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Enquête Crédoc-Unédic Fort recul des recrutements industriels en 2004

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L’industrie représente

40 % de la baisse des intentions

d’embauche

Les résultats de la troisième vague de l’enquête sur les besoins en main-d’œuvre (BMO) font état, comme en 2003, d’un recul de 9 % du nombre de projets de recrutement pour l’en-semble de l’année 2004. Au niveau national, les employeurs déclarent 1 203 100 projets, soit un déficit de plus de 120 000 embauches poten-tielles par rapport à 2003. Près de 40 % de la baisse des intentions de recrutement est imputable aux établis-sements de l’industrie (hors industries agricoles et alimentaires) qui ne repré-sentent pourtant que 20 % de l’emploi salarié total en France. Ces résultats s’inscrivent dans la logique du repli,

observé depuis 2001, des effectifs employés dans les activités indus-trielles (-1 % entre 2001 et 2003). La morosité de la conjoncture écono-mique, qui affecte la plupart des sec-teurs industriels, pèse sur la propen-sion à recruter. Comme l’année passée, la proportion d’entreprises industrielles désireuses d’embaucher diminue : 27 % en 2004 contre 31 % en 2003. Cette part a perdu près de 10 points en deux ans, alors que la baisse observée pour l’ensemble des activités économiques s’est limitée à 5 points sur la période 2002-2004. Les 87 000 embauches envisagées dans l’industrie en 2004 ne représen-tent plus que 7 % du total des projets de recrutement formulés par l’en-semble des établissements nationaux (contre 10 % en 2003). Seule bonne nouvelle, les difficultés de recrutement

C e n t r e d e R e c h e r c h e p o u r l ’ É t u d e e t l ’ O b s e r v a t i o n d e s C o n d i t i o n s d e V i e

ISSN 0295-9976 N° 176 – juin 2004

Enquête Crédoc-Unédic

Fort recul des recrutements industriels

en 2004

Laurent Pouquet, Jean-Christophe Teurlai

Pour la troisième année consécutive, l’Unédic

a confié au CRÉDOC la réalisation de l’enquête nationale sur les Besoins en Main-d’Œuvre (BMO) qui vise à recenser les projets de recrutement pour l’année 2004. Cette ana-lyse, unique en son genre, est conduite auprès d’un échantillon représentatif de l’ensemble des employeurs des 30 Assédic (couvrant le territoire métropolitain et les DOM). Elle per-met de mieux orienter le financement de la formation professionnelle selon la nature des emplois recherchés dans chaque Assédic. Malgré certains signes récents d’amélioration de la situation économique, les intentions d’embauche pour 2004 sont une nouvelle fois orientées à la baisse (-9 %). Ce recul appa-raît plus particulièrement marqué dans les activités industrielles, où le nombre de pro-jets de recrutement recule d’un tiers par rap-port à l’année dernière. Ainsi, l’industrie contribue à hauteur de 40 % au recul des perspectives d’embauche pour l’année 2004. Cette dégradation concerne au premier chef les établissements de grande taille des sec-teurs des biens d’équipement et des biens intermédiaires, traditionnellement sensibles aux fluctuations du cycle économique. Elle touche toutes les familles de métiers, et plus particulièrement les ouvriers, les cadres et les techniciens. Ces résultats se retrouvent autant dans les territoires de tradition industrielle que dans les régions fortement spécialisées sur des activités de pointe telles que l’aéronautique, l’électronique et l’indus-trie spatiale.

Forte érosion des perspectives de recrutement dans l’industrie

Nombre de projets de recrutement déclarés Part des intentions d’embauches évoquées par les établissements industriels par les établissements industriels

Source : Enquêtes BMO, CRÉDOC-Unédic, 2002-2004. 0 50 000 100 000 150 000 200 000 2004 2003 2002 155 593 133 809 87 227 0 2 4 6 8 10 12 2004 2003 2002 10,7 10,1 7,3

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associées aux emplois industriels sont toujours orientées à la baisse (43 % des projets sont jugés difficiles par les employeurs en 2004 contre 51 % en 2003).

