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Le rôle de l'analyse critique du discours dans la traduction des textes politiques : analyse du discours du président Trump autour de la question nucléaire d'Iran

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Le rôle de l'analyse critique du discours dans la

traduction des textes politiques :

analyse du discours

du président Trump autour de la question nucléaire

d'Iran

Mémoire

Sousan Ashrafi

Maîtrise en traduction et terminologie - avec mémoire

Maître ès arts (M.A.)

Québec, Canada

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Le rôle de l’analyse critique du discours dans la

traduction des textes politiques : Analyse du

discours du président Trump autour de la

question nucléaire d’Iran

Mémoire

Sousan Ashrafi

Sous la direction de :

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Résumé

La notion d’idéologie figure parmi les principaux facteurs qui ont un impact sur l’esprit des traducteurs lors de la production du texte cible. L’analyse critique du discours (ACD) est souvent utilisée pour analyser le discours politique afin de découvrir l’idéologie de l’orateur. En adoptant l’analyse critique du discours et en mettant particulièrement l’accent sur le cadre théorique de Hatim et Mason (1990, 1991, 1997), la présente étude a pour objectif de révéler la relation entre la langue et l’idéologie impliquées dans la traduction, de découvrir les hypothèses idéologiques sous-jacentes dans les textes source et cible, et de déterminer si les idéologies des traducteurs sont imposées ou non dans leurs traductions. Pour ce faire, nous analyserons la traduction en persan du discours du président Trump lors de son retrait de l’accord nucléaire iranien. Afin d’indiquer les orientations idéologiques du traducteur, l’étude s’est principalement concentrée sur deux caractéristiques textuelles, à savoir la transitivité et la lexicalisation.

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Table des matières

Résumé ... ii

Table des matières ... iii

Liste des tableaux ... vi

Liste des abréviations et des sigles ... vii

Remerciements ... viii Introduction ... 1 0.1. Aperçu ... 1 0.2. État de la question : ... 4 0.3. Objectifs ... 6 0.4. Questions de recherche ... 6 0.5. Importance de l’étude ... 6 0.6. Organisation de l’étude ... 7

Chapitre 1 Cadre conceptuel : définition des principales notions sous-tendant l’étude ... 9

1.1. Aperçu ... 9

1.2. Traduction, manipulation et idéologie ... 9

1.3. Traduction et presse ... 10

1.4. Idéologie ... 12

1.5. Idéologie et politique ... 15

1.6. Discours ... 16

1.7. Analyse du discours (AD) ... 17

1.8. Discours politique et idéologie ... 17

1.9. Idéologie et traduction ... 18

1.10. Discours politique et traduction ... 22

1.11. Analyse critique du discours (ACD) ... 25

1.12. Différentes approches dans le domaine de l’ACD ... 27

1.12.1 Fowler (linguistique critique) ... 27

1.12.2 Fairclough (approche socioculturelle) ... 27

1.12.3 Wodak (l’approche historico-discursive) ... 29

1.12.4 Van Dijk (approche sociocognitive) ... 30

1.13. Traductologie et ACD ... 32

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1.15. Médiation ... 35

1.16. Cadre théorique ... 36

1.16.1 Approche analytique de Hatim et Mason... 36

1.16.2 Analyse de la transitivité ... 38

1.16.3 Transitivité et analyse critique du discours ... 40

Chapitre 2 Méthodologie ... 42 2.1. Aperçu ... 42 2.2. Plan de la recherche ... 42 2.3. Instruments ... 43 2.3.1. Matériaux ... 43 2.4. Paramètres d’analyse ... 43

2.4.1 Approche analytique de Hatim et Mason... 43

2.4.2 Transitivité ... 43

2.4.3Lexicalisation ... 43

2.5. Procédure ... 44

Chapitre 3 Historique des activités nucléaires iraniennes ... 46

3.1. Aperçu ... 46

3.2. La genèse du programme nucléaire iranien ... 46

3.3. La révolution islamique ... 48

3.4. La crise nucléaire ... 49

Chapitre 4 Analyse des données ... 52

4.1. Aperçu ... 52

4.2. Contextes du discours ... 52

4.2.1 Un résumé de ce que Trump couvre dans son discours ... 53

4.2.2 Particularités du discours de Trump ... 53

4.3. ACD du texte source ... 53

4.3.1 Analyse de transitivité du texte source ... 53

4.4. ACD du texte traduit ... 60

4.4.1 Analyse de transitivité du texte traduit ... 60

4.5. Quelques exemples des changements dans le système de transitivité ... 63

4.6. Analyse de lexicalisation des deux textes ... 66

4.6.1 Variations lexicales ... 66

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Discussion et conclusion ... 77

Bibliographie : ... 84

Annexes ... 90

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vi

Liste des tableaux

Tableau 1 - Types de procès et leurs participants ... 40

Tableau 2 - Transitivité dans le discours original ... 54

Tableau 3 - Analyse de la transitivité du discours original (procès matériel) ... 55

Tableau 4 - Procès relationnels dans le texte source ... 57

Tableau 5 - Transitivité dans le texte traduit ... 60

Tableau 6 - Procès matériel dans le texte traduit ... 61

Tableau 7 - Procès relationnel dans le texte traduit ... 61

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vii

Liste des abréviations et des sigles

ACD Analyse critique du discours AD Analyse du discours

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viii

Remerciements

Je tiens à exprimer ma profonde gratitude envers mon directeur de recherche, M. Louis Jolicoeur, pour sa patience, son soutien et sa disponibilité pendant la rédaction de ce mémoire, et surtout pour ses judicieux conseils, qui ont contribué à alimenter ma réflexion. Sans son appui inestimable, ce mémoire n’aurait jamais vu le jour.

Je remercie également Mme Alexandra Hillinger et Mme Zélie Guével pour leurs précieux commentaires, sans lesquels la présente étude aurait été incomplète.

Je désire remercier le Département de langues, linguistique et traduction de l’Université Laval pour son atmosphère amicale, son aide et son soutien inconditionnel.

Je voudrais remercier ma mère pour son soutien constant et ses encouragements.

Enfin, je tiens à remercier tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réalisation de ce travail et qui n’ont pas pu être cités ici.

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Introduction

0.1. Aperçu

Depuis son existence, l’être humain a toujours eu besoin de communiquer et n’a cessé de chercher à améliorer ses moyens de communication. La traduction rend facile la communication et joue un rôle de médiateur entre les différentes cultures. Cependant, à cause des différences culturelles et linguistiques, il n’est pas facile de transférer un message d’une langue à une autre, surtout quand il s’agit de langues et de cultures très différentes. En outre, le traducteur ne peut pas se servir d’une seule stratégie pour traduire les différents types de texte. En d’autres termes, dans le processus de traduction plusieurs facteurs tels que le temps, le lieu, les moments historiques et les situations spécifiques de la traduction ainsi que des facteurs socioculturels et idéologiques déterminent les différentes stratégies que le traducteur peut employer pour produire différentes traductions (Sanatifar, 2013). Dans le domaine de la traduction, la question du genre et du type de texte a constitué un vaste champ d’investigation . Chaque genre a ses propres caractéristiques, ce qui le distingue des autres types de textes. Par conséquent, différents types de textes nécessitent différentes techniques et stratégies de traduction.

L’un des facteurs les plus importants dans le domaine de la traduction qui pourrait avoir une grande influence sur les choix du traducteur est le contexte social et culturel dans lequel les textes sont produits. Des éléments sociaux et culturels influencent les choix du traducteur et peuvent influencer son esprit. Dans chaque société, les textes se produisent en fonction des croyances et des idéologies existantes dans cette société qui peuvent être très différentes de celles des autres communautés. De ce fait, il n’est pas facile pour le traducteur de traduire un texte produit dans une société dont les idéologies vont à l’encontre de celles de la société cible. Ainsi, la traduction en tant qu’événement de communication qui implique l’utilisation sociale de la langue ne peut jamais être étudiée sans tenir compte de ses aspects contextuels et socioculturels.

