1
..
j
1
LA LI11!Rl'OR! DI tA DICOLOIISl1YOI ! . A'RIOU! JOIR!
Etude d' U'ft ph'fto.lne d'
'aerqenee:
le ro.an d'exptessioD
~Dqlaise'etfrançaise
hy
Deays. Th.rriea
A thesis
sub.itted to the "
,
'aculty
of
Gr~duat.Studies
and Res.arch .
i~partial fulfll1aeat of the requir.aeats
for the deqree
otftaster of Arts
co.parati •• Literatare Proqra.
RcGill Uai •• rsity
RoutreaA
.. laae 1985
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De1l1~.
Th.rriea, 1985\
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~ll~ ~d"b,ut des 8'nn6f!s, cinquante l'é.erqence du ro.an dans
la li.ttérature néqro-af:ric"aine de t_radition orale n'était
..
pas 1. fait ~u hasard .a~s le résultat d'une situation historique particuli~"re: la décolonisation qui préfiqurait les indépendances. 8eaaCGup, d'études for.elles ~ et th'.atiques turent faites sur le ro_an -négro-africain _ais
,
tris peu d'essayistes ont analysé le ,phéno.~ne d'é.erqence d., -ce qenre occidental, sur un continent qui luttait juste.ent pour sè libérer 'du jouq eo1bnial. c:est ce genre
d'~~al,se que nous coaptons fa~re dans ce .é.oire. \
~ te pre.ier chapi~r~ suryole rapide.ent la yie
'-,,-'coB~.ique, politique ~t culturelle en Afrique noire
de
t'Ia.pitre nous étud i.ons
.
les types
-"I!lIl!
et l'essor
de aisçours qui ~
du ro.an dans les ,aDa'es cinquaDte Cl et soixante. Le troisil.. ~hapltre DOUS
r'yll. dans qaell~ .esure le produit ro.afte~que répond ou
,
la co •• aade sociale de l'époqae et dé.oatre 1 quel
-"
pol~t littérature, Histoire et politique ont partie liée. 1
la la. lire de notre aDalyse, ,noas extrapoloDs dans le cteraler chapitre sur l',a.eair probable
t ....
çà1 . . .
t . .,lai
. .
~i'
• • •
oir ••
du ro.aa d' •• pre •• 1oa
(
(
/
/
Neqro-African
~iteraturehad
always
been
an
literature until the
e.erq~nceof
European qenre fiction
1\
the fifties.
Thi~vas
precipitated br the socio-historieal
conditions of the pre-independenee era.
Since tben, seyeral,
for.al and the.atic studies
ve~edone on
the Meqro-lfriean
noyel but
Yery few
essayists haYe
seriously anal,zed
th~pbeno.enon of the
eaerqene~of fiction as such.
This thesis
tries to fill 50.e of this void.
A brie!, resuae
of
the
historieal,
eeono.ical and
cultural bactqround of Black lfriea South of the Sahara fro.
1919to 1950--vhen the noyel
appears--vill be
reYieved in
chapter
1.In
chapter
2,
.e deal
vith
tbe
type
of
di.courses vhich sustained
the e •• rqence of fietion - in the
flfties and as l t prospered iD the sixties.
•• co.paré
~hefictionsl product
on the
_artet vith the
?
prod.ct
as cODceptualized
by
the
iatelllqentsia aad
the
crltics.
la conclusion, ve
trJ ta forasee the
fut~r.of
'.,ro-ltricaD fiction ia for.lqa laaqua,.s.
"
)
.
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o
1:lfTRODUCT1:01f
.
. .
.
.
.
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.
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• • •
•
• •
•
•
CHIP1:IfRE 1::
SYTUllfIOIf POLITIQUE, ECO.ORIOU! ET CULTURELLE DE
L'AFR1:QUE DE L'EMIfR!-DEUX GUERRES
AUJ~IfDEP!.DlIfCES
...
• •
•
•
1.ftéthodoloqie'et objectifs • • • • • • • • • •
! 10 102. L\
piriode de l'entre-deux querres • • • • • •
12
3.La piriode de la
Deuxi~.equerre .ondia1e • •
24 4.te
che.~ndes Indipendances • •
•
•
•
•• • •
• 28 5.ta situation
1ittér~irede
1930aux Indépendances
34CHIPI'!RE II:
c~
.IISSI.CE ET !YOLUIfIOIf DU ROftll JEGRO-AFRICIIJ
D'
!IPR!SSIOJ FRlIfCIIS! !If 'IGL1IS! .' • • • • '.
• • •
•
•
401.
ta littérature n'CJ.ro-africàine: teDtati .. e de
d'fi.nitfon
• •
J.
•
•
•
•
• •
•
• •
• • • • •
40--
~"'!:..+--2.'
t;e
discours sur la littérature ctans 1 •• année.
cinquante • • • • • • • • • • • • • • • .' .• • •
.4
2.1. Pour~uoi
le ro.an?
.
.
. .
~.
. .
.
.
.
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~2.'L.s
t'CJles de
la
productioa ro.a.esque.
5-3.
t.
1J.. •••
r.~n.nqlophone. de. aanlt •• cinqu.nt.e
et soi •• at.e'. • • • • • • • • • • • • • • • • •
3.1.tè,di~o.rs
critiq • • • • • • • • • • • •
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1.2. te
4~sc ~
d ••~i
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CH1PITR'! rII:\
Bt!S BO~~RCIEBS DEVAIT LES CHOIX ET LES PROBLE"ES
D!
LA
PRODUCTION RO!IN!SQU!.
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. . .
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.,
~ 85,
1.
La production ro.anesque en Afrique francophone
86 1.1.Pour qui écrire et dans quelle 1anque?
1022.
La production ro.anesque en Afrique anq1ophone
.
116'2. 1.
Histoire et production littéraire au
liqéria • •
••
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••
• •• •
• CHAPttRE IV: COWCLUSIONS Er }lRSp!CrrVES•
••
• •
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• BIBLIOGRlPHIE• • • • • • •
•·
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La litt~rature n~gro-africaine ~crite subit de~uis ses
débuts, et ê!lujourd'lrui encore, " un probl~.e· . de reconnaissance. ::'Tr~s pell de coll~ges et universit~s, en
r
tout cas au canada, ~ffrent des cours "ans ce do.aine et les
\
biblioth~ques sont
d~ne
pauvreté qui n'a d'égale quel'ignorance ~e Vexistence d'une littérature négro-africaine
"
~crite en langues occident~les. Par exemple" si "cGill
off~e un bon choix de ro.~ns d'expression anglaise, en
, revanche elle ne détient d'oeuvres négro-africaines
.~rancophones , , qU'en 7ersion anglaise.
'réservé ! la littérature négro-africaine sub-saharienne , francophone ne' compte pas douze livres en incluant la
po~ie, le ro.an, le thé!tre et les essais. On n'y trouYe
,
,.q~·un seul rOllan publié en 1979. Notre objet ici n'est paBr \
-
~~.e·proc~der .au re1evé co.plet des oUYrages disponibles dans
les biblioth~ques québéc'oises dans ce do.aine. Mous
releyons ce fait
si.ple.ent pour illustrer la .écoDnaissance que l'on a en
la litt~ra~ure négro-africaine
en
lanques
,
9'n'ra~ de
'traDqlres et le .épris que .~.e les' institutiops ,
.ai~.rsitaêr.s lui té.oignent.
'ro.te littérature 1
.11
fraJl'~ai.s, qa' elle soit belqe.~qu'b'coi •• " aatl11a~,., s.i8.e" .aq_r'biDe ou africaine" est
/ ~
.
' , --<.t-' '~~ r \ ' '" . ' .--
... -~ ... ~.~ ...-
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... ~ .... ...---
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• J 2 trop souveat ~ncore identifi~e!
la littArature française.'J.
