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Rythmes de diffusion de l’<i>instrumentum</i> de type italique en Gaule interne à la fin du second âge du Fer : quelques résultats

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Academic year: 2021

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Rythmes de diffusion de l’instrumentum de type italique

en Gaule interne à la fin du second âge du Fer : quelques

résultats

Clémentine Barbau

To cite this version:

Clémentine Barbau. Rythmes de diffusion de l’instrumentum de type italique en Gaule interne à la

fin du second âge du Fer : quelques résultats. Bulletin de l’Association française pour l’étude de l’âge

du fer, AFEAF, 2019, 37, pp.29-30. �hal-02523020�

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Bulletin de l’Association française pour l’étude de l’âge du Fer, n° 37, 2019

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RYTHMES DE DIFFUSION DE L’INSTRUMENTUM DE TYPE ITALIQUE EN GAULE

INTERNE À LA FIN DU SECOND ÂGE DU FER : QUELQUES RÉSULTATS

Clémentine BARBAU (UMR 7044 Archimède)

Cette étude typologique et contextuelle, menée dans le cadre d’une thèse de doctorat, récemment publiée (Barbau 2019), porte sur un corpus d’instrumentum de type italique, provenant de Gaule interne, durant les des deux derniers siècles avant J.-C. et la période augustéenne. Diverses catégories de mobilier y sont rassemblées  : des objets de parure, tels que des ba-gues à intaille ; des ustensiles de toilette et de soin du corps ; de la vaisselle de bronze ; des instruments de l’écriture (styles et boites à sceau) ; des accessoires de vêtement ; et les objets de l’éclairage (lampes à huile et lanternes). Le corpus regroupe 757 objets, provenant de 110 sites de nature variée (oppida, agglomérations, établissements ruraux, sanctuaires, sépultures).

À partir de diverses méthodes statistiques (analyses quantitatives tenant comptes des catégories d’objet, de la nature des sites et de leur situation géogra-phique ; « indices de romanisation »), l’objectif est de proposer un schéma chronologique de diffusion de ce type de mobilier, de le mettre en perspective avec les autres aspects de la romanisation et d’en proposer des interprétations historiques et sociales.

En dehors de quelques occurrences de vaisselle de bronze découverts dans des tombes de Berne, datées de La Tène C2, qui attestent de contacts précoces avec le sud des Alpes, l’instrumentum de type italique com-mence à apparaître à La Tène D1a-D1b. À ce moment, les objets sont peu diversifiés. La vaisselle métallique est largement majoritaire et est surtout représentée par des éléments de passoire en bronze, qui se diffusent dans les agglomérations (Levroux, Bâle Gasfabrik), les

oppida de Gaule Belgique orientale (Donnersberg,

Wallendorf, Fossé des Pandours) et dans quelques

oppida de Gaule centrale et orientale et ce dès les

pre-mières phases d’occupation (Bibracte et Besançon). Ce phénomène est sans doute fortement lié à l’essor du commerce du vin avec l’Italie et à la propagation des amphores. Les sites représentés sont effectivement des pôles commerciaux pour la période. Toutefois, à cette

période, la distinction entre la part du commerce et celle du culturel dans les transformations de la Gaule est délicate à appréhender, bien qu’il semble évident que le commerce ait eu un rôle majeur dans les interac-tions qui précèdent tout phénomène d’acculturation.

À La Tène D2a, les objets de type italique sont plus largement diffusés en Gaule interne et les catégories représentées sont largement diversifiées, avec de la vaisselle, de la parure, des ustensiles de toilette et les premières lampes à huile (Clemency). Les oppida sont toujours très représentés et plusieurs concentrations sont perceptibles à Bibracte, Villeneuve-Saint-Ger-main et Orléans. Ils jouent le rôle de sites récepteurs et de pôles de romanisation à des échelles régionales. De plus, la confrontation avec d’autres marqueurs d’acculturation (la céramique notamment) a permis de proposer à nouveau l’hypothèse de la présence de marchands et peut-être d’artisans italiens dans certains

oppida, et notamment Orléans et Gondole, peut-être

déjà avant la conquête. Quant au domaine funéraire, il est marqué par l’apparition de lots de vaisselle de bronze dans certaines tombes champenoises autour d’Acy-Romance (Hannogne-Saint-Rémy, Saint-Ger-mainmont notamment) pour La Tène D1b/D2a.