La manipulation est un phénomène courant dans le domaine de la traduction, qui n’a été étudié que récemment par les théoriciens de la traduction. Il a été au centre de l’attention de nombreux chercheurs (linguistes, psychologues, chercheurs en sciences politiques)

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depuis des années 1970, mais aucune définition claire et précise de celui-ci n’a été encore offerte. La manipulation peut être perçue comme l’utilisation des stratégies manipulatrices dans la traduction afin de cacher ses véritables intentions, bonnes ou mauvaises. La manipulation est consciente ou inconsciente. La manipulation consciente est le résultat de considérations idéologiques, économiques et culturelles et procède consciemment. La manipulation inconsciente est attribuée aux caractéristiques de la psychologie humaine et à l’ignorance (manque de langage ou de connaissance du monde) (Kramina, 2004).

André Lefevere, l’un des représentants de la Manipulation School, croit que les textes ne sont pas traduits dans le vide, mais manipulés ou réécrits pour des raisons idéologiques. Selon lui, l’idéologie et la poétique dominantes sont les deux éléments principaux qui influencent la traduction (Bassnett et Lefevere, 1992), ce qui peut poser un problème pour transférer le sens exact du texte source au lecteur cible.

Schäffner (2004) affirme que les études modernes en traduction ne se préoccupent plus de savoir si une traduction a été fidèle au texte source. « L’accent est plutôt mis sur les pratiques sociales, culturelles et communicatives, sur la signification culturelle et idéologique de la traduction et sur la relation entre le comportement de traduction et les facteurs socioculturels1 » (p.136). La question qui se pose ici est de savoir dans quelle

mesure l’idéologie pourrait influencer le traducteur pendant qu’il traduit le texte source. La politique exerce une grande influence sur nos vies sociales et individuelles, sur nos croyances et idéologies et sur notre façon de communiquer avec les autres communautés sociales. Ainsi, parmi les différents genres, les textes politiques sont les plus idéologiques et présentent de grands défis pour le traducteur pendant le processus de la traduction. Le langage politique est difficile à traduire parce qu’il implique la philosophie, la manifestation culturelle et l’idéologie pour atteindre des buts persuasifs (Abdel-Hadi, 2015). Selon

1 « Instead, the focus is on social, cultural, and communicative practices, on the cultural and

ideological significance of translating and of translations, on the external politics of translation, on the relationship between translation behaviour and socio-cultural factors » (Schaffner, 2004, p. 136).

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Chilton et Schäffner (1997), même les gens ordinaires pensent que les politiciens et les institutions politiques sont soutenus par un langage éthique persuasif et manipulateur. Le langage politique diffère du langage commun, car la valeur sémantique des mots politiques est plus riche que celle des mots de tous les jours (Sárosi-Márdirosz, 2014). Pour comprendre le langage politique, il faut reconstituer, par interprétation, les pensées qui sont présentes dans le texte politique. Cette reconstruction est un processus mental à travers lequel nous reconstruisons le texte en fonction de nos connaissances afin de mieux comprendre (Sárosi-Márdirosz, 2014). « Le politicien rompt avec le langage normal utilisé par les gens ordinaires et les contraint à un domaine linguistique spécifique. La pertinence politique d’un terme donné ne devient visible que dans ce langage spécifique, qui détruit l’usage quotidien du langage humain » (notre traduction) (Sárosi-Márdirosz, 2014, p.10). Le langage politique ne peut pas être considéré comme un langage technique compact et les expressions politiques n’ont pas de valeur intrinsèque. Elles ne peuvent être définies que par rapport au discours dont elles font partie (Sárosi-Márdirosz, 2014).

La traduction politique joue le rôle d’un pont essentiel dans les relations internationales. C’est une traduction complexe et délicate, car elle concerne les intérêts nationaux et les relations extérieures et exige une connaissance parfaite des situations politiques, culturelles et historiques des pays en question. Le discours politique et l’aspect culturel sont des questions problématiques lors de la traduction du texte politique. Les politiciens utilisent le discours politique pour manipuler la langue et atteindre leurs objectifs. Ainsi, la traduction est un outil nécessaire pour les politiciens sans lequel ils ne seront pas en mesure d’atteindre facilement leurs objectifs et de convaincre les autres (Abdel-Hadi, 2015).

Si on considère la traduction comme un événement de communication, le traducteur ne transmet pas seulement les aspects idéologiques du texte source, mais il peut aussi laisser des traces idéologiques qui lui sont propres. Ainsi, dans le processus de traduction, les traducteurs produisent non seulement un sens sémantique, mais aussi un sens idéologique. Par conséquent, le texte cible reflète le contexte socioculturel et idéologique du traducteur ainsi que ses croyances et attitudes. Selon Schaffner, il y a des cas où des traducteurs ou des interprètes ont reçu la consigne d’utiliser certains termes précis et d’éviter d’en utiliser d’autres. Elle ajoute que les traducteurs et les interprètes travaillent dans des contextes

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façonnés par des objectifs sociaux et des idéologies, ce qui est particulièrement évident dans le domaine de la politique (Sanatifar, 2013). L’Analyse critique du discours a pour objectif de découvrir ces idéologies cachées dans le texte et de vérifier comment et dans quelle mesure ces traits idéologiques peuvent influencer les représentations mentales des individus.

0.2. État de la question :

L’analyse critique du discours (ACD) est une méthode interdisciplinaire d’analyse de texte ou de discours qui a pour but de découvrir les idéologies implicites dans les textes et y déceler les préjugés idéologiques et l’influence du pouvoir. L’ACD a été appliquée à la théorie de la traduction dans les années 1980 et 1990 (Pym, 1992). Ainsi, les longs débats sur les questions linguistiques, en particulier l’équivalence, ont cédé la place à de nouvelles théories de la traduction qui considèrent celle-ci comme un acte culturel, social et politique (Bassnett et Lefevere, 1998). En effet, les choix faits par le traducteur dans la production du texte cible sont basés sur le contexte socioculturel du traducteur, ses connaissances linguistiques et son expérience avec d’autres textes et discours. Ainsi, les traducteurs apportent des modifications au texte pendant le processus de traduction, consciemment ou inconsciemment.

Selon Hatim et Mason (1997), la médiation (le degré de l’intervention du traducteur) peut être plus distinctive dans les traductions politiques. Ces deux chercheurs font une distinction entre « l’idéologie de la traduction » et « la traduction de l’idéologie ». Le premier concept fait référence au type d’orientation suivi par un traducteur lorsqu’il travaille dans un contexte socioculturel spécifique, tandis que le second concerne le degré de la « médiation » (intervention) du traducteur dans la traduction des textes qui sont idéologiquement sensibles (Hatim et Mason, 1997). Dans les études de traduction, l’idéologie a été principalement liée à la manipulation et au pouvoir (Munday, 2007b).

Aujourd’hui, la traduction fait partie intégrante du développement du discours politique puisque les textes politiques sont désormais produits pour un public international. Par conséquent, les lecteurs façonnent leurs perceptions sur la base de la traduction, ce qui peut parfois être considéré comme un acte de tromperie quand le traducteur change délibérément la position idéologique du texte source dans la traduction. Les analystes du discours

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politique ont pour objectif de révéler le pouvoir caché et les structures idéologiques derrière le discours politique. Chilton et Schäffner (2004) affirment que la seule façon de comprendre comment les politiciens parviennent à influencer la société et à faire accepter leurs opinions à un large public est d’analyser leur texte et propos. Ainsi, le traducteur, en tant que producteur de texte, devra opérer entre deux environnements socioculturels et chercher à reproduire son interprétation du texte source afin de produire les mêmes effets sur les lecteurs (Hatim et Mason, 1997).

L’ACD a été principalement appliquée à des textes politiques dans le but d’analyser le pouvoir sous-jacent et la lutte idéologique créée par les producteurs de tels textes. L’application de l’ACD à l’analyse des textes sources et cibles dans le domaine de la traduction aidera le traducteur à prendre conscience des conventions du genre, du contexte social des textes sources et cibles, ainsi que de la formation du pouvoir et des relations idéologiques (Mahdiyan et Rahbar, 2013).

