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Compte rendu de : Arjun Guneratne, Many Tongues, One People. The Making of Tharu Identity in Nepal Ithaca-London, Cornell University Press, 2002

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Compte rendu de : Arjun Guneratne, Many Tongues,

One People. The Making of Tharu Identity in Nepal

Ithaca-London, Cornell University Press, 2002

Gérard Toffin

To cite this version:

Gérard Toffin. Compte rendu de : Arjun Guneratne, Many Tongues, One People. The Making of

Tharu Identity in Nepal Ithaca-London, Cornell University Press, 2002. 2003, pp.282-284.

�hal-00595793�

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166 | avril-juin 2003

Malinowski, Faulkner. Culture et cognition. Souvenir et

héritage

Arjun Guneratne, Many Tongues, One People. The

Making of Tharu Identity in Nepal

Ithaca-London, Cornell University Press, 2002,

XVII

+ 236 p., bibl., ill.,

index

Gérard Toffin

Édition électronique URL : http://lhomme.revues.org/18833 ISSN : 1953-8103 Éditeur Éditions de l’EHESS Édition imprimée

Date de publication : 30 juin 2003 Pagination : 282-284

ISBN : 2-7132-1805-5 ISSN : 0439-4216 Référence électronique

Gérard Toffin, « Arjun Guneratne, Many Tongues, One People. The Making of Tharu Identity in Nepal »,

L’Homme [En ligne], 166 | avril-juin 2003, mis en ligne le 08 septembre 2008, consulté le 06 janvier

2017. URL : http://lhomme.revues.org/18833

Ce document a été généré automatiquement le 6 janvier 2017. © École des hautes études en sciences sociales

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Arjun Guneratne, Many Tongues, One

People. The Making of Tharu Identity in

Nepal

Ithaca-London, Cornell University Press, 2002,

XVII

+ 236 p., bibl., ill.,

index

Gérard Toffin

1 COMMENT une population népalaise, les Tharu, si diverse, si hétérogène au niveau culturel,

dispersée sur un territoire étendu (une bande de 800 km de long située aux pieds des premiers contreforts himalayens) et parlant des langues différentes, est-elle parvenue en quelques décennies à se forger une identité forte, symbolisée par l’usage d’un seul et même ethnonyme ? Il y a moins d’un siècle encore, les groupes se reconnaissant aujourd’hui sous ce vocable s’ignoraient pourtant presque totalement, ne s’intermariaient pas et avaient fort peu conscience de leurs liens réciproques. Voilà en quelques mots la question centrale, posée d’emblée en termes historiques, à laquelle l’ouvrage tente de répondre.

2 L’auteur attribue l’émergence de ce mouvement identitaire à plusieurs facteurs. Au

développement de communications routières à l’intérieur de la plaine du Téraï bien sûr, qui a permis, à partir de 1950, à des groupes autrefois isolés d’entrer en contact les uns avec les autres ; à la création d’écoles et d’un système éducatif, ensuite, qui a imposé des références intellectuelles communes et poussé une élite locale à tenter de combler les retards pris dans tous les domaines par rapport au reste du pays ; à un même sentiment d’exploitation, enfin (variable toutefois selon les zones géographiques, comme le montre Guneratne) à l’endroit des hautes castes indo-népalaises qui ont migré vers le sud depuis l’éradication de la malaria dans les années 1950 et se sont appropriées depuis cette date un grand nombre des terres traditionnellement cultivées par les Tharu. La confrontation avec le monde extérieur – le monde des collines tout spécialement – et les conflits fonciers qui s’ensuivirent, jouèrent un rôle central dans l’apparition de ce mouvement identitaire. Les Tharu, il est vrai, ont toujours vécu dans la dépendance des petits

Arjun Guneratne, Many Tongues, One People. The Making of Tharu Identity in Nepal

L’Homme, 166 | avril-juin 2003

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royaumes situés plus au nord – la publication récente de documents historiques le prouve amplement1 –, mais les déplacements massifs de population dans la période post-Rana ont

élargi considérablement les données du problème et aggravé les tensions.

