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L'Estuaire, vol. 23 (2)

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Texte intégral

(1)

Volume XXIII, numéro 2 (57), juin 2000 7,95$

L'incendie de Rimouski William Purcell La famille d'Ulric

J.

Tessier

La pêche au fer Le dur métier de pêcheur

(2)

L'Estuaire

Revue d'histoire des pays de l'estuaire du Saint-Laurent

(Auparavant Revue d'histoire du Bas-Saint-Laurent)

Publiée deux fois l'an par le GRIDEQ de l'Université du Québec à Rimouski (le Groupe de recherche interdisciplinaire sur le développement régional, de l'Est du Québec).

Comité de rédaction: Paul LAROCQUE, historien Jean LARRNÉE,

agent de recherche au GRIDEQ Pierre COLLINS,

archiviste à la bibliothèque de l'UQAR Graphiste:

Richard FOURNIER,

Service des communications UQAR Traitement de texte:

Jean Larrivée Impression:

Transcontinental Impression Impression des Associés (Rimouski) Politiqne rédactionnelle:

Les personnes intéressées à publier des articles, notes de recherche, notes biographiques ou comptes rendus peuvent faire parvenir leurs manus-crits ou disquettes (WORD PC) en tout temps. Les textes devront être sur un format 8,5 x Il à double interligne avec un maximum de 15 pages. Il n'est pas nécessaire d'être un spé-cialiste pour publier dans la revue L'Estuaire. Le comité de rédaction peut, dans certains cas, assurer un support technique aux auteurs. Les textes sont lus par le comité et recom-mandés, selon le cas pour publication. Les auteurs demeurent cependant responsables du contenu de leurs textes. Une invitation cordiale est faite aux intéressés.

Dépôts légaux:

Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada ISSN-1484-6969

© Tous droits réservés, L'Estuaire, 2000

La reproduction des textes et des pho-tographies est interdite sans la permis-sion du Comité de la revue

Photographie de la page couverture: Les pompiers doivent parfois utiliser leur échelle pour arroser certains édi-fices lors du feu de mai 1950 (Collection Vincent Côté Rousseau)

Sommaire

L'Estuaire

Volume XXIII, numéro 2 (57), juin 2000

Page

Éditorial ... 2 Jean Larrivée

Les cendres du passé, un souvenir brûlant: l'incendie de Rimouski ... 3 Rémi Lavoie

René Michaud. Souvenirs maritimes ... 7 Mario Bélanger

William Purcell, le dernier soldat du fort Jngall ... 8 Hélène Lamarche

La vie à la petite école du rang ... 14 Ernestine Lepage

Rimouski au temps d'Adèle Lamontagne 1858-1875 (partie 2).

La transition entre village et ville ... 16 Mario Mimeault

Chroniques rimouskoises:

La famille d'Vlric J. Tessier ... 23 Jean Cimon

La pêche au fer ... 27 Robert Michaud

Vieux écrits: Le dur métier de pêcheur en Gaspésie

au milieu du XIXe siècle ... 32 Texte de Nérée Gingras présenté par Pierre Collins

Nouvelles brèves ... 36 Jean Larrivée et Euchariste Morin

Des livres à lire! ... 37 Jean Larrivée

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(3)

L

e 6 mai 1950, vers 18h! Il fait chaud et un vent très fort souffle de

l'ouest. Tout à coup, c'est la catastrophe: des poteaux se rompent

et des fils électriques tombent sur les piles de bois de la

Compagnie Price Brothers et un gigantesque incendie éclate. Une

bonne partie de la ville de Rimouski est détruite pendant la Nuit

Rouge. Rémi Lavoie nous raconte ce triste événement qui se déroulait il y

a cinquante ans déjà. Quelques belles photographies raviveront la

mémoire de ceux qui ont vécu ce drame.

Sur une note un peu plus joyeuse, Mario Bélanger

nous relate les souvenirs maritimes de René

Michaud qui a notamment travaillé sur le

Jean-Brillant, un traversier qui reliait Rimouski et

la Côte-Nord.

Avez-vous déjà fouillé dans de vieux albums de

photos de famille ou encore dans des papiers anciens enfouis au fond

d'une boîte et découvert un personnage lointain, un arrière-grand-père ou

autre qui piquait votre curiosité? Comme il serait intéressant d'en savoir

davantage. Mais vous n'avez pas le temps ou vous ne savez pas comment

procéder. Hélène Lamarche l'a fait pour nous avec William Purcell, le

dernier soldat du fort lngall dans le Témiscouata. Ce texte bien documenté

fait revivre ce militaire qui aimait beaucoup voyager.

Certains de nos lecteurs ont pu fréquenter la petite école du rang.

Revivez cette époque sous la plume avertie d'Ernestine Lepage. Quant à

Mario Mimeault, il vous convie à la deuxième partie de sa trilogie sur

Rimouski au temps d'Adèle Lamontagne (1858-1875).

Quel Rimouskois n'a pas entendu parler un jour ou l'autre de la

famille Tessier? Jean Cimon retrace le cheminement de cette famille

d'avocats de père en fils et fille!

Le prolifique écrivain Robert Michaud nous raconte pour sa part

une histoire un peu bizarre, une histoire de pêche ... Mais pas n'importe

laquelle ... Une partie de pêche au fer près de l'île Rouge. Et oui, vous avez

bien lu: du fer!

La série L'Ombre de l'épervier a fait connâItre à l'ensemble des

Québécois la difficile réalité des pêcheurs gaspésiens. Pierre Collins nous

présente un extrait d'un texte de l'abbé Nérée Gingras intitulé Impressions

de Gaspésie. Ce témoignage, d'une grande valeur ethnographique, vous

fera découvrir davantage le dur métier de pêcheur en Gaspésie au milieu

du XIXe siècle.

Jean Larrivée

(4)

Les cendres du passé, un souvenir brûlant:

l'incendie de Rimouski

Rémi Lavoie

Le feu a pris naissance vers les six heures samedi soir dans la cours (sic) à bois de la Compagnie Price Brothers. Il aurait été allumé par des fils électriques qui furent rompus par la violence du vent. Quelques minutes plus tard la brigade des incendies de la ville, sous le commandement du chef Lepage, et les pompes à incendies de la Compagnie Price furent dirigées vers l'endroit stratégique, mais le vent était le grand maître. Emportées par la bourrasque, les étincelles volèrent en tous sens, allumant plusieurs foyers d'incendiesl •

C'est ainsi que L'Écho du Bas-Saint-Laurent décrivait les premiers temps de la Nuit Rouge qu'ont vécue les Rimouskois entre les 6 et 7 mai 1950. Cinquante ans plus tard, souvenons-nous de cette tragédie qui a rasé le tiers de la ville de Rimouski.

Naissance de l'incendie

S

amedi le 6 mai 1950, il est près de 18 heures lorsque le premier appel est lancé par la sirène à incendie. Un fort vent d'ouest de plus de 100 km à l'heure vient de rompre une ligne électrique jetant celle-ci sur les piles de bois reposant dans la cour de la Compagnie Price Brothers. Ravageant le côté ouest de la rivière Rimouski, l'in-cendie s'en prend au bois entreposé de

la Compagnie Price, à la manufacture de boîte (Gravel) appartenant égal& ment à cette dernière puis au magasin général Helleur, situé à proximité. Pous-sé par un vent violent, l'élément destructeur poursuit son œuvre devant les sapeurs impuissants et se trans-forme en une pluie d'étincelles. Les installations de la Compagnie Price Brothers sont réduites en cendres.

Le feu franchit la rivière

Environ une heure après le début de la tragédie, le feu traverse la rivière et commence à multiplier les foyers d'in-cendie en embrasant la toiture de nom-breux bâtiments2• C'est l'hécatombe, les unes après les autres, les maisons flambent. Malgré la lutte désespérée des pompiers volontaires de la ville et des renforts qui accourent de l'ex-térieur, le brasier ne cesse de s'étendre

Feu gigantesque dans la cour à bois de la Compagnie Priee (Le sinistre de Rimouski illustré, Éditeur Photo Lavoie, mai 1950).

(5)

Les pompiers arrosent le feu sous les regards des sinistrés (Le sinistre de Rimouski illustré, Éditeur Photo Lavoie, mai 1950). et progresse durant toute la nuit.

Sauve qui peut

tion matérielle qu'elle Rimouski ne déplore, fort ment, aucune perte de vie.