Dans le cadre de cette étude, nous allons analyser l’effet de l’idéologie et les obstacles qu’elle crée pour le traducteur dans la traduction en persan du discours du président Trump lors de son retrait de l’accord nucléaire iranien. Comme mentionné plus haut, la traduction des textes politiques est toujours problématique en raison des caractéristiques idéologiques, culturelles, linguistiques et stylistiques du discours politique. Le langage politique n’est pas un langage simple et les politiciens utilisent toujours des stratégies linguistiques pour mieux influencer leur public et les encourager à accepter leurs opinions, ce qui rend la traduction plus difficile.

Dans notre cas, le problème pourrait s’avérer plus complexe à cause des vives tensions entre l’Iran et l’Occident sur la question nucléaire iranienne, ce qui fait que les textes produits dans ce domaine en Occident vont à l’encontre des opinions et des objectifs des politiciens iraniens. De ce fait, la traduction de tels textes posera de nombreux problèmes au traducteur persan qui, influencé par des éléments idéologiques et culturels, ne sera pas complètement libre dans ses choix. Par conséquent, il risque de produire une traduction qui ne transmet pas la même signification idéologique que le texte source.

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0.3. Objectifs

L’objectif général de cette étude est de révéler les relations de pouvoir et les relations idéologiques sous-jacentes et souvent implicites dans le discours produit par le président Trump, lors de son retrait de l’accord nucléaire iranien, notamment en comparant le texte source avec sa traduction en persan. Nous cherchons à révéler les structures idéologiques cachées dans le discours politique source et dans sa traduction. Nous viserons ensuite à découvrir l’incidence probable des restrictions socioculturelles et idéologiques des traducteurs sur le discours politique traduit et à déterminer si toute manipulation idéologique dans la traduction entraîne un changement dans la signification originale du texte source et cause une mauvaise compréhension du texte chez le lecteur cible.

0.4. Questions de recherche

Dans cette étude, nous nous proposons de répondre aux questions suivantes :

1. Les valeurs idéologiques exprimées par le président Trump dans le texte de départ sont-elles également maintenues dans le texte cible ? En d’autres termes, le sens idéologique des mots est-il le même dans les deux textes ?

2. Les contraintes socioculturelles et idéologiques particulières du traducteur affectent-elles la traduction du discours politique ? Dans quelle mesure ?

3. Les modifications apportées au cours du processus de traduction changent-elles la position idéologique des textes politiques ?

0.5. Importance de l’étude

L’importance de cette étude pourrait être examinée sous deux angles. Tout d’abord, selon l’évolution récente de la linguistique, la théorie du linguiste suisse Ferdinand de Saussure selon laquelle la langue est un système autonome existant en dehors de la société a cédé la place à l’approche moderne. Cette approche moderne considère la langue comme le moyen central dans lequel le monde social est construit (Muntigl, 2002, p.49). Par conséquent, on peut dire que le langage lui-même peut être utilisé pour restreindre la façon dont ses utilisateurs pensent et agissent. Il est donc nécessaire d’avoir une vision plus large des textes plutôt que de s’en tenir aux systèmes des langues.

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Deuxièmement, comme nous l’avons déjà mentionné, la seule façon de comprendre comment les politiciens parviennent à influencer la société et à faire accepter leurs opinions à un large public est d’analyser leur texte et propos (Chilton et Schäffner 2004). L’analyse des textes politiques est une analyse socioculturelle des idéologies sous-jacentes dans le discours écrit et parlé. De ce fait, afin de découvrir l’idéologie impliquée dans le processus de traduction, il est nécessaire d’analyser les contextes sociaux et idéologiques des textes source et cible et de les examiner d’une façon critique pour trouver les différences possibles entre les deux textes. Ensuite, on peut voir si le texte cible est la traduction de l’idéologie ou s’il est le résultat de l’idéologie cachée dans le processus de la traduction.

Ainsi, la présente recherche et ses résultats sont importants dans le domaine de la traduction, car ils fournissent à ce domaine des idées perspicaces sur le rôle de l’idéologie dans la traduction des textes politiques. Ils indiquent à quel point l’idéologie peut manipuler le processus de traduction et à quel point le traducteur est influencé par les normes de la société. En d’autres termes, vu que dans le cadre de cette étude nous faisons face à deux cultures et idéologies très différentes, les résultats vont éclairer le rôle de l’idéologie dans le domaine de la traduction.

Dans le cadre de cette recherche, nous allons découvrir si les traductions persanes des discours politiques en langue anglaise (surtout les discours politiques américains) sont imprégnées de traces idéologiques ou si elles reflètent le message exact du texte source. Cette étude est également importante en raison du fait qu’elle utilise un cadre axé sur la traduction pour analyser de façon critique un texte traduit. Enfin, ce mémoire est pertinent, car il tente de mettre en évidence l’effet et le résultat d’une mauvaise traduction du discours politique.

0.6. Organisation de l’étude

Dans le deuxième chapitre, nous passerons en revue les recherches effectuées précédemment sur le discours et leur contribution à la présentation d’un domaine multidisciplinaire appelé l’ACD. Nous allons ensuite expliquer les concepts de base de ce domaine. Nous décrirons aussi l’utilisation de l’ACD dans les textes, notamment politiques, traduits. Le troisième chapitre porte sur les plans et les instruments de la recherche actuelle. Dans le quatrième chapitre, nous allons présenter un court résumé de l’histoire du

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programme nucléaire iranien. Le cinquième chapitre décrira le contexte des discours de Trump et approfondira les textes source et cible pour découvrir les possibles différences idéologiques basées sur l’approche analytique de Hatim et Mason. Enfin, le sixième chapitre exposera et résumera brièvement les résultats.

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Chapitre 1 Cadre conceptuel : définition des principales notions sous-tendant l’étude

1.1. Aperçu

Dans ce chapitre, nous allons traiter de concepts tels que le discours, l’analyse du discours et l’analyse critique du discours. Ce chapitre expliquera la relation entre l’idéologie, le pouvoir et la traduction, puis indiquera comment l’analyse du discours politique a été intégrée à la traduction. Il expliquera ensuite le cadre théorique choisi, à savoir l’approche analytique et l’analyse de transitivité de Hatim et Mason et, en fin de compte, définira le rôle des médias dans la propagation des idéologies formulées par les politiciens. Il est important de noter que tous les extraits cités dans le présent travail sont notre traduction.

1.2. Traduction, manipulation et idéologie

Dans la vie moderne d’aujourd’hui, les nouvelles se répandent rapidement partout dans le monde et les gens sont exposés aux nouvelles plus qu’à toute autre période de l’histoire. Parmi tous les éléments de socialisation qui forment les croyances, les valeurs et les comportements des individus, les médias de masse apparaissent comme l’un des plus répandus et des plus puissants. Durant ces dernières années, les modes de transmission des nouvelles ont été considérablement améliorés et avec l’émergence de nombreux réseaux d’informations multilingues à travers le monde, les lecteurs de différentes langues peuvent accéder aux informations mondiales.

Les gens sont fortement influencés par ce que les médias leur font voir, entendre ou lire. Tous les mots et toutes les phrases qui se propagent dans les médias et la presse peuvent affecter la vie des personnes. Chaque individu peut adopter diverses attitudes envers les événements mondiaux, ce qui dépend de la façon dont il analyse les nouvelles qu’il entend tous les jours. Selon Schäffner, les médias jouent un rôle important dans la diffusion de l’information sur les idées et les décisions politiques des autres pays. Les gens basent leurs opinions sur ce qu’ils entendent dans les médias, et les dirigeants politiques pourront également prendre leurs décisions selon les informations qu’ils reçoivent par les médias. Il est important que l’information fournie soit fiable (Sanatifar, 2013). Ce qui est important à savoir est que les gens ignorent généralement que les nouvelles diffusées dans les médias poursuivent des buts idéologiques. En effet, les nouvelles sont déterminées par la société et la culture et elles ne transmettent pas des données émergeant de faits réels. Les producteurs

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de nouvelles sont des agents sociaux dans un réseau de relations sociales qui révèlent leur propre position par rapport aux différents événements mondiaux. Il est largement admis que l’idéologie du fournisseur de nouvelles joue un rôle important dans la diffusion des nouvelles (Aslani, 2016). La question qui se pose ici est de savoir si la presse est un reflet de la réalité sociale ou si elle a le potentiel de créer ou de fausser la réalité.

