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Devenir Coach, praticien de l’Accompagnement Professionnel Personnalisé

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Academic year: 2021

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Devenir coach, Nadine Pelvillain Page 1/14

Devenir coach, praticien de l’accompagnement professionnel

personnalisé

Construction d’une identité professionnelle singulière

Becoming a coach, practitioner of professional and individual

support

Developing a particular professional identity.

Auteur de l’article, coordonnées, statut et affiliation : Nadine Pelvillain, 94170 LE PERREUX

nadinepelvillain2003@yahoo.fr

Chargée de mission à la Direction de l’Ingénierie l’AFPA, membre de l’AFAPP

Thèmes de recherche : Accompagnement, management, formation expérientielle, identité professionnelle

Résumé de l’article : Témoignage d’une professionnalisation et réflexion sur la question de la transformation d’une identité professionnelle. La formation au coaching du Groupe CAPP engage le coach en formation dans un processus de transformation parallèle à celui des coachés qu’il accompagne. Dans une approche psycho-socio-existentielle, la formation expérientielle et la démarche socio-analytique réflexive mettent en mouvement et provoquent le dérangement. En exerçant une activité de coaching pendant la formation, dans l’interrogation permanente « Qui est Je ? », dans un chemin singulier, s’opère doucement le déplacement : « Je deviens un autre ». Les trajectoires professionnelles du coaché et du coach s’infléchissent chacune vers des places nouvelles.

Account of a professionalization and thoughts on the transformation of a professional identity. The Group CAPP’s coach training implies that the trainee coach is involved in a transformation process which happens alongside the transformation of the people he/she is coaching. In an existential-psycho-sociological approach, experiential training and the socio-analytical reflexive approach put in motion and bring about a disturbance. Coaching while being trained, with the constant question of "who is I?", on a peculiar path, shifting slowly happens: "I become another". The course of the professional lives of both the coach and the person who's being coached change directions and move towards new places.

Mots clés

Accompagnement, formation expérientielle, identité professionnelle, trajectoire, analyse du travail

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Devenir coach, Nadine Pelvillain Page 2/14 L’objet de cette contribution est d’apporter un témoignage de ma professionnalisation en tant que coach en 2011 prenant appui sur le dispositif du groupe Centre d’Analyse des Pratiques Professionnelles (CAPP) pour y travailler la question de la transformation d’une identité professionnelle et du changement de place.

L’hypothèse posée est que cette formation à l’accompagnement professionnel personnalisé permet d’engager le coach en formation que je suis, dans un processus de transformation parallèle à celui des coachés que j’accompagne s en coaching volontaire.

Je propose au lecteur de me suivre sur le chemin de cette professionnalisation, qui s’est articulé pour moi sur trois temps, temps de l’émergence, temps de la consolidation, temps de la sérénité et montrer comment la transformation de ce sujet « coach en devenir » s’est articulée autour de trois axes : cognition, action, émotion.

Le chemin de la professionnalisation.

Préalable, le temps du choix

« La vie influence-t-elle l'œuvre ? », s'interroge Todorov (Todorov, 2009). L'outil du coach est

lui-même (Delivré, 2002), autant dire que le parcours de chacun impacte et singularise sa pratique.

« Devenir coach » : dès le moment de la formulation, s’engage un choix essentiel pour moi :

choisir la bonne formation et le bon accompagnateur de changement. Autant d’offres, autant de possibles, et puis d’un coup, la rencontre évidente avec l’approche théorique multi-référentielle et pragmatique du Groupe CAPP. Professionnelle de la formation depuis plus de 30 ans, je suis sensible à l’ouverture qu’offre le dispositif sur trois axes : formation, action, recherche. A ce moment-là je pressens que je vais pouvoir travailler là l’enjeu de mon histoire qui me travaille, « changer de place », en reprenant le fil d’une réflexion commencée quinze ans auparavant.

L’émergence

Le premier moment fort de la conscientisation du chemin déjà parcouru, se cristallise en formation lors de la première analyse autobiographique proposée. D'où je viens ? Quelles sont mes expériences (personnelles, éducatives, formatives et professionnelles) ? Comment mes origines familiale, sociale m'ont-elles influencées ? L’outil et le questionnement bienveillant du formateur, dans une situation de coaching, invitant à choisir des « moments

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signifiants, occultés, cruciaux », dit Dominique Jaillon1 permettent de repérer la singularité de

l’itinéraire et de l’identité professionnelle et de formuler la possibilité d’une activité de coaching.

