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Examen des textiles découverts en 2010 sur la fouille de Lourdoueix-Saint-Michel, « place de l’église » (Indre)

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Texte intégral

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HAL Id: hal-01528613

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01528613

Preprint submitted on 29 May 2017

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Examen des textiles découverts en 2010 sur la fouille de

Lourdoueix-Saint-Michel, “ place de l’église ” (Indre)

Delphine Henri

To cite this version:

Delphine Henri. Examen des textiles découverts en 2010 sur la fouille de Lourdoueix-Saint-Michel, “ place de l’église ” (Indre). 2017. �hal-01528613�

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36 099 018 AH

Lourdoueix-Saint-Michel, « place de l’église » (I. Pichon)

Delphine Henri-Larré doctorante en archéologie allocataire - moniteur

CITERES UMR6173 - université de Tours / CNRS Laboratoire Archéologie et Territoires

Examen des textiles découverts en 2010

Deux prélèvements examinés, sans immatriculation. Ont été distingués le lot 1 (une phalange, deux anneaux en alliage cuivreux, des restes textiles*1) et le lot 2 (des restes textiles, des perles en verre et des fragments de tige en alliage cuivreux).

Ces textiles ont été découverts dans une sépulture (F.27, US.1134) dont n’a été fouillé que le niveau de l’abdomen et du bassin. Le corps est installé dans un cercueil, rempli de terre au moment de la fouille ; les phalanges visibles ainsi que les lots 1 et 2 ont été prélevés. Le squelette, en très mauvais état de conservation, n’a été ni prélevé ni identifié (sexe, âge). L’inhumation est datée du 19e siècle par la stratigraphie.

Description

L’agencement des éléments dans le lot 1 est précisément celui qu’ils avaient lors de leur découverte. Une phalange est insérée dans deux anneaux en alliage cuivreux. Cet os est relié par quelques fils aux bagues, permettant de restituer sa position originelle. Au gros anneau et à la phalange adhèrent des textiles dont une partie est minéralisée*. Les deux bagues ont été reliées par des fils minéralisés, aujourd’hui rompus.

Les éléments du lot 2 n’ont plus leur position initiale en raison du processus de prélèvement. Des éléments végétaux ont été observés (fleurs ? graines ?).

Observations préliminaires (10 décembre 2010)

Lot 1 :

Deux couches de textile, au moins, sont visibles. La couche supérieure ne comporte plus qu’un système de fils, le second a disparu. Elle présente les mêmes caractéristiques que le tissu* sous-jacent. La couche inférieure est une toile*, en partie souple et en partie minéralisée.

Les fibres des deux systèmes de la toile sont apparemment des poils animaux (à vérifier au microscope), assez long (plus de 3 cm). Les fils ont une torsion* moyenne, z pour la chaîne* (?), s pour la trame* (?). Les fils de chaîne sont bruns, presque noirs (diamètre 0,3 mm) ; ceux de la trame sont marron (diamètre 0,4 mm). Aucun apprêt* n’a été observé. La réduction* est respectivement de 22,5 fils / cm et de 19 coups* / cm. La toile est visible au grand maximum sur 1 x 3 cm.

Sur le chaton de la chevalière (plus précisément sur le blason), les sels de corrosion adoptent une forme très régulière, malheureusement très imprécise. Il pourrait s’agir d’un textile dont les fils seraient plus fins que ceux de la toile précédemment mentionnée ou bien d’un motif héraldique.

Lors d’un examen préliminaire, un textile minéralisé a été observé sur la face interne de la chevalière. Les fils semblaient de taille équivalente à celle de la toile la recouvrant, mais

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aucune mesure n’a été prise. Ce textile n’a pu être observé à nouveau, en raison de la fragilité de l’assemblage. Les deux couches se recroquevillent autour des deux anneaux ; aucun lien direct n’a été vu entre ces deux couches souples et le textile minéralisé à l’intérieur de la chevalière.

