• Aucun résultat trouvé

Le sourire est-il soluble dans le Web ?

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Le sourire est-il soluble dans le Web ?"

Copied!
4
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: hal-00655117

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00655117

Submitted on 26 Dec 2011

HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

Le sourire est-il soluble dans le Web ?

Marie-Nathalie Jauffret-Cervetti

To cite this version:

Marie-Nathalie Jauffret-Cervetti. Le sourire est-il soluble dans le Web ? : Usages de la communication non verbale et usages du Web en question chez les ” digital natives ” à travers une des représentations numériques et sociales du sourire.. 2011. �hal-00655117�

(2)

Madame JAUFFRET Marie -Nathalie Professor of Language and Culture- International University of Monaco (MC)

Laboratoire I3M Université de Nice Sophia Antipolis (France)

ETUDE DE CAS

Marie-Nathalie JAUFFRET-CERVETTI

Le sourire est-il soluble dans le Web ?

Usages de la communication non verbale et usages du Web en question chez

les « digital natives » à travers une des représentations numériques et

sociales du sourire.

L’Homme est un animal sociable (Aristote) et par l’essor de récentes technologies, le réseau informatique mondial (web1) permet aujourd’hui aux êtres humains de développer de nouvelles formes de relations. Mais le terme de réseau se suffit-il en lui-même-dans la mesure où il constitue déjà un moyen d’interaction social important- ou ce système d’information hypermédia doit-il obligatoirement se préciser comme social -dans le sens où il met en contact des êtres vivants?

Pour tenter de répondre à cette question, l’étude de cas se propose de comparer une

pratique socialisante utilisée dans la réalité physique comme dans les dispositifs technologiques. Et comme « L'homme sociable inspire le désir de vivre avec lui; on n'aime

qu'à rencontrer l'homme aimable2 », l’étude est donc menée sur un élément représentant l’amabilité. Cette qualité sociale est souvent représentée par le signe du sourire : symbole d’ouverture humaine et généralement preuve d’adaptation sociétale.

Mais si dans la réalité physique, pour sourire, il s’agit de mettre en action plus de 17 différents muscles zygomatiques, sur le web cette action se traduit parfois par une information de type graphique. Cette grammatisation3 du social s’effectue en rassemblant des signes techniques pour traduire un sens préexistant afin qu’il soit reconnaissable et compréhensif dans l’espace technologique par tous les lecteurs. Dans le web donc, le sourire (à la différence du « smiley » ou de l’émoticône) se transcrit parfois en appuyant successivement sur trois touches de clavier (deux points/ parenthèse/ retour), soit :) ou de manière plus complexe par l’ajout de 4 signes (deux points/tiret bas/parenthèse/retour), soit :-). En adressant ce signe symbolique représentatif des muscles zygomatiques en action, l’émetteur parvient à adresser une information sociale- reproduite de la communication non verbale de la réalité physique- au récepteur, tout en répondant aux nouvelles injonctions technologiques.

La démarche méthodologique de cette recherche se fonde tant sur une méthode inductive

que déductive, soit sur des entretiens individuels structurés. Un questionnaire semi-directif sert à recueillir l’opinion d’une population d’une centaine de natifs de l’ère numérique/digital natives (Marc Prensky4), Ces adolescents français et américains âgés de 14 à 16 ans sont amenés à définir dans un premier temps le sens donné au signe :) employé dans le web puis à expliciter son/ses usage(s). Dans un deuxième temps, à titre de comparaison, la

1 Le Web aurait été inventé en 1989 par Tim BERNERS-LEE et Robert CAILLIAU pour le Centre Européen de

Recherche Nucléaire –CERN- Suisse.

2Charles Pinot DUCLOS, Considération sur les mœurs de ce siècle, Chapitre VIII, Ed. Prault fils, Paris, ,

1751, p.163.

