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FRANÇOIS FONTAINE CONTINUATEUR DE SUÉTONE

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FRANÇOIS FONTAINE

CONTINUATEUR DE SUÉTONE

par Rémy POIGNAULT

(Université de Clermont-Ferrand II, CELIS-EA 1002)

François Fontaine (1917-1996) a mené une carrière de haut fonctionnaire de l’Union Européenne, ayant été chef de cabinet de Jean Monnet (1947-1952), puis directeur du bureau de Paris des Communautés Européennes (1955-1981), avant d’être nommé Conseiller spécial de la Commission de la CEE (1984). Ce grand commis de l’État qui a beaucoup œuvré à la construction européenne était un passionné de l’histoire de l’Empire romain, et, tout particulièrement, de l’époque antonine. On lui doit, dans ce domaine, L’Usurpation, ou le Roman de

Marc Aurèle (Fayard, 1979), Mourir à Sélinonte (Julliard, 1984) – où il

s’intéresse, donc, à la fin du règne de Trajan et à l’accession d’Hadrien –,

D’or et de bronze (Julliard, 1986) – mémoires fictifs de T. Claudius

Pompeianus, gendre de Marc Aurèle, qui lui permettent d’embrasser une période qui va d’Antonin à l’éphémère Didius Julianus –, Blandine de

Lyon (Julliard, 1987) – un épisode tragique du règne de Marc Aurèle

alors que l’Empire est confronté à l’expansion d’une foi nouvelle. Avec

Le Sang des Césars (Éditions de Fallois, 1989), l’auteur remonte aux

débuts du principat, ou plutôt aux problèmes que rencontre Auguste pour assurer la pérennité du régime qu’il a institué et transmettre ses pouvoirs à un héritier. La même année François Fontaine publie un Marc Aurèle aux éditions de Fallois. En 1994, il fait paraître, chez le même éditeur,

Vingt Césars et trois Parques, récit de la mort de Jules César et des

principaux empereurs jusqu’à Sévère Alexandre, ou, comme il l’écrit dans la dédicace manuscrite d’un exemplaire, le récit des « cinq dernières minutes des vingt maîtres de Rome pendant trois siècles ». Il manque, car ils n’eurent guère le temps de régner, Galba, Othon, Vitellius, les compétiteurs de 69. Le co-empereur L. Verus est, lui aussi, absent, disparaissant sous l’aura de Marc Aurèle. Didius Julianus, Geta, Macrin et Diaduménien sont aussi omis, en raison, sans nul doute, de la faible durée et du peu d’impact de leur règne. Pour les neuf premiers Césars retenus Suétone est bien présenté comme source, au même titre que Tacite, quand ce qui nous est parvenu de l’œuvre de ce dernier le permet,

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le va-et-vient entre l’un et l’autre servant de pierre de touche à François Fontaine pour contrôler leurs affirmations1.

L’ouvrage qui nous intéressera ici n’offre pas de caractérisation générique dans le péritexte : Douze autres Césars (Julliard, 1985). Il porte en exergue une dédicace en latin : In memoriam Marii Maximi, uiri

clarissimi, consulis iterum, qui uitas duodecim aliorum Caesarum scripsit ; et se présente comme la reconstitution, à partir de l’Histoire Auguste, de Dion Cassius, d’Hérodien, mais aussi à partir de travaux

scientifiques modernes2, de la suite donnée par Marius Maximus aux Vies

des douze Césars de Suétone. Anthony Birley3 a publié en 1976 Lives of

the Later Caesars : il s’agissait d’une traduction anglaise des Vies de

l’Histoire Auguste jusqu’à Élagabal précédée de la reconstitution fictive, mais avec force références scientifiques, des Vies de Nerva et de Trajan, absentes du recueil antique ; l’entreprise de François Fontaine est bien différente puisque, s’il recoupe à maintes reprises l’Histoire Auguste, il s’en détache aussi bien par le choix des règnes que par la matière, étant donné qu’il puise aussi à d’autres sources.

Quels Césars ?

Dans le corps de l’ouvrage, il est fait référence à Suétone à six reprises, soit que “Marius Maximus”4 se compare à lui ou qu’il évoque sa carrière quand il rend compte du règne d’Hadrien, traitant donc là le polygraphe en personnage historique dont la vie a trait au récit de celle de l’empereur. Vers la fin de l’ouvrage (p. 287), “Marius Maximus” affirme clairement quelles ont été ses intentions de biographe : il a commencé par la vie de Nerva et achèvera par celle d’Alexandre Sévère, comptant ainsi 12 Césars : « Mais en même temps j’aurais le loisir d’observer les événements qui allaient marquer les débuts du règne de ce douzième César après la dynastie flavienne. Le destin me confirmait donc qu’il voulait que je fusse réellement le successeur de Suétone »5. Sont-ils bien douze malgré la subdivision de l’ouvrage en douze sections qui font penser aux douze livres de Suétone ? Pour les quatre premiers livres, Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin le Pieux, mais le 5e est consacré à Marc Aurèle et à Lucius Verus, puis le 6e à Commode, mais le 7e traite de Pertinax et Didius Julianus, ensuite viennent, avec chacun un livre, Septime Sévère, Caracalla, Macrin, Élagabal et, pour finir, Alexandre Sévère. On dénombre donc 12 livres, mais 14 Césars ! C’est, en fait, suivre l’ordre de l’Histoire Auguste, en en excluant les successeurs présumés qui ne parvinrent pas au trône, comme Aelius César, et les usurpateurs, comme Avidius Cassius, Pescennius Niger (dont la vie dans l’Histoire Auguste est inconsistante), et le César Clodius Albinus déclaré ennemi public6 ; sont aussi écartés Geta, qui fut César et Auguste, mais assassiné et occulté sur l’ordre de son frère Caracalla (sa Vie dans

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l’Histoire Auguste manque, d’ailleurs, de substance) et Diaduménien, éphémère Auguste qui ne survécut guère à la mort de son père Macrin. L’Histoire Auguste (Quadr. Tyr., I, 1) nous apprend, d’ailleurs, – mais quel degré de crédibilité faut-il accorder à cet écrit ? – que Marius Maximus n’a composé aucune biographie particulière pour Avidius Cassius, Clodius Albinus ou Pescennius Niger, mais qu’il les a intégrés dans les vies d’autres empereurs.

Les quatrains d’Ausone De Caesaribus post Tranquillum comportent Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin le Pieux, Marc Aurèle, Commode, Pertinax, Didius Julianus, Septime Sévère, Caracalla, Macrin et Élagabal ; on admet souvent que c’étaient les mêmes Césars qui étaient traités par Marius Maximus7 ; ce n’est pas la voie suivie par François Fontaine puisqu’il ajoute par rapport à Ausone, Lucius Verus et Alexandre Sévère.

Des biographies de Marius Maximus, on ne possède que quelques fragments recueillis par Peter8 et éventuellement complétés par des chercheurs plus récents9 et on ne sait pas exactement sur quels empereurs elles portaient. L’Histoire Auguste, dont Marius Maximus constitue, selon certains, la source principale pour les premières Vies10, ne le cite plus après Élagabal, ce qui peut porter à supposer qu’il s’est arrêté à cet empereur. Les critiques ne s’accordent pas sur l’identité des Césars de Marius Maximus. Selon Rita Fossatelli11, il aurait écrit douze Vies, de Nerva à Élagabal, en comptant Lucius Verus et en excluant Macrin. Selon Ronald Syme12, il ne consacra pas de biographie propre à Aelius César ni à deux Augusti, Lucius Verus et Geta, parvenant ainsi à 12 Césars, de Nerva à Élagabal, en incluant Macrin13. Dans sa très riche étude sur Marius Maximus, Anthony R. Birley14, plus récemment, s’interroge sur ces vies : il constate que différents passages de l’Histoire Auguste attribuent à Marius Maximus des biographies de Trajan, Hadrien, Antonin le Pieux, Marc Aurèle, Commode, Pertinax, Septime Sévère et Élagabal et qu’une scholie à Juvénal en laisse supposer une de Nerva15 ; Marius Maximus commence là où finit Suétone et, selon lui, il est plausible de supposer qu’il a composé 12 biographies, en rédigeant aussi les Vies de Didius Julianus, Caracalla et Geta16. Il ajoute qu’il avait une marge de manœuvre en raison de la présence de co-empereurs, L. Verus avec Marc Aurèle, Geta avec Caracalla et Macrin avec Diaduménien ; Marius Maximus, selon lui, n’a pas dû écrire de Vies séparées des co-empereurs, mais au sens strict, Élagabal était le 15e Auguste dans la série inaugurée par Nerva ; le 12e au sens strict était Caracalla. Anthony R. Birley remarque que si Marius Maximus n’a pas écrit de Vie séparée de Verus, il n’a pas manqué de s’intéresser à lui puisque sa biographie de Marc Aurèle comporte deux livres17 ; de fait, – nous l’avons vu – François Fontaine distingue deux parties dans le livre 5, qu’il intitule

