LA RECHERCHE EN DIDACTIQUE
DES SCIENCES AUX JOURNEES
INTERNATIONALES DE CHAMONIX
CarIes FURIO-MAS Servei de Formacio permanent. Universitat de Valencia Daniel GIL-PEREZ Universitat Autonoma de Barcelona
MOTS CLEs : recherche didactique, didactique des sciences
RESUME : Le Comité d'Organisation des Journées de Chamonix a consacré ces Xèmes journées à "faire le point sur les résultats et les démarches de la recherche, ses apports à l'éducation", parmi d'autres sujets.
Dans cette perspective, il nous a semblé utile de faire une analyse des travaux présentés àChamonix, durant ces cinq dernières années, en étudiant leur relation avec la recherche didactique.
Nous présenterons quelques résultats de cette analyse, qui peuvent aider à reconsidérer l'avenir de ces journées.
ABSTRACT : The Comité d'Organisation des Journées de Chamonix devoted the IOth Convention "to take of the results and state of research, ils constribution to education", among others.
In this view, it seemed useful taanalyse the papers presented in Chamonix over the
lastest five years, studying their relationship to educational research.
We are showing sorne of the results, wich may help to reconsider the future of this Convention.
INTRODUCTION
En annonçant les Xèmes Journées Internationales sur l'Education Scientifique, le Comité d'Organisation exprima le souhait de les consacrer, en premier lieu, "àfaire le point sur les résultats et les démarches de la recherche, ses apportsàl'éducation". C'est dans ce contexte que nous avons cru utile de faire aussi le point sur... les Journées de Chamonix elles mêmes.
En effet, dix ans c'est un délai suffisamment long et même surprenamment long pour mériter une réflexion collective. Notre rapport prétend seulement inciter à cette réflexion et y contribuer très modestement. Concrètement, nous nous occuperons du caractère international des Journées en étudiant:
- la présence internationale aux Journées.
- la relation entre les travaux présentés àChamonix et la recherche internationale en didactique des sciences.
Il y aurait, évidemment, d'autres aspects aussI Importants à considérer, mais répétons-le, notre contribution ne prétend pas être une analyse complète, mais simplement une incitationà une telle analyse.
1. LA PRESENCE INTERNATIONALE A CHAMONIX
La volonté de faire de's Journées de Chamonix un évènement international est explicite dans le titre même important pour mieux caractère international est évidemment très important pour mieux potencier les efforts, dans un domaine comme celui de la rechercheen didactique des sciences qui a seulement une courte tradition dans le monde non anglosaxon (Tiberghien 1985). On doit donc se demander jusqu'à quel point Chamonix est devenu réellement un lieu de rencontre international.
Pour répondre à cette question, sans doute essentielle, nous avons considéré la provenance des 1348 assistants au cinq dernières Journées - c'est-à-dire, de 1938à 1987 - ainsi que l'origine auteurs des travaux présentés pendant la même période. Une première et très intéressante donnée est que presqu'un quarante pour cent (39.1 %)proviennent d'un pays autre que la France. Pour ce qui est des communications d'auteurs étrangers, elles représentent à nouveau presqu'un quarante pour cent (38.9 %). C'est sans doute un pourcentage très haut et qui se maintient assez constant et pour l'assistence d'étrangers et pour les communications que ceux-ci présentent. Cette présence étrangère procède de plus de 15 pays mais se concentre pratiquement en cinq : trois francophones - la Belgique, le Canada et la Suisse - plus l'Italie et
l'Espagne. Les autres pays représentent, en tout, seulement un 5.3 du total d'assistents et à peine un 3,6 des travaux présentés (voir tableaux 1).
Tableau I. Distribution des assistants et communications
par pays (Période 1983/87)
Pays
Assistants
Communication
N % % N % % étranger étranger
F,wce
J
821 60.9 223 61.4~~g::
1 79 5.9 15.0 15 4.1 10.6 16 1.2 3.0 9 2.5 6.3 Suisse 182 13.5 34.5 66 18.1 47.5 Italie 1 117 8.7 22.2 25 6.9 17.6 1 Espagne 62 4.6 11.8 14 3.8 9.8 Autres 71 5.3 13.5 13 3.6 9.1Il faut noter en plus que la présence de la Belgique paraît diminuer constamment -passant d'un 29/ de représentation des assistants étrangers en 1983àseulement 4.5 % en 1987 - tandis que le nombre des espagnols est passé, dans la même période, du 1.9 % au 28.8 %. L'assistance de canadiens se maintient très modeste et celle de la Suisse - sans doute la plus importante - parait augmenter de façon continue. Finalement, la présence italienne, malgé quelques oscillations, représente la deuxième communauté étrangère. Si ces tendances continuent à s'affirmer, les Journées de Chamonix peuvent devenir un lieu de rencontre pratiquement réduit à la France, la Suisse, l'Italie et l'Espagne, avec une présence, plutôt symbolique, des autres pays. Et même si l'échange entre les quatre pays cités est très utile il serait sans doute préférable que des chercheurs d'autres pays assistent régulièrement aussi à Chamonix. En tout cas, et pour résumer les Journées de Chamonix apparaissent aujourd'hui - avec rappelons nous, presqu'un quarante pour cent d'assistants non français - comme le plus international des évènements qui ont lieu réguièrement en Europe dans le domaine de la didactique des sciences. Il semble donc important de mettre ceci en relief et, si possible, de renforcer ce caractère international.