C'est la littérature de la francophonie, idéologie née des reliquats 1u colontalisme et qui co.pte en son $e1n tous le~
écrivains ou obliqés pour des raisons
socio-higtorique~, économiques et/ou politiqu~s Co~p1e%es
que nous toucherons plus loin, d'écrire en français. La • francophoni e est une arme culturelle politisée dont l'idéologie-visant ~ l'universalité étouffe et p~rfois même nie l'identité culturelle propre 1es peuples qu'elle vise. Co_œe le déclare Kimoni:
Cet effort de persuasion pour l~ diffusion d'une culture à sens unique, que certains ~fricains acceptent avec complaisance, risque bien, en réa1ié d'elpiéter sur l'identité culturelle de l'Afrique et de bloquer son développement en tant que continent ~ part.
(12~~1in 149- 5 0)
Le sort de la littér~ture d'expression anglaise est plus doux et malqré l'héqpmonie culturelle américaine i l est
'.
rate que l'on cQ,~fonde la littérature britannique ou
..
négro-africaine, d' expres$ion anglaise, par exemple, ~ la
li~térature américaine • Nous croyons que cela est dû en
'grande partie
au
fait q'ue 'l'anglais se prête plus fa'cilement... ; que.
·le français'à
des adaptations libérales par lesécr~vains
.
des r.qles de gram.aire, d& la stylistiqueai
.~.e. '
de
l"ortbOqraph~·.
A cet égard, noos verrons le cas Tutuola . ,:' dans ies. deu%1~.es parties" chapitres de ce IIA.oire.
, "
.
des deuxi~.e et troisi~.e
'\ 1 la veille des Ind~pendances, dont la plupa~~ farent en 1960, quelques intellectuels africains
•
..
, "-
, 3 cdécid~rent
d'éorire
la
parole
jusque-l! réservée aux griots
e~
aux conteurs, afin
def3ire
r~~onnerla voix de
~'!friqup ~.
au-del~
du
contin~n~.Ce passage
de l·oralité
àl'écriture
rep~ésentait
presque lp saut 1'une civilisaton
à uneautre
et équivalait
~coup sOr
~un bond 1e.quel q ues
si~clesen
une
~écennieou
deux, celles qU'avaient occupées
la poésie
de
la
nig~~tudedont les
princip3ux représentants furent
s~nghor,Damas
et Césaire.
Cette
poésip
pt~it l~voix
del'5l1ie ,blessée
1el'ho.lDe
n"oir
queles poètes cherchait
~faire entendre.
Les
Occi~entauxnp
purent
lui r~fuserla
retonnaiss~ncequ'ils
~ccordaient ~"la
vraie littérature"
puisque
la
po~sip1e
la
•
négritude se
r~clamait j uct
surréalisme
français
tout en
procl~m~nttravailler
dan~,
l'esprit
d'une
esth~tiqueafricaine.
En 1950,pour
la
rel~ve, le~ po~tes ~e
la
négritude
~omptaient 16jlpour une
autre qénération,
ung génération
charnièr~entre
l'oral et
J
l'écrit,
la
.... qéné-r:::t tian
del'en fance
des
lettres
négro-africaines:
pour le
~ondedes lettres il S'agissait,
avec °les premiers romans africains, de l'ent.rée sur la
sc~ne.o~diale
des
lettres d'une
Douvell~littérature que
la
crit~que
de
l'époque ne
sut d'ailleurs pas trop
par quel
"
bout prendre co •• e il sera
d6montr~dans la
deoxi~.eaoitii
du
deoxi~.echapitre.o
Les
études britiques et
an~lytiquesqui
existent
aujourd~huisur le
roman se
partagent surtout
en
"vue
.
par~
d' ense. bl e" et
"~D~~Tsetextuelle".
l'fis
~le livre de
s.o.
lnozie
~d21~~
ID!
~Jl ~ Af~~i.D~~
l~dernier
1> j
..
(
4
publié! la f~n de 1984, les nombreux ouvrages et articles que nous avons consultés pour la rédaction de ce lIé.oire ne
-i"
présenten t en général que des ét udes su perf icie1les et/ou fort incomplètes de la littérature négro-africain'é. On recense, on classe, on juge. Les prelliers essayistes--J. Jahn et L. f{esteloot:..- ne pouvaien t à 1 'époqu~ que travailler sur les qenrps oraux et la poésie de la négritude puisque . le roman en était encore ~ ses
balbutiements, La poésie de la néqritude en particulier, retient l'attention de tous les essayistes et historiens de
fa
littérature africaine depuis lors. l''fais l'émergence du rOlllan qui repr;'sent~ un phénom~ne particu.1ie-y; puisque l'on...
1,
fait face ~ l':illportation fi. 'un qenr'e .occidental sur un continent où l'on ne compte qu'une tradition littéraire orale.. intéresse la critiq1!le surtout au niveau de la théaatique et de l'esthétique. On y cherche d'abord et avan t tout !es traces d' une spécificité a fricaine et on tente des re-grou pellent s thélla tiques afin de déceler presque
tllP
de façon sadique les pulsions agressives de vengeance chez les auteurs contre le colonisateur. Les Africains lIé.es ont publié ce genre d' ét udes. J. Achiriqa a dédié tout un
r~vo1te dans le rOllan africain. !falheureuseaent ce genre
-d'approch~ réduit l'envergure de la prod~ction roaanesque !
~
une 1ittérature du talïon dans laquelle l'auteur .. au no. du • peup1e, rend les coups bas à ses - .altres. Nous croyons que
de la d@nonci!tion du coloni!! lisae ~ offrp plus que cela ~ quelqu@ période que ce soit.
L@ .anque d 1 ~pproche socio-historique ou .arxiste dans
l'étude de la l i t térature n"qro-a fricai ne et la redondance des analyses for.elles et thé.atiques rend Yite .onotone et futile la leeture de
s
ess'!l i s qui y son t cons~rés. Le 5pre.iers essais ressellblent plus souyent ! des c?pte-rendus de journ~l_ist~s littér3ires qu'~ des études s"rieuses et
dOlu~e lie-u -~ l'art-itraire d'une
les C'JoOts Dersonn~ls ceux qui Si",!
plus .arquant cie cette catégorie quoi qU'il ne soit pas le seul.
on iqnore, se.ble- t-il, que c'est l'arriyée sur la seine politique d'une bourqeoisie intellectuelle locale en Afrique noire "francophone et :i'une bourqeoisie co •• erçante et technique dans les colonies britanniques qui a contribué
a
l'essor d~un genre e.pruntéa
l'Occident dont l'Afrique cherchait pourtant ! s'a ffranchir dans les années cinquante'. Le type de colonialis.e exercé par les rbtnçais et les Britanniques différant~ et l'éducatio,n dispensée se faisant en langues africaines dans les colonielS britanniques et en français da DS les colonies françaises, l ' -é.erqence du ro.an sut la sC~De littéraire sera .arquée différe •• ent d'une Afrique 1 1'autre. ,Cependant, les ro.anciers feront face(
, '
6
aux ai.es probl~.es 1e consci~nce lorsque viendra le .oaent de choisir la langue d'écriture et d'élire un public. Ils , devron t tou s rppond re a u x accusat ions de l'in telliqentsia a frica i ne et de la cri ti que de trava iller dans 1 a langue du
colonisateur et d'écrire pour un public étranger. A cet éqard. leurs oositions respectives se r~sse.bleront. Nous • verrons co •• ent ils d~fendent leurs choix dans les second et
troisi~ae chapitres.
't
En .êMe t~mps que naissait e.t se développait le roaan. s'élaborait tout un discours critique sur la littérature négro-a frica i ne, discours tenu par l'intelliqentsiaafric~ine ainsi que la critique occidentale ~t africaine et auquel bon nOlllbre de ro.a nciers surtout d'expression anglaise particip~rent. Le ro.an était le prod ui t cal tarel d'une situation historique et politique particuli~re: l'av~ne.ent des Indépendances.
