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Les bâtiments de l'automobile

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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HAL Id: hal-01886916

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01886916

Submitted on 3 Oct 2018

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Les bâtiments de l’automobile

Francis Nordemann

To cite this version:

Francis Nordemann. Les bâtiments de l’automobile. [Rapport de recherche] 197/83, Ministère de l’urbanisme et du logement / Secrétariat de la recherche architecturale (SRA). 1983. �hal-01886916�

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BATIMENTS

DE L'

AUTOMOBILE

MINISTÈRE DE L'URBANISME ET DU LOGEMENT DIRECTION DE L #ARCHITECTURE

SECRÉTARIAT DE LA RECHERCHE ARCHITECTURALE

c o n t r a t

81 01429 00 223 75 01

FRANCIS NORDEMANN A RCH ITECTE D .P .L G .

6, RUE SAINT-CLAUDE, 75003 PARIS 272.28.68

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BATIMENTS de l'AUTOM OBILE

LE PRÉSENT DOCUMENT CONSTITUE LE RAPPORT FINAL D'UNE RECHERCHE REMISE AU SECRÉTARIAT DE LA RECHERCHE ARCHITECTURALE EN ÉXÉCUTION DU PROGRAMME GÉNÉRA DE RECHERCHE MENÉ PAR LE MINISTÈRE DE L'URBANISME ET DU LOGEMENT AVEC LA D i G. R i S i T i

LES JUGEMNTS ET OPINIONS ÉMIS PAR LES RESPONSABLES DE LA RECHERCHE N'ENGAGE QUE LEURS AUTEURS,

MINISTÈRE DE L'URBANISME ET DU LOGEMENT DIRECTION DE L'ARCHITECTURE

SECRÉTARIAT DE LA RECHERCHE ARCHITECTURALE

c o n t r a t

N° 81 01429 00 223 75 01

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REMERCIEMENTS

Ce travail a été rendu possible grâce à la contribution efficace de constructeurs et de compagnies pétrolières qui ont mis leurs archives à la disposition de l'étude.

Que s'en voient ici remerciés i La Compagnie B.P.

Les Etablissements BMW Ag.

Les Etablissements Citroën S.A

Les Compagnies Elf France et Elf Antar La Compagnie Esso

La Compagnie Mobil

Les Etablissements Panhard et Lavassor La Régie Nationale des Usines Renault La Compagnie Total

Les Etablissements Talbot Peugeot Simca Chrysler

L'auteur tient'd'autre part à remercier particulièrement tous ceux qui ont montré une compréhension et un intérêt particuliers pour ce projet, et ont fait en sorte, au-delà de cet encouragement, d en

faciliter le déroulement.

A titre personnel Monsieur F. Adda

Madame C. Spellman

Aux Ets Citroën Monsieur Gueudar Delahaye

Monsieur Piot Monsieur Deloumme

Aux Ets Elf France Monsieur Sarcher

Monsieur Renaudeau d'Arc

A la Régie Renault Monsieur De La Selle

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BATIMENTS de l'AUTOM OBILE

PRESENTATION DU PROJET

Qu'il soit aujourd'hui question de la Ville et du Paysage, c'est souvent pour déplorer la perte de l'une, la détérioration de l'autre. La Modernité est désignée comme responsable, représentée, dans l'i­ magerie urbaine et rurale, par l'Automobile, lieu de tous les maux engendrés par la technique.

L'Automobile tient place, en effet, de corps étranger, d'intruse, d'élément rapporté générateur de gangrène sur le corps sain de la Nature perdue...

Si l'expression de l'homme d'aujourd'hui est souvent proche de "L'Automobile pollue nos villes et nos campagnes", c'est un regret en même temps que la négation d'un fait culturel important.

S'il existe en effet un "homme de demain", son histoire s'est for­ mée dans le berceau de l'Automobile, entre les mailles du réseau routier, bercé qu'il était par le mou balancement des amortisseurs. Il a connu l'aventure par les vitres arrières de la voiture fami­ liale lors des ruées annuelles vers les plages ou dans les migra­ tions hebdomadaires vers les Eldorado de week-end. Il a rêvé de carrosseries merveilleuses faisant étape dans les palais de l'Auto, les châteaux hauts en couleurs de la mécanique et du plein de super, hôtels du Delco et de la butée d'embrayage, établissements du

vidange-graissage, hauts lieux marqués au blason des compagnies pétrolières.