Les grandes

entreprises sont les plus affectées

Le recul des projets de recrutement dans l’industrie affecte plus particuliè-rement les unités de grande taille. Les établissements industriels de plus de 200 salariés sont, en effet, à l’origine de près de la moitié de la diminution des embauches potentielles dans le secteur. Ce résultat contraste sensi-blement avec celui des autres activités économiques où les grands établisse-ments affichent une contribution relati-vement modeste au recul des inten-tions d’embauche (11 %).

Les structures industrielles de moins de 50 salariés semblent, quant à elles, mieux résister au ralentissement géné-ralisé de l’activité. Même revues à la baisse (-14 % par rapport à 2003), leurs perspectives de recrutement pour 2004 représentent 70 % du total des embauches envisagées dans l’in-dustrie.

En revanche, les difficultés de recrute-ment sont traditionnellerecrute-ment plus fortes dans les petites unités indus-trielles qui ne disposent pas de ser-vice dédié à la gestion des ressources humaines, comme c’est souvent le cas dans les entreprises de taille plus importante.

Biens d’équipement

et biens intermédiaires :

60 % de la baisse des intentions

d’embauche dans l’industrie

Les difficultés économiques rencon-trées par les établissements de grande taille (carnets de commandes dégar nis, concurrence mondiale accrue, fluctuation du prix des matières premières, appréciation de l’euro…) se traduisent par un net repli des intentions de recrutement dans les activités de fabrication de biens d’équipement et de biens intermé-diaires. Ces secteurs, traditionnelle-ment sensibles aux fluctuations

conjoncturelles, totalisent à eux deux près de 60 % de la baisse des inten-tions d’embauche pour 2004, ce qui correspond approximativement à leur poids dans l’emploi salarié industriel total. La mauvaise conjoncture écono-mique n’explique pourtant qu’une par-tie de la baisse tendancielle des inten-tions de recrutement dans ces activités. L’adoption de procédés de production économes en main-d’œuvre participe également au recul de l’emploi dans des secteurs comme la mécanique, les équipements élec-triques et électroniques et les filières de la chimie, du caoutchouc et des matières plastiques. Pourtant, l’inno-vation reste essentielle car elle permet aux industriels de réaliser les gains de

productivité nécessaires au maintien de leur compétitivité.

Biens de

consommation : les effets

de la concurrence internationale

Les industries de biens de consom-mation affichent également des pro-jets de recrutement très en retrait par rapport à 2003 (- 13 000). Ce résultat concerne plus particulièrement les secteurs de l’équipement du foyer, de la filière cuir et de l’habillement. Ces activités, intensives en emplois peu qualifiés, sont généralement plus exposées à la concurrence des pays à

L’attentisme des grands établissements industriels

Variation du nombre de projets de recrutement dans l’industrie selon la taille des établissements

Source : Enquêtes BMO, CRÉDOC-Unédic, 2002-2004.

-80 -70 -60 -50 -40 -30 -20 -10 0 10 Var. 2003/2004 Var. 2002/2003 200 sal. et plus 100 à 199 sal. 50 à 99 sal. 20 à 49 sal. 10 à 19 sal. 5 à 9 sal. 1 à 4 sal. - 7 % - 19 % - 19 % - 13 % - 56 % - 58 % - 62 %

Aucune activité industrielle n’est épargnée par le recul des intentions d’embauche

Variation absolue du nombre de projets de recrutement par secteur d’activité industriel

Source : Enquêtes BMO, CRÉDOC-Unédic, 2002-2004.

-20 000 -15 000 -10 000 -5 000 0 5 000 Evolution 2003/2004 Evolution 2002/2003 Energie Industrie automobile Industrie des biens intermédiaires Industrie des biens de consommation Industrie des biens d'équipement - 15 256 - 13 462 - 11 966 - 5 218 - 681

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faible coût de main-d’œuvre comme la Chine, la Corée du Sud, mais aussi les Philippines et l’Inde. Les entreprises hexagonales doivent en outre faire face à une très forte pression sur les prix qui contraint bon nombre de fabri-cants à opter pour une stratégie de sous-traitance de proximité en déloca-lisant leur production vers le Maghreb et certains pays d’Europe de l’Est où les coûts salariaux demeurent compé-titifs. Même s’il est difficile d’en éva-luer l’ampleur, il est certain que ce redéploiement de l’appareil de pro-duction, particulièrement visible dans l’industrie du prêt-à-porter et de la maroquinerie, est à l’origine en France d’une désindustrialisation préoccu-pante.