Le propos de notre recherche est vra iaent la naissance et l'essor du ro.an en Afrique noire francophone et anglophone dans le contexte' socio-historique des Indépendances, c'est-~-dire la décennie qui les a précédées et qui a vu naItre
le
rOBan, le aoaent des Indépendances, et la décennie qui les a sui vies. En derni~re instance, on abordera le probl~.e de l'a venir du roman a fricai n. !'Jais on se penchera èn pre.ier lieu sur les probl~.es des choix--choix de la langue d'écriture" du public visé, du qenre, du style" de l'énonciation, entre autres--qui se posaient aux ro.anciers.7
Ce .é.oire s'attartle donc plus sut' la situation du ro.an
a
la yeille des Indépendances, au discours tenu par•
les int.ellect.uels, les cri tiques et les écri vains eOI-.i.es, ROUs croyons que des liens étroits unissent les arts, les lettres et les sciences
1 l'Histoire et que ceux-ci sont dépendants dé la politique exercée par les gouverne.ents, de la relation du pouyoir aux intellectuels. Nous pensons sans ambage que l'émergence
..
d' un phénoll~ne littéraire n'est ja
ilia
is spontan ée, qu' elle~ découle de façon logique dè circonstances politiques bien arrêtées, que l' écri vain, l'artiste, ne travaille pas seul,gu' i l est soullis ~
a
es impéra tifs pr écis da ns une situa tionhistorique donnée. C'est ce que ce lIélloire cherchera ~
démbntrer par l ' e re.ple de la prod uction rOlanesque négro-africaine d'expression anglaise et fra nçaise.
Les cri tiques et essayistes s.e sont surtout attardés
1,
saIl l'analyse textuelle des oeuvres des prelli~re et deuxi~.e
,/ décennies du rOlla n. NoUs comptons surt.out étudier le
phéno.~n~ d'émergence de la production romanesque en Afrique noire, l'environne.ent global' ,dans lequel les rOlanciers. éyo1uaient et les pratiques rOlllanesques qui en ont déc0ulé. Ainsi les textes COlllle tels serviront ! illustrer les différents aspects du probl~lIe que nous étudions.
Dans le pre.ier chapitre, nous ferons .un b~ef survol de la situat.ion pol~tique, ~cono.iq~e et culturelle des p~ys
visés par notre étude, (tous les pays d' Afrique noire
(
8
l'Afrique du Sud), ! partir de l'entre-deux querre~ jusqu'aux annt!es cinquante. Cela nous per.ettra de .ieux co.prendre les circonstances dans lesque.lles la litt'r'ature ro.anesque a
'''1
le jour eta
@_yolué. de cerner le cha.p d'action des rOIll~n'ciers et de saisir lè- discours sur la l i ttérature et le·d iscours cri tique qui ont influencé 11'1 production ro.anesque.Dans le second chapi tx.:e, nous a borderons de plein pied les discours qui ont entouré la naissance et l'@volution du
..
genre romanesque en Afrique noire. Chez les francophones il S'agit du 1iscours ~e l'intelligentsia sur la littérature! faire; discours élaboré surtout lors du Ier congr~s des Ecrivains et artistes noirs ~ Paris. en 1956 et du Ilecongr~s qui eut lieu ~ Rome, en 1959. Tr~s peu
d'intellectuels africains anglophones et aucun ro.ancier de ces pays n'on t participé à ces deul conqr~s. C'est plus au discours des critiques que feront face les roaanciers africains d'expression anqlaise. Ils réfuteront ce discours pour élaborer leur propre discours sur le rôle de l'écrivain et l'enqaqelent de ce dernier. c'est donc deux discours
f
différents qui accollpagnen t la naissance et l"évolution du ro.an néqro-africain d'expression anglaise et française.
Dans le troisi~me chapitre, 'nous co. parerons les pratiques littéraires et la production romanesque des deux lfriques ! l'idéoloqie développée dans les discours analysés dans le cha pi tre précédent. - Nous constaterons ~ quel point le produit ro_anesque répond ~ la co •• ande sociale et dans
i
1
.
\..
9
quelle •• sure
des '.éneaents historiques pr.cis--Ia querre
ci.i1. du Biafra, par
ex~.pl.--influeDtsur le Ilttiraire.
Pour finir nous déqagerons
les liens entre Histoire,
politique et littérllture, et nous tenterons d'extrapoler sur
l'a •• nir du rowan négro-africain en lanques étrang'res 1 la
lu.ilre. de
l'expérience
passée et des théories
sur
la
décolonisation de 111 culture.
L'a.pleur de notre cha.p d'inyestiqatioD
nou~oblige
~opérer des choix.
Ce trayail étant an
mé.oire de .a!trise
et
non
une
th~sede
doctorat,
nous ayons exclu
les
littératures néqro-africaines hispanophone, lusophone, et en
lllDgues arabe et africaines.
lIous avons éqale.ent écarté la
li ttérature d' expressi.on anglaise d' Afrique
du Sad pour des
raisons de
censure
politi~uequi, croyons-nous
der-gf~re
dans
une cat éqorie
!
part qui- doit
co •• e telle.
*
* *
.
- )place cette
~treétudiée
,
"('
10
~Bjr17BI
.lJ.
J1%QI%IŒ1-!QLl%IQDl&-~~lgaIgD!_Il-~L%IIILLI_~L'&lllODJ.
~~!M1BJ=Qgg~.GU~RB!1-4DI
I!DlfIIRII'.!
La socib-qéoqraphie de 1~Afri9ue noire nous 'obliqe lorsque l'on enta.e des recherches sur la politique, l'écono.ie et/ou la culture de ce continent ! partir de
l'~re 'coloniale, de' le diviser en plusieurs Atriques.
rI
"ltl une nette différp.nce de rythae dans l',éyolution, par exe.ple, de l'Afrique britannique de l'Ouest et de l'Est. Pour les besoins de cette étude, nous nous appuierons donc
sur le Ilod~le proposé par Robert CorneYin dans les
différents chapitres de son liTre
L!.!t;:1.!lü
~I§:g§
1.212
!
A2§ j2~§, c'est-!-dire: Afrique noire britannique de
l'Ouest,-Afrique noire brita'nni~ue de l'Est, française, et pour finir, le Conqo belge que de 1.a ca téqorie "Reste de l'Afrique noire".
l,
pas ici de faire l'histoire de l'Afrique; s'en reaettra ! J. suret-Canale, Robert
! Afrique notré ,. nous extrayons Il ne s'aqit cet éqard on et !!arianne
Corneyin~ et/ou Robert
w.
Julr, pour ne no •• er que quelques..
historiens. D "apr~s les écrits de ces derniers, nous retracerons, ! partir de l'entre-deux guerres, l'évolution poli. tique. ééono.ique et culturelle, aussi bien dans les àétropoles que dans les colonies,
qui
ont .ené -a
la
décolonisation. Cela per.~ttra, nous se.ble-t-il~ de .ieux
#
"
1
11
co.prelldre
l'é ••rq8nce
du ro.an dalls lesannées c11lquante •
. sur an colltineDt oD depui's l'antiquité la littérature est
sals!.r' la. situation des nouveaux ro.ltnciers face auX choir id'oloqiques qU'ils doivent opérer ! un .o.ent aussi chaud de l ' histoire africaine. Moas ne pouvons
l'éyolution dù ro.an néqro-africain sans avoir d'abord saisi
.
'les .utations prO'fondes ! tous les ni vea ur que v i t I ' Afrique surtout apr~s la Deqri~lIe querre mondiale. tant i l est vrai que sur ce continent li'ttérature et Histoire sont inti,.e.ent liées. Dans l'approche que nous choisissons pour étudier et l ' é voluti on du rOllan négro-africain francophone - et anglophone, nous nous appuyons sur Terry Eagleton:
any at te.pt to define the stud} of li teTa ture in terms of either its .ethod or its object is bound to fail. But ve ha ve nov begun to discuss another vay of concel ving .hat distinguishes one kind of
dis~urse
froa another., vhich is neither ontologieai" or .ethodo10gical but illU~gl~.L This lIeans asking first Dot.!ÙlÙ the object isot
112l! "e should approach i t , butD.I
lie shou1d liant to enqage vi th i t in the first place(ltiaUII 210).