3 Le livre s’attache tout particulièrement au monde associatif tharu, aux élites

économiques et intellectuelles qui la composent. Le lecteur apprend beaucoup sur le Tharu Kalyankarini Sabha, principale association tharu créée dans les années 1950 et qui a connu un grand essor au cours des dix dernières années. Ce mouvement, assez proche des associations de castes indiennes, regroupe des personnes de sensibilités politiques très différentes, communistes et « Congrès », et de langues variées. Il a beaucoup agi pour tirer les Tharu de leur isolement, les pousser à scolariser leurs enfants, promouvoir leur culture, leurs danses et leur identité. C’est de ces intellectuels qu’est née l’idée de faire descendre les Tharu du Bouddha historique Siddharta-Sakyamuni, né dans le Téraï, de les rattacher au clan prestigieux des Sakya, d’en faire un groupe plus mongoloïde qu’aryen (alors que d’autres intellectuels les font descendre de familles princières de Bénarès). L’organisation tenta également de limiter les dépenses, exagérées selon elle, qu’occasionnent les fêtes locales, de lutter contre l’alcoolisme et de proscrire le mariage des enfants. Elle incita le gouvernement à adopter des mesures de discrimination positive en matière sociale et politique envers les Tharu, comme cela existe en Inde.

4 La force du livre réside dans sa clarté théorique. Arjun Guneratne met en cause les

explications essentialistes qui font de chaque culture une entité fixe au substrat immémorial. La culture pour lui s’inscrit nécessairement dans un mouvement historique. Les idées simplistes qui associaient il y encore peu, de manière presque automatique, une ethnie à une culture et à une langue spécifique sont rejetées sans ambiguïté. Notre auteur montre bien à travers l’exemple tharu qu’un groupe n’a pas besoin de posséder une même culture pour développer un sentiment d’appartenance ethnique forte. Les circonstances politiques, les intérêts particuliers jouent en la matière un rôle non négligeable. Cela vaut pour les Tharu, comme pour la plupart des autres ethnies népalaises, trop souvent vues, elles aussi, comme des blocs monolithiques existant tels quels depuis des temps immémoriaux.

5 Arjun Guneratne est très bien informé sur le monde tharu. Il a fait des terrains prolongés

à Dang et à Chituwan ; il semble connaître aussi les Tharu de l’Est (Kochila notamment) et de l’Ouest (Rana Tharu). Il nous décrit fidèlement ce monde de forêts et d’agriculture de plaine, à cheval entre le Népal et l’Inde. Le seul reproche qu’on pourrait lui faire concerne les relations, justement, de cet univers du Téraï avec le reste du Népal. Rien n’est dit de la représentation, aussi faible soit-elle, des Tharu à l’échelon national. Rien non plus n’est dit sur leur présence au Parlement et dans les autres instances nationales népalaises. Quelles relations entretiennent, par exemple, les élites tharu avec le parti politique Sadbhavana, qui défend les intérêts du Téraï à la Chambre des députés ? Plusieurs Tharu figurent pourtant sur la liste des élus de ce parti. De la même manière, on aurait aimé en savoir un peu plus sur la place de ce groupe ethnique dans les grands mouvements politiques du pays, « Congrès » et communiste. On regrette aussi que l’auteur n’ait pu enquêter sur la guérilla maoïste qui menace l’État népalais depuis 1996. C’est d’autant plus malheureux que la vallée de Dang, où Guneratne a travaillé, a été le théâtre d’attentats spectaculaires en 2000 et 2001.

6 En dépit de cette réserve, Many Tongues, One People est un livre majeur, incisif, bien

documenté, qui s’imposera rapidement comme une référence importante de l’ethnologie du Népal. Il insiste à juste titre sur les élites autrefois non scolarisées et sur leur rôle dans

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les changements actuels. Un sujet nouveau, d’une brûlante actualité, au cœur de la crise que traverse le royaume himalayen depuis cinq ans.

NOTES

1. Cf. Gisèle Krauskopff & P. D. Meyer, eds, The Kings of Nepal, Kirtipur, Nepal, Centre for Nepal and Asian Studies, 2000.

AUTEUR

GÉRARD TOFFIN

CNRS, Milieux, sociétés et cultures en Himalaya, Villejuif.

Arjun Guneratne, Many Tongues, One People. The Making of Tharu Identity in Nepal

L’Homme, 166 | avril-juin 2003

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