La formulation d’une nouvelle identité professionnelle émerge du travail provoqué par la démarche socio-analytique réflexive. Ce dispositif constitue à la fois l’une des pierres angulaires du processus de formation, et un outil opérationnel, le schéma socio-biographique, (de Gaulejac, 1997) pour conduire un coaching.

Avant de proposer le schéma socio-biographique à un coaché, le coach en formation va en éprouver la puissance. Il pointe d’abord les moments clés de son histoire, puis, le questionnement de l’accompagnant révèle à la personne des éléments, jusque-là inconnus, tapis dans l’ombre. Cette démarche met en mouvement, provoque le dérangement, permet de circuler entre intériorité et extériorité.

Cette mise en situation génère un matériau nouveau et vécu. Ce vécu nouveau, forme et accompagne, transforme déjà. Chaque bifurcation, chaque figure tutélaire repérée et mise en exergue, révèle déjà un parcours singulier entre déterminisme et liberté des choix opérés. Le coach en formation comprend que sur l’échiquier du positionnement social, il s’est déplacé de place en place. Le coaching, méta-métier, loin de constituer une rupture avec son parcours professionnel, va permettre au coach de mobiliser toutes les compétences déjà acquises pour exercer son art. Ce cheminement va favoriser l’émergence de la conscientisation de la notion de coach singulier.

La consolidation

Coach en formation, je prends appui sur ma toute récente expérience de coach et sur les apports théoriques et pratiques pluridisciplinaires. Je travaille ma nouvelle identité professionnelle : sujet apprenant (en formation), sujet professionnel (en activité) et sujet réflexif (en recherche). Insensiblement, chacune des épreuves traversées interroge le coach en formation tout comme le coaché dans un coaching. Pensée, émotion, corps sont à l’œuvre tout au long du processus de transformation.

La transformation du sujet, coach en devenir mobilise dans trois dimensions : cognition dans les apports formatifs, lectures, conférences, recherches, réflexions, créations graphiques et écriture (autobiographie réflexive, journal puis mémoire) ; action par le vécu ou

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Devenir coach, Nadine Pelvillain Page 4/14 l’observation de nouvelles compétences mises en œuvre dans des situations professionnelles ; émotions ressenties dans les rencontres, au cours de la formation, en coaching volontaire, puis analysées par le récit (échanges en formation, analyses de pratiques professionnelles et supervision).

Changer de place. Qui est-je ?

Le changement de place devient possible dès lors que le coach pense à faire de la place dans sa vie professionnelle mais aussi personnelle pour que ce projet prenne toute sa place en dégageant le temps nécessaire à une activité de recherche. Le changement de place est la traduction formelle de la transformation opérée dans un glissement progressif, tout au long du parcours de formation, sous le regard croisé de mes pairs et mes formateurs.

L’expérience se construit au fil du temps dans les moments d'analyse réflexive, par une pratique de la mise en mots. Se dire, pour dire et pour écouter. Lorsque le groupe n’est plus là pour questionner et renvoyer en miroir, le journal de bord de formation permet de poser sa pensée régulièrement et de se mettre à distance dans une pratique réflexive. La démarche accompagne au plus près le coach et laisse des traces de sa transformation. Chaque expression permet de préciser, de libérer ce que l'on a en soi, de faire émerger de nouvelles connexions dans un dialogue intérieur qui se traduit dans un récit. Doucement, la posture socratique socialisante permet la mise au monde de l’identité professionnelle du coach.

Analyse réflexive

L’analyse réflexive sur son parcours permet au futur coach la conscientisation des compétences déjà disponibles et de s’engager dans l’action d’accompagnement et de se confronter à la réalité de ce méta-métier. Cependant, c’est en exerçant une activité de coaching que « Je » devient un autre, dans une nouvelle combinatoire infléchissant sa trajectoire professionnelle vers une place nouvelle. La conscientisation de cette transition professionnelle s’opère dans une réflexivité sans cesse présente, dans un va-et-vient « intériorité-extériorité ». Le processus de transformation s’ancre dans le respect des origines et de la fidélité à soi, entre petits pas et fulgurances. La quête du sens est omniprésente car, c’est pris dans un questionnement sans fin, que le sujet en formation s’interroge sans cesse « Qui est Je ? (de Gaulejac, 2009). Pris dans la spirale de cette interrogation, « Je deviens un

autre » (Kauffmann, 2008), dans une double hélice, entre identité sociale héritée et nouvelle

identité sociale. Le coach, comme le coaché, travaille trois invariants : travail sur soi, relation à autrui et aux organisations (institutions) de façon maillée et pose dans un continuum les questions de la place (Ernaux, 1983), de la légitimité, de la reconnaissance.