En fait ce que nous chercherons à déaont;rer tout au long de cette th~se c'est le lien tënu gui existe entre le pouvoir,
[.
le discours des intellectuels noirs sur ,la littérature négro-africat'ne à faire dans les années cinquante et soixante et la production roaanesque elle-.3.e.
•
(
12
/
selon les @xpert~, la période de l'entre-deux 'querres représente l'a pogée de l ' ~re coloniale. De 1 9 1 9 ! 1 939, 1 a
~
stabilité politique qui caractérise l'Afrique noire entrafne une éyolution positive de l'éconollie coloniale pour les lIétropoles. R. Cornevin définit la colonisation en cette période comme "l'exploitation du pays colonisé au seul profit de la métropole" (!!.~ig.!!~ 5~) 1. Quant aux colonis~s, ils représe nten t presque un béta il de tra 'lai lIeurs soullis aux travaux forcés le plus souvent, sous-payés quand ils le sont, et surexploités dans tous les cas. L'éconollie est lIarquée par quatre périodes: le boom de l'apr~s-guerre, la
..
stabilisation des cours (1925-1930), la grande crise et, ! partir de 1934, la reprise. A la politique d'association/assimilationl appliquée par la France dans ses
territoires d'outre-mer, l'administration britannique oppose _ celle de l~ingi[~ç~ ~g!~ qui accorde aux chefs traditionnels une place prépondérante da ns la lIlachine adllinistrati ye. Selon les instiqateurs de cette forme d' aQlllinistration
"
éoloniale, "'les peuples colonisés apprendront sous la direction de leurs propres chèfs! gérer eux-m~.es leurs affai.res selon le, sens de leurs propres traditions" (Att1.u~
62).
R.W.
July dé.ontre l'ambiguité de cette forllede
colonia1islle dans son livre
A
H1~~~X'2~ 1h~ A~~~ lI~en
e.xpliquant l'écart existantentre
la
théorie _et l a ' .. pratique d' une telle philosophie pol!tique
(501) ."
Le
.-respect des traditions
a
la base absent dans la conceptionvoit
française du~ olon ci .,ilisa
trià~ï
d'assi.ilation--plus fraternelle selonqu'e11e te,nd en principe A ti.lnuer l'Jnégalité '"
races--nie la personnalité et l'identité africaine Dans tous les cas, il' faut se
l'une ou l'autr~ tendance. Tous les
.
l'
est politique parce lescolonialisme" que ce soit Aimé Césaire, Frantz Fan n ou Albert "em.i (vo~r la bibliographie), sont d'accord our affir.er . qu' il n' 'I a pas un "bon" et un "lIlauvais"
\' colonialisme: toute forlle de colonialisme est A rejeter.
II
\
s'agit toujours d'un système d'exploitation et d'oppression de l ' hOMlle par l ' h<?llIlte et de la déshumanisation des exploités! tous l~s points 'de vue. Le colonialislle est un
syst~.e
qui
repose sur le racisme et que ~emmi définit comme "ia valorisation, généralisée et définitive, des différences réelles ou illlaginaires au prof! t de l'accusateur et au détri.ent de sa vietill,e, afin de justifier ses pri vil~les ou son agression" (~!~!!~ 219).Si
le colonialisme français nie la personnalitéafriea~ne" R. Cornevin all~gue que
~é,eloppe.ent
tribal, le colonialismepar son mode de britannique entraIne pour l'avenir de "désastreuses conséquences sur l'unité "nationale" (1f~~
11)
et provoque dans l'im.édiat "la .1se 1 l'écart sur le .plau politique des nouvelles 9'l\éra tions iustrui tes" (IÎ~j.g!!~1.4).
Pl usieurs historiens\ ... ~ -'\...
"
\
'.
(
1l$
aettent"l'acc~nt sur le fossê des ~nêrations que proyoque
ce type d'adainistration. Les chefs traditionnels--ou ceux par le gouyerne.ent cOlonial--et les jeunes intellectuels éduqués pour
la
plupart en Occident et r~jetésau retour, ne trouvent pas de terrain d'entente. Les Africains traditionnalistes ne Veulent pas yoir leur autoritê défiée par des plus jeunes qu' eux. Les adainistrateurs coloniaux, par ailleurs, ne sont pas du tout pr@ts ~ accept~r quelque critique du syst~.e de la part,de
AA!i~~§, fussent-ils universitaires.
Quant au syst~me belge, il est, toujours selon R. Cornevin, "plus contraignant pour l'Africain du fait que l'action administrative y est toujours et partout plus étroi tallent snbordonné~ ~ des fins éconolliques" (AUlg~
74). A u ni veau adllinistra tif, il se situe ~ lIi-che.in ges.
syst~.es français et britannique:
Les chefs ont ~onc plus de pouyoirs jUdiciaires que dans l'Afrique française mais 1I0ins de liberté dans la gestion des caisses de circonscrLption que dans l'Afrique britannique •••• "ais il n'est pas question d'attribuer un droit politique quelconque ! aucun Africain et la vie quotidienne des Congolais est plUS rigoureusement contralée que partout ailleurs par les Européens, adainistrateurs, missionnaires et agents des sociétés. (!fr!g~ 1~)
La situation économique des Hoirs qui co.posent le qros d~
1a
aain-d'deuvre ouvri~re, . est diplorab1e par rappbrt !celle des Blancs qui sont lembres du patronnat, de l-ar.ée et de l'Eglise oa bien f~nctionna~res coloniaux, planteurs oa fer.iers. La _ajorité des Africains vivent dans une aisftre indescriptible que1 que soit le type de cOlonlalis_<,
_ _ . . _ " ' _ _ . . . ~_ ... _ _ _ _ - _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ # _ r _ _ ~_
,
1
..
, '
(
15l , ' . •
Par la pratique de "l'ali.natlon dèS terres" exe.ple, dispose ~
ae
5~O acres de ,terre cultivable alors que le fer.ler1
africain--souvent un ancien propri~taire terrien--n'a que
e
acresa
sa disposition. Coaae le fer.ier blanc ne cultivè ~p.~ pris que 9~ çes terres en sa posse~sion, il loue ~ prix
•
fort de petites .JJarc~lles des terres r,esta ntes aux
indi9~nes. Le tra.ail obligatoire (forme ~'i.pat indirect),
"
le tray~il forcé (aon pay~), et l'iapat ~irect font-que la plupart des
~ains
tra vaillent du leyer au coucher 'du~ ... li
soleil dans ~es aines,! les cha.ps ou ! la construction de routes et~de che.ins de fer, entre autres, et qaqni?nt trop peu cependant pour vivre d@ce •• ent.
En Afrique br i tannique de l'Ouest, i l en va un peu autreaent les principaux eaploTeurs agricol~s n'étant pas Européens .ais A!ricains. ,Le niveau de vie des Ghan~ens est
..
"'-le plus haut de toute l'Afrique .êlle s' il reste ! un
ni
veau ~d'autosubsistance. De plus, le Ghana étant un pais riche, i l s'est toujours opposé au prél~ye.ent des iap5ts direc~s.
"
Cette éconoaie plus florissante qu'ailleur~ et qui ,touche les Africains 1I~lIes, donne naissance
a
une bourqe~isie noirequi ~evendique toujours plus a'autono.le éconoaique et
po1'1tique.
Si l'on se penche lIainten,nt sur les questions de santé et d'éducation, on note dans le pre.ier cas, que ctest le conqo belqe qui "accollplit l'effort le plus structuré et le plûs iaportant dans les zones rurales trop souvent néqliq'es
,
.
"
,-... -- " ~
..
