HAL Id: hal-00948286
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Submitted on 18 Feb 2014
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To cite this version:
Anne Griffond-Boitier. Escalade: sport individuel et activité d’animation. Images de Franche-Comté,
Association pour la cartographie et l’étude de la Franche-Comté, 1997, pp.6-9. �hal-00948286�
FRANCHE-COMTE
Escalade:
s
port individuel
e
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animation
Anne Griffond-Boitjer, CNRS. UPRESA ~9•
A
près avoir été longtemps un simple entraînement àl'alpinisme. l'escalade se pratique !>Ur tous les types de falaises et suscite même, si be oin est, la création de blocs
artificiels. Ainsi la géographie des sites d'escalade est de plus en plus déconnectée des régions montagneu!>es. En
Franche-Comté, l'escalade investit systématiquement des
aires de loisir périurbaines et apparaît comme un véritable
outil d'animation sociale.
Sport aux multiples facettes. elle procure aux plus
aventu-reux des sensations vertigineuses et aux néophytes un plaisir
nouveau. Ces caractéristiques peu communes en ont fait une pratique très prisée des Francs-Comtois. si l'on en juge du moins au nombre de sites aménagés. qu'ils soient naturels
ou artificiels.
Les sites naturels
L'essentiel du potentiel aménagé est directement lié aux
escarpements des plateaux du Jura; la carte met en évidence
la répartition spatiale des lieux de pratique liée à ces cond
i-tions topographiques.
amégnagés et fréquentés
Les 70 siles naturels qui sont équipés aujourd'hui (le tracé
des voies est matérialisé par des pitons) semblent répondre
aux auentes des grimpeurs, puisque ceux-ci sont
directe-ment responsables de l'aménagement et de l'entretien des
voies. S'il est difficile de chiffrer précisément l'
impor-tance de la pratique, car elle s'exerce souvent •·en
indivi-duel'' en dehors des clubs, on constate que le potentiel
exploité n'est jamais saturé. Toutefois, d'autres espaces
sont encore disponibles, ne serait-ce que par l'extension du
nombre de voies dans les sites existants, celui d'Ornans
par exemple.
Globalement. la localisation des sites aménagés semble
gui-dée par la proximité des villes, principales sources de
clien-tèle. Chacun des pôles urbains possède un site dans sa
péri-phérie proche : les falaises de Montfaucon pour Besançon.
celles de Pont-de-Roide pour le Pays de Montbéliard ...
Dans une seconde ceinture périphérique, d'autres sites
d'accès facile complètent les précédents : les rochers de Lepuix pour Belfort. ceux de la Brême (Ornans) et la roche
• D'nprè~ le mémoire de mnitrise de géogrnphie de Sé,erine Maillol
de Hautepierre pour Besançon, ou encore les sites de Doucier. Macornay et Poligny pour les villes du Jura ...
Dans le nord-ouest de la région, par contre. le seul potentiel
aménagé se concentre dans le secteur de Vesoul ; les villes
de Luxeuil, Gray et Lure sont relativement dépourvues. On peut s'étonner, également. de la faible ampleur des sites
aménagés dans le :..ud du Jura, où les touristes s'ajoutant à la
population locale relativement importante pourraient
consti-tuer un vivier de pratiquants non négligeable.
en jonction de leurs qualités
L'inégale répartition des sites d'escalade sur le territoire régional sc trouve encore renforcée par leurs cnractères
intrinsèques:
•La qualité de la roche - partout composée de calcaires à
l'exception des sites de Lepuix qui se développent dans les granites vosgiens- favorise l'ouverture de voies plus nombreuses dans le nord du massif que dans sa partie méri-dionale. Cependant. la dégradation menace certains sec-teurs, tel celui de Montfaucon où la roche "se patine". En
outre, nombreuses sont les falaises où les grimpeurs
doi-vent composer avec d'autres populations: les faucons
pèlerins viennent y établir leurs nids à la fin de l'hiver: la
fréquentation est donc interdite par" arrêtés de biotope"
jusqu'au début de l'été.