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Devenir coach, Nadine Pelvillain Page 5/14 Pourtant, c'est dans le travail personnel et l’écriture du journal de bord de la formation, qu'émerge, sans doute encore plus fortement, la conscientisation d’une posture nouvelle. Ce travail-là permet de laisser les traces de la transformation, de repasser sur le chemin à plusieurs reprises, et, dans un mouvement itératif, à chaque passage, les éléments mis en relation dans une approche systémique, prennent un nouveau sens, permettent croissance et consolidation. Au fil du temps, dans la durée, une nouvelle centration naît. Coach "en devenir", je vois ma vie prendre de nouvelles couleurs dans une réflexion omniprésente "qu'est-ce qui se passe là ? ».

Le coach, un artisan façonne ses outils pour exercer son art

La mise en situation professionnelle des coachings volontaires (coachings contractualisés avec des personnes identifiées par les membres du groupe en formation), l’analyse de sa pratique professionnelle avec ses pairs et sa supervision, constituent les trois piliers de l’activité du coach. Tel un artisan, c’est en m’appuyant sur des démarches et des techniques professionnelles qu’au fil de l’eau, je me forge coach et que je met au point mes propres outils, repères solides pour garder une souplesse dans ma pratique d’accompagnement de la mise en mouvement du coaché.

La sérénité

Veiller à être disponible à soi pour être disponible à l’autre et à s’aligner (corps, cœur, pensées) dans une posture de non-savoir pour l’autre, je sais désormais que l’accompagnement d’un coaché m’emmène sur le chemin de mon propre accompagnement. Les questions qui taraudent le coaché, me mettent en travail pour veiller à rester dans une vigilance sans faille de ne rien vouloir pour mon coaché. J’ai désormais clairement en tête ce qui se passe sur la scène du coaching professionnel. J’identifie trois invariants à travailler, le travail, le contexte professionnel, l’identité professionnelle, en tenant compte de trois acteurs, le coaché, le coach, l’entreprise, qui jouent un rôle, produisent et agissent.

Je prends appui sur mes compétences professionnelles acquises par expérience en tant que manager en Formation professionnelle et analyste du travail, pour conduire l’activité et la recherche en coaching. Tout au long de mon parcours de professionnalisation, en exerçant une activité de coach, peu à peu, je perçois que mes autres activités se teintent de cette nouvelle pratique. Ma posture change en me plaçant davantage à côté des personnes. C’est dans ce troisième temps que s’accomplit la transition professionnelle. Elle va s’exprimer dans une ultime et double contribution professionnelle.

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L’écriture du mémoire, mouvement introspectif

Le dispositif pédagogique, porté par une démarche portfolio constitué de tous les éléments formatifs permet de capitaliser et de mettre en sens les traces de la construction de ma toute nouvelle identité professionnelle. Très tôt, est venu le temps de formuler l’objet du mémoire professionnel, puis le temps de l’écriture. Le mémoire va concrétiser une étape formelle de mon chemin tout en produisant un début. Ultime élaboration de ma pensée car je suis le sujet de l’objet de mon mémoire.

A l’écoute de ma transformation, c’est dans un mouvement introspectif que j’auto-analyse alors la « Construction d’une identité professionnelle singulière », dans un récit historicisé, itératif et non linéaire de ma trajectoire et ancrer la légitimité à être à cette place-là.

Lorsque je m’autorise à penser la place du travail, comment j’accompagne le changement d’un sujet, tout me revient en tête. Tandis que je structure ma pensée en s’efforçant de respecter les contraintes formelles, ma pensée se déploie. Je reformule et enfin, ose avancer des hypothèses et faire des propositions (de Gaulejac, 2007).