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« Marc Aurèle et Lucius Verus » ; sans aucun doute se souvient-il que l’Histoire Auguste signale effectivement deux livres pour la biographie de Marc Aurèle par Marius Maximus18, et indique que dans le second il « raconte ce que fit Marc lorsqu’il se trouva seul à régner après la mort de Verus »19, ce qui est précisément la démarche suivie par le romancier. Pour ce qui est de Macrin, on considère souvent que, vu les liens qui l’attachaient à lui, Marius Maximus n’a pas tenu à lui consacrer une biographie, pour ne pas rappeler cet épisode de sa propre existence ; mais des passages de la Vie de Macrin dans l’Histoire Auguste peuvent remonter à lui, si bien que pour Anthony R. Birley, on peut supposer que Marius Maximus a traité brièvement les 14 mois de règne de cet usurpateur20.

On voit ainsi que le choix des 12 « autres » Césars par François Fontaine est original, puisqu’il ne s’agit pas de celui d’Ausone et qu’il va au-delà d’Élagabal, malgré ce que laisse supposer l’Histoire Auguste. Pourquoi prolonger jusqu’à Alexandre Sévère ? C’est aller jusqu’aux derniers moments de la vie de l’auteur ; mais c’est aussi marquer un rythme cyclique de l’histoire : avec le scrupuleux Alexandre Sévère « [n]e croirait-on pas voir revivre les temps d’Antonin et de Marc Aurèle ? » (p. 297). “Marius Maximus” connaît la nostalgie d’une époque qui, avec le recul, apparaît comme sereine, mais il sait que les apparences sont trompeuses : « Rome s’ennuie » (p. 297), car il n’y a plus de dynamisme. L’auteur dresse un bilan assez négatif : il ne reste plus rien, après Commode et Septime Sévère, de l’héritage des Antonins ; il déplore « un abaissement si profond des institutions de la République, un recul si déplorable de la discipline militaire, une rupture si totale avec la tradition » (p. 298) et il redoute les menaces que constituent les Perses et les Germains. Il prend ainsi in fine posture de dernier des Romains : « Le Destin ne m’a-t-il donc généreusement épargné, dans une génération vouée à la folie meurtrière, que pour faire de moi le dernier témoin du rêve impossible des Sages ? » (p. 298).

La carrière de Marius Maximus

Marius Maximus est généralement considéré comme un continuateur de Suétone21, mais François Paschoud22 a récemment contesté cette vulgate dans la mesure où l’Histoire Auguste, qui nous donne l’essentiel des références à cet auteur peut prêter des œuvres qui ne lui appartiennent pas à un écrivain réel, ce qu’est effectivement Marius Maximus, auquel renvoient aussi Ammien Marcellin23 et les scholies à Juvénal24, mais sans qu’on soit sûr qu’il s’agisse vraiment d’un historien, ou qu’il ait écrit toutes les biographies dont le gratifie l’Histoire Auguste. François Paschoud émet aussi l’hypothèse que l’écrivain Marius Maximus puisse ne pas être le consul de 22325, L. Marius Maximus Perpetuus Aurelianus,

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dont nous connaissons la carrière26. Nous n’entrerons pas dans cette problématique, nous contentant prudemment d’étudier certains éléments de l’invention du texte de Marius Maximus par François Fontaine.

Tout au cours de l’ouvrage nous pouvons suivre la carrière de “Marius Maximus”, laquelle est reprise ensuite dans l’annexe I du volume, en suivant l’ordre chronologique. On trouvera chez Anthony R. Birley27 une étude du cursus honorum du personnage historique et le texte de CIL, VI, 1450, exposant son cursus complet. Si on le compare avec celui qui est donné par François Fontaine, on constate qu’il est identique, toute question de datation mise à part, et à deux exceptions près : l’absence de mention, avant le premier consulat, de ses fonctions de legatus

Augustorum pro praetore prouinc. Belgicae et de celle de curator coloniae Ardeatinorum (laquelle n’apparaît pas dans CIL, VI, 1450, mais

dans CIL, X, 6764). Il s’agit, pour le gouvernement de la Belgica, d’un simple oubli dans le tableau récapitulatif de l’annexe28, puisque dans le courant du texte (p. 211), cette fonction est bien mentionnée.

Anthony R. Birley estime qu’on peut imaginer, simple supposition, Marius Maximus se retirant dans sa maison du Caelius ou dans l’un de ses domaines du Latium sous le règne d’Élagabal pour rédiger ses biographies29. Dans l’ouvrage de François Fontaine, “Marius Maximus” fait retraite à trois reprises dans sa villa de Campanie, la première fois sous le règne de Caracalla (p. 234), mais il se contente alors d’amasser de la documentation, utilisant deux de ses esclaves récemment acquis au cours de ses fonctions officielles et qu’il envoie fouiller pour lui dans les archives publiques romaines. « Mais[, avoue-t-il,] je n’avais pas le cœur à commencer déjà ma rédaction car il ne m’était même pas concevable de camper Trajan avec les titres et l’habit que je voyais à Caracalla […] » (p. 235). La seconde fois, c’est au début du règne d’Élagabal (p. 267) ; mais ce n’est pas davantage un temps propice à l’écriture. “Marius Maximus” reconnaît avoir nourri son œuvre dans sa pensée pendant de longues années, le souvenir du règne des meilleurs Antonins lui permettant de mieux supporter les mauvais empereurs (p. 276) ; mais c’est sous Alexandre Sévère, après son second consulat, « il y a six ans » qu’il s’est vraiment retiré et a pu se mettre à la rédaction, car « le temps et la liberté d’écrire [lui] ont été rendus à la fois » (p. 276)30, dans une attitude qui est à la fois tacitéenne pour le lien établi entre bon gouvernement et conditions de possibilité de l’écriture historique31, et livienne dans l’idée que le souvenir d’un certain âge d’or aide à vivre en des temps tourmentés32. Le personnage historique exerça son second consulat en 223, ce qui donnerait, dans l’ouvrage de François Fontaine, l’année 229 pour la fin de la vie du biographe.

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Les reliquiae de Marius Maximus

On pourrait s’attendre à ce que les traces qui nous ont été laissées des biographies impériales de Marius Maximus se retrouvent dans l’ouvrage de François Fontaine, mais si on confronte son texte avec les reliquiae recueillies par Peter, on constate que le recours à celles-ci n’est pas systématique.

Par exemple, nous n’avons pas retrouvé ce qui est présenté comme une citation de Marius Maximus dans la Vie d’Alexandre Sévère (65, 4) de l’Histoire Auguste : meliorem esse rem p. et prope tutiorem, in qua

princeps malus est, ea, in qua sunt amici principis mali, si quidem unus malus potest a plurimis bonis corrigi, multi autem mali non possunt ab uno quamuis bono ulla ratione superari (« “Un État est plus florissant et

d’une certaine manière plus tranquille si le prince est malfaisant que si les amis du prince le sont ; car une foule de gens vertueux peut amender la méchanceté d’un individu, tandis qu’un individu, si vertueux soit-il, ne peut venir à bout d’une foule de gens malfaisants” »)33. Mais si on n’en retrouve pas la lettre, du moins l’esprit en subsiste en quelque sorte dans les réflexions que “Marius Maximus” tire de la vie politique : ainsi, du rôle des “bons” conseillers de Commode au début de son règne.

