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JournaldeTraumatologieduSport31(2014)235–240
Mise
au
point
Tendon
et
tendinopathie
Tendon
and
tendinopathy
J.-F.
Kaux
a,∗,b,
J.-M.
Crielaard
a,baServicedemédecinephysiqueettraumatologiedusport,CHUdeLiège,avenuedel’Hôpital,B35,4000Liège,Belgique bServicepluridisciplinairedemédecineettraumatologiedusport(SPORTS2),CHUdeLiège,avenuedel’Hôpital,B35,4000Liège,Belgique
DisponiblesurInternetle10aoˆut2014
Résumé
Letendon,tissuconjonctiffibreux,mécaniquementresponsable delatransmissiondelaforcedesmusclesverslesos,constitueuneentité dynamiquequi,enfonctiondescontraintes,serestructureenpermanenceet,ce,grâceàdiversesmodificationsmétaboliquesetmécaniques.Cette revuedécritl’histologie,lavascularisationetl’innervationdutendonsain.Deplus,labiomécaniqueetlesréponsesphysiologiquestendineuses, ainsiquelaphysiopathologiedelatendinopathieysontabordées.
©2014ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés.
Motsclés:Tendon;Tendinopathie;Physiologie;Biomécanique
Abstract
Thetendon,connectivefibrous tissue,mechanicallyresponsibleforthetransmissionof strengthof musclesto bones,isadynamicentity which,accordingtotheconstraints,restructurespermanentlyand,thankstovariousmetabolicandmechanicalchanges.Thisreviewdescribesthe histology,vascularizationandinnervationofthehealthytendon.Inaddition,thebiomechanicsandtendinousphysiologicalresponses,aswellas thepathophysiologyoftendinopathyareexposed.
©2014ElsevierMassonSAS.Allrightsreserved.
Keywords:Tendon;Tendinopathy;Physiology;Biomechanics
1. Introduction
Letendon,tissuconjonctiffibreux,mécaniquement
respon-sablede la transmissionde laforce des musclesvers lesos,
constitueuneentitédynamiquequi,enfonctiondescontraintes,
se restructure en permanence et ce, grâce à diverses
modifi-cations métaboliques et mécaniques [1,2]. Il exerce un rôle
important dans la proprioception et, ce, grâce à la présence
dedivers récepteurs sensoriels (organestendineux de Golgi),
impliquéslorsduréflexemyotatiqueinverse,permettantle relâ-chementmusculairelorsd’unecontractiontropintense[1,2].
∗Auteurcorrespondant.
Adressee-mail:jfkaux@chu.ulg.ac.be(J.-F.Kaux).
2. Histologie
Le tendon normal, macroscopiquement blanc-brillant, se
caractériseparsatexture fibro-élastique[1–3].Ilpossèdeune structurehiérarchisée[4]:lecollagènes’assembleen microfi-brilles,s’unissantelles-mêmesenfibrillesqui,unefoisréunies, donnentnaissanceauxfibres.Plusieursfibresintriquéesforment desfaisceaux(primaires,secondairesettertiaires)(Fig.1);ces derniers,alignésdansl’axelongitudinal,améliorentlarésistance dutendonàlatraction[4].
Letendoncomporteprincipalementunematrice
extracellu-laire(MEC:diverscollagènes,protéoglycanes,glycoprotéines) auseindelaquellesesituentlesélémentscellulaires.
Letendonhumainse compose de30% de massesèche et
de 70% d’eau, contenus majoritairement dans la MEC [5].
http://dx.doi.org/10.1016/j.jts.2014.07.008
Fig.1.Structuretendineuse,d’aprèsKannus[4].