Le travail d’écriture réalisé, je rassemble tous mes matériaux pour constituer et structurer le corpus de mon portfolio : prises de notes, journal, transcriptions des séances de coaching, outils de travail personnels, références (lectures, articles, films) et enfin le mémoire. Tout est déposé là devant lui, externalisé et montrable. Vient alors le temps de préparer la soutenance du mémoire.

La soutenance du mémoire, mouvement extrospectif

Ce moment permet d’acter, devant un jurys et mes pairs, ma reconfiguration identitaire en revenant sur les éléments travaillés tout au long mon parcours, dans un mouvement extrospectif. La production du support visuel pour accompagner la soutenance orale constitue une véritable épreuve.

Etre au clair et donner à voir visuellement à la fois le chemin et le sens de cette trajectoire. Mettre en récit oral son chemin et se présenter avec cette toute nouvelle peau, ma nouvelle identité professionnelle, car à ce moment-là, je sais reconnaitre ce que je fais, évalue ce que je sais faire et le fais reconnaitre devant ma communauté.

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Un parcours de professionnalisation dans une approche anthropologique.

L’hypothèse est que ce dispositif de formation porté par une démarche socio-analytique, entre approche socratique et approche existentialiste, dans le respect des parcours individuels, permet véritablement pour chacun un processus de transformation singulier.

Le dispositif permet de travailler une unification et l’indispensable posture congruente pour accompagner autrui dans une approche psycho-socio-existentielle. La complexité (Morin 2005), vision systémique holistique (dans la relation à soi, à autrui et à son environnement) combinée dans une démarche anthropologique du « donner-recevoir-rendre » (Mauss, 1923) déployée jusque dans l’entreprise (Alter, 2009), permet de retrouver le sens de sa vie. Le changement de place s’opère alors dans un continuum. Le moment de la soutenance du mémoire professionnel devant le jury du Groupe CAPP est le moment ultime du « rendre », dans une approche anthropologique du don « Donner-Recevoir-Rendre », après les deux moments du « Donner », dans le respect de l’engagement à travers les contributions effectives en formation et les productions intermédiaires, et du « Recevoir », des pairs et intervenants, des auteurs des lectures et des coachés.

La production singulière du mémoire m’a permis d’apporter ma toute première contribution, pour ouvrir sur de nouveaux champs de réflexions. Cette production validée par le directeur pédagogique du centre de formation, puis soutenue dans une synthèse devant un jury et devant ses pairs constitue pour moi un nouveau corpus. L’évaluation et les appréciations permettent de mesurer la singularité de mes propositions et de penser dès lors à la contribution possible en termes de communication auprès de trois communautés professionnelles : coaching, formation, management. La première étape est celle de l’adhésion à l’AFAPP (Association Française pour Accompagnement Professionnel Personnalisé ). La deuxième sera la formulation d’une proposition auprès de la nouvelle Direction Générale de l’AFPA (Association pour la Formation Professionnelle des Adultes) pour refonder le corpus de ses principes pédagogiques « La formation expérientielle accompagnée, pour une refondation de

l'ingénierie pédagogique, intégrer l’ingénierie de l’accompagnement en formation » (Note

interne pour l’action dans le cadre du Plan de Refondation de l’AFPA du 14/11/2012).

Réflexion autour du dispositif de professionnalisation

Dispositif de formation à l’accompagnement et dispositif de coaching

La construction même de ce dispositif de formation emprunte et repose sur le processus de coaching alternant temps présentiels (face à face pédagogique), temps distanciels (mises en

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Devenir coach, Nadine Pelvillain Page 8/14 situations professionnelles réelles ; recherches et travail personnel, moments d’élaboration entre les séances ; séances de formation et séances de coaching pour disposer des matériaux et travailler ensemble dans un cadre et un dispositif sécurisé.

Principes et méthode pédagogiques

Le principe pédagogique mis à l’œuvre dans la formation du Groupe CAPP est que le formateur n’enseigne pas, ne transmet pas et n’agit pas à la place, il accompagne la personne dans un parcours de formation, parce que « le métier, ça ne s’enseigne pas, ça s’accompagne,

ou cela se compagnonne » (Denoyel, 2000).

