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Fossés parcellaires et micromorphologie des sols : une aide à l'interprétation d'un paysage agraire

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Academic year: 2021

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Fossés parcellaires et micromorphologie des sols : une

aide à l’interprétation d’un paysage agraire

A Gebhardt

To cite this version:

A Gebhardt. Fossés parcellaires et micromorphologie des sols : une aide à l’interprétation d’un paysage agraire. L. Castelletti; M. Cremaschi. Numerical analysis and image processing in archaeobotany; Paleoecology, ABACO Edizioni, pp.107-114, 1996. �hal-02275723�

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FOSSES PARCELLAIRES ET MICROMORPHOLOGIE DES SOLS: UNE AIDE A l’INTERPRETATION ARCHEOLOGIQUE D’UN PAYSAGE AGRAIRE ?

Anne GEBHARDT

INTRODUCTION

L’étude des anciens plans / cadastres / cartulaires / cartes, les recherches sur photographies verticales et les grands décapages archéologiques revèlent quotidiennernent des structures linéaires en creux dont l’étude et l’inventaire enchantent les chercheurs en archeologie agra-ire, L’enchevêtrement de certaines de ces structures montre le degré de complexité que peut atteindre, au fil des siècles, un territoire exploité par l’homme.

Au cours des dernières annèes, les travaux sur le parcellaire ancien se sont fort developpés. Le traitement informatise des données analytiques, historiques, et archéologiques permet une hierarchisation poussee des structures linéaires et aide a la differenciation des reseaux agraires fossiles qui se succedent sur un site.

Mais sur le terrain, les archéologues restent encore souvent confrontés it un problème de caracterisation de ces fossés: quels sont leur origine, leur role, leur devenir?

MATERIEL ET METHODE

Les fossés sont des structures en creux, qui, lorsqu’ils n’ont pas été combles intentionnel-lement, ont pu piéger des sédiments colluviés. Ce sont souvent les seules structures restantes dans les zones de grande culture et non protégées par des structures archéologiques. Le sédi-ment de remplissage peut être affecté par les effets de l’agriculture moderne. La structure en creux date le début de la sedimentation (remplissage de fosse, colluvion). Une attention parti-culiere est donnée au remplissage basal, car il est révelateur du fonctionnement de la structu-re, la partie sommitale renseignant plutôt sur sa phase d'abandon.

Il y a quelques années, une première approche micromorphologique du remplissage de fosses a été tentée. Divers sites répartis chronologiquement entre le Mésolithique et l’époque Médiévale ont été étudiés (Fig. l; Gebhardt, l993).

L’archéologie préventive offre la possibilité d’accéder rapidement à de nombreux sites, riches en fossés divers et variés, mais également d’avoir une approche pluridisciplinaire, ce qui permet la confrontation d’un maximum de données paléo-environnementales disponibles. Ainsi diverses campagnes d’échantillonnage micromorphologique de fosses sont en cours en lle de France et Picardie.

Pour l’étude des paléosols, sols anciens et sédiments meubles quaternaires, anthropiseés ou non, il est maintenant généralement admis que la méthode la plus performante est la micro-morphologie des sols. Cette méthode utilise l’observation microscopique de lames minces taillées dans des sédiments meubles, prélevés en blocs orientés et consolidés en laboratoire par imprégnation dans une résine isotrope (Courty et al. 1990). Au microscope, les observa-tions micromorphologiques sont décrites selon la terminologie la plus récente (Bullock et al., 1985).

La micromorphologie des sols permet, a l’echelle microscopique, une observation méti-culeuse des héritages sédimentaires et des transformations pédologiques d’origine naturelles ou liés à l’activité anthropique ancienne.

Les résultats micromorphologiques doivent être confrontés à ceux d’autres techniques paléo-environnemcntales car, à eux seuls, il ne peuvent résoudre tous les problèmes d’ inter-prétation (Mucher et Morozova l983),

RESULTATS

ABeaumont-sur-Oust (St Laurent-sur-Oust, Morbihan, Tinevez, 1988, non publié), deux fossés ont été étudiés. L’un Néolithique, caractérisé par un remplissage très homogène, a

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piégé des fragments d‘horizon Bt (enrichi en argiles limpides), reliques d’une racine de sol brun lessivé Atlantique entamé par l’érosion et qui s‘est déposé dans le fossé en même temps que les limons éoliens remaniés. L’acidité actuelle des sols bretons, indique que les traces de vers de terre observees sont contemporaines du remplissage du fossé. L’érosion des sols a donc commencé au Néolithique sur ce site.