Les lendemains Les coûts

entraîne,

heureuse-La conflagration a laissé une lourde trace de son passage sur la ville de Rimouski. Bien que n'ayant pas entraîné aucune perte de vie, cette tragédie se veut tout de même coûteuse sur le plan matériel. Les dommages sont évalués, par la Commission fédérale-provinciale sur l'incendie de Rimouski, à une som-me totale de 10 292 772$6.

courant du malheur des Rimouskois7• C'est alors que l'on assiste à une vague de sympathie. Par le biais de nombreux journaux, différentes communautés en viennent à appuyer la population de Rimouski dans son épreuve. Plus encore, l'élan de solidarité amène dans la métropole bas-laurentienne les «apôtres anonymes»8 de la Croix-Rouge (intervenant de la première heure) et de l'aide sous plusieurs formes de dif-férents points du globe. Pensons ici au support et aux deniers de sa Sainteté le Pape Pie XII; aux outils, à la lingerie et divers objets d'utilité courante venus d'Angleterre (valeur de 280 000$9); au support tant technique que financier des divers paliers de gouvernement (Québec et Ottawa fournissent cinq mil-lions de dollars); aux nombreux dons en argent d'organismes, de clubs, de compagnies diverses, sans oublier les dons venant de particuliers, tant de la région que de l'extérieur du pays.

Toute cette aide, il faut la régir, l'or-ganiser. La Croix-Rouge ne devant assumer que l'assistance d'urgence durant une période relativement courte, il devient nécessaire de trouver un organisme pouvant donner suite aux mesures mises en place et poursuivre le soutien à la population. Cet organisme voit le jour le 15 mai 1950, alors qu'un comité composé de 36 citoyens forme le Comité de secours et de reconstruc-tion de Rimouski incorporé. C'est ce comité qui recueille les dons et les redistribue aux sinistrés.

Durant cette nuit du 6 au 7 mai 1950, Rimouski connait ce qui restera dans les mémoires comme les pires mo-ments de son histoire. Avec une rapi-dité inouïe, les flammes ravagent bon nombre de résidences représentant 383 unités de logements, des dizaines d'é-difices commerciaux, de même que l'hospice et l'orphelinat des Sœurs de la Charité, le couvent des Petites Sœurs de la Sainte-Famille, l'École apostolique, une partie du Séminaire, de l'hôpital et du Palais de justicel. Le nombre de si-nistrés s'élève à 2 365 (sur une popula-tion totale de 10 412 âmes) sans compter les élèves pensionnaires, les malades et les religieuses qu'il faut relo-caliser dans d'autres institutions4• Il est également nécessaire de trouver un nouveau gîte pour les 36 détenus de la prison. Ils sont alors installés, sous bonne garde, à l'arsenal. En raison de la puissance du souffle éolien et du manque d'eau durant la nuit, l'élément destructeur poursuit sa marche infer-nale jusqu'au dimanche. «De la rue Tessier, qui longe la rivière, à l'avenue de la Cathédrale et du boulevard Saint-Germain à la rue de l'Évêché, il ne restera debout que les cheminées et quelques charpentes calcinées»5. Malgré l'ampleur de la tragédie et la

dévasta-La Nuit Rouge, pertes à Rimouski Pertes totales Particuliers 3319424,00$ Institutions Religieuses 4 983 348,00$ Gouvernement Fédéral 325000,00$ Gouvernement Provincial 930000,00$ Municipalités, services

Publics et autres pertes 735000,00$

Totaux: 10292772,00$

Solidarité

Rapidement, la nouvelle de la confla-gration de Rimouski fait la une des dif-férents médias d'information et l'ensemble du monde occidental est au

Assurances Pertes nettes

935000,00$ 2 384 424,00$ 798222,00$ 4 185 126,00$ 65000,00$ 260000,00$ 30000,00$ 900000,00$ Nil 735000,00$ 1 828 222,00$ 8 464 550,00$ Reconstruction

Sitôt le drame terminé, les manches sont retroussées et la population s'at-taque à la reconstruction de la ville. Dès le 9 mai, on s'affaire à la construction

(6)

Les édifices s'écroulent et les cheminées résistent. .. (Collection Vincent Côté Rousseau).

d'un pont devant remplacer celui qui nisme. «La rue Saint-Germain Ouest fut

fut incendié lors de la conflagration. aménagée comme une vraie rue

com-Neuf jours plus tard, la communication merciale avec des espaces de

station-est rétablie entre les deux rives de la nement,· les rues résidentielles furent

élar-rivière qu'il fallait traverser par le pont gies et les maisons construites selon des

du chemin de fer ou encore en faisant marges de recul plus prononcées par

rap-un détour par les paroisses de coloni- port aux rues»l1.

sationlO• Rimouski est alors reconstrui- Tous les travaux requis par la re-te selon les normes modernes d'urba- construction ne sont pas seulement

Il faut ramasser les ruines (Le sinistre de Rimouski illustré, Editeur Photo Lavoie, mai 1950).

utiles à effacer la trace du passage de l'incendie, mais permettent également à certains employés de la Compagnie Price d'éviter le chômage. En effet, le moulin de cette dernière représentait l'activité industrielle la plus importante de Rimouski et des environs. Price Brothers reconstruit ses installations, mais elles n'ont plus l'ampleur d'autre-fois12. Ce sera désormais au secteur des services de prendre de l'envergure et d'assurer la relève quant au développe-ment économique de la ville.

Assurance

Les différentes compagnies d'assu-rance jouent un rôle très important dans la reconstruction de la ville. Celui-ci nous est expliqué par Maurice De-Champlain (possédant à l'époque un bureau d'assurance à Rimouski) qui se confie à Noël Bélanger dans la Revue d'histoire du Bas-Saint-Laurent, d'octo-bre 1975. Le fait est qu'à l'époque, les habitations sont, la plupart du temps, assurées à 40% de leur valeur, parfois même à 30 ou à 20%. Les propriétaires sinistrés sont alors au désespoir. De plus, raconte M. DeChamplain, des ajus-teurs indépendants sont en ville dès le dimanche. Ces «fraudeurs», comme il ose le mentionner, se font honneur de parvenir à régler des réclamations diffi-ciles. En contrepartie, l'assuré ayant recours à leurs services s'engage à leur verser 10% du montant payé. Monsieur DeChamplain n'apprécie guère cette pratique qui est pourtant légale à l'époque. Dès le lundi par contre, les assureurs sont en ville et les procé-dures de remboursements ne traînent pas.

Il y a une chose que j'ai obtenue des compagnies: de payer les pertes totales au complet, même s'il y avait eu vol ou même si les gens retrouvaient leur ménage. Ils avaient tellement de perte que les compagnies ont consenti de les payer à perte totale. Alors, ils n'ont pas fait d'enquête, rien. De la minute que vous arriviez à une maison identifiée au numéro avec le numéro de police, ils fai-saient le chèque pour le montant, le total de la police sans faire d'enquête, rien13•

Alors, je peux dire que le lundi soir, on avait un 300 000$ de payé. Alors là, les gens ont commencé tout de suite à se

commander des matériaux et être en train de reconstruire, voyez-vous14•

(7)

Avec une telle promptitude à régler, on comprend la rapidité avec laquelle la population de Rimouski peut se repren-dre en main. Ainsi, quelques jours seulement après l'effroyable tragédie, la reconstruction va bon train et la

popu-Une naissance au cœur de l'incendie

Une mère a donné naissance à son enfant au moment où l'on s'apprêtait à la transporter en lieu sûr. Tout se fit cependant dans l'ordre et les reli-gieuses de l'institution veillaient à ce que les patients ne souffrent pas trop

(. . .) transfert.

L'Écho du Bas-Saint-Laurent, Geudi le

Il mai 1950): 10.

Des morts, des blessés?

Des rumeurs de toutes sortes ont couru depuis le début de l'incendie à l'effet que des garçonnets se seraient

noyés en voulant traverser la rivière, que d'autres étaient tombés du pont en feu et que des enfants auraient été blessés mortellement par des automo-biles. Il ne s'agit en réalité que de ru-meurs puisqu'aucun accident mortel du genre n'a pu être confirmé.

L'Écho du Bas-Saint-Laurent, Geudi le Il mai 1950): 10.

La Cathédrale, un rempart

La cathédrale était la cible la plus

lation se remet peu à peu de la terrible nuit du 6 au 7 mai.