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Enfant, il a accroché son imaginaire aux bords de la route, donnant à sa rêverie support de "Dinky Toys”.

Il a grandi dans l'attente de l'âge adulte : celui où on passe au volant. Entrant ainsi dans la chevalerie de la route, il prenait ainsi les commandes de son errance, regardant enfin un monde enca­ dré par le pare-brise et le rétroviseur, où un aller et retour des balais d'essuie-glace suffit à supprimer le trouble de la réalité soudain estompée...

Sans passer par les regrets de l'ère pré-industrielle, une consta­ tation se presse : les peintres hyper-réalistes l'ont mis en éviden­ ce : il existe un paysage moderne, prolongement dans l'espace de

"l'homme à la machine". Il existe un paysage de l'industrie, un décor du progrès technique, une imagerie propre aux autoroutes, aux distributeurs automatiques de boissons et de friandises, un vocabu­ laire de l'enseigne de néon et de la signalisation urbaine et routière. La place de l'automobile dans cet environnement à son origine est dé­ terminante. Le paysage résultant est celui que nous connaissons au­ jourd'hui, avec ses propres émergences bâties, son propre relief, ses institutions et ses monuments.

Les routes nationales et leurs bornes kilométriques, les échangeurs en feuilles de trèfle ne sont-ils pas les jalons de notre imagerie paysa­ gère moderne ?

La culture automobile a construit la vitesse ; le progrès technique s'est logé dans des bâtiments de type nouveau, il a créé son propre monde, ses propres espaces, son imagerie spécifique.

Témoins de l'invention et de son développement, accompagnateurs du progrès, les Bâtiments de l'Automobile sont aussi les révélateurs d'un basculement culturel qu'ils sont scandé. Ils ont fixé la vitesse dans le construit, ont attaché le territoire de la vitesse dans le paysage, porteurs pour cela d'un vocabulaire formel novateur dans une imagerie renouvelée.

Portée vers de nouveaux horizons, une expression s'est formée à partir de l'idée du mouvement, de la vitesse, de la domestication de la

technique.

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Si on peut affirmer, d'autre part, qu'il existe un parallèle entre les mouvements artistiques, le renouveau formel et le progrès technologique,

les Bâtiments de l'Automobile en ont été les points de cristallisation pendant une longue période.

Plus que cela, ils ont été les supports de la diffusion des idées des mouvements artistiques d'avant-garde - mouvements élitaires - dans la rue et, par là, dans la vie quotidienne (Arts Déco, Mouvement Moderne..-.). Les garages des années 20, ceux des années 30, 40 et 50 sont aujourd'hui éléments majeurs du véritable patrimoine de notre société moderne, dont les autoroutes sont les voies triomphales.

Une recherche ainsi fondée permettra de traiter des rapports du terri­ toire de l'automobile avec l'espace.

Elle permettra également d'imaginer, à travers des lieux précis chargés d'un grand nombre de significations, une lecture de synthèse non seule­ ment d'un moment particulier de l'histoire des formes, mais aussi de bien d'autres éléments révélateurs de notre culture moderne.

OCTOBRE 1981.

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Projet d'exploration par l'image :

BATIMENTS DE L'AUTOMOBILE ET PHOTO INSTANTANEE

Ne serait-ce qu'une question de format, la véritable place du POLAROID est près du tableau de bord, dans la boîte à gants : sous la main, à portée de paysage soudainement entrevu dont il est, au même titre que l'Automobile, le signe virtuel de son immédiate appropriation.

On s'est plu à voir dans le succès de ce nouveau procédé photographique la possibilité de se livrer en toute privauté à des clichés pornogra­ phiques. C'est oublier la fascination pour la magie qui, dans l'instant comme "d'un coup de baguette", fait surgir le double de la réalité

(quelle qu'elle soit) et permet de l'intégrer à celle-ci.

En ce sens donc, le POLAROID, à la différence de l'appareil photo

ordinaire, devient tout comme la voiture, non seulement un auxiliaire, mais véritablement un appendice faisant corps avec son utilisateur. Ainsi, la connivence des deux "engins", qui sont vécus davantage comme extension de l'individu que comme simple acquisition technologique, s'effectue grâàe à leur totale autonomie et à partir d'une expérience jusque-là inconnue de la vitesse et du temps.

