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Que notre véritable Saint Patron se lève s’il vous plait!

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Academic year: 2021

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Que notre véritable Saint Patron se lève s’il vous plait !

En avril 2004, la maison d’édition bien connue Elsevier a souligné la Journée des bibliothécaires (International Special Librarians Day), coïncidant par pure coïncidence avec la fête de Saint Georges1 (23 avril). En effet, c’est plutôt vers Saint Jérôme que nous devrions lancer des fleurs en une telle occasion…

Comment parler du bibliothécaire le plus célèbre de l’histoire (ou du moins l’un des plus célèbres), le bien nommé Saint Jérôme? Bien avant l’invention de l’imprimerie, c’est à un érudit de l’Église catholique que revient ce titre. Encore mieux : la vie tumultueuse de notre « héros » tranche radicalement avec le stéréotype de la profession, voulant que le bibliothécaire soit de nature calme et austère. En effet, le saint bibliothécaire dont nous parlons ici avait un caractère irascible et la langue bien pendue (on lui doit par exemple une controverse avec le non moins célèbre Saint Augustin). C’est donc à Saint Jérôme que revient, parmi d’autres titres, celui de patron des bibliothécaires. Ce saint homme, dont la célébration annuelle est fixée au 30 septembre, est également associé aux métiers de traducteur et d’archéologue.

Saint Jérôme est né autour de 342 à Stridonius, petit village près de l’Adriatique. Peu de choses sont véritablement connues sur lui. Habile traducteur, Jérôme devint tour à tour latiniste et helléniste, langues dont il tirait, dit-on, grand plaisir. Il prit même l’initiative d’ouvrir un atelier de copistes. Il eut aussi l’ambition de fonder une bibliothèque

religieuse en transcrivant les livres de Saint Hilaire, les commentaires des Psaumes et la Chronique d’Eusèbe de Césarée. La détermination dont il fit preuve dans la rédaction d’une vaste correspondance lui valut le poste de secrétaire du Pape Damase. Amateur de voyages, il parcourut la Grèce, surtout Athènes, la Bithynie et la Galatie. Après des études de la langue hébraïque, son travail le plus ambitieux consista en une traduction de la Bible en latin, texte qui fut par la suite adopté lors du Concile de Trente et accepté comme version « officielle » de la Bible : c’était la Vulgate. Ce travail fut à nouveau reconnu en 1907 par le Pape Pie X qui confia à l’ordre bénédictin la tâche de réviser le texte de Saint Jérôme. Il mourut possiblement le 23 septembre 420 (419 ?) selon la Chronique de Prosper, puis enterré à Bethléem, avant d’être transporté à la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome.

Dans l’art, Jérôme est parfois représenté en compagnie d’un lion (vers 1499 – 1502), symbolisant la bravoure et le zèle devant la foi, préfiguré par le Christ en croix. Plus prenant : dans le tableau de Caravage (vers 1606), on le voit assis prostré sur un livre ouvert, devant lui un crâne également disposé sur un livre ouvert, comme regardant l’érudit. La vie et la mort se rencontrent dans le vis-à-vis des crânes lisses, tous deux rattachés aux livres, enlignés suivant un même plan horizontal. Souvent habillé d’un chapeau rouge et d’un manteau cardinalice (rappelant un titre non validé par

l’histoire….), on le retrouve tantôt entouré de livres, tantôt se frappant la poitrine avec un caillou, tantôt « dominé » par une trompette retentissant au-dessus de sa tête.

Durant la dernière étape de sa vie, vers 382, Jérôme fonda un monastère vers avec une « amie », Paula, veuve et mère de cinq filles, et dont on mit en doute la relation avec

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Jérôme. À ce premier monastère s’ajouta un second puis un troisième servant à loger Paula et ses filles. C’est à cette époque que Jérôme tint ses propos les plus lapidaires, spécialement contre les idées protestantes. Plus apte à la polémique qu’à la théologie, Saint Jérôme engagea un débat qui dégénéra rapidement : un incendie, vers 416, détruisit les monastères de Jérôme et de Paula. Néanmoins, il semble que Jérôme ne posa aucun jugement sur cet acte « criminel », bien qu’il eût des soupçons sur ses instigateurs soit disant hérétiques. « Mieux vaut manger son pain sec que de perdre la foi ! », disait-il. Paula mourut en 404. Jérôme, devenu malade, demeurait maintenant seul avec l’une des filles de Paula. Lentement, le travail de pionnier de Jérôme allait s’éteindre. Une abbaye fut ouverte à Rome en 1933 par Pie XI pour mener à bien l’entreprise de la Vulgate, amorcée par Jérôme et reprise par l’ordre bénédictin sous la gouverne de Pie X en 1907. La dernière parution des livres de Esdras, Tobie et Judith fut publiée en 1950.

Il est intéressant de noter que l’on trouve également un patronage des bibliothécaires chez deux autres saints personnages :

 Adulée au Moyen Âge et fêtée le 25 novembre, Catherine d’Alexandrie, vierge et martyre, mourut décapitée et charcutée. Réputée pour sa grande beauté et sa culture, Catherine est reconnue comme étant la patronne des bibliothèques, des bibliothécaires, des enseignants et des archivistes. Ses habiletés à discourir l’associent également aux plaidoiries des avocats. Figurant au calendrier des saintes et saintes auxiliaires, on la retrouve également parmi les mourants, les aiguiseurs de couteaux, les domestiques, les infirmières, les philosophes, les secrétaires et, bien sûr, les filles célibataires ! Sa vie étant truffée de légendes, elle fut destituée du calendrier des Saints en 1969.

 Saint Laurent, quant à lui, est associé aux archivistes, aux armuriers, aux bouchers et aux blanchisseurs.

Jacques Messier

Bibliothécaire professionnel, Bibliothèque des Lettres et Sciences Humaines, Université de Montréal

Jacques.messier@umontreal.ca

Notes de fin de document

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1 En Espagne, la fête de Saint-Georges est soulignée par une distribution de cadeaux à laquelle les bibliothèques sont appelées à participer.

Bibliographie sommaire

Guiley, Rosemary. 2001. The Encyclopedia of Saints. New York : Facts on File, Checkmart Books, 419 p. Bénédictins de Paris. 1935-1959. Vies des Saints et des Bienheureux selon l’ordre du calendrier avec

l’historique des fêtes. Paris : Letouzey et Ané, 13 v.

Pierrard, Pierre. C1976. Larousse des prénoms et des saints. Paris : Larousse, 225 p. Managing Information. 2004. Managing Information. London : Managing Information

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BiblioAcid. 2004. BiblioAcid. Angers, Aix-en-Provence : BiblioAcid [http://www.biblioacid.org/]. Catholic Online. 2004. Catholic Online. Bakersfield : Catholic Online [http://www.catholic.org/]. Fondation Jacques-Édouard Berger. 2004. Fondation Jacques-Édouard Berger. Lausanne : Fondation Jacques-Édouard Berger [http://www.bergerfoundation.ch/index_french.html].

The Catholic Community Forum. 2004. The Catholic Community Forum. St.Louis : The Catholic Community Forum [http://www.catholic-forum.com/].

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