Grave tragédie dans l'histoire de la ville, la conflagration de 1950 n'a toute-fois pas, rappelons-le, causé de perte de vie humaine. Par contre, les dégâts ont

exposée au feu, au moment de l'in-cendie de l'hospice des Sœurs de la Charité. Un homme dans le clocher a réussi à guetter les brandons qui vo-laient à quatre-vingt milles à l'heure de tout l'ouest en feu et notamment de l'hospice. Il est bien étonnant que tout le flanc de la cathédrale, de la façon la plus inattendue, ait pu servir de rem-part au feu qui aurait dévoré tout l'est de notre petite ville (. .. ).

Extrait de la dernière Circulaire de Son Excellence Mgr Courchesne, Archevêque de Rimouski, dans Le Centre Saint-Germain, Rimouski, no 6 Guin 1950): 17l.

La Croix-Rouge

À Rimouski et Cabano seulement, la Croix-Rouge a servi 38 000 repas et

dis-tribué 4 000 couvertures aux sinistrés. Elle a fourni des lits à 344 personnes, les premiers soins à 250, des vêtements à 2000.

Roger Lemelin, dans Sélection du Reader's Digest, vol. 8, no 45 (mars

1951).

Policiers et pompiers posent fièrement près du camion incendie modèle «Bickle» 1927 (Collection de la Ville de Rimouski, 1943).

été considérables. De la cour à bois de la Compagnie Price Brothers à la rue de la Cathédrale, les flammes ont effacé une bonne partie du bâti rimouskois. Loin d'en mourir, la ville se relève, tel un phoenix qui renail: de ses cendresl5.

Notes

1 «Rimouski a vécu une nuit d'horreurs par

le feu», L'Écho du Bas-Saint-Laurent, Rimouski, (11 mai 1950): 3.

2 Brigitte Pouliot, «La Nuit Rouge» dans Mosaïque Rimouskoise, une histoire de Rimouski, Rimouski, Le Comité des fêtes du cent cinquantième anniversaire de la paroisse Saint-Germain de Rimouski, 1979, page 545.

3 Jean-Charles Fortin, Antonio Lechasseur et al., Histoire du Bas-Saint-Laurent, Coll. Les régions du Québec, IQRC, 1993, page 582.

4 Québec, Rapport de la Commission

fédérale-provinciale sur l'incendie de Rimouski, les 6 et 7 mai 1950, Québec, octobre 1950, page 5.

5 UQAR, Module de géographie, Atlas urbain de Rimouski, page 76.

6 Québec, op. cit., page 18.

7 Des dizaines de journalistes et de

pho-tographes viennent à Rimouski pour fournir à leurs journaux des informations détaillées et complètes. Des stations de radio américaines en viennent même à

diffuser les étapes de l'incendie. Brigitte Pouliot, op. cit., page 552.

8 Terme utilisé par Roger Lemelin de la

Société royale du Canada qui écrit sur le sujet. «La Croix-Rouge à Rimouski et à Cabano» dans Sélection du Reader's

Digest, vol. 8, no 45 (mars 1951), couver-ture Il et III.

g Brigitte Pouliot, op. cit., page 559.

10 Ibid., page 562.

11 UQAR, Module de géographie, op. cit.,

page 76.

12 Gisèle Saint-Pierre-Beaulieu (dir.),

Monographie de la Paroisse Saint-Robert-Bellarmin de Rimouski (1941-1991), Rimouski, 1991, pages 92-93. 13 Noël Bélanger, «Vingt-cinq ans après,

l'in-cendie de Rimouski, l'inl'in-cendie de Cabano», Revue d'histoire du Bas-Saint-Laurent, volume 2, no 2 (octobre 1975):

12.

14 Ibid.

15 Soulignons que Cabano subit un sort

(8)

René Michaud

Souvenirs maritimes

Mario Bélanger

1

1 a vogué sur les eaux froides du Saint-Laurent. Il a connu aussi la mer chaude des Antilles et les côtes de la

Floride. Pendant 27 ans, René Michaud, originaire du Bic, a été cuisinier puis maître d'hôtel à bord de bateaux.

Cela se passait entre 1943 et 1969. Une époque qui lui rap-pelle bien des souvenirs. M. Michaud a par la suite été, de 1970 jusqu'à sa retraite en 1988, gardien et magasinier, puis agent de sécurité à l'UQAR.

Sa carrière dans la marine marchande a commencé en 1941, alors qu'il n'avait que 17 ans et que la Guerre 1939-1945 faisait rage en Europe. René Michaud avait un frère aîné qui était membre du personnel du

Jean-Brillant, un bateau qui

fai-sait la navette entre Rimouski, Baie-Comeau et Sept-Îles. C'est ce frère qui l'a incité à faire une demande d'emploi pour

tra-René Michaud sur le

Jean-Brillant, vers 1950

vailler sur le bateau. Avec un peu d'expérience dans la cuisine de chantiers, M. Michaud a commencé à bord du navire comme deuxième cuisinier. «Tout le transport vers la Côte-Nord se fai-sait alors par bateau, explique-t-il. Sur la Côte-Nord, la route ne se rendait pas à Québec et il n

y

avait pas encore d'aéroport. On pouvait avoir souvent jusqu'à 200 passagers».

Passagers célèbres

En 1942, à cause de la fameuse Deuxième Grande Guerre, le

Jean-Brillant a été loué à la Marine américaine, pour faire le

transport des passagers (soldats et marins) entre Miami (Floride)

Le Jean-Brillant

et Nassau (Bahamas). M. Michaud a passé quelques mois là-bas. Il se souvient d'ailleurs d'un voyage spécial au cours duquel le bateau a accueilli un couple célèbre: le Duc de Windsor et son épouse, l'américaine Bessie Wallis Warfield. Le Duc de Windsor, qui était le fils de Georges V et l'oncle d'Élisabeth II, avait occupé les fonctions de Roi d'Angleterre pendant près d'une année sous le nom d'Édouard VIII, et il venait d'abdiquer le trône pour pourvoir vivre avec sa dul-cinée. Leur mariage avait causé tout un scandale à l'époque, vu l'importance des fonctions qu'il refusait d'assumer davantage et considérant que cette dame était déjà divorcée deux fois ...

M. Michaud se rappelle que ce couple, bien sympathique, avait été logé dans une cabine de luxe et que six chiens de race les accompagnaient.

René Michaud a ensuite changé de bateau pour travailler sur le North Gaspé, comme assistant-stewart. Ce navire

trans-portait des troupes de guerre et des marchandises entre Baltimore (Maryland) et North Fork (Bermudes). Souvent, le bateau se joignait à une douzaine d'autres navires, pour des tra-jets à basse vitesse, bien escortés par des corvettes de

surveil-lance prêtes à combattre l'ennemi.

Après la guerre, en 1946, M. Michaud est revenu au Québec, à nouveau sur le Jean-Brillant, qui était alors

réaffec-té au transport de la marchandise et des passagers civils, de Rimouski vers la Basse-Côte-Nord. René Michaud devient maître d'hôtel (chef-stewart), responsable de tous les services aux clients. «J'ai eu jusqu'à 15 employés sous mes ordres». Il

a occupé ces fonctions jusqu'en 1969.

M. Michaud est à la retraite depuis onze ans. Il aime encore bricoler. Et, avec son épouse, c'est avec fierté qu'il voit pous-ser ses dix petits-enfants. «J'ai même une arrière-petite-fille maintenant. Çafait donc quatre générations».

(9)

William Purcell,

le dernier soldat du fort Ingall

C'

est avec le sergent William

Purcell, nommé gardien du fort Ingall en 1862, que s'achève le dernier chapitre de l'histoire mili-taire du Témiscouata. Ayant choisi de s'installer sur place et d'y élever leur famille, le sergent Purcell et sa femme

Kate Shawl dont la descendance est

ap-parentée par mariage aux familles Bérubé, Pelletier, Strong, Ouellet, Le Gouffe, pour n'en nommer que quelques-unes, figurent à bon droit parmi les pionniers de Cabano. La tradition précise que les Purcell

étaient d'origine irlandaise et que William

aurait combattu aux Indes avec l'armée britannique avant de s'installer au Canada. Les recherches effectuées jusqu'à ce jour dans les archives irlandaises n'ont pas per-mis de retrouver les origines de cette famille; ce sont surtout les registres parois-siaux de Notre-Dame-du-Lac et de

Saint-Hélène Lamarche

Louis-du-Ha-Ha!, les archives publiques du Nouveau-Brunswick et celles du War Office conservées au Public Record Office (PRO), de Grande-Bretagne, qui ont fourni l'essentiel de cet article.