Cette nouvelle perception temporelle s'est-elle répercutée sur l'espace voire sur l'architecture et le bâtiment ? Sans préjuger de la recher­

che qui va suivre, il demeure certain que le procédé POLAROID et l'au­ tomobile participent ensemble à la même magie familière dont il s'agit ici d'explorer les formes et le paysage.

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BATIM ENTS de l'AUTOM OBILE

INTRODUCTION

Qu'est-ce qui fait qu'un garage, une station-service, ne peut être confondue avec une gare, une école une banque ?

Qu'est-ce qui fait qu'un garage, un poste d'essence, se signalent, au bord de la route, par l'affirmation de messages aussi différents : "Ici, vente de carburants", ou "Ici, relais routier", Ici, refuge", ou encore "Ici, atelier de mécanique automobile" ?

Le long d'une autoroute, aujourd'hui, les réponses sont simples : pas d'école, pas de gare, pas de banque ? de hautes potences portent les emblèmes des compagnies pétrolières, rares évènements sur le fil des rails de sécurité, bordure d'une voie normalisée, banalisée.

L'équipement automobile est ici réduit à sa plus simple expression : un signal indique l'entrée d'une "aire de services". Ce signal, un mât porteur de "l'élément d'identification de la marque", représente

le degré zéro de l'appropriation de l'espace, comme un drapeau planté sur le terrain conquis, jalon minimal du déplacement autoroutier ; c'est en fait la réplique, en vraie grandeur, de l'épingle à tête ronde fichée dans la carte routière du service commercial, au bord d'une route aussi homogène que le trait sur la carte...

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Signe d'une société taylorisée, rationnalisée, le signe déclenche des réactions : un coup d'oeil à la jauge et on continue, ou bien on dé­ cide de s'arrêter, on prend la bretelle qui longe les quais de distri bution du carburant avant de redémarrer et de buter sur la station, construction légère en forme de boîte vitrée, posée en travers comme un obstacle au mouvement. C'est là que les services sont disposés, avec la distribution des denrées.

Les bords d'autoroute ainsi décrits avec leurs aires de services n'en sont pas pour autant exempts de connotations romantiques : ce sont là les produits les plus récents pour marquer le territoire de la cheva­ lerie des temps modernes. Ils sont l'expression d'un dernier dévelop­ pement de l'évolution des espaces du transport, dont l'iconographie renvoie à l'histoire ici esquissée, celle des "Bâtiments de l'Automo­ bile”.

Mais le symbole n'a pas toujours été "L'élément d'identification de la marque" pendu à une potence.

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D ÉFINITION DU CHAMP DE RECHERCHE

Le travail ici proposé considère les bâtiments.

Les éléments d'a rchit ect ure sont po rteur s de s i g n i f i c a t i o n s y m b o l i ­ que. Ils fournissent des messa ges et rendent les fonctions i n t e l l i g i ­ bles, identifiables, donc clairs et uti l i s a b l e s dans la vié quotidienne. On cherchera ici à dresser un inventaire - non e xh austif - des éléments qui signalent les bâtiments comme app art e n a n t à la route r et, par là, aux temps modernes.

La modernité, 1'ère de la vit esse ex primés dans l'arch i t e c t u r e : l 'i ­ m a g i e r sera feuilleté comme un panorama, u n tour d ' h o r i z o n à travers

le pare-brise.

Les "programmes d'i d e n t i f i c a t i o n de ma rq u e s " élaborés a u j o u r d ' hu i reprennent en compte les acquis d'une imagerie dont les e x e m p l es se­ ront ici exposés. Ce sont là leurs références, leurs fondeme nt s h i s ­ toriques .

Les compagnies p é t r o lièr es arment une flotte de na vires qui battent p a vi l l o n lié à la marque. Leurs bâ timents oc cu p e n t aussi la route, part de leur domaine, où flottent leurs couleurs.

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D'où Bâtiments de l'Automobile.

Ce travail présente un panorama de l'esthétique des Bâtiments de l'Automobile, en même temps qu'une tentative d'analyse de ce que l'apparition d'un progrès technologique a apporté à l'architecture.