Rien sur les précisions que Marius Maximus aurait apportées sur les origines de Marc Aurèle, sans doute en raison de leur caractère peu vraisemblable34 : Cuius familia in originem recurrens a Numa probatur

sanguinem trahere, ut Marius Maximus docet ; item a rege Sallentino Malemnio, Dasummi filio, qui Lopias condidit (Vita Marci Antonini philosophi, 1, 6 : « Il apparaît, en remontant aux origines de sa famille,

qu’il était du sang de Numa, comme nous l’apprend Marius Maximus, ainsi que du roi de Salente Malemmius, fils de Dasummus, le fondateur de Lupiae »35) ; mais s’il ne reprend pas ces origines “mythiques”, “Marius Maximus” n’en est pas moins attentif, dans la tradition de la biographie antique, aux origines des empereurs.

Une des particularités de Marius Maximus par rapport à Suétone est l’intégration de documents, discours, lettres dans ses biographies ; mais si François Fontaine y fait allusion, il se garde assez souvent de ce qui pourrait alourdir son récit ; toutefois ce n’est pas toujours le cas, puisque, par exemple, il cite un long extrait d’un discours de Marc Aurèle à ses soldats (p. 137) lors de la révolte d’Avidius Cassius, qui est, en réalité, une traduction quasi littérale de l’Histoire romaine de Dion Cassius, 72, 24-26, qui n’indique pas sa source. Mais François Fontaine ne dit rien de l’extrait d’une lettre que Marc Aurèle aurait envoyée à son épouse à propos de la révolte d’Avidius Cassius cité, selon l’Histoire Auguste, par Marius Maximus : “Verus mihi de Auidio uerum scripserat, quod cuperet

imperare. Audisse enim te arbitror, quod Veri statores de eo nuntiarent. Veni igitur in Albanum, ut tractemus omnia dis uolentibus, nil timens”

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(Vita Avidii Cassii, 9, 7-836 : « “Verus était dans le vrai lorsqu’il m’écrivait qu’Avidius désirait s’emparer du pouvoir. Je suppose d’ailleurs que tu as entendu ce qu’ont raconté sur lui les envoyés de Verus. Pars donc pour notre villa d’Albe afin qu’avec l’aide des dieux nous prenions toutes dispositions, et ne crains rien” »)37. Le rédacteur de l’Histoire Auguste continue : Hinc autem apparet Faustinam ita nescisse,

cum dicat Marius infamari eam cupiens, quod ea conscia Cassius imperium sumpsisset (ibid., 9, 9 : « Cette lettre nous prouve que Faustine

n’était pas au courant du complot, bien que Marius, dans son désir de la décrier, prétende que Cassius s’était emparé du pouvoir avec sa complicité »38). “Marius Maximus”, chez François Fontaine, s’interroge sur les complicités d’Avidius Cassius : il pense à des membres des « milieux d’affaires d’Antioche et d’Alexandrie » (p. 135) reprochant à l’empereur de s’occuper plus de morale que d’économie et plus de l’Occident que de l’Orient, il pense aussi à des sénateurs ; il évoque encore Faustine, ce qui est conforme à ce que nous dit l’Histoire Auguste, mais “Marius Maximus” use de précautions oratoires et explique cette complicité pour des raisons de bonne politique : « Mais je ne peux passer sous silence une autre complicité supposée, quoiqu’il m’en coûte de jeter de l’ombre sur la mémoire d’une femme qui fut divinisée : je dirai à sa décharge qu’elle a pu agir pour ce qu’elle croyait être l’intérêt de l’État » (p. 135) : c’est l’état de santé inquiétant de son époux qui l’aurait conduite à cette complicité pour demeurer impératrice.

Selon l’Histoire Auguste (Vie de Pertinax, 15, 8)39, Marius Maximus a inclus dans sa biographie de Pertinax une lettre où le prince montre son horreur du pouvoir (Horruisse autem illum imperium […]), mais le rédacteur de l’Histoire Auguste n’a pas voulu la reproduire en raison de sa longueur excessive. François Fontaine ne tente pas de la reconstituer, ce qui serait, d’ailleurs, surcharger son récit : il se contente de faire signaler à “Marius Maximus” l’existence de cette lettre : « J’ai lu une lettre de lui [Pertinax] où il exprime son horreur du rang suprême » (p. 184).

Il fait de même pour l’éloge de Pertinax par Marc Aurèle ; selon la Vie

de Pertinax, 2, 8-940, Extat oratio apud Marium Maximum laudes eius

continens et omnia, uel quae fecit uel quae perpessus est. Et praeter illam orationem, quam longum fuit conectere, saepissime Pertinax a Marco et in contione militari et in senatu laudatus est, doluitque palam Marcus quod senator esset, praef. praet. fieri a se non posse (« On trouve chez

Marius Maximus un message impérial qui contient son éloge et rappelle tout ce qu’il a fait et supporté. Outre ce message, qu’il serait trop long de citer in extenso, Pertinax fut très souvent encensé par Marc, tant dans les harangues aux soldats que devant le Sénat, et Marc regretta très souvent en public de ne pouvoir le nommer préfet du prétoire, du fait qu’il était

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sénateur »41). François Fontaine évoque seulement ces textes, si bien qu’il se trouve plus proche, dans sa démarche, de l’Histoire Auguste que de ce qu’a pu être le texte de Marius Maximus si l’Histoire Auguste dit vrai à son sujet : « J’ai lu un discours que fit alors Marc Aurèle au Sénat, où il louait les mérites de Pertinax, et un autre également devant l’armée qu’il prit à témoin de l’injustice dont avait souffert cet homme nouveau. Mais l’ayant fait entrer dans la Curie, il ne put lui donner comme il l’aurait voulu la charge de préfet du prétoire qui devint vacante par la mort de Vindex, tué à ce poste dans une bataille contre les Marcomans » (p. 178).

En revanche, François Fontaine reproduit plus littéralement les imprécations (adclamationes) du Sénat contre le défunt Commode, qui, selon l’Histoire Auguste (Vita Commodi, 18-19)42 étaient reproduites dans la biographie de Marius Maximus ; le romancier, toutefois, par souci de breuitas, ne reprend que quelques éléments des deux chapitres de la citation de l’Histoire Auguste : « Mais il [Pertinax] ne put empêcher que le Sénat tout entier ne se soulageât des terreurs souffertes pendant dix années en criant dans un vacarme sans précédent les plus violentes malédictions qu’on eût entendues dans ce lieu respectable et que les sténographes eurent peine à consigner. J’ai retrouvé dans les Acta Diurna les plus expressives pour les reproduire ici : “– Que le meurtrier du Sénat soit traîné avec le croc ! – Que le gladiateur soit déchiré dans le spoliaire ! – Qu’on renverse les statues du parricide et du gladiateur ! – Qu’on livre aux lions les délateurs ! – Qu’on traîne avec le croc celui qui n’a pas épargné son propre sang ! – Prenez les avis, prenez les avis, nous voulons tous qu’il soit traîné ! – Qu’on réhabilite la mémoire des innocents ! – Tu as partagé nos craintes et nos dangers, César, ordonne qu’il soit déchiré selon l’usage des ancêtres ! – Honneur à la fidélité des prétoriens ! – Nous ne craignons plus rien ! – Corrige nos maux ! – Vive les cohortes prétoriennes !” Je pourrais continuer encore longtemps cette énumération d’invectives » (p. 176). On retrouve aisément dans cette sélection : qui senatum occidit, unco trahatur (18, 5) ; Gladiatorem in

spoliario (18, 4) ; Gladiatoris et parricidae statuae detrahantur (18,

12) ; delatores ad leonem (18, 10) ; Qui sanguini suo non pepercit, unco

trahatur (18, 5) ; Perroga, perroga, omnes censemus unco trahendum

(19, 3) ; Memoriae innocentium seruentur. Honores innocentium

restituas, rogamus (19, 2) ; Nobiscum timuisti, nobiscum periclitatus es

(18, 7) ; Carnifex senatus more maiorum unco trahatur (19, 2) ; Fidei

praetorianorum feliciter (18, 8) ; Nunc securi sumus (18, 15) ; omnia emenda (19, 8) ; Praetoriis cohortibus feliciter (18, 8).