Un simple soldat

Après 22 ans de service, William

Purcell a quitté l'armée active en 1857.

Son certificat de libération2, pièce

maîtresse du dossier d'un soldat, nous ren-seigne aussi bien sur son apparence physique que sur ses états de service.

Selon son signalement, il a les yeux bleus,

les cheveux grisonnants et le teint basané, sans doute pour avoir longtemps vécu sous le climat tropical. Il est très grand, et son seul signe distinctif - encore que peu apparent - est une cicatrice à l'aine,

résul-tat d'une blessure de guerre. L'examen

médical final précise qu'il souffre de

rhu-matismes. Problème réel? Simple

forma-lité pour justifier une pension? William Purcell vivra encore plus de trente ans et, jusqu'à la fin, conservera une prestance remarquable, ainsi qu'en témoignent ces deux textes parus au lendemain de sa mort, en 1889:

The old sergeant was over six feet in height, as straight as a rush, and although about 80 years of age, his step was as springy and his figure as elastic and sol-dierly, apparent/y, as when a recruit3•

He was truly an ideal soldier being,

if

1 remember right, 6 feet 2 1/2 n. and built in proportion and wherever quartered was always considered one of the best looking soldiers in the garrison, his only ailing being in his young days rather addicted to drink, only for which 1 really believe he would have died a commissioned officer4.

William Purcell serait né entre 1809 et

1817. Son dossier indique qu'il s'est

William Purcell et ses descendants, vers 1906 (Centre de documentation et d'interprétation du Témiscouata) (Société d'histoire et d'archéologie du Témiscouata, Fort Ingall Cabano, 1992, p. 11).

(10)

enrôlé en 1834, à l'âge de 20 ans5; par contre, en 18896, on le dit âgé de 80 ans, ce qui le ferait naître vers 1809, tandis qu'au recensement canadien de 1881, William lui-même déclare avoir 64 ans7 •

Cette affirmation semble la plus vraisem-blable, car il n'a alors aucune raison de ne pas donner son âge exact tandis qu'en 1834, ce gaillard de 17 ans pouvait très bien se vieillir de trois ans, sachant que les recruteurs de l'armée n'y regardaient pas de trop près lorsqu'il s'agissait de faire endosser 1 'habit rouge à un nouveau sol-dat. Quant au certificat de décès qui lui donne 80 ou 82 ans, il a sans doute été rédigé «à l'œil» comme c'était souvent le cas.

Purcell serait originaire de la ville d'Arless, (aujourd'hui on écrit plutôt Arles), dans le comté de Laois, à quelques milles de la ville de Carlow. En Irlande, rares sont les paroisses catholiques dont les registres remontent au-delà du XIXe siècle; ceux de Arles ne datent que des années 1820, trop tard pour y retracer le baptême de William né quelques années plus tôt8.

Une armée triomphante

L'armée britannique n'a guère changé depuis le temps des triomphes remportés contre Napoléon à Waterloo en 1815. Armée glorieuse, certes, mais qui souffre de graves problèmes d'administration et d'organisation. En état de guerre comme en temps de paix, la vie des soldats reste dominée par la discipline exigeante des champs de bataille. Aucune attention, ou si peu, n'est portée à leur condition matérielle ou affective. La nourriture est médiocre, les occupations limitées aux exercices et à la routine de la vie de caserne; toute vie familiale décente leur est pratiquement interdite. L'alcool, les cartes, le jeu constituent les principales distractions9.

L'Irlande du XIXe siècle est sans cesse agitée par des crises économiques, politiques et sociales, souvent aggravées par la famine et les mauvaises récoltes. Les jeunes Irlandais sont nombreux à s'enrôler dans l'armée britannique et, à l'époque, ils forment de 30 à 40% de tous les effectifs militaires. Le manque de ressources, voire de nourriture, la néces-sité de subvenir aux besoins de leur famille, l'envie d'échapper à un avenir médiocre, mais aussi le goût de l'aventure et le besoin de se démarquer du quotidien

sont autant de raisons de le faire.

Le 62e régiment d'infanterie1o dans lequel s'engage William Purcell servait en Inde depuis 1830. Si on recrute alors de nouveaux soldats, c'est que depuis deux ans, le régiment a été tellement décimé par les combats et les épidémies qu'il a perdu près des trois quarts de ses effectifs. Au moins une dizaine de jeunes gens de la région de Carlow semblent s'être enrôlés en même temps que Purcell Il. Après une traversée de trois mois, les recrues arrivent à Madras en mars 1835. Presque aussitôt, William Purcell demande, et obtient, d'être transféré au 61 e régimentl2 qui se trouvait au Ceylan depuis 1828. Nous ignorons les raisons de ce transfert devenu effectifle 9 mai 183513 •

En vertu du système de rotation des régiments, le 61 e, après plusieurs années passées au Ceylan, est ramené en Angleterre en 1840 puis affecté en Irlande (1843), avant de repartir pour l'Inde, en juillet 1845. Pas une seule fois, pendant tout ce temps, le 61 e ne semble avoir été impliqué dans des opérations militaires.

Mauvais sujet mais bon soldat Les années de paix ne réussissent par toujours à des soldats comme William Purcell qui semble s'accommoder plutôt mal de la routine et de l'inaction. Ivresse, insubordination, chapardage, abandon de poste, il n'en finit plus d'accumuler les sanctions disciplinaires. Plus grave encore, une désertion de trois mois (de décembre 1841 à mars 1842) lui vaut une peine de cachot d'une durée de six mois «lunaires», (la poésie militaire se nichant où elle peut!). De plus, il est marqué de la lettre «DI4» et, d'un seul coup perd les années d'ancienneté accumulées depuis 1834. Dans cette armée où la discipline était plus rigoureuse que partout ailleurs en EuropelS, les désertions étaient fréquentes. Cependant, une fois sa peine purgée, un soldat pouvait très bien pour-suivre une carrière honorable, voire devenir officier subalterne. C'est la guerre du Penjab en 1848-1849 qui fournira à William Purcell l'occasion de se com-porter en digne soldat de l'empire.

L'Inde, joyau de la couronne britannique

Depuis la fin du XVIIIe, le Bengale, le sud de l'Inde, la vallée du Gange, Delhi et le royaume hindou des Marathes étaient peu à peu passés sous le contrôle anglais. Restait le Penjab l6, le royaume des cinq

nVleres, qui s'étend aux pieds de 1 'Himalaya. À deux reprises, la puissante armée des Sikhs (un groupe religieux à vocation militaire né au XVIe siècle) va se dresser contre l'emprise des Britanniques.

Cantonné à Kanpur, sur le Gange, le 61 e n'avait pas pris part à la première guerre du Penjab (1845-1846)17 mais lorsque éclate la deuxième, le régiment qui se trouve alors dans la région de Jullundur, au nord du Penjab, reçoit l'or-dre de rejoinl'or-dre les forces réunies sous les ordres du général Sir Hugh Gough. La tra-versée de la rivière Chenab, le 30 novem-bre 1848, marque le véritable début de la campagne. Sans compter quelques engagements mineurs, le siège de Multan, auquel ne participe pas le 61 e régiment, et les batailles de Chillianwalla et de Gudjerat constituent les points tournants de cette guerre. Comme c'est souvent le cas, le pire et le meilleur s'y cotoyent et les dirigeants sont parfois forcés de se bat-tre conbat-tre l'ennemi et leur propre inten-dance. Ainsi, après la dure traversée de la Chenab, les soldats du 61 e doivent sup-porter une nuit très froide, sans manteaux ni couvertures tandis que les régiments de cavalerie n'ont pas de fourrage pour leurs chevaux.

Victoire ambiguë et coûteuse, la bataille de Chillianwalla (13 janvier 1849) est l'une des plus sanglantes de toute l'histoire britannique de l'Inde. Le 24e régiment est littéralement fauché. Treize officiers de ce régiment sont tués, parmi lesquels se trouve le capitaine John Saunders Shore du Nouveau-Brunswick, engagé en 1840 et promu capitaine le 20 octobre 1848. Quarante ans plus tard, à Fredericton, on se rappellera encore que le sergent Purcell «then a private, was one of

the fatigue party that buried the gal/ant officer the day after the battleI8».