La présentation des Bâtiments suit, par une succession d'illus­ trations, l'évolution d'un type architectural depuis sa formation jusqu'à son effacement dans les enseignes et les signaux des bords d'autoroute.

L'étude historique de ce programme architectural nouveau et faci­ lement repérable pose la question d'un parallèle avec l'évolution de l'ensemble de notre environnement bâti, voire de sa reproduction, de manière accélérée ou caricaturale.

L'étude du cas des Bâtiments de l'Automobile, isolables facilement, se montrerait alors comme un révélateur, éclairant de côté la

modification de notre environnement urbain.

Au titre des intentions de recherche, l'hypothèse a été formulée selon laquelle si, d'ordinaire, le vocabulaire formel suit l'in­ novation technique (les formes courbes induites par l'apport du béton) et si l'art de l'ingénieur engendre un renouveau des for­ mes, il n'en a peut-être pas toujours été ainsi.

L'automobile aurait fourni le champ d'application d'un renouveau formel depuis longtemps consommé. L'invention technologique, l'en­ trée en scène de la vitesse auraient été l'occasion d'un renverse­ ment de la chaîne de l'innovation : des formes nouvelles trouvent, pour s'exprimer, un nouveau type architectural appelé par l'inno­ vation technologique.

Dans l'état actuel de cette recherche, cette hypothèse est mainte­ nue comme telle. Peu d'éléments datés semblent l'infirmer ou le confirmer. On peut simplement noter que les années 20 n'ont pas été une période significative dans l'architecture des Bâtiments de l'Automobile, mais dans l'invention formelle sur l'automobile. L'âge d'or des Bâtiments de l'Automobile pourra être défini autour des années 35-40, puis 45-55.

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as

L'avènement de formes plastiques associées à la Vitesse et le pneumatique: Deux apparitions contradictoires de la modernité dans l'Architecture des Bâtiments de l'Automobile. (NEW YORK, World's fair 1939)

" FIRESTONE MET LA FERME SUR PNEUMATIQUES "

vocabulaire architectural traditionnel monté sur caoutchouc.

" FIRESTONE CONSTRUIT AUJOURD'HUI LE PNEU DE DEMAIN" ou: le pneumatique générateur

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Les Bâtiments de l'Automobile s'inscrivent dans la rhétorique des innovations technologiques et formelles, sans que des préséances puissent être clairement relevées.

Parmi les Bâtiments de l'Automobile, la station service semble l'élément le plus significatif de l'histoire d'un type. Ce type de programme, entièrement nouveau, a été le lieu d'application privilégié de l'architecture.

Le garage de réparation-auto a une histoire plus floue, en effet. Bien des forgerons, des maréchaux, des voituriers ont transformé petit à petit l'usage de leurs forges et des granges attenantes en ateliers de mécanique et garages.

De grands architectes (Perret, Mallet, Stevens, Pingusson, et aussi F.L Wright, B. Goldberg,..., se sont essayé à ces program­ mes de garages, mais on remarquera, le long des routes, que l'ap­ parition de la station service a été le genre mineur de ces nou­ veaux types de constructions, avec son architecture propre, lieu de création.

Le type "station service" illustre l'hypothèse selon laquelle l'architecture savante des maîtres du "Mouvement Moderne" ou du mouvement élitaire"Arts Décoratifs" ont trouvé leur place dans les programmes mineurs et populaires des stations services. Les mouvements élitairestrouvaient ainsi place dans l'environne­ ment quotidien.

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Même si, à l'occasion d'images remar q u a b l e s comme celles de la succursale Panhard de N e w Delhi ou de R en au lt à Shangai, p a r a i s ­ sent des c oncessions non e uropéennes de c ompagnies continentales, le patrimoine ici évoqué reste limité g é o g r a p h i q u e m e n t à la France. Les décors de théâtre, et quelques e x c e n t r i c i t é s de la route a m é ­ ricaine (comme la "Mammy" de Natchez, Missouri, avec un bâtim ent formé comme la jupe ronde d'une négresse, et le toit c o u r o nn é par la sculpture de son buste, ou encore les p ompes abritées par un ch a peau de c ow-bo y à Seattle, ou par un b o m b a r d i e r à Milwankee) semblent emmener en bord ure de l'histoire de l' ar ch it ec tu re et ne seront ici men tio n n é s que pour l'anecdote, non négligeable, certes.