L’élémentprincipaldelaMECestlecollagènedetypeI(60% delamassesècheet95%ducollagène);lecollagènedetypeIII (5%)intervientlorsdelacicatrisationtendineuse[5].Environ 2%delamassesèchesecomposed’élastine,conférantautendon sonélasticitéoriginale[6].Lerestedelamassesèchecomporte
essentiellement d’autres types de collagène (il en existe 27)
[7].Lesglycosaminoglycans(GAG)représententenviron0,2%,
lescomposantsanorganiques(calcium,magnésium,cadmium,
cobalt...)0,2%,impliquésdanslacroissanceetlemétabolisme dutendon[5].Lecollagènese structureendifférentsniveaux
hiérarchiques,dutropocollagènejusqu’autendonlui-mêmeen
passantparlesfibres,lesfascicules(respectivementlesfaisceaux primaires et secondaires)et enfin les faisceaux tertiaires. La majoritédesfibressontlongitudinalesmaiscertainesprésentent uneorientationtransversale,voiremêmehorizontalepermettant laformationdespiralesetdesortesdetresses[3].
Lesténoblastes et ténocytes(90–95% des éléments
cellu-lairesdutendon)sesituententreleréseaudefibresdecollagène
[4].Lesténoblastes,cellulesimmaturesfusiformes,comportent
denombreusesorganellescytoplasmiques,témoignantdeleur
intense activité métabolique.Ces ténoblastes se transforment
progressivemententénocytes,caractérisésparuneplusfaible activitémétabolique.Lesténocytes,responsablesdelasynthèse
de collagène etdes composantsde lamatrice extracellulaire,
peuventproduiredel’énergie;enraisondelaprésenceducycle
deKrebs, de laglycolyseanaérobie etdushunt despentoses
phosphates, laconsommation d’oxygène au seindes tendons
apparaîtplusfaible(7,5fois)quecelledesmusclessquelettiques
[3].
Avecl’âge,laproductionénergétiqueserapréférentiellement assuréeparlesprocessusanaérobies[4].Enraisondeleur
rela-tivefaible activitémétaboliqueetdudéveloppement de leurs
processusénergétiquesanaérobies,lestendonspeuvent
suppor-terdestensions élevéespendant delongues périodes, touten
évitantlerisqued’ischémieetdenécrosesubséquente[4]. Lesautresélémentscellulaires(5–10%)sontconstituésde
chondrocytes, principalement localisés au niveau des zones
d’insertion,decellulessynovialesetendothéliales[8].
LaMECrecouvrantlecollagèneetlesténocytessecompose deprotéoglycanes,deGAG,deglycoprotéinesetd’autrespetites molécules.Lanaturehydrophiledesprotéoglycanesfavorisela
diffusionrapide des moléculesd’eausolubles etlamigration
cellulaire. Lesglycoprotéinesadhésivesparticipentau proces-susderégénérationdutendon.Laténascine-C,autrecomposant abondantdelaMEC,contientdesrépétitionsdefibronectineet secomportecommeuneprotéineélastique[6].
L’épitenon, gaine lâche et mince, recouvre le tendon
et s’enfonce profondément entre les faisceaux tertiaires et
l’endotenon, un fin tissu réticulaire interconnecté entourant
chaque fibre; il assure lesystème vasculaire, lymphatiqueet
nerveuxdutendon. L’épitenonestrecouvert parleparatenon,
tissuaréolairecomposédefibresdecollagènedetypeIetIII, defibresélastiquesetdecellulessynoviales[3].
Au niveaudelajonctionmyotendineuse, lesfibres de
col-lagènes’enfoncentprofondémentdanslesespacesforméspar
lesmyocytes,assurantlatransmissiondelatensionmusculaire auxfibrescollagènesdutendon.Cecomplexearchitectural,lors delacontractionmusculaire,diminueeffectivementlatension exercéesurletendon;cettejonctionmyotendineusereste parti-culièrementfragile[3].
La jonction ostéo-tendineuse ou enthèse comporte quatre
zones:letendondense,lefibrocartilage,lefibrocartilage miné-ralisé et enfin l’os; cette structure spécifique évite que le collagènenesoitplié,effilochéoucoupé[6].
