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ARTheque - STEF - ENS Cachan | L'expérience des boutiques de sciences en France

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Academic year: 2021

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L'EXPERIENCE DES BOUTIQUES DE SCIENCES

EN FRANCE

J. STEWART

Mots clés

Demande sociale - Culture scientifique.

Résumé :

Les Boutiques de Sciences, par une mise en relation directe entre

pensée scientifique et vie quotidienne, représentent une possibilité

(2)

1. Les Pr~misses.

Nous commencerons cette pr~sentationdu mouvement des Boutiques de Sciences par exposer les princ~pes dont il s'inspire. Cette démarche ne va pas de soi: car 1

premi~re vue, les boutiquiers scientifiques aont avant tout des individus pragmatiques

ayant de surcroIt des positions personnelles sssez variées. N~anmoins, au-deI' du fait que le pragmatisme et la tolérance de Is diversit~sont eux-mêmes l'expression d'une philosophie, le projet des Boutiques ~e Sciences - nui vise à or~aniser la distribution équitable des connaiasances scientifiques - s'appuie sur une théorie de la connaissance scientifique (l'externalisme) et sur une idée très précise du rôle de la science dans la société.

Selon la "philosophie spontanée" des boutiquiers, il y a toujours eu une interpénétration radicale des sphêres scientifique, ~conomiqueet sociale; de plus, il ne peut en être autrement. L'idée que la science est "neutre" - c'est ~ dire, parfaitement indifférente aux enjeux idéologiques, économiques et sociaux qui pèsent

norm~lementsur toutes les autres activités humaines - bien que très rép~nduedans le public, est donc un mythe. Cette mystification est entretenue par l'isolement des scientifiques - le privil~ge insens~ de se livrer' des activités dont la pertinence, l'opportunité, la si~ificationsont évalu~es exclusivement ~ l'intérieur de la communauté scientifique elle-même. Mais cette mvstification n'est pas innocente, car elle cache l'appropriation de la acience par les seules forces dominantes de la société, notamment l'état et la grande industrie. Puisque l'objecti~itéde la science lui confère une réelle efficacit~, la conséquence en est que la démocratie est menacée; car le public est ainsi privé de participation aux débats sur les choix technologiques qui sont lourds d'implications sociales.

Le projet des Boutiques de Sciences vise ~ redresser cette situation en permettant aux "exclus" de la acience un acc€!s ~ des connaissances pertinentes par rapport à leurs besoins. Il ne s'agit pas seulement de socialiser et de diffuser des savoirs scientifiques (~ l'instar de la vulgarisation), mais d'établir un dialogue, un échange, une communication dans les deux sens, au cours desquels les scientifiques seront sensibilisés auX préoccupations du public. Les boutiquiers de sciences conçoivent la science comme un réservoir inépuisable de connaissances susceptibles de devenir opérationnellea dans des contextes Innombrables et en réponse à une

infinité de besoins et de situations. Si chacun pouvait la consulter, bénéficiet de de sa créativit~et de son arbitrage, quelque soit sa position sociale, son pouvoir d'achat, et la nature de ses besoins, la science pourrait renforcer la démocratie au lieu de l'affaiblir.

Cette croyance dans l'efficacit~de la science est n~anmoinsnuancée par une reconnaissance de aea limites. Une fois levés les obstacles culturels et financiers qui barrent l'acc~s auX informations scientifiques et techninues, l'efficacité de la

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des demandeurs pour faire fvoluer leurs propres situations. Par ailleurs, les boutiquiers de sciences ne souhaitent pss . . intenir durablement ls demande sociale sous tutelle; une fols "fduqüf" (c'ut

a

dire, ayant appris

a

'tabl1r un dialogue avec les milieux scientifiques), le public fera de molns en Molns appel lIeurs services. Les Boutlques de Sciences ont alnsl

a

coeur de crfer les conditions de leur propre disparition; ce qui montre que leur projet n'a paa en sal de finalitf politique, au sens où il ne conduit pas 1 une prise de pouvolr.

II. Le Sch'ma de Fonctionnement.

Chaque actlon d'une Boutique de Sclences prend Son polnt de d'part dans un

probl~me concret posf par un "demandeur". Le sch'ma gbi§ral de traitement d'un dossier comporte les quatre i§tapes sulvantes:

1. Accueil et la formulation d'une question scientiflque. Au cours d'un premier entretien, le demandeur explique la sltuation qui l'a amen'

a

poser une question

a

la Boutique de Sciences. L'objet de la discussion est d'appr'hender avec le demandeur ce qui, dans sa requ~te, est susceptible de relever de la dfmarche scientifique, et de for~uler une question scientifique pri§cise.

2. La recherche de consultants scientifiaues. Au cours des ri§unions r'guliêres des "membres sctifs" de ls Boutique, les nouvelles demandes sont discutfes. Pour les dossiers acceptés, un "médiateur" est design' qui assurera le suivi de la demande. Le deuxième 'tape consiste alors 1 trouver des consultants scientifiques compétents et volontaires pour r'pondre

a

ls question pos~e. Ces consultants sont recrutés parmi les personnels des universit's et orgsnismes publics de recherche. Le médiateur cherche à établir un contact direct entre demandeur et consultants. 3. La réalisation du travail scientifique. Le travail scientifique lui-m~me peut prendre plusieur. formes: une étude documentaire; des analyses; un programme de recherche; la mise au point d'une technologie; ou encore une sniœation ou formation scientifique. Le rôle du mfdisteur est d'encourager le demandeur de suivre le travail scientifique et, si possible, d'y participer; et r'ciproquement, de stimuler l'intérêt des consultants pour la situation sociale qul a donn' lleu

a

la demande.