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LA MARQUE RAPPORTÉE SUR L'ARCHITECTURE VERNACULAIRE A DELHI/SHANGAI/BUENOS AIRES,,,,

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Il est clair qu'une analyse scientifiquement responsable des Bâti­ ments de l'Automobile appelle un décodage sémiologique. Le décryp­

tage des signes de l'architecture de l'automobile, pour les besoins de cette recherche exploratoire, apparaît dans les légendes des images présentées. Un décodage plus rigoureux est un des axes de développement de ce premier travail.

De la même façon, un travail historique précis, mettant à jour la formation d'un type architectural et son développement datés dans l'histoire récente, figure au nombre des débouchés nécessaires à cette première exploration. Une démarche systématique pourra se fon­ der sur ce panorama.

Une analyse urbaine des Bâtiments de l'Automobile mettant en évidence le rapport de la voirie au construit ou au paysage (stations de pieds d'immeubles, stations routières, bâtiments urbains spécifiques) est également un axe où poursuivre l'étude.

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FORMATION ü'üN TYPE

C'était d' a bor d un commerce : épicerie, bazar, quincaillerie, m a r ­ chand de cycles... On se préoccup ait peu des carbura nt s vendus alors en bidons de 5 litres, suffisant pour a ss urer le r a v i t a i l l e m e n t des automobiles de passage.

Dès les années 20, avec l'augmentation du flot de circulation, le b i ­ don de 5 litres se révèle insuffisant, et le seuil des b o u t iques des d i stributeurs s'arme des premiers appareils d i s t r i b u t e u r s : les bi- jaugeurs. Ces appareils assureront la d i s t r i b u t i o n de c ar bu r a n t p r o ­ prement dit jusqu'en 1950, quand app ara îtr a le c o m pteur co ntinu " \olume " .

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L ' a p p a rit i on des postes de bijaugeurs au bord des trottoirs, ou la présence des "chandelles rurales" des années 20 seront les premiers jalons du voyage automobile.

Du point de vue de l'usage, rien de nouveau : relais de poste et^ relais de di l ige n ces avaient fondé la pratique du ravita i l l e m e n t à des points spécifiques.

La première station service fut alors le premier commerce réservé aux carburants. A un endr o i t de passage automobile, une petite construc tion : un dé p ôt d'huiles et de carburants à l'enseigne d'une ma rque et, devant, le bijaugeur.

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Pas d'architecture particulière alors : le poste d'essence prenait place dans la ligne des bâtiments para-industriels : granges, dépôts, entrepôts s'inscrivaient avec un vocabulaire commun.

Quand les bijaugeurs prenaient place devant une boutique prééxistante, c'était la confrontation : le poste d'essence apparaissait devant la quincaillerie, le bistrot, l'épicerie. D'où nombre de postes d'essence où la modernité de l'auto, exprimée par les pompes, s'imposait à l'ar­ chitecture vernaculaire.

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LES SIGNES DES PREMIERS COMMERCES DE CARBURANTS

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«UttdMMVtNCE

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UNE ARCHITECTURE SPECIFIQUE

Au milieu des années 3 0 f avec la démocratisation de l'automobile et la création des grands axes routiers, les postes d'essence parsemaient le paysage. Mais le type de bâtiment était une nouveauté. Il n'y avait pas de précédent historique, pas d'idée précise sur ce à quoi le bâti­ ment devrait ressembler. Pour attirer l'automobiliste, les stations devaient faire plus que simplement fournir du carburant, il fallait attirer son attention. D'où les fantaisies américaines des années 20. D'où, ensuite, la recherche de bâtiments spécifiques à même d'expri­ mer plus que la seule distribution de carburants.

Ce fut le début de l'apogée d'un "style" architectural au vocabulaire renouvelé.

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Il s'agissait, pour les compagnies pétrolières, de jalonner les axes routiers de postes de r a v i t ail lemen t et de les signaler comme haltes a t t r a c t i v e s .