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Présence de Suétone

Alors que dans l’état où elles nous sont parvenues, les Vies des douze

Césars de Suétone et l’Histoire Auguste ne comportent pas de préface

d’ensemble, François Fontaine fait commencer la Vie de Nerva par un paragraphe introducteur qui joue sur la notion de dynastie, indiquant qu’à celle des Flaviens avait succédé celle des Antonins et que c’est par le début de celle-ci qu’il commençait son ouvrage, alors que Suétone avait terminé par la fin de celle-là. Il ajoute que de son temps régnait une autre dynastie, celle des Sévères, en vantant les mérites du jeune empereur, Alexandre Sévère, ce qui est conforme aux pratiques des préfaces internes de l’Histoire Auguste. Il se livre à des parallèles, constatant que la dynastie flavienne a commencé dans la sagesse (avec Vespasien) et fini dans « l’abomination » (avec Domitien), comme la dynastie antonine a débuté « dans la liesse » et terminé dans la folie ; ce cycle était déjà au cœur du régime julio-claudien, qui connut des débuts brillants avec Jules César et Auguste et termina avec Néron. S’il mentionne que Septime Sévère inaugura « brillamment » le règne des Sévères, mais qu’il y eut plus tard Caracalla et Élagabal, il n’entend pas pousser plus loin le parallèle car le jeune Sévère Alexandre est plein de promesses (p. 21). Ce goût pour les parallèles n’est pas étranger à Suétone, qui, il est vrai, procède de façon plus implicite. Au début de la Vie de Galba (1, 1), il note : progenies Caesarum in Nerone defecit (« la lignée des Césars prit fin avec Néron ») et il en trouve comme une confirmation dans deux prodiges qu’il rapporte43. Et au début de la Vie de Vespasien (1, 1) il constate que c’est une nouvelle famille, la gens Flauia, qui avec Vespasien, recueillit et conforta le pouvoir impérial. La fin de la Vie de

Vespasien symbolise le changement de dynastie par la mention d’un

songe de l’empereur qui voit une balance portant dans un plateau Claude et Néron et dans l’autre Vespasien et ses fils, le tout s’équilibrant (25). Le commentaire du biographe est sans équivoque, qui souligne la véracité du songe puisque la durée du règne des uns et des autres fut identique. Se trouve ainsi esquissé un parallèle certes partiel, mais qui témoigne, par- delà le goût des singularités numériques, d’une réflexion sur la succession des règnes. La fin même des Douze Césars de Suétone ouvre sur une période nouvelle par le biais, encore une fois, d’un songe, puisque – et ce sont là les derniers mots de l’ouvrage –, Ipsum etiam Domitianum ferunt

somniasse gibbam sibi pone ceruicem auream enatam, pro certoque habuisse beatiorem post se laetioremque portendi rei p. statum, sicut sane breui euenit abstinentia et moderatione insequentium principum

(« Domitien lui-même rêva qu’une loupe d’or lui venait sur la nuque et fut persuadé que cela présageait pour l’État une période plus heureuse et plus prospère après sa mort, ce qui fut bientôt réalisé, à coup sûr, grâce au désintéressement et à la modération des empereurs qui lui

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succédèrent »)44. C’est évoquer une autre dynastie et c’est lui marquer la confiance et l’espérance qu’on met en elle, comme le fait aussi Tacite pour les mêmes Antonins au début de l’Agricola (3) ou des Histoires (1). François Fontaine se situe dans cette tradition quand il fait l’éloge d’Alexandre Sévère au début de son ouvrage, même si à la fin de celui-ci il modère son enthousiasme. Mais là où Suétone était très discret, esquissant seulement des rapprochements, François Fontaine est beaucoup plus explicite. En cela son modèle est sans doute davantage l’Histoire Auguste, qui n’hésite pas à souligner des parallèles : ainsi au début de la Vie d’Élagabal (1, 1) le biographe s’excuse : Vitam

Heliogabali Antonini, qui Varius etiam dictus est, numquam in litteras misissem, ne quis fuisse Romanorum principem sciret, nisi ante Caligulas et Nerones et Vitellios hoc idem habuisset imperium (« Jamais je n’aurais

composé la Vie d’Élagabal Antonin – appelé aussi Varius – afin d’éviter que l’on sache qu’il fut un empereur romain, si avant lui ce même empire n’avait connu des Caligulas, des Nérons et des Vitellius »45) ; et il propose en contrepoids Auguste, Trajan, Vespasien, Hadrien, Antonin le Pieux, Titus et Marc Aurèle. Ce passage a été transposé par François Fontaine, qui fait exprimer à “Marius Maximus” des réticences analogues, mais des justifications un peu différentes : ne rien taire de ce qu’il a vu, et les précédents de Tacite et de Suétone : c’était implicite dans l’Histoire Auguste, mais François Fontaine rapproche explicitement Élagabal de Néron et de Domitien (p. 276).

François Fontaine – bien évidemment – n’est pas un écrivain antique et il ne peut reprendre au XXe siècle le style et la mentalité d’un biographe du second ou du troisième siècles. Il s’efforce aussi d’analyser les règnes qu’il relate et il le fait en écrivain de son temps, en explicitant les éléments d’analyse qui étaient beaucoup plus discrets chez Suétone ou dans l’Histoire Auguste ; il a aussi un sens plus aigu de la composition. C’est ainsi qu’il termine la Vie de Nerva par l’évocation du Forum

transitorium : « J’ai rapporté ce fait parce qu’il résume en même temps,

me semble-t-il, la signification historique du règne du divin Nerva » (p. 29). Cette pointe est, en fait, un jugement général sur un règne qui est présenté comme ayant surtout vocation à préparer les règnes suivants. Ainsi, si la structure d’ensemble des biographies de François Fontaine correspond dans ses grandes lignes à la démarche suétonienne – laquelle est, d’ailleurs, variée malgré des constantes (origine, carrière, accession, mesures de gouvernement et traits de comportement rangés en species, mort, succession, portrait, amis…) –, le début préfaciel et la fin spirituellement conclusive de « Nerva » relèvent plus de la démarche rhétorique que d’une optique véritablement suétonienne, où le jugement se dégage le plus souvent des faits eux-mêmes.

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Suétone se retrouve au cœur du texte. Il est pour “Marius Maximus” la référence obligée, à laquelle est adjoint aussi son contemporain historien, Tacite. “Marius Maximus” se justifie ainsi de raconter le règne abominable d’Élagabal en prenant pour caution ses deux illustres prédécesseurs : « j’estime que l’historien ne doit rien passer sous silence de ce qu’il a appris et, à plus forte raison, de ce qu’il a vu. Tacite ne s’est pas avili, au contraire, en décrivant Néron, ni Suétone en témoignant sur Domitien » (p. 276). Il associe à ces deux auteurs Juvénal pour désigner de grands écrivains que le régime autoritaire d’Hadrien a conduits au silence, mais il ajoute bien vite que « le retour de la tolérance [avec Antonin] ne vit pas le réveil des lettres, du moins dans l’Histoire et les autres genres sérieux qui, faute d’exercice, avaient perdu jusqu’à l’existence » (p. 103). Ailleurs, c’est une sorte de constante qu’il constate dans la vie des empereurs, à propos de celle d’Hadrien : « Comme presque tous les règnes que Suétone a rapportés et ceux que je raconterai à sa suite, celui-ci connut un moment de grâce après les traumatismes inévitables de la succession qui est le seul acte juridique que nos légistes n’ont jamais pu codifier » (p. 73-74). Il en dégage une sorte de loi : les premiers temps d’un règne, une fois consolidée l’accession, seraient les plus faciles, car « pendant que le nouvel appareil du prince se met en place » (p. 74), les rouages de l’administration fonctionnent d’eux-mêmes, réalisent des réformes que le précédent régime retardait et dont le nouveau tire les bénéfices, ou dont, en cas d’insuccès, il fait reporter la faute sur son prédécesseur : on voit là l’importance que le grand commis de l’État François Fontaine accorde à l’administration par la voix du haut fonctionnaire romain que fut Marius Maximus.