(
16
par les autres . poUi ssances coloDiales" (1.ûJ.D.fi (8). ln "Afrique française, l'école .wiilia.-Ponty,
s'
applique ! forll.er ies sorted'assist~nts lIé~icaux je niyeau supérieur. 1.' Afrique
.
,b't-itannique, qu'ant ! ell'!, ntenYisage la for.ation ,locale
du'>
per.$..onnèl lIédic"l "qut,! .'Oa.rtir ju Itlieu des ,--ann4es trente.ais e11/? co.pt" ?~r ~i11eurs une trentaine de .~deciDs
-,
·fôi.~s"en
lI~tropole. L'action .édicale de .asse appa ratrt,
. ,,", cependant "tr~s 1I~,iocre a upr~s ~de celle ies Be1qes ou des
1
.,', riànt;ais" (U!:i~l!!f 9~).
..
Da DS ·le d olla iD~ 1e l ' é1 ucati on, le Conqo belqe, encore
8
Que f
<?l.S,
· o._re les l'of: .~illeurs résultats au point defréqu'en ta tion scql~ i.re. L'e,nseiqne~ent ~est enti~re.ent
" .
1aiss@ aux !lissions protestantes "?t catholiques. Leur raIe,
a_x
yeuI 1e l·a~.in~t~~tion ~st "de fabriquer des indiq~n~.s.-obéissant~ et resp~c~ueur, et aux yaux des sociétés, de
, ,
procurer une lIain-d 'O,eUyt'é effic'1ce" (!u1gü 100). !lles
dispensent do~ n'n. ensei''1nell,:nt tr~s éléllentaire qui f~i t fi
, ,
.
de
la forllation d' un~ pet! te élite noire. co,.e dans les,
autres parties
de
~·Afrique. Se'uls les prt$tres' ont acc~sa
, , .
" '
aae édacation plUS classique.
L'Afrique française de un
"
enseiqne.ènt laie et public. Le ta'aI de scolaris,at.~oft est
cependaDt
tr.s faible: J,3Ql de la populati~~ en 1938 pour, il'< •
1·1.0.F •• ,
Elle décide pourtant.de. for.er une élite noire-dont
ODne trOUYe
pasailleurs
1~équi.a1eDt"et
quideYient
SoD
alll.éelcette élite
,ne sonqe pas ! '"contester
'bnsystl.e "
'-__ .,.,.ri_ ... _~ .. _-________ ... .., ... r _ ... ...--_H-.-._
~-_.~ -...
"'--_
... ~~ ....1. o , ., .,
..
, ' , v 11 .(7c<#onial oft 'elle. jouit de préro.qa t i l'es apprécia bles par r'pport ' ~ la .ass~
(AUlgU
102) • Les d.frecteurs des ieoles se ..
... consid~rent co •• e des ".issionnaiTes l~ics de la 'ranée <républicaine" (llIi,gJ!~ '02).En .fri.que britannique de l'Ouest, la situation ést
tr~s différente.
Il
existe déj! une bourgeoisie africaineSOGc~euse de donner ~ ses enfants une bonn~ éducation et qui fait pression sur les lIissions dans ce sens. D~S 1935 on
lé
note ce que l'on appellerai~ aujourd'hui un "chômage professionnel", non pa.sQ gu' il _anque de postes à cOllbler, .a,is bi~n parce que'2 cette jeunesse africaine éd uquée' en'
.
• étropole et gui a SOb fran~-parler fait peur ~ la fois aux chefs tr1aditionnels ~t aux admi nlst ra teurs colonia UI, qui
'"
croient leur autorit~ _énacée ... Ces jeunes participeront aux "au no. du peuple" ce, (rU·'ils
c~~$e'n't"
être leur juste part du gSteau~' \. " .
politique et économique. Peu ! peu on fonde des institutions d'éducation supérieure et technique sur plac~.
~I'
Dans" les colonies de 1'~' par cont;re, la situation est toute autre: seul le ~akerere College, en Ouqanda, offre un cours s~olldaire .. C'est en Ooga~a aussi .. oil
Ho ~
~-l'ens~igne.ent es~ p'lus att,c~en" que l'on
noabre de prltres et ,de pasteurs. Il n'y a
fOfme un qra,nd; 'par contre dans
o
toute l'Afrique de l'Est auCun~ possi~ilité d'enseigneaent
. ,.r'
post-secondaire. Enfin... le pourcentage des fonds consacr~
aüx
Alti!,S
dans le total des dépenses pour l'enseigne.ent n'a rienl
voir avec celui consacré aux enfants blancs.(
18
En résumé, on peut dir8 que peu importe la fonle de o
colonialisme et la $ituation ma tériel1e des pays, l'enseignement colonial, qU'il forme ou pon une éli te noire, évite surtout de donner aux colonisés une chance égale ~
celle des enfants blancs. Les quel ques élus de l'ad lIIin i stra tion , 0 fr-a nça ise, son t te 11elllen t heureux de se voir promus au rang d'''évolués'' que la p1u?art deviennent les meilleurs alliés du pouvoir colonial" et bien souvent les promoteurs les plus acharnés des valeurs occidentales. Dans les co 1 oni es a nglop hone s riche s, les fi 1 s des bourqeois locaux, s'lIs montrent leur mécontentQment et revendiquent
.
au nom du peuple une meilleure rétribution des richesses, ne travaillent fl.nalement que pour leur propre classe et leur propre avenir. NOUs verrons comment ~ l ' heure ries indépendances cet te nouvelle élite noire qarantira aux ex-métropoles une certaine mainmise sur leurs pays et ne se soucieron t J qu e d'augmenter leurs privilèges en tant qu'individus Ou classe sociale • . Dans tous les cas, l'enseignement colonial vise un but prl!cis: donner àquelques élus assez d'énucation pour qu'ils riésirent consêie •• en t ou inconsc1em lIlen t être a ssilll1 1 és a u x Blancs,
lIai~ non pa s les ou t i l~ néc~ssa ires pour analyser de fa çon
claire et méthodique le système politique qui laitrise leur pays et ,les lia intient en état d'intériorité peu i.porte leur
f 1
intelliqence, professionnel.
19
Les Africcains en général se rebellent contre le systèmt? colonial. On note déj~ dans les années vingt et trente des réactions aux niveaux éconQ1iiques" politiques et culturels et une résistance ~ l'acculturation et ! l'exploitation, qui se manifestent de diff~rentes façons.
Au niveau économique diyers Mouvellents 1e gr~ve plus ou .oins i.portants surqissent" d'abord chez les che.inots de la Sierra Leone en 1926, puis ~ la Copperbelt en Zambie" dans les ann~es trente. Leos planteurs 1e la Gold Coast' s~
soul~vent contre les trust et cr~ent T~R GOLO COAST fAR"lP'S ASSOCIA T tON pour tenter 1 dé traiter riirectement avec le~
Etats-Unis dans la vente 1e leur production de cacao. Pi~~.n
que cette entreprise subisse un échec, trois de ses anciens dirigeants fondent en 1931 la prelli~re banque négro-africaine. la NATIONAL BANK$
or
NIGERIA LTD. En 1937" les plapteu rs d e I ' associa tion se 1igu·en t et refusent de vendre leur cacao ~ treize sociétés européennes qui se sont unies pour pratiquer une coupure des prix d'achat. Les planteurs retiennent la récol~e et boycottent les .archandises européennes.--
La vente du eacao représentantleur seule ressource" ils abdique nt fina le.en t a prl!'s de,o x
Au niyeau aes réactions politiques. on fait face un peu partout dans les ca.paqnes ! des résistances ar.ées contre l'i.pôt et le recrutement des traYaill~urs forcés.