3. Vascularisation
La vascularisationtendineuse estassurée partroissources principales:deuxsystèmesintrinsèques,auniveaudesjonctions
myotendineuse etostéo-tendineuse,etunsystèmeextrinsèque
vialeparatenonoulagainesynoviale[3,6].Auniveaudela
jonc-tion myotendineuse, des vaisseauxissus dumuscle pénètrent
entre lesfaisceaux tendineux sans s’étendre au-delà du tiers
proximal du tendon. Lavascularisation de la jonction
ostéo-tendineuserestelimitéeàlazoned’insertiondutendon. Enl’absencedegainesynovialeentourantletendon(ex.le tendonpatellaire),leparatenonassurelavascularisation extrin-sèque[6].Lesvaisseauxpénètrenttransversalementleparatenon
etforment(demanièrerépétitive)diversembranchements
per-mettantledéveloppementd’unréseauvasculairecomplexe.Les
branchesartériellesduparatenonpénètrentl’épitenon,formant
un réseau vasculaire intratendineux comportant d’abondantes
anastomoses[6].
Lavascularisationtendineuseapparaîtcompromiseauniveau des zonesde jonction,dessitesde sollicitation(torsion, fric-tionoucompression)[1,2].Lefluxsanguinseréduitavecl’âge etl’intensitédessollicitationsmécaniques;lors d’unexercice
maximum,lefluxsanguinpéritendineuxseréduità20%dela
vascularisationrégionalemaximale[3,4,6]. 4. Innervation
L’innervation du tendonprovientdestroncscutanés,
mus-culaires et péritendineux [6]. Au niveau de la jonction
myotendineuse,lesfibresnerveusessecroisentetpénètrentdans l’endotenon.Ellesformentunplexusimportantdansle
parate-Fig.2.Courbestresscontraintes,d’aprèsReesetal.[10].
nonetdesbranchespénètrentl’épitenon.Laplupartdesfibres nerveusesrestentàlapériphériedutendon.
Lesterminaisons des fibres myéliniséespeuvent apprécier
leschangementsdepressionintratendineuse[6];ces
mécano-récepteurs,les organestendineux de Golgi,apparaissentplus
nombreuxauniveaudelajonctionmyotendineuse[6].Les
ter-minaisonsdesfibresnonmyéliniséessecomportentcommedes
nocicepteurs,capablesdepercevoiretdetransmettreladouleur;
des fibres sympathiques et parasympathiques sont également
présentesdansletendon[6].
5. Biomécanique
Letendontransmetlaforcegénéréeparlemuscleauniveau del’os[4].Ilsecaractériseparsarésistancemécaniqueélevée etsagrandeélasticité.Cetissuvisco-élastiquesubitl’influence deforcessusceptiblesdemodifierl’organisationdesesfibres.
Lecomportementbiomécaniquedutendondépenddunombreet
dutypedeliensinter-etintramoléculaires.Lacourbede
défor-mation d’un tendon lors d’un étirement progressif comporte
3phases(Fig.2)[4].
L’élongation initialement réversible des fibres de
colla-gènes’expliquepar uneélongation moléculaire;silatension
augmente,l’espace entre les moléculess’agrandit, entraînant
éventuellementundécalageparrapportauxmoléculesvoisines. Deslésionscomplètesapparaissentrapidementetlesfibresse rétractent,formantunbourgeonenchevêtréauniveaudela rup-ture.Laforcederésistanced’untendonapparaîtproportionnelle àsondiamètreetàsadensitédecollagène;letendonpatellaire
d’un haltérophileserait capablede supporter unepressionde
500à1000Pa.[4,6,9].Lerisquederuptureaugmentesila ten-sionestappliquéedemanièrerapideet/ouoblique;rappelons quelesforceslesplusélevéessontobservéeslorsdecontractions excentriques[6].Lestroisphasessont[10]:
• phase1:nomméetoeregionou«pieddelacourbe»,ellese caractériseparunecourbeexponentielle,traduisantlamise entensionprogressiveetréversibledesfibrestendineuses;
• phase 2: lorsque toutes lesfibres sont tendues, unephase
linéaire s’installe et se maintient jusqu’à environ 4%
d’élongation;au-delà,letendonsedéformeirréversiblement et,autermedecetétirement,neretrouverajamaissaforme initiale;
• phase 3: cette phase, extra-physiologique, débute à partir
de 4%d’élongation(limitemaximaleavantmicroruptures)
jusqu’à 8–10%, niveau auquel apparaissent les premières
lésionsmacroscopiques,entraînantrapidementlarupture. 6. Réponsesphysiologiques
Chez l’animal, l’entraînement améliore respectivement la
forcede tension, l’élasticité,le poids etla section dutendon
[11] et, ce, en raison d’une augmentation de la synthèse de
collagène et d’ECM par les ténocytes. Les propriétés
méca-niquess’améliorentplusparticulièrementdanslessuitesd’un entraînementexcentrique[12].