Dans tous les pays, soit dans les pays les moins développés ou les plus développés, les acteurs des médias sociaux jouent un rôle primordial dans la formation des idées et dans l’action de changer certaines mentalités répandues à travers le public et en particulier chez les jeunes. Les acteurs des médias sociaux, comme les politiciens, ont la capacité de changer la réalité et pour cela, ils suivent certaines politiques éditoriales. À côté des journalistes et des éditeurs, les traducteurs jouent également leur rôle dans la formation d’une vision du monde et peuvent présenter une image différente de la réalité (Sanatifar, 2013).

Au cours du processus de traduction, le traducteur se trouve toujours au sein de différentes idéologies, celles de l’auteur, du lecteur et de lui-même, qui exercent une grande influence sur ses choix. Quand il s’agit de traduction politique, la situation est encore plus complexe, surtout lorsque le traducteur travaille dans des agences de presse. Dans ce cas, il est soumis aux idéologies et réflexions de ses supérieurs et ses traductions pourront être modifiées par l’éditeur.

1.3. Traduction et presse

L’étude des médias s’est considérablement développée au cours de ces dernières années. Au début, la presse écrite constituait la base de l’analyse critique. Par exemple, dans certaines études les chercheurs ont analysé le langage de la presse (par exemple Lüger 1995, Montgomery 2007), en soulignant des caractéristiques lexicales, syntaxiques et stylistiques spécifiques (Schäffner et Bassnett, 2010). Dans d’autres recherches, on a analysé l’idéologie telle qu’elle se reflète dans les médias et dans les structures textuelles. Par exemple, Van Dijk (1985, 1988, 1991) et Fairclough (1995 a, 1995 b) ont montré comment les idéologies dominantes étaient reproduites dans les médias et comment les idéologies pouvaient être révélées en examinant les caractéristiques linguistiques des textes (Schäffner et Bassnett, 2010). Van Dijk (1991) a analysé la question du racisme dans la presse britannique. Il énumère cinq opérations centrales dans la production de l’information :

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sélection, reproduction, résumé, transformation locale (addition, suppression, permutation, substitution) et formulation stylistique et rhétorique. Ces procédures peuvent également être utilisées pour décrire la production de nouvelles au-delà des frontières linguistiques (Schäffner et Bassnett, 2010).

En 2003, Bielsa et Bassnett, dans leur projet financé par le UK Arts and Humanities Research Council, ont examiné la façon dont la traduction fonctionne dans le transfert de nouvelles au-delà des frontières linguistiques et culturelles. Leur projet avait pour but d’analyser la façon dont les agences de presse emploient la traduction et a conclu qu’il n’existe pas de paramètres clairement établis, ni pour la formation des traducteurs ni pour l’évaluation des compétences en traduction. Il existe plutôt des attitudes très ambiguës à l’égard de la traduction dans le monde du reportage. Cette ambiguïté se manifeste d’une part par l’évitement du mot « traduction », les journalistes/traducteurs se considérant eux-mêmes comme des journalistes uniquement, et d’autre part par l’absence de formation des traducteurs dans le domaine des médias (Schäffner et Bassnett, 2010).

La traduction implique non seulement le transfert linguistique, mais aussi le transfert d’éléments sociaux et culturels. Ainsi, dans le processus de traduction des informations internationales, on transfère aussi les éléments culturels et sociaux (Palumbo, 2009). La traduction est un facteur qui peut garantir le succès de la presse dans la diffusion de l’actualité et fait partie de la production de l’information internationale en traversant les frontières linguistiques et culturelles. Elle joue ainsi un rôle primordial dans le processus mondial de collecte et de diffusion des informations. Comme on le voit aujourd’hui, de nombreuses agences de presse produisent des textes à la fois dans la langue nationale du pays auquel l’agence appartient et dans une langue internationale, le plus souvent l’anglais (Chilton, 2004). Cependant, la traduction des informations n’occupe pas une grande place dans les recherches en traduction et il est nécessaire qu’on aborde plus en détail les problèmes existant dans ce domaine.

La presse contribue au développement social, mais elle peut être aussi le produit des structures et des systèmes sociaux. Les structures sociales étant en changement constant, la presse est aussi influencée par ces changements. Par exemple, l’Iran pendant son histoire tumultueuse a toujours entretenu des relations avec les Occidentaux et ces relations ont

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entraîné des changements dans tous les domaines sociaux. Au XVIIIe siècle, l’arrivée de la technologie occidentale a influencé la société iranienne et a marqué le début de la période transitoire de l’Iran et son passage de la tradition à la modernité (Pilvar, 2015). Parmi les événements les plus importants qui sont survenus dans le cadre des relations de l’Iran avec l’Occident et qui ont influencé la société iranienne, on peut citer les suivants : la défaite contre la Russie, la révolution constitutionnelle influencée par l’Occident, l’occupation du pays par les Russes et les Anglais pendant la Première Guerre mondiale, l’émergence des mouvements nationaux et du nationalisme contre les occupants et donc les relations entre l’Iran et l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale, la nationalisation du pétrole par le premier ministre iranien Mossaddegh, le coup d’État des États-Unis et de l’Angleterre contre son gouvernement, le rapprochement entre Mohammad Reza Shah et l’Occident (surtout les États-Unis) et enfin la révolution islamique (Pilvar, 2015). Pendant toutes ces périodes, la presse iranienne a subi des changements sociaux et politiques sous l’influence du pouvoir politique en place. Parfois, elle a profité d’une certaine liberté et parfois elle s’est trouvée sous contrôle strict du gouvernement, mais elle a toujours accéléré le processus des changements sociaux, culturels, politiques, etc.

1.4. Idéologie

Dans le cadre de l’ACD, il existe deux définitions du terme « idéologie », qui sont utilisées de façon interchangeable. La première définition considère la traduction comme « des représentations des aspects du monde qui peuvent contribuer à établir, maintenir et modifier des relations sociales de pouvoir, de domination et d’exploitation » (notre traduction) (Fairclough, 2003, p.9). La définition la plus récente de l’idéologie a été créée par Teun A. Van Dijk à partir de la tradition de la psychologie cognitive. Cette définition a été adoptée par Hatim et Mason (1997) qui la définissent comme « les hypothèses tacites, les croyances et les systèmes de valeurs qui sont partagés collectivement par les groupes sociaux » (notre traduction) (p.144).

La notion d’idéologie a été inventée par le philosophe français Destutt de Tracy à la fin du XVIIIe siècle. Pour Destutt de Tracy, l’idéologie est considérée comme une science des idées qui étudie la façon dont on pense, parle et discute, ce qu’on appelle aujourd’hui la psychologie ou même les sciences cognitives (Van Dijk, 1943). Van Dijk (1943) affirme

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que le concept d’idéologie est souvent utilisé dans les médias et les sciences sociales, mais il reste l’une des notions les plus vagues dans le domaine des sciences sociales. Il prétend que « les idéologies sont généralement, mais non exclusivement, exprimées et reproduites dans le discours et la communication, y compris les messages sémiotiques non verbaux, tels que des images et des films » (notre traduction) (Van Dijk, 1995, p.17). L’usage quotidien de la notion d’idéologie est plutôt négatif et fait référence aux idées rigides et erronées des autres. En effet, l’idéologie n’avait pas cette signification négative à l’origine. Destutt de Tracy a introduit ce terme pour désigner une nouvelle discipline qui étudierait les idées. Selon Vin Dijk (2004), « dans les sciences politiques contemporaines, la notion d’idéologie est utilisée dans un sens descriptif plus neutre, par exemple pour désigner des systèmes de croyances politiques » (notre traduction) (p.2). Les idéologies ne sont pas nécessairement négatives. Elles ont des structures et des fonctions similaires, mais leur caractère négatif ou positif dépend de la perspective, les valeurs ou l’appartenance à un groupe de celui qui les évalue.