20 Ces résistances sont toujours endiguées par une sév~re
répression qui se solde par plusieurs centaines de .orts. La construction du chemin de fer Conqo-Océan--dont André Gide a rapporté les aberrations dans son !21~~_~Y_~2ngQ
--donne lieu ~ la plus grande révolte de l'époque qui dure de 192B à 1930. Cependant on a plus souvent affaire à U"1le résistance passive. De s 1II0U vellen ts lIIessianiques SA
.ultiplient qui ont pour point de départ des facteurs
évi~ents d'@mancipation politique. Dans les villes les pseutes se multiplient. Des associations volontaires se for.ent qui auront un rôle capital ~ la période de la décolonisa t ion. Ces assocations cl~niques ou tribales prennent souvent ~ charge l'éducation supérieur~-d'étu~iants
doués qu'~lles subventionnent et envoient soit en .étropolp soit aux Etats-Unis. Les syndicats ne font leQr apparition
"
en A.O.F. qu'en 1937 et touchent uniquement les titulaires du certificat d'études primaires, donc
Un
très petit no.bre d'Africains. Ils ne jouent ainsi aucun rôle iaportant entre les deux querres.Du point de vue culturel--nous reférons ici au concept de culture selon Ray.ond Wil1ia.s dans son livre 4~~~ ~A~
par le biais de la religion que
l'on
signifie son.écontente.~nt et
que
l'on tente de s'intéqrer. L'Isla.pro9resse rapide.ent car les adainistratears britanniques protAqent systématiquement les chefs musul.ans "qUi ne cODtestent pas la légiti.it~ te.pore11e exerc~e par les
21
chrétiens blancs" (!!!:ig~ 105). rI s' agit pour ainsi dirE? d'un échange de bons procédés entre meneurs du peuple. Chez les peuples .oins islamisés, on note une progression du christianisme parall~le ~ une progression s~olaire. Education, religion- et pouvoir semblent aller de pair et les· Africains finissent par croire que la conversion au christianisme émancipe le colonisé et lui promet un meilleur avenir. Lorsqu' ils comprennent que la fra terni té et l'égalité prêchées par l'Eglise ne sont qU'utopiques sur terre, ils se tournent contre elle et créent des Eglises séparatistes. Cela est surtout vrai au Congo belge et en Afrique br'ï tannique. Ces Eglises jouent un rôle politique aussi important que leur rôle religieux. la traduction en langues africaines de l'Ancien TestaIent permet aux meneurs "sur le plan politique, de comparer la situation coloniale ~
".
la situation historique ~es Juifs" (AfXigy~
101).
Les Africains cherchent aussi de plus en plus
a
dt.ontrer aux colonisateurs qu'i~ existe bel et bien une culture et une civilisation négro-a~ricaines propres. Rna.di Azikive rent~e en Nigéria en 1938 apr~s un séjour de neuf ans dans les uniyersi'tés noires américaines et de! quatre ans en Angleterre. et fonde laz~
PRESS LTD. Il .et ses journaux au serYice du renouveau nationaliste. Enu
Gold Coast, le journaliste casel! Rayford se fait le porte-parole des nationalistes et brandit le drapeau du panafricanisae. rI proclame l'Afrique "leader naturel" de ce aouyeaent. Selon July:
22
ais argument vas simply one of antecedents. The Black man originated in Africa, and i t vas to Africa that he might appropriately turn for refreshment an4 inspiration. Under African Leadership, Casely Marford argued, the black race could harness the discoveries of science, throw off, the roke of oppression, and eventually employ the black man's elevated sense of right and wrong to assume moral leadership in a sick and mat e ria lis tic w 0 r 1 d •
Cl11.:.tQtI
5 37)Le Kenyen, Jomo Kenyatta, encouragé par son m~itre, l'ethnologue
B.
Malinowski, publie le toujours cél~bre lA~lA~ ~QYn~ K~n~~, un plaidoyer en faveur des valeurs et des coutumes des Kikuyu. IlY
dénonce le vol des terres p,erpétré par les Britanniques et défend avec ferveur la pratique de l'excision chez les femmes, pratique condamnée par les tribunaux coloniaux et les Eglises chrétiennes.En Afrique française, l'Rlposition coloniale tenue à
..
Paris en 1931 éveille une certaine curiosité chez les métropolitains et donne naissance à un mouvement d'intérêt pour les sociétés africaines. Ce mouvement aura des prolongeaents dans les colonies oa quelques administrateurs encouragent des recherches ethnographiques. Les Africains ne tardent pas ~ re.arquer, comme le note Ki.oni, que les anthropologues s'intéressent à la culture africaine "dans le but d'y trouver une aide nécessaire ! l'essor colonial"
(ll~~tiD 121). Ils doutent de la bonn~ volonté des
e,thnologues et aussi de leur pouvoir de ,coapréhension d' une cqlture qu'ils interp~~tent selon leurs propres sr~t~aes de
yaleurs. Bernard ftouralis re.at.què que le texte ethnoqraphique "écarte ~ peu pr~s coapl~teaent de son chaap
,
,
t
l
i ,~~,
23
(RéY~12~B!!~n! 282). Les ~crivains et les intellectuels
africainsw comme nous le verrons dans
subséquents, o~t repris certaines données des anthropologues et ethnologues et re.is de l'ordre dans les idées émises par les prelliers. Les Africains francophones qui étudiaient ~
Paris ont pottr leur part répondu ~ ce nouvel intérêt en lançant le mouvement de la négritude, aouvement! la fois littéraire et politique, qui se réclamait du surréalisme pour le littéraire et du aarxislle pour le politique, tout en
~
essayant d'intégrer ces concepts occidentaux la philosophie et ! l'esthétique africaines.
A la Yei11e du deuxi~me conflit .ondial donc. la situation économique,
bien
que florissante dans les secteurs .iniers et agricoleswn'a
pas amélioré de façon sensible le niveau de vie des Africains "encore au stade d'une éconOMiede subsistance" Quelques iH5ts de
d~yeloppeaent (Gold Coast méridionale. région sud-ouest de la 11q6ria et une petite partie du SUd-Est) présagent un a yenir aeille\lr. Cependantw ~eu1s les,planteurs de coton noirs du sud-est de l'Ouqanda jouissent "d'un niyeau de vie qu' on puisse qu~11fier de décent selon les crit~res
occidentaux" (1t~~ 124). En Afrique f~ançaise, Dakar et la zone arachidi~re du sénégar~p~us le sud-est de la ~ete
"
d'Iyo!re qui exploite des plantations iaportantes de cacao ainsi que le sud-ouest du Caaeroun àyec ses plantatioDs africaines de cacao, représentent les seals il!ts de
/ /1
4(
(
24
développement. AU Congo belge. les sociétés .ini~res
enregistrent de gros profits mais les ouvriers de.eurent ..
.
sous-payés. La scolarisation est insignifiante et les
.
conditions d'hygi~ne et de santé fort précaires presque dans toutes les régions. L'enseigneMent se fait dans la langue du colonisate-ur en Afrique française liais dans certaines langues africaines au Congo belge et en Afrique britannique. Dans un cas COllale dans "1' autre il s'agit de décisions
..1>
unilatérales de
la
part des gouverneurs coloniaux. Beaucoupde coutumes africaines sont sév~rement réprimées et les interdits multipl~s font que les traditions liais surtout l'histoire de l'Afrique se perdent:
.
L'influence des missionnaires, qui se donn~rent pour t!che d'extirper des co.munautés confiées ! leur apostolat
1,
pratique "paienne" du ta.bour parlant, trouve dans les fonctions baute.ent sacralisées du batteur officiel une cible de choix. Tandis que les historiens européens se récusaient devant "l'inhistoricité" de l'Afrique et en appelaient aux sciences auxiliaires de l'histoire, de l'~rchéoloqiea
la philosophie e t ! l'anthropOlogie, pour pallier une absence app~rente de docu.ents autbentifiables, les véritables détenteurs du passé historique de l'Afrique étaient contraints au silence... (b~ 217)
*
*
*
partir de la querre
aOD41&le
bouleverseaents iaportants font éyoluer
l~saentalités aussi
bien
en
1.'troPOle
que dens lescolonies
etaccéllre
UD.1 \
.
.