UN GRAND A U VENT VISIBLE DE LOIN: CONS TRUCT ION SPÉCIFIQUE POUR UN POSTE d 'eSSFNCE

Au fur et à mesure des re groupements de marque, chaque label c he rchera son identité. Les compagnies rivalisent entre elles pour oc cu pe r le marché p é tro l i e r et s'as surer une clientèle fidèle. Chaque réseau a donc été amené à se s i n g u lar ise r des autres en même temps qu'il se consti tuai t comme tel et c o n q uérai t le territoire.

Par le biais d'aides techniques et/ou financières e x ploitants p r o p r i é ­ taires,, ou par la c o nst ructi on de nouvelles stations en gérance, les compagnies a ssu r er o n t T l e u r réseau, la pro mo ti on d'une archite ct ur e de m a r q u e .

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L'a r chi t ect u re de chaque station, outre qu 'elle avait à s i g naler une présence attractive, devait aussi a ffirmer son appart e n a n c e à un r é­ seau, à une marque, et se singularis er du bâti environnant.

Fait courant dans la pr emière moitié du XXè siècle, l'émulation entre marques s'est exercée sur les bâtiments. Elle s'est ex primée dans l'ar­ chitecture .

Le progrès technique a créé le besoin de b â t i m e n t de types nouveaux: Cinémas, gares, aérodromes ont été le su pport de l 'exaltation des v a ­

leurs de l'innovation technologique, des nouve l l e s libertés, des r ê ­ ves du XXè siècle - les grandes villes.

L'a p par i tio n de l'automobile, c 'était l'accé l é r a t i o n de la mais aussi le transport, le voyage, la libération vers une

f r o n t i è r e .

c i r c u l a t i o n , nouvelle

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Si les stations américaines de cette époque r e p r e n a i e n t le v o cabulaire de ,l'architecture classique pour étayer leur respectabilité, les sta ­

tions eu ropéennes pr enaie nt en compte la v i t e s s e de l'auto mo bi le : les caractères évidents, francs et de grandes dimensi on s s u p p l a nt ai en t les détails et les petits embellissements.

L A C Q , 1962. Dans le site d'une raffinerie,

la p rouesse rechnique d'une coque en béton autoportée vient a briter l ' aut omobiliste et décrit d'un m o u v e m e n t généreux le départ d'une tr aject oir e sans limite .

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Ce fut l'occasion pour le Mouve men t M o d e r n e en archit ec tu re - d'être accepté sur les programmes populaires

-Une ar chitecture à l'esthétique plus "fonctionnelle" e n trait en scène et exprimait, dans l'abstraction, les idées propres au progrès technique. Les images qui suivent d é c r i v e n t cette pé ri od e d ' a r c h i t e c t u r e exaltant

1 'Automob i le.

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E numération de qu elques éléments d ' a r c h i t e c t u r e des B â t i ments de l'Automobile et énoncé des notions a uxquelles ils r e n v o i e n t :

L 1 abri : outre qu'il isole les pompes, le pe rs on ne l et les a u t o m o b i ­ listes des intempéries, un auvent surdimensionné, avec un b andeau épais, fournit une surface plane ver ti ca le où d i s p o s e r une enseigne. Cet a uvent s urd imensionné est porté par les structures les plus d i s ­ crètes (poteaux fins ou, m i e u x encore, porte-à-faux) faisant r e m a r ­ quer la légèreté de cet élé ment et in s i stant sur une mise en oeuvre moderne, t e chno log iquem ent performante.

k ;' L'abri ainsi constitué manifeste, même de loin, une p r o t e c t i o n s y m p a ­ thique aux automobilistes. C'est la no tion de relais, e x p r i m ée après celle de la halte.

Le signal : mât, colonne élancée vers l'infini, ou plan verti ca l posé comme un obstacle au mouvement, c'est le repère de la halte, v isible de loin. C'est aussi le point d ' a n c r a g e de la route (dynami­ que) , dans le bâ timen t (statique), po r t a n t haut l'écusson de la c o m p a g n i e .

Planté dans le sol, il devient, sous l'auvent, un é l ément a r c h i t e c ­ tonique à l'échelle de la station : colonne, vitrine, d on t le p r o l o n ­ gement, on le sait, dé passe l'auvent vers l'infini de la route, élance à n ouveau l'automobiliste.

En m ê me temps, p o t e a u x et colonnes d é p a s s e n t le caractère fonctionnel et re n for c ent la respecta bil ité de la station au titre des " in s t i t u ­ tions" de la route.

