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Facteurs environnementaux et symptômes des troubles oculaires et cutanés chez les enfants de moins de cinq ans : cas des zones de l’Observatoire de population de Ouagadougou

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Texte intégral

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Université de Montréal

Facteurs environnementaux et symptômes des troubles oculaires et

cutanés chez les enfants de moins de cinq ans: cas des zones de

l’Observatoire de population de Ouagadougou

Par : Jean Paul Peumi

Département de Démographie Faculté des Arts et des Sciences

Mémoire présenté à la Faculté des Études Supérieures en vue de l’obtention du grade de Maître ès sciences (M. Sc.)

Octobre 2012

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Université de Montréal

Faculté des études supérieures et postdoctorales

Ce mémoire intitulé :

Facteurs environnementaux et symptômes des troubles oculaires et cutanés

chez les enfants de moins de cinq ans: cas des zones de l’Observatoire de

population de Ouagadougou

Présenté par :

Jean Paul Peumi

a été évalué par un jury composé par les personnes suivantes :

Solène Lardoux

Présidente - rapporteur

LeGrand Thomas

Directeur de recherche

Stéphanie Dos Santos

Codirectrice

Marie Josée Aubin

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REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier mon directeur de mémoire, Thomas Legrand qui a accepté de m’encadrer malgré ses multiples occupations en tant que Directeur du département de démographie de l’Université de Montréal. Il m’a toujours rencontré dans les délais très courts pour m’aider à apprendre et à progresser. Je le remercie aussi pour l’appui financier multiforme qu’il m’a apporté pour faire face à certaines difficultés rencontrées dans la réalisation de ce mémoire. Qu’il trouve ici l’expression de ma sincère reconnaissance.

Je tiens à adresser ma gratitude à ma co-directrice de mémoire, Stéphanie Dos Santos pour sa patience, sa rapidité à réagir à mes travaux, sa disponibilité en tout temps, ses précieux conseils et les discussions très enrichissantes que nous avons eues. Sa rigueur, ses connaissances, son professionnalisme, son sens critique, son sens des relations humaines et son ouverture ont fortement contribué à nourrir ma réflexion et à rendre cette expérience passionnante.

Je remercie l’Unité de Santé Internationale qui dans ce cadre de ce mémoire m’a octroyé une bourse pour poursuivre les recherches au Laboratoire Population-Environnement-Développement à Dakar (Sénégal) et à l'Institut Supérieur des Sciences de la Population (ISSP) de l'Université de Ouagadougou (Burkina Faso). Je tiens aussi à remercier ces deux dernières structures pour m’avoir permis de bénéficier de leur environnement scientifique, administratif et matériel.

Je voudrais exprimer ma reconnaissance envers les amis et collègues qui m’ont apporté leur support moral et intellectuel dans la réalisation de ce mémoire. Un grand merci à Yentéma Onadja, Théophile Bougna Lonla, Franklin Bouba Djourdebbe, Dieunedort Tiomo Demanou, Ronald Joseph, Claude Raymond Alexis et Didier Vissého Adjiwanou pour la relecture de ce travail et les conseils qui ont contribué à l’améliorer.

Enfin, je tiens à témoigner toute ma gratitude à mon épouse Ghislaine et à mes enfants Junior, Brayan Arold et Naomie Gaëlle pour leur confiance et leur soutien inestimable.

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DÉDICACE

A MES PARENTS,

A MES BEAUX PARENTS, A MON ÉPOUSE,

A MES ENFANTS, A MA FAMILLE,

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RÉSUMÉ

Les risques liés à l’environnement immédiat, notamment le manque d’accès à l’eau potable, à l’assainissement, à un logement décent et à un milieu de vie sain constituent un des facteurs à l’origine de la mauvaise santé des enfants de moins de cinq ans dans les pays en développement. Les objectifs principaux poursuivis dans cette recherche sont de mesurer l’influence de ces risques de l’environnement immédiat sur la prévalence des symptômes des troubles oculaires et celle des symptômes des troubles cutanés chez les enfants de moins de cinq ans à Ouagadougou et de rechercher les autres déterminants sous-jacents de la prévalence de ces symptômes dans cette ville. Nous utilisons les données de l’enquête réalisée en février 2010 sur l’état de santé et le comportement sanitaire associé aux maladies et symptômes récents et les données sur les événements démographiques et sur les conditions de vie des ménages collectées en mai 2009 durant le round 1 de l’enquête ménage. L’échantillon de l’étude est constitué de 950 enfants issus de 736 ménages sélectionnés aléatoirement dans cinq quartiers périphériques de la ville de Ouagadougou.