Aprèsimmobilisation(relativeoutotale),lecontenueneau
et en protéoglycanes diminue, le nombre de croisements de
collagèneaugmente[11].L’immobilisationprovoqueunelente
atrophiedutendonet,ce,enraisondesafaibleactivité métabo-liqueetdesafaiblevascularisation[11].
Avecl’âge,enraisondelapertedecollagèneetdes croise-mentsrésultantsquiaugmententlaraideur,lespropriétés visco-élastiquesetbiomécaniquesdutendonsedétériorent;latension
et la puissance diminuent [11]. L’entraînement en résistance
chezlespersonnesâgéescompensepartiellementceseffets[6]. 7. Latendinopathie
Latendinopathiesecaractérisecliniquementparunetriade douloureuselorsdelapalpation,del’étirementetdela contrac-tionisométrique[13].
Demultiplesclassificationsexistent.Laplusutilisée,cellede Blazinaetal.[14],modifiéeparLaedbetteretal.[15],distingue 5stadesenfonctiondelagravitédel’atteinte:
• stade1:douleursessentiellementaprèsl’effortet disparais-santaurepos;
• stade 2: douleurs pendant l’effort, disparaissant après
l’échauffementetréapparaissantaveclafatigue;
• stade 3: douleurs permanenteslors desactivités sportives, entraînantsoit:
◦ 3a:unelimitationdel’entraînement, ◦ 3b:unegênedanslaviequotidienne; • stade4:rupturetendineuse.
D’autresclassifications,tellesquecellesdeFerrettietal.[16]
ouNirschletAshman[17],ontégalementétédéveloppées.Ce
dernierproposeuneclassificationoriginalebaséesurl’histologie tendineuse(4stades)etladouleur(7stades).
Ilapparaît utiled’apprécierlachronologie dessymptômes selon3stades[2]:
• phase aiguë: symptômes présents depuis moins de
6semaines;
• phase subaiguë: symptomatologie évoluant depuis 6à
12semaines;
Fig.3.Physiopathologiedelatendinopathie[2].
La tendinopathie, pathologie d’origine multifactorielle,
touche unepopulation active,sportive ounon [18]. Elle sur-vientgénéralementsuite àunehyperutilisation etelleévolue régulièrementverslachronicité[19](Fig.3).Touttendonpeut effectivementdévelopperunetendinopathiemaiscertains,tels lesupra-épineux,l’extenseurcommundupoignet,le quadricipi-tal,lepatellaireetlecalcanéenapparaissentplusrégulièrement atteints[18].
Lesfacteursde risqueserontintrinsèques ouextrinsèques,
cette catégorisation n’excluant aucune interaction entre les
composantsdes2catégories[2,6,18].
Lesfacteursintrinsèques peuventêtre modifiablesounon.
L’âge, le sexe (prévalence masculine) et l’hérédité sont des
facteursnonmodifiables.LegèneMIR608ainsiqu’un
polymor-phismeduCOL5A13-UTRseraientassociésauxtendinopathies
[20]. Parmi les facteurs susceptibles de se modifier, citons
l’obésité,l’hypercholestérolémie,l’hyperuricémieetla dysthy-roïdie[19–24].