De nombreuses idéologies sont liées aux situations de concurrence, de conflit, de domination et de résistance entre groupes. Ainsi, la plupart des structures mentales des idéologies sont polarisées sur la base d’une différenciation entre groupes, généralement entre Nous et Eux (Van Dijk, 2004). L’idéologie a une nature dominante et joue un rôle dans la légitimation de l’abus de pouvoir par des groupes dominants. « L’une des formes les plus efficaces de domination idéologique est lorsque les groupes dominés acceptent également les idéologies dominantes comme un sens naturel et logique » (notre traduction) (Van Dijk, 2004, p.2).

Selon Van Dijk (2004), « une idéologie est le fondement des représentations sociales partagées par un groupe social » (notre traduction) (p.2). Il croit que les idéologies possèdent des propriétés sociales et cognitives. Sur le plan cognitif, les idéologies sont considérées comme un type particulier de systèmes de croyances sociales qui sont enregistrés dans une mémoire à long terme. Sur le plan social, ces systèmes de croyances sont partagés socialement par les membres des groupes sociaux (Van Dijk, 2004). Comme les langues, les idéologies sont essentiellement sociales et il n’existe pas d’idéologie personnelle ou individuelle. Van Dijk (2004) souligne que l’identité des groupes ne repose

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pas seulement sur leurs propriétés structurelles, mais aussi sur leur idéologie. Les idéologies forment la base des croyances ou des représentations sociales des membres des groupes, telles que leurs connaissances et leurs opinions.

« Les idéologies incarnent les principes généraux qui contrôlent la cohérence globale des représentations sociales partagées par les membres d’un groupe. Par exemple, une idéologie raciste peut contrôler des attitudes spécifiques par rapport à l’immigration » (notre traduction) (Van Dijk, 2004, p.3). Les idéologies sont relativement stables. Normalement, elles sont acquises au cours de nombreuses années et restent actives pendant toute la vie des membres du groupe. Les individus peuvent appartenir à plusieurs groupes, ils peuvent donc avoir différentes idéologies. De ce fait, un individu peut être nationaliste, socialiste ou féministe (Van Dijk, 2004). Lorsque ces idéologies sont utilisées en même temps, dans le discours ou dans d’autres pratiques sociales, elles pourront conduire à des conflits.

Les idéologies de groupe peuvent influencer les pratiques sociales et donc les discours des membres du groupe (Van Dijk, 2004). En effet, les idéologies sont reproduites par les pratiques sociales et notamment les discours d’un groupe. Les groupes peuvent organiser l’acquisition et la reproduction discursives des idéologies, par exemple par des formes spéciales d’éducation, de formation professionnelle ou par des membres de groupes spécialisés tels que les idéologues, les prêtres, les enseignants, etc. (Van Dijk, 2004.) Ainsi, les idéologies constituent la base des représentations sociales d’un groupe et contrôlent les discours et les autres pratiques sociales des membres du groupe. De cette manière, les idéologies sont nécessaires pour créer la coopération et la cohésion au sein d’un groupe, ainsi que pour la gestion des relations entre groupes, comme des conflits ou des luttes (Van Dijk, 2004).

Ainsi, Van Dijk propose une approche multidisciplinaire qui insiste non seulement sur la nature sociale et politique des idéologies, mais aussi sur leur nature sociocognitive. Selon Van Dijk (2004), des différentes approches qui étudient la notion de l’idéologie peuvent être intégrées dans une seule théorie multidisciplinaire. Une théorie de l’idéologie sans composante cognitive explicite est incomplète. On ne peut pas étudier les idéologies sans parler de la nature et des fonctions des idées socialement partagées.

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1.5. Idéologie et politique

Thompson (1984) souligne l’importance de comprendre le fonctionnement de l’idéologie dans tout discours. Il déclare que « l’idéologie n’est pas seulement, ni même principalement présente dans le discours des idéologies ; elle se concentre principalement sur le langage de la vie quotidienne, la communication à travers laquelle nous vivons notre vie quotidienne » (p.36). Au cours des dernières décennies, l’étude de l’idéologie dans le domaine de la langue a beaucoup progressé grâce aux travaux de Fowler et de ses collègues (p. ex. 1979), Hodge et Kress (1993), Fairclough (1989) et autres.

Le pouvoir est un autre concept central pour l’ACD, car c’est un domaine qui analyse souvent l’usage de la langue par les détenteurs du pouvoir, qui sont responsables de l’existence des inégalités. En général, les chercheurs de l’ACD s’intéressent à la façon dont le discours (re)produit la domination sociale, c’est-à-dire l’abus de pouvoir d’un groupe par rapport aux autres, et à la façon dont les groupes dominés peuvent résister à de tels abus par leur discours. Pour Van Dijk (2004), à côté des fonctions sociales générales, les idéologies ont plus spécifiquement des fonctions politiques. Le domaine de la politique peut être défini par ses systèmes globaux (comme la démocratie et la dictature), ses actions sociales spéciales (telles que le gouvernement, la législation ou les élections), le discours (tels que les débats parlementaires), ses relations sociales spéciales (telles que celles du pouvoir institutionnel), ses normes et valeurs (comme la liberté et l’égalité) et ses cognitions politiques (telles que les idéologies politiques).

Van Dijk (2004) souligne que le domaine emblématique par excellence de l’idéologie est le politique ; car c’est dans ce domaine que sont en jeu des groupes différents, des relations de pouvoir, des luttes et des intérêts différents et opposés. En effet, les groupes politiques, afin de rivaliser avec les autres groupes, doivent être idéologiquement organisés. Ainsi, le processus politique est essentiellement un processus idéologique et la connaissance politique est liée à l’idéologie. Van Dijk (2004) affirme que l’organisation sociale du domaine de la politique et des groupes politiques est basée sur des différences idéologiques et des similitudes. L’organisation générale des croyances sociales et la lutte entre la gauche et la droite sont le résultat des idéologies politiques qui ont imprégné la société. Ainsi, tous les phénomènes du domaine politique tels que les élections, les campagnes politiques et les

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manifestations sont profondément idéologiques. Les idéologies politiques imprègnent tout le champ politique. Des systèmes globaux tels que les démocraties, les pratiques politiques quotidiennes (les débats ou les manifestations parlementaires), les relations de groupe (telles que la domination et la résistance, le gouvernement ou l’opposition), les normes et les valeurs fondamentales (telles que l’égalité et l’indépendance) sont contrôlés par des idéologies (Van Dijk, 2004).

1.6. Discours

Le discours est un concept primordial de l’ACD et il est défini comme une forme de pratique sociale. Ainsi, le discours est l’une des pratiques sociales influencées par les idéologies et influence à son tour la manière dont nous acquérons, apprenons ou modifions les idéologies (Van Dijk, 1943). Hatim et Masson (1997) définissent le terme discours comme « modes institutionnalisés de parole et d’écriture qui expriment des attitudes particulières à l’égard des domaines d’activité socioculturelle » (p. 144). Selon Van Djik (2008), « le discours n’est pas seulement analysé comme un objet verbal autonome, mais aussi comme une interaction située, comme une pratique sociale, comme un type de communication dans une situation sociale, culturelle, historique ou politique » (Van Dijk, p.3). Fairclough (1995) précise que « le discours est l’utilisation du langage considéré comme une forme de pratique sociale et l’analyse du discours est l’analyse de la façon dont les textes fonctionnent dans la pratique socioculturelle » (p. 7).