L'intervention de l'infanterie, et notamment du 61 e régiment devait être décisive. Pris à revers par la cavalerie sikh, les hommes vont devoir, à plusieurs reprises, combattre carrément dos à dos. Il y aura en tout 2 300 tués, blessés ou dis-parus; le 61 e avait perdu onze hommes de troupe et trois officiers, sans compter 79 blessés parmi lesquels William Purcell atteint d'un coup de mousquet. La blessure ne devait pas être trop grave puisque cinq semaines plus tard, le 21 février, il prend part à la bataille de

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Gujerat.

Par comparaison avec le bain de sang de Chillianwalla, cette bataille qui signale la défaite de l'armée sikh a été remportée rapidement et avec très peu de pertes. Le 30 mars 1849, le gouverneur général de l'Inde, lord Dalhousiel9 , annonce que les terres du Penjab sont désormais rattachées à la couronne. Tous les Sikhs ne sont cependant pas désarmés. Dans les mois qui suivent, le 61 e, cantonné à Peshawar aux limites de l'Afghanistan, fait partie des forces de campagne qui pourchassent les récalcitrants jusque dans la passe du Khyber. Autant la guerre avait pu être bru-tale, le saccage de la ville de Multan le 22 janvier 1849 en est un exemple, autant l'après-guerre sera conduite avec diplo-matie, à tel point que les guerriers sikhs, désormais intégrés à l'armée britannique, demeureront d'une loyauté totale à l'Empire. Vers la fin de 1849, ou peut-être au début de l'année suivante, des raisons de santé forcent temporairement William Purcell à quitter Peshawar, pour revenir en Angleterre2o •

Récompenses et rechutes

Depuis 1836, les soldats peuvent obtenir des insignes de distinction pour souligner une période de bonne conduite. Purcell recevra sa première le 26 septem-bre 1848 et, à la suite de sa participation à la campagne du Penjab, une médaille à deux barettes pour marquer les victoires de Chilianwalla et de Gudjerat21• Les états de service qu'il avait perdus en 1841 lui sont même rendus en vertu d'une lettre du War Office datée du 15 janvier 1850, effaçant ainsi les conséquences de sa désertion. Le 12 septembre 1850, il est promu caporal, avec augmentation de solde et reçoit deux autres insignes de bonne conduite22 • En 1889, le sergent-major Young se rappelait encore les circonstances de cette promo-tion: «On one occasion he obtained a fur-lough from Cork, and in passing through the city met the general commanding, who was so struck with his soldierlike appear-ance, that he requested his commanding officer to promote him corporal, which was done»23.

D'après Young, Purcell alors en Angleterre, aurait eu l'honneur de faire partie du cortège funèbre du duc de Wellington, le vainqueur de Napoléon, décédé le 14 septembre 1852. Il nous a cependant été impossible de confirmer ce détail; nous ne savons pas non plus à

quelle date il retourne à Wazirabad (Wuzerabad), au Penjab, où se trouvait alors son régiment.

Hélas, les bonnes dispositions du caporal Purcell ne durent pas. Le 9 avril 1853, dégradé pour s'être enivré alors qu'il était en service, il doit découdre les galons qui ornaient son uniforme et, en juin, ses insignes de bonne conduite lui sont également retirés. Ce sera, du moins officiellement, sa dernière rechute. Depuis vingt ans qu'il est dans l'armée, il pourrait avoir droit à une pension. Encore faudrait-il la mériter, ce qui, à l'époque, ne se fait pas de manière automatique.

En juin 1854, William Purcell a re-trouvé ses insignes de bonne conduite, et une augmentation de solde. En octobre 1856, le comité régimentaire chargé d'examiner sa demande de libération note:

«With regard to the character and conduct ofNY 849 Private William Purcell [. .. } it is

latterly goOd»24. De retour en Angleterre,

il reçoit son congé officiel le 14 juillet 1857. Le certificat médical précise: «Worn out from long service [. .. } of sober and

quiet habits»25. La cicatrice de

Chillianwalla est mentionnée mais la mar-que de désertion est passée sous silence. Purcell n'a cependant pas recouvré son rang de caporal, et c'est en simple soldat qu'il quitte l'armée active.

Dublin, 1857

Purcell avait quitté l'Inde avec l'inten-tion de s'installer à Dublin26 . Or, de 1857 à 1859, le Thoms Directory, sorte d'an-nuaire local, signale qu'un certain «William Purcell» fait fonction de maga-sinier au Brunswick Rowing Club de

Ringsend à Dublin. Difficile d'affirmer que ce soit notre homme, encore que la fonction de magasinier soit une de celles qu'un ancien soldat pouvait très bien accomplir. Poursuivant nos spéculations: se pourrait-il que ce soit dans ce club d'avirons que le fringant vétéran ait ren-contré Kate Shaw, une jeune fille prête à le suivre au bout du monde?

La tradition familiale conserve le sou-venir d'un mariage à la sauvette, contracté sans la permission des parents. Purcell est Irlandais et catholique, il a plus de quaran-te ans; il est sans douquaran-te peu instruit, bien que capable de signer son nom; malgré sa médaille, son passé militaire n'a rien pour le recommander aux parents d'une adoles-cente27 issue de la bonne société anglo-irlandaise protestante de Dublin28 •

Mais pourquoi Kate et William ont-ils choisi de quitter l'Irlande? Voulaient-ils s'éloigner de Dublin et recommencer à neuf dans une région qui l'était tout autant? À défaut de connaître leurs moti-vations profondes, certains événements survenus au Canada en 1861 permettent d'éclairer les circonstances de leur arrivée au fort Ingall.

Les frontières d'un pays neuf La délimitation des frontières entre les États-Unis et les colonies britanniques de l'Amérique du Nord a longtemps fait l'ob-jet de litiges, notamment entre 1839 et

1842 quand le Maine dispute au Canada la possession du Madawaska et d'une partie du Témiscouata. Traversant les monts Notre-Dame pour se prolonger vers le Nouveau-Brunswick, la route du Portage qui servait au transport du courrier devient alors une voie stratégique qu'il importe de défendre. Le fort Ingall, construit en 1839 par le lieutenant Lennox Ingall sur le lac Témiscouata, à proximité de l'endroit où aboutissait le Portage, est l'une des pièces maîtresses de ce système défensif. La question des frontières étant réglée (traité de Webster-Ashburton, août 1842), le fort désaffecté sert encore de relais occasion-nel aux troupes appelées à se déplacer entre les Maritimes et le Québec.

Vers la fin des années 1840, le gou-vernement britannique envisage sérieuse-ment le retrait progressif des troupes impériales, laissant au Canada le soin d'assurer sa propre défense29 . Le nombre des garnisons diminue, des postes sont fer-més et, en 1856, la propriété du fort Ingall est cédée au gouvernement canadien30• Personne ne peut alors prévoir que la guerre civile américaine, qui éclate en 1861, compromettrait la sécurité du Canada.

En principe, ce conflit interne ne con-cerne que les états unionistes du Nord opposés aux états sécessionnistes du Sud sur la question de l'esclavage. En réalité, on redoute que la Grande-Bretagne, dont les intérêts industriels sont liés aux états sudistes grands pourvoyeurs de coton, n'intervienne directement dans le conflit. D'autres rumeurs circulent à l'effet que des groupes irlandais républicains (les Féniens) pourraient s'en prendre au gou-vernement britannique en attaquant le Canada. Sans le support de l'armée impériale, la milice canadienne n'est pas encore en état d'assurer seule la défense

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des frontières. Le 8 novembre 1861, un paquebot britannique, le Trent, est arraisonné par un navire de guerre améri-cain et les délégués sudistes qui s 'y trou-vaient furent capturés sans égard aux règles internationales. Justifiant les pires appréhensions, une nouvelle guerre anglo-américaine semble sur le point d'éclater.

Contrairement à ce qui s'était passé en 1839, ce conflit ne menace pas directe-ment le Témiscouata. On craint pour le sud de l'Ontario et surtout pour Montréal qui ne possède aucun moyen de défense. Plusieurs milliers de soldats sont embar-qués en hâte pour Halifax et dirigés vers Montréal par le Nouveau-Brusnwick et le Témiscouata. Les postes militaires désaf-fectés reprennent vie, le temps d'héberger les soldats3!.