3

Grammatisation, telle qu’entendue par Auroux comme « le processus qui conduit à décrire et à outiller une langue sur la base de deux technologies qui sont encore aujourd’hui les piliers de notre savoir métalinguistique : la grammaire et le dictionnaire ».

4

Marc PRENSKY “Digital Natives, Digital Immigrants” in On the Horizon MCB University Press, Vol.9 N°5, Octobre 2001, p.1

(3)

Madame JAUFFRET Marie -Nathalie Professor of Language and Culture- International University of Monaco (MC)

Laboratoire I3M Université de Nice Sophia Antipolis (France) même population répond à des questions identiques concernant l’utilisation du sourire et ses

motivations mais cette fois-ci dans la réalité physique.

L’objectif de l’étude permet de confronter une même forme socialisante qui se retrouve dans deux mondes afin de savoir s’il existe une réelle solubilité ou si elle est pré-acquise.

Le sourire comporte « un code de rapport humain5 », révélateur de volonté d’interaction sociale. Et si l’affichage des expressions faciales non verbales dans la communication des sentiments peuvent représenter jusqu’à 55% d’un message (Albert Mehrabian/Susan R. Ferris6) dans la réalité physique, en serait-il de même sur le web ?

En comparant la/les significations attribuées au sourire :) sous la forme d’un signe graphique et celle(s) données à l’expression faciale non verbale, la/les réponses apportées par les éventuelles différences de traduction permettent de mesurer le degré de solubilité de ce signe. Dans le cas de l’émission d’un signe social comme celui d’un sourire- dans le web, l’intention est ici de démontrer qu’une fusion parfaite, une totale solubilité ne peut être acquise dans la transmission d’un même symbole. Les « digital natives » analysent le sourire comme un élément socialement signifiant qui sert à réguler les échanges sociaux mais lui en donnent généralement un seul et unique sens primaire. Sa traduction serait celle du pré-langage enfantin propre à la seule faculté de reconnaissance universelle dans les émotions de base7. Ceci est prouvé par les efforts portés à la création d’autres outils socialisant (émoticônes, smiley, etc.) car même si le web intègre des signes relationnels, les traductions réalisées le découvrent moins « social » car elles figent dans le temps et dans l’espace des indications sans aucune nuance en laissant place à une réduction de son sens.

Les analyses doivent mener à démontrer que les nouvelles technologies se satisfont pour l’instant d’un sens réducteur et primaire alors que les expressions non verbales de la réalité physique sont toujours riches de significations et de sous–entendus encore difficilement accessibles au web.

La mutation des technologies de l’information pousserait les sens symboliques et en particulier la communication faciale non verbale à redevenir primitive, à se déposséder de toutes nuances, comme le précise Serge Agostinelli8 « la communication se limite, de fait, à la simple diffusion d’information ». Dans le cas du sourire, il serait justifié de préciser que cette communication fournie de plus une information brute, réduite à sa plus primaire interprétation pour les « digital natives ».

Cette étude de cas, en s’appuyant sur les écrits d’Erwin Goffman9

« Même si un individu peut s’arrêter de parler, il ne peut s’empêcher de communiquer par le langage du corps. Il peut parler à propos ou non. Il ne peut pas ne rien dire» permet d’enrichir la réflexion sur l’industrialisation du symbolique et du langage non verbal. En effet, à force de pratique intensive des nouvelles technologies, les « digital natives » ne posséderaient plus les compétences propres à décoder les expressions non verbales et faciales de la réalité physique.

5

Oswald DUCROT, Dire et ne pas dire: principe de sémantique linguistique, Volume3 de Collection Savoir, Hermann, 1972, p. 98

6 Albert MEHRABIAN, Susan R. FERRIS, « Inference of Attitudes from Nonverbal Communication in Two

Channels”. Journal of Consulting Psychology 31. p. 248-252.

7 Claude CHABROL, M. RADU, « Psychologie de la communication et de la persuasion. Théories et

applications », Bruxelles, Collections Ouvertures psychologiques. Editions de Boeck, 2008, p.229

8 Serge AGOSTINELLI, « Les nouveaux outils de communication des savoirs », l’Harmattan, Paris, 2003,

p.112.

