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Emploi, famille, logement : quels outils pour mesurer les conséquences des mobilités résidentielles ?

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Emploi, famille, logement :

quels outils pour mesurer les conséquences des mobilités

résidentielles ?

« La multilocalité résidentielle : quelle méthodologie des approches statistiques » SAGE et GIS « Mondes Germaniques »

Strasbourg, 22/02/2013

Thomas Sigaud

Doctorant en sociologie (4e année)

IRISSO, Université Paris Dauphine thomas.sigaud@dauphine.fr

Tantôt notion, concept ou métaphore, la mobilité est aujourd’hui au cœur d’ambitieux projets de recherche en sciences sociales. Après des travaux fondateurs remontant aux années 1990 (Augé 1992 ; Castels 1996 ; Kaplan 1996 ; Bauman 2000), elle a été mise au fondement d’une nouvelle ambition paradigmatique (Urry 2000). Le « nouveau paradigme des mobilités » (Sheller et Urry 2006) a maintenant sa revue spécialisée, Mobilities, son manuel (Adey 2010), ses entreprises réflexives (Cresswell 2010, 2011). Il s’appuie sur des objets d’une grande légitimité sociale et scientifique. Cette légitimité est fondée par

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2 exemple sur la réelle demande qui s’exprime autour des questions liées à la gestion économique, politique et sociale des déplacements, ou sur l’importance des problèmes encore soulevés par le développement de « nouvelles » formes de mobilité comme les mobilités numériques. Le paradigme des mobilités tire sa force de sa prétention à saisir l’activité sociale dans son ensemble : après tout, n’est-il pas vrai que « all the world is on the move » (Sheller et Urry 2006, p. 207) ? Une abondante littérature s’est donc développée au fil des années dans le sillage de ce nouveau paradigme, constituant ce qu’on peut appeler les mobility studies1. Ces travaux portent sur des formes aussi variées de mobilité que les déplacements automobiles, le vagabondage, les voyages d’affaire, la navigation sur internet, la marche, le tourisme, la danse, la circulation d’individus équipés de « smartphones », la mobilité imaginaire… Mais dans l’inventaire inépuisable des formes de mobilité qu’étudient les mobility studies, il y a toujours une absente : la mobilité résidentielle.

En effet, on ne trouve aucune trace de la mobilité résidentielle aussi bien dans les travaux fondateurs que dans les récentes contributions synthétiques et programmatiques (Adey

2010 ; Cresswell 2010, 2011 ; Sheller 2011)2. Cette absence est révélatrice de la façon dont

les sociologies des mobilités se sont construites. Car les contributions aux mobility studies partagent toutes la même conception de la mobilité, perçue comme un moyen de dépasser les cadres contraignants hérités du monde industriel. Les individus mobiles peuvent accéder à de nouvelles ressources, réinventer leurs identités, composer leurs trajectoires et leurs modes de vie en puisant dans un monde d’opportunités et de modèles qui n’a d’autres limites que celles de la mobilité elle-même. Ainsi, les mobility studies mobilisent deux figures normatives. D’abord celle de la fluidité, propriété d’un monde désormais fondé sur des mobilités individuelles réversibles et libératrices. Ensuite celle du nomadisme, mode de vie insensible aux frontières et aux dispositifs localisés de contrôle (Makimoto et Manners 1997 ; Knafou, Touraine et Pierret 1998 ; D’Andrea 2006). Or, les mobilités résidentielles ne relèvent d’aucune de ces deux figures normatives. D’abord parce qu’elles ne sont que difficilement et coûteusement réversibles (Schneider et Limmer, 2008) et donc peu fluides.

1 A l’instar de Cresswell (Cresswell 2010, p. 555), on peut choisir de mettre l’accent sur l’unité d’ensemble du

regard que ces auteurs portent sur le monde social tout en gardant à l’esprit que les « mobility studies » regroupent des travaux à de nombreux égards hétérogènes et que tous les auteurs qui y contribuent ne s’identifient pas à la même ambition paradigmatique.

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Il n’y a à notre connaissance qu’une exception : l’article de Metcafle dans la revue Mobilities (Metcalfe 2006), au demeurant fort stimulant.

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3 Ensuite, et les deux sont liés, parce que l’individu en mobilité résidentielle est moins un nomade qu’un sédentaire en mouvement entre deux installations. On peut d’ailleurs noter que les auteurs qui évoquent la mobilité résidentielle (Kaufmann 2011, p. 27-28) sont aussi ceux qui entretiennent un rapport plus distant avec la double figure de la fluidité et du nomadisme (Montulet et Kaufmann 2004 ; Kaufmann et Montulet 2008, p. 52-54). Il n’en reste pas moins que les mobilités résidentielles sont par définition des mobilités, et qu’elles doivent être étudiées comme telles.

