LACS DÉNOMINATIONS DU « MOULI N
DAN S
LES CHARTES ITALIENNES DU MOYEN AG E
Le problème se pose ainsi : alors que les mots qui servent à dé-signer le « moulin », tant dans la langue littéraire que dans le s dialectes de l ' Italie, remontent, comme dans les autres langue s romanes, sauf le roumain, à nzölīnunz 1 ; alors que l ' immense majorité des noms de lieu — tons sauf un, à ma connaissance — re présentent, clans la péninsule italique et dans les îles qui s ' y rat -tachent, ce même mdlī,ium ou en sont des dérivés, comme Molino ,
Molini, Mulini, ,liolina.ccio, Mulinacci, Molinazzo, Molinasso, Mo-lincllo, Molinella, Molinetta, 111ulinetto et tant d ' autres 2, dans le s
chartes ties xmu° et xiv° siècles par exemple, ce même nzolinunz es t rare, tandis que la dénomination courante du « moulin », en Ita-lie comme partout ailleurs, est alors nzolendinunz . Mais, fait qu i porte à la réflexion, plus on remonte clans le temps, plus on s'aper -çoit que les cas de nznlendinunz se raréfient, alors que, dans l'Ita-lie centro-méridionale, aquinzolum est fréquent, comme ailleurs , dans le nord et dans le sud, mzolinnnz . Molendinum serait-il dé s lors un intrus, un mot d'origine relativement récente dans le lati n (les chartes italiennes, un tard-venu qui aurait réussi à évincer l e
nzolinttmz antérieur? Ou bien ce molendinunz peut-il, au contraire ,
se prévaloir de toute une tradition, et ne sera-t-il arrivé à s ' im-poser qu'après une lutte d ' égal à égal contre molinum, tous cieu x ayant appartenu au même fonds latin? C'est à ces questions, e n particulier, que nous allons répondre .
Je n ' insisterai pas sur les difficultés qu ' il y a à résoudre ce pro-blème en ayant uniquement comme appui les recherches que j'a i
1. W . Meyer-Lübke, Romanise/tes elymologisches JVörterbuch, Heidelberg, 1911 , n° 5644, p . '113 .
2. Cf . A . Amati, Dizionario corobrafico dell'Italia,t. V, p . 196-209 et48G-1189 .
BULL . DU CANGE . 1932
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PAUL AI3IIISCHEI2 .
pu faire, non point même sur tous les recueils de chartes italienne s publiés jusqu' ici, mais sur ceux qu ' il m ' a été donné de consulter : recueils qui ne représentent qu ' une partie du trésor diplomatiqu e conservé—trésor diplomatique qui, dans son ensemble, ne form e lui aussi, sans aucun doute, qu ' une minime partie de tous les do-cuments qui ont vu le jour au cours des siècles — : ces dilfìculiés , je les ai soulignées à propos d ' une recherche analogue que j ' a i faite naguère l sur le mot capella en Italie . Difficultés qui pro -viennent d ' abord de ce q u ' un travail de ce genre, quoi q u ' on fasse , est basé sur un nombre restreint de faits ; difficultés dues ensuit e à l ' interprétation de ces faits : impossibilité de savoir de faço n précise jusqu' à quel point la langue de tel acte, la langue de tell e série d ' actes, représente l ' usage véritable, savant ou populaire, de tel endroit ou de telle région . De sorte que, comme je le disai s pour capella, les conclusions que je tirerai plus loin sont provi-soires et éminemment sujettes à révision : aussi les ferai-je trè s générales . Mais sur un point, du moins, sur l ' origine extra-ita- . lionne de nzolenclinunz, pour le dire immédiatement, nous abouti-rons à des constatations si précises qu'il ne sera guère possible, s i je ne me leurre, de songer à une autre explication qu' à celle qu i sera donnée .
J'ai cru devoir, dans les pages qui suivent, répartir l'étude des faits suivant les régions . Qu ' on ne m'accuse pas d'ignorance géographique si je situe Bobbio en Piémont ou Gaète clans la cam -pagne romaine : ces noms de provinces auront ici une significa-tion très vaste, très imprécise . Si j'ai joint iel endroit à tell e région, si j'ai coupé l'Ombrie en deux, c'est que j'ai pensé qu'ains i les conclusions ressortiraient plus clairement .
*
Les actes du vnn° siècle, dans toute l ' Italie septentrionale, son t peu nombreux . Et il est compréhensible que, dans ces acte s mêmes, les mots qui désignent le e moulin » ne se rencontren t que rarement : ce ne pouvait être que rarement que l ' on eût à par-ler de moulins et de meunerie . Dans une donation qui aurait l a
1 . P . Aehischer, Esquisse du processus de dissémination de « capella » en Italie , Bulletin du Cange, L . V (1929-1930), p . 5-te ; sur ces difficultés, cf . spécialemen t les pages 11-12 .
LES DIíNOMINATIONS DU (( MOULIN » .
5 1 prétention d ' être datée du 8 septembre 686, en faveur de la cha -pelle des saints Eusèbe et Siria, à Crémone, nous avons — ce se-rait là l ' exemple le plus ancien de la mention d ' un a moulin » dans les chartes italiennes cjue je connaîtrais — dans le dispositif , l ' énumération suivante : « Cum accessibus et recessibus, cum oa-sis, campis, vineas, silvis, edificiis et molino et piscari a l » ; mai s l ' acte est faux . Faux aussi, le diplßme de Liutprand, roi des Lon-gobarcls, en faveur du couvent de S .
Petrus
in Coelo anreo à Pa -vie, daté de 712, où il est question de « xr manses cum decimis . . . molendinis, piscationibus 2 » . Faux encore, l ' acte de donation, e n date du 3 mars 753, fait par le Crémonais Ariprandus en faveu r du monastère de Nonantola, où on lit, dans le dispositif : « Cain oasis et heclifciis, putois, ortis, areis, pratis, molendinis, pascuis , silvis, teri s 3 . . . » De sorte que, pour avoir un témoignage véridiqu e de la dénomination du « moulin » dans les chartes de cette parti e de l ' Italie, il faut en arriver à un document de l ' an 765, par le-quel un certain Cunimund donne à l ' église de Sirmione (c in Gese-nagio prope iluvium Alisionem . . . casaro . . . cum stahulo meo se u molino ad ipsam curtem pertinentem 4 » . Deux ans après, le ro i Didier donne au couvent de S . Salvatore des cours d' eau et de s moulins à Brescia : a Mulinas fluas insimul molentes », etil
pré-cise que « potestatem habeat anni in tempore pars predicti mo-nasterii si voluerit ibi rnolinas habeat ve1 si claudere volueritips a aqua quae ad ipsa mulina clecurrit 5 . . . e . En 768, le prêtre Théo-doald donne à la basilique de S . Agata à Monza (c omnem . . .substaatiam facultatis nieae, tain oasis, carte, orto, area . . . molino , movile et immovile ó » ; dans un échange de biens effectué en 77 1 entre l ' abbesse de S . Salvatore de Brescia et le clerc Andreas , nous trouvons mentionnée une « terra . . . in locum quod nomina-tur Regula, una cum molino et omnia edifitia sua . . . in fluvio
Men-i, F[onti per la] Storia d'if [talia] ; L . SchiaparellMen-i, Codice diplomatico longobardo , val . I, Borna, 1929, p . 2t-25 .
2. H[istoriae] P[atriae] M[onumenta], C[odex] D[iplomaticus] LjangobardiaeJ , col . 7 . Pour la démonstration du faux, cf . col. 6, note 2 .
3. F . S, 1 ., L . Schiaparelli, op. cit., vol . 1, p. 30G ; II, P . M., C . D . L ., col . 30 . C'est très justement que NI, Schiaparelli remarque, p . 305, que ce document n e parait pas dépendre, « per il formulario, neppure in parte, du documento
auten-tico longobardoN .
tt . H . P . M ., C . D . L ., col . 57 . 5 . H . P . M., C . D . L ., col . 63 . G . H . P . M., C . D . L ., col . G6 .
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PAUL A) ISI$CII R .
tie »1; clans un autre échange entre deux clercs nommés Flavia
-nus etFortis, il est question d' un a molino [in territorio Medio-lani] in loeo illo, ubi ante hos annos mollino habuerunt [deu x frères], iterum mollino inibi reclificaverit [son frère] 2 » .
A Crémone comme à Brescia et à Monza et comme clans la ré-gion de Milan, par conséquent, la dénomination du moulin, dan s les quelques textes qui nous sont parvenus, paraît avoir été
mnli-nanz : on trouve une fois seulement mulina à Brescia en 767 . Pa s trace de nzolendinuna au vue siècle dans cette partie de l ' Italie . Mais voici que la situation va changer . Il est vrai que soixante an s ont passé entre la rédaction du dernier acte que nous avons exa-miné et le document dont nous allons nous occuper . Dans le dis-positif d ' un diplôme de 836 par lequel l ' empereur Lothaire donn e à Ava, épouse de Ugo, le domaine de Locati, sur le Lambro, nou s trouvons : « Cum omnibus pertinentiis . ., suis, videlicet . . . silvis , gratis . . ., molendinis vel ennuis adjacentiis 2 . . . » ; clans un autr e diplôme du même empereur, daté de 841, est mentionné le « porto , coins vocabulum est Vulpariolus, coin multorum transitorie asqu e in capot Aildue, corn molitura de molendinis et portoribus osqu e in caput Addue A » : il s'agissait de certains droits accordés à
l ' église do Crémone par Charlemagne . Drues uno confirmation de s biens et des privilèges de cette église, faite en 851 par l'empereu r Louis, il est une fois de. plus question du « porto . . . Vulpariolus . . , outil molitura de molondini s :l », de même que, dans une donatio n des domaines de Guastalla et de Lruzara faite par cet empereu r encore à sa femme Engilberga, sont cités, dans le dispositif, le s a molendinis, aquis aquarunulue decnrsibus° » .