9

Erwin GOFFMAN, « Engagement », in La nouvelle communication, sous la direction d’Yves Winkin, Paris, Seuil, 1981, p. 269.

(4)

Madame JAUFFRET Marie -Nathalie Professor of Language and Culture- International University of Monaco (MC)

Laboratoire I3M Université de Nice Sophia Antipolis (France) Cette faiblesse expliquant en partie le succès de séries télévisées outre - atlantique dont plus

particulièrement celle créée par Samuel Baum10, dans laquelle le héros parvient à déchiffrer avec succès les expressions non verbales de potentiels suspects. En outre, si « les possibilités d’expressions personnelles induites [par le media Internet] entraînent une explosion des individualités et des particularismes informationnels et culturels11 », cet individualisme apparent n’est-il pas en réalité un mouvement d’une masse suivant de nouveaux rites sociaux initiés par la technologie ?

JAUFFRET-CERVETTI Marie-Nathalie

Professor of Language and Culture- International University of Monaco (MC) Chargée de cours- Département Sciences de l’Information et de la Communication

Laboratoire I3M Université de Nice Sophia Antipolis (France) mjauffret@unice.fr

BIBLIOGRAPHIE

Serge AGOSTINELLI, « Les nouveaux outils de communication des savoirs », l’Harmattan, Paris, 2003, p.112.

Claude CHABROL, M. RADU, « Psychologie de la communication et de la persuasion. Théories et applications », Bruxelles, Collections Ouvertures psychologiques. Editions de Boeck, 2008, p.229

Charles Pinot DUCLOS, « Considération sur les mœurs de ce siècle », Chapitre VIII, Ed. Prault fils, Paris, 1751, p.163.

Oswald DUCROT, « Dire et ne pas dire: principe de sémantique linguistique », Volume3 de Collection Savoir, Hermann, 1972, p. 98

Erwin GOFFMAN, « Engagement », in La nouvelle communication, sous la direction d’Yves Winin, Paris, Seuil, 1981, p. 269

MAHOUDEAU Julien et ROJAS Estrella, « Mondialisation et hypermédias de médiation du patrimoine » in Patrimoine et mondialisation, Edition l’Harmattan, Paris, 2008, p.245

Albert MEHRABIAN, Susan R. FERRIS, « Inference of Attitudes from Nonverbal Communication in Two Channels”. Journal of Consulting Psychology 31. p. 248-252.  Marc PRENSKY “Digital Natives, Digital Immigrants” in On the Horizon MCB

University Press, Vol.9 N°5, Octobre 2001, p.1

10 « Lie to me » série télévisée américaine réalisée et produite par l’écrivain Samuel David BAUM, 2009 11

MAHOUDEAU Julien et ROJAS Estrella, « Mondialisation et hypermédias de médiation du patrimoine » in Patrimoine et mondialisation, Edition l’Harmattan, Paris, 2008, p.245

Références

Documents relatifs

Solution annealing leads to a decrease of the phase transfor- mation temperatures in the specimens produced with energy densities of 70, 84, and 100 J/mm 3 , associated with

Dans les films comiques, on trouve de nombreux.. Mon ami ne comprend

o écrire, en respectant les critères d’évaluation, un texte court expliquant l’expression « Voir loin, c’est voir dans le passé », texte qui sera à rendre sur feuille pour

Dans le cadre déjà existant du traitement de la difficulté scolaire (différenciation pédagogique mise en oeuvre au sein de la classe, actions spécifiques des RASED, stages de

Cette phrase montre que Solvay prend appui sur son référentiel de compétences dans son nouvel accord de GPEC pour saisir les différentes sources de compétences : lors de la

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des

[r]

Maintenant que nous avons montré que dans la plupart des sols les éléments grossiers poreux cèdent de l'eau à la terre, il nous faut préciser l'humidité des éléments poreux