Le second fossé de Beaumont, daté de l’Age du Fer, est caracterisé par deux phases de dépôt. La premiere grossière et héterométrique a la base est d’origine anthropique. Au micro-scope, le remplissage sommital apparait naturel, tres remanié par les lombries, compact, ren-fermant des phytolithes et des charbons de bois. Les revêtements argileux sont tantôt limpides jaune-brun non perturbés, tantot très poussièreux.

En l’absence d’une confirmation par des analyses paléo-botaniques, la présence de phyto-lithes suggère une végétation herbacée plutôt ouverte. Le caractère en place dans le sédiment de remplissage des revêtements limpides ne peut être rapporté à la formation d’un sol au sens pédologique. Par ailleurs, comme ces traits n’apparaissent pas systématiquement dans tous les remplissages de fossés sur un même site, ils peuvent être liés à la présence d’une couver-ture herbeuse sur le fossé. Cette derniére est temporaire car les revêtements poussiéreux, formes par la chute de la pluie sur une surface nue, sont plutot révélateurs d’une mise à nu du fossé. Il appatrait ainsi qu’à l’Age du Fer, les fossés etaient entretenus, régulièrement débar-rassés de leur végétation. Cette hypothese doit être confirmée par l’expérimentation,

Aux Sept-Perthuis (Saint-Malo, Ille et Vilaine, Age du Fer) l’étude micromorphologique (fig.5 et 6) a révélé les mêmes traces d’entretien sous la forme de revêtements argileux plus ou moins poussiéreux (Dietrich et al., en prépa), et comme Z1 Beaumont des indices d’érosion de la couverture loessique.

Le Boisanne (Plouer-sur-Rance, Cotes d’Armor) est un site du second Age du Fer (Me-nez, 1988, Le Bihan et al., 1990), caractérisé par un complexe de chemins et fosses. L‘analyse palynologique (Marguerie, 1990) atteste une végétation ouverte et la présence de l’agricultu-re. Deux fossés, dont l’un longe un chemin et l’autre entoure un enclos ont été échantillonnés a leur base. Des fragments d’horizons bruns lessivés (Bt, fig.2) piéges dans le remplissage ont été observés. Dans le remplissage du fosse d’enclos l’alternance de revêtements argileux lim-pides et poussiéreux suggère un desherbage occasionnel des fossés. Au contraire, le fossé longeant le chemin témoigne d’un entretien continu probablemcnt pour favoriser le meilleur drainage des eaux du chemin. Mais ici encore, des vérifications expérimentales seraient ne-cessaires pour confirmer ces hypothèses.

Le village médieval deserte de Lann Gouh (Melrand, Morbihan; Chalavoux, 1987) pos-sede de nombreux fossés. Le remplissage basal de l’un d’eux suggère un caractère boueux du fond de ce fossé. Un autre fossé montre une alternance de lits sombres et clairs. Les premiers, très bioturbes, riches en phytolithes, et fragments charbonneux suggèrent une phase sèche, de faible depôt et de végétalisation du fossé. Les lits clairs sont plus compacts, peu bioturbés mais riche en diatomées attestant de phases humides. La présence de fragments d’horizons de sol remaniés (fig.4) indique une séquence de dépot plus active au fond du fosse. Comme a Beaumont ou au Boisanne, les nombreux revètements argileux poussiéreux (fig,3) présents dans ces lit clairs indiquent un nettoyage régulier du fosse. 11 est difficile de dire si cette dynamique de dépot est liée à des variations saisonnières de pluviosité (hiver, éte) (Krier et Leroyer, 1988) ou à une suite de pluies orageuses estivales. Aucune donnée climatique, ar-cheologique ou historique ne permet encore de conclure quant à l’utilisation exacte de ces structures. Les fossés sont-ils des drains (évacuation d‘eau) ou des irrigations (apport d‘eau) ? Sont-ils de simples limites parcellaires‘!

De 1985 à 1987, une prospection pluridisciplinaire (EBS, East Brittany Survey) s’est

ef-fectuée en Morbihan, entre l’Oust et la Vilaine, autour de Ruffiac, Morbihan (Astill et Davies, l987) avec pour but d’essayer de determiner les relations entre terroir agricole et l‘habitat rural pendant les deux derniers millénaires.

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montre que le colluvionnement a été étalé dans le temps; il peut démarrer des l’Age du Fer en un site, mais seulement at l’époque médiévale ailleurs (Gebhardt, l988, 1993).

