H . GUILZER . — VARIA . 15 7
NOTULES CRITIQUE S
I .Glossary of Du Cange . Addenda et corrigenda, by the Rev . C. Plum -mer .
Archiv .,
t . II, 1 (1925), p . 20 : martha (?) a populi . . . tantum pondu s se infuderat, ut forum Martha stipatione compleret a . Ruinart, Acta Sin -cera, p . 144 .Cette énigmatique Martha est née de la sottise d'un scribe . Il y avai t dans le texte : ut forum arca stipatione compterez . Une dittographie a donné forummarta, ce qui a naturellement suggéré à un pieux copist e la fausse lecture forum Martha . Rayons donc nzartha de la liste des Ad-denda au Glossaire de Du Cange .
II .
Scholia in Isidori Etynzologias Vallicelliana .
Archiv .,
t . II, 2 (1926), p . 69 : a De hac philosophi male sentientes a d omnis earn constare dixerunt, et horum congregatione mundum factum . » Que veut dire ad omnis? et à quoi se rapporte horum? Nous rendron s ce passage intelligible en lisant atomis au lieu de ad omnis . Les philoso-phi male sentientes sont les Épicuriens partisans de l'atomisme .P . Tramas .
VARI A
1 . —LAPSUSOnLAPSUM .
Sous la double forme lapsus (masc .) ou lapsum (n .) apparaftpour lapre-mière fois dans Grégoire de Tours' un mot que l'on traduit quelquefoi s par a filet a, mais qui signifie toute autre chose, comme l'a montr é M . Lafaye 3 , pour lequel ce nom désigne un étang couvrant un terrain en 1. Sur la confusion des genres et des déclinaisons, à l'époque de Grégoire d e Tours, voy . Max Bonnet, Le latin de Grégoire deTours, p . 345 .
2. Grégoire de Tours, Vitae patrune, XVII, 4 (vie de saint Nicet, évêque d e Trèves) .
3. Voy . G. Lafaye, Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France ,
158 II . GtEI,7.Eß .
pente, où l'on a amené par un canal les eaux d ' une rivière voisine, comm e on les amène dans le bief d ' un moulin, et où le poisson qui s ' y est engag é est retenu par un jeu de vannes à claire-voie . En effet, d ' un passage d e Grégoire de Tours (Vitae patru,n, XVII, 4) il ressort que l ' évêque d e Trèves,
Nice,
avait envoyé un de ses serviteurs à la Moselle pour s ' ap-provisionner au lapsus, « in quo pisces decidere soliti sunt u ; il s'agi t donc bien d ' un vivier analogue à ceux dont on a encore des vestiges e t dont Grégoire de Tours parle lui-même (Hist . Franc .,Vlil,
10), quand i l raconte que Clovis, fils de Chilpéric, ayant été assassiné par ordre d e Frédégonde, son cadavre, jeté à la Marne devant Chelles (« regina iussi t eurn in alueuru 11latrone [lumen deici a), fut retrouvé par un pécheu r dans un vivier (« intra lapsum, quod opere meo », c'est le pêcheur qu i parle, « ad capiendorum piscium necessitatena praeparaueram n) . Il s ' agi t donc bien d ' un étang artificiel où l ' on avait amené par une saignée un e partie des eaux courantes les plus voisines . Pour empêcher les bords d e l ' étang de s ' écrouler, on en garantissait les parois avec des pieux et de s fascines ; c ' est ce qui ressort encore de la suite du récit rapporté ci-des-sus, et où il est dit que le serviteur de l ' évêque de Trèves venu au vivie r pour s ' y approvisionner de poisson constate que les pièces de bois on t été arrachées de leur place par la violence du courant, « materiae ipsa e de lacis suis amuis impetu evulsae noscuntur u . Quant aux vannes, qu i étaient ménagées dans les viviers de ce genre pour capturer le poisso n et l'empêcher ensuite de s'échapper, nous en parlerons un peu plus loin , à l ' article TlIANA .H . G . II . — TAUHP.A .
Au petit nombre de textes relatifsàtaurea cités par Du Cange r , on peu t ajouter ceux qu'on lit dans le célèbre Livre des Cérémonies, composé pa r Constantin Porphyrogénète entre 957 et 959, oeuvre composite conte-nant des morceaux de toute époqu e 2 . Le mot grec •caupetr), d'où est sort i le latin taurea, y est employé à diverses reprises pour signifier un instru-ment dont se sert l ' inspecteur des jeux pour appeler les auriges ou pou r donner le signal de certains exercices . Que tixupebl (taurea) désigne un e trompette rappelant par ses sons les mugissements du taureau et non u n tambour en peau de taureau, c ' est ce qu ' on peut inférer du contexte e t aussi de l'histoire de la musique militaire . Contrairement à l'opinion d e
1. Ed . Hentschel, t . VI, p . 517, col . 2 infra .
2. Voy . G . Millet, Les noms des auriges dans les acclamations de l'hippodrom e (étude critique sur le livre des Cérémonies), mémoire inséré dans le Recueil d'étude s dédiéesala mémoire de N . P . Kondakov (Seminarium Kondakovianum, Prague, 1926) , p . 279 et suiv .