Dans la partie des Douze autres Césars consacrée à Hadrien “Marius Maximus” signale que Suétone a été protégé par le préfet du prétoire Septime (sic) Clarus et qu’il « dirigea le bureau des Archives impériales d’où il tira, comme je le fais moi-même, ses informations les plus sûres » (p. 78)46. Il évoque aussi la disgrâce dans laquelle sont tombés les deux hommes alors qu’Hadrien se trouvait en Bretagne : « Hadrien révoqua le préfet du prétoire Septicius Clarus et retira sa charge de conservateur des archives à Suétone, avec le prétexte qu’ils s’étaient conduits envers l’impératrice Sabine d’une manière plus familière que ne l’autorisait l’étiquette de la Cour » (p. 81), ce qui est comme une traduction d’un passage de la Vita Hadriani de l’Histoire Auguste, où après la mention du voyage d’Hadrien en Bretagne il est dit : Septicio Claro praefecto

praetorii et Suetonio Tranquillo epistularum magistro multisque aliis, quod apud Sabinam uxorem in eius usu familiarius se tunc egerant quam reuerentia domus aulicae postulabat, successores dedit, uxorem etiam ut morosam et asperam dimissurus, ut ipse dicebat, si priuatus fuisset47. En fait, contrairement à ce qu’affirme François Fontaine, il s’agit d’une

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fonction plus importante que celle de directeur des archives (que Suétone a aussi exercée précédemment) : la fonction d’ab epistulis Latinis, responsable de toute la correspondance administrative impériale avec les provinces de la partie occidentale de l’empire romain. La leçon des manuscrits n’est pas unanime et on lit parfois iniussu eius au lieu de in

usu eius48, ce qui rend l’interprétation délicate et l’on s’est beaucoup interrogé sur les raisons de cette disgrâce, certains pensant qu’elle était due aux plaintes de l’impératrice qui se serait sentie traitée avec légèreté par les deux hommes, mais il est bien plus probable que Suétone ait été écarté, au contraire, en raison d’affinités avec le cercle de l’impératrice déplaisant à Hadrien49. Quoi qu’il en soit “Marius Maximus” avoue sa perplexité, car il reconnaît qu’Hadrien n’était pas d’ordinaire sourcilleux sur les égards dus à l’impératrice et il se demande, mais sans conclure, si, de fait, ils n’avaient pas « montré trop de compréhension pour Sabine qui ne supportait pas Hadrien » (p. 81).

Un exemple de réécriture : la mort de Domitien

Pour avoir un aperçu de la manière de procéder de François Fontaine, prenons un événement rapporté déjà par Suétone, que le romancier reprend au début de la Vie de Nerva : l’assassinat de Domitien. François Fontaine indique que le premier coup fut porté par Stephanus, l’« homme de confiance » de Domitien, qui « avait dissimulé » un poignard « dans un pansement au bras » ; le conjuré est présenté comme « un homme corrompu » ayant « saisi le prétexte d’une lettre de dénonciation » pour s’introduire auprès de l’empereur (p. 21-22). Le biographe raconte aussi que le « petit Zéphyr, le page nu qui lui servait de coursier » ne trouva que le fourreau de l’épée que Domitien cachait sous son oreiller et qu’il lui réclamait pour se défendre. Elle avait été prise par « Parthenius, l’aide de camp » et les prétoriens avaient été éloignés par leur préfet Petronius Secundus. « En revanche, l’affranchi Maximus et quelques gladiateurs étaient derrière la porte, et la bête expira sous sept coups de couteau » (p. 22). Les agents du complot sont ceux que désigne Suétone (Dom., 16-17) : c’est Stephanus, non pas « homme de confiance » de Domitien, mais

procurator de Domitilla, la sœur de l’empereur, personnage douteux,

selon le biographe, puisqu’il était l’objet d’une accusation de détournement de fonds (interceptarum pecuniarum reus) qui proposa le plan et inventa le stratagème du bras bandé, simulant une blessure ; il se fit recevoir par Domitien sous prétexte de lui dénoncer un complot et le blessa au ventre avec le coutelas qu’il avait caché dans l’appareil. On trouve aussi chez Suétone la mention des sept blessures, avec des précisions sur les agresseurs : Saucium ac repugnantem adorti Clodianus

cornicularius et Maximus Partheni libertus et Satur decurio cubiculariorum et quidam e gladiatorio ludo uulneribus septem

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contrucidarunt (Dom., 17, 4, « Blessé, Domitien voulut se défendre, mais

le corniculaire Clodianus, Maximus, affranchi de Parthenius, Satur, le premier officier de sa chambre, et quelques gladiateurs se précipitèrent sur lui et le tuèrent en le frappant sept fois »). L’anecdote de la quête vaine de l’arme de Domitien est présente aussi chez Suétone, toutefois il ne s’agit pas d’une épée, mais d’un poignard (pugionem) et il n’en restait que le « manche » (capulo) ; d’autre part, le nom du jeune esclave n’est pas fourni et sa fonction consiste chez Suétone à « veiller sur les Lares de la chambre impériale » (Dom., 17, 5, curae Larum cubiculi […]

assistens). Pas trace chez François Fontaine de la scène sanglante et

pathétique où l’on voit Domitien, les doigts déchiquetés, luttant au corps à corps avec Stephanus. L’expression « la bête traquée » pour désigner le tyran à sa fin (p. 22) peut être un condensé des chapitres 15-17 de la Vie de Domitien de Suétone, elle peut être aussi un souvenir du Panégyrique

de Trajan (48, 3), où Pline le Jeune désigne le tyran par immanissima belua (« la bête la plus féroce »), mais sans doute par la médiation de Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar, où Hadrien dit que son

prédécesseur est « mort en plein palais comme une bête traquée dans les bois »50.

En fait, François Fontaine contamine Suétone avec le contemporain de Marius Maximus Dion Cassius, qui indique que c’est Parthenius qui a enlevé l’épée (tou§ xivfou~) que l’empereur avait en permanence sous un oreiller. C’est Stephanus aussi chez Dion Cassius qui fut envoyé pour frapper l’empereur ; la raison invoquée est qu’il était le plus robuste ; Parthenius vint lui prêter main forte, ou, selon d’autres sources, l’affranchi Maximus (Histoire romaine, 67, 17). Dion Cassius cite parmi les instigateurs du complot et meurtriers de Domitien Parthenius (oJ provkoito~ aujtou§), Sigerus, autre chambellan, Entellus, oJ ta; th§~ ajrch§~ bibliva dievpwn, et l’affranchi Stephanus, ajoutant que le complot était connu de l’impératrice Domitia, des préfets Norbanus et Petronius Secundus (Histoire romaine, 67, 15). Il est fait mention chez Dion Cassius d’un jeune esclave nu de l’entourage de l’empereur51, toutefois l’anecdote du vol de l’arme de Domitien est absente du récit ; mais il en est une autre plus invraisemblable : ce jeune esclave prit sous l’oreiller de Domitien une tablette contenant le nom de suspects à éliminer, tablette qui parvint à l’impératrice Domitia dont le nom y figurait, ce qui précipita le complot (ibid., 67, 15). Le jeune esclave nu reçoit, chez François Fontaine un nom, « Zéphyr », et une fonction, « coursier » (p. 22), ce qui semble provenir d’une contamination avec la Vita Aelii (5, 10) de l’Histoire Auguste qui prête au fils adoptif d’Hadrien la fantaisie d’entretenir des messagers (cursores) auxquels il donnait le nom de vents. C’est à la mort de Commode qu’Hérodien rapporte cette anecdote : Commode aurait inscrit sur une tablette le nom des personnes qu’il

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voulait faire mettre à mort et c’est un des jeunes esclaves ornés seulement de pierres précieuses qu’il avait pour se divertir auprès de lui, selon la coutume des Romains voluptueux, nommé Philocommode, qui prit par hasard la tablette sous l’oreiller et les circonstances firent qu’elle arriva entre les mains de l’impératrice Marcia52 ; François Fontaine s’en fait l’écho dans sa Vie de Commode (p. 169), mais pour le récuser car « ce détail a aussi été raconté à propos de la fin de Domitien ».