Mais maintint tenait bon, néanmoins . Il apparaît, dans les do-ouulouts ayant trait à la Lombardie, vers Io milieu du ix° siècle , plus fréquemment encore due son concurrent . Dans le texte qu i relate qu'en 842 l'évêque de Crémone Panchoardus dut prouve r devant un envoyé de Lothaire ses droits sur certains biens donné s par Charlemagne à son église, nous trouvons mémo le nzolendi-nrznz de l'acte de 8 411 remplacé par molinnnz : il y est question, e n
1. Il . P. 07 ., C . D . L ., col . 82 , 2. II, P, DI,, C . D . L ., col . 106 . 3. II. P . M., C. D . L ., col, 22J , II . P . M ., C . D . L ., col. 244 . 6 . II. P . M., C. D . L ., col . 290 , 6 . 1L P . M., C, D, L ., col, 386,
LBS DTNOMINATIONS DU « MOULIN » .
effet, du « porto Vulpariolo et molitura de molinis et navium tran-sitoria »1, phrase répétée trois fois clans le document . En 853 ,
deux prêtres donnent à un hôpital « molino . . . in fluvius Lambr o propevico Blatenei m 2
a ;
en 861, des cousins cèdent amollino ill oin fundum Colonea 3 » ; clans une division de biens entre le moin e Sesebertus et un certain Gaindulfus, en 862, est mentionné u n « prato Claussura ad molino . . . ; prato et silva castanea prope mo-lino »4 ; un arrangement entre l' abbé de Saint-Ambroise de Mila n
et le clerc Petrus, en 863, parle d ' un «molino . . . posito in ripa ti e rivo fluvius Lambro non longe a vie() Colonia 5 » ; un acte concer-nant les possessions du monastère de Saint-Ambroise cite ce mèm e moulin ou un moulin voisin : a rnolinoillo . . . in fende Colonia, qu i
esset ediflcatum in riva de rio, qui exit in fluvio Lambro 1l » ; e n 867, une division des possessions entre la basilique de Saint-Am-broise et un autre établissement religieux fait mention d' u n
« Campo ad molino 7 » .
Mais, cependant, clans ces dernières décades du lx e siècle,
molendinunz se rencontre de plus en plus fréquemment . Dans les dis
-positifs ties diplômes impériaux et royaux, d ' abord : diplômes d e Carloman en faveur du couvent de S . Zenone de Brescia en 878 8 e t de son fidèle FIillo l ' an d ' après° ; privilège de Charles le Gros e n 883, où il est question une fois de plus du « portum . . . Vulpariolus . . . cummolatura de tnolendinis1a» ;diplômes de Gui et de Lambert 1 1 de 891 à 898 ; diplômes de Béranger 1° r à partir de 888 12 . Chos e qui mérite d ' être notée, néanmoins : le mot, en règle générale, n e figure que dans les dispositifs, dans des formules telles que « aqui s aquarumve decursibus, molendinis, piscationibus », « carectis , paludibus, molenclinis, aquis aquarumque decursibus » et d ' autre s
1. H. P. M ., C, D . L ., col, 250 . 2. II. P . M., C . D . L., col . 310. 3. II. P. M ., C . D . L., col . 352 . 4. I1. P . M ., C. D . L ., col . 372 . 5. H . P . M ., C . D . L., col . 370 . 6. II . P . M., C . D . L ., col . 392 . 7. H. P. M ., C. D . L ., col . 411 . 8. H. P . M ., C . D . L ., col . 468 . 9. H. P . M., C . D . L ., col . 479 . 10. II. P . M,, C. D . L., col . 577 .
11. F. S . I., L . Schiaparelli, I diplonxi di Guido e di Lancócrto, Roma, 1906 , p . 12, 17, 43, 77 .
12. P. S. I., L . Schiaparelli, IdiplomidiBerengarioI, Roma, 1903, p . 27,36, 43 , 57, etc .
54. PAUL AI;ISISCIIl ;It .
variantes encore . Ce n'est qu'exceptionnellement que nzolendi-lzztnz est employé clans le texte proprement dit : comme clans l a confirmation par Gui, en 891, clos donations faites à l ' église de Modène, confirmation suivie de la concession de certains droits , entre autres de ceux de a fossata cavare, molendina construere , pontes erigere' », confirmation qui a été faite, clans les même s termes, par Lambert en 898 2 , textes oà lnolendinunz, d'ailleurs , est employé encore une fois clans une sorte de formule, dans iul e espèce d ' énumération figée . Et, dans les premières années d u x° siècle, le mot figure, on peut dire, clans les dispositifs de tou s les diplômes et les privilèges de Louis III et de Rodolphe II 3 , d e Béranger I°r encore : dans ces dispositifs, il faut le souligner,
mo-lendinztna règne en souverain absolu, puisque jamais il ne cède l a place â nnolinunz .
Il n'en est pas tout à fait de même, je le répète, en ce qui con -cerne le, texte proprement dit de ces documents . Sans cloute, aux alentours de l'an 900, lorsqu'il y est question d'un moulin, c'es t le terme nzolondinunz qui est employé : en 901, par exemple , l ' empereur Louis, par acte daté de Pavie, confirme les privilège s et les possessions du couvent deTondoto a iii loto qui dicilur Fui -cas tenenteni osque act moleudiva quae suut iu Ticinensi flamin e stubilita~ a ; en 903, Béranger 1°" concède à l'abbé de Bobbi n
« raolonclinum clued nos eideut abbaii per nostrum praecepttun concessimus r5 » ; en 905, le même souverain donne au prêtre
Adel-bertus u molendinum positurain , . . locoqui dicitur Pcun o 5 u et, e n 909, à l'église S . Giovanni Domnarum de I>avic, a in Gannbar o mansos duos alun molendin o 7 a, phrase qui se retrouve telle quell e clans une confirmation dos possessions de cette église par l'empe-reur Rodolphe Il en 924 3 . Et, par ailleurs, on commence à ren-contrer le mot non seulement dans les actes émanant clos chancelleries impériales et royales, mais aussi dans des documents pro
-1. F . S, I ., L . Schiaparelli, I diplomi di Guida c di Lamberto, p . 31 . 2. F . S . L, L . Schiaparelli, op, cil ., p . 09 ,
3. P . S . 1., L . Schiaparelli, T diplomi italiani eli Lodovico Ille Rodolfo Il, Boma , 1910, p . ü, 9-10, üü, etc .
ü . P. S . L, L . Schiaparelli, op . cit ., p . 251 ,
F. S . L, L . Schiaparelli, 1 diplomi di Berengario 1, p . 118 . e . F. S . 1,, L . Schiaparelli, op . cit ., p . '1G!c.
7. F. S . 1 ., L . Schiaparelli, op, cit ., p . 187 .
8. F. S. 1 ., L . Schiaparelli, I diplomi italiani di Lodovico III c di Rodolfo II, p . 105 .
LES DÉNOIYMINATIONS DO « MOULIN » .
5 5 venant de particuliers, plus ou moins haut placés . En 879 déjà , clans une disposition testamentaire de l ' archevêque de Milan Ari-pertus, on trouve mentionné a molendinum unum constructum i n lluvio Lambri s
» ;
plus tard, en 915, clans un échange de terre s entre le comte Diclo et l ' évêque de Bergame Aclelbertus, figure l a formule a ripis, rupinis, molendinis, aquationibus, tolonei 2 », qu i est un compromis entre une formule locale du dispositif et un e formule de la chancellerie impériale ; un texte de 918, relatif a u monastère de Saint-Ambroise à Milan, prévoit qu ' un certai n Adelbertus « cum suos heredes abitare et resedere debead in mo-lendinum ilium juris ipsius monasterii qui est edi(ìcatum in rip a lluvio Lambro, non longe ad villa qui dicitur Colonia, cumque es t iuìbì edificias salaciolas . . . et ipsum molendinum abente molas pa -rias duas corn anatidas, roticinos et scutas et homnem paratur a ad ipsa chias parias molas macinandum 3 n ; en 922, dans le testa-ment d ' un prêtre nommé Restalclus figure la formule « cum mo-lcnclinis et piscariis rl a et, en 924, dans une vente de terres, es t mentionnée une « vïnea in Casale . . . una cran molendinum, rube a et cursum adque vasum aque et piscacionibus 5 » .Mais il parait bien que ce n ' est là qu ' un usage officiel, que c e mot de molendinum ne représente qu ' un terme savant, sans ra-cines dans la langue de tous les jours . Molinuin, en tout cas, o u son féminin, reparaît encore çà et là . Dans un inventaire des bien s et des rentes du couvent de S . Giulia de Brescia, inventaire rédig é aux alentours de 905 clans une langue pleine de vulgarismes, son t mentionnées, entre autres, « in Porzano curie clominica casas IV . . . , molinas II, quae reddunt in anno de grano modia XXX . . . In carte Audalvico . . . molina I quac reddit in anno de grano modia XXXX . . . In curie Calcinade casas II . . . et est molina I . . . In curte Nuvella-ria . . . molina I, qui reddit per annum de grano modia XIl » . Dan s une confirmation, en 910, par Béranger, des privilèges et des pos-sessions de l ' église de Crémone, nous trouvons, une fois de plus , le a porto qui dicitur Vulpariolo . . . cum molitura do molinis e t portoribus usque in capud Acldue », phrase répétée plus loin dan s
1. H . P. M., C . D . L ., col . 493 . 2. H. P . M., C . D. L ., col. 802 . 3. H. P . M., C . D . L., col . 824 . 4. II. P. M ., C . D . L ., col . 854 . 5. H . P . M ., C . D. L ., col . 8GG . 6. H . P . M ., C . D . L., col . 711 .712 .