Nous avons recouru à l’analyse descriptive fondée sur les tableaux croisés et les tests du chi-2, et à l’analyse de la régression logistique multivariée ayant permis d’étudier les risques relatifs de la survenue desdits symptômes.

L’analyse descriptive montre que certaines variables de l’environnement immédiat, en l’occurrence le mode d’évacuation des ordures ménagères, le type de toilette utilisé le plus souvent par la plupart des membres du ménage et le type de quartier de résidence, sont associés à la prévalence des troubles oculaires. Mais une analyse approfondie à l’aide de la régression logistique multivariée n’a confirmé que l’effet du type de quartier de résidence. Concernant la prévalence des symptômes des troubles cutanés, en analyse bi-variée, les variables de l’environnement immédiat qui y sont associées sont la nature du sol intérieur et le mode d’évacuation des eaux usées. L’analyse multivariée semble confirmer les effets de ces variables. Nous avons relevé quelques limites des données utilisées, notamment la faible taille de l’échantillon, la non-confirmation par voie médicale des données sanitaires et le caractère transversal desdites données. Toutefois, les résultats trouvés pourront être utiles aux planificateurs et décideurs qui ont la charge de la gestion de l’espace urbain dans le but de mieux concevoir de nouvelles politiques urbaines mettant l’accent sur la restructuration des quartiers précaires afin de mieux combattre les maladies évitables. En conclusion, en tenant compte des limites relevées, il serait utile de procéder à d’autres investigations afin de tirer des conclusions moins sujettes à débat du point de vue méthodologique.

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ABSTRACT

Risks related to domestic environment, including a lack of access to safe drinking water, inadequate sanitation, poor housing conditions and an unhealthy environment are some of the factors that can explain the poor health of young children in developing countries. The main goals of this research are to assess the influence of such local environmental risks on the prevalence of symptoms of eye and skin diseases among children aged under five and to examine the effects of other possible determinants of these problems in Ouagadougou, capital city of Burkina Faso. Data are from a survey conducted in February 2010 that collected information on the health status and behaviors associated with recent disease episodes; these are linked to data collected in May 2009 by an earlier round of the Ouagadougou DSS on demographic events and the living conditions of households. Our sample consists of 950 children from 736 randomly selected households in five suburbs of the city.

The descriptive analysis (cross-tabulations and chi-2 tests) showed that several variables of domestic environment, namely the waste disposal, the type of toilet used by the members of the household and the type of neighborhood are associated with the prevalence of the symptoms of eye diseases. The multivariate analysis using multivariate logistic regressions, however, confirmed only the effect of neighborhood type – zoned versus spontaneous settlements. Concerning the skin diseases, the descriptive analysis indicated that the only aspects of the domestic environment that are associated with their symptoms are the type of floor in the living union and the method of household waste disposal. The multivariate analysis confirmed the significant effects of these variables on children’s health.

We note some limitations of the data used, including the relatively small size of the sample, the fact that disease symptoms were reported by the children’s guardians and not verified by doctors, and the cross-sectional nature of the data. The data however do provide unusual information on the domestic living environment and are of relatively good quality. The results of the study may be useful to planners and decision makers who are responsible for the management of urban space, in order to improve the design of policies aiming to improve the structure and living conditions in precarious (spontaneous, non-zoned) neighborhoods to better fight preventable diseases. That said, further research is needed to attain stronger conclusions that are based on larger data sets that are less subject to possible self-reporting inaccuracies.

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TABLE DES MATIÈRES

REMERCIEMENTS ... II DÉDICACE... III RÉSUMÉ ... IV ABSTRACT ... V TABLE DES MATIÈRES ... VI LISTE DES TABLEAUX ... VIII LISTE DES GRAPHIQUES ET FIGURES ... IX