VARIA . 15 9 Meursìus (repoussée d ' ailleurs et avec juste raison par Du Cange), il es t plus naturel de penser que la trompette est l ' instrument qui convient l e mieux pour dominer le bruit d ' une foule et faire entendre au loin sa voix . De plus, le tambour n' était pas encore, selon toute apparence, employé au x° siècle pour régler les mouvements et cadencer la marche d ' une troupe . D'abord employés en Orient au lieu et place des trompettes, les tambour s militaires furent introduits en Europe par les Sarrasins à une époqu e relativement récente, puisqu ' elle est de peu antérieure au xmm° siècle . Mais une chose demeure certaine, c ' est que l ' usage en était inconnu dan s le haut moyen âge au monde grec et romain d ' origine .
ill . — TnANA .
On lit dans Du Cange { : a Reete . . . dixit (Papias) tranas esse locum , ubi mare colligitur ; surit enimpiscatoriaeseupiscariae,quae ad aediu m uestibula conficiebantur in mari,
quas
Leo imp . Nov . 57 et 104.i
oyâ ; uocat, quasiaquarum marisremoras nos « retenues d ' eaux dicimus, pos-teriores vero Graeci 'rpâvaç, et auctor est Michael Attaliata in Synops i tit . 95 . Eae auteur isco,(ai non tam fuere retia in mare extensa confixis pa -lis, quod uult Cujacius lib . 14 Obseruat . cap . 1, quam maritimae piscinae , seu ex aqua maris exundantis in ipso litore confectae . » D ' après M . Lafaye , qui a étudié spécialement la question-, l ' expression a retenues d ' eaux » est impropre . Car, dans les mers où la marée est à peine sensible, l' ea u des viviers en communication avec la mer n ' a pas besoin d ' être retenue ; ce qu' il faut retenir c ' est le poisson . Donc, le mottranae (au pluriel) es t vraisemblablement l ' équivalent latin de nos « bordigues », enceintes for-mées avec des claies, des perches, etc ., sur le bord de la nier pou r prendre ou pour retenir et garder du poisson vivant . Le mottranaen'es t pas seulement représenté en grec par le néologisme rpcc' t, mais il l'es t encore par XaóúpivOo t a , ppiyis,xst' et ij oya( s . Ces différents mots ne dé-signent qu ' une seule et même chose : des claies assujetties à des pieu x1. Ed . Hentschel, t . VI, p . 136, col . 2 infra .
2. Voy . Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, séance d u 9 juillet 1919 .
3. Ps . Théocrite,XXI,11 . Pour Ancilhon (dans les Mém, de l'Institut national, Lit-térature et beaux-arts, V [an XII], p . 409), il faut entendre par ).x6úpw9at des es-pèces de petites enceintes ou de palissades qu'on formait darts l'eau avec des claie s faites d'osier, de roseaux ou de jonc et d'où le poisson ne pouvait plus sortir un e fois qu'il s'y était engagé .
4. L'historien Aristobule, cité par Strabon(XV,1, é5 ; XVII, 2, 5), appelle de c e
nom les appareils (cloisons, palissades) dont les riverains des bouches du Nil s e servaient pour prendre et retenir des quantités de muges (lat . mugiles) .
160
II . GOLZER . — VARIA .
plantés dans l'eau en travers d'un canal . Mais il est possible que les claie s fussent quelquefois remplacées par des filets dormants .
De cette façon il est possible de concilier les observations résumée s par Du Cange dans son article trana . Les textes byzantins du
ix e
a u xi e siècle appliquent le mot tranae (Tpctvat) à des bassins d' eau salée, e n communication avec la mer, que les propriétaires riverains du Bosphor e faisaient établir devant leurs demeures (ad aediurn uestibula) pour captu-rer le poisson . Mais ces bassins n'étaient pas de simples retenues d'eau ; ils étaient munis de claies assujetties à des pieux plantés dans l'eau, e t ces claies pouvaient Aire à l ' occasion remplacées par des filets dormants . Donc, suivant le contexte et d' après l ' époque, le moi trana peutAtre tra -duit tantôt par a bordigue a, tantôt par a filet dormant a .H . Cr .
1 . C'est ù cela que pensait Cujas, ()bure ., XIV, 1, et d'après L . Diudorf, Dies . ling .gr ., s . v . vpécva, un lexique manuscrit porte ènoX~ xaTroril