 rue des Bibliothèques

Québec (Québec) CANADA G1V 0A6

Mots-clés : Trouble du sommeil lié à l’horaire de travail; travail de nuit; travailleurs de nuit; somnolence; traitement comportemental; sieste; sommeil de jour

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2.1 Résumé

Le travail à horaire non conventionnel est une réalité dans notre société et peut causer des problèmes de sommeil et de santé importants. L’efficacité de la thérapie comportementale pour le Trouble de l’insomnie est bien établie par la littérature. Toutefois, peu d’études s’intéressent au traitement de l’insomnie au sein du Trouble de l’horaire de travail (THT). L’objectif du présent mémoire doctoral est d’explorer l’efficacité d’un traitement comportemental pour le THT. Quatre participants âgés entre 20 et 36 ans ont reçu un traitement en huit séances. Pour identifier la présence d’un THT, l’EDI (Échelle Diagnostique de l’Insomnie) adaptée à la situation du travail de nuit a été utilisée. Les résultats obtenus révèlent que le traitement comportemental semble diminuer les symptômes d’insomnie et de somnolence excessive ainsi que les symptômes dépressifs chez les personnes en souffrant. Ces résultats illustrent l’efficacité potentielle d’un traitement comportemental pour le THT.

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20

2.2 Introduction

Dans notre société moderne, les quarts de travail qui diffèrent de ceux de 9 h à 17 h sont une réalité pour plusieurs individus. Le travail à horaire non conventionnel touche environ 20 à 30% de la population active (Drake, Roehrs, Richardson, Walsh, & Roth, 2004) et entraîne plusieurs conséquences négatives dont la désynchronisation entre le rythme circadien1 (RC) et l’horaire de sommeil (Schwartz & Roth, 2006) qui réduit la qualité et la durée du sommeil. Lorsque les difficultés de sommeil se caractérisent par des plaintes d’insomnie et/ou de somnolence excessive associées à l’horaire de travail, elles deviennent alors un Trouble de l’horaire de travail (THT) tel que défini par l’International Classification of Sleep Disorders-2 (ICSD-2) (American Academy of Sleep Medicine, 2005). Selon une étude épidémiologique, il y aurait entre 14 et 32 % des travailleurs de nuit qui souffrirent du THT (Drake et al., 2004). Au niveau psychologique, le THT est associé à un risque accru de problèmes d’irritabilité, d’anxiété et de dépression (Drake et al., 2004; Reid & Burgess, 2005; Schwartz & Roth, 2006). Au plan physique, le THT entraîne une aptitude au sommeil restreinte, une diminution de la performance au travail, des risques accrus d’accidents où la fatigue est en cause et des problèmes gastro-intestinaux (Drake et al., 2004). Aussi, la combinaison de symptômes de somnolence excessive et d’insomnie est liée à l’absentéisme au travail (Drake et al., 2004).

Les traitements du THT disponibles sont principalement pharmacologiques et visent à améliorer le sommeil diurne en l’induisant ou en retardant ou en devançant le RC. Par exemple, les hypnotiques sont efficaces pour induire le sommeil le matin (Reid & Burgess, 2005).

1 Le RC est endogène et fait référence au rythme biologique d’une durée d’environ 24 heures (Billiard &

Dauvilliers, 2005). En plus d’être régit par des processus biologiques, le RC est influencé par des indices externes tels que la lumière et la température. Le RC est géré par l’horloge biologique qui instaure, à l’aide de la lumière, des bornes temporelles à l’intérieur desquelles l’équilibre homéostatique doit être maintenu. Par ailleurs, le processus homéostasique, d’origine biologique, crée une pression pour dormir proportionnelle au temps d’éveil.

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21 Cependant, ils n’améliorent pas la désynchronisation du RC qui entraîne de la somnolence et une baisse de performance pendant le quart de nuit (Porcù, Bellatreccia, Ferrara, & Casagrande, 1997; Reid, & Burgess, 2005). De plus, les effets indésirables des hypnotiques chez les travailleurs de nuit demeurent très peu documentés (Jacobs, Pace-Schott, Stickgold, & Otto, 2004; Reid & Burgess, 2005) alors qu’ils le sont pour une population souffrant du trouble de l’insomnie. En effet, l’utilisation chronique d’hypnotique tel que les benzodiazépines entraîne de la tolérance et de la dépendance, nuit à la performance, la cognition et la mémoire, hausse le risque d’anxiété et de dépression, produit un effet sédatif, en plus d’augmenter le risque d’accident automobile (Barker, Greenwood, Jackson, & Crowe, 2004; Buffet-Jerrot & Stewart, 2002; Curran et al., 2003; Kripke, 2000; Lader, 1994; Lader, 1999; Paterniti, Dufouil, & Alpérovitch, 2002). L’utilisation à long terme n’est donc pas recommandée (Kripke, 2000).