Ensuite, à La Tène D2b, les analyses contextuelles ont bien montré que la conquête de la Gaule a joué le rôle de catalyseur, en accélérant la diffusion et la diversification des objets italiques, dans des sites de plus en plus éloignés des couloirs de circulation tra-ditionnellement identifiés. Cette diversification des objets témoigne de l’intensification des relations poli-tiques et commerciales, mais aussi de l’impact de la conquête césarienne qui a entraîné le déplacement de nombreuses populations italiques. En ce sens, certains objets militaires tels que les boucles de ceinture, qui sont présentes à La Tène D2b, et parfois déjà à La Tène D2a, sont à analyser comme des marqueurs de pré-sence romaine et non comme des indices de romani-sation.

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Le début de la période augustéenne constitue une étape marquante dans le développement de la roma-nisation. La diffusion des mobiliers touche quasiment l’ensemble du territoire et la variété des catégories représentées atteste de la multiplicité des domaines du cadre de vie qui sont touchés. Dans ce contexte, quelques oppida présentent des faciès mobilier parti-culiers. C’est le cas par exemple de Bâle Münsterhü-gel, de Zurich, de Boviolles ou du Titelberg, dont les quantités de mobilier italique sont importantes, avec notamment de nombreuses lampes à huile et beau-coup d’ustensiles de l’écriture, ce qui pourrait attester d’une présence romaine, mais dont la nature exacte reste encore à préciser. Par ailleurs, la période augus-téenne est fortement marquée par la réapparition des tombes aristocratiques, qui contiennent de nombreux récipients variés en bronze (Goeblange-Nospelt, Saint-Nicolas-lèz-Arras, Fléré-la-rivière). L’analyse de ces en-sembles montre qu’un choix a été opéré dans la caté-gorie de mobilier à déposer et que ces récipients de banquet sont devenus des objets de prestige et des marqueurs de statut social. Cette constatation permet de réaffirmer le rôle des élites locales dans l’adoption de mobilier exogène et dans la diffusion de la roma-nisation en Gaule, une à deux générations après la Conquête.

Les différents volets d’analyses de l’instrumentum ont bien montré les difficultés liées à la pluralité des situations, des chronologies et des comportements. Cette recherche a permis de proposer un schéma des

modalités chronologique et spatiale de la romanisation et d’en cerner les grandes tendances, mais aussi les particularismes. Ce schéma chronologique ne fonc-tionne pas de manière linéaire, mais bien par à-coups, de manière saccadée. Quant aux particularismes qui se détachent de ce schéma, ils peuvent être mis en rela-tion, à l’échelle des territoires gaulois, avec des relations politiques ou commerciales favorables aux échanges avec l’Italie ou au contraire plutôt conflictuelles, mais aussi comme l’expression de choix personnels des élites. Ainsi, cette réflexion nous amène à considérer le phénomène de romanisation comme sélectif, car un choix d’intégrer ou non certains objets est opéré par les populations locales. De plus, l’absence d’hybrida-tion morphologique ou technique dans l’instrumentum de type italique constitue une originalité par rapport à la romanisation des autres domaines (céramique et architecture notamment). En somme, nous retiendrons la polyvalence et la diversité des formes de transforma-tion de la société gauloise entre la fin de l’âge du Fer et le début de la période romaine.

Bibliographie

Barbau C., 2019. Romanisation et vie quotidienne.

L’instrumentum de type italique en Gaule interne (IIe s.

av. J.-C. – Ier s. ap. J.-C.), Drémil Lafage, éditions Mer-goil, 566 p. (Monographies Instrumentum, 58).

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