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Le b â ti m e n t p r o p r e m e n t dit, unité de service et d'accueil, fait référence à la Maison. De c ouleu r blanche ou crème (référence à la propreté en même temps qu'é c l a t dans l'environnement), le b ât im en t percé de larges baies transparentes (référence moderne, lumière) s'affirme comme un relais, une "maison pour l'auto", familière ; maîtrisable par l'automobiliste.

Les formes épurées de l'ensemble de la station sont l'occasion d'une al lé gorie à la mo d ern ité et à sa technologie. Les const r u c t i o n s

"Mouvement Moderne" et " S t r e a m l i n e " , a u x lignes plus vives et n e r v e u ­ ses évoquées avec empha se dans les Bâtiments de l'Automobile, s e m ­ blent adaptés à l'évocation de la route rapide, sans limite.

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t an da r d i sa t i on Résultat inévitable du regroupement de la propriété des stations dans le patrimoine des compagnies pétrolières plutôt que des propriétaires locaux, la standardisation n'a pas été l'occasion d'une perte de qua­ lité architecturale.

Bien avant l'apparition des boites banales de type"Vidal & Jenkins", la standardisation s'est effectuée à partir de la volonté d'homogéné­ isation du parc bâti des compagnies. Le dessin de prototypes à repro­ duire et/ou industrialiser répondrait aux mêmes impératifs architec­ turaux :

- affirmer l'identité propre de la marque par les éléments architec­ turaux.

- singulariser les stations des bâtiments environnants, les identi­

fier comme relais routiers et en exprimer les qualités d'accueil.

Les modèles américains ont ouvert la voie de la standardisation, avec des stations carénées au point de pouvoir reprendre le vocabulaire

"Streamline”, en vogue dans les années 30.

Avec la standardisation des > Bâtiments de l'Automobile, contrairement

à bien d'autres programmes, la promotion de la qualité architecturale est allée de pair avec l'accroissement de la reconnaissance de l'ar- chi médium.

Vers la fin des années 30, aux U.S.A, les stations excentriques avaient presque toutes laissé place à une espèce de dessin lisse,

épuré.

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Ce vocabulaire architectural simplifié semblait plus adapté à ce que les compagnies pétrolières voulaient vendre de plus en plus : la fa­ cilité de la route, son déroulement sans limites. A cela, s'ajoutait l'idée de l'efficacité d'un système de construction rationnalisé, identifiable à une mécanique.

Les stations standardisées de la compagnie Esso (Standard Oil !) sont à ce titre remarquables. Deux modules différents ont en effet été des­ sinés : un module au plan en quart de rond, avec une large baie vi ­ trée faisait fonction d'unité de service pour le personnel et les clients. A côté de ce module minimum on pouvait disposer un, deux ou plusieurs boxes, éléments parallélépipédiques où loger bureaux, sta­ tion de graissage, poste de lavage... La disposition des éléments, leur juxtaposition et leur usage étaient l'occasion d'orientations diverses par rapport à la station proprement dite comme par rapport à l'environnement bâti. En même temps, l'appartenance à la famille des bâtiments "Esso" était clairement signifiée.

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B.P avait mis en oeuvre un système de rationnalisation sur des

principes proches, où le standard était appliqué par l'intermédiaire d'un plan type.

L'implantation du modèle dans le site donnait lieu à diverses inter­ prétations, comme à nombre d'appropriations.

Les éléments de base en étaient un auvent en béton armé, supporté par deux piliers ronds et par un appui sur un bâtiment caractéristi­ que, où deux petites tonnelles encadrant une baie au rez-de-chaussée pour le bureau, une baie à l'étage pour le logement du gérant.

Un élément d'auvent en demi cercle pouvait être adjoint à un auvent ou entre deux auvents, rectangulaires, se tenir seul ou être accolé à un bâtiment non standard.

Ses diverses appropriations ont abouti à une famille de constructions à l'identité caractéristique mais où la répétition n'excluait pas interprétation et investissement multiples.

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STATION SERVICE. MODÈLE STANDARDISÉ 1964

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Mobil est é gal e men t dans l'histoire des Bâtiments de l'Automobile, une compagnie novatrice.