Les stimulants, pour leur part, favorisent la vigilance pendant la période de travail nocturne. Par exemple, le modafinil améliore la performance au travail et retarde la somnolence (Czeisler et al., 2005). Par contre, des effets secondaires comme de l’insomnie, des maux de tête, des nausées et des problèmes cardiovasculaires y sont associés (Czeisler et al., 2005). L’armodafinil, un autre type de stimulant, est utilisé pour favoriser l’éveil pendant le quart de travail. Il améliore la latence d’endormissement, l’attention et la mémoire à long terme (Black, Hull, Tiller, Yang, & Harsh, 2010; Czeisler, Walsh, Wesnes, Arora, & Roth, 2009; Schwartz, Khan, McCall, Weintraub, & Tiller, 2010; Tembe et al., 2011). Des effets secondaires similaires à ceux associés au modafinil ont toutefois été relevés pour les deux dernières études. Par ailleurs, aucune information n’est fournie sur l’impact de cette substance sur le sommeil de jour. La caféine est un stimulant réputé efficace pour augmenter la vigilance et réduire la somnolence pendant le quart de nuit (Muehlbach & Walsh, 1995; Walsh et al., 1990) chez les personnes qui

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présentent un THT (Morgenthaler et al., 2007). Une autre étude suggère que la combinaison d’une sieste en soirée à la consommation de 300 mg de caféine pendant le quart de travail puisse être optimale pour traiter le THT (Schweitzer, Randazzo, Stone, Erman, & Walsh, 2006). Toutefois, la caféine consommée pendant le quart de travail de nuit aurait un impact négatif sur la qualité et la durée du sommeil de jour (Carrier et al., 2007). De plus, une recension des écrits soulève l’effet défavorable de la consommation de caféine sur la qualité et la durée de sommeil et sur le risque de somnolence le lendemain (Roehrs & Roth, 2008). L’étude des stimulants pour le THT est un champ d’étude récent et leurs effets à long terme nécessitent d’être approfondis dans les recherches futures (Morgenthaler et al., 2007). Aussi, l’action seule des stimulants ne semble pas suffisante pour améliorer l’ensemble de la symptomatologie du THT.

La luminothérapie, en ajustant le RC, favorise la vigilance et la performance cognitive pendant le quart de nuit et améliore le sommeil de jour et l’humeur chez les travailleurs de nuit (Burgess, Sharkey, & Eastman, 2002; Dawson & Campbell, 1991; Eastman, 1992; Eastman, Liwen, & Fogg, 1995; Lowden, Akerstedt, & Wibom, 2004; Smith, Fogg, & Eastman, 2009; Yoon, Jeong, Kwon, Kang, & Song, 2002). Le port de lunettes fumées y est fréquemment combiné pour optimiser son efficacité en limitant l’exposition à la lumière diurne au retour à la maison (Crowley, Lee, Tseng, Fogg, & Eastman, 2003; Eastman, Stewart, Mahoney, Liu, & Fogg, 1994; Eastman, Boulos, et al., 1995; Boivin & James, 2002; Chesson el al., 1999; Sack et al., 2007; Sasseville, Paquet, Sévigny, & Hébert, 2006). Or, la luminothérapie peut causer des chaleurs, des maux de tête, la réduction des habiletés de conduite automobile, de la tension corporelle (Budnick, Lerman, & Nicolich, 1995) et augmenter le risque de cancer (Schernhammer & Schulmeister, 2004). De plus, l’application stricte du traitement impliquant un retardement complet du RC s’ajuste mal aux variations du mode de vie des travailleurs de nuit