Si la mobilité résidentielle ne peut pas être négligée, c’est parce qu’elle a la particularité de mettre en jeu trois dimensions des trajectoires des individus : professionnelle, résidentielle et familiale. En effet, la localisation n’est pas une variable comme une autre ; elle est porteuse de sens et toujours spécifique (Bonvalet et Dureau 2000). Les choix résidentiels des individus les inscrivent dans des territoires, lesquels définissent des ensembles de ressources et de contraintes spécifiques à partir desquelles les individus composent leur mode de vie. La mobilité résidentielle remet en cause ces arrangements localisés et oblige les individus à les recomposer. Ainsi, elle les rapproche ou les éloigne de leur cercle familial (Bonvalet et Lelièvre 2005, 2012 ; Imbert 2005) et de leur réseau de relations amicales (Bidart, Degenne et Grossetti 2011). En termes professionnels, elle les insère dans un nouveau bassin d’emploi et de nouveaux « milieux professionnels » localisés (Bidou-Zachasarien et Poltorak 2008 ; Collet 2008). La mobilité géographique joue aussi un rôle dans le déroulement des carrières, tant dans le secteur privé que dans la fonction publique, en particulier parce qu’elle va souvent de pair avec les mobilités fonctionnelles3. Enfin, sur le plan résidentiel, elle fait circuler les individus entre des territoires qui offrent un parc de logement, un type de bâti et des aménités qui lui sont propres, des lieux investis et produits à la fois par les mobiles et par ceux qui restent (Authier 2001, Collet 2012). En ce sens, la mobilité résidentielle est une « expérience sociale totale » (Kaufmann, 2005, p.123), d’autant plus engageante qu’elle est irréversible.

Cette communication s’inscrit dans le cadre d’un travail de thèse commencé en septembre 2009 à l’IRISSO (Université Paris Dauphine) sous la direction de Thierry Kirat et de François

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Le secteur bancaire est particulièrement connu pour attendre une forte mobilité géographique des salariés voulant devenir cadre ou progresser dans la hiérarchie (Bertaux-Wiame 2005).

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4 Cusin. Intitulée « Entreprise, marché, territoire : les mobilités résidentielles des salariés liées à l’emploi », cette thèse a pour objectif de saisir comment les individus composent et recomposent leurs modes de vie à l’occasion d’une mobilité résidentielle liée à l’emploi, et d’étudier la façon dont ils articulent les trois dimensions résidentielle, professionnelle et familiale de leurs trajectoires. On a d’abord cherché à dresser un tableau de la mobilité résidentielle en France et à rendre compte de l’évolution de ses publics et de ses effets sur les trajectoires individuelles en France. Cette communication propose d’aborder les problèmes méthodologiques que soulève ce questionnement : quelles sources sont-elles disponibles, que permettent-elles et quelles sont leurs limites ? Les différentes sources seront évaluées à l’aune de quatre questions :

- Donnent-elles des informations sur les trois dimensions des trajectoires individuelles ?

- Quelle est leur échelle temporelle d’identification des mobilités ? - Quelle est leur échelle territoriale d’identification des mobilités ? - Permettent-elles de suivre des évolutions dans le temps ?

On se concentrera ici sur la question des conséquences de la mobilité résidentielle, sur les changements observables en aval de la mobilité : promotion ou démotion sociale, changement de statut résidentiel, décohabitation ou mise en couple… Mais parce qu’elle suppose de comparer les situations des individus en amont et en aval de la mobilité, cette réflexion peut permettre de poser la question des conditions sociales de mise en mobilité des individus.

1. Des sources pour étudier les mobilités résidentielles

La mesure de la mobilité résidentielle en tant que telle pose comme première question celle de la source à utiliser (Bonvalet et Brun 2002) ; cette question se pose d’autant plus quand on cherche à saisir l’articulation de la mobilité résidentielle et des autres dimensions des trajectoires des individus. On présentera d’abord les qualités et les limites du Recensement de la population puis de l’enquête Logement, avant de présenter les qualités qui font qu’on a choisi de travailler sur l’enquête Emploi.