INTRODUCTION ... 1

I. OBJECTIFS ... 4

II. REVUE DE LA LITTÉRATURE, CADRE CONCEPTUEL ET HYPOTHÈSES ... 5

II-1.REVUE DE LA LITTERATURE ... 5

II-2.CADRE CONCEPTUEL ... 10

II-3.HYPOTHESES DE RECHERCHE ... 12

III. PRÉSENTATION DU CONTEXTE DE L’ÉTUDE ... 14

IV. DONNÉES, SPÉCIFICATION DES VARIABLES ET MÉTHODE D’ANALYSE ... 17

IV-1.SOURCES DE DONNEES ... 17

IV-2.SPECIFICATION DES VARIABLES... 18

IV-2-1. Variables dépendantes ... 18

IV-2-2. Variables indépendantes ... 18

IV-2-2-1. Variables d’intérêt (caractéristiques de l’environnement immédiat) ... 19

a. Mode d’évacuation des ordures ménagères ... 19

b. Principale source d’alimentation en eau ... 20

c. Type et utilisation de toilettes ... 20

d. Évacuation des eaux usées ... 21

e. Nature du sol intérieur ... 22

f. Type de quartier de résidence ... 23

IV-2-2-2. Variables de contrôle ... 23

a. Caractéristiques individuelles de l’enfant ... 23

a-1. Sexe de l’enfant ... 23

a-2. Âge de l’enfant ... 24

b. Caractéristiques de la mère et du ménage ... 24

b-1. Éducation de la mère ... 24

b-2. Nombre de personnes dormant par pièce habitable ... 25

c. Niveau de vie du ménage ... 26

IV-3.DIAGNOSTIC DES DONNEES ... 28

IV-3-1. Faiblesses de l’information disponible... 28

IV-3-2. Test de multicolinéarité ... 28

IV-3-3. Traitement des données manquantes et des valeurs aberrantes... 32

IV-3-4. Biais de sélection ... 32

IV-4.METHODES D’ANALYSE ET MODELES RETENUS POUR L’ANALYSE MULTIVARIEE ... 33

IV-4-1. Méthodes d’analyse ... 33

IV-4-2. Modèles retenus pour l’analyse multivariée ... 35

V- RÉSULTATS ... 36

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V-1-1. Maladies des yeux ... 38

V-1-1-1. Variables de l’environnement immédiat et prévalence des symptômes des maladies des yeux ... 38

V-1-1-2. Variables de contrôle et prévalence des symptômes des maladies des yeux... 39

V-1-2. Symptômes des troubles cutanés ... 39

V-1-2-1. Variables de l’environnement immédiat et prévalence des symptômes des troubles cutanés ... 39

V-1-2-2. Variables indépendantes de contrôle et prévalence des symptômes des troubles cutanés ... 40

V-2.ANALYSEMULTIVARIEE ... 41

V-2-1. Symptômes des troubles oculaires ... 41

V-2-2. Symptômes des maladies des troubles cutanés ... 44

DISCUSSION ... 46

CONCLUSION ... 50

BIBLIOGRAPHIE ... 52

ANNEXE ... 58

A-1COHÉRENCEETCORRECTIONDESERREURSDANSLABASEDEDONNÉES ... 58

A-1-1) Test de cohérence sur les données ... 58

A-1-2) Correction de quelques incohérences dans la base de données ... 62

A-1-3) Conclusion sur la qualité des données ... 63

A-1-4) Questions en rapport avec les symptômes des troubles oculaires et cutanées posées aux répondants lors de l’enquête ... 63

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LISTE DES TABLEAUX

TABLEAU 1 : STATISTIQUES DESCRIPTIVES DES VARIABLES DEPENDANTES ET INDEPENDANTES. ... 27 TABLEAU 2 : RESULTATS DU TEST DE MULTICOLINEARITE SUR LES VARIABLES INDEPENDANTES... 29 TABLEAU 3 : COMPLEMENT D’ANALYSE DE LA MULTICOLINEARITE SUR LES VARIABLES INDEPENDANTES. .... 31 TABLEAU 4 : MATRICE DE CORRELATION ENTRE LES MODALITES DES VARIABLES INDEPENDANTES. ... 32 TABLEAU 5 : MODELES ET VARIABLES INDEPENDANTES INCLUSES. ... 35 TABLEAU 6 : PREVALENCE DES SYMPTOMES DES TROUBLES OCULAIRES ET DES TROUBLES CUTANES CHEZ L’ENFANT SELON LES CARACTERISTIQUES ENVIRONNEMENTALES, SOCIOECONOMIQUES, CULTURELLES ET DEMOGRAPHIQUES. ... 37 TABLEAU 7 : FACTEURS ASSOCIES A LA PREVALENCE DES SYMPTOMES DES TROUBLES OCULAIRES CHEZ LES ENFANTS DE MOINS DE 5 ANS A OUAGADOUGOU. ... 43 TABLEAU 8 : FACTEURS ASSOCIES A LA PREVALENCE DES SYMPTOMES DES TROUBLES CUTANES CHEZ LES ENFANTS DE MOINS DE 5 ANS A OUAGADOUGOU. ... 45 TABLEAU 1A : REPARTITION DES ENFANTS PAR QUARTIER SELON LA PRINCIPALE SOURCE D’ALIMENTATION EN EAU. ... 59 TABLEAU 2A: REPARTITION DES ENFANTS PAR QUARTIER SELON LE TYPE DE TOILETTE UTILISE PAR LA PLUPART DES MEMBRES DU MENAGE. ... 60 TABLEAU 3A: LISTE DE MENAGES DES QUARTIERS NON LOTIS DONT LE TYPE DE TOILETTE UTILISE PAR LA PLUPART DES MEMBRES EST A VERIFIER SUR LE TERRAIN. ... 60 TABLEAU 4A : REPARTITION DES ENFANTS SELON LA PRINCIPALE SOURCE D’ALIMENTATION EN EAU ET LE TYPE DE TOILETTE UTILISE PAR LA PLUPART DES MEMBRES DU MENAGE. ... 61 TABLEAU 5A : LISTE DE MENAGES DONT LE TYPE DE TOILETTE UTILISE PAR LA PLUPART DES MEMBRES ET LA PRINCIPALE SOURCE D’ALIMENTATION EN EAU SONT A VERIFIER SUR LE TERRAIN. ... 61 TABLEAU 6A : RESULTATS DES OBSERVATIONS SUR LE TERRAIN. ... 63