•Le dénivelé des voies est souvent assez faible, limitant le niveau de difficulté de l'escalade. Il atteint
exceptionnelle-ment 140 mètres au rocher de la Baume à
Mouthier-Hautepierre et à la groue Sarrazine de Nans-sous-Sainte-Anne. Dans la partie septentrionale des plateaux, la plupart des sites offrent un dénivelé de l'ordre de 40 mètres.
Ailleurs, il ne dépasse guère 10 à 20 mètres.
•La difficulté des voies est mesurée par un système de
cowtion un peu complexe. mais une cla<>sification plus
synthétique. établie par la Fédération française de
mon-tagne ct d'escalade. permet de distinguer les sites sportifs, les terrains d'aventure et les blocs d'escalade. On peut regretter que cc cla!>sement ne fasse pas directement réfé-rence à la variété des niveaux d'escalade proposés aux pra-tiquants. ce qui leur garantit pourtant la possibilité d'amé-liorer leurs performances et rend la pratique beaucoup plus
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Escalade : caractéristiqu
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FRANCHE-COMTE
En Franche-Comté, presque la moitié
des sites permet l'initiation, mais bon
nombre sont aussi réservés à l'élite
sportive. Les plus fréquentés sont
situés dans les plateaux jurassiens du
nord, sans doute parce qu'ils
propo-sent la plu'> grande variété de niveaux.
Remarquons également que le secteur
de Belfort, avec seulement 5 sites,
propose un large éventai 1 de voies.
alors que les aménagements de la
péri-phérie de Vesoul ne se prêtent qu'à
lïnitiation.
Cette variété d'équipement ne
traduit-elle pas, finalement, une plus
clas-sique opposition entre des milieux
marqués par des comportements
urbains, auxquet:. l'escalade participe
pleinement, et les secteurs ruraux. de
Haute-Saône ou du Jura. où cette
acti-vité ne fait encore qu'une timide
appa-rition ? li nous semble, en effet, que
l'inégal développement des sites
amé-nagé!> ne peut être le fait d'un
détermi-nisme purement naturel.
Des structures artificielles de
proximité
pour développer la pratique et
l'ini-tiation
En 1996, la Franche-Comté possède
un minimum de 55 structures
artifi-cielles d'escalade (SAE). alors qu'il
n'en existait que 18 à la fin des années
quatre-vingts. Caractéristiques des
zones urbaines, elles apparaissent
comme un relais des sites naturels trop
éloignés et offrent aux citadins un
accès immédiat à la pratique. Leur
répartition régionale vient plutôt
conforter le potentiel aménagé ct tr
a-duit bien la" sportivisation "de l'esca-lade dan!> les cantons où la pratique e'>t
d'ores et déjtt bien ancrée. Ccl>
struc-ture~ satbfont ainsi les besoins liés à
la compétition et à l'activité del.
'>CO-laires. tout en offrant une
complémen-tarité saisonnière aux <,ites naturels :
Les clubs d'escalade et .\iles naturels en Franche-Comté
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l'oht:nv
• • , .. ft.IUM wl•n•
70 % des murs d'escalade sont
d'ailleur'> couvert'>, ce qui pennet un
allongement de la période de pratique
durant le~ mois pluvieux.
Les stations touristiques du massif du
Jura ont également largement misé sur
ces nouvelles installations qui offrent
une pos~ibilité de diversifier leurs
acti-vités tout en animant le cœur des
sta-N11mbre de licencié~ • de 1:1 'iO e de SI a 100 • de 101 à 350 • plu-. de 500 5UOm .lOO m :!OOm
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club nnn :~flilié • ~itc natureltions et en renforçant une image. à la
fois !>port ive et conviviale. À Métabief,
aux Rousses. comme dans les petites
stations de La Pesse ou de Cemiébaud.
ces stn1ctures servent aussi de palliatif
lorsque les conditions d'enneigement
ne permettent pas la pratique du ski.
Certain~ centres de vacances, comme
égale-/..es structures artificielles d'escalade Dl•t~""''an'e
...