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5 Les qualités du Recensement de la population parlent d’elles-mêmes : avec une exploitation au tiers, le Recensement permet en particulier d’adopter des découpages territoriaux très fins là où les autres enquêtes sont vites limitées par leur échantillon et par les règles de confidentialité. L’INSEE met à disposition du public une base de données nommée « Migcom », contenant les variables qui permettent d’identifier les individus ayant un lieu de résidence différent en 2003 et en 20084. Au-delà des difficultés techniques qu’elle peut occasionner (on parle ici d’une base de plus de 18 millions de lignes), l’utilisation de cette extraction du Recensement rencontre plusieurs limites. Tout d’abord, elle suppose de prendre de réelles précautions méthodologiques pour mesurer les mobilités résidentielles. En effet, la période d’observation des mobilités résidentielles est de cinq ans : on dispose du code de la commune de résidence à l’enquête et cinq ans avant l’enquête. Ces informations permettent bien d’identifier les mobiles mais pas les mobilités, notamment les éventuelles mobilités multiples au cours de la période. Il est délicat de produire des taux annuels de mobilité résidentielle5 et donc impossible de suivre les évolutions conjoncturelles de la mobilité. Qui plus est, cette période d’observation des mobilités de cinq ans fait que les caractéristiques de l’individu ont pu changer entre le moment où a eu lieu la mobilité et la date de l’enquête. Plus la période d’observation des mobilités est longue, et plus cet écart peut se creuser. De plus, les Recensements précédents couvrant des périodes de neuf ans, les comparaisons dans le temps sont délicates. Enfin et surtout, la base « Migcom » ne comprend pas d’informations sur les mobilités socio-professionnelles ou les changements de situation familiale. Ces informations sont disponibles dans d’autres extractions du Recensement, mais l’INSEE ne fournit pas de clé d’appariement ni d’identifiant individuel permettant de fusionner les différentes bases. Il n’est donc pas possible, en l’état des données rendues disponibles à la diffusion par l’INSEE, de croiser les mobilités résidentielles et les trajectoires professionnelles ou familiales.

L’enquête Logement est une autre source disponible, qui fait preuve de nombreuses qualités. Comme son nom l’indique, elle est spécifiquement conçue pour traiter des questions liées au logement, y compris les mobilités résidentielles. Son échantillon est très

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http://www.insee.fr/fr/bases-de-donnees/default.asp?page=recensement/resultats/doc/presentation-flux-migration.htm

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Voir toutes les réflexions autour du modèle « migrants-migrations » (Courgeau 1973 ; Courgeau et Lelièvre 2004 ; Royer 2007, 2009 ; Donzeau et Pan-Ké Shon-2009).

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6 confortable (42 000 logements ont répondu à l’enquête en 2006) et elle permet d’établir des séries longues, l’enquête la plus ancienne rendue disponible aux chercheurs étant actuellement celle de 1970. Dans l’enquête 2006, deux blocs de questions sont particulièrement intéressants en matière de mobilité : « mobilité résidentielle entre 2002 et 2006 » et « opinion et projets de mobilité ». Mais l’enquête Logement présente elle aussi plusieurs limites. D’abord, sa période d’observation des mobilités de quatre ans pose les mêmes problèmes méthodologiques que ceux qu’on a évoqués pour le Recensement. Ensuite, elle ne donne aucune information sur la mobilité professionnelle des individus. Enfin, la dernière enquête remonte à 2006 et les dernières mobilités identifiées peuvent donc remonter à plus de dix ans.

L’enquête Emploi permet de résoudre plusieurs des problèmes méthodologiques soulevés par d’autres enquêtes6. Volet français des « Labour Force Survey » organisées à l’échelle européenne, l’enquête Emploi est une des pièces maîtresses du dispositif statistique national. Elle fournit des informations détaillées sur la situation dans l’emploi de plusieurs centaines de milliers d’individus de 15 ans et plus. La première enquête Emploi date de 1950. Elle devait permettre de mesurer l’évolution de la population active et du chômage entre deux recensements. Dans sa synthétique « histoire de l’enquête emploi », Goux rappelle que même résiduel, le chômage était déjà une préoccupation politique (Goux 2003). Jusqu’à ce que les agences publiques de l’emploi soient mises en place et soient en mesure de produire des statistiques de bonne qualité, l’enquête Emploi a été la seule source permettant de suivre l’évolution conjoncturelle de l’emploi et du chômage de manière satisfaisante. Si la mesure de l’emploi, du chômage et de l’évolution de la population active a toujours été l’objectif principal de l’enquête Emploi, celle-ci s’est diversifiée au fil du temps et a progressivement inclus de nouvelles questions permettant d’en faire un usage

proprement sociologique. La périodicité de l’enquête Emploi, annuelle jusqu’en 20027 puis

réalisée en continu avec diffusion des données par trimestres à partir de 2003, en fait un outil particulièrement efficace pour étudier les mobilités. D’abord parce qu’elle permet de

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On pourrait encore évoquer d’autres enquêtes, comme l’enquête SRCV de 2007 qui compte un module « dernier déménagement », l’Échantillon Démographique Permanent (Wolber et al. 1998), le Pannel Européen des Ménages (Gobillon 2001) ou encore les enquêtes DADS qui peuvent être détournées de leur objet initial.

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Son objectif étant de permettre de mesurer les évolutions conjoncturelles de la population active, l’enquête Emploi a été semestrielle entre 1975 et 1981, mais cette semestrialisation étant coûteuse et peu exploitée, l’enquête Emploi est redevenue annuelle en 1981 (voir Affichard, 1987).

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7 suivre les évolutions conjoncturelles de la mobilité résidentielle, ce que ni le Recensement, ni l’Enquête Logement ne permettent. Ensuite parce que les enquêtes annuelles sont rapidement rendues disponibles, permettant de travailler sur des données récentes qui

permettent de rendre compte des évolutions des comportements en matière de mobilité8.