Bien que la question du Trent ait été réglée par voie diplomatique dès janvier 1862, personne ne peut prévoir que d'autres crises semblables ne se repro-duiront pas. Les troupes auront encore à se déplacer. Il faudra organiser des haltes, loger les soldats, prévoir des dépôts de vivres, de munitions, de matériel, voir à l'entretien des bâtiments. Il faudra, sur place, s'assurer des services d'un «barrack sergeant ». Généralement confiés à des officiers subalternes, si possible des pères de famille jouissant d'une bonne réputa-tion, ces postes sont très convoités car la tâche est relativement peu exigeante, le salaire adéquat et le logement fourni.

Nous ne savons pas exactement com-ment le «private» Purcell, retourné à la vie civile en 1857, se retrouve cinq ans plus tard sergent au fort Ingall. Il était loin d'avoir été un soldat modèle. Qu'on ait pensé à lui confier des tâches administra-tives suggère qu'on lui reconnaissait quand même des mérites et des qualités. Il a très bien pu profiter du climat de fébri-lité occasionné par l'affaire du Trent pour obtenir un tel poste. Rappelons aussi que la tradition familiale parle du poste de gar-dien au fort Ingall comme d'une récom-pense et du mariage avec Kate Shaw célébré à la hâte pour lui permettre de bénéficier du transport réservé aux épou-ses légitimes.

Après la fin de la guerre civile en 1865, les troupes britanniques conti-nueront d'assurer la protection des fron-tières jusqu'à leur retrait définitif du Canada, en 1871. À cette date, la famille Purcell qui compte déjà cinq enfants

sem-ble définitivement installée au Poste du Lac, qui deviendra plus tard Cabano.

Une famille parmi tant d'autres Si les troupes cantonnées dans le Témiscouata n'ont jamais essuyé le feu de l'ennemi, leur présence n'en a pas moins été des plus utiles, ne serait-ce que pour leur contribution à l'aménagement de la route. En 1839, il n'y avait dans la région que quelques familles. En 1853, les habi-tants sont assez nombreux pour réclamer une chapelle et un prêtre résidant, ce qui sera chose faite en janvier 1861 avec l' ou-verture de la mission de Témiscouata (plus tard Notre-Dame-du-Lac, qui dessert alors la région).

Un pays tout neuf, la forêt, le lac, un vieux fort en ruines, voilà désormais l'u-nivers de Kate Shaw et de William Purcell. Parlent-ils seulement la langue des habi-tants du pays? Détail à signaler, bien qu'il existe dans la région quelques familles bri-tanniques, les parrains et les marraines de tous leurs enfants, sans exception, sont des habitants de la paroisse, choisis notam-ment parmi les familles Bérubé et Cloutier. Un événement marquant survient le 7 janvier 1869, quand Kate se convertit au catholicisme et que le curé L. N. Bernier procède à la réhabilitation de son mariage avec William Purcell:

[. . .} nous prêtre soussigné [. .. } avons reçu la profession de foi de Catherine Shaw convertie de l'église établie d'Angleterre et lui avons donné le bap-tême sous condition, parce que d'après le témoignage de William Purcell son époux,

il était douteux si la dite convertie avait été validement baptisée dans la secte religieuse. Furent témoins de cette abjura-tion François Bernier qui a servi de par-rain et Pierre Cloutier qui ont signé avec nous.

[. .. } nous avons réhabilité le mariage de William Purcell ancien sergent et de Catherine Shaw qui avait contracté mariage à Dublin devant un simple mi-nistre. Furent présents François Bernier et Pierre Cloutier qui ont signé avec nous32 •

Les deux actes, tels que consignés dans le registre paroissial, ne contiennent pas d'autres détails susceptibles de nous éclairer sur les parents des époux ou sur leur origine. Une recherche dans l'Index des mariages non catholiques de Dublin de 1856 à 1862, n'a rien révélé du premier mariage, puisque au moins 15% des mariages de l'époque ne sont pas

enre-gistrés.

Kate Shaw décédée le 25 avril 1878, à l'âge de 36 ans, est inhumée à Notre-Dame-du-Lac deux jours plus tard en présence de Francis Lebel, de Daniel Michaud et «d'une foule d'amis» venus rendre un dernier adieu à la jeune étrangère qui, à ce qu'on racontait jadis dans le village, paraissait souvent bien triste et bien esseulée.

Le recensement de 1881 indique que William Purcell, fermier âgé de 64 ans, est veuf et qu'il vit seul avec ses sept enfants. Deux ans plus tard, le 20 août 1883, William Purcell fils, qui vient tout juste d'avoir 20 ans, fait l'acquisition d'une par-tie des terres du fort Ingall pour 100$, payés par cinq versements annuels de 20$ au vendeur, George Coffin, de Notre-Dame-du-Lac33 . Cette transaction semble confirmer le fait que le sergent Purcell ait occupé la terre du fort Ingall sans en avoir la propriété; ou encore, comme le préten-dent certains, qu'il aurait négligé de faire valoir les titres qu'on lui aurait offerts.

Après cette date, il n'est plus question de William Purcell dans le Témiscouata. Au mariage de son fils William avec Emma Bérubé, en 1887, le curé de Saint-Louis-du-Ha-Ha! note que le père absent réside à Fredericton34.

«Old soldiers never die))

«Old soldiers never die; they simply

fade away)), dit une vieille chanson mili-taire. Le sergent Purcell lui aussi s'efface doucement. La vie de fermier com-mençait-elle à lui peser? Souffrait-il de n'avoir pas de souvenirs communs avec les personnes de son entourage? Apprenant la création de l'École d'infan-terie de Fredericton, fondée le 21 décem-bre 1883, il va y finir ses jours en com-pagnies d'autres vétérans, comme lui, qui ont répondu à l'appel des autorités canadi-ennes, désireuses de former les jeunes mi-litaires avec l'aide des soldats de l'empire.

Sgt. PURCELL, a pensioner, who came to this city from Quebec on the establishment of the lnfantry School Corps, and who has since resided in Park Barracks where he acted as barrack

sergeant, was seized by illness on

Wednesday night and died on Thursday morn. [. . .} The deceased was buried yes-terday afternoon in the Roman Catho/ic cemetery with military honors, the Royal School of lnfantry providing the firing party and band and ail the officers, N. C. 0.

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and men off duty attending the funeral35 •

Les témoignages publiés dans les jour-naux de Fredericton, au lendemain de son décès survenu le 19 juillet 1889, ne lais-sent aucun doute sur l'estime dans laquelle était tenu le vieux soldat. Sans avoir la splendeur des funérailles du duc de Wellington, les siennes, à l'église de Saint Dustan, furent sans doute plus grandioses que celles qu'on lui aurait faites s'il était resté au Témiscouata. En dépit de ses incartades, l'armée avait été sa raison d'être, sa fierté et son refuge, ainsi avait-il tenu à mourir en soldat.

Une famille millénaire

Vieille de mille ans, l'histoire des Purcell illustre bien la tragédie vécue par les anciennes familles catholiques d'Ir-lande. Originaire de Normandie, Hugh Porcell ou Purcell est l'un des chevaliers qui, en 1066, ont aidé le duc Guillaume de Normandie à conquérir l'Angleterre. Ses descendants qui appartiennent à l'aristo-cratie anglo-normande formeront par la suite, deux branches distinctes, une anglaise, l'autre irlandaise36.

En 1167, Dermot MacMurrough, roi irlandais exilé, demande l'aide d'Henri II, roi d'Angleterre. Profitant de l'occasion, un certain nombre de chevaliers anglo-normands débarquent en Irlande pour n'en plus repartir. Walter, un descendant de Hugh Porcell est du nombre. Prolifiques, les Purcell finissent par posséder de nom-breux domaines, particulièrement dans les comtés de Kilkenny et de Tipperary.

Les relations entre les Irlandais d'ori-gine celtique et les Anglo-normands n'é-taient guère cordiales. Mais la puissance assimilatrice de la culture traditionnelle irlandaise est si forte qu'avec le temps, ceux qu'on appelle les «Old English» comme les Purcell, par exemple, devien-nent selon l'expression consacrée, «plus

irlandais que les Irlandais eux-mêmes».