Le formateur met en place le dispositif pédagogique et fait les apports nécessaires pour que la personne se forme dans l’action, dans une posture autonome et responsable. L’expérience professionnelle nouvelle se construit en formation, en éprouvant les outils utilisés dans une pratique professionnelle de coaching, par la pratique de l’autoréflexivité et de la confrontation avec les pairs.

Comme le coaché, le coach en formation est pleinement acteur et auteur de son itinéraire de formation dans un cadre pédagogique sécurisant. Le cadre est posé, le formateur en est responsable comme le coach pose le cadre du dispositif du coaching. Le contenu appartient au coaché, au formé.

A partir de deux référentiels métiers des principales organisations professionnelles du coaching (SF Coach & ICF), est proposé dès le début de la formation un auto-positionnement, traduisant clairement que le coach en formation est reconnu comme une personne capable. Le postulat est que la personne ne part pas de rien, elle entre en formation avec des capacités et des compétences, elle vient en formation avec son vécu. L’écart de compétences est auto-constaté. Chacun fait le bilan des points sur lesquels il va s’appuyer et de ceux qui sont à renforcer, à découvrir.

Formation et coaching, deux processus de transitions professionnelles.

Le dispositif pédagogique du Groupe CAPP porte les caractéristiques d’une formation expérientielle (Afpa, 1991) et se déploie en 4 phases (expérience concrète, observation/réflexion, abstraction par généralisation, expérimentation) selon le modèle de David Kolb (Kolb, 1984).

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Devenir coach, Nadine Pelvillain Page 9/14 Premier temps, une expérience à travers une situation de coaching en formation à partir d’une consigne, nous sommes dans le temps du présent d’un vécu. Puis la mise en mots entre pairs, en binôme ou en groupe, pour revenir sur le vécu et sur soi (vécu, ressenti, émotions) en se reliant clairement au temps passé, l’intervenant reste à ce moment-là dans l’écoute et l’observation. Ensuite vient le moment des apports théoriques et les concepts (apports cognitifs), où la reliance avec le monde élargit la vision de chacun et permet des ancrages plus larges. Vient alors le temps de se projeter dans une expérimentation par une mise en situation réelle dans le cadre du coaching d’une personne. A son tour, ce matériau dans une pratique réflexive sera exploité pour revenir sur ce vécu et poursuivre le cycle de croissance. Ainsi, le coach en formation développe de nouvelles compétences professionnelles dans un mode d’apprentissage vicariant, au sens expérience vécue (Bandura, 1986).

L’alternance est au cœur du coaching et de la formation.

Alternance des méthodes pédagogiques, alternance des situations, alternance des temps. Les séances de formations sont construites sur le modèle d’une situation de coaching. Entre deux séances de coaching, entre deux séances de regroupement en formation, la perlaboration (travail psychique) se réalise dans cet interstice, dans un espace transitionnel (Winicott, 1975) pour le coaché et pour le coach. Dans cet entre-deux, se poursuit dans un mouvement itératif, l’incessant travail de retour sur soi, sur son histoire (développant son intelligence

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Devenir coach, Nadine Pelvillain Page 10/14 émotionnelle), sa relation à l’autre (développant son intelligence relationnelle) et à l’environnement organisationnel (développant son intelligence situationnelle).

Les intervenants tiennent le cadre pédagogique en souplesse. Le code déontologique du groupe en formation (outil du coaching) régit le cadre et la conduite de chacun. Construit en début de formation, co-signé par les pairs, il sécurise les échanges et permet de respecter la liberté de s’engager ou non dans la participation. Il constitue un cadre pour faire circuler la parole : l’espace de parole ainsi sécurisé permet d’unifier ce que l’on est, de se solidifier pour être plus fluide dans la relation à autrui : paradoxe ?

Un rituel « Quoi de neuf ? » question posée par le formateur-intervenant permet à chacun de reprendre ou non selon son choix un moment vécu, reprenant un moment significatif ou bien ce qui le travaille à ce moment-là. Le groupe écoute, observe avec empathie. Le récit pour le groupe va constituer une expérience. Vient le temps de parole des membres du groupe pour clarifier la compréhension de la situation, un questionnement socratique empreint de respect. Alternative pour commencer une séance de formation, l’intervenant propose au groupe d’éprouver un vécu avec une prise de contact de soi ou bien s’accompagner l’autre dans le silence du corps dans l’invite à une promenade.