On a ainsi pu accéder par le réseau Quetelet à la livraison 2011 de l’enquête Emploi en janvier 2013. Depuis 1964, et de manière systématique à partir de 1968, les individus sont interrogés sur leur situation un an avant l’enquête. Par la suite, on appellera l’ensemble de ces questions le « bloc n-1 ». Le « bloc n-1 » permet de mesurer deux dimensions des mobilités des individus : la dimension professionnelle et la dimension résidentielle.

L’enquête Emploi est une des meilleures sources, avec l’enquête Formation et Qualification Professionnelle, pour travailler sur les mobilités professionnelles et dans l’emploi9. Le « bloc n-1 » s’est remarquablement étoffé au fil des transformations du questionnaire de l’enquête Emploi, qui s’est progressivement ouvert à des questionnements de plus en plus sociologiques. Sur le plan résidentiel, l’enquête Emploi permet d’identifier les mobilités ayant eu lieu au cours de l’année écoulée. Tout individu déclarant un logement différent en n-1 de celui qu’il occupe en n est considéré comme mobile. Mesurer les mobilités résidentielles sur un an ne permet pas d’identifier les mobilités résidentielles multiples au cours d’une année, ni les individus ayant quitté leur résidence et y étant retourné au cours de la même année, mais cette période d’observation des mobilités sur un an est bien plus satisfaisante que celle du Recensement ou de l’enquête Logement. Au fil des enrichissements du questionnaire de l’enquête Emploi, plusieurs auteurs ont choisi de l’utiliser pour étudier les mobilités résidentielles (Courgeau et Meron 1995 ; Debrand et Tafin 2005, 2006). Après l’avoir comparée au Recensement et à l’enquête Logement, Donzeau et Pan-Ké-Shon ont conclu à la supériorité de l’enquête Emploi pour mesurer les mobilités résidentielles (Donzeau et Pan-Ké-Shon 2009).

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Contrairement à de nombreux travaux de sociologie, de démographie ou d’économie sur le sujet qui exploitent des données anciennes : celles de Nivalainen (2004) sont antérieures à 1996, celles de Van Ommeren et al. (2002) datent de 1992-1993, Tenn (2009) ne dépasse pas 2000…

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Voir récemment Amossé 2002, 2003 ; Amossé et Ben Halima 2010 ; Lemoine et Wasmer 2010 ; Lalé 2010, 2012. Cela dit, et usage ne va pas sans difficultés méthodologiques, par exemple en ce qui concerne la mesure des mobilités internes (Affichard 1987) ou des mobilités socioprofessionnelles (Lalé 2012).

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2. Des résultats tirés de l’enquête Emploi10

Effectivement, l’enquête Emploi donne une mesure robuste de la mobilité résidentielle en France en longue période :

Graphique 1. Proportion de mobiles en France métropolitaine

Note : les dates retenues comme repères correspondent aux changements de méthodologie de l’enquête Emploi.

Champ : individus de 15 ans et plus résidant en France métropolitaine à l’enquête.

Lecture : en 1991, 6% des individus de 15 ans et plus ont déclaré avoir déménagé hors de leur département au cours de l’année écoulée.

La mesure des mobilités résidentielles en longue période par l’enquête Emploi permet de dégager de grands résultats :

 La part de mobiles a diminué de la fin des années 1960 au début des années 1980,

puis remonté jusqu’à la fin des années 2000 et semble suivre à nouveau une légère tendance à la baisse depuis,

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 la part de mobiles est très sensible à la conjoncture ; on peut en particulier noter une

baisse brutale autour de 1975 et en 2009, alors que le taux de mobilité résidentielle intercommunale connaît un pic en 2000.

Il est aussi possible de spécifier la sensibilité de la mobilité résidentielle en suivant les variations du profil des mobiles :

Tableau 1. Sur- et sous-représentation de certaines caractéristiques parmi les mobiles

2003 2008 2011 PCS : Cadres Professions intermédiaires Employés Ouvriers + 62% + 22% - 4% - 49% + 47% + 9% - 17% - 18 % + 19% + 7% + 1% - 24% DIPLÔME :

Master, grandes écoles Bac Sans diplôme + 155% + 67% - 61% + 105% + 91% - 66% + 78% + 73% - 57%

Champ : salariés du privé de 15 et plus résidant en France métropolitaine, ayant connu une mobilité résidentielle interdépartementale au cours de l’année précédant l’enquête

Lecture : en 2003, la part de cadres parmi les salariés du privé ayant connu une mobilité résidentielle interdépartementale était 62% plus élevée que dans l’ensemble des salariés du privé.

On peut par exemple voir que depuis 2008, la sur-représentation des cadres parmi les mobiles a fortement diminué, comme celle des individus les plus diplômés. La crise économique de 2008 a contribué à faire converger le profil des mobiles.