Concentrée autour de Dublin et dans le sud du pays, l'influence anglaise avait été d'abord très limitée. Tout change à compter du XVIe siècle quand l'Angleterre entreprend d'imposer les lois et les usages anglais et de remplacer l'Église catholique par l'Église anglicane. Rapprochés, les Irlandais et les «Old English » font de leur appartenance catholique le symbole de leur résistance à l'ennemi commun. Chaque tentative de soulèvement, et il y en aura plusieurs, notamment en 1598, 1641, 1688 et 1798,

sera SUIVie de mesures répressives qui privent de leurs droits, les catholiques et tous les autres dissidents. Par ailleurs, les autorités encouragent l'immigration d'Anglicans, les «New English», qui, à la différence des «Old », resteront plus attachés à l'Angleterre qu'à l'Irlande.

Si certaines familles irlandaises, généralement au prix d'une conversion protestante, parviennent à conserver leurs titres et leurs biens, d'autres paieront par l'emprisonnement, les déportations for-cées, et la confiscation de leurs terres, leur fidélité à la religion catholique et à l'Ir-lande. Tel est, semble-t-il, le sort réservé à plusieurs Purcell. Les familles ainsi spoliées ont laissé peu de traces. C'est pourquoi il est difficile d'établir la filiation des Purcell du XIXe avec ceux des siècles précédents. Des recherches plus poussées en Irlande permettront peut-être un jour de le faire. Il resterait également à découvrir la date de naissance de William Purcell et celle de Kate Shaw, la date et les circons-tances de leur mariage, le nom de leurs parents ainsi que les détails relatifs à la pension et au statut du sergent.

Les enfants Purcell William Purcell, fils

Né le 21 juin 1863. P. M37. Jean-Baptiste Pl ourde et Anathalie Grenier, épouse de Pierre Cloutier. Décédé à Cabano, le 15 août 1938. Marié à Saint-Louis-du-Ha-Ha! le 2 août 1887 avec Emma Bérubé (1869-1943), fille de Joseph et de Marie Boucher. Les deux témoins du mariage se nomment «Joseph Bérubé»; le premier est le frère d'Emma, le second son cousin, marié à Catherine Purcell, et par conséquent, le beau-frère de William.

Catherine (Kate) Purcell

Née le 29 avril 1865. P. M. Pierre Cloutier et sa fille, Élise Cloutier. Décédée le 9 novembre 1950 à Cabano. Mariée à Saint-Louis-du-Ha-Ha! le 14 janvier 1884 avec Joseph Bérubé (1855-1949), fils de François Bérubé et de Léocadie Levasseur. Les témoins sont Georges Bérubé, frère de l'époux et un ami, Ignace Desjardins.

John (Johnny) Purcell

Né le 3 décembre 1866. P. M. Philippe Paradis et Léonide Paradis. Au recense-ment de 1891, il vit chez son beau-frère Joseph Bérubé. Célibataire, il est décédé à Québec, le 16 février 1943.

Lizzie (Laura) Ann Purcell

Née le 16 décembre 1868. P. M. Pierre

Cloutier et Caroline Cloutier. Mariée sous le nom de «Laura» à Montréal le 18 mai 1897 avec Patrick Sullivan, fils de Patrick (décédé), et de Mary Ann Sullivan. Les témoins sont Henry Staines et «Millie» Purcell, sœur de l'épouse.

Sarah Brigitte Purcell

Née le 29 juillet 1870. P. M. Edmond Têtu et Philomène Bernier. Mariée le Il septembre 1888 à Saint-Louis-du-Ha-Ha! avec Joseph Michaud, fils de Pierre et Marie Parrault (ou Perreault?), de Saint-Alexandre.

Marguerite Lucie (Millie ou Millice) Purcell

Née le 19 mars 1873. P. M. Hilaire Bérubé et Olympe Sirois. Mariée le 9 mai 1899 à Montréal avec Narcisse Auguste Gauvin, conducteur, fils de Jean-Baptiste et de Zurilla Émond. Elle se fait appeler «Millicent» et signe «Millice»; l'acte de mariage précise qu'elle est âgée de 26 ans, ce qui correspond bien avec la date de naissance de «Marguerite Lucie». Les témoins du mariage sont Patrick Sullivan (pompier) et sa femme Laura Purcell, sœur de la mariée.

Suzanne Purcell

Née le 9 mars 1875. P. M. Hilaire Bérubé et Stéphanie Bérubé. Au recense-ment de 1891, «Suzie» âgée de 16 ans vit chez son beau-frère Joseph Bérubé. Pas de trace de mariage ni décès.

Isabel et Hélène Purcell

Nées le 19 février 1876, baptisées sous condition à Notre-Dame-du-Lac le 19 février. Hélène a pour parrain le notaire Alphonse Philippe Beaulieu et pour mar-raine Léda Cloutier, institutrice et future épouse du notaire; le parrain et la marraine d'Isabel sont Joseph Alfred Bérubé, qui est en même temps le prêtre baptisant et Philomène Pérusse. Elles sont sans doute décédées en bas âge.

Sources et ouvrages consultés Témiscouafa

CARBONNEAU, C. A. (Mgr). Tableau

général des mariages - Diocèse de Rimouski

(Témiscouata). 2e série 1902-1925.

BELZILE, Richard. Fort Ingall, Cabano.

Québec, Les Publications du Québec, 1992.

LANDRY, Gilles et JeannotYvan LAVOIE. Le

fort Ingall. (Manuscrit non publié), Rimouski,

Collège de Rimouski, 1977.

ROY, Sylvie. Le portage du Témiscouata, fort Ingall. Québec, ministère des Affaires cul-turelles, 1982.

SAMSON, Gilles et Gérard MICHAUD. Fort

(14)

Loup, Société d'archéologie de Rivière-du-Loup, décembre 1969.

Histoire militaire canadienne

CHARTRAND, René. Le patrimoine mili-taire canadien: d'hier à aujourd'hui.

Montréal, Art Global, 1995. Tome 2.

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MORTON, Desmond. A Military History of Canada. Edmonton, Hurtig, 1985.

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BRUCE, George. Six Battles for India - The Anglo-Sikh Wars: 1845-46, 1848-49. Calcutta, Allahbad, Bombay, Rupa & Co., 1969.

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Notes

1 Dans les registres, on trouve aussi Katreen, Kathleen, Catherine et même Catheline. 2 PRO, War Office 97 /1578, Discharge

papers: Detailed Statement of the Services of no 849 Private William Purcell.

3 «Le vieux sergent qui mesurait plus de six pieds était droit comme un roseau et bien qu'il approchât de 80 ans, son pas était élastique et sa figure, semble-t-il, aussi sou-ple et militaire qu'au temps où il était une

recrue». Non signé, article nécrologique, The Capital, Fredericton, July 20, 1889.

4 «C'était un soldat idéal, mesurant, si mes souvenirs sont bons, six pieds, deux pouces et demi et bâti en proportion. Partout où il était cantonné, il passait pour un des plus beaux hommes de la garnison. Son seul défaut dans sa jeunesse était de trop boire, sans quoi je suis convaincu qu'il ne serait pas mort sans avoir obtenu son brevet d'of-ficier». A. Young, Letter to Editor, Free

Press, Rockland, July 27, 1889.

5 !PRO, War Office 97 /1578, Discharge

Papers, id.

6 Archives du Nouveau-Brunswick, registre

paroissial de Saint-Dunstan, Fredericton, N.B.

7 Recensements du Canada, 1851-1891:

Province de Québec, District No 191, Comté Témiscouata.

8 Purcell est un nom répandu dans toute la région, mais comme le seul recensement de l'époque, The Tithe Applotment Books (1824) ne relève que les chefs de famille, il est impossible d'identifier qui pourraient être les parents de William.

9 René Chartrand, Le patrimoine militaire

canadien: d'hier à aujourd'hui, Montréal, Art Global, 1995, vol. 2, pages 123-137.

10 Devenu le Wiltshire regiment en 1881. 11 January 1 st to March 31 st 1835, Muster

Rolls, PRO, War Office, 12/7190.

12 Devenu le South Gloucestershire regiment

en 1881.

13 Discharge Papers, id.

14 Cette marque indélébile était généralement

tatouée à l'encre de Chine sur la poitrine du coupable.

15 Chartrand, op. cit., p. 132.

16 Le Penjab est aujourd'hui partagé entre

l'Inde et le Pakistan.