Une grande partie de notre discours exprime nos opinions idéologiques. La plupart de ces opinions idéologiques sont obtenues en lisant et en écoutant les autres membres du groupe (comme nos parents). Plus tard, nous apprenons des idéologies en regardant la télévision, en lisant des manuels à l’école, des journaux et des romans ou en participant à des conversations quotidiennes avec des amis et des collègues (Van Dijk, 1943). Van Dijk (1943) affirme que « certains genres de discours, tels que le catéchisme, les réunions des partis politiques, l’endoctrinement et la propagande politique ont en effet pour objectif explicite d’enseigner les idéologies aux membres du groupe et aux nouveaux venus » (notre traduction) (p.9). Selon Van Dijk, il faut porter une attention particulière à ces dimensions discursives des idéologies. L’objectif de l’ACD est de découvrir comment les idéologies

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peuvent être exprimées ou dissimulées dans le discours, et comment les idéologies peuvent également être reproduites dans la société.

1.7. Analyse du discours (AD)

Le discours est une forme d’utilisation du langage, et l’analyse du discours (AD) est le cadre analytique qui a été créé pour étudier le texte et la parole dans le contexte communicatif. Selon Fitch au début, l’AD était axée sur la structure interne des textes. L’analyse linguistique du discours s’est concentrée sur la structure interne des textes, par exemple, les éléments linguistiques qui relient les parties du texte et les principes sémantiques par lesquels les mots et les phrases deviennent reconnaissables (notre traduction) (Fitch et Sanders, 2005, p.253).

Avec l’émergence de la linguistique systémique fonctionnelle (Hallliday, 1978), l’AD est devenue l’aspect central pour montrer que les intentions de l’orateur sont l’outil unificateur principal du discours. Ainsi, l’AD a commencé à influencer les autres disciplines comme la sociolinguistique, en mettant l’accent sur la façon dont les processus personnels et sociaux sont encodés dans le texte (Rahimi et Riasati, 2011).

Halliday a été une figure influente dans le domaine. Il a introduit un modèle tripartite (ténor, mode et champ) composé de phonologie, lexico-grammaire et sémantique. Il soutient que les textes sont un processus et un produit qui sont créés, intégrés et interprétés dans un contexte social spécifique (Rahimi et Riasati, 2011). Le cadre théorique d’Halliday est devenu la base d’une variété de modèles d’analyse du discours. Les textes sont analysés selon trois éléments indissociables : l’usage du langage, la communication et l’interaction (Van Dijk, 1997) ou la description (texte), l’interprétation (pragmatique) et l’explication (le contexte social et culturel) (Fairclough, 1999).

1.8. Discours politique et idéologie

Schäffner (2003) croit que les aspects idéologiques peuvent être plus ou moins évidents dans les textes, ce qui dépend du sujet du texte, de son genre et de son objectif de communication. Dans les textes politiques, les aspects idéologiques sont particulièrement dominants.

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Dans son travail Politics, Ideology and Discourse (2004), Van Dijk propose un cadre pour l’analyse du discours politique. Il considère le discours politique comme le plus idéologique. Van Dijk (2004) estime que :

L’organisation sociale dans le domaine de la politique, et donc des politiciens et des groupes politiques, repose largement sur des différences et des similitudes idéologiques. L’organisation globale des croyances sociales comme une lutte entre la gauche et la droite est le résultat de la polarisation sous-jacente des idéologies politiques qui a imprégné la société. En effet, les idéologies politiques ne sont pas seulement impliquées dans la production ou la compréhension de discours politiques et d’autres pratiques politiques, mais sont aussi (re)produites par elles. Les discours rendent les idéologies “observables” en ce sens que c’est seulement dans le discours qu’elles peuvent être explicitement “exprimées” et “formulées”. D’autres pratiques politiques ne font qu’implicitement montrer ou expérimenter des idéologies et donnent une image implicite des idéologies, par exemple dans des pratiques de discrimination sur la base d’idéologies sexistes, racistes ou politiques (notre traduction) (p. 5).

Le champ politique est parfaitement idéologique. Par conséquent, toutes les pratiques politiques et le discours politique sont aussi idéologiques. Les idéologies politiques sont impliquées dans la production ou la compréhension des discours et autres pratiques politiques et elles sont également (re)produites par eux (Van Dijk, 2004). Comme nous venons de le mentionner, Van Dijk (2004) souligne que le discours rend les idéologies observables et c’est seulement dans le discours que les idéologies peuvent être explicitement exprimées et formulées. Les autres pratiques politiques donnent une image implicite des idéologies. Ainsi, « c’est par le discours que les idéologies politiques sont acquises, exprimées, apprises, propagées et contestées » (notre traduction) (p. 5).

1.9. Idéologie et traduction

Selon Hatim et Masson (1997), la traduction n’est pas une activité neutre. Ils croient que « le traducteur agit dans un contexte social et fait partie de ce contexte. C’est dans ce sens que la traduction est, en soi, une activité idéologique » (notre traduction) (p.121). Selon Schäffner (2003), « toute traduction est idéologique puisque le choix du texte source et l’utilisation du texte cible sont déterminés par les intérêts, les buts et les objectifs des agents sociaux » (notre traduction) (p.1).

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La traduction peut être utilisée pour promouvoir les idéologies dominantes. Schäffner (2010a) croit que les méthodes de traduction sont appliquées de manière stratégique pour rendre les textes cibles conformes aux conceptions dominantes ou les défier. Le choix des textes à traduire ou à ne pas traduire est souvent une décision idéologique. Les idéologies influencent nos vies quotidiennes et peuvent être considérées comme les connaissances sociales implicites des membres des groupes. La traduction est une pratique sociale, les idéologies jouent ainsi un rôle important dans la production et la réception de traductions (Schäffner, 2010a).

La traduction en tant qu’acte interculturel peut être manipulée idéologiquement. De ce fait, on peut dire que la traduction est une manipulation, car dans chaque société il existe des normes et des idéologies qui limitent les choix du traducteur et qui ne lui permettent pas de traduire de façon complètement libre. De cette façon, il y a toujours des changements dans la version traduite par rapport au texte original.

Selon Lefevere et Basnett (1992), les traductions sont des réécritures, et « toutes les réécritures, quelle que soit leur intention, reflètent une certaine idéologie et une poétique et, en tant que telles, manipulent la littérature pour fonctionner dans une société donnée d’une manière donnée » (notre traduction) (p. xi). Ces deux chercheurs croient que la traduction est une manipulation au service du pouvoir et affirment que « les traductions ne sont pas faites dans le vide. Les traducteurs fonctionnent dans une culture donnée à un moment donné. La façon dont ils se comprennent eux-mêmes et leur culture est l’un des facteurs qui peuvent influencer la façon dont ils traduisent » (notre traduction) (p. xi).

Selon Lefevere, la traduction est la réécriture de textes sources manipulée par l’idéologie, la poétique, le clientélisme et l’univers du discours parmi lesquels l’idéologie et la poétique sont les plus importants. Il suggère que deux facteurs déterminent le travail du traducteur. Premièrement, l’idéologie du traducteur (l’idéologie qu’il accepte volontiers ou qui lui est imposée par le pouvoir), ensuite la poétique dominante dans la culture cible.

Lefevere (1992) croit que :

L’idéologie détermine la stratégie de base que le traducteur va utiliser. Elle détermine aussi des solutions à des problèmes liés à la fois à l’univers du discours exprimé dans la langue originale (objets, concepts, coutumes

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appartenant au monde qui était familier à l’auteur du texte original) et à la langue dans laquelle le texte original est exprimé (notre traduction) (p.26).

Basnett et Lefevere (1992) affirment que « l’idéologie est souvent appliquée par les clients et les personnes ou les établissements qui commandent ou publient des traductions » (notre traduction) (p.14). Ils parlent de pouvoir de la clientèle et soulignent que « les traducteurs ont tendance à avoir relativement peu de liberté dans leurs relations avec les clients, du moins s’ils veulent que leurs traductions soient publiées » (notre traduction) (p. 19). Ils ajoutent que les clients ont le pouvoir d’encourager ou d’empêcher la publication des traductions.