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LISTE DES GRAPHIQUES ET FIGURES

FIGURE 1. CADRE CONCEPTUEL DE L’ANALYSE DES EFFETS DE L’ENVIRONNEMENT IMMEDIAT ET SES VARIABLES INTERMEDIAIRES SUR LA PREVALENCE DES MALADIES DES YEUX ET DE LA PEAU CHEZ LES ENFANTS DE MOINS DE CINQ ANS. ... 12 GRAPHIQUE 1. PREVALENCE DES SYMPTOMES DES TROUBLES OCULAIRES ET CEUX DES TROUBLES CUTANES AU COURS DES DEUX DERNIERES SEMAINES PRECEDANT L’ENQUETE. ... 36 FIGURE 2. LOCALISATION DES ZONES SUIVIES PAR L’OBSERVATOIRE DE POPULATION DE OUAGADOUGOU (OPO). ... 58

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1

INTRODUCTION

Les données sur la situation sanitaire des enfants de moins de cinq ans en Afrique subsaharienne suscitent de vives inquiétudes. En effet, malgré les améliorations enregistrées depuis les années 1950-60 (Corradi 2008), on note selon les statistiques du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) que le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans dans cette partie du continent africain dépasse 121 ‰ (Unicef 2009; Unicef 2011; Unicef 2012).

Les risques liés à l’environnement immédiat, notamment l’accès à l’eau potable, l’assainissement, l’hygiène et la salubrité du logement et du quartier, apparaissent comme causes importantes du mauvais état de santé des jeunes enfants en Afrique subsaharienne (Negrel et Mariotti 1998; Kumaresan et Mecaskey 2003; Mariotti et al. 2003; Ngwe et Banza-Nsungu 2007; Montgomery et Bartram 2010; Unicef 2012). Ainsi, plus de 25 % des maladies sont attribuées à des facteurs de risques environnementaux et 43 % concernent les enfants de moins de 5 ans, qui représentent 12 % de la population mondiale (Revault et Monjour 2003). Le 13 juin 2007, sur son site internet, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a publié par communiqué de presse la première analyse par pays de l’impact sur la santé de ces risques environnementaux (OMS 2007). Les résultats confirment de profondes inégalités entre les pays du Nord et ceux du Sud. L’Angola, l’Afghanistan, le Mali et le Burkina Faso figurent parmi les pays les plus touchés au monde.

Dans un contexte de rareté des ressources, la croissance rapide de la population urbaine que connaissent aujourd’hui la plupart des pays en développement contribue à aggraver la dégradation de l’environnement. En effet, cette croissance de la population urbaine met à rude épreuve les infrastructures et les services existants et entraîne l’apparition de taudis surpeuplés, à l’hygiène insuffisante et marqués par la pollution (Unicef 2012). Dans ces conditions, les enfants sont exposés aux maladies dues à la prolifération des moustiques et autres insectes vecteurs. Au Burkina Faso par exemple, la ville de Ouagadougou à elle seule concentre près de 10 % de la population du pays (Kobiané 1998; Kobiané 1999; Boyer et al. 2009). En 46 ans, la population de cette ville s’est multipliée par 25 en passant de 59 000 habitants en 1960 à environ 1,2 million habitants en 2006 (Boyer et al. 2009). Avec une telle pression démographique, on assiste à un étalement rapide de la ville et à une émergence de quartiers non-lotis avec, pour corolaire direct, un accès difficile aux services urbains de base tels l’eau potable, l’électricité, l’assainissement, etc. Ces conditions environnementales sont susceptibles de favoriser l’apparition, au sein de la