Les chernins délimitent également un espace. L’étude du remplissage d’un chemin creux médiéval découvert dans la région de Ruffiac a permis de préciser les différentes phases d’uti-lisation précédant son abandon progressif. Le microscope a révélé, au niveau du paveement basal médiéval, un état boueux du chemin. Puis, apres un comblement intentionnel d’origine anthropique en graviers et cailloux, le chemin finit de se remplir lentement en piégeant des colluvions d’origine agricole avant d’étre fossilisé sous une route en “macadam". Le travail d’archive et de recherche historique locale n’a malheureusement pas permis de comprendre précisérnent la cause des abandons et remises en service successifs de cet axe de circulation. DISCUSSION

Si l’état actuel d‘avancement des recherches en micromorphologie pennet une interpréta-tion assez fiable des observainterpréta-tions faites sur paléosols, il n’en va pas de même pour les struc-tures archéologiques en creux, non protégées des agressions agricoles modemes. En effet l’interprétation de certains fossés reste encore délicate, méme si des différences peuvent être observées au sein de structures provenant d’un même site (par exemple les fossés du Boisan-ne).

Pour y remédier, il faudrait, parallèlement à l’étude archéologique, établir un référentiel en structures agraires expérimentales ou traditionnelles d’origine et de fonctionnement con-nu, collecté dans un cadre pédo-climatique homogène.

Comme les processus pédologiques sont lents et difficiles àt accélérer (Gebhardt, 1991), les expérimentations en archéologie agraire doivent, pour être représentatives, s'effectuer en temps réel. Parallèlement, pour un accroissement rapide du référentiel micromorphologique, l’analyse de structures agraires traditionnelles encore bien connues de leurs utilisateurs serait fort souhaitable, La Bretagne bocagère, entre autres, met à notre disposition de nombreux fossés, et chemins creux anciens abandonnées depuis peu et qu’il serait urgent d’étudier avant leur complete disparition.

En contexte de grande culture, pour bien différencier les traits micromorphologiques acquis anciennement de ceux liés à l’agriculture actuelle, il faut développer l’échantillonnage à proximité des structures mais hors contexte archéologique.

Malheureusement, en archéologie de sauvetage, ces derniers aspects, sont encore difficile at systématiser pour des raisons évidentes de financement.

Enfin, pour une meilleure interprétation de l’utilisation des fossés, une collaboration étroite avec historiens et ethnologues s’impose. Maintes causes ont pu générer des fossés, depuis les fossés saisonniers creusés pour protéger les semis du cheptel pâturant librement et rebouchés sitot le champ moissonné (Bloch, 1988) jusqu’aux occasionnelles tranchées ‘réfectoires’ tra-ditionnellement creusée, au siécle dernier, dans les champs à l‘occasion des noces bretonnes. CONCLUSION

Ces premiers résultats montrent que l’analyse micromorphologique de certains fossés (même site, même période) permet d’apporter quelques données complémentaires sur:

- leur fonctionnement (sec, humide),

- le type d’ent_retien éventuel (planté, curé, ...),

- les modalités de leur abandon (remplissage naturel, dépotoir, ...).

Cette approche devrait amener à une meilleure definition de leur rôle dans le paysage (simple limite, drainage, irrigation, ...).

Mais la crédibilité de ces résultats préliminaires fait appel à la multiplication de ce type d’analyse sur d’autres sites, ainsi qu’à la confrontation des résultats avec un référentiel en fosses expérimentaux on traditionnels de fonctionnement bien connu.

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collec-tion de lames minces de référence, l’étude micromorphologique des stmctures en creux sera un outil efficace et indispensable pour l’étude de l’évolution du paysage agraire an cours des huit derniers millénaires.

BIBLIOGRAPHIE

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FIGURES

Fig. 1: Localisation des sites mentionnés dans les texte.

1. Beaumont-sur-Oust; 2. Sept-Perthuis; 3. Le Boisanne; 4. Ruffiac; 5. Lann Gouh.

(6)

Fig.2: Le Boisanne, fragment de l’horizon pédologique argileux (Bt) remanié et piégé dans un

fossé. Il témoigne d’une érosion active ayant déjà attaqué les horizons superficiels environnants. Lumiere Naturelle, lcm=0,25mm.

Fig.3: Melrand. revètement argileux très poussiéreux remplissant la

porosité naturelle du remplissage et indice d’une mise à nu du fossé. Lumière Naturelle, lcm = 0,03mm.

Fig.4: Melrand, fragments d’horizon Bt remanié et piégé

dans un fossé. Lumière Naturelle, lcm= 0.25mm

Fig.5: Les Sept Perthuis, les revêtements argileux limpides (L) et

poussiéreux (P) remplissent la même porosité du sédiment de

remplissage du fossé. Ils révélent une alternance de reconquête végétale et de désherbage du fossé. Lumière Naturelle, lcm = 0,25mm.

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Figure

Fig. 1: Localisation des sites mentionnés dans les texte.

Références

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