Dion Cassius indique comme motivation le fait que Domitia, haïe de son époux, craignait pour sa vie et que les autres étaient ou s’attendaient à être l’objet d’accusations (67, 15, 2). Puis Dion Cassius raconte l’anecdote des tablettes, qui amena les conjurés à presser les choses. Suétone dit, et François Fontaine le suit, que Domitien fut « victime d’une conjuration tramée par ses amis et ses affranchis les plus intimes, auxquels se joignit sa femme » (Dom., 14, 1, conspiratione amicorum

libertorumque intimorum simul et uxoris) et il indique plus loin (Dom.,

15, 1-2) que c’est la mise à mort de son cousin Flavius Clemens qui précipita son assassinat. Mais François Fontaine va plus loin que les auteurs antiques dans l’analyse en faisant méditer “Marius Maximus” à partir de sa connaissance de l’histoire comme de son expérience de préfet de la Ville. “Marius Maximus” se livre à des réflexions sur les chances d’un complot contre un empereur en concluant qu’« [u]n empereur ne peut être tué que sous sa tente par ses propres soldats ou dans ses appartements par ses plus intimes créatures » (p. 22) ; et c’est « quand il médita de supprimer aussi ses familiers, et même son épouse, que ceux-ci prirent les devants ». Du particulier il tire des leçons générales, ce qu’un Suétone ne faisait pas explicitement : « Cette circonstance s’étant reproduite plusieurs fois depuis le début de l’Empire, je pense qu’elle peut amener à des conclusions générales sur les chances et la manière de se défaire d’un despote » (p. 22). Il indique qu’il ne sait pas pourquoi le préfet du prétoire a participé au complot, mais il constate que les prétoriens ont été pris de court par le Sénat qui désigna Nerva comme successeur. Il cherche les auteurs du complot, outre ceux qui y prêtèrent main forte, et pense qu’il y eut une excellente préparation : « Je ne peux m’empêcher de penser que des hommes très prévoyants avaient tout organisé de longue main. Je n’ai jamais vu un coup d’État réussi qui n’ait été soigneusement médité. Les conjurés, Petronius Secundus et Parthenius, conseillés sans doute par l’ingénieux Licinius Sura, avaient l’accord de Nerva » (p. 23)53. Selon Suétone, il n’y eut pas l’unanimité dans l’allégresse à l’annonce de la mort de Domitien, contrairement à ce que rapporte François Fontaine (p. 2 »), puisque Occisum eum populus

indifferenter, miles grauissime tulit […]. Contra senatus adeo laetatus est […] (Dom., 23, 1-2 : « Son meurtre fut accueilli avec indifférence par le

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manifestèrent la plus grande allégresse »). Si Suétone ne dit rien de Nerva, Dion Cassius (67, 15, 4-5) rapporte que les conjurés voulurent s’assurer d’avoir un nouvel empereur à proposer et que beaucoup de personnes ayant refusé, ils se tournèrent vers Nerva.

François Fontaine pratique, donc, la contaminatio de sources principales en allant plus loin que les textes antiques dans l’analyse.

Conclusion

Les jugements antiques portés sur Marius Maximus ainsi que ses

reliquiae laissent entrevoir une certaine image de l’auteur, qu’il

conviendrait de rapprocher de celle qui ressort de l’ouvrage de François Fontaine. L’Histoire Auguste porte sur lui un jugement contradictoire. Elle oppose historiens et biographes, mettant d’un côté Salluste, Tite-Live, Tacite et Trogue présentés comme disertissimos, et, de l’autre, Marius Maximus, Suétone et les fictifs Fabius Marcellinus, Gargilius Martialis, Julius Capitolinus et Aelius Lampridius, ceterosque, qui haec

et talia non tam diserte quam uere memoriae tradiderunt (« et tous ceux

qui, dans leur narration de ces faits et d’autres du même genre [i. e. la vie des princes], ont moins recherché l’élégance que la véracité »54), le rédacteur de l’Histoire Auguste prétendant avoir essayé d’imiter modestement ceux-ci plutôt que le style élevé de ceux-là. Mais ailleurs il oppose à la breuitas de Suétone, la prolixité mensongère de Marius Maximus, homo omnium uerbosissimus, qui et mythistoricis se

uoluminibus inplicauit (« le plus verbeux de tous les écrivains et qui s’est

même empêtré dans des volumes entiers d’histoire romancée »55. Notre intention n’est pas d’évaluer le jugement de l’Histoire Auguste, mais de voir si François Fontaine en tient compte ; or, on ne constate pas une tendance particulière chez son “auteur” au remplissage, à l’imposture et à l’affabulation56.

La remarque d’Ammien Marcellin, qui rapproche Marius Maximus de Juvénal dans un même jugement négatif, laisse supposer que l’historien avait de plus hautes conceptions de sa tâche que le biographe, dont il jalouse le succès à son époque, mais peut-être aussi que ce qui plaisait chez Marius Maximus était une certaine verve satirique : Quidam

detestantes ut uenena doctrinas, Iuuenalem et Marium Maximum curatiore studio legunt, nulla uolumina praeter haec in profundo otio contrectantes, quam ob causam non iudicioli est nostri 57.

L’œuvre présentait sans doute des aspects pamphlétaires58. On ne perçoit guère ce goût pour la satire dans l’ouvrage de François Fontaine non plus que celui qu’il manifeste, selon la tradition, pour les détails scabreux59 : il en existe, mais “Marius Maximus” semble plutôt s’en excuser. On ne retrouve guère non plus sa tendance à recourir aux ioca60.

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Les sympathies sénatoriales que l’on prête à l’écrivain historique61 ont laissé des traces chez François Fontaine, mais “Marius Maximus” ne se fait guère d’illusions sur les capacités des membres de cette assemblée.

Comme Suétone, il s’intéresse à l’origine des princes, aux horoscopes, aux prédictions, à l’astrologie, même s’il peut faire preuve de plus d’esprit critique62. Marius Maximus a dû suivre assez largement le modèle suétonien, s’attachant à l’origo, la famille, l’enfance des princes, à leurs actions avant leur accession, à leur portrait, à leur œuvre publique, aux signes annonciateurs de leur mort, aux honneurs reçus et au jugement de Rome sur eux après leur décès63, ce dont François Fontaine se fait en général l’écho. Mais il serait erroné de considérer Marius Maximus comme un simple imitateur de Suétone64 ; ainsi il inclut des documents, discours, lettres dans ses biographies65 et il a pu prendre tout aussi bien modèle sur Tacite, la distinction entre histoire annalistique et biographie tendant à s’estomper66.

On remarque, d’ordinaire, que Marius Maximus s’attachait à comprendre les motivations psychologiques des empereurs67 et que ses analyses politiques étaient limitées : Ronald Syme estime que son expérience des affaires n’avait pas élargi sa vision68. Mais le critique rappelle néanmoins qu’il présentait le déclin et la chute de deux dynasties, l’une finissant par Commode et l’autre avec Élagabal69. Tout en se référant sérieusement aux sources et en reprenant ce que l’on peut savoir de la vie de Marius Maximus, plutôt que de suivre à la lettre les

reliquiae du biographe, François Fontaine effectue comme une synthèse

principalement de l’Histoire Auguste et de Dion Cassius pour rendre compte des « autres Césars » et le haut fonctionnaire qu’il est donne à son personnage un souci plus aigu de l’analyse, des rapprochements, des interrogations sur la marche de l’empire et le devenir de Rome, ainsi qu’une plus grande profondeur de vue, pour la plus grande satisfaction intellectuelle des lecteurs.

NOTES

1 François FONTAINE, Vingt Césars et trois Parques, Paris, de Fallois, 1994, « Avant-Propos », p. 9 : « On peut s’appuyer sur Suétone pour remettre en place Tacite, et réciproquement ».