2. LA RELATION ENTRE LES TRAVAUX PRESENTES A
CHAMONIX ET LA RECHERCHE INTERNATIONALE EN
DIDACTIQUE DES SCIENCES
La didactique des sciences est très récente dans nos pays comme domaine spécifique de recherche et d'enseignement (Tiberghien 1983 et 1985). Et cela malgré que, depuis longtemps, plusieurs auteurs ont mis l'accent sur l'exigence, pour la rénovation de l'enseignement des sciences, d'une formation du professorat dans l'esprit de la recherche (Leboutet1973; Giordan 1978).
En conséquence, les travaux produits par les enseignants qui commencent à se préoccuper des problèmes. didactiques, souvent ne présentent pas les caractéristiques d'un travail scientifique (Furio et Gil 1983, Furio et Martinez Terrades 1985) et ignorent l'aspect accumulatif de tout travail scientifique, sa nécessaire insertion dans un cadre théorique, ete.
Celà conduità une trivialisaton de l'idée de recherche en didactique des sciences, et augmente les bien connues résistances des universités (Tiberghien 1985).
Nous considérons donc util d'analyser, de ce point de vue, les travaux présentés à Chamonix, comme un indice du dévelppement de la recherche didactique dans nos pays.
Nous nous sommes limités à étudier l'attention prêtée, dans les communications, au corpus de connaissances existant, sans quoi on ne peut pas parler d'un travail de recherche effectif. Cette conexion d'un travail avec le corpus de connaissances du domaine s'apparaît, entre autres, dans les références utilisées.
Nous avons donc étudié le nombre et la provenance des références inclues dans 362 communications présentées à Chamonix entre 1983 et 1987.
Une première et assez inquiétante donnée est le très grand pourcentage de travaux présentés sans aucune référence (voir tableau II). Les résultats sont encore plus graves si on considère les pourcentages de communication sans références à de articles de revues. On peut noter, néanmoins, dansle même tableau II, qu'en 1987 s'est produite une très sensible diminution du pourcentage de communications sans référence qui pourrait indiquer un commencement de correction de ce grave manque. D'un autre côté, on peut aussi constater (voir tableau 1lI) qu'il y à une forte différence àce sujet entre les communications provenants de l'Espagne et celles d'autres pays.
Tableau II. Pourcentages de communications :
Annee 1983 1984 1985 1986 1987 Période 83/87 sans références % 63 52 59 71 4557
sans références d'articles % 76 67 71
75
56 69Tableau III. Pourcentage de communication des différents
pays sans références (période 1983/1987)
Pays % de communications sans aucune référence
France 61 Belgique 53 Canada 67 Suisse 59 Italie 48 Espagne 7 Autres Pays 38 % de communications sans référence d'articles
71 80 78 68 72 14 46
Cette différence peut s'expliquer comme résultat d'une exigence explicite de références dans les travaux publiés par la revue Ensenanza de las Cienzas ou présentés dans les congrès internationaux organisés par cette revue, ainsi que par un effort pour divulguer les revues spécifique dans le domaine de la didactique des sciences. Il est utile de signaler qu'il a été relativement facile de produire un tel résultat. En effet, une étude réalisée en 1983 avec plus de 300 professeurs espagnols nous a permis de constater (Furio et Gil 1984) , que des revues si importantes,
comme Science Education, Journal of Research in Science Teaching ou même L'European Journal of Science Education, étaient pratiquement inconnues à cette époque.