17 Pour connaître les causes de ces deux

guer-res, on pourra consulter les ouvrages cités en référence.

18 «Le soldat Purcell faisait partie du

détache-ment de corvée qui, le lendemain de la bataille, enterra le vaillant officier». Article nécrologique, op. cit.

19 James Andrew Broun Ramsay, marquis de

Dalhousie, 1812-1860; il était le fils de George, comte de Dalhousie, lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse en 1916 et fondateur de l'Université Dalhousie à Halifax.

20 A. Young, op. cit.

21 PRO,War Office 100/13. Nominal Roll of

the Officers and men of the 61 st Rgt who were employed du ring the campaign in the Punjab to the date of occupation of Peshawar.

22 Discharge Papers, id.

23 «Un jour de permission, alors qu'il se

trou-vait à Cork, il rencontra le commandant général qui fut si impressionné par son allure militaire qu'il donna l'ordre de le promouvoir immédiatement au rang de caporal, ce qui fut fait», Young, op. cit.

24 «Depuis quelque temps, les dispositions et

la conduite du soldat William Purcell sont bonnes ... », 20 octobre 1856, Wuzerabad, PRO, War Office 97/157, Proceedings of a regimental board.

25 «Usé par de longues années de

ser-vice [. . .} ses habitudes sont sobres et

mo-dérées», 14 juillet, 1857, Detailed

Statement of the Services of no 849 Private William Purcell, PRO, War Office 97/1578.

26 Final description, Discharge Papers, id. 27 Kate Shaw est décédée en 1878 à l'âge de

36 ans, ce qui la ferait naître vers 1842.

28 Au moment de terminer la rédaction de cet

article, un correspondant de Dublin me si-gnale que le Brunswick Rowing Club était situé sur Thorncastle Street, à Ringsend et que, sur la même rue, dans ces mêmes années, vivait un certain Hercules Shaw, négociant et courtier maritime. Il y aurait peut-être là une piste à suivre pour retracer l'origine et les parents de Kate Shaw. 29 Chartrand, op. cit., p. 163.

30 AC, RG8, vol. 1812, Transfer of Barracks and Fortifto the Dominion of Canada.

31 (<The final return submitted by Major

General Doyle on March 17, 1862, showed that 6,823 all ranks actually went forward by sleigh to Canada [. . .). The remaining troops, together with the military stores, were held in Halifax until spring when ships could again navigate the St. Lawrence

River». 1. Mackay Hitsman, Safeguarding

Canada (1763-1871), 1968.

32 ANQ, Registre de la paroisse de

Notre-Dame-du-Lac.

33 Greffe Alphonse-Phillippe Beaulieu, no 18561, vente de G-E Coffin à W. Purcell.

34 Confirmation de ce détail par Délia

Pelletier, épouse de Joseph Bérubé, petit-fils de William Purcell (Cabano, juillet 1991 ).

35 (Œe sergent Purcell, retraité, qui vivait au

Québec avant de venir s'établir dans cette ville au moment de la création de l'École d'infanterie et résidait depuis à Parks Barracks, où il était sergent de barraque a été pris d'un malaise le mercredi soir et il est décédé le jeudi matin. [. .. ] Le défunt a été enterré hier après-midi dans le cimetière catholique avec les honneurs mi-litaires, aux accompagnements des salves et de la fanfare du Corps de l'École d'infan-terie, en présence de tous les officiers, des officiers subalternes et des hommes qui n'é-taient pas en devoir». Article nécrologique, op. cit.

36 Le musicien Henry Purcell (1659-1695) appartient à la branche anglaise des descen-dants de Hugues Porcell, aujourd'hui, sem-ble-t-il, éteinte.

(15)

La vie

à

la petite école du rang

S

crutant mon passé, je me suis mise à ressusciter de vieux souvenirs que j'ai-merais rappeler. J'ai donc choisi de vous parler de mes premières années d'en-seignement à la petite école du rang.

Diplômée de l'école normale Sainte-Rose-du-Dégelis à 17 ans, j'ai d'abord amorcé ma carrière dans l'enseignement à l'école du 3e rang Ouest de Sainte-Odile, école que j'avais fréquentée durant mon enfance. Vous dire que l'ex-périence a réussi serait vous induire en erreur.

Enseigner à 28 élèves, âgés entre six et seize ans, répartis de la première à la septième année, ne fut pas une tâche facile pour une jeune diplômée qui avait fait la plus grande partie de ses stages dans une classe à degré unique.

Mes frères et sœurs, qui comp-taient parmi mes premiers élèves, pourraient relater certaines péri-péties vécues par eux et leur sœur aînée. Ils ont dû subir mes répriman-des plus souvent qu'à leur tour, ques-tion de ne pas faire de «passe-droit».

Après un an, j'ai quitté cette école pour devenir enseignante dans la paroisse voisine, Sainte-Blandine, durant les deux années suivantes. J'aimerais vous entretenir de cette période d'enseignement à l'école du rang 4, actuellement le rang de la Seigneurie.

A mon arrivée, l'école m'apparut assez vieillotte. Dans la pièce princi-pale se trouvaient deux rangées de pupitres pouvant asseoir deux enfants ensemble; par deux marches, on accédait à mon bureau fixé sur une tribune. L'ameublement de la classe se complétait par un «poêle à deux ponts». Deux tableaux noirs, l'un à l'arrière de mon bureau, l'autre à ma gauche, faisaient, avec la croix

Ernestine Lepage

noire, le décor de la classe. Aucune ampoule électrique au plafond; la Compagnie du Pouvoir du Bas-Saint-Laurent n'avait pas encore conduit l'électricité dans le rang. Seules les très grandes fenêtres situées au sud et à l'ouest laissaient passer assez de lumière pour rendre possible le tra-vail scolaire; elles laissaient aussi pénétrer le froid durant l'hiver.

L'école avait connu plusieurs générations d'étudiants à en juger par l'état des bureaux, du plancher et des murs défraîchis. Une porte, pas tellement ajustée à son cadrage et située à gauche du bureau du maître, donnait sur un long corridor au bout duquel se trouvaient les toilettes sèches des garçons et des filles. Dans l'espace encore vacant de ce lieu plutôt rudimentaire, le voisin allait déposer le bois qui devait servir à ali-menter le poêle durant l'hiver.

Face à l'entrée principale de l'é-cole, une porte donnait sur deux pièces réservées à l'institutrice. La première servait de cuisine où se trouvaient une table, deux chaises et une armoire; la seconde servait de chambre à coucher où seuls un lit et un vase de nuit répondaient aux pre-mières nécessités.

C'est bien dans cette école que j'ai

accueilli une trentaine d'é-lèves, le premier mardi de septembre 1949. Comme toutes les enseignantes qui oeuvraient dans les rangs, j'avais l'entière direction de ma classe. Je devais enre-gistrer à chaque jour les présences des élèves dans le journal scolaire. Chaque mois, j'y inscrivais les notes et je remplissais les bul-letins que les élèves présen-taient à leurs parents. À la fin de l'année, je compilais les résultats de ces don-nées, en faisais la moyenne et fournissais un rapport détaillé à la Commission scolaire de l'endroit. M'incombait aussi la garde des élèves lors de la récréation et tout le temps de leur présence à l'école.

Au cours de la deuxième année, ce n'était pas trente élèves, mais bien trente-huit, répartis entre la première et la septième année que j'ai dû inscrire. Pour ce nombre record, je me suis mérité une prime de 50$ qui s'ajoutait à un salaire annuel de 600$. J'ai su m'en réjouir, car mes tantes avant moi n'avaient connu qu'un mai-gre 300$. On peut croire, par la cita-tion qui suit, que les condicita-tions n'é-taient pas meilleures dans d'autres écoles: «La vie de la maîtresse d'école était souvent héroïque. ( .. ) Son salaire n'était pas exorbitant: en 1873, l'on engageait pour 60$ annuellement; la moyenne des salaires monta à 200$ vers 1915, et ce n'est qu'après 1950 qu'elle dépassa 1000$. Très souvent les paiements mensuels étaient re-tardés»!.

Chambre à louer

Comme je n'avais pas l'intention de coucher seule à l'école, j'ai loué une chambre chez Monsieur et Madame Ruest, mes voisins de l'ouest, au coût mensuel de 7$. C'est à peine le prix d'un repas actuelle-ment, mais en 1950, c'était suffisant.

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