2 Cf. « Note sur les Sources », François FONTAINE Douze autres Césars, Paris, Julliard, 1985, p. 303-306. On corrigera toutefois des affirmations du type « Cassius Dio n’a jamais été traduit en français » (p. 303), puisqu’il existe une traduction de l’Histoire

romaine par E. GROS et V. BOISSÉE au XIXe siècle, chez Firmin Didot, 1845-1870, et « ces œuvres existent dans la fameuse collection Loeb, d’Oxford, ou en allemand chez Taubner [sic] » (p. 303), puisque, si la collection Loeb offre bien une traduction en anglais, la collection Teubner présente uniquement une édition critique.

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3 Lives of the Later Caesars. The first part of the Augustan History, with newly compiled Lives of Nerva and Trajan, translated and introduced by Anthony BIRLEY, Londres, Penguin Books, 1976.

4 Nous mettrons ainsi entre guillemets le nom du personnage que François Fontaine présente comme l’auteur des Douze autres Césars, afin de le distinguer du personnage historique.

5 Dans Vingt Césars et trois Parques, op. cit., p. 309-310, François Fontaine rappelle que “Marius Maximus” s’est retiré dans sa villa de Campanie sous le règne d’Élagabal, « où il rédige une histoire des Césars qui fera suite à celle de Suétone ».

6 Selon André CHASTAGNOL in HISTOIRE AUGUSTE, Les empereurs romains des IIe

et IIIe siècles, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 1994, p. 369, Clodius Albinus,

comme Pescennius Niger, « n’avait pas bénéficié d’une Vie qui lui soit propre dans l’ouvrage de Marius Maximus », qui avait parlé de lui seulement dans ses Vies de Septime Sévère et de Didius Julianus.

7 Par exemple, Ronald SYME, « The biographer Marius Maximus », Ammianus and the

Historia Augusta, Oxford, Clarendon Press, 1968, p. 90, n. 1, considère qu’Ausone

constitue un indice pour établir quels furent les Césars auxquels se consacra Marius Maximus. Voir aussi Francesco DELLA CORTE, « I “Caesares” di Ausonio e Mario Massimo », Studi Urbinati di Storia, Filosofia e Letteratura. Urbino, 1975, XLIX, n° 1, p. 483-491.

8 Hermann PETER, Historicorum Romanorum reliquiae, II, Stuttgart, Teubner, 1906. 9 Anthony R. BIRLEY, « Marius Maximus : the Consular Biographer », ANRW, II, 34. 3, 1997, p. 2684-2693.

10 On trouvera un état de la question chez André CHASTAGNOL, op. cit., p. LII-LIX et chez Anthony R. BIRLEY, « Marius Maximus : the Consular Biographer », op. cit., p. 2708-2714. Ronald Syme préfère un auteur inconnu, qu’il désigne par Ignotus, comme source principale, Marius Maximus étant surtout utilisé pour apporter des éléments triviaux ou scandaleux.

11 Rita FOSSATELLI, « Mario Massimo », Rivista di Cultura Classica e Medioevale, 15, 1973, p. 76-77.

12 Ronald SYME, op. cit., p. 90. J. M. ALONSO-NUÑEZ, « Valoracion literaria de Mario Maximo », Archivo Español de Arqueologia, 1972-1974, 45-47, p. 549, évoque aussi douze biographies de Nerva à Élagabal.

13 Cf. aussi Ronald SYME, « Marius Maximus once again », Bonner Historiae Augustae

Colloquium 1970, 1972, p. 289.

14 Anthony R. BIRLEY, op. cit., 1997, p. 2683.

15 Klaus SALLMANN, Handbuch der lateinischen Literatur der Antike, IV, p. 53-56, cité par François PASCHOUD, « Propos sceptiques et iconoclastes sur Marius Maximus »,

Historiae Augustae Colloquium Genevense, VII, François PASCHOUD éd., Bari, 1999,

p. 241, prête aussi à Marius Maximus ces 9 biographies, mais en 12 livres, la biographie de Marc Aurèle comportant 2 livres et celle de Septime Sévère 3.

16 Anthony R. BIRLEY, ibid., p. 2683, n. 18, évoque d’autres thèses : on considère parfois que Marius Maximus aurait composé 10 vies, de Nerva à Caracalla. Salvatore D’ELIA, « Note su Mario Massimo », Studi Urbinati di Storia, Filosofia e Letteratura. Urbino, 1975, XLIX, n° 1, p. 461-463, penche pour 9 biographies en 12 livres et considère qu’il est douteux, compte tenu des éléments dont nous disposons, que Marius Maximus ait écrit des Vies de Didius Julianus, Caracalla et Macrin.

17 ID., ibid., p. 2712. 18 Vita Avidii, VI, 7 ; IX, 5.

19 Vita Avidii, IX, 5, trad. André CHASTAGNOL : in quo ille ea dicit, quae solus Marcus

mortuo iam Vero egit.

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21 Par exemple, Ronald SYME, « The biographer Marius Maximus », Ammianus and the

Historia Augusta, op. cit., p. 90 ; Anthony R. BIRLEY, op. cit., p. 2683.

22 François PASCHOUD, « Propos sceptiques et iconoclastes sur Marius Maximus », op.

cit., p. 241-254. Anthony R. BIRLEY, op. cit., p. 2682, au contraire, estime qu’étant

donné la notoriété de l’œuvre de Marius Maximus à son époque, dont témoigne Ammien Marcellin, le rédacteur de l’Histoire Auguste pouvait difficilement lui faire de fausses attributions.

23 AMMIEN MARCELLIN, XXVIII, 4, 14. 24 Fr. 1 (Peter).

25 L’assimilation entre l’écrivain et le consul de 223 est communément admise, cf., par exemple, André CHASTAGNOL in HISTOIRE AUGUSTE, Les empereurs romains des

IIe et IIIe siècles, op. cit., p. LIV.

26 Cf., par exemple, F. MILTNER, « L. Marius Maximus », Real Encyclopädie der

klassischen Altertumswissenschaft, XIV, 2, 1930, col. 1828-1831 ; Salvatore D’ELIA, op. cit., p. 460-461.

27 Anthony R. BIRLEY, « Marius Maximus : the Consular Biographer », op. cit., p. 2694-2703, qui, p. 2698, fixe sa naissance aux environs de 160, tout au plus un ou deux ans plus tôt ; François Fontaine donne, p. 309, l’année 158.

28 On notera de même une erreur dans le numéro de la légion où Marius Maximus exerça son premier tribunat de légion : ce n’est pas la XII Primigenia, mais la XXII Primigenia. 29 Anthony R. BIRLEY, op. cit., p. 2700.

30 Ronald SYME, Ammianus and the Historia Augusta, Oxford, Clarendon Press, 1968, p. 90, constate que, comme Suétone, il écrivit sous un bon prince, en l’occurrence Alexandre Sévère.

31 Cf. la préface de l’Agricola de Tacite (3, 1) et des Histoires (I, 1, 6), où les règnes de Nerva et Trajan sont présentés comme propices à l’écriture de l’histoire : […] rara

temporum felicitate ubi sentire quae uelis et quae sentias dicere licet (« en une époque où

l’on a le rare bonheur de pouvoir penser ce que l’on veut et dire ce que l’on pense » (Hist., I, 1, 6, trad. Pierre GRIMAL, Gallimard).

32 Tite-Live, Histoire romaine, I, Praef. , 5 : ego contra hoc quoque laboris praemium

petam, ut me a conspectu malorum quae nostra tot per annos uidit aetas, tantisper certe dum prisca illa tota mente repeto, auertam […] (« Tandis que moi, l’un des avantages que

je compte retirer de mon travail, ce sera de trouver, du moins tant que mon esprit s’appliquera tout entier à retrouver ces antiquités, une diversion aux spectacles funestes dont notre siècle a été si longtemps le témoin […] » (trad. Gaston BAILLET, Les Belles Lettres).

