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Écrire serrés les uns contre les autres : “désincarcérer le futur” avec le collectif Zanzibar, pour ne pas terminer en boîtes à sardines

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Academic year: 2021

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Norbert Merjagnan : 

Utopie

,  déjà,  est  un  mot  qui  me  gêne,  puisque  c'est 

étymologiquement  un  lieu  qui  n'existe  pas.  Pour  moi,  l'avenir  doit  aller  vers  des 

modèles  multiples.  Il  faudrait  donc  trouver  un  autre  mot,  ce  à  quoi  on  réfléchit 

d'ailleurs  avec 

Alain 

Damasio. En  revanche,  le  besoin  d'anticipation  positive  existe 

très  fortement.  C'est  le  constat  qu'on  a  fait  avec  le 

collectif Zanzibar

Majoritairement,  le  science-fiction  propose  des  futurs  formatés  et  assez 

désespérants. Il y a vraiment besoin de réouvrir un futur que l'on désire. Parce que 

le futur, ce n'est pas qu'une anticipation, c'est aussi une projection de désir, d'envie. 

On  a  besoin  de  retrouver  des  désirs  qui  nous  portent,  c'est  une  question  de 

courant.  Il  y  a  énormément  de  gens  dans  la  SF  qui  ont  l'impression  de  ramer  à 

contre-courant,  et  qui  rêvent  de  trouver  le  courant  favorable.  Et  de  ramener  les 

autres vers ces rivières et ces fleuves dans le sens qui mènent à la mer, pour arrêter 

de s'épuiser continuellement.

Interview  de  Norbert  Merjagnan  par  Guillaume  Ledit,  Usbek & Rica,  11/1/2018, 

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Catherine Dufour : J'en  parlais  avec Léo Henry (auteur français de SF et de

fantasy, ndlr), qui a une jolie formule pour évoquer ce sentiment : il dit que la 

science-fiction est en train de se prendre le mur du réel dans la face. Moi qui me 

disait que c'était parce que j'avais dépassé la cinquantaine, je me rends compte 

que des gens plus jeunes ont le même problème ! La pensée humaine, sociale, 

littéraire,  a  aujourd'hui,  me  semble-t-il,  plus  de  mal  à  aller  plus  vite  que  les 

inventions. Et cela donne un futur qui a une gueule d'accident de voiture. On a 

donc  décidé  de  se  mettre  en  tas  et  on  s'est  dit  qu'on  allait  «  désincarcérer  le 

futur  ».  Et  avec  Norbert  Merjagnan,  Alain  Damasio  et  d'autres,  on  a  fondé  le 

collectif  Zanzibar.  L'objectif,  c'est  d'avoir  une  réflexion  ensemble,  d'écrire 

ensemble,  de  construire  des choses  ensemble.  Et  pour  ça,  on  se  confronte  au 

terrain : on est allé à 

Tarnac

 ou à 

Nuit Debout

, entre autres.

Interview  de  Catherine  Dufour  par  Guillaume  Ledit,  Usbek & Rica,  10/11/2018, 

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Vous êtes également engagé dans plusieurs processus d’écriture collective : comment cette pratique  se conçoit-elle dans des collectifs d’auteurs mais aussi dans un projet à plusieurs mains, que cela soit  en littérature ou dans d’autres médias?

En réalité, je n’ai jamais fait d’écriture collective. J’ai fait du scénario collectivement, ce qui est très  différent,  et  de  la  création  d’univers  par  brainstorm  et  collectivement,  ce  qui  ne  présente  pas  de  difficulté particulière. Il « suffit » de savoir écouter, de laisser fondre les égos ensemble, de ne jamais  se  croire  propriétaire  d’une  idée  ou  d’une  scène,  pas  plus  d’un  personnage.  Il  y  faut  une  forme  d’amitié et même d’amour, savoir s’effacer parfois, savoir s’imposer à d’autres moments, ou protéger  en l’argumentant l’idée d’un ami, quand on sent que l’idée soulevée est totipotente et peut s’ouvrir  de multiples potentialités. Il faut sentir, dans le flot des propositions, lesquelles ouvrent des espaces  plutôt  qu’elles  en  ferment  —  et  lesquelles  relèvent  du  cliché,  du  déjà-fait,  déjà-vu  et  lesquelles  relèvent  d’une  création  neuve,  qui  mérite  d’être  poussée.  Une  idée,  c’est  comme  une  personne :  certaines portent de la vie, du souffle, de la liberté, de la chaleur, rendent possible un monde ou un  moment précieux, d’autres territorialisent du négatif, ressassent du cliché, sombrent dans le facile.  C’est un art de slalomer entre les piquets en gardant sa vitesse et de filtrer les bonnes « vibes ».

Interview par Julie Delbouille, Björn-Olav Dozo et Lison Jousten, pour le numéro spécial de la revue Res Futurae, Science-fiction et jeu  vidéo, décembre 2018, extrait inédit.

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