-"-._--
---,-_._.
---1î •
l'
l . 1 , i '}
1
25
processus historique d~s lors inévitable: l'acces~ion ~/ l ' indépendance. Quoique l'Afrique noire ait été PeU touchée ,
par les opérations militaires. l'iapact de la Deu~i~,ae
guerre mondia1~
,
sur l'économie et ,la politique coloniale en Afrique noire sera déterminant.D~une part la conscription des Afric8ins qui vont
J
co~tre sur le terrain des Blancs donne lieu ! une
~istance
et ! une prise de conscience! bien des niT,eaux.~
Ion seulement en Europe mais parmi le personnel colonial!
lui-.~ae, les Noirs francophones en registrent des
divergences idéoloqigues qui partaqent leurs administrateurs en deu~ calps: l~s pétainistes et les gaullistes. Les Hoirs anglophones ne connaissent pas cette disparité d'idées chez leurs aattres. Des deux côtés on parle de .~re-patrie en péril. Il faut défendre les fr~res blancs. Chez ces exploités, des sentiments contradictoires naissent: une certaine fierté de se retrouver sur le aëme front. dans les al.es tranchées que les Blancs, et un irrespect pour cette
..
race "supérieure" -qui n'est pas non ,plus axe.pte de rivalités et chez qui on découvre une certaine barbarie~ La
.
transplantation en Europe de .illiers de soldats noirs, leur
cont~ct avec la aétropole, la confrontation! une ré~lité
différente de celle qU'on leur a toujours inculquée aa~nènt
un brass~qe d'idées inégalé -par le passé et qui sera le
aoteur a·une prise de conscience chez ces Africains de leur yaleur en tant qU'indiYiduS, peuples et race. Certains lfricains partis étudier en Europe aYant la querre et qui 1
(
26
~e.eurent durant les annéês J9-45~ entrent en contact avec..
les ai11eux anti-colonialistes.
Dans les colonies, les besoins enqendrent une .obilité . de la .ain-d' oeuvre. Les réfor.és valides pour le travail vont l~ on l'on construit des routes, des aérop?rts. On crée des indûstries de transforllation des lIati~res pre.i~res
car la coamunication avec les métropoles se fait de plus en plus difficilement. Cette nouvel1e .obilité des travailleurs fait se rencontrer des Africains de diverses réqions p'! rfois mêfle de pays différents. Ce bouleversement 1e l'éconoai'e, s'il signifie pour les entreprises eurooéennes des profits i.portan.ts, n'a.éliore pas de façon tangible le niveau de vie des travailleurs qui
"
reste tr~s bas: les salaires staqnent cependant que la raréfaction des produits entraIne une inflation i.portante.
En Occident un nouveau discours se fait jour sur le colonialisme. Les alliés, Churchill en t~te; parlent
-".
a'sutodéter.ination des peu~les, du libre choix pour chaque -nation de la forme de qouverne.ent qU'elle souhaite. ftais la cause n'est pas qaqnée. La Conférence africaine" de Brazza.ille, ouverte le 30 janvier 1944 par le Général de Gaulle, laisse peu d'espoir aux colonies françaises dans ce __ sens:
Les fins de l'oeuvre de civilisation acco.plie par la France dans les Colonies écartent toùte idée d'autono.ie, toute possibilité d'évolution du bloc' français de l'Z.pire; 1a constitution éventuell~,
.I.e
lointaine, dé S!L7-GOYERlft!,~S dans les'c~onies est
l
'carter.
C'uI1n!l
144)f
27
En Afrique britannique de l'Est l'i.pact écono.ique de la quarte fait ressortir l'état précairè des Kikuyu au ~en1a
par rapport! la richesse des "voleurs de terre" européens
et 'des co •• erçants européens et indiens. ~o.o Kenyatta
s'oppose aux Blancs dans le journal local frappé
/
d'interdiction en 1941. Les agitateurs .de la KI~UTU Cl.TRIL lSSOCI1TIOW subissent la répr@ssion et sont e.prisonnés pour deux ans. Des .alaises se.blables existent en Ouganda. Les nouveaux diplô.és qui rentrent d'Europe s'insurgent contre la .ain.ise étranq~re sur l'écono.ie et la politique de l@ur pays.
ln Afrique britannique de l'Ouest par contr~, l'élite
d~s 1941 plus de responsabilité dans l'ad.inistration et la participation du peùple dans les décisions prises ~ son 'garde Elle riit~re ces exigences en
1944. Le pouvoir des Africains ntaug.ente qU'aux conseils
.unicipau~ oa ils deviennent .ajoritaires dans les grands centres urbains de l~ Gold Coast et de la liqéria., Ce sont les syndicats qui a.nifestent la plus grande opposition dans les années 40 .a1gré que les gr~ves et les lock-out soient interdits pendant la guerre.
Du point de
vue
culturel, on ne note pasde
progression sensible dans les do.aines de l'éducation et de la santé non plus qU'une plus grande liberté de yivre selon leurs us et couta.es. Les qouverneurs et les fonctionDaires.'trop~litains sont 'trop occupés par le conflit aondial pour se pencher sur des "trivialités". La querre cepend4nt
(
)
provoque un change.ent profond de mentalité en particulier chez les Africains appelés sous les drapeaux. Leur parti~ipation ~ un conflit international, les échanges
, '
d'idées et de points de vue avec dYautres Africains et des Occidentaux leur donnent confiance en eux. Ils com.encent ! penser qU'ils ont des droits au mêlle titre que les Blancs.
Co.me le souliqne R. Cornevin, la décolonisation n'a pas été
une op~ration stricte.ent uni1atérale ••• (les)
initiatives africaines ont joué souvent un raIe aussi important que l'opinion publiqu~ européenne, les événèllents l ' Asie, ceux de . l'Afrique septentrionale et la "sagesse" des Etats colonisateurs. (A~~~ 1~8)
Deux types de facteurs--externes et internes--influent sur la décolonisation. Parmi les facteurs externes nous retenons les suivants:
- sur le plan politique, le poi1s accru des Etats-Unis
.
et de l'U.R.S.S. dans les affaires aondiales apr~s la
- le fait que l'O.H.U. intervienne dans les affaires des anciennes colonies alle.andes et les place sous tutelle avec une clause stipulant_qu'elles accéderont ! terae !
1f indépendance;
le revers qu'essuie la 'rance en Indochine ét qui ternit son image de race toute-puissante;
le ,début du conflit armée en llCJérie pour
1
29 l'ind'penaance;
- sut le·plan culturel, la couférencè"
dé
Bandoung en-1955 et l'aY~ne.~nt" du .ouve.ent afro-asiatique;
- . et fina1e.ent~ sur le" plan éeono.ique, le retard accu.ulé entre les deux querres par l'luro~e et le coOt trop éleYé du .• aintien des fonctionnaires dans les colonies.
En ce qui concerne les facteurs internes, on note en plus de ceux invoqués/précéde •• ent:
~
le développe.ent sur le terrain .ë.e d'une prise de conscience nationale;l'apprentissage politique d'une centaine de par1e.entaires africains franc~phones
!
Paris;~'action des forces syndicales soutenues par le syndica1is.e international·
- la liberté de presse dans les colonies françaises et britanniques qui entraine des dénonciations d'abus de l'ad.inistration coloniale et des attaques contre 1p
gouverne.ent.
Ces facteurs ex~ernes et internes sont coaauns 1 toute l'lfrique noi~ aë.e si les Indépendances ne surYiennent pas toutes en .ëae te.ps, surtout en Afrique britannique.