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23 (Smith, Fogg, & Eastman, 2009). Notamment, à la possibilité de dormir la nuit et d’être éveillé le jour au cours des congés. L’adaptation partielle du RC par la luminothérapie vise un retardement non-complet du RC obtenu par l’exposition à une source modérée de lumière pendant la première partie du quart de nuit. Celle-ci permet d’améliorer la performance cognitive pendant le quart de nuit ainsi que la durée et la qualité du sommeil de jour (Crowley, Lee, Tseng, Fogg, & Eastman, 2004; Smith, Fogg, & Eastman, 2009). L’avantage étant de faciliter le retour à un sommeil de nuit lors des périodes de congé, donc d’assouplir l’application du traitement. Toutefois, une recension des écrits indique que la littérature actuelle ne précise pas s’il y a des risques associés de somnolence au retour à la maison en voiture le matin (Wright et al., 2013).

Enfin, la mélatonine, une hormone clé dans la synchronisation des RC, favorise le sommeil, mais ses bienfaits sont mitigés. En effet, la prise de mélatonine améliore les problèmes de sommeil et le niveau de vigilance pendant l’éveil chez les travailleurs de nuit (Folkard, Arendt, & Clark, 1993). Par contre, la durée et la qualité de sommeil, les capacités cognitives, l’attention et l’humeur demeurent inchangés (Cavallo, Ris, Succop & Jaskiewiez, 2005; Jorgensen & Witting, 1998; Sadeghniiat-Haghighi, Aminian, Pouryaghoub, & Yazdi, 2008; Smith, Lee, Crowley, Fogg & Eastman, 2005; Wright, Bogan, & Wyatt, 1998). Aussi, un effet d’habituation estompe l’effet bénéfique à long terme (Sharkey, Fogg, & Eastman, 2001) et il n’y a aucun effet sur la somnolence. Enfin, la mélatonine est actuellement étudiée de manière plus systématique afin de clarifier son efficacité clinique.

En ce qui concerne les traitements psychologiques, la sieste est un traitement comportemental qui a été testé et réputé efficace auprès des travailleurs de nuit. Il existe deux types de sieste: à visée prophylactique et récupératrice. Pour sa part, la sieste à visée prophylactique a lieu avant le quart de travail de nuit et est efficace pour améliorer la vigilance,

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24

la performance cognitive et physique pendant le quart de nuit ainsi que la qualité du sommeil (Garbarino et al., 2004; Harma, Knauth, & Ilmarinen, 1989; Macchi, Boulos, Ranney, Simmons, & Campbell, 2002; Schweitzer et al., 2006). En ce qui concerne la sieste à visée récupératrice, elle a lieu pendant le quart de travail de nuit et permet d’augmenter la vigilance, les performances cognitives (Bonnefond et al., 2001; Purnell, Feyer, & Herbison, 2002; Sallinen, Harma, Akerstedt, Rosa, & Lillqvist, 1998) ainsi que la durée et la qualité de sommeil (Matsumoto & Harada, 1994; Ribeiro-Silva et al., 2006). Par contre, ce type de sieste n’est pas toujours conciliable à la réalité des travailleurs de nuit (Ribeiro-Silva et al., 2006) et peut exacerber momentanément la fatigue et conduire à une baisse de performance au travail dès le réveil de la sieste, entraînant des risques pour la sécurité (Lubin, Hord, Tracy, & Johnson, 1976; Matsumoto & Harada, 1994). Enfin, aucune étude n’évalue l’impact de la sieste sur le THT (Morgenthaler et al., 2007; Thorpy, 2010). Bref, devant ce manque de consensus quant au moment où la sieste devrait être effectuée, la flexibilité semble être à privilégier en fonction des particularités et des besoins du RC propre à chacun.

En ce qui concerne la thérapie cognitivo-comportementale de l’insomnie (TCC-I), une seule étude a évalué son impact auprès des travailleurs à horaire non conventionnel (Järnefelt et al., 2012). Dans cette étude, la TCC-I a été administrée à un groupe de 19 travailleurs à horaire non conventionnel pour en vérifier l’impact sur les symptômes d’insomnie. Les résultats de cette étude illustrent une réduction cliniquement significative de la latence d’endormissement, des croyances dysfonctionnelles en lien avec le sommeil2, des symptômes d’insomnie, des symptômes d’anxiété et de dépression ainsi qu’une augmentation cliniquement significative de l’efficacité de sommeil et de la qualité du sommeil. Toutefois, la présence d’un THT n’a pas été

2 Les croyances dysfonctionnelles en lien avec le sommeil réfèrent à des perceptions, des pensées incompatibles

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25 évaluée chez les participants et ceux-ci présentaient des horaires de travail variables. De plus, le protocole utilisé ne contrôlait pas pour la maturation des participants ou les changements spontanés possibles.