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PAUL An1ISCIIEl1 .
l ' acte : mais ces cieux phrases sont suivies, à quatre reprises, d e la formule « cura molitura de molendinis », ce qui nous montr e les deux mots s ' affrontant, et ce qui nous fait entrevoir que, à l a chancellerie du roi, naolendinuna gagnait du terrain, puisque c'es t par lui qu'un scribe remplaçait le inolinunz probable du texte qu'i l copiait ou qu'il paraphrasait . Et, quelques années plus tard en-core, en 919, Ardingus, archevêque de Brescia, donnait au cler c Aribertus « oratorium unum, qui est ad onorem sancti Quintini . . . cum molino et aquario Serinas ibidem pertinentem 2 » . Mais il faut arriver ensuite jusqu ' en 995 pour retrouver ce mot, clans un act e par lequel le juge Angelbertus vend au prêtrePetrus,entre autres , « pecia de terra prativa cum mulino in alico super abente, cu m homnis paratura sua da macinandum, clicitur in prato magiore 3 » :
cet exemple, avec tous ses vulgarismes, montre bien que le terni e continuait à vivre, bien qu'on ne le trouve, pour ainsi dire, plu s clans les chartes . Désormais, en effet, nzolendinuna triomphe : o n le rencontre non seulement clans les dispositifs clos actes impé-riaux, mais dans les formules dues à des notaires quelconques , pour des particuliers : « cum molendinis et piscariis adque redi-bicionibus » clans une vente, en 9'i9, faite par le comte Samson a u prêtre Leo 4 ; « una cum molendinis et piscationibus sou porto i n ipso Iluvio Oleo » clans un échange datant de 952, entre l ' évêqu e de Crémone Dagipertus et le prêtre Lupus 5 ; «fundo Camisiano . . , cum piscationibus et molendinis in Iluvio Issio », « oasis et rebus , molenclinas et piscationibus » clans un échange de fiefs entre c e même évêque et le comte Atto en 960 3 ; « molendinis et piscatio-nibus » dans le testament du prêtre Joannes 7 en 975 . Et
molendi-num figure non pas seulement clans ces formules figées : c'est
dé-sonnais le mot usuel lorsqu'il s'agit de rendre l'idée de « moulin » clans les dipl©mes, cola va sans dire — « coni silva que clicitu r Orbitula molendinosque ibi silos », dans une donation du roi
1. II. P . M., C . D . L ., col . 757-759 . Cf . également F. S . L, L .Schiaparelli, I di-plomi diBerengario I, p . 198-200 . 2. 11 . P . M., C . D . L ., col . 832 . 3. H. P. M ., C . D . L ., col . 1584 , 4. II . P . M., C . D . L,, col . 911 . 6. Il . P . D1., C . D . L ., col . 1010 . G . H . P, M ., C . D . L,, col . 1098 et1101 . 7. II . P . M., C . D . L ., col . 1334 .
LES DÉNOMINATIONS DU « MOULIN » .
5 7 Ilugues à S . Remigio de Bereeto en 927 1, de « molendinum ilium , qui est edificatum sub urbem huius civitatis Parma prope port a qui dicitur Pecliculosa 2 » en 935 ; «tria molendina iumta Ticinen-sem urbem in fluvio Catarona 3 » dans une donation de Ilugues e t de Lothaire en 945, et tant d'autres cas du même genre — mai s aussi dans des actes particuliers : en 968, dans un échange de do-maines entre l ' évêque de Crémone et un certain Papius, il es t question de « petias quattuor de silvis . . . cum molendinum unu m in fluvio Marla o 4 » ; clans un autre échange, en 970, effectué entr e Aldegrausus, évêque de Lodi, et un prêtre du nom de Riehardus , d'un « molendinum . . . in fluvio Lambro 5 » ; dans une vente, da-tant de 983, d ' un « molendinum cum ruft et aqua ductula . . . i n loco Laenno a locus qui dicitur rus Saleno 6 » ; dans un échange de biens entre Walpertus, archiprêtre de S . Giovanni de Monza, et Adalhertus, prêtre à Milan, du « molendinum ipsius sancti Iu-liano 7 », en 995 ; dans le testament de Landulfus, archevêque de Milan, de « prope mecliolanensem urbem, ad locum ubi antiquitu s ires Moros vocabatur, id sunt moleudinas duas et alveas seu clu-sas et inisolas » .
De sorte que, à la fin du x e siècle, molendinum était très forte -ment implanté dans le vocabulaire des chartes de Lombardie . So u emploi était si fréquent que l ' on pourrait croire qu 'il était le seu l mot employé pour « moulin », si nous n ' avions le texte de 995 cit é plus haut et si nous n ' avions telle désignation de nom de lieu , comme ce « monasterio Mulinelles . . . cum aqua que dicitur Muli-nelles c », dans la région de Mantoue, en 1037 : humbles et rare s témoins d'un usage ancien du mot .
Et que cet usage de molendinum, à partir du x° siècle, en Lom-bardie, soit pour ainsi dire exclusif, c ' est ce qui est confirmé pa r l ' examen des chartes des régions avoisinantes . Lodi, en plein e
1. I' . S . I ., L . Schiaparelli, 1 diplomi di Ugo e di Lotario, di Berengario e d i Adalberto, Roma, 1924, p . 23 .
2. F. S. I., L . Schiaparelli, op . cit ., p . 114 . 3. F. S . I., L . Schiaparelli, op . cit., p . 231 . 4. II. P. M ., C. D . L ., col . 123G .
5. II. P. M., C . D . L ., col . 1249 .
G . II. P. M ., C . D . L ., col . 1432 .
7. H. P. M ., C . D . L., col . 1580 . 8. H . P . M ., C . D . L., col . 1648 .
9. 1t[egesta] C[hartaram] I[taliae], P . Torelli, Regesto mantovano, vol . I, Roma , 1914, p . 45 .
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PAUL AEBISCIIEIi .
Lombardie, ne connaît naturellement, clans les quelques actes o ù il est question d'un moulin, que nzolerzdinunz, en 970 et en 1039 1 . Mais, pour Padoue, un diplóme de l ' empereur Lothaire, en dat e de 839, contient déjà la formule « cum . . . terris et vineis . . . flumi-nibus, rivis, molenclinis, portubus, ripatibus 2 », formule que l ' o n trouve adoptée par des particuliers dès le commencement d u x° siècle, comme clans l ' acte de 932, où Gontari vend au juge Pe-trus des biens qu ' il possède aux alentours de Ferrare, « cum uni-versis oasis . . . cum familiis et mollendinis seu piscationibus 3 » :
plus tard, au xn° siècle en particulier, c ' est toujours molendinun z qu ' on rencontre — il n ' y a pas trace de nzolinunz dans le Codic e
diplomatie() padovano — mais, sous une orthographe un peu trans
-formée, molandinit,n 4 . Et cependant, là encore, un mot laisse en-trevoir que nzolendinunz n'était pas le nom primitif du moulin : u n acte de 819, par lequel Angnellus et Justinianus, doges de Venise , donnent à l ' abbé de S . Servolo l ' église de S . Ilario avec son ter-ritoire, parle de «tam de nostris molenariis quam de piscatoribu s sive colonis e n : il va sans dire que ce nzolenarius présuppose u n
nzolinunz .
Pour le Piémont — auquel j ' adjoins Bobbio — les textes men-tionnant un « moulin » sont excessivement rares, antérieuremen t au x° siècle . Nous aurions, il est vrai, un diplôme daté de Pavie , en juin 774, clans lequel se trouve la formule « silvis, pratis . . . aquarumve decursibus, molenclinis, piscacionibus » : mais c ' es t un faux, peut-être de facture postérieure à 1233 6 , de sorte que c e n ' est qu ' en 862 qu ' on rencontre la mention, clans un acte concer-nant S . Colombano de Bobbio, d ' une « colla in honore sancii An-clree », oìi existait un a molendinumu 7 » . Dans un inventaire de s
biens du même monastère, dressé au Ix° ou au x° siècle, nous li
-sons s In Ulmeto . . . molendinos . 11 . 0 », de même que, clans u n
1. C . Vigneti, Codice diplomatico laudeuse ; Bibliotheca historica italica cura e t studio societatis longobardiac historine studiis promovendis, vol . II, Mediolani ,
1879, p . 23 et 48 .
2. Codice diplomatico padovano, vol . 1, Venezia, 1877, p . 17 .
3. Codice diplomatico padovano, vol . cit ., p . 55 .
4. Cf . parexemple le Codice diplomatico padovano, vol . IV, p . 364 (a . 1'147) .
5. Codice diplomatico padovano, vol . I, p. 7 .
6. F. S. I ., C . Cipolla, Monumenta Novaliciensa vetustiora, vol. I, Roma, 1898 , p . 59 .
7. F. S . I., C . Cipolla, Codice, diplomatico del monastero di San Colornbano di Bobbio, vol . 1, Roma, 1918,p . 205 .
LES DJNOMINATIONS DU (( i11OULIN » .
5 9 autre inventaire du x e siècle à peu près, il est question de « in Sa-lesiano . . . molendino .I . 1 )) . Et, en 899, Staurasius, évêque d' Asti , donne, entre autres, aux chanoines de son église « in villa qua e dicitur Quarto . . . molendinum ad eanclem curtem pertinens 2 D .