L’enquête Emploi permet aussi de suivre l’évolution de l’effet de la mobilité résidentielle sur différentes formes de mobilité socio-professionnelle des individus :

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10 Tableau 2. Effet de la mobilité résidentielle interdépartementale sur la probabilité de…

2003 2008 2011

Trouver un employ +42% +60% +49%

Monter de PCS +167% +137% +184%

Perdre un emploi +308% +321% +219%

Descendre de PCS +35% +85% +210%

Champ : individus de 15 et plus résidant en France métropolitaine, ayant connu une mobilité résidentielle interdépartementale au cours de l’année précédant l’enquête, hors indépendants. Note : « montent » de PCS employés ou ouvriers qui deviennent cadres ou professions intermédiaires et les professions intermédiaires qui deviennent cadres. « Descendent » de PCS les cadres qui deviennent professions intermédiaires, employés ou ouvriers, et les professions intermédiaires qui deviennent ouvriers ou employés.

Lecture : en 2003, les chômeurs ayant connu une mobilité résidentielle interdépartementale avaient 42% de chances de plus que les autres de trouver un emploi.

On voit bien ici l’ambivalence des effets de la mobilité résidentielle sur l’emploi et la mobilité socio-professionnelle : elle accroît les chances de trouver un emploi et de « monter » de PCS mais aussi celles de perdre un emploi ou de « descendre » de PCS. On peut noter que la mobilité a un effet plus important sur le risque de perdre un emploi ou de descendre de PCS. Cependant, il s’agit là d’une mesure des conséquences de la mobilité professionnelle marquée par de forts effets de structure qu’on peut dépasser par le recours à la modélisation.

L’enquête Emploi permet en effet de modéliser les effets de la mobilité sur la trajectoire socio-professionnelle des individus. On a ici mesuré l’effet de la mobilité sur la probabilité

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11 d’une part de trouver un emploi, et d’autre part de perdre son emploi. Pour ce faire, on a testé deux modèles de régression logistique ayant chacun pour paramètres les mêmes variables : sexe, âge, diplôme, PCS et mobilité résidentielle en trois modalités (pas de mobilité, changement de commune mais pas de département, changement de département). Chacun de ces modèles a été répété pour chaque année de 1968 à 2011, rendant possible de visualiser l’évolution de l’effet de la mobilité résidentielle sur le fait de trouver ou de perdre un emploi. Tous les odds ratios présentés ont été calculés à partir de coefficients hautement significatifs (p<0,0001). Les résultats sont les suivants :

Graphique 2. Effet toutes choses égales par ailleurs de la mobilité résidentielle sur la probabilité d’avoir trouvé un emploi (odds ratios)

Champ : ensemble des individus de 15 ans et plus résidant en France métropolitaine, au chômage un an avant l’enquête, dont l’âge, le sexe, le diplôme et la PCS sont renseignés.

Note : sont présentés ici les odds ratios associés au fait d’avoir été mobile. Un odds ratio inférieur à 1 signifie que toutes choses égales par ailleurs le fait d’être mobile diminue la probabilité d’avoir trouvé un emploi, et réciproquement.

Lecture : entre 2000 et 2001, un chômeur ayant déménagé dans une commune du même département avait 5% de chances de plus qu’un chômeur n’ayant pas changé de commune d’avoir trouvé un emploi (odds ratio=1,05), à sexe, âge, diplôme et PCS égaux.

Entre 2000 et 2001, un chômeur ayant déménagé hors de son département avait 96% de chances de plus qu’un chômeur n’ayant pas changé de commune d’avoir trouvé un emploi (odds ratio=1,96), à sexe, âge, diplôme et PCS égaux.

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12 On voit que la mobilité résidentielle a un effet positif sur la probabilité de trouver un emploi. L’avantage donné par la mobilité a été très faible au cours des années 1980 et 1990 et s’est renforcé depuis. On note aussi que cet effet n’est pas très différent selon le type de mobilité (intra- ou inter-départementale). Au contraire, le type de mobilité a une toute autre importance quand on modélise la probabilité individuelle de perdre son emploi :

Graphique 3. Effet toutes choses égales par ailleurs de la mobilité résidentielle sur la probabilité de perdre son emploi (odds ratios)

Champ : ensemble des individus de 15 ans et plus résidant en France métropolitaine, en emploi un an avant l’enquête, dont l’âge, le sexe, le diplôme et la PCS sont renseignés.

Lecture : Entre 2010 et 2011, un actif occupé ayant déménagé dans une commune du même département avait 13% de chances de moins qu’un actif occupé n’ayant pas changé de commune d’avoir perdu son emploi (odds ratio=0,87), à sexe, âge, diplôme et PCS égaux.

Entre 2010 et 2011, un actif occupé ayant déménagé hors de son département avait 2,7 fois plus de chances qu’un actif occupé n’ayant pas changé de commune d’avoir perdu son emploi (odds ratio=2,69), à sexe, âge, diplôme et PCS égaux.