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2 population, de plusieurs maladies infectieuses et parasitaires telles que le paludisme, les affections des voies respiratoires, les affections digestives, les diarrhées, les maladies des yeux (trachome, onchocercose, … etc), les maladies de la peau (gale, teignes, verrues planes, varicelles, …etc). Si les liens entre l’environnement et le paludisme, les infections respiratoires aigües et les maladies diarrhéiques sont suffisamment documentés (Wéthé et al. 2003; Wéthé et al 2003; Ngwe et Banza-Nsungu 2007), il n’en est pas encore le cas pour la plupart des maladies des yeux, ainsi que pour la plupart de celles de la peau, qui figurent pourtant parmi les dix premières causes de consultation médicale au Burkina Faso (Ministère de la santé 2010 et 2012).

Malgré le fait que les maladies des yeux et celles de la peau ne soient pas, pour la plupart, létales, les invalidités qu’elles entraînent ont des conséquences économiques et sociales susceptibles d’accroître un peu plus la précarité des populations. De plus, à cause du préjugé esthétique, ces maladies présentent un impact important sur la qualité de vie de ceux qui en souffrent (Ezzahra et Senouci 2010). Une meilleure compréhension des facteurs environnementaux liés à la prévalence de ces maladies semble nécessaire pour asseoir des stratégies appropriées visant à les éliminer. Mais faute de données appropriées, ces maladies font encore partie d’un champ de recherche encore très peu exploré par les sciences sociales. La plupart des travaux existants sur ces maladies ont jusqu’à présent été l’œuvre des professionnels de la santé qui mettent l’accent sur les aspects cliniques et thérapeutiques (Mahé et al. 1995; Traoré et al. 1999; Oumou et al. 2006). Pourtant, une approche par les sciences sociales à l’aide des données populationnelles permettrait de mettre en exergue les facteurs de risques liés aux conditions de vie des populations associés à chacune de ces maladies, et ainsi d’envisager une approche collective et administrative de ces problèmes de santé sous ses aspects politiques, économiques, réglementaires, institutionnels. Ce travail vise à apporter une contribution dans ce sens à partir des données récoltées dans l’Observatoire de Population de Ouagadougou (OPO).

Compte tenu des données disponibles, les maladies des yeux, ainsi que celles de la peau sont mesurées à travers leurs proxys que sont les symptômes. Pour la même raison, il ne s’agira pas d’étudier les profils épidémiologiques et étiologiques de certaines maladies particulières des yeux ou de la peau, mais plutôt de rechercher les déterminants de la prévalence de leurs symptômes.

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3 Cette recherche comporte deux intérêts. Tout d’abord, nous utiliserons les données de l’Observatoire de Population de Ouagadougou (OPO), une source de données comportant une variété de variables de l’environnement immédiat des ménages. La deuxième originalité de cette recherche est que nous nous intéressons aux symptômes des maladies des yeux et à ceux des maladies de la peau chez les enfants qui, à notre connaissance, ont fait l’objet de très peu d’études dans le contexte des villes africaines, et particulièrement à Ouagadougou. Grâce à la richesse des données de l’Observatoire de Population de Ouagadougou (OPO), il est possible de mener une étude sur l’influence des effets de l’environnement immédiat des ménages sur la prévalence des symptômes de ces maladies.

Afin de mettre en relation les risques liés à l’environnement immédiat et la prévalence des maladies de la peau et des yeux chez les enfants de moins de 5 ans dans la ville de Ouagadougou, nous avons organisé notre réflexion autour de cinq sections. Une revue de littérature sur les déterminants de la santé des enfants avec un accent particulier sur les maladies de la peau et des yeux, la présentation du cadre conceptuel et de l’hypothèse fondamentale, feront l’objet de la première section. La deuxième section sera consacrée à la présentation du contexte de l’étude. Nous présenterons les données et la méthodologie dans la troisième section. La quatrième section sera consacrée à la présentation des résultats obtenus. Enfin nous terminerons par une discussion.