--Dans les formules des dispositifs, les cas de molendinunz en Pié-mont ne sont pas plus anciens : on trouve, par exemple, l ' expres-sion « partibus molandinis mon abus et vallibus D clans un diplôm e
de Charles le Gros en faveur de l ' église de Verceil, en 882 3 , ains i que, peu après, en 885, dans un acte privé par lequel le prêtr e Giselberto fait une donation à l' église de S . Gaudenzio de No -vare : « Tarn oasis curie . . . astallariis et moleudinum ab ipsa cas a pertinenteln aquarum aquarumque ductibus 4 . » Ce qui nous im -porte, d ' ailleurs, c ' est que, postérieurement à cette date, on n e rencontre jamais molinum en Piémont, tandis que molendinunz est fréquent, clans les formules en particulier . Mais, pour cette régio n de l ' Italie encore, il est peu probable que le mot soit très ancien . Quelques textes, malheureusement non datés, relatifs à l ' abbay e de 13obbio, laissent entrevoir que c ' était bien nzolinum qui repré-sentait le terme usité par la langue de tous les jours — et qui étai t le terme antérieur à molendinunz . Un inventaire du 1x°-x° siècl e
dit, en effet, que a in Spariani potest seminare per annum mocli a C molino I . massarii .VIII . » : or, ce texte contient précisé-ment beaucoup de formes vulgaires . Et un autre texte, liste de s biens du même couvent, mentionne le « mulino Alneverti s : cett e liste serait du x° siècle environ 3. Par ailleurs, clans la région d e
Tortone, un document de 0099 parle d ' un endroit appelé « Moli-nello 7 », et une autre charte, de 1081, relative à Ivrée et à ses alen-tours, contient l ' expression «in brayda desuper via n1olinarerç a 3 a . Pour L'Émilie, heureusement, nous avons des faits phis ancien s et surtout plus intéressants . En 853, les frères Gariberto e t
1. F . S . l., C . Cipolla, op . cit ., vol . I, p . 376 .
2. Biblioteca della] S[ocietìt di] S[loria] S[ubalpina], vol . XXVIll ; P . Gabotto , Le più antiche carte dello archivio capitolare di Asti, Pinerolo, 1904, p . 1e8 .
3. II. P . M ., Chartarunt, t . I, col . 65 . 4. Il. P. M., Chartarun, t . I, col . 69 .
5. F. S . I., C . Cipollu, op . cit ., vol . I, p . 257 . Il convient d'ajouter que naolendi.-nunc n'est pas inconnu h cc texte : on le trouve O. la p . 260 .
Ii, F. S . 1 ., C . Cipolla, op . cit ., vol, I, p . 374 .
7, B, S . S . S ., vol . XXIX ; F . Gabotto e V . Legé, Le carte dello archivio capito -lare di Tortona, Pinerolo, 1905, p . 42 .
8 . B . S . S . S ., vol . Y ; P . Gabotto, Le carte dello archivio vescovile d'Ivrea fino a l 1ü13, 1 . 1, Pinerolo, 1900, p . 31 .
60 PAUL ALInSCIIEf .
Arioaldo donnent une moitié de l'église de S . Quin tino, à Parme , à l ' archidiacre Haribertus, a una cune medietatem de casis vel mo-lino clui ibidem edificatuin es t l » ; en 860, Aralclus, dans une vent e qu 'il fait à l'archiprêtre Rimpertus, parle de « omnibus oasis e t rebus sea molino ad . . . basilica de prenominato molino ana cum aquario 2 » ; la même année, ce même archiprêtre vend au sous -diacre Stephanus « basilica ilia Sancti Quintini . . . una cum casi s etres seu molino cum aquario suo ad ipsa basilica pertinentis 3 » ; en 890, Petro, archiprêtre de la cathédrale de Plaisance, concèd e à Iohannes « molino uno iuris ipsius ecclesie Sancti Savini, qu i est posito loris muro civitatis Placencia in rio publico 4 » : et ce mot molino revient cinq ou six fois dans ce document . Il est vra i que, dans ce même cartulaire parmesan, molendinunz est men-tionné plus anciennement encore et plus fréquemment : mais , presque toujours, dans des textes qui ne peuvent en aucune faço n nous renseigner sur l ' usage local . C ' est, en effet, un diplÔme de 82G par lequel Louis le Pieux et Lothaire donnent au comte Bob o ce qu 'ils possèdent à la Corte di Biella, « cum domibus . . . molen-dinis, mobilibus et immobilibus » ; c ' est, en 835, le testament d o la reine Cunégonde, testament où se trouve la formule « flumini-bus et fontaneis sea molendinis et piscationiflumini-bus 6 » ; c ' est, en 866 , une donation du roi Lothaire à sa femme Teo tburga, où
molendi-num figure également clans le dispositif 7 ; c'est encore, en 868 ,
une confirmation de la donation précédente, avec dispositif ana-logue 8 ; c ' est, en 878, une donation du roi Carloman au couven t de la S . Resurrezione de Plaisance, où il est question d'un « nm-lendinum . . . iuxta baselicam Sanctae Brigide cum solo et de curs u aquae a. Nura fluentis usque in Fossam Angustam 0 n ; c'est, enfin , en 892, dans le testament de Vuihboclus, évêque de Parme, la for -mule « cum casis, terris, vinais . . . r . pinis aquarumque de cursi-bus, molendinis10 » . Mais, notons-le, il faut arriver jusqu'à cett e
1. U . Benassi, Codice diplomatico parmense, vol . I, Parma, 1910, p, 21 . 2. U . Benassi, op . cit., p . 27 . 3. U . Benassi, op . cit., p . 30 . 4. U . Benassi, op . cit., p . 192 . 5. U . Benassi, op . cit., p . 99 . 6. U . Benassi, op . cit., p . 104 . 7. U . Benassi, op . cit., p . 113 . 8. U . Benassi, op . cit ., p . 123 . J . U . Benassi, op . cit., p. 164 . 10. U . Benassi, op . cit ., p . 68 .
LES DÉNOMINATIONS DU « MOULIN D .
6 1 date de 892, soit jusqu'à la fin du Ix° siècle, pour trouver un
té-moignage de l'emploi local de molendinunz — et encore le mot n e figure-t-il que clans un dispositif — alors que, d ' autre part, pou r la période antérieure, tous les actes de Parme ou de Plaisance em -ploient nzolinunz pour moulin .
Quant à la région de Ravenne, les actes où il est question d e moulins sont infiniment plus rares encore qu ' en Piémont et son t surtout tardifs : de sorte qu'il est impossible, avec les matériau x que j ' ai eus à ma , disposition, de se faire une idée quelconque de s mots que l'on employait . Je ne puis citer, en effet, qu'un docu-ment ravennate de 1126, dans lequel nzolendinunz figure dans un e formule 1 . Pour les Marches, j ' en parlerai après avoir étudié le s dénominations du moulin en Ombrie .
Nous arrivons ainsi en Toscane . La plus ancienne charte tos-cane mentionnant un moulin est celle par laquelle le clerc Filiper-tus vend au médecin Gaidualdus, de Pistoie, en 726, divers bien s immobiliers, entre autres « omnem portionem eins de mulino qu i edificatus est in flubio qui dicitur Braina 2 », soit l ' actuel torrent Braira . Pour l ' année 754, nous avons deux textes : l ' acte de fonda-tion de l'abbaye de S . Piero in Palagiolo (Lucques), dans lequel s e trouve la phrase « omnem adjacentiam ad ipsa casa vel molino 3 » , et l ' acte de fondation du monastère de S . Pietro di Monteverd i (Massa Marittima), où le fondateur Vualfredus précise que ce cou-vent « abeat portionetn meam de molino et casa de Caldana . . . et omnem adiacentiiam ad ipsa casa vel molino 4 » . Vers la fin d u mémo siècle, en 798, une charte par laquelle un certain Wille-ramo assigne de nombreux biens à l ' église de S . Pietro à « Vac-cole » mentionne « aliuin campum . . . ubi dicitur ad Molinum 5 » . Au siècle suivant, en 862, l ' évêque de Lucques Hieremias inves -tit le meunier Gospert, « Gospert mulinario », d 'une maison ave c moulin, « casa cum fundamento, curte, orto, sive riparia et sep e
1. A . Tarlazzi, Appendice ai Monumenti Ravennati del Conte Marco Fantuzzi, t . II , Ravenna, 1879, p . 5,
2. F . S . I., L . Schiaparelli, Codice diplomatico longobardo, vol . I, p . 132 . — Pou r l'an 742, F . Brunetti, Codice diplomatico toscano, parte I, t . I, Firenze, 1806, p . 205 , donne un diplôme d'Astolphe, roi des Longobards : vrais c'est un faux .