Il peu t être aussi intéressant d'analyser la provenance des références et de les comparer avec : par exemple, celles citées dans les Summaries of Research in Science Education, publiées annuellementpar la revue Science Education. Ainsi, dans les summarie de Voss (1983) et Olstad et Haury (1984), nous trouvons une distribution des références très sembables : les revues les plus citées, avec une grande différence sur les autres, sont leJournal of Research in Science Tea chinget le Science Education. Ensuite il y a un deuxième bo1c constitué de revues comme School Science ans Mathematics, JourrUi! of Chemica! Education, European Journa! of Science Education,etc. Puis on trouve des références àun très grand nombre de revues qui ne sont citées qu'une ou deux fois.
Pour ce qui est des communications présentées à Chamonix, nous revoyons au tableau VI. On peut y voir que le plus grand nombre de citations procède des propres Actes de Chamonic (avec une moyenne de 7.6. références par an). Puis nous trouons seulement quatre revues avec plus de deux citations par an : L'European Journal of Science Education) (aujourd'hui International Journal of Science Education), Enenam:a de las Ciencias, Science Education et la Revue Française de Pédagogie. Finalement, deux autres revues ont été citées environ une fois par an : Journal of Reseach in 5ciena Teaching andJournal of Chnnical Education.
Tableau IV. Origine des
références inclues dans les Actes
de Chamonix (période 1983-1987)
provenance Actes de Chamonix Inter. J, of Sci. Educ Science Education Ensenanza de las Ciencias Revue Française de Pédagogie J. ofR. in Science Teaching J. of Chemical Education Nombre 38 21 15 13 11 6 6 références par an 7.6 4.2 3.0 3.3 (1) 2.2 1.2 1.2
0) Ensenanza de las Cicnclas n'existait pas encore lors de la célébration des Sèmes Journées de Chamonis (février 1983)
Il est facile de voir quels sont les aspects communs et les différences entres les références des Acets de Chamonix et celles des Summaries of Research in Science Education que nous avons utilisées comme repère; la principale et peut être l'unique ressemblance est que, parmi les six revues citées plus d'une fois par an dans les Actes, on trouve les plus citées aussi dans les Summaries, les différences, elles, sont évidentes: les deux revues les plus citées à Chamonix sont européennes (1 nternational.Tournal of Science Education etEnsenanza de las Ciencias) tandis que
la revue la plus citées dans les Summaries (Journal of Research in Science
Teaching) apparaît seulement 6 fois dans les 362 travaux présentés à Chamonix et celle receuillie dans les Summaries du Science Education(c'estàdire, celle produite dans le monde anglosaxon) ce n'est pas nécessairement une chose négative, mais malheureusement, le manque général de références est un indice trop clair du faible développement de la didactique des sciences dans nos pays. Et il ne s'agit pas, évidemment, d'une question formelle: sans une bonne connaissance de la recherche précédante. Il n'estpa~possible d'arriveràconstituer un corpus de connaissances. li serait intéressant d'approndir l'analyse réalisée ici et d'étudier quels sont les dimaines les plus traités à Chamonix et les comparer avec les lignes prioritaires de recherche en didactique des sciences (Butts et AI 1978; Welxh 1985; Gabel et Al 1987). Nous finirons cependant ici ; notre but àété simplement d'inciter à uen réflexion critique qui aide les JournéesdeChamonic à devenir un didactique.
3. QUELQUES CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
1. Le caractère international de Journées de Chamonix, avec presqu'un quarante pour cent d'assistants étrangers est bien établi. Néanmoins,ilfaudrait faire un effort pour augmenter la présence d'autres pays que la Suisse, l'Italie et l'Espagne, qui représentaient, dans la dernière édition de 1987, le 85 % des assistants étrangers. Particulièrement préoccupante semble être la forte diminution d'assistants en provenance de la Belgique. Par contre, la haute augmentation d'assistants espagnols, peut être associée a l'information sur les Journées donnée dans des revues espagnoles, ce qui montre une possible voieàsuivre pour mieux faire connaître les Journées. Particulièrement utile pourrait être aussi avancer la date de publication de J'annonce desJournées, étant données toutes les démarches que parfois demande le déplacement de l'étranger.
2. Les travaux présentés àChamonix montrent un manque général de fondement bibliografiques, ce qui à son tour indique un manque de fondement et d'étude des connaissances déjà acquises dans le domaine de la didactique des sciences.Ilparaît nécessaire l'inclusion d'une forte recommandation à ce sujet dans les convocations des Journées et aussi l'organisation d'une exposition, durant les Journées, des revues les plus importantes.
3. Signalons, pour finir, qu'il serait intéressant de choisir les thèmes des prochaines Journéesàla lumière des lignes de recherche considérées internationalement comme prioritaires. Ceci permettrait d'associer plus intimement les Journées de Chamonix au développement international de la recherche en didactique des sciences.
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