Depuis la "gargoyle" o rig inell e apposée sur les c o m m e r c e s de c a r b u ­ rants, après le p égase et les moust ach es appos é e s sur des b oîtes c o n s ­ truites minimales, il est fait appel à un grand Designer, E l i o t Noyés, pour as s u r e r la c o hérence des points de vente M o b i l sur l'ensemble du réseau.

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Un impératif guide le "revamping" ; mettre l'accent sur la distribu­ tion de carburants. Trois éléments seront le support de cette opération le sigle "pégase", le signe "Mobil", et un dessin du bâtiment qui ne modifie pas sa forme.

Un graphisme et un vocabulaire formel, nouveau (pompe cylindrique et auvent circulaire), viendront personnaliser les stations, et s'impo­ ser à des bâtiments, légers aux teintes volontairement neutres asso­ ciées à un panneau de brique support des signes de la marque.

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Mobil

GASOIL

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La disparition du type.

La station en forme de boîte repérable et accueillante, qui a été le standard de différentes compagnies dans les années 60, a été, en fait, un dernier sursaut de l'innovation. La tendance à la standar­ disation devenait banalisation, et semblait de plus en plus inhospi­ talière a u design créatif ou inventif. Depuis, les stations sont devenues plus ternes et plus plates.

La logique de l'investissement minimal/à 1•immédiateté et la priori­ té du discours sur l'image de marque, a relégué les stations essence

construites,comme d'autres éléments du paysage du bord des routes, a u x chapitres nostalgiques.

Le dépouillement d'objets obsolescents industrialisés, enveloppes mininales des mètres carres supposés nécessaires, a remplace les Bâtiments de l'Automobile.

L'architecture n'est plus considérée médium, et les stations

affirment leur idendité et leur communauté à travers le signe. Une station est aujourd'hui une immense potence à laquelle un "logo" - bidule publicitaire - est suspendu. Ce signe est visible de loin, et signale une aire de ravitaillement, grande surface de quais pa­ rallèles^ couverts d'un auvent aussi léger que possible. La station construite est réduite à la plus d.mple expression - décrite plus haut.

Le modèle le plus abouti de disparition du construit et de l'archi­

tecture se rencontre sur les autotoutes, mais il est. clair que sur les routes nationales (où les vestiges de stations services ont sou­ vent été transformés, quand ils n'ont pas été abandonnés, e n ^ m a g a ­ sins de matériaux) l'évolution est la même, vers une homogénéisation par la tonalité, sous le règne du logo.

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Les garages et autres constru ction s spécifiques n ' é c h a p p e n t pas à cette un i for m isa t ion : combien de bâti men ts ont vu leur archit e c t u r e dé li bé ré me n t gommée par l'apposition d'un bardage uniforme, support du "programme de l'iden tific ati on de la marque". L ' o b j e c t i f de tels programmes est d ' i d e nti fie r bâtim ent et bidon d'huile dans un même vocabulaire formel, voire sous un seul elenient'de v o c a b ul ai re graphique. Le d é p o u i l l e m e n t arc hitectural est deven u la nécessité, la règle

nécessaire à la "communication". Le pays age u r b a i n est d ev en u univers de signes, dont l'architecture n'est plus médium, et le m e « a Y c o m ­ muniqué sur support graphique ou plastique.

On est ainsi revenu à la situation initiale : le c o m merce de c a r ­ burants est retrouvé, où une pompe d eva nt une é p i cerie signalait le poste d'essence. Aujourd'hui, le m â t p or t e u r de logo remplace la pompe, et un bât iment minuscule, banalisé, se d i s s i m u l e à la place de l'épicerie.

Un n ouv e au paysage s'est ainsi formé, avec une imagerie renouvelée. Cette imagerie est le der nie r d é v e l o p p e m e n t de l'histoire ici

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SUCCURSALE CITROEN DE NANTES-CANCLAUX :

REPRISE DU VOCABULAIRE ARCHITECTURAL

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STATIONS RURALES D O ME ST IQU ES

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BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

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"Fill"er up" - Daniel I. Vieyra. An architectural history of america's gas stations - Mac Millan Publishing Cy. 1979.

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Rob Mallet Stevens - Archives d'Architecture moderne - Bruxelles 1980. "La Structure absente" - Introduction à la recherche sémiotique -

Umberto Eco, Mercure de France, 1972.

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Références

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