3. F . Brunetti, op . cit ., vol . cit ., p . 551 .
4. F . S . I ., L . Schiaparelli, op . cit., vol . cit ., p . 345 .
5. Memo rie c Documenti per servire all' istoria del ducato di Lucca, t . IV, Lucca , 1818, p . 180 .
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PAUL AEBISCIGB .
mulinaria, ubi ego ipsi modo molino abere visu sum' » ; deux an s après, en 864, le diacre Ghisolfus vend au prêtre Wiliperto, entr e autres, « portionem de molino . . . in . . . loco Cumpito », et « portio-nem . . . de uno alio molino in eodem loco Cumpito 2 » ; en 867, Hie-remias cède à Ademari « molino illo in fluvio Sala prope
Teupas-cio3 », en Maremme ; en 874, l ' évêque Gherardus loue un a
fun-clamento de molino qui esse videtur in aqua que dicitur Teupascio . . . una cum omisi legnamen et machinas, sco edificio suo 4 » ; en 882
enfin, il est question dans un document d'un lieu dit « in loco Pic-tule, ubi clieitur Campo da Mulina prope fluvio Auserelo 5 » . —
Pour le x° siècle, je connais cieux exemples de molinum au moin s dans des textes lucquois : un acte de 940 mentionne une « casa e t molino, cum curte, orto 0 . . . » à Vorno, et une charte de 983, pa r laquelle l' évêque Teudigrimo inféode diverses possessions à u n certain Domnucio, donne l ' indication a in loco et finibus Teupaxio territurio populonense . . . fundamentum et casalino . . . una cum om-nibus casis et cassinis . . ., sive cum ornai molina et aqueducia 7 D . — Au xi° siècle, les exemples cle notre mot sont nombreux en -core et épars dans toute la Toscane :UD acte de la région d ' Arezzo ,
en 1041, contient la formule « cum casis vineis et molino et cu m terra ubi predictus molino edificatus est s
» ;
un document de l a méme région, d ' une année postérieur au précédent, soit de 1042 , mentionne « tertiam portionem de casa forma et molino illo quo d est in fluvio Arclano 9 » ; un troisième texte arétin, rie 1 044, parl e d' une « integra . . . portione de molino et terra in qua estat iuxt a fluvio Arclano, quod detinent Calvo et Peccio 10 » . Dans une parti e plus occidentale de cette Toscane, deux textes, datés Cous deux d eMontevarchi en 1086, mentionnent un lieu dit a Molina 11 » ; u n autre document, écrit à Coltibuono en 1090, a trait à « tribus pe-tiis de terra, positis a la Spugna de Sexta secus fluvius Marsalane ,
1. Memor ie e Documenti. . ., t . V, parte II, Lucca, 1837, p . 456-457 .
2. Memorie e Documenti . . ., vol . cit., p . 461 .
3. Memorie e Documenti . . ., vol . cit., p . 488 .
4. Dlemor ie e Documenti . . ., vol . cit ., p . 523 .
5. Memorie e Documenti . . ., vol . cit., p . 55 7
6. Memorie e Documenti . ., t . V, parte III, Lucca, 1841, p . 179 .
7. Memorie e Documenti. . ., vol . cit., p . 414 .
8. R . C. I ., L . Schiaparelli, F . Baldasseroni, Regesto di Camaldoli, vol . I, Roma , 1907,p . 81 .
9. R . C . I., L . Schiaparelli, F . Baldasseroni, op . cit., vol . cit ., p . 85 ,
10. R . C . I., L . Schiaparelli, F . Baldasseroni, op . cit ., vol . cit ., p . 92 .
LBS DENOMINATIONS DU (( MOULIN » .
6 3 ubi iam clictus abbas [de Coltibuono] hedificare vult molinum t » . — Au xu° siècle, un acte lucquois de 1115 parle de « molina . . . in illo porto ubi dicitur prope Quercia Georgii 2 » ; une antre charte lucquoise de 1117, par laquelle Itta fait une donation à l'hô-pital de Plotiano, cite une a portionem de uno molino qui esse vi-detur in fluvio Fredana . . . cum aquiducio et omne deficio ipsiu s molini 3 » . En 1123, Benedictus et Enricus reconnaissent avoi r reçu à cens une maison aveca molino super se habentem, et
aque-ducto et canale et macinis et rebus omnibus eiusdem molino per-tinentibus 4 » ; en 1128, toujours dans la même région, un docu-ment parle d ' un « secleo di casa di molinum et terra vacua ante ipsum molinum et presa et acquiducio fini ça presa 5 » . En 1146 , un acte dit que « ohm fuit casa . . . cum molino et macinis et ma-rulis et canalibus et aquiductu° . . . » ; en 1163, Mansus et Hildemanclinus vendent leurs parts « de uno molino maneulo cum se -dio et sua pertinentia quod videtur esse in loco Massa Macinaia 7» ;
en 1165, Paganellus donne à un établissement religieux une terre où l ' abbé « edificet . . . molina 8
s ;
en 1169, Bonafides donne au cha-pitre de Lucques six pièces de terre, la sixième étant un « campu s in loco Fredana, prope molinum de subtus, et tenet nnum capu t in suprascripto molino ° » ; en 1171, un texte mentionne a totu m Iegnamen molinorum porte S . Donati t ° » ; en 1172, Carione vend a una petia de terra cum sedio de molino" » ; en 1180, enfin, deux personnes donnent une pièce de terre a prope molina monaste-rii 12 » . Dans cette région de Lucques, ainsi, jusqu ' il la fin du x° siècle, molinum est plus que fréquent dans les textes : c ' est c e mot qui est usité toujours lorsqu ' on veut parler d ' un moulin .A l'autre extrémité de la Toscane, clans le voisinage d'Arezzo , il semble qu ' il en a été de même . Par acte daté de Tornano, e n
1. R. C . 1., D . L . Pagliai, op . cita, p . 90 . 2. Memorie eDocumenti . . ., t . V, parte III, p . 679 .
3. R . C. I., P . Guidi e 0 . Parenti, Regesto del capitolo di Lucca, vol . I, Roma , 1910, p . 323 .
4. R . C . I ., P . Guidi e 0 . Parenti, op . cit., p . 340 .
5. R . C . I., P . Guidi e 0 . Parenti, op . cit ., p . 373 .
6. R . C . I., P . Guidi e 0 . Parenti, op . cit ., vol . II, Roma, 1912, p . 3 . 7. R . C . I., P . Guidi e O . Parenti, op . cit ., vol . cit ., p . 131 .
8. R . C . I., P . Guidi e 0 . Parenti, op . cit ., vol. cit ., p . 145 .
9. R . C. I., P . Guidi e O . Parenti, op . cit., vol . cit ., p . 166 . 10. R . C . I., P . Guidi e O . Parenti, op. cit., vol . cit ., p . 179. 11. R . C . I ., P . Guidi e O . Parenti, op . cit ., vol . cit., p . 185 . I2 . R . C . I., P . Guidi e O . Parenti, op . cit ., vol . cit ., p . 342.
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PAUL AEBISCIIBR .
1133, Uberto vend « unain petiolam de terra cum vinca et mulino , positam in vocabulo Tornano 1 a ; en 1138, Petro vend à Azo, mi-nistérial du monastère de S . Lorenzo di Coltibuono, « de mulin o de Duda integram suam partem 2 n ; en 1156, Guido, sa femme e t
un autre personnage vendent à l'abbé du même couvent a una pe-tia terre . ., quanta est necesse vel exit a sipe et ad omnem utilita-tem molini de Tornano s a . Dans un acte non daté, mais que l ' o n peut attribuer à ce même xn° siècle, acte dont le latin est plein d e formes vulgaires, Bonico et d ' autres cèdent divers biens au mo-nastère de Coltibuono, en particulier « terra vel orto al [ ] tota et al molino a Duda ad utilitatem predicto molino [ ] et [ ] do et a la gualghiera de supra 4 a . En 1205, enfin, un autre docu-ment, extrêmement incorrect lui aussi, parle d'une possessio n
cum so molino, cum ortes et cum bineas 5 a .
Ces textes sont si fautifs l ' un et l ' autre qu ' on peut parler, no n plus de latin, mais d ' italien latinisé, C 'est dire que, du vlll° siècl e à 1205, nous avons, pour des régions très différentes de la Tos -cane, la preuve d ' une tradition ininterrompue dans l ' emploi d e
nzolinunz . Mais ce mot n ' a pas été usité seul : en Toscane encore , il a été concurrencé, à partir d'une certaine époque, par molendi-nunz et même, en ce qui concerne les environs d ' Arezzo, par u n troisième mot . Voyons comment ces concurrents se sont affrontés . Le cas le plus ancien que je connaisse de nzolendinnm en Tos
-cane ne date que des premières années du x° siècle : il se trouv e dans un diplôme royal, dans une donation de Béranger I°'' à Pe-trus, évêque d'Arezzo, en 916 . Au surplus, le mot n'y figure qu e dans le dispositif a una cum oasis, terris . . . aquis, aquarumque de-cursibus, molenclinis, piscationibus li a . Le second cas, par ordr e de date, est de 941 : les rois Hugues et Lothaire donnent aux cha-noines de Lucques le domaine de S . Petronilla di Massa Macinaja :
nzoleizdi,w,n y est employé de nouveau dans le dispositi f 7 . Viennen t
ensuite : un document de 961, par lequel le roi Adalbert confirm e
1. R. C . I., D . L . Pagliai, op . cit ., p . 161 . 2. R . C. I., D . L . Pagliai, op . cit ., p . 1118 . 3. R . C . 1., D . L . Pagliai, op . cit., p . 197 . 4. R . C . i ., D . L. Pagliai, op . cit ., p . 245 .
5. R, C . I., E. Lasinio, Regesto di Camaldoli, vol, III, Roma, 1914, p . 25 . 6. U . Pasqui, Documenti per la storia della catit di Arezzo, vol . I, Firenze, 1899 , p . 79 .
7, illemorie e Documenti per servire all'istoria del ducato di Lucca, t . V, parte III ,
LES D1NOMINATIONS DU « MOULIN > .