33 Frag. 2 (Peter).

34 Anthony R. BIRLEY, Marcus Aurelius. A biography, London, Routledge, 2000 [1e éd. : 1966], p. 30, indique à propos du fondateur de Lupiae, que ce sont là des fictions familiales habituelles pour rattacher un nom d’ancêtre à une légende.

35 Frag. 10 (Peter). 36 Frag. 12 (Peter).

37 Mais François Fontaine cite un extrait de la lettre de Lucius Verus à Marc Aurèle à ce sujet (p. 140) dans une traduction quasi littérale de la Vie d’Avidius Cassius dans l’Histoire Auguste, 1, 7-8, et (pour la réponse de Marc Aurèle à Lucius Verus) 2, 1-2. 38 La même Histoire Auguste, dans la Vita Marci Antonini philosophi, 24, 6, indique que certaines sources affirment le contraire : Faustine aurait donné son accord en raison de l’état de santé de Marc Aurèle.

39 Frag. 18 (Peter). 40 Frag. 17 (Peter).

41 Sur cet éloge de Pertinax par Marc Aurèle mettant en lumière dans l’Histoire Auguste les capacités militaires de Pertinax, voir Cécile BERTRAND-DAGENBACH, « La

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carrière du prince dans l’Histoire Auguste », Historiae Augustae Colloquium

Argentoratense, VI, Giorgio BONAMENTE, François HEIM, Jean-Pierre CALLU éd.,

Bari, 1998, p. 29-30. 42 Frag. 16 (Peter).

43 Cf. Eugen CIZEK, Structures et idéologie dans « Les Vies des douze Césars » de

Suétone, Bucarest / Paris, 1977, p. 56, qui y voit un signe supplémentaire que « Suétone

n’était pas totalement dépourvu de sens historique ».

44 Dom., 23, 4, trad. Henri AILLOUD, Les Belles Lettres ; sauf indication contraire nous citerons désormais les Douze Césars de Suétone dans cette traduction.

45 Trad. André CHASTAGNOL, Robert Laffont ; sauf indication contraire nous citerons désormais l’Histoire Auguste dans cette traduction.

46 Allusion aux fonctions d’a studiis et d’a bibliothecis que Suétone exerça avant d’être nommé ab epistulis Latinis.

47 Vita Hadriani, XI, 3, trad. Jean-Pierre CALLU et alii, Les Belles Lettres : « Septicius Clarus, préfet du prétoire, et Suetonius Tranquillus, directeur de la correspondance, ainsi que beaucoup d’autres, dont la familiarité auprès de sa femme Sabine avait, à l’époque, outrepassé, dans leurs rapports avec celle-ci, ce qu’exigeait le respect dû à la maison de l’empereur, reçurent des successeurs ; et il aurait renvoyé également sa femme pour son caractère maussade et difficile, comme il le disait lui-même, s’il avait été un simple citoyen ».

48 in eius usu est une conjecture.

49 Sur cette question voir, par exemple, le point fait par Marie-Claude VACHER dans son édition de SUÉTONE, Grammairiens et rhéteurs, Les Belles Lettres, 1993, p. XVIII-XX ; on pourra ajouter B. BALDWIN, « Was Suetonius disgraced ? », Échos du monde

classique, 19, 1, 1975, p. 22-25 ; ID., « Hadrian’s dismissal of Suetonius : a reasoned

response », Historia, 1997, 46 (2), p. 254-256 ; Eugen CIZEK, Structures et idéologie

dans « Les Vies des douze Césars » de Suétone, Bucarest / Paris, 1977, p. 181 sq. ; J. A.

CROOKS, « Suetonius ab epistulis », Proceedings of the Cambridge Philological Society, 184, N. S., n° 4, 1956-1957, p. 20 ; M. C. TEDESCO, « Opinione pubblica e cultura ; un aspetto della politica di Adriano », Contributi dell’Istituto di Storia antica dell’ Univ. del

Sacro Cuore, 5, 1978, p. 185.

50 Marguerite YOURCENAR, Œuvres romanesques, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2005 (1e éd. : 1982), p. 363.

51 Dion Cassius, Histoire romaine, 48, 44, évoque auprès de Livie pareil jeune esclave babillard nu que les matrones avaient coutume de tenir auprès d’elles comme divertissement. Suétone, Aug., 83, 2, signale qu’Auguste faisait rechercher de beaux enfants au charmant gazouillis (facie et garrulitate amabilis) qui lui servaient de compagnons de jeux.

52 L’Histoire Auguste, Vita Commodi Antonini, 9, 3, qui semble suivre ici Hérodien (cf. André CHASTAGNOL, op. cit., p. 232, n. 2), sans le rattacher au récit de l’assassinat de Commode, indique que l’empereur avait inscrit sur une tablette le nom de personnes à éliminer, mais qu’un « gamin » (paruolum quendam) prit l’objet dans sa chambre à coucher et que l’affaire fut ainsi découverte.

53 Suétone, Dom., 17, 2, indique, au contraire, que les conjurés hésitaient sur les circonstances de l’assassinat et que c’est Stephanus qui, pressé par une accusation, hâta les choses.

54 Vie de Probus, 2, 7. 55 Quadrigae tyrannorum, 1, 2.

56 François FONTAINE, op. cit., dans sa « Préface », p. 11, dénonce l’attitude du rédacteur de l’Histoire Auguste, qu’il persiste à désigner par l’un de ses noms fictifs : « Un certain Flavius Vopiscus, qui l’a impudemment plagié, lui reproche sa prolixité et ses affabulations ».

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57 AMMIEN MARCELLIN, XXVIII, 4, 14 : « Certains haïssent la culture comme un poison, ils ne lisent avec une attention soutenue que Juvénal et Marius Maximus, et hormis ces auteurs ne manipulent aucun autre volume dans leur profonde oisiveté, pour une raison qu’il n’appartient pas à notre modeste jugement de démêler », trad. Marie-Anne MARIÉ, Les Belles Lettres.

58 J. M. ALONSO-NUÑEZ, op. cit., p. 553.

59 Goût de Marius Maximus pour les détails scabreux, cf., par exemple, Ronald SYME,

Emperors and biography, Oxford, 1971, p. 133-134 ; J. M. ALONSO-NUÑEZ, op. cit.,

p. 551.

60 Pour le goût de Marius Maximus pour les ioca, cf., par exemple, Anthony R. BIRLEY, « Marius Maximus : the Consular Biographer », op. cit., p. 2719 ; Agnès MOLINIER, « Marius Maximus source latine de la Vie de Commode ? », Historiae Augustae

Colloquium Argentoratense, VI, op. cit., p. 244.

61 Par exemple, Agnès MOLINIER, op. cit., p. 244.

62 Anthony R. BIRLEY, « Marius Maximus : the Consular Biographer », op. cit., p. 2720 ; Rita FOSSATELLI, op. cit., p. 77. Henry BARDON, La littérature latine inconnue, II, Paris, 1956, p. 270-271, au contraire, souligne sa naïveté à propos des prédictions d’Hadrien. Selon la Vita Aelii, 3, 9, qui donne pour source Marius Maximus, Hadrien a écrit par avance ce qui allait lui arriver (frag. 7, Peter), ce dont François Fontaine se fait l'écho (p. 87) ; la Vita Hadriani, 16, 7, sans citer Marius Maximus, prétend qu’Hadrien écrivait au tout début de l’année ce qui allait se produire pour lui dans le courant de celle-ci.

63 Cf. Anthony R. BIRLEY, « Marius Maximus : the Consular Biographer », op. cit., p. 2751.

64 Rita FOSSATELLI, op. cit., p. 77 ; Henry BARDON, op. cit., p. 270-271 ; Anthony R. BIRLEY, ibid., p. 2751-2.

65 Cf., par exemple Ronald SYME, Emperors and biography, op. cit., p. 133-4. 66 Anthony R. BIRLEY, ibid., p. 2752.

67 Rita FOSSATELLI, op. cit., p. 78 ; J. M. ALONSO-NUÑEZ, op. cit., p. 552.

68 Ronald SYME, « The biographer Marius Maximus », Ammianus and the Historia

Augusta, op. cit., p. 90.

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