L’encadrement

industriel lourdement touché

Aucune profession ne semble réelle-ment épargnée par la baisse des intentions de recrutement dans les dif-férentes activités industrielles. Cette forte diminution concerne logique-ment, et dans une proportion prati-quement équivalente, les ouvriers non-qualifiés (-12 000 projets par rap-port à 2003) et les profils qualifiés (-18 000 projets) de diverses spéciali-tés industrielles (soudeurs, monteurs, mécaniciens…).

La chute des projets d’embauche affecte également la plupart des

fonc-tions d’encadrement (-4 700 projets). Les ingénieurs et cadres spécialistes de l’informatique, des études et de la recherche voient leurs perspectives de recrutement fondre de moitié par rap-port à 2003. La réduction est égale-ment importante pour les cadres admi-nistratifs (-28 %) et les ingénieurs et cadres techniques (-23 %). Au total, les projets de recrutement concernant le personnel d’encadrement reculent de 34 % en 2004. Ces évolutions s’accom-pagnent, en outre, d’un fort repli des intentions d’embauche prévues pour les techniciens et les employés (-25 %). Ces résultats s’expliquent en partie par l’orientation défavorable de la produc-tion industrielle. Elle oblige les

entre-prises, notamment les plus grandes, à opérer des restrictions budgétaires ou à reporter dans le temps certaines acti-vités d’études et de recherche, inten-sives en emplois d’encadrement.

Le mouvement

d’externalisation se poursuit

Les perspectives d’embauche portant sur les fonctions transversales de l’en-treprise se sont fortement érodées sur la période 2002-2004, et dans l’indus-trie encore plus que dans les autres activités. Ce recul prononcé concerne au premier chef les agents de gardien-nage et de sécurité (-77 %) et les agents d’entretien (-64 %). Certaines fonctions administratives, comme les secrétaires de direction (-60 %) et les employés de la comptabilité (-59 %) figurent également parmi les baisses les plus spectaculaires.

Ce phénomène s’inscrit dans le pro-cessus d’externalisation progressive des fonctions jugées non stratégiques par les entreprises industrielles (ser-vices généraux, entretien et mainte-nance, logistique…). Les économies de coûts dégagées par cette politique sont un moyen pour les fabricants de se recentrer sur leur cœur de métier. Elles permettent également de mieux investir sur certaines tâches essen-tielles en amont, comme la recherche et le développement et le marketing, et de développer en aval la commerciali-sation et la promotion des produits.

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Forte érosion des perspectives d’embauche dans les fonctions transversales de l’entreprise

Variation relative du nombre de projets entre 2002 et 2004 dans les fonctions transversales de l’entreprise

Source : Enquêtes BMO, CRÉDOC-Unédic, 2002-2004.

-80 % -70 % -60 % -50 % -40 % -30 % -20 % -10 % 0 % 10 % 20 % 30 % Ensemble

Industrie

Techniciens des services administratifs, comptables et financiers Employés de la comptabilité Secrétaires de direction, personnels de secrétariat de niveau supérieur Agents d'entretien Agents de gardiennage et de sécurité - 77 % - 64 % - 60 % - 59 % - 56 %

Les projets de recrutement d’ouvriers et de cadres nettement revus à la baisse

Variation absolue du nombre de projets de recrutement selon le type de métiers

Source : Enquêtes BMO, CRÉDOC-Unédic, 2002-2004.