4. L'utilisation du rapoort scientifique. Finalement, un rapport scientifique est fourni au demandeur, qui l'utilise slors pour agir psr rapport 1 son problème initial. Le rôle de médiateur est d'une part de s'assurer que le rspport scientifique est compréhensible pour le demandeur; et d'autre part, d'évaluer l'efficscit' de l'utilisation du travail scientifique pour faire Avoluer la situation originale. Ainsi se déssine, rétrospective~ent,la condition essentielle pour l'acceptation des demandes : le demandeur doit posséder des movens - et des motivations - suffisants pour rendre crédible la possibilité de modifler effectivement sa propre situation.

(4)

III. Les Usagers des Boutiques de Sciences et la nature de leurs demandes. L'expérience des Boutiques de Sciences montre que le schéma de fonctionnement décrit ci-dessus est opérationnel. En 1984, les 12 Boutiques de Sciences en France ont reçu des centaines de demandes, ~ un rythme moyen de 2 ou 3 par Boutique par semaine; dans 801. des cas, les Boutiques ont été en mesure d'apporter des éléments significatifs de réponse. En même temps, cette pratique a rencontré - et soulevé - de nombreux problèmes, dont le plus intéressant est peut-être la difficulti

à maintenir un équilibre entre les deux aspects de la science comme (a) une acclmulation de savoirs vrais, et (b) une remise en question du savoir par une attitude critique. En cherchant ~ caractériser le rapport entre les demandeurs et la connaissance scientifique, on peut distinguer trois grandes caté~ories.

1~ Rapport "utilitaire". La plupart des questions émanant d'acteurs économiques (PMI, PME, entrepreneurs, artisans, inventeurs, des particuliers posant des question' en relation avec leur activité professionnelle) sont relativement peu problématiques Les questions sont généralement précises et bien délimitées (par ex. un constructeur naval qui voudrait savoir si l'encrassement des moteurs provient d'une contamination du fuel par des micro-organismes); et une réponse du type (a) est généralement appropriée.

2. Rapport de "caution scientifique". Les questions émanant du milieu associatif ou syndical sont très souvent des demandes de lêgitimation de la raison sociale du demandeur. (Ex: La Ligue pour la Liberté des Vaccinations, qui aimerait savoir (1)

que les vsccinations sont (i) inutiles et (ii) iatrogènes.) Il s'agit très souvent de situations conflictuelles, typiquement dans les domaines des conditions de travai: ou la défense de l'environnement. Ces demandes sont particulièrement intéressantes - et délicates - à traiter, car il s'agit de fournir des êléments du type (a) afin de satisfaire le demandeur, mais savamment dosés avec des éléments du type (b); car ce n'est .p.!!!. le rôle d'une Boutique de Sciences de "prendre en charge" le demandeur, ni de s'identifier corps et âme avec lui dans une attitude complaisante.

3. Rapport à l'imaginaire. Les questions posées ,par des particuliers sans relation avec leur activité professionnelle sont très souvent dans cette catégorie. On peut

distin~llerdeux sous-catêgories: (i) des demandes qui expriment une crainte

(typiquement par rapport aux technologies nouvelles ou la médecine); et au contraire (ii) des demandes qui expriment une attitude euphorique, un dêsir de participer à l'aventure de la scieuce (ex: uu inventeur qui croit avoir trouvé un remède miracle contre le canc~r). En fait ces deux sous-catégories sont moina contradictoires qu'il n'apparait, car elles proviennent toutes les deux d'une méconnaissance de la science et le sens de sa démarche; et dans les deux cas, une information exacte sur l'état réel des connaissances scientifiques est, de fait, une réponse démystifiante de type (h).

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IV. Conclusions.

Les Boutiques de Sciences reprêsentent une pratique de mise en relation directe de pensée scientifique et vie quotidienne. Sur la base de 3 ans d'expErience, on peut dire: 1. Les sciences et les techniques interviennent dans quasiment tous lea domaines de la vie quotidienne, comme en têmoigne l'extraordinaire diversltê des centaines de demsndes enregistrées par les Boutiques de Sciences.

2. Les questions et problèmes ainsi posées, pris cas par cas, sont effectivement un

excellent point de départ pour une pêdagogle active de "mise en culture" des sciences et techniques.

3. L'éducation scientifique donnée actuelleMent,

a

tous les niveaux, comporte de toute évidence de graves lscunes, car les boutiquiers ont conststê:

- du côté du public, une profonde ignorsnce du sens de la démarche scientifique. En effet, la science est perç~e simultanéMent cc.me une fée magique capable de résoudre tous les problèmes, et en même temps comme une source anxiogène de méfaits; - du côté des chercheurs scientifiques, un désintérêt pour la signification et les

conséquences de leur travall au niveau de la vie quotidienne de la populaUon. 4. La formule des Boutiques de Sciences représente une possibilité Intéressante qui pourrait contribuer

a

rémédier à cet état des choses.

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