Gideon Toury (1995) aborde la dimension socioculturelle de la traduction et souligne que la traduction est soumise aux facteurs socioculturels qui influencent les choix du traducteur et l’oblige d’adopter des stratégies différentes. Toury déclare que « le traducteur fait des choix individuels qui sont guidés en grande partie par les normes en vigueur dans l´espace social dans lequel il vit et travaille. Des éléments idéologiques, politiques et religieux l´orientent vers telle stratégie, telle décision devant un choix » (Rakova, 2014, p.19). Toury propose ainsi une série de normes (la norme initiale, les normes préliminaires et les normes opérationnelles) qui justifierait les choix faits par le traducteur. Il refuse l’analyse de la traduction selon le texte source et affirme qu’il faut analyser la traduction selon son acceptabilité dans la culture cible et sa soumission aux normes de celle-ci. Il ne cherche pas à analyser la fidélité de la traduction par rapport au texte de départ. Selon Toury (1995), l’infidélité d’une traduction indique que le traducteur décide de produire une traduction acceptable pour la culture cible, car la soumission aux normes de la culture réceptrice entraîne des changements et l’infidélité dans la traduction par rapport au texte original. Il affirme ainsi que les normes traductives déterminent le degré d’équivalence du texte traduit et cherche à préciser le type et le degré d´équivalence traductive entre le texte original et le texte traduit. Chaque culture a ses normes particulières et différentes de celles des autres cultures, mais elles sont toutes instables. De ce point de vue, toute traduction est considérée comme une manipulation, car pour être conforme aux normes de la culture réceptrice, la traduction doit être manipulée. Le traducteur, s’efforçant de produire un texte acceptable pour la culture cible, est obligé de manipuler la traduction selon les structures de pouvoir

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politique et littéraire de la société cible. La question qui se pose ici est : pourquoi décide-t-on de traduire un texte étranger dans une culture ddécide-t-onnée et qu’est-ce qui détermine le choix de ce texte ? Il faut dire que les idéologies dominantes et les situations sociales, économiques, politiques et culturelles d’une société orientent les traducteurs à traduire les textes qui répondent aux besoins de cette société. Toury affirme que le traducteur choisit des textes selon les raisons idéologiques et les normes de la culture cible. Il ajoute que la position des textes traduits au sein de la culture cible dépend de leur importance et leur conformité aux règles de cette culture.

Dans son livre Translator’s invisibility (1995), Venuti présente les termes vernacularisation (domestication) et exotisation (foreignisation). Il souligne que « les termes “vernacularisation” et “exotisation” indiquent des attitudes fondamentalement éthiques envers un texte et une culture étrangers, des effets éthiques produits par le choix d’un texte à traduire et par la stratégie conçue pour le traduire » (notre traduction) (p.19).

Le processus de vernacularisation consiste à adapter tous les éléments étrangers qui appartiennent à la langue et la culture de départ, ce qui se fait lorsque le texte source appartient à une culture faible et se traduit vers une culture forte. Par conséquent, le lecteur ne pourra pas s’apercevoir que le texte lu est un texte traduit, car les éléments de la langue et de la culture source sont devenus familiers et faciles à comprendre. Les éléments comme les noms propres, les événements historiques, les situations géographiques et les particularités culturelles et linguistiques qui existent dans le texte source sont bien adaptés. L’exotisation est le contraire de la vernacularisation et présente une traduction orientée vers la culture source. Elle consiste à garder, dans la traduction, les éléments linguistiques et culturels de la langue source. Dans ce cas, le texte traduit reste fidèle à la culture de départ en gardant la forme, le style et toutes les caractéristiques du texte source. Dans une telle situation, la traduction donne l’impression au lecteur qu’il est dans un univers complètement différent. En s’éloignant de la culture cible, l’exotisation tend à présenter au lecteur les différences culturelles et linguistiques qui existent entre la langue source et la langue d’arrivée. Venuti défend la pratique de l’exotisation et affirme que son livre

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Venuti souligne que la viabilité d’une traduction dépend de sa relation avec les conditions culturelles et sociales dans lesquelles elle est produite. Pendant ce processus, les différences entre les deux cultures ne peuvent pas être complètement effacées, mais elles subissent certains changements. Le but de la traduction est de produire un texte familier et compréhensible et ce but risque toujours de créer une vernacularisation totale du texte source, surtout quand la traduction est faite pour présenter les caractéristiques d’une culture étrangère au lecteur cible (Venuti, 1995). L’effet de l’exotisation sera considérable lorsqu’on traduit un texte dont les caractéristiques culturelles vont à l’encontre des valeurs culturelles de la société cible. Venuti accepte ainsi qu’il y a toujours une certaine manipulation dans la traduction, mais il critique la manipulation totale du texte source. Selon Venuti (1992), « une traduction émerge comme une reconstitution active du texte étranger véhiculé par les différences linguistiques, discursives et idéologiques irréductibles de la culture de la langue cible » (p. 10).

1.10. Discours politique et traduction

Le domaine de la traduction a longtemps été fasciné par le discours politique. La traduction fait inévitablement partie des négociations internationales, des luttes et des jeux de pouvoir politique. Plusieurs recherches ont porté sur la traduction de textes politiques appliquant différentes approches parmi lesquelles l’analyse du discours politique ou critique (Schäffner 1997 ; 2002 ; 2003 ; 2004 ; Hatim et Mason 1990 ; 1997). Cependant, il n’y a pas d’approche définie et fixe de l’analyse des textes politiques traduits.

Le discours politique est un élément essentiel de la stratégie des politiciens pour atteindre leurs objectifs politiques, valoriser leurs opinions politiques, sécuriser le pouvoir, façonner le comportement général de la société et, surtout, diffuser l’idéologie dominante. De cette manière, le discours politique permet aux politiciens d’inculquer leurs pensées et leurs idées dans l’esprit de la société et, par conséquent, de persuader la société de croire en ce que les politiciens veulent (Shakouri, 2018).

Comme nous l’avons déjà souligné, l’analyse du discours a été appliquée à la théorie de la traduction dans les années 1980 et 1990 (Pym, 1992). L’intégration de l’analyse du discours dans les études de traduction a été initiée dans les théories fonctionnalistes de la traduction (Munday, 2001) qui se concentrait sur l’analyse du type de texte, de la fonction linguistique,

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de l’effet de la traduction et des participants de l’activité traductive (Lande, 2010). Quelques chercheurs ont contribué à cet axe de recherche en publiant quelques ouvrages, par exemple Schäffner (1997 ; 2002 ; 2003 ; 2004), Munday (2001 ; 2007), Calzada Pérez (2002) et Valdeón (2007). Hatim et Mason (1990 ; 1997) donnent un aperçu détaillé de la façon dont le modèle de l’ACD peut être intégré à la théorie de la traduction (Lande, 2010).

Schäffner et Bassnett, dans Political Discourse, Media and Translation (2010), ont analysé un article des anciens ministres des Affaires étrangères de France, Bernard Kouchner, et de Grande-Bretagne, David Miliband, publié en anglais dans International Herald Tribune le 14 octobre 2007, puis traduit en allemand sur le site de l’ambassade du Royaume-Uni en Allemagne, et en français sur celui de l’ambassade de France au Royaume-Uni. Ils ont montré comment le traducteur allemand a évité de transmettre le rôle de premier plan du régime dans le texte allemand. Hatim et Mason (1997), à leur tour, ont analysé la traduction d’un discours politique chargé d’idéologie de l’ayatollah Khomeini.