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13 La modélisation de l’effet de la mobilité sur la probabilité de perdre son emploi montre à quel point les individus sont pénalisés par le fait de changer de bassin d’emploi ou de milieu professionnel local. Ce résultat peut aussi indiquer que les individus qui déménagent hors de leur département peuvent avoir besoin de plusieurs mois voire de plus d’un an pour retrouver un emploi. On note cependant que l’effet de la mobilité résidentielle sur la probabilité de perdre son emploi suit une nette tendance à la basse depuis les années 1970, mais qu’elle augmente lors des années de conjoncture économique difficile comme en 2009.

Parce qu’elle permet de modéliser les conséquences socio-professionnelles de la mobilité, et parce qu’elle permet de « tenir » les modèles sur plusieurs décennies, l’enquête Emploi ouvre de riches perspectives de recherche. On peut étendre ces analyses à la mesure de l’effet de la mobilité sur la mobilité socio-professionnelle, comme le fait de changer de PCS. Cette démarche peut aussi s’appliquer à l’étude des facteurs qui influencent la probabilité d’avoir été mobile ou non au cours d’une année. Surtout, il est possible de comparer le rôle que joue la mobilité résidentielle avec l’effet des autres variables explicatives retenues, et d’étudier l’évolution dans le temps du rapport entre les différentes variables.

3. Les limites de l’enquête Emploi

Malgré ses nombreuses qualités, l’enquête Emploi présente de nombreux défauts et difficultés de traitement. Du fait même qu’elle permet de remonter plusieurs décennies dans le temps, l’enquête Emploi s’est progressivement constituée au fil du temps et des progrès des méthodes de collecte et de traitement des données. Mise au point du sondage aréolaire, informatisation du traitement puis de la saisie, semestrialisation, passation en continu… Remonter l’enquête Emploi est aussi un travail d’archéologue sur la façon dont ont été et sont produits les chiffres. Traiter l’enquête Emploi en longue période suppose de mettre en cohérence des nomenclatures modernes et des nomenclatures abandonnées parfois depuis longtemps, ou encore de retrouver des définitions de termes peut-être évidents en leur temps mais désormais obscurs. Depuis 1968, l’enquête emploi a été révisée quatre fois, en

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1975, 1982, 1989 et 200311. En 2003, l’enquête est devenue trimestrielle et administrée en

continu, ce qui représente le changement le plus important de son histoire. Les enquêtes Emploi peuvent être très hétérogènes, parfois même au sein d’une même série. Par exemple, les changements de périodicité peuvent avoir un impact sur les résultats obtenus. Ce fut le cas en 1990 quand l’enquête a été réalisée en janvier et non en mars, et entre 1977 et 1981 lorsque l’enquête fut rendue semestrielle.

Un autre problème de l’enquête Emploi est la relative faiblesse de son échantillon. Il s’agit certes d’une des plus grosses enquêtes de l’INSEE, mais l’échantillon est poussé à ses limites lorsqu’on travaille sur les mobilités et sur les mobiles. Sachant que la part d’individus ayant déménagé hors de leur département s’établit autour de 3% chaque année, et sachant que le « bloc n-1 » n’est administré depuis 2003 qu’aux individus en première interrogation, qui représentent un sixième de l’échantillon, le nombre d’individus exploitables fond comme

neige au soleil12. En 2003, par exemple, seuls 4 000 individus interrogés avaient changé de

département. Si ce nombre reste confortable, il ne permet cependant pas de multiplier les croisements et les variables de filtre. Les résultats tirés de ce sous-échantillon font souvent preuve de fortes variations d’une année sur l’autre, rendant nécessaire d’avoir recours à des moyennes sur plusieurs années.

Enfin, l’enquête Emploi fournit peu d’informations sur les caractéristiques du logement et la composition du ménage. Plus précisément, le « bloc n-1 » ne traite pas ces questions. Il n’est donc pas possible d’identifier des changements de situation dans ces domaines, et l’utilisation de l’enquête Emploi pour suivre des cohortes d’une année sur l’autre en est fragilisé. L’enquête Emploi, comme toute enquête ayant le logement pour unité d’observation, ne permet pas de de rendre compte de la multilocalité résidentielle13 et l’évolution des configurations familiales et conjugales des individus.

Aussi séduisante que soit l’enquête Emploi, elle rencontre ses limites lorsqu’il s’agit d’étudier un objet spécifique et aussi éloigné des objectifs de cette enquête. On peut alors se demander s’il ne vaudrait pas mieux utiliser des enquêtes ad hoc.

11 Les années de recensement ont été traditionnellement l’occasion de réviser l’enquête Emploi. Pour une

présentation détaillée des évolutions de l’enquête Emploi, voirhttp://www.cmh.ens.fr/greco/enquetes/serieee.php

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Il est d’ailleurs méthodologiquement plus prudent de limiter la mesure des mobilités aux logements entrant dans l’échantillon chaque année, soit un tiers des logements avant 2003.