Des interventions comportementales ont été testées auprès de personnes souffrant d’un trouble de l’insomnie qui ne sont pas des travailleurs de nuit. En effet, le contrôle du stimulus et la restriction du sommeil sont efficaces de façon durable pour traiter le trouble de l’insomnie (Morin, Bootzin, et al., 2006; Morin, Culbert, & Schwartz, 1994; Morin, Hauri, et al., 1999; Murtagh & Greenwood, 1995; Smith et al., 2002) et pour réduire les symptômes anxieux et dépressifs associés (Belleville, Cousineau, Levrier, & St-Pierre-Delorme, 2011; Riemann, 2009). Ces interventions ciblent les comportements en lien avec le sommeil et permettent d’optimiser la qualité du sommeil. En ce qui concerne la restriction du sommeil (Spielman, Saskin, & Thorpy, 1987), elle vise à maximiser et à consolider la période de temps consacrée au sommeil (Harsora & Kessmann, 2009; Perlis et al., 2000). Pour sa part, l’intervention du contrôle du stimulus vise à restreindre l’association comportementale du lit à l’état de veille (Morin, Hauri, et al., 1999). Étant donné la présence de symptômes d’insomnie dans le THT, il est possible que ces interventions améliorent également le sommeil des travailleurs de nuit qui présentent un THT.

Enfin, aucune des méthodes de traitement décrites plus haut ne résout l’entièreté des difficultés associées au THT. Le traitement à multiples composantes devrait être envisagé pour traiter le THT en raison de la complexité de la problématique. L’efficacité de méthodes complémentaires ciblant les symptômes d’insomnie associés au THT et les difficultés liées au désalignement du RC sont donc à étudier et à développer. Par conséquent, l’objectif de la présente étude est d’explorer l’efficacité et l’utilité clinique d’un traitement comportemental pour le THT chez les travailleurs de nuit. Il est attendu que l’ajout d’un traitement comportemental

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(incluant la restriction du sommeil, le contrôle du stimulus et une sieste) diminue le temps d’éveil (TE) nocturne et diurne, la somnolence nocturne, les symptômes d’insomnie et augmente le temps total de sommeil (TTS) nocturne et diurne et l’efficacité du sommeil (ES) nocturne et diurne.

2.3 Méthode

2.3.1 Participants

Le recrutement a été effectué par l’intermédiaire des médias et conjointement à deux autres études en cours dans le laboratoire d’Annie Vallières, Ph. D. (Université Laval) et ciblant la même population de travailleurs de nuit. Un total de 12 personnes a contacté le laboratoire dont six étaient éligibles à l’étude. Parmi les personnes éligibles, deux n’ont pas été retenues en raison d’un manque de disponibilité. Finalement, quatre participants, incluant trois femmes et un homme présentant un THT, âgés en moyenne de 29,5 années (de 20 à 45 ans) ont complété l’étude. Les trois femmes étaient canadiennes et l’homme canadien d’origine cubaine. Les participants travaillaient sur un horaire de nuit depuis en moyenne 4,3 ans et souffraient de difficultés de sommeil depuis en moyenne 2,9 ans. Au moment du prétraitement, aucun participant ne présentait de diagnostic psychiatrique.

La plage horaire de travail de nuit était d’une durée minimale de 6 h 00 se situant entre 00 h 00 et 8 h 00, au moins six nuits par deux semaines depuis au moins trois mois. Les participants répondaient aux critères d’inclusion suivants : 1) être un travailleur de nuit selon la définition précédente; 2) être âgé entre 18 et 50 ans; et 3) présenter un THT selon les critères du ICDS-II (American Academy of Sleep Medicine, 2005). Les critères d’exclusion étaient les suivants : 1) présenter un trouble du sommeil autre que le THT; 2) utiliser une médication qui altère le sommeil sur une base régulière, soit trois jours et plus par semaine (p. ex., les hypnotiques,