Lot 2 :

La toile a les mêmes caractéristiques techniques (réduction, torsion des fils, …), bien que plus dégradée. Il semble que ce soit la chaîne qui a disparu. Des fils de trame adoptent la forme d’épingles, attestant de la présence d’une lisière dans le tissu. La plupart des fils de chaîne ont disparu ; les fils de trame restent solidaires car soudés par les fluides de putréfaction. Cette toile a pu être différente de la précédente par la nature de ses fils de chaîne, comme le laisse supposer la conservation différentielle de ses fils (fibre végétale ? teinture particulière ?). L’analyse de la fibre des fils de chaîne restant le confirmera, si elle n’est pas trop dégradée. Un tissu plus fin est présent ; le plus grand fragment mesure (plié) 1,2 x 0,5 cm. Il est relativement souple et porte des traces de matières organiques décomposées (sans doute des tissus humains). Il s’agit d’un sergé* 2 lie 2. La fibre est discontinue (à analyser). Les fils des deux systèmes ont une torsion moyenne z et un diamètre d’environ 0,2 mm. Le sergé est uniformément marron.

Note : le sens chaîne / trame a été établi, pour les besoins de la description, sur le principe suivant : la chaîne a des fils plus fins, plus denses et plus ondulés que la trame. Aucun élément plus significatif n’a été observé pour ce sujet.

Interprétation

La toile sans apprêt est le textile le plus courant au fil des siècles, et ce depuis le Néolithique. Sa présence ici est donc relativement peu significative. La lisière présente au niveau des mains pourrait être l’extrémité d’une manche, dont la coupe utiliserait la lisière afin d’économiser un ourlet, ou un bord du suaire*. La différence de couleur des fils (chaîne / trame) indique un traitement différent de la fibre. Peut-être s’agit-il de fibres de nature différente. Plus certainement, les fils (ou fibres) avaient des couleurs (artificielles ou naturelles) différentes ; ce phénomène n’est plus visible qu’à la loupe binoculaire, le temps en ayant harmonisé l’ensemble.

La présence de textile au-dessus et dans les anneaux entraîne deux hypothèses ; une observation plus complète, malheureusement impossible, aurait permis de trancher. La toile visible peut, dans les deux cas, appartenir au suaire ou à un vêtement (manche). Le textile aperçu dans la chevalière peut être un fragment d’un vêtement porté sous une bague, c’est-à-dire un gant. Il peut aussi faire partie du suaire : lors de la décomposition, le suaire a cédé aux endroits les plus faibles. La présence des bagues a favorisé sa conservation. Le fragment s’est alors recroquevillé sur lui-même, occupant une partie de la place laissée par la décomposition du doigt. La suite du processus a permis la minéralisation du textile directement au contact, sous la bague. Le lien physique avec le reste du tissu (souple) s’est rompu. Ce raisonnement peut aussi être tenu avec un gant porté au-dessus de la bague (ce qui paraît improbable, étant données les dimensions imposantes de la chevalière).

La minéralisation d’un textile (c’est-à-dire son emprisonnement dans des sels de corrosion métalliques) peut avoir lieu à tout moment tant qu’un textile est en contact avec un élément métallique. Il faut simplement que le textile soit conservé au moment où le métal se corrode. L’examen des caractéristiques techniques du fragment minéralisé à l’intérieur de la bague aurait permis de conserver ou d’exclure cette dernière hypothèse. Rien n’empêche, bien entendu, que le vêtement ait été fait dans un tissu aux mêmes caractéristiques que le suaire. Cette dernière possibilité n’a pour but que de démontrer la fragilité d’un raisonnement sans

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cet examen ; un gant en toile de moyenne grossièreté n’ayant aucun attrait, ni esthétique ni pratique.

Les plis présents pourraient être indicatifs de la nature du sergé. En effet, un contact étroit entre les plis d’un fragment de sergé et une des perles de verre du chapelet permet de supposer que le sergé était originellement sous le chapelet, probablement sous les phalanges. En effet, le sergé posé sur ces perles n’en aurait pas aussi bien adopté le profil. La finesse de ce tissu a permis une empreinte fine de ces perles, fossilisée (si l’on peut dire) par les liquides issus de la putréfaction du corps. Le sergé porte en outre de nombreuses traces d’oxydation vertes, qui proviennent sans aucun doute de la chaînette du chapelet (des éléments de cette chaînette ont été retrouvés).

L’interprétation de ces restes textiles s’appuie principalement sur leur relation avec les autres restes archéologiques (os humains, bague, chapelet). La bonne localisation relative de ces éléments conduit à restituer une inhumation habillée, le tissu du vêtement au niveau de l’abdomen étant le sergé 2 lie 2. Il est impossible de préciser si les mains étaient couvertes de gants ou non. La fonction de la possible deuxième toile (avec des fils en matière végétale) n’a pas été déterminée, malgré la présence d’une lisière. L’ensemble serait recouvert par un suaire en toile (en matière animale ?).