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4. Ouvrir de nouvelles perspectives ? Une enquête ad hoc

On présentera ici une enquête dirigée en 2009 par F. Cusin et C. Juillard à la Chaire Ville et Immobilier de l’Université Paris Dauphine. Portant sur la demande de logement des classes moyenne, cette enquête s’est entre autres appuyée sur une enquête par questionnaire à laquelle ont répondu 4001 individus actifs résidant en Frane métropolitaine. L’attention portée à la question du logement a permis de révéler que celui-ci est un facteur d’éclatement pour les classes moyennes (Cusin et Juillard 2010), et qu’il joue un rôle discriminant dans la sécurisation des parcours et des trajectoires individuels (Cusin 2012).

Les enquêtés ont été interrogés sur leur dernier déménagement ; un jeu de questions avait pour objectif de saisir les enjeux résidentiels, professionnels et familiaux soulevés à l’occasion de cet événement, en interrogeant les individus sur leur situation avant et après ce dernier déménagement. Plusieurs problèmes méthodologiques sont apparus au fil de la création du questionnaire et, surtout, au fil de son traitement. Ainsi, la passation du questionnaire par internet a posé des problèmes de construction de l’échantillon, notamment pour les individus les plus âgés parmi lesquels les cadres se sont trouvés être nettement surreprésentés. Par ailleurs, la longueur du questionnaire (140 questions hors filtres) a pu mener à une certaine fragilisation des réponses des enquêtés au fil de l’enquête, visible notamment dans le traitement des réponses ouvertes. Enfin, certaines questions semblent avoir été mal comprises par les enquêtés. Par exemple, à la question « votre dernier déménagement a-t-il été motivé par un changement dans votre vie familiale », 200 enquêtés ont répondu « oui » et ont précisé leur réponse en évoquant une perte d’emploi ou une embauche. D’autres questions ont posé problème du fait du décalage entre un questionnement conçu comme fermé alors que les situations réelles n’y correspondent pas toujours. Ce fut le car par exemple quand des enquêtés indiquent qu’ils ne sont pas propriétaires de leur résidence principale et l’expliquent par le fait qu’ils sont propriétaires de leur résidence principale... En rentrant dans le détail des réponses de ces enquêtés, on a pu remarquer qu’il s’agissait d’individus possédant une résidence qu’ils considèrent comme principale mais dans laquelle ils n’habitent pas et qu’ils ont mis en location pour quelques

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16 années en attendant de s’y (ré)installer. Cette incompréhension est déjà un résultat : elle rappelle, s’il en était encore besoin, que le statut résidentiel des individus n’est jamais aussi clair pour eux que ce que le sociologue pourrait être tenté de croire, et que la notion de « résidence principale » n’est ni univoque, ni évidente.

Ces réserves mises à part, l’enquête a permis d’obtenir des informations détaillées sur l’articulation des trajectoires résidentielle, professionnelle et familiale des individus. Ainsi, les propriétaires sont très largement sous-représentés parmi les individus dont le dernier déménagement est lié à une perte d’emploi (28% contre 52% parmi l’ensemble des enquêtés). Plus particulièrement, près de 50% d’individus ayant déménagé suite à une perte d’emploi sont des individus qui étaient propriétaires de leur résidence principale mais qui ne le sont plus. On peut en conclure que des ruptures dans la trajectoire professionnelle entraînent des ruptures dans la trajectoire résidentielle, et en particulier qu’être propriétaire de sa résidence principale ne « protège » pas en cas d’accident professionnel. Les ménages les plus modestes et les accédants à la propriété restent vulnérables. On retrouve ce constat à propos des ruptures conjugales. 49% des individus déclarant que leur dernier déménagement est lié à un divorce ou une séparation sont d’anciens propriétaires qui ne le sont plus. La moitié d’entre eux déclare être hébergé par un membre de sa famille ou par des amis, soulignant le rôle de ressource que joue le réseau familial et amical.

L’articulation des trajectoires résidentielles, professionnelles et familiales apparaît bien quand les individus se prononcent sur les motifs à l’œuvre dans leur dernier déménagement. 43% d’entre eux associent leur dernier déménagement à un changement dans leur vie familiale, 35% l’associent au fait qu’ils n’étaient pas satisfaits de leur logement précédent,

20% à un changement de leur situation financière14, et moins de 2% à un changement dans

leur vie professionnelle. Mais il s’agit là de quatre questions distinctes, et non de quatre modalités d’une même question. Certains individus ont identifié plusieurs motifs différents à leur dernier déménagement alors que, au contraire, un tiers des enquêtés n’en reconnaît aucun. Ce résultat est probablement signe de l’incomplétude du jeu de questions posées et de l’existence de motivations latentes qui n’ont pas été identifiées, mais on peut aussi

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Lequel changement n’est pas nécessairement négatif : le fait d’avoir « fait un héritage » a été souvent spontanément évoqué.