6 5 au chapitre d'Arezzo les privilèges accordés par Hugues et Lo-thaire — il y est question d'un « molendinum . . . constructum i n Arni alveo, in villa que dicitur Veneris l D ; — un privilèg e
d ' Othon III, de 996, où « molendinis » se retrouve une fois de plu s clans le dispositif 2 ; un autre privilège du même empereur, de 997 , où « molendinis » figure également clans le dispositif 3 ; un troi-sième privilège d ' Othon III, de 998, où « molendinis est employ é encore clans le dispositi f 4 . Si bien cjue ce n ' est q u ' après l ' an mill e que, dans les diverses parties de la Toscane, molendïaz{nz paraî t faire son entrée dans les chartes locales : en 1003, les frères ßai-neri et Berardo donnent au monastère des SS . Salvatore et Alessandro a Fontebuona tous leurs biens, dont 1' « ecclesia Sancti An -gneli con donnicato etcum molendin o 5 D ;la même année, donatio n
analogue de deux autres frères qui cèdent à ce couvent, entr e autres, « in loco et vocabulo Casprino, ecclesia Sancti Angeli cu m donicato et cum molendino et cuva suis pertinentiis et aqueduc-tum preclicti molendini° » ; en 1028, l ' évêque d ' Arezzo Teodaldu s confirme à son chapitre les possessions données par ses prédéces-seurs, parmi lesquelles a molendinum unum iuæta pontem istiu s civitatis aretine 7 » ; en 1031, dans un échange de terres entre c e même évêque et l ' abbé de S . Fiera, il est question de la a tertia m partent de molendino quam nos ibidem abemus cortem nostrar n domnicatam de Gragnano . . . et molendinum et ecelesiam 8 » ; e n 1046, un jugement du comte Herimannus impose à Agifredus d e restituer certaines terres au chapitre d ' Arezzo, parmi lesquelle s integram terrain . . . de plebe sancte Marie sita Classe . . . except e vinea et molendino 9 » ; en 1080, Berta vend des biens-fonds au x chanoines d ' Arezzo : et la formule du dispositif contient les terme s a terras, curies, castella . . . cuva omnibus adiacentiis earum, ides t casis, vineis . . . molendinis, aquis 10 D . C 'est là le premier cas d e
nzolendinuna dans une formule locale toscane . La même année ,
1. U . Pasqui, op . cit,, vol . cit ., p . 95 . 2. Memorie e Docunrenli. . ., vol, cit ., p . 58 :3 . 3. U . Pasqui, op. cit., vol . cit., p . 118 . 4. U . Pasqui, op . cit ., vol . cit ., p . 120 .
5. E . Casanova, Tt Cartulario della Berardenga, vol .I, Siena, 1927 . p . + • 0 . E . Casanova, op. cit ., p . 96 .
7. U . Pasqui, op . Cit., vol . cit ., p,185 . 8. U . Pasqui, op . cit., vol . cit., p . 215 . 9. U . Pasqui, op . cit ., vol . cit ., p . 242 . 10. U . Pasqui, op . cit ., vol . cit,, p . 335.
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dans un acte daté d ' Arezzo, il est question de a petia una cum me-dietate de uno molendino l a . Une formule, d ' usage local proba-blement, d ' un acte arétin de 1080 est conçue ainsi : s Cum oasi s cascinis terris corn vineis et arborihus olivetis silvis stirpetis mon-tanis planitiis ac vallibus sortibus domnicatis mansis atque mo-lendinis 9 , ., » ; et des dispositifs analogues, avec nzolendinunz, s e retrouvent clans des chartes de 1095, 1099, 1109, 1114, 1115 3 pal` exemple, dans cette même région d ' Arezzo . Dès cette époque, l e mot est plus que fréquent dans les clocumelits de tontes les par -ties de la Toscane, et non seulement clans les dispositifs, mai s aussi dans le texte proprement dit : chartes Iucqu01SCSfi, charte s
du couvent de la Berardenga 5 , du monastère des Camaldules e , d e Coltibuono 7 .
Mais, à côté de notre nzolendinunz, voicivenir, timidement, pou r se partager les dépouilles de nzolinu,n, un second larron : aquinzvlulrt . L ' exemple le plus ancien que j ' en connaisse en Toscane — no
-tons qu'on ne le trouve que clans les alentours d ' Arezzo — ne date que de 1097 : il figure dans le dispositif d ' untexteprovenant de Ca-lnaldoli même : a Cum oasis terris vineis prati.s canlpis silvis aqui s rivis paseuis molcndinis aquimolis cespitibtls foutagnis stangnis`I . Alors que, dans ce premier texte, il est encore accompagné de nzo-lendinrun, comme si de par lui-mémo il n ' était pas suffisammen t clair, nous le rencontrons bientòt seul : dans le dispositif d ' un e charte de 1104, écrite à Galeata 9 ; dans la formule d ' un acte dat é de F'ontebuono en 1108 111 ; dans celle d'un document de 9.9daté de Soci ll ; dans celle d'une charte de 1130 datée de Valbona (Ga
-1. R . C . L, L . Schiaparelli eF . Baldasseroni, op, oit ., vol . 1, p . 177 . 2. R . C . I., L . Schiaparellie F . Baldasseroni, op .
vol . cit .,p . 223 ,
3. R . C . I ., L . Schiaparelli e F, Baldasseroni, vol . 1, p . 241, 256 ; vol, II, p . 34 , 61 cC 68 ,
Ii . R . C . 1 ., P . Guidi o O . Parenti, Regesto del capitolo diLucca, vol . 1, p . 311 3 ('1134), p . 381 (1131), etc . ; vol . II, p . 8 (1146), p . 84 0142), p . 277 (1180) .
5. E . Casanova, Tl Cartnlario della Bcrardenga, vol . I, p . 103 (1148) ,
6. R . C. T ., L . Schiaparelli e F . Baldasseroni, op . cit ., vol . II, p . 23 (1106), 37 (1110), 42(1111),72 (1116), 88 (1121), 103 (1125), 122 (1129), 123 (1130), 129 (1130) , 133 (1133), 178 (1146), 212 (1154), 224 (1160), 236-237 (1171), 296 (1194) ; E . Lasinio , Regestodi Cauaaldoli, vol. III, Roma, 1914, p . 8 (1202), 39 (1208), 166(1223), etc .
7. R . C. I., D . L . Pagliai, Regesto di Coltibuono, p . 92 (1092), 170 (1138), 181 (11471, 207 (1163),234 (1194) .
8. R . C . I.,L . Schiaparelli e F . Baldasseroni, op . cit ., vol . 1, p . 249 . 9. 1t . C. I., L . Schiaparelli e P . Baldasseroni, op . cit., vol . II, p . 13 . l0 . R . C . i., L . Schiaparelli eP . Baldasseroni, vol . cit ., p . 28 , 11 . R . C . T , L. Schiaparelli cF . Baldasseroni, op . cit ., vol . cit ., p . 45 .
LES DINOMINATIONS DU (( MOULIN )) .
leata) . Ici, de nouveau, il est accompagné, ou mieux il est employ é en même temps que nzolenclinunz : Rodulfo et ses frères donnent à Vivenzo, prieur du monastère de S . Pietro in Cortine de Camal-cloli, « unam turnaturiam de terra . . . », dont les limites sont « cie l molendino da Gorgadalto : da uno latere terra ripa de Litilo et d e super via currente usquc a ribo de Furno, coin aquis aquimolis e t una parte de la silva de rio de Furno que ad ipso molendino per-tinet t » . Dans un autre acte encore, de 1152, même voisinage : l e prêtre Bernardus confirme à Vigilans la possession de ses terres à Celle : « Terrain silvas molendinum cura aquis et aquimolis cu m introitu et exitu suo 2 . » Même voisinage, une fois de plus, dans u n acte daté de 1171 et provenant d'Arezzo : trois prêtres concèden t à Rainaldo Tanelli et à Baroncino « integram partem suam ex mo-lendino quod habent in suburbio Aritine civitatis . . . cum iure via-rum per quas nunc itur ad molendum . . . et cura iure aquiboli [sic ] eiusclem molendini 3 a . Même voisinage, enfin, dans un autre text e arétin de 1213, qui parle de 1' « octavam partem pro indiviso om-nium silvarum, stirpatorum, pascuorum totorumque aquimoloruin positorum in Rumine Arni vel alibi a et emploie aquinzolunz dan s une énumération plus ou moins figée, mais qui, quand il s ' agit d e mentionner un moulin donné, dit : « Unam petiam terre posita m ad molendinum de Mezo 4 a, tandis que, dans une charte du mêm e recueil, postérieure de quelques années -- elle date de 1228 —
aquinzolunz est seul, puisqu'il ne s'agit que d'une formule : «
Te-nimentum . . . coin iutroitu et exitu suo, et cum aquis, aquimo-lis 5 . »
C ' est qu ' en effet, comme je viens de le suggérer, nzolinunz, nzo-lenclinunz et aquinzolunz, dans les documents arétins, ne sont d e loin pas affectés au même usage . Aquimolunz, remarquons-le , n ' est employé que clans des formules de dispositif et son emploi , dans cet usage restreint, est tardif et restreint encore à la régio n d'Arezzo . Dans tous ces textes, où aquinzolunz figure dans le dis -positif, sitôt qu' il s ' agit de parler de tel moulin en particulier — « molendinum in Rumine A.rni iuxta pontera de Valle, moleiïdinu m
1 . R . C . 1 ., L . Schiaparelli e F. Baldasseroni, op . cit ., vol, cit ., p . 120 . R . C . L, L . Schiaparelli e F . Baldasseroni, op . cit ., vol . cit ., p . 202 . 3. R . C . 1., L . Schiaparelli e F . Baldasseroni, op . cit ., vol . cit ., p .236-237 . ti . R . C . I ., E . Lasinio, Regesto di Ca,naldoii, vol . III, p . 73 .
5 . R . C. 1., E . Lasinio, op . cit ., vol . cit ., p . 254 .