Dans son article intitulé « Political Discourse Analysis from the point of view of Translation Studies », Schäffner décrit le lien entre la traduction et le discours politique. Elle est d’avis que la politique est une notion large et flexible et que n’importe quel sujet peut devenir politique ou politisé. Néanmoins, il existe certains types de textes qui sont politiques dans un sens plus étroit. Ce sont des textes qui traitent des idées politiques, des croyances et des pratiques d’une société, ou des textes qui sont essentiels pour constituer une communauté ou un groupe politique (Schäffner, 2004). Schäffner ajoute que le texte politique est un terme vague qui couvre différents types de textes. Le discours politique comprend le discours intérieur d’un pays ainsi que le discours international ; il peut prendre diverses formes telles que les traités bilatéraux ou multilatéraux, les discours prononcés lors d’une campagne électorale, les débats parlementaires, les commentaires de journaux ou la conférence de presse d’un politicien.

Schäffner (2004) affirme que l’identification d’un texte politique est fondée sur des critères fonctionnels et thématiques. Les textes politiques sont une partie ou le résultat de la politique et remplissent différentes fonctions au sein de différentes activités politiques. Ils abordent des sujets liés aux éléments politiques tels que les activités politiques, les idées politiques, les relations politiques, etc. Selon Schäffner, dans la majorité des cas, les textes

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politiques sont destinés à un public plus large et chaque texte est inscrit dans un discours politique plus large, les textes montrant ainsi un haut degré d’intertextualité. Par conséquent, non seulement le discours politique est lié à la culture spécifique du producteur de texte, mais il peut intéresser un public plus large. De ce fait, la politique étant de plus en plus internationalisée, la traduction devient également de plus en plus importante. Schäffner décrit le discours politique « comme une forme complexe d’activité humaine, fondée sur cette affirmation que la politique ne peut être menée sans langage » (p.3).

Schäffner estime que « la traduction est un phénomène très courant dans pratiquement tous les types de discours politique » (notre traduction) (p.3). Elle ajoute que :

Le discours politique s’appuie sur la traduction. La traduction fait partie du développement du discours et constitue un pont entre les différents discours. C’est par la traduction que les informations sont mises à la disposition des destinataires au-delà des frontières nationales. Les réactions dans un pays aux déclarations qui ont été faites dans un autre pays sont en réalité des réactions aux informations qui ont été fournies par la traduction (notre traduction) (p.4). Ainsi, pour Schäffner, il est important de tenir pleinement compte du phénomène de la traduction dans l’analyse des textes politiques. La traduction joue un rôle considérable dans la communication politique internationale. Les discours politiques traversent les frontières linguistiques et culturelles par le biais de la traduction. De ce fait, les objectifs de communication ainsi que les idéologies politiques ont un impact sur le processus de la traduction. Les informations sélectionnées pour être traduites et publiées dans la presse reflètent les sujets et les questions politiques qui présentent un intérêt particulier pour le pays, ou plus précisément pour le groupe politique (Schäffner, 2004). On ne peut pas considérer les traductions comme des reproductions simples et fidèles des textes sources. La conception moderne de la traduction définit celle-ci comme une activité à but déterminé, un comportement régi par des normes et une pratique sociopolitique qui est déterminée par des conditions et des contraintes culturelles, idéologiques et institutionnelles (Schäffner, 2004). Par conséquent, les stratégies de traduction qui aboutissent à un texte spécifique dans la langue cible doivent être expliquées selon des conditions sociopolitiques dans lesquelles les traductions ont été produites (Schäffner, 2004).

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1.11. Analyse critique du discours (ACD)

L’analyse critique du discours (ACD) est une branche de l’analyse du discours qui est devenue l’un des modèles de l’AD les plus largement utilisés en linguistique moderne. L’ACD est une méthode interdisciplinaire d’analyse de texte ou de discours qui a pour but de découvrir les idéologies implicites dans les textes et y dévoiler les préjugés idéologiques et l’influence du pouvoir. Fairclough (1995) la définit ainsi :

L’analyse du discours qui vise à explorer systématiquement les relations souvent opaques de causalité et de détermination entre (a) les pratiques, événements et textes discursifs et (b) les structures, relations et processus sociaux et culturels plus larges ; à étudier comment ces pratiques, événements et textes découlent des relations de pouvoir et des luttes pour le pouvoir, et sont influencés idéologiquement par elles, à explorer comment l’opacité des relations entre discours et société est elle-même un facteur garantissant le pouvoir et l’hégémonie (notre traduction) (p.132).

Ruth Wodak et Michael Meyer (2001) soulignent :

L’ACD porte principalement sur l’analyse des relations structurelles opaques et transparentes de domination, de discrimination, de pouvoir et de contrôle telles qu’elles se manifestent dans le langage. En d’autres termes, l’ACD vise à étudier de manière critique l’inégalité sociale telle qu’elle est exprimée, signalée, constituée et légitimée par l’usage de la langue (notre traduction) (p.2).

Par conséquent, l’analyse critique du discours vise à rendre transparents les liens entre les pratiques discursives, les pratiques sociales et les structures sociales. Selon Van Dijk, « l’ACD met l’accent sur les problèmes sociaux, et en particulier sur le rôle du discours dans la production et la reproduction d’abus de pouvoir ou de domination » (notre traduction) (p.96).

L’une des recherches les plus importantes dans le domaine de l’ACD a été menée par Van Dijk. Son approche cognitive considère le discours politique comme étant nécessairement le produit des processus mentaux individuels et collectifs. Ainsi Van Dijk combine la psychologie cognitive et l’ACD pour découvrir comment les structures idéologiques sont cachées dans la mémoire des peuples (Chilton, 2004). Norman Fairclough se concentre sur le conflit social dans la tradition marxiste et tente de détecter ses manifestations linguistiques dans les discours, en particulier les éléments de domination, de différence et

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de résistance (Wodak et Meyer, 2001). Dans son livre Language and Power (1989), Fairclough détermine les principes de base de l’ACD en mettant l’accent sur le rôle du langage dans la production de relations de pouvoir. Ruth Wodak a aussi joué un rôle important dans le développement de l’ACD. Elle analyse la discrimination entre les sexes et la manière dont les groupes politiques définissent leur territoire à l’aide de la langue. Voici comment Van Dijk (2008) définit l’ACD :

Une forme d’étude analytique du discours qui étudie principalement la façon dont l’abus de pouvoir social, la domination et l’inégalité sont exprimés et reproduits dans le contexte social et politique à travers le texte et la parole. Par une telle approche, les analystes critiques du discours adoptent une position explicite et veulent donc comprendre, exposer et en fin de compte, remettre en question les inégalités sociales (notre traduction) (p. 85).

Van Dijk (2008) affirme qu’on peut trouver les origines de l’ACD dans la théorie critique de l’école de Francfort avant la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, son orientation actuelle vers la langue et le discours est apparue vers la fin des années 1970 avec l’émergence de la linguistique critique (surtout en Grande-Bretagne et en Australie). On peut trouver des approches semblables dans les développements critiques en sociolinguistique, en psychologie et en sciences sociales, dont certains remontent au début des années 1970. L’ACD se concentre principalement sur les problèmes sociaux et les questions politiques. « Elle se concentre sur la manière dont les structures du discours agissent, confirment, légitiment, reproduisent ou remettent en question les relations de pouvoir et de domination dans la société. » (notre traduction) (p. 86)

Van Dijk, Fairclough et Wodak résument les principes de base de l’ACD de la façon suivante :

1. L’ACD aborde les problèmes sociaux. 2. Les relations de pouvoir sont discursives. 3. Le discours constitue la société et la culture. 4. Le discours exerce un travail idéologique. 5. Le discours est historique.

6. Le lien entre le texte et la société est médiatisé. 7. L’analyse du discours est interprétative et explicative.

Figure

Tableau 1 - Types de procès et leurs participants
Tableau 3 -  Analyse de la transitivité du discours original (procès matériel)
Tableau 4 - Procès relationnels dans le texte source
Tableau 5 - Transitivité dans le texte traduit  Total  Procès  matériel  Procès  mental  Procès  relationnel  Procès  comportemental  Procès verbal  Procès  existentiel  NO
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Références

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