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17 l’interpréter comme une invitation à donner plus d’importance à l’autonomie de la trajectoire résidentielle.

Enfin, l’enquête ad hoc permet de mesurer certains phénomènes difficiles à saisir, comme la décohabitation conjugale. Sur 2493 individus en couple, 57 ont répondu « non » à la question « habitez-vous avec votre conjoint ». Parmi eux, ont peut repérer deux tendances : la forte sur-représentation des 15-29 ans, et celle d’individus dont le précédent logement était un logement HLM. On peut penser que ces individus cherchent à profiter de la rente locative que représentent ces logements dans un contexte de tension sur le marché résidentiel en général et sur le parc social en particulier, et préfèrent avoir recours à la multilocalité résidentielle ou à la décohabitation conjugale plutôt que de « perdre » ce logement.

Conclusion et perspectives

Délaissée par le « nouveau paradigme des mobilités », la mobilité résidentielle soulève pourtant des enjeux majeurs, notamment parce qu’elle engage trois dimensions des trajectoires individuelles : la dimension résidentielle, professionnelle et familiale. De nombreuses sources sont disponibles pour étudier l’articulation de ces trois dimensions, et parmi elles l’enquête Emploi se montre être très séduisante. Elle permet de suivre les évolutions de la mobilité résidentielle et de ses effets année par année et de faire remonter des modèles stables jusqu’à la fin des années 1960.

Mais l’utilisation de l’enquête Emploi a un prix, à savoir les nombreuses difficultés méthodologiques qu’elle soulève. L’enquête Emploi rappelle aussi qu’il n’existe pas d’enquête d’envergure donnant des informations exploitables sur les trois dimensions engagées par la mobilité résidentielle. Le recours à des enquêtes ad hoc ouvre de nouvelles perspectives et permet d’appréhender des phénomènes difficiles à saisir comme la

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18 multilocalité résidentielle. Leur élaboration et leur traitement ouvre des solides perspectives de recherche.

On peut par exemple envisager d’avoir recours à des calendriers rétrospectifs portant sur les trois dimensions ou de s’inspirer de l’enquête « Biographie et entourage ». Ce dispositif d’enquête est séduisant mais lourd pour les enquêtés et rend probablement nécessaire une passation du questionnaire en face à face. Pour alléger le dispositif, il est possible de choisir un ou deux événements fixes pour chaque individu (comme le dernier déménagement mais aussi le départ du domicile parental, ou encore une mise en couple…) et de passer un jeu de questions sur la situation des individus avant et après ces événements.

C’est là que se pose une des questions les plus importantes en matière de mesure de la mobilité résidentielle, de ses conséquences mais aussi des conditions sociales dans lesquelles les mobilités se déclenchent : la question des temps. En effet, les dimensions résidentielle, professionnelle et familiale suivent des temporalités très différentes. Une mutation peut être annoncée six mois ou deux semaines à l’avance ; un individu peut déménager au printemps et se faire rejoindre par sa famille et ses enfants à la fin de l’été ; on peut « prendre le temps » de chercher un logement après une embauche ou une mutation et avoir recours à des arrangements résidentiels temporaires ; un déménagement se « prépare » à l’avance, et les individus ont besoin du temps pour « s’installer ». Les temps se croisent, s’articulent, se télescopent parfois. Le « provisoire » peut durer, le « stable » peut tarder à se mettre en place, le « définitif » peut perdre son sens en quelques mois… La mobilité résidentielle n’est pas instantanée, elle ne saurait se limiter au déplacement des individus, de leur famille et de leurs biens. C’est un processus qui se déroule dans le temps, qui se vit en amont et en aval du déménagement à proprement parler. La mesure des conséquences des mobilités résidentielles gagnerait beaucoup à être inscrite dans les temps et à devenir la mesure de l’enchaînement des formes d’arrangement auxquelles ont recours les individus mobiles. Des enquêtes adoptant cette perspective pourraient apporter un éclairage nouveau sur des phénomènes comme la multilocalité résidentielle ou le « living apart together » et d’apporter des éléments pour nourrir la réflexion sur le statut de ces arrangements résidentiels dont il est toujours aussi difficile de dire s’ils sont l’expression de situations personnelles fortement contraintes, ou de nouveaux modes de vie qui émergent.

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Graphique 1. Proportion de mobiles en France métropolitaine
Tableau 1. Sur- et sous-représentation de certaines caractéristiques parmi les mobiles
Graphique 2. Effet toutes choses égales par ailleurs de la mobilité résidentielle sur la  probabilité d’avoir trouvé un emploi (odds ratios)
Graphique 3. Effet toutes choses égales par ailleurs de la mobilité résidentielle sur la  probabilité de perdre son emploi (odds ratios)

Références

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