Lesprincipauxfacteursextrinsèquessontunechargede tra-vailtropélevée,unemauvaiseplanificationdel’entraînement, la déshydratation,le matérielsportif non adapté (chaussures, surface...),laprisedemédicaments:corticoïdes, fluoroquino-lones,statinesouanabolisants(essentiellementdansuncontexte médico-sportif)[18,19,21,22,25].
CooketPurdman[26]ontdécritunmodèleévolutif(3stades) delatendinopathie.Lorsd’uneatteintechronique,l’application d’uneforcesupérieureàlarésistancephysiologiquedutendon peutprovoquersarupture[8].
Les tendinopathies peuvent toucher les différentes
struc-tures anatomiques. L’enthésopathie correspond à une lésion
delajonctionostéo-tendineuse. Lorsquel’atteintese situeau
niveau ducorps dutendon, latendinopathie sera qualifiéede
«corporéale».Enfin,laténosynovitedéfinitl’inflammationdes structurespéritendineuses.
Certaineslocalisationsdéveloppentpréférentiellementl’une oul’autreformed’atteinte;ainsi,lestendonsdusus-épineux, extenseurcommundupoignetetrotulienprésententplus parti-culièrementdesenthésopathies[19].Letendoncalcanéenpeut présenterles3formesdetendinopathies,différentessurleplan cliniqueetdeleurpriseenchargethérapeutique[19].
Comparéeautendonnormal(blancetbrillant),caractérisépar unetexturefibro-élastiqueferme,latendinopathiesemanifeste paruneapparencegrisâtreoujaune-bruneetunetexturetendre, friable,plusminceouœdémateuse[3,26].
D’unpointdevuemicroscopique,latendinopathiese carac-térisepar:
• desaltérationsdutissucollagèneavecdesfibresplusfineset unepertedelastructurehiérarchiqueclassique[2,3,27–29].
Uneaugmentationdel’expressiondesfacteursstimulantle
turnoverdutissuconjonctifestobservéeauseindelazone
pathologique [28]. Les ténocytes produisent une quantité
anormalede collagènedetypeIII,normalementassociéeà
laguérison[30,31];
• uneaugmentationdelamatriceavecconcentrations
impor-tantes de GAG et de protéoglycanes [32,33]. Le turnover
élevédesprotéoglycanespermetdemaintenirl’homéostasie
du tendon normal. Des perturbations dans le métabolisme
des protéoglycanes contribuent à la dysfonction du tissu,
provoquant une différenciation chondrogénique, réduisant
l’élasticitéetlarésistancedutendonàlatension[33,34];
• divers changements cellulaires avec une augmentation du
nombreetdelatailledesténocytes,présentantunnoyauplus arrondietperdantleuraspectfusiforme[17,27–30];
• uneapoptosecellulaireaugmentée[35],liéeau stress oxy-datif[36]etàlapertedelatensioncellulairehoméostasique
[30,37];
• uneexpressionectopiquedeBMP-2,susceptible de
provo-querune différenciationen tissus cartilagineux ou osseux,
expliquant la dégénérescence structurelle en tendinopathie
calcifiante[3,38,39];
• unenéovascularisation(visible àl’écho-Doppler),associée
soitàlaréparationtendineuse[29,40],soitàladouleur chro-nique[41],sonimportance netraduisantpaslasévérité de
lasymptomatologie[42].Lanéo-innervationaccompagnant
cettenéovascularisationpourraitexpliquerladouleurparles médiateursneurogènesdel’inflammation[27].