Mettre en travail et au travail

Il s’agit bien de mettre l’autre au travail, en formation, en coaching. La puissance de l’intervenant n’est-elle pas révélée, dans un effet miroir (en veillant à ne pas être déformant) dans la pratique maîtrisée de l’impuissance, du non-savoir ? L’écoute et le questionnement socratique du coach élargit le champ de vision de la personne accompagnée, d’ouvrir de nouveaux espaces potentiels restés jusque-là invisibles bien que présents. Car, dans le miroir chacun regarde ce qu’il veut voir, peut voir, sait voir.

Un regard critique

Intégrer les apports de l’analyse clinique de l’activité

L’analyse du travail au sens de l’analyse clinique de l’activité trouverait toute sa place dans ce dispositif. L’analyse des activités objective la situation de travail. Notre recommandation vise à proposer de mettre davantage en visibilité l’intégration de cet apport théorique, pour une approche médiane au plus près de l’activité en l’articulant une approche systémique avec deux modèles, l’un analysant l’organisation du travail et le modèle des 7 S du Cabinet Mac

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Devenir coach, Nadine Pelvillain Page 11/14 Kinsey (Peters & Waterman, 1999) et le second analysant le sujet tel le RSI (Lacan, 1974-1975).

Le premier permet d’accompagner le coaché à analyser une situation professionnelle est sa capacité à décrire la situation professionnelle, sa place et son rapport à l’organisation de travail permettant de mettre en relation les éléments avec son ressenti. Cette compétence repose sur la connaissance de ce qui constitue l’activité professionnelle.

Le second permet au coach d’accompagner le coaché sur une mise à distance entre son vécu et le réel objectivé d’une situation tout en s’appuyant sur le modèle RSI (Lacan, 1974-1975) pour articuler réalité psychique (I = imaginaire) et réel situationnel (R = Réel) dans une narration (S = symbolique) pour accompagner les situations de « travail empêché » (Clot, 2010) et la souffrance au travail.

Formation et certification

Cette formation professionnelle vise à doter les formés d’un capital de nouvelles compétences professionnelles (Le Boterf, 1998) constituées de ressources nécessaires, mobilisables pour un savoir agir professionnel. L’essentiel des compétences professionnelles en coaching est situé du côté de la dimension comportementale et relationnelle tout en mobilisant un corpus de connaissances conséquent. Bien que l’auto-positionnement professionnel proposé prenne appui sur des repères clairs des référentiels Métier SF Coach & ICF)2, néanmoins, il me semble que l’utilisation d’un référentiel de certification (qui reste à créer par l’ensemble de la profession et à déposer au Répertoire National des Certifications Professionnelles) permettrait de mieux encadrer la délivrance des certifications professionnelles pour attester de la professionnalité des coachs. Les compétences professionnelles pourraient être plus objectivées en décrivant le dispositif et les modalités d’évaluation et en précisant les critères et les seuils de performance attendus.

Conclusion

Le métier de coaching, comme la formation professionnelle, recouvre des pratiques fort diverses et l'offre de professionnalisation associée foisonne. La capacité à décrypter cette offre est primordiale en s'appuyant sur les organisations professionnelles mentionnant les organismes de formation référencés. Le coaching emprunte à l'ensemble des sciences humaines, théories, démarche et outils. Aussi, au moment du choix de la structure

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Devenir coach, Nadine Pelvillain Page 12/14 accompagnante, une attention est à porter à ne pas se laisser enfermer dans une mono-approche aux contours limitants et de privilégier une mono-approche plurielle de type psychosociologique, une formation-action où s’expriment le pragmatisme et la volonté de rapprocher les mondes économique, éducatif et celui de la recherche ; une formation à l’accompagnement dans le format d’un accompagnement, une démarche pédagogique en côte à côte, où la disparité des places (formateur-formé, coach-coaché) ne se confond pas avec la question de la parité de la relation « adulte-adulte » (Pineau, 1998).

Entre éco-formation et écho-formation.

Espace intermédiaire pour explorer de nouveaux possibles dans une mise en mouvement. Le coaching est un accélérateur de la transformation de l’identité professionnelle dans une approche systémique du changement et accélérateur d’une nouvelle mobilité. Le coach facilite le passage. Accélérateur de changement durable par un processus de reconfiguration, le coach accompagne la personne à analyser les situations, visualiser les possibles et enclencher un processus de dégagement dans une autonomie retrouvée, en disposant de nouvelles clés pour ouvrir son chemin, à trouver en elle les ressources nécessaires.