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I. OBJECTIFS

Compte tenu des données disponibles, l’objectif principal de cette étude sera de contribuer à l’avancement des connaissances sur les effets des facteurs environnementaux sur la prévalence des symptômes des troubles oculaires d’une part, et sur la prévalence des symptômes des troubles cutanés d’autre part, au delà des caractéristiques sociodémographiques de l’enfant, du niveau de vie du ménage auquel il appartient et du niveau d’éducation de sa mère. Plus spécifiquement, cette recherche visera à :

- analyser l’influence des facteurs liés à l’environnement immédiat (accès à l’eau potable, salubrité du logement, type du quartier de résidence, assainissement, etc.) sur la prévalence des symptômes des maladies des yeux et des symptômes des troubles cutanés chez les enfants de moins de cinq ans ;

- déterminer le rôle des caractéristiques de l’enfant (âge, sexe), du niveau d’éducation de la mère et du niveau de vie du ménage dans la prévalence des symptômes des maladies des yeux et des symptômes des troubles cutanés chez les enfants de moins de cinq ans à Ouagadougou au Burkina Faso.

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II. REVUE DE LA LITTÉRATURE, CADRE CONCEPTUEL ET HYPOTHÈSES

Dans cette section, nous présentons une brève revue de la littérature et un cadre conceptuel qui débouche par la suite sur la formulation de l’hypothèse fondamentale, ainsi que des hypothèses spécifiques testées dans le cadre de cette étude.

II-1. Revue de la littérature

En procédant à une recherche exploratoire de la littérature, nous avons relevé que l’analyse des déterminants de la santé des enfants a fait depuis environ trois décennies l’objet d’une multitude de travaux. Depuis les travaux de Mosley et Chen (1984), on sait que les principaux déterminants socioéconomiques affectent la santé de l’enfant par l’intermédiaire de cinq déterminants proches : les facteurs maternels (âge, parité, intervalles entre naissances), la contamination de l’environnement, les carences nutritionnelles, les blessures et le contrôle personnel de la maladie. S’intéressant à l’environnement, plusieurs études ont mis en évidence les liens entre la qualité de ce dernier et la santé. Les variables qui sont revenues fréquemment dans les analyses pour caractériser la qualité de l’environnement sont l’accès à l’eau potable, l’assainissement, l’hygiène et la salubrité du logement et le quartier. Il ressort des conclusions de la plupart des études que la maîtrise de la qualité de l’environnement est désormais un enjeu majeur de santé publique (OMS 1994; Woldemicael 2000; Ngwe et Banza 2007; Dongo et al. 2008; Kjellstrom et Mercado 2008; Niang et al. 2008; Tanner et al. 2011). En effet, l’insalubrité, la promiscuité, une hygiène défectueuse, le manque d’accès à une eau potable, la mauvaise élimination des déchets solides et liquides créent des conditions propices au développement de germes pathogènes responsables de nombreuses maladies (Briscoe et al. 1987; Tessier 1992; Woldemicael 2000; Masuy-Stroobant 2002; Mbonye 2004; Ngwe et Banza-Nsungu 2007; Tanner et al. 2011).

Il est reconnu par exemple que l’accès à l’eau potable et l’amélioration des sanitaires contribuent à promouvoir la santé des enfants et de diminuer efficacement leur mortalité (Morrisson et Linskens 2000). Le milieu de résidence peut aussi avoir un effet sur la santé de l’enfant dans la mesure où l’environnement diffère d’un quartier à l’autre à cause d’une possible répartition inégalitaire des infrastructures de base (eau potable, système d’assainissement, système de collecte d’ordures ménagères, etc.). L’effet du milieu de résidence peut persister parfois même après contrôle pour les

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6 caractéristiques socioéconomiques individuelles des enfants (Schémann et West 2006). Lorsque les données le permettent, cet aspect peut être pris en compte dans les études en effectuant des analyses sur des échantillons séparés selon le quartier de résidence.

La plupart des études qui ont mis en évidence les liens entre la santé des enfants et l’environnement se sont intéressées principalement aux affections telles que le paludisme, les infections respiratoires aigües et les maladies diarrhéiques (Buttiaux 1959; Sabatinelli et al. 1986; Duboz et al. 1988; Ousmane et al. 1992; Wéthé et al. 2003). Mis à part le trachome et l’onchocercose, que ce soit dans une approche biomédicale ou dans une approche des sciences sociales, les autres maladies des yeux ainsi que celles de la peau ne sont pas suffisamment documentées.

Les maladies des yeux et de la peau font