LA
~EFORJ1E.
DES
LVC!EES
l)eCLARATfON
DES
ONZE. ASSOCIATIONS
DE.
PROFE.S.SE.U~
SPEaiALf)TE.S
I
Les Associations soussignées constatent les contradictions :
1 -Entre les affmnations ministérielles qu'aucune réforme des lycées ne sera imposée sans consultations ni concertation,
- et lé fait que des mesures de réforme se mettent déjà en application, par la voie de circulaires ou d'instructions aux recteurs.
2 -Entre quelques grimds principes du« projet de charte pour la réforme des lycées
»,
avec lesquels on ne peut qu'être d'accord (promouvoir l'égalité des chances et prendre en compte la diversité des élèves, alléger les effectifs des classes, rééquilibrer les voies et les séries, permettre les travaux par petits groupes, ne pas diminuer les heures d'enseignement, ne pas augmenter le nombre de classes et d'élèves dont les enseignants sont chargés), et ces faits:a) qu'aucun moyen ne soit prévu, permettant d'appliquer ces principes,
b) que bon nombre de mesures proposées dans la Charte soient en opposition flagrante· avec ces principes.
II
Parmi ces propositions inacceptables, nous signalons principalement :
- 1- La réduction des horaires, qui n'a d'ailleurs jamais été demandée par les élèves ou leurs parents, elle ne peut que diminuer les heures d'enseignement et augmenter la charge de travail des
professeurs. ·
-2- L'appauvrissement des contenus d'enseignement, conséquence nécessaire de cette réduc;. tion. Cela ne peut que renforcer les inégalités entre ceux qui devront se contentèr d'un enseignement de plus en plus allégé, et ceux à
.ciui
leurs parents auront les moyens d'assurer les compléments de forma-tion souhaitables.- 3 - La réduction du nombre d'options que peuvent choisir les élèves aggravera encore cet appauvrissement. Elle aboutira à la disparition de nombreuses disciplines, pourtant affirmées comme fondamentales (arts plastiques, éducation musicale, langues anciennes, langue vivante 3, voire même langue vivante 2 pour certaines filières ).
-4- Toutes ces restrictions conduisent à une excessive spécialisation des séries générales. S'il y a un rééquilibrage partiel pour certaines disciplines (disciplines scientifiques en 1ère S), le déséqui-libre s'accentue ailleurs, surtout dahs les Tenninales. Ce qui ne peut que nuire
à
la formation générale des élèves, et restreindre gravement pour eux 1' éventail des débouchés.- 5 - Dans toutes ces mesures apparaît une dangereuse délégation des pouvoirs de l'Etat aux Régions, et même à des «officines mercantiles ». A région pauvre, lycées pativres, et niveau scolaire pauvre. Les enseignements seront livrés aux aléas des conseils d'administration, aux pressions locales de tous ordres même idéologiques. Pourtant tous les élèves, quelle que soit leur origine sociale ou géo-graphique, devraient pouvoir bénéficier d'un enseignement scolaire de qualité, dans tout le territoire.
aptep-info
N°80- Mai- 1999
- 5 -Dans toutes ces mesures apparaît une dangereuse délégation des pouvoirs de l'Etat aux Régions,
et
même à des « officines mercantiles ». A région pauvre, lycées pauvres, et niveau scolaire pauvre. Les enseignements seront livrés aux aléas des conseils d'administration, aux pressions localesde
tous ordress même idéologiques. Pourtant tous les élèves, quelle que soit leur origine sociale ou géographique, devraient pouvoir bénéficier d'un enseignement scolaire de qualité, dans tout le terri-toire.- 6 -Enseigner est un métier. Les Associations rappellent, une fois de plus, qu'un enseignant doit avoir une double compétence : dans la matière enseignée et dans la façon de l'enseigner. Ce qui doit être assuré par la formation des enseignants et par les concours nationaux de recrutement. On
ne peut admettre une diminution du nombre de postes mis au concours, qui priverait les élèves de professeurs qualitiés. On peut pratiquer fort bien une activité et ne pas être capable de l'expliquer aux élèves : des intervenants extérieurs animant des ateliers d'art, des
«
locuteurs natifs»,
en langues vivantess ne suffisent pas et ne sont pas des enseignants. La compétence disciplinaire n'est pas moins indispensable : on ne peut adtnettre que des ateliers soient animés par des personnes étrangères à la discipline, ou que l'aide aux élèves soit confiée à des personnes sans formation dans le domaine où elles donneront aux élèves des conseils.- 7 -La sanction des études par le baccalauréat est gravement compromise par le projet de charte. L'examen peut-il être vraiment national, si horaires et programmes varient avec les projets d'établissement ? De plus, si les professeurs pratiquent depuis longtemps l'interdisciplinarité ou la constitution de dossiers, on ne peut admettre que l'évaluation d'un dossier intei-disciplinaire ·se substitue à l'ensemble des épreuves de rattrapages alors que des effets pervers ont déjà été constatés (commerce des dossiers, vente par Internet de dossiers et même de réponses aux questions qu'un jury pourrait poser sur ces dossiers).
CONCLUSION
ll faut en finir avec ces contradictions entre les paroles et les actes. Toutes ces mesures ne sont elles pas en train de faire sauter toutes les garanties natioDales en matière d'horaires, de programmes, de recrutement des professeurs ! Et donc de faire disparaître, au grave détriment des élèves, le seul cadre vraiment démocratique assurant l'égalité des droits devant l'instruction ?
Association des professeurs de langues vivantes Association des professeurs de lettres
Association des professeurs de technologie de l'Enseignement public Association des professeurs de philosophie de l'Enseignement public Association nationale des professeurs d'économie familiale et sociale Association des professeurs d'éducation musicale
Association des professeurs d'arts plastiques
Association des professeurs de communication de l'enseignement public
Association des professeurs d'enseignement social des lycées d'Etat professionnels Union des professeurs de biochimie et microbiologie
Société des langues néo-latines