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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Technique de l'information et de la communication

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

ATELIER: TECHNIQUE DE L'INFORMATION

ET DE LA COMMUNICATION

.. SCIENCE QUI PEUT

! ..

SYNTHESE :

A. Langaney

Université de Genève Département d'Anthropologie

(2)

Cet atelier a réuni essentiellement des demandeurs d'information sur le thème du fonctionnement des médias. Ce n'est pas le moindre paradoxe de constater que, pour un public déjà informé professionnellement, les moyens d'accès à la diffusion de l'information restent mystérieux.

Beaucoup de questions posées étaient du type: "Comment quelqu'un aussi incom-pétent dans telle ou telle discipline que X de telle chaine de télévision ou y de tel grand journal du soir peut-il avoir accès au micro ou à la publication pour y répondre un tel flot d'inexactitudes?" ou bien "Pourquoi tel journaliste sérieux et compétent n'a-t-il qu'un râle effacé alors que tel autre irres~onsableet sen-sationnaliste occupe sEins cesse le devant de la scène ?".

Les réponses à ces questions tiennent évidemment aux modes de financement et de diffusion de l'information scientifique sur un marché médiatique qui lui est par-ticuli2rement défavorable. Dans la situation actuelle, l'état n'exerce plus aucune politique volontariste au niveau de la culture à la télévision, et la publicité commerciale représente plus de 50% du budget des principales chaines. Dès lors, l'indice d'écoute constitue le seul critère de survie d'une émission, quelle que soit sa qualité. Par nature difficile, l'information scientifique ne peut être concurentielle, dans des compétitions entre chaines, face à des jeux

racco-leurs, des films ou des matches de football. Elle se trouve donc soit condamnée elle-même au raccolage et à la "vulgarisation" au sens propre, ce que les scien-tifiques refusent avec raison, soit reléguée aux heures tardives ou sans audien-ce qui pèsent peu dans les indiaudien-ces d'écoute.

Par ailleurs, il a été rappelé que les grilles de programmes des grandes chaines sont surchargées et que les rares attributions de nouvelles émissions sont complètement accaparées par des lobbies de production technico-commerciaux, dans lesquels les scientifiques consciencieux sont généralement absents. C'est sans doute ce qui explique l'élimination progressive de tous les magazines scien-tifiques • Un autre problème, plus général, tient aux coûts de production. Le rachat d'une heure de série étrangère (américaine le plus souvent) coûte cinq à vingt fois moins cher qu'une heure de production nationale. Il résulte aussi de cette situation du marché que les chaines diffusent plus volontier une série médiocre comme Cosmos que des séries de la BLe dont la qualité a été unanimement appréciée par ceux qui les ont vues. Une solution de ce problème réside, comme pour les films et fictions, dans des coproductions internationales; mais celles-ci sont particulièrement lourdes, longues et difficiles à mettre en oeuvre. Elles posent généralement des problèmes linguistiques très difficiles à réSOUdre.

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Un autre problème évoqué tient à la quantité de travail demandée aux conseil-lers scientifiques pour la réalisation de films ou de séries télévisés. Une bonne collaboration suppose que le scientifique soit présent depuis l'écriture du scena-rio ou du "conducteur", jusqu'à l'enregistrement du commentaire, en passant par le tournage des documents ou des interviews. Dans la plupart des cas, les cher-cheurs ou les enseignants sont beaucoup trop occupés ou trop peu motivés pour avoir une telle disponibilité. La seule solution serait alors d'avoir des assis-tants de réalisation ayant une solide formation scientifique. c'est parfois le cas de certains journalistes contribuant à des séries scientifiques ou médicales, mais c'est loin d'être général.

Le cas de la presse scientifique et de l'information scientifique dans la presse ordinaire a aussi été abordé. Une distinction a du être fait entre les revues subventionnées, directement ou indirectement, destinées aux scientifiques ,t des jour~destinésau grand public. Les premières donnent généralement satis-faction, tant à leurs lecteurs qu'à leurs auteurs, mais restent d'une diffusion très confidentielle. Les seconds vivent sous la loi du marché et rejoignent les ,roblèmes évoqués pour la télévision : les critères de diffusion et les rela-tions personnelles donnent seules l'accès à l'écriture. Dans ~ette

,ourse au lecteur, il est évident que les spécialistes scientifiques ne font gé-léralement pas le poids. Empêtrés dans un jargon professionnel dont ils sont le ,lus souvent incapables de se dépouiller, la plupart d'entre eux sont totalement inaptes à la communication avec le grand public. Même les enseignants scienti-Eiques, habitués à un public "fidèle" par contrainte ne savent guère, à quelques exceptions près, accrocher le public par la plume. C'est sans doute la raison pour laquelle les grands journaux quotidiens, hebdomadaires ou mensuels préfèrent souvent des journalistes de formation quelconque mais aptes

à

la communication, qui s'intéressent à la science, à des journalistes de formation scientifique. Dès lors, les problèmes se posent quand l'information devient complexe et que ces journalistes ne la maîtrisent plus.

Les problèmes de l'information anti-scientifique de la presse sensationnaliste et de la presse du coeur ont été évoqués brièvement. Les participants se sont bor-nés à regretter l'existence d'un journalisme totalement irresponsable qui nuit énormément à la formation scientifique des jeunes, en particulier dans les milieux défavorisés.

(4)

Conclusions: En l'absence de toute perspective de politique volontariste d'in-formation scientifique, il a été constaté que le problème majeur, t~nt à la télévision que dans la presse écrite, spécialisée ou non, était un problème d'in-terface science-médias. Le très petit nombre de journalistes qui produisent, par-lent ou écrivent n'a pas toujours, en dépit d'efforts souvent méritoires, la for-mation qui conviendrait à la digestion d'une information scientifique surabon-dante et de plus en plus complexe. Les scientifiques, enfermés dans leur tour d'ivoire, ne font pas les efforts qui conviendraient, faute de temps ou de com-pétence au niveau de la communication. Ceux qui s'adressent au graLd public le

fon~ le plus souvent,à des fins de raccolage financier ou carriériste, et avec moins de scrupule encore que certains journalistes.

La seule solution qui pourrait éviter ces écueils serait la double formation, scientifique et à la communication, de journalistes professionnels ou de scien-tifiques d'institutions telles que les Musées scienscien-tifiques. Cette formation, à ce jour, s'est toujours faite sur le tas, avec des succès variables.

Il est certain aussi que la responsabilité des informateurs scientifiques -quel que soit leur statut professionnel - ne pourrait venir que d'un sérieuy con-trôle a posteriori de leur production qui, dans l'état actuelle des choses, n'existe pratiquement pas. Les insondables sottises célèbres des vedettes de la science, télévisée ou vulgarisée par écrit, ont égayé les deux séances de notre atelier. Mais aucun remède général tendant à les prévenir n'a pu être envisagé dans l'état actuel des structures de production!

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