-35 000 -30 000 -25 000 -20 000 -15 000 -10 000 -5 000 0 Evolution 2003/2004 Evolution 2002/2003 Fonctions sociales et médico-sociales Fonctions administratives Ouvriers de la construction Autres techniciens et employés Fonctions de la vente, tourisme et services Fonctions d'encadrement Ouvriers des secteurs de l'industrie - 30 142 - 4 730 - 3 395 - 3 386 - 1 927 - 853 - 108

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Le recul affecte

la plupart des régions

Les difficultés conjoncturelles et les profondes mutations que traverse depuis quelques années l’industrie, expliquent le recul tendanciel de la propension à recruter des établisse-ments dans la plupart des régions. De nombreux territoires de tradition industrielle ancienne (Haute-Normandie, Pas-de-Calais, Picardie, Franche-Comté…) sont massivement concernés par ce phénomène. Des causes très variées, comme la crise de la métallurgie, les destructions d’emplois associées aux gains de pro-ductivité, sont susceptibles d’expli-quer cette situation.

La baisse des perspectives

d’em-bauche affecte également des ter-ritoires (Ile-de-France, Midi-Pyrénées, Aquitaine) fortement spécialisés dans des industries de pointe comme l’aéronautique, l’aé-rospatiale ou les filières électrique et électronique. Ces secteurs ont en effet subi le contrecoup de la crise du transport aérien et la baisse significative des dépenses militaires. Ces activités sont égale-ment très pénalisées par la fai-blesse actuelle du dollar.

Ces résultats, globalement peu encourageants pour l’emploi industriel, pourraient néanmoins évoluer favorablement au cours de l’année 2004 si les signes récents d’amélioration de la situa-tion économique en France et en Europe se confirmaient. ■ Réalisation La Souris : 01 45 21 09 61 CRÉDOC

Consommation et Modes de Vie

Publication du Centre de recherche pour l’étude et l’observation

des conditions de vie

Directeur de la publication : Robert Rochefort

Rédacteur en chef : Yvon Rendu

Relations publiques : Brigitte Ezvan

Tél. : 01 40 77 85 01

relat-presse@credoc.fr

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Pour

en savoir plus

● L’enquête Besoins en Main-d’Œuvre a été réali-sée entre décembre 2003 et janvier 2004 dans les 26 Assédic métropolitaines et dans les 4 Assédic des départements d’outre-mer. Elle a été menée en collaboration étroite avec l’Unédic et les Assédic.

● La base de sondage est constituée des 1 395 740 établissements employeurs du champ Unédic, hors agences d’intérim et administrations publiques.

● Au total, 336 700 questionnaires ont été adres-sés à 36 échantillons d’établissements employeurs tirés dans chacune des Assédic. Ces échantillons ont été stratifiés selon la taille des établissements et le secteur d’activité. De plus, certains suréchantillons ont été ajoutés en Ile-de-France et dans les Assédic qui comportent deux régions administratives.

● Le taux de retour de 29 % a permis de disposer de près de 3 000 réponses en moyenne par Assédic, soit au total 97 524 questionnaires exploi-tables. Les résultats de l’enquête BMO sont extrapo-lés à l’aide d’une procédure du type calage sur marges définies à partir de la structure de la popu-lation mère des établissements.

● Le questionnement s’est limité à l’identification des métiers recherchés par les employeurs et au repérage des difficultés de recrutement pour chacu-ne des professions. Uchacu-ne liste de 101 métiers, com-patible avec le Répertoire Opérationnel des Métiers et des Emplois (ROME), a été élaborée pour cette opération.

●Davantage de résultats peuvent être consultés sur le site www.unedic.fr

Net recul de la propension à recruter dans la plupart des régions

Variation entre 2003 et 2004 de la proportion d’établissements industriels envisageant de recruter, par Assedic

Source : Enquêtes BMO, CRÉDOC-Unédic, 2003-2004.

- 10 - 4 - 7 - 3 - 5 0 - 5 - 7 - 8 - 6 - 2 - 7 4 1 - 5 - 5 - 5 - 2 - 6 1 - 6 - 2 - 2 - 3 - 6 1 - 10 0 - 3 - 9 7 Martinique Guadeloupe Guyane Réunion Evolution positive Evolution de 0 à - 2 pts Evolution de - 2 à - 4 pts Evolution de - 4 à - 6 pts Evolution de - 6 à - 10 pts

Références

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