~n Afrique française, le Togo sera le pre.ier pays ~
Itre doté d'un statut de seai-autono.ie en 1955. En 1956 i l devient république autono.a. ln France la loi-cadre Deferre est votée; i l J est stipulé que tous les pays a-Ifrique Doire française jouiront sous peu d'un statut anal~que
a
(
-30
t'élection de de Gau14e en 1958 acC'él~re le processus de jécol'onisation, contraireaent
~ ~
! ce qU'ayait l~issé, croire la Conférence ~e BraZzaYi11e que nous ayons pr~cédeament évoquée. !n 1958 sétou Touré l'inHpendance de la Guinée. Les dates
d' indépen~~nC'e proprement dite du Ca.erOUM et du Togo sont firées au 1er janvier et au 27 avril 1960,- année oil quatorze colonies français~s accèdent ~ l'indépend~nce.
!n- Afriqu~ britannique, les indépen1ances se font par !-coups, l'émancipation des pays d'A frique de
\ l'Ouest qui
ont vinqt ans 1'avanCQ sur C~UI de l'Est venant en pre.ier lieu. C'est qU'ils ont une élite, une bourgeoisie locale intellectuel~e et marchande bien implantée et qu'ils participent beaucoup olus activement
qestion et la po!itique de leur pays depuis plus lonqte.ps. Apr~s ayoir joui ~'une nouvelle constitution lU1 accordant ~~s 1946 une _ajorité de membres africains au conseil législatif, la Gold Coast en 1957 trbuYe en la personne de Nva.e Mkrumah un vrai leader, tr~s au courant de la politique .étropolitain~ et américaine. Apr~s aYoir été e.prisonné un an ~ la suit~ d'une ca.pagne non Yiol~nte de •• contente.ent, il est é-1u par 22 700 YOiI contre 3~2. - Le
12
féYrier de l'année saiYante (1951) on le no •• e pre.1er .inistre. Selon R. Co~nev1n, ce jour "r-kprésente donc' 'dàns la décolonisation de l'Afrique britanniqu~ la dateÎ
historique .ajeure,1, pu1sque ce jour-Il, . pour la pre.i~re
31 les plus hautes" (A!~g~ 156).
La Gold Coast est non seulement le prellier pays de l'Afrique ~ritannique ~ accéder ~ l'indipendance mais le pre.ler pays de toute l'Afrique noire. R. cornevin y voit
C
quatre raisons: une économie des plus florissantes, le plu~
haut revenu par tête, l'autorité des chefs traditionnels qui
est
de.eurée relativement ~ntacte et le fait que la culture<;:'~"
t:.'0 "
.du cacao ai t permis la O'-J formation d'une bourgeoisie rurale çapable ~e payer des études à ses enfants et de soutenir un enseignee'è.nt' seçondaire. Ajoions à cela" que Nkrumah avait la formation et l'~toffe d'un chef et qU'il était précédé de
'.
la léqende qu~ accompagne Souvent celui qui rentre d'un 10n4 séjour à l'étranger et dont on dit qU'il a frayé avec r~s leader noirs d'autres pays et . de mouvements
,
.
a n ti-colonial istes. ... Il jouera un rôle important dans
l'acc~lération du processus d'indépendance d'autres pays en organisant le Congr~s patlafricain tenu
!
~ccra en 195~.La Nigéria aussi connaît un diveloppement économique i.portant dû à la querre. Le revenu. national double entre
1939 et 1946 et, quintuple entte 1939 et 1949. On y trouve une bourqeoisie afrlcaine--particulièrement, ~ Lagos--ainsi que la première banque négro-africaine. t'enseigneaent connaIt un essor prOdigieux; l'anglais est enseigné d~s la
troisi~.e année d'école et permet d'accéder, à l'école
secondaire et post-secondaire. Cependant on note d'j~ des dissensions politiques profondes entre le Nord et le Sud, les Yoruba et les Ibo. Elles .~neront d'ailleurs! la
•
32 guerre ciVlle 'iu ~B,frë' ~n 19'61).
En "frique britannlque rie l'Est, c'est le Kenya qui est le plus sensible ~ l ' i,p~ de 221i:.g2!~!:n!!2!l!:.. Desservis par "l'aliénation ~es tcrTê'S" pt Dar 13, prés~nc~ de minorités asiatiques importantes q'ui "tIennent IF> commerce et occupent les pl~ces è'intermprhaires tenu~s eTl 1jRITISH WEST AFPTCA pa r I e s ~fricains" les "!~u-~au s'lnsurgent
La guerre ':lui "'un de ,QS2 ~ '956:
il. faIt pr""n1r.::> conscienc~ ~ l'autorité anglaiSe :de
l'~mportanc,=, 1'J f:tit politicrue afric'iin ":'t 1e 'LI
vocation ~ l ' in:lppendance de peuples jusau'alon consUérps comm -:> un él':'m",nt folklorique dans le décor
i e S 5 a f a' riS ••• Ce 0 ~ n dan t , I i i m p 0 r tan c e des i n té r ê t s
br i tan ni que s ri e II. f r i q u t? 0 rie r t'il e :> t e e nt r il. 1 pre n d P"
la décolonisation infiniment plus Hfficile que dans
1''' frique occidentale. C!!.I:ig'y~ 1 ')Q)
Les qritanniques n'avalent oas prÉ>parp par
:f
é1ucation '1dE'Q'u"Itl? un~ ~lite capabl-? ie men'?r los iestinpps de Ces pays. De ce fait,
l'Afrique britannique orientale, prévue f>ntr'" 1970-1975 est accordée un peu prp!lIatur';'ment 'lU Tanq"nyika en 1961, ~
1 ' 0 u
q
and a e n 1 9 6 2 et fin a Le men t a u Ken y a e n ' 9 6 3 •En cela la situation du Congo belge est a s : ) sellblable celle des pays de l'Afriqup britanniquE' orientale. Quoiqu'il y ait un plus grand nombre de scolarisés que dans
..
les pays d'Afrique britannigue de -l'Est, le niveau scol~ireest tr~s faible. L'enseignement d ispe nsé pn 'la nque
africaine n'a permis l'apprentissaqe du français qu'à une élite infiniment r'estreinte. Les prelllHres revendications politiques ne se feront jour qu'en 1950. Les élites rie la
1
3) caoitale attendent de la VIsite 11.1 r-oi geaudoin en 1955 une transfçrmation d~ Ipur statu-t, mais c'est oeine per~up. Van
Bilsen conçoit un pl~n :je trente ans "POU? L'EfilANCIPATION DE
L'U'RIQUE AnGE", pl~n qui stup~fie les mi:li~ux coloniaux. Deux tend~nces apparaissent: d'une part le qrou pe
"Conscience africünp" 1iriqé par l'abbp Joseoh "'a 1 u 1 ~ semble accepter le clan dans
s~s
qnndes lignes, a l o r s _pl'Abako ("Association 1 u 9 a K 0 n go") r f! cl a Il e l ' 1 nié pen dan ce
hlliadiate. L'exoo~ition internationale je Bruxelles en 195A
perllet ~ 1es centaines de Conqolais 'rle 1iff~rentes r~'Jions
du Conq,,~ ':?t
,
rie partout "'n "~riquE' 1E' sc J rpncontr"'r pour 1"
,
prem i ~re F ' . OlS ~ "ans l~ œHropole. en place d ' u ~
mouvelll~nt l" ~iscours 'lu
9razzavill~ l'? 24 ;:ooût 195'3 ainsi aup l~ C:onfereDce 'Ïes Peuples africains tenu'p ~ C; au 13 .., écell b
re
1958--qu~ ~qit co.m" un r~v~lateur sur les invitéos conqol~is en particulier sur 'Patrice LUllulllba-- feront le reste. F'l
janvier 1959 je violent'?s émeutes ont li'?u qui font 42 lIorts et entrainent une sévère répressio~ mais forcent aussi .le
qouv~rnea€'nt b'?lq" ~ 'Juvrir les ypux sur une situation réelle. L3 Belgique octroi tune i nn épen da,nce h h i ve ~ sa colonie le 30 juin 1960 .. Les Congolais n'avaient
aalheureusellent pas éot é préopar~s ~ prendre la reUve dans la
qest ion et l'administration politique du pays et le trlbalisae avait forc;e de loi parai l'élite.
"