La formation au coaching du Groupe CAPP met en mouvement, permet de démultiplier une capacité d’innovation, de création, emmenant sur le chemin d’une pratique réflexive accrue, de l’écriture et de la prise de parole. Elle agit tel un coaching, dans un pas de deux entre moi et je, entre éco-formation permettant le développement durable de nouvelles compétences professionnelles et écho-formation développant une fluidité accrue par une mise en synergie et en réduisant les tensions par l’unification de soi. Le préalable à l’exercice du métier de coach n’est-il pas de « prendre soin de soi pour être dans la plus grande disponibilité possible

à autrui et l’accompagner à retrouver sa boussole interne pour cheminer ou savoir attendre pour que la vie change » (Roustang, 2006) ?

Entre dérangement et émerveillement.

J’ai démontré que ce qui est donné à vivre au coach en formation, dans un chemin et un processus parallèles se situe du côté de l’éprouvé, dans une transformation identitaire professionnelle, dans l’inconfort du dérangement et de l’émerveillement à changer de place. En ce qui me concerne, la métaphore de l’eau effervescente est venue, très tôt, symboliser cette transformation. Une eau de montagne qui, en passant à travers la matière des sédiments des couches géologiques (apports des courants théoriques), se charge de minéraux et d’oligo-éléments essentiels. Après un parcours souterrain, après être allé au fond de soi dans un

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Devenir coach, Nadine Pelvillain Page 13/14 mouvement d’intériorité, l’essentiel dans un condensé, surgit au moment de la soutenance, dans un mouvement ultime d’extériorité, la source surgit à l’air, libre et légère, purifiée et vitale.

Un itinéraire, de la place subie à la place choisie.

Le changement de place s’est traduit pour moi dans un changement de posture dans mes activités professionnelles, dans le regard posé par autrui, mais aussi à tirer les fils de mon histoire en les reliant. Le changement de place le plus essentiel est le changement de place intérieur. Se relier à soi, à autrui, au monde pour accompagner l’autre à se relier à lui, à l’autre, au monde et tisser les liens qui fondent notre humanité, dans une harmonie retrouvée pour être disponible au coaché.

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Devenir coach, Nadine Pelvillain Page 14/14

Références bibliographiques

Ouvrages

Alter, N. (2009). Donner et prendre, la coopération en entreprise. La Découverte

Bandura, A. (1986). L'apprentissage social. (J. A. Liège), Trad.) Bruxelles: Pierre MARDAGA Clot, Y. (2010). Le travail à coeur. La Découverte

Collectif . (1991). La formation Expérientielle, Colloque AFPA. La Documentation Française Delivré, F. (2002). Le métier de coach. Eyrolles

Denoyel, N; (2000). Le biais du gars, la mètis des grecs et la raison expérientielle, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion

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Gaulejac, V. de. (1987). La Névrose de Classe. Hommes et Groupe Editeur

Gaulejac, V. de. (2007). S'autoriser à penser (Vol. Itinéraires de sociologues I, Histoire de Vie et choix théoriques). (C. C.-o. collectif, Éd.). L'Harmattan

Halbout, R.-M. (2009). Savoir être coach. Eyrolles

Kauffmann, J.-C. (2008). Quand je est un autre. Armand Colin

Kolb, D. (1984). Experiential learning experience as the source of learning and development. Englewood Cliffs, Prentice-Hall

Lacan, J.(1974-1975). Séminaire XXII : R.S.I. Éditions du Seuil Le-Boterf, G. (1998). L'ingénierie des compétences. Les Organisations

Marcel Mauss (1923), Essai sur le don : Forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïque -

l'Année Sociologique, seconde série, 1923-1924. Morin, E. (2005). Introduction à la pensée complexe. Seuil

Ouvrage collectif Colloque AFPA (1991) La formation expérientielle, la Documentation Française Peters T. & Waterman R. (1999). Le prix de l'excellence, Dunod

Pineau G. (1998). Accompagnements et histoire de vie, L’Hamattan Roustang, F. (2006). Savoir attendre pour que la vie change. Odile Jacob Winicott, D. (1975) Jeu et réalité, l'espace potentiel, Gallimard

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