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27 certains antidépresseurs, la médication en vente libre); 3) présenter un problème d’abus ou de dépendance à l’alcool ou aux drogues; 4) avoir une consommation quotidienne de caféine supérieure à 700 mg, soit sept tasses ou l’équivalent en boisson énergisante et consommer de la caféine deux heures avant le coucher; et 5) présenter un trouble physiologique (p. ex., douleurs) ou psychologique (p. ex., dépression, trouble anxieux) pouvant expliquer les problèmes de sommeil; 6) rapporter une condition médicale pouvant interférer avec le sommeil; 7) présenter un trouble psychotique ou un trouble de l’humeur modéré à sévère; 8) exercer un travail directement en lien avec la conduite automobile, aérienne ou marine; 9) avoir plus d’une heure de route à faire en automobile au retour du travail vers la maison. Les personnes qui présentaient un trouble psychologique (p. ex : trouble de l’humeur, trouble anxieux) dont la condition était stable pouvaient être incluses pourvu que les pathologies ne fussent pas la cause du problème de sommeil. Aucun trouble psychologique stable n’a été décelé à l’évaluation pré-traitement. De plus, les candidats qui auraient cessé la prise de médication altérant le sommeil un mois avant le début de l’étude pouvaient être inclus. Aucune compensation financière n’a été offerte aux fins de la présente étude.

2.3.2 Mesures

Entrevue diagnostique pour l’insomnie (EDI; Morin, 1993). Cette entrevue a été adaptée pour le travail de nuit et permet de déceler la présence de troubles du sommeil, leur historique, les habitudes de sommeil et les facteurs précipitants et de maintien de l’insomnie. L’EDI adapté fournit de l’information sur l’horaire et le nombre d’heures de travail. Elle offre une analyse fonctionnelle des habitudes de sommeil qui permet de clarifier la relation temporelle entre le début du travail de nuit et les difficultés de sommeil. L’EDI a permis de s’assurer de la présence d’un THT chez les participants et ainsi favoriser la validité de construit en administrant le

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traitement à des personnes qui présentent une souffrance cliniquement significative. La durée de passation varie entre 30 minutes et une heure.

Entrevue Clinique Structurée pour le DSM-IV (SCID-IV; First, Spitzer, Gibbon, & Williams, 1997). Cette entrevue structurée permet d’évaluer la présence de troubles psychologiques passés ou actuels. La durée de passation varie entre 30 minutes et deux heures.

Agenda du sommeil. Cet outil est la mesure subjective standard pour évaluer le sommeil (Buysse, Ancoli-Israel, Edinger, Lichstein, & Morin, 2006). Il s’agit d’un cahier comportant 12 questions dans lequel le participant doit noter quotidiennement les différentes mesures servant à quantifier le sommeil. L’agenda a été adapté pour le travail de nuit et comporte trois questions sur la somnolence issues du Questionnaire de Somnolence de Stanford (QSS; Shahid, Wilkinson, Marcu, & Shapiro (2012) où le participant doit évaluer sur une échelle de « 1 » à « 7 » son niveau de somnolence au lever, pendant son quart de travail et à la fin de celui-ci. De plus, le participant doit inscrire à l’agenda la quantité d’alcool ou de médicaments consommée. Les variables suivantes sont notamment issues de l’agenda du sommeil : le TTS, le TE, la LE et l’ES3.

Index de Sévérité de l’Insomnie (ISI; Blais, Gendron, Mimeault, & Morin, 1997). Il s’agit d’un questionnaire autorapporté évaluant la sévérité des symptômes d’insomnie à l’aide de sept items sur une échelle de type Likert de cinq points (« 0 » = pas du tout, « 4 » extrêmement). Les questions ont été adaptées à un contexte de travail de nuit et un score de 15 et plus représente un niveau d’insomnie cliniquement significatif (Gagnon, 2012). Ses qualités psychométriques sont adéquates (Bastien, Vallières & Morin, 2001).

Échelle de Somnolence d’Epworth (ESE; Johns, 1992). Ce questionnaire autorapporté évalue la propension à s’endormir pendant le jour sur une échelle de « 0 » à « 3 » pour huit

Figure

Figure 2. Évolution du temps d’éveil de jour du participant 1
Figure 3. Ébolution du temps total de sommeil de jour du participant 2
Figure 6. Évolution du temps d’éveil de jour du participant 3
Figure 7. Évolution du temps total de sommeil de jour du participant 4

Références

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