Les caractéristiques techniques observées sont celles de tissus raffinés (finesse des fils, régularité du tissage) mais relativement communs et ne permettent donc pas d’en proposer une origine géographique.

Compléments possibles

Comme mentionné plus haut, l’analyse des fibres permettrait de préciser les interprétations. En effet, les premières fibres artificielles sont apparues à la fin du 19e siècle (premier brevet 1884, rayonne viscose ; CIETA 2001). Leur présence ici offrirait un terminus post quem à cette sépulture.

De plus, un examen des sources écrites sur les pratiques funéraires du 19e siècle (période supposée de l’inhumation) permettrait une comparaison avec cette sépulture. En effet, peu de cas archéologiques sont recensés pour cette période, pourtant si proche (peut-être un peu trop).

Conditionnement

Le lot 2 a été placé dans une boîte en plastique non neutre et calé à l’aide de mousse neutre en polyéthylène Ethafoam®. Pour le lot 1, un petit cube d’Ethafoam® a été évidé (5 cm de côté), doublé pour la moitié basse de Mélinex®. Les deux boîtes ont été placées dans une boîte plastique plus grande et calées à l’aide d’Ethafoam®.

Conseils de conservation

La boîte doit être conservée entr’ouverte afin de permettre une circulation d’air. Elle doit être gardée à l’abri de la lumière et des variations de température de d’humidité.

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Annexes Photographies

fils détissés et toile sous-jacente (lot 1)

sergé 2 lie 2, toile et toile détissée

Schémas techniques

Par convention, on représente, sur les schémas représentant l’armure* d’un tissu, les fils de chaîne verticaux et les fils de trame horizontaux.

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Armure toile Armure sergé 2 lie 2

Schémas et photographies D. Henri-Larré

Glossaire

Apprêt : travail du textile après tissage afin d’en améliorer la qualité.

Armure : mode d’entrecroisement des fils de chaîne et de trame (CIETA 2005 : 1).

Chaîne : fils tendus dans la longueur du métier et qui sont passés dans les organes chargés de les actionner (CIETA 2005 : 6).

Coup : passage d’une navette (et fil de trame qu’elle transporte) au travers des fils de chaîne (CIETA 2005 : 10).

Minéralisé : qualifie un textile conservé par des sels minéraux ou par des produits de corrosion métallique ; il s’agit d’une empreinte, en creux ou pleine.

Réduction : nombre de fils en chaîne et en trame contenus dans un carré de un centimètre de côté.

Sergé : armure caractérisée par des côtes obliques, obtenues en déplaçant d’un seul fil de chaîne (vers la droite ou vers la gauche) tous les points de liage à chaque passage de la trame (coup). Un sergé est défini par une suite de nombres qui indiquent la longueur respective des flottés et des liages (CIETA 2005 : 44).

Suaire : matériau souple utilisé pour contenir un corps. Un linceul est un suaire en toile de lin. Textile (en anglais fabric) : terme général désignant une construction fibreuse (BALFET, DESROSIERS 1987).

Tissu (en anglais textile) : textile tissé.

Toile : armure la plus simple, dans laquelle les fils de chaîne pairs et impairs alternent à chaque coup, au-dessus et au-dessous de la trame (CIETA 2005 : 49).

Torsion : les fibres sont toutes assemblées par une torsion, plus ou moins importante. Cette torsion est qualifiée de « s » ou de « z » selon son sens. Il arrive, notamment pour les fils de soie, que la torsion ne soit pas appréciable : le fil est alors STA, sans torsion appréciable (voir ci-contre).

Trame : ensemble des fils passés au travers des fils de chaîne pour constituer un tissu (Le Petit Robert 2004 : 2656).

Bibliographie

BALFET H., DESROSIERS S. 1987 - “Où en sont les classifications textiles ? “, Techniques et culture 10 : 207-212.

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CIETA (Centre International d’Étude des Textiles Anciens) 2001 – Le procédé viscose, tapuscrit.

CIETA 2005 - Vocabulaire français, Lyon, CIETA (1ère édition 1973).

Références

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