• o.mpan' \louch.ar<le Ponlarhcr -C'cmiél>auù. \1untmurrut . . . . Lun,·k·Sauna~r 'il·l <JU....,Ili·CO• Gmmhuu\•
\loret
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Orgelet I.e, Rou'-c'
-PrcnMil<lne
SICiaudce
Mct.abacl
•
SAE de plein <lir
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S.\1-. COU\Crtc01\1 \Ci~\ l~ (·r.mchc-C"nmté ment leurs propres murs, afin de proposer une initiation à
l'escalade quelle que soit la localisation géographique.
Précisons, également. que le recours à une telle structure (si sa hauteur est toutefois inférieure à 3 mètres) n'implique pas la présence d'un moniteur sportif diplômé. allégeant ainsi les dépenses del> organismes responsables. tout en
leur permettant d'afficher une telle activité dans leur
pro-gramme.
pour créer de nouveaux espaces de vie
La crémion des clubs d'escalade est fortement liée à la
pré-sence d'une SAE, utilisée comme ba<,e d'entraînement. Le
rôle de ces structures est essemiellement d'assurer aux jeunes une continuité de la pratique à leur sortie de l'école.
Mais l'escalade se passe fort bien de ce genre de cadre. et
les clubs, tel le célèbre GAG (lire Gang des allumés de la grimpe). sont souvent constitués de groupes d'amis,
diffi-ciles à intégrer.
Les municipalités sont, elles aussi, favorables à une
ani-mation "autour de l'escalade'· qu'elles définissenL comme
un relais entre le monde scolaire et le monde associatif.
Certaines. Belfort et Pontarlier par exemple, ont directe-ment exploité les richesses que leur offraient, pour l'une,
les imposantes fortifications de la ville, pour l'autre, une
ancienne carrière directement intégrée au tissu urbain. Ces structures pseudo-artificielles ont l'avantage d'offrir tous les niveaux de difficultés et remportent un vif succès
auprès des citadins. mais drainent aussi une clientèle plus lointaine d'Alsace ou de Suisse. À Besançon. le site de la
Malcombe utilise. de même, un potentiel naturel qui se
décline, ici. en blocs d'escalade. Sa fréquentation est plus
confidentielle, peut-être parce qu'il présente des situations
d'escalade trop limitées. mais aussi parce que les falaises de Montfaucon lui font une rude concurrence.
D'autres initiatives se soldem par des résultats inégaux. Dans la cité de Champvallon à Bethoncourt, la mise en
place à grands frais d'une structure de plein air n'a pas insufflé la dynamique sociale escomptée. On assiste même
à un phénomène de rejet de la part des jeunes du quartier. Le mur, mis en valeur par une fresque et un éclairage noc-turne qui permettrait la pratique jusqu'à des heures tar-dives, est aujourd'hui complètement délaissé. À
Montbéliard. en revanche, la structure du Pré La Rose . située dans l'enceinte d'un parc protégé, est en libre accès durant la journée et sert notamment d'aire de jeux aux enfants du quartier.
Avec le recul dont on dispose aujourd'hui sur le foncti
on-nement de ces installations, on connaît un peu mieux l'alchimie qui permet d'atteindre les objectifs ciblés, c'est-à-dire organiser au sein des villes des lieux de vie et de
convivialité. L'une des clés semble reposer sur une anim
a-tion très souple de la pratique que les clubs fortement
structurés n'offrent pas toujours. L'expérience concluante
de certaines cités, les recherches réalisées pour perfecti
on-ner les équipements et les initiatives sur les «circuits enfants» de la Forêt de Fontainebleau par exemple permet-tent au moins de signaler des démarches exemplaires.
Rappelons ici les résultats d'une enquête effectuée dans le département du Doub!) et portant sur la notion de plabir
associée à l'escalade selon le type de support utilisé. L'analyse met en parallèle l'attrait réel des falaises et des
SAE et les sensations procurées. Le contact sensuel de la roche semble être fondamental pour les grimpeurs.
sensa-tions très appauvries sur structures artificielles. Pour les puristes. le plaisir suprême demeure indissociable du cadre
montagnard. Mais. heureusement pour la Franche-Comté
qui n'offre pas les mêmes atouts que les Alpes. ces" allu
-més" !>Ont aujourd'hui minoritaires parmi les adhérents