68
PAUL AEBISCHER .
in fluorine Ambre de Pote, molenclina in fluorine Esse de Ped e Montis et de Senzale a, dans une charte de 1191i 1 par exemple — c ' estnzolendinunz qu'on utilise . Mais ce même nzolendin.um, ains i que cela ressort des exemples cités plus haut, a été employé, lui , clans toute la Toscane, et dans le texte des chartes aussi bien qu e dans les dispositifs : il apparaît, avons-nous vu, dans les formule s d ' actes impériaux et royaux touchant la Toscane, dès le commen-cement du x° siècle — c ' est d ' ailleurs un hasard si, dans des textes de ce genre, nous n ' avons pas de cas antérieurs de notre mot — , passe vers l ' an mille dans le formulaire des actes locaux, de mêm e que clans la langue des scribes, qui l ' emploient très fréquemment , dès la fin titi xi° siècle en tout cas . Quant à nzolinunz, c 'est le vieu x
mot, usité clans les plus anciennes chartes toscanes, chartes de Lucques ou chartes d ' Arezzo . C ' est dans ces deux régions, en ef-fet (peut-être cette constatation n ' est-elle due qu ' au fait que c'es t pour ces deux parties de la Toscane que nous possédons le plu s de documents anciens), qu ' il résiste le mieux à la concurrenc e de nzolendinunz : clans des textes d'un latin très décadent, nou s le retrouvons encore dans les premières années cltt xnr° siècle . Mais, là où on ne le rencontre jamais, notons-le, c ' est dans le s formules : il n ' était pas d ' assez haute origine pour y avoir ac-cès . — En un mot, des trois expressions nzolinum, nzolendinunz , aquinzolzznz, la première paraît être la plus populaire et la plu s ancienne, la plus vulgaire aussi ; molendinum est, à partir d ' u n moment donné, le terme choisi pour « moulin » clans les chartes , dans la langue écrite des scribes et des notaires ; aquiinolum, qu i
apparaît dans la région d'Arezzo plus tard encore que nzolendi-nunz, est compris comme un mot artificiel, figé dans les formules , d'où il ne sort pas : c'est plus une combinaison de sons qu'un mo t vivant, suggérant une idée . Ce qui s ' explique, puisque, nous al-lons le voir, Arezzo l ' a emprunté à l ' Ombrie, où il s ' était répand u grâce à l ' influence de Rome . C ' est pour cela qu ' on l ' écrit aquibo-lunz, que l ' on parle du « ius aquiboli molendini 2» sans que le no
-taire à qui l ' on doit cette expression ait compris ce qu ' il écrivait ; de là que, hors des formules, c ' étaitnzolendinunz qu 'on employait , ou même molinum .
Au tour de l' Ombrie, maintenant ; ou mieux, au tour de la
ré-1. li. C . 1 ., L . Schiaparelli e F . 13aldasseroni, op, cil ., vol . II, p . 296 .
LES D>NOMINATIONS DU (( MOULIN D .
6 9 gion de Gubbio . Nous y retrouvons — il fallait s ' y attendre — le s trois mots de tout à l ' heure . Mais, si l ' on en juge d ' après les chartes du monastère de Gubbio, leur ancienneté et leur vitalit é ne sont pas les mêmes q u ' en Toscane : et à cela il fallait s ' attendr e aussi . Le plus ancien texte qui mentionne un moulin --• mentio n qui ne figure que dans une formule — date de 921 : c ' est une do -nation à l ' évêché de S . Mariano, dans laquelle se trouve le dispo-sitif « in silvis, aquis, aquimolis 1 » . Les formules avec
aquinzo-lunz ont été, au surplus, la règle durant les siècles suivants, le xi ° et le xuc° . C ' était même plus que la règle : toutes les formules ont ce mot, auquel, comme nous allons le voir, on a adjoint parfoi s
rnolendirzunz . Il est compréhensible, dès lors, que je m ' abstienn e d ' en citer des exemples 2 . Mais, chose curieuse, tandis qu' aquizno-lanz est si fréquent, qu'il a le privilège exclusif de figurer clans le s dispositifs, il n' est employé qu ' une seule et unique fois en dehor s du formulaire : clans un texte d ' ailleurs tardif -- il est de 1197 —
oìI il est question cl ' « unum aquimolum et dimidium quod est
po-situm in flumen Asini 3 » .
Partout ailleurs, au contraire, où il s ' agit de parler d ' un mou -lin, c ' est, sauf dans deux cas (l ' un étant le document de 1197), à
molendinum qu'on a recours . Il est vrai que tous les textes qu i donnent ce mot sont postérieurs à 1046 et que nous n ' en pouvon s rien déduire en ce qui concerne l ' état antérieur des faits . En 1047 , en tout cas, une charte parle d ' une a porcione de . . . molendino 4» :
et la diversité d ' emploi de nzolendinunz et d 'aquinzolunz ressor t clairement du fait que cette phrase est immédiatement suivie d e « cum omnia nostra porcione de aquis et aquismolis, et de omni a que infra a [predictos] finis, nos est pertinentes », où nous retom-bons dans le formulaire . Même différence d ' usage dans un texte de 1084 : « Cum oasis et ortis et vineis . . . aquis, aquismolis, et medietate de uno molendino, cum omnia sua pertinentia t a ; clan s un acte de 1092 : « Cum molendino et suis edificiis et aquis, aquis-molis et terris et silvis quam pertinet a predicta canonica 6 n ; dan s
1. P . Cenci, Carte et diplomi di Gubbio, Perugia, 1915, p . 32 .
2. Je me contente de citer les exemples suivants, pour le xi° siècle : P . Cenci , op . cit ., p . 38 (1047), 43 (1057), 56 (1070), 59 (1071), 69 (1076), 74 (1084) et 78 (1086) .
3. P . Cenci, op . cit ., p . 340 . 4. P . Cenci, op . cit ., p . 38 . 5. P . Cenci, op . cit ., p . 74 . 6. P . Cenci, op . cit., p . 84 .
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PAUL AEDISCHER .
un autre acte de 1157, par lequel Bonoavere et Zuczalus cèdent a u prieur de S . Mariano la moitié des moulins qu'ils construiront : « Medietatem molendinorum de quibus edificare potuerimus . . . cum aquis aquismolis edifitiis quibus ad molendina sunt necessa-ria l » ; dans une vente de moulin en 1190 : « Unum . . . molendi-num quod habeo et teneo in foce Caminiana, ante molendinu m Ziliberti . . . cum aqua aquimolo et cum ducimento aqui 2 » ; dan s une charte de 1193, enfin : « Molendinum (abri . . . cura aqui s aquismoli s 3 . » Et même usage concret de inolendinuin dans les ca s suivants : « molendinum quod est edificatum iuxta pontera foce m Caminiani`k» en 1122 ; « de hedificatione unius molendini 5 » dan s une convention pour la construction d'un moulin en 11 .56 ; «terr a videlicet et molendinum 6 » dans une donation de 1163 ; « oct a vam partem molendini de Crate qui est positus in foce Cami-niano 7 » dans un texte de 1163 ; « medietatern unius molenclini quod est positum et hedeficatum in !lumen Sabunde cum dua s partes terre s » en 1197 enfin .
Timidement, et aussi sans succès, znolendinunz a tenté de s'in-troduire clans les dispositifs, à la faveur sans cloute du fai t
qu'aquinzolunz était par trop étranger au langage ordinaire, qu ' i l
était par trop artificiel . Dans la formule d ' un acte de 1087, nou s avons, en effet, « cura duo partes de silvis et salictis aquis aquis-molis molendinis 9 » ; dans une donation de 1120, « [coni] salecti s aquis aquismolis niolendinis 10 » ; clans un texte de 1130, « cura oa-sis, vineis . . . silvis aquismolis et salectis ac molendinis11 » ; dan s
une charte de 1163, « cura aquis aquimolis et molenclinis et salec-tis 12 », formule que l ' on retrouve presque telle quelle clans un do-cument de 1188-1194 18 . Mais jamais cependant, répétons-le, nzn-lendinunz n'a réussi à évincer aquizzzoluin : il a del se contenter, ç à
1. P . Cenci, op . cit ., p . 190 . 2. P . Cenci, op . cit ., p . 308 . 3. P. Cenci, op . cit ., p . 330 . 4. P . Cenci, op . cit ., p . 93 . 5. P . Cenci, op . cit ., p . 189 . 6, P . Cenci, op . cit., p . 202 . 7. P . Cenci, op . cit ., p . 203 . 8. P . Cenci, op . cit., p . 3U . 9. P . Cenci, op . cit ., p . 80 . I0 . P . Cenci, op . cit ., p . 91 Gis . il . P . Cenci, op . cit ., p . 1 I0 .
12. P . Cenci, op . cit ., p . 208 . 13. P . Cenci, op . cit., p . 302 .
LES DtNOMINATIONS DU (( MOULIN » .
7 1 et là, de l ' accompagner, de lui servir de doublure . Et c'est à c e désir d ' explication, sans aucun doute, qu 'est due . l'expressio n qu'on rencontre clans une charte de 1148, par laquelle l'évêque de Gubbio, Ubaldus, donnait une vigne et « unum aque molum mo-lendini in foce Camignani l » à l 'église de S. Secondino .
Qu'aquinzolum ait eu une vie tout artificielle, toute figée, dan s
ces chartes de Gubbio, c'est ce dont on peut être assuré . Mais nzo-lendinumétait-il pour cela le terme vraiment populaire désignan t
le moulin? Il est difficile de le croire après ce que nous avons ob-servé en Toscane . Le malheur, c'est que les chartes de Gubbio n e nous fournissent pas de textes assez anciens, mentionnant des mou -lins, pour nous éclairer . Et, cependant, une seule et uniqu e charte, écrite une fois de plus en un latin des moins académiques , datée de 7 .()47, nous laisse entrevoir q u'en Ombrie aussi molinun z
était, le mot le plus ancien des trois : Iohannes donna au chapitr e et à l ' évêché de S . Mariano une pièce de terre et sa portion d u moulin de Colle Alto : «Uno modiorum de terra . . . de ipsaresnos -tra que nominatur Alla igsula da Io molino super Colle alto » ; c e texte, d'ailleurs, . quand il s'agit de la notification de cette dona-tion, continue en disant « cuui nostra porcione de ipso molendin o [quod] ibi edificatum est » ; et suit la formule « cum omnia nos -tra porcione de aquis et acluismolis 2. . . » . Les trois termes, pa r conséquent, dans un seul acte . Mais ce voisinage même est plei n d'enseignements : lorsqu'il s'agit de la désignation de l'endroit o ù se trouve la pièce de terre en question, c'est nzolinoqu'on emploie , parce que c ' était lui qui faisait partie du nom de lieu ; quand o n veut parler d'un bâtiment appelé «moulin », c'est de nzolendinum que le scribe se sert ; quand, enfin, on fait entrer les « moulins » dans la formule du dispositif — mais, au fait, savait-on seulemen t que ce mot signifiait « moulin »? — c'est aquimolunz qui se pré-sente . Et ce seul exemple, je le répète, est assez probant pou r qu'on puisse en conclure qu'ici encore molinum représentait la tradition paysanne, clans la dénomination du moulin .