L’absence de cellules inflammatoires au sein de la
ten-dinopathie n’exclut pas la participation de médiateurs de
l’inflammation[3]. Descellulesinflammatoires tellesqueles macrophagesetleslymphocytessonteffectivementprésentesau seindestissusavoisinant(boursesouparatenon)les tendinopa-thieschroniques[44].Deplus,lescellulesendothélialespeuvent
exprimer ou répondre à divers médiateurs de l’inflammation
tels que les interleukines (IL-1 , IL-6), lesprostaglandines
(PGE1,PGE2),l’oxydenitriquesynthétase(NOS),desfacteurs
decroissance(PDGF,TGF-,b-FGF,EGF,VEGF,IGF-1),des
neuropeptides(substanceP etCGRP)ouencoreleglutamate
[45]. Les neurotransmetteurs, les facteurs de croissance, les
cytokinespro-inflammatoiresoud’autresfacteurs augmentent
la synthèse de COX-2 [43,46,47] qui, inversement, diminue
aprèscorticothérapie.Lescellulestendineuses,soumisesàdes tensionsrépétées,augmententleurproductionde
métalloprotéi-nases matricielles(MMP) (collagènasesou gélatinases). Une
diminutionimportante de l’activité des inhibiteurs de
métal-loprotéinases (TIMP) a également été décrite [43,46,47]. La
surchargemécaniqueresteunfacteuressentieldecetteréponse inflammatoire[27,44].
Desétudesanimalesontidentifiéd’autresfacteurs augmen-tant l’apoptose telsqueles fliceinhibitory protein(FLIP)ou encorelesheatshock-relatedprotein(HSP27etHST70)[48].
Uneaugmentation del’expressiondesrécepteurs
muscari-niques M2 ainsi que de la choline acétyltransférase (ChAT)
pourraitmodifierlafonctionimmunitaire,laproliférationetla différenciationcellulaire[49].L’expressionderécepteur canna-binoïdes1estplusélevéedanslestendinopathiessuggérantune dysrégulationdecesystème[50].
Le mécanisme de la douleur reste toujours partiellement
méconnu.Les théories classiques suggèrent le rôle direct de
l’inflammationet/ou de la séparation des fibres de collagène
danslesformessévères[6].D’autresthéoriesévoquent la sti-mulation(biochimique)desnocicepteursliéesàl’extravasation
desGAG,spécialementlesulfatedechondroïtine,etd’autres
irritantsbiochimiques(substanceP,glutamateetsonrécepteur
NMDAR1)[40,45].Lesténocytesproduisentdel’acétylcholine
et des réactions immunes sont possibles avec les récepteurs
à l’acétylcholine M2 [41,46]. Les prostaglandines,
prostacy-clines et thromboxanes participent au développement de la
douleurauniveaucentraletpériphérique;àcedernierniveau,
ils exercent un rôle majeur en augmentant la sensibilité des
terminaisonsnerveuses.Ilsaugmententl’excitabilité,abaissent
le seuil de la douleur et potentialisent l’action des stimuli
algiques.Laproductionnonneuronaledecathécholamines pour-raitinfluencerlarégulationvasomotriceetlemécanismedela douleur[51].
8. Conclusion
Letendonnormalsecaractériseparsatexturefibro-élastique hiérarchisée. Il s’agit d’une entité dynamique qui se restruc-tureenpermanenceenfonctiondescontraintesgrâceàdiverses
modificationsmétaboliquesetmécaniques.Lestendinopathies,
pathologiesmusculosquelettiquesd’hyperutilisation, régulière-mentobservées chezlessportifs ettravailleursdeforce, sont caractériséesparunetriadedouloureuse(étirement,isométrieet
palpation)etuneréductionfonctionnelle,notammentdeleurs
performancessportives.Lediagnosticcliniqueseraconfirmépar l’échographie(avecDoppler)et/oul’IRM.L’étiologie multifac-torielle des tendinopathies implique des facteurs intrinsèques (nonmodifiables)etextrinsèques(susceptiblesd’êtremodifiés). Lerôledel’inflammationn’apparaîtpasclairementenraisonde l’absencedecelluleinflammatoire,nesignifiantpas nécessaire-mentl’absencedemédiateursinflammatoiresdanslagenèsedes tendinopathies.Différentesthéoriesexpliquentlesmécanismes deladouleuretsonpassageàlachronicité;certainsprocessus physiopathologiquesrestentencoremalélucidés.
Déclarationd’intérêts
Lesauteursdéclarentnepasavoir deconflitsd’intérêts en relationaveccetarticle.
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