Il n ' en reste pas moins qu'en Ombrie agaimolum, clans les for-mules, jouissait d ' une faveur singulière : et c ' est peut-être d' Om-brie -- peut-être aussi, et je dirais même plus probablement, sou s l'influence directe de Rome --- que ce terme a passé dans le
for-i .
P . Cenci, op . ait ., p . 138 . 2 . P . Cenci, op . cit., p . 37-38 .72
PAUL AEnisenlili .
mulaire des notaires des Marches et même, nous allons le voir , de villes plus septentrionales . Dans cieux textes très incorrects , de 1056 et de 1060, en effet, nous trouvons aguinzoluln dans le s dispositifs : le premier de ces documents, par lequel Rando e t Berta donnent des terres à l ' église S . Salvatore, a la phrase « cu m ipsa possecione nostra de iste molina et aquis et aquimollis et de-cursibus aquarum, et cum omnia ad ipsa molina pertinet t » ; d u second, je transcris simplement le dispositif : « Cu terris, vineis , casi, silvis . . . aquis, aquimoliss, et co decursibus aquarum 2 . »
Dans une charte ravennate de 112G, que j ' ai déjà eu l ' occasion d e citer, nous lisons une formule semblable : « Cum manso suo inte-gro, cum terris, vineis . . ., aquis, aque molis et molendino 3 . » Et , plus au nord encore, et surtout à une date plus ancienne, à Pa -doue, en 972 déjà, dans un acte par lequel un certain Garibaud o donne des terres aux chanoines de Padoue, figure la formule « un a cum terris casalivis . . . molendinis cum aquimulis suis`' », seule d e son espèce . Il n' est pas possible de savoir par suite de quelle in-fluence, de quelles circonstances — origine ou formation du ré-dacteur de la charte, peut-être ; document dont il s ' est inspiré pour écrire son texte, peut-être aussi — aguinzolunz est arriv é jusque-là .
Pour en revenir aux Marches, et aux chartes de Chiaravalle d i Fiastra en particulier, l ' exemple de 1056 cité plus haut montre , en même temps qu'une intrusion d'aquinzolunz clans le dispositif , que le ternie plus banal pour « moulin » y était néanmoins moli-num, ou mieux le féminin inclina . Et ce terme s ' est conservé long-temps dans les chartes : en 1122, par acte daté de Fermo, les fil s du comte Off() vendent un terrain propre à la construction d ' u n moulin, et il y est question tie la « medietate de uno sedio de ma -lino macenante 5 » . Mais, sinzolinum ouson féminin paraît ici en
-core avoir été le mot ancien, nzolendinanz, tant clans le texte pro-prement dit que dans les formules, apparaît dans les plus ancien s documents déjà, qui sont d'ailleurs tous postérieurs à l'an mille :
i . Le carte della abbazia di Chiaravalle di Fiastra, vol . 1 Tonti per la stori a delle Marche, Ancona, 1908, p . 5 .
2. Le carte . . ., vol . cit ., p . 7 .
3. A . Tariazzi, Appendice ai Monumenti Ravennati del Conte Marco Fantuzzi,
t . II, p . 5 .
4. Codice diplomatico padovano, vol . I, p . 8/t. 5. Le carte . . ., p . 31 .
LES DINOMINATIONS DU « MOULIN )) .
en 1006, Alberto vend à Ianni Alberto et à ses frères une « rota » avec moulin, à Arano : « Ipsa rota que vocatur Pertucarella i n curie d ' Arano cum molendinis et own omnia que super se ha-bet 1 » ; en 1153, il est question d ' un « molendinum que fuit No-belini 2 » ; en 1172, un texte parle de la e quartam partem de mo-lendino . . . in loto qui dicitur Corone 3 » ; en 1184— pour ne cite r que ces exemples—Manases concède au prêtre Albertus des bien s dans la région d ' Osimo, entre autres e medietatem de uno molen-dinum cum elusa, vallatu, catasta, cum forma decessoria et reces-soria 4 » . Quant aux formules où figure nzolendinunz, elles son t fréquentes : on les rencontre dans des actes de 1036, 1082, 114 3 5 . Qne, dans cette région, nzolinunz ou inclina représente le plu s
ancien de nos trois termes, évincé des actes par nzolezzdinum e t parfois par aquinzolum, c' est ce que démontre, si je ne me trompe , un fait, en plus du texte de 1056 : dans une donation au monas-tère de Chiaravalle, datée de 1172 et provenant de la régio n d ' Osimo, on trouve cette phrase : e Una posta de uno molendin o in fundo a vocabulo le Molina nove », et cette autre encore : « Ips o molendino in fundo la Rota da le Molina nove, con elusa, cum val-lata, cum recessuru, cum catastu, et cum introitu et essitu suo 5 .»
Nous avons là, en d ' autres termes, la mention d 'un ou de deu x moulins, situés aux lieux dits le Molina noneet la Rota da le Mo-linanove : d ' où nous pouvons conclure, sans crainte d ' erreur, qu e
nzolina y est antérieur à nzolendinunz .
Continuons notre tour d ' Italie et arrivons dans la région ro-maine — que j ' étends de Spolète à Gaète . Comme en Ombrie e t comme déjà un peu dans la Toscane orientale, nous sommes e n présence des trois inséparables — les trois mousquetaires —
aquinzolunz, nzolinunz et nzolendinunz . C' est à dessein que je cit e
aquiznolunz en premier : il aurait l ' honneur insigne de figurer déj à clans un privilège d'un pape Grégoire — les éditeurs du Reyesto sublacense précisent même q u ' il s ' agit de Grégoire le Grand — d u 28 juin 594, qui, confirmant les possessions du monastère de Su-biaco, parle des e rerum etiam et calum in integrem cum
pisca-1. Le carte . . ., p . '1 . 2. Le carte . . ., p . 72 . 3. Le carte . . ., p . 123 . 4. Le carte . . ., p . 198 . 5. Lc carte . . ., p . 3, 11 et 51 . 6. Le carte . . ., p . 126 . 73
74
PAUL AERISCHER .
ria et aquimolos suis 1 . . . D .Je ne puis me prononcer sur l '
authenti-cité et l'antiquité de ce document — antiquité et authentiauthenti-cité qu i mc laissent un peu sceptique — : le fait est qu ' il a été copié dan s le regeste par une main du xu e siècle . Mais que le terme ait ét é usité anciennement, c'est ce dont on ne peut douter : on le trouve , dans les formules du dispositif, dans une bulle d ' Étienne V pa r laquelle il confirme, en 817, les possessions et les privilèges de c e même monastère — a nunc autem praenominatos funclos, vel un-cias suprascriptorum fundorum sou aecclesias, casas, vineas, grata , silvas, salicta, rivos, aquas, nec non et aquimolos, oliveta cu m universis appendicibus suis 2 » — dans une bulle analogue du pap e Pascal Pr , en 817 aussi 3 , dans un texte relatif à Gaète, daté d e 830, où il est question d' une donation de a quadraginta et quinqu e die de aquimulum 4 » -- soit de l'usage d'un moulin pendant u n
mois et demi — dans un autre document concernant la localité d e Scavoli, près de Gaète, qui parle, en 830 —mais la date n ' est pas assurée — d' un a aquimolum qui ponitur in Scaur i t », dans tin pri -vilège de Nicolas le1',de858-867,en faveur du monastère de Falla 8 ,
dans une donation datée dubitativement de 8837. Dès cette époque ,
aquimolum, dans l'usage romain, n ' est pas limité aux formules :
on le trouve ailleurs clans le texte des chartes et des bulles . Dan s le testament de Docibilis, consul de Gaète, en 906, sont citée s ipsas aquimole — le mot est féminin — positum in Pampilin i 8»; dans un privilège du pape Jean X datant de 926, il est questio n d'Un a aquimolum . . . in integro qui ponitur in casa Gallorum ter-ritorio Ferentinello minore » ; en 959, le duc Joannes concèd e l ' église de S . Erasmo à Formia « cum toto et inclito suo aquisniol o posito sub palucle l ) » et, en 963, dans un accord où le monastèr e de S . Michele à Gaète était partie, il est fait mention d ' un « aquis
-1. L .Allodie G . Levi, Il regesto sublacence dell'undecimo secolo, Roma, 1885 , p . 252-254 . Cf . p . 252, note 7 .
2. L . Allodie G. Levi, op . cit ., p . 185 . 3. L . Allodie G . Levi, op. cit ., p . 186 .
4. Tabularium Casinense, t . I, C[odex] D[iplomaticus] C[ajetanus], t . I, Monte Casinii, 1887, p . 3 .
5. C . D . C ., t . I, p . 5 .
6. L .Allodie G . Levi, op . cit ., p . 14. ; cf . p . 51 . 7. L . Allodi e G . Levi, op . cit ., p . 11 .
8. C. D . C., t . I, Monte Casinii, 1887, p . 32. 9. L .Allodie G . Levi, op . cit., p . 18 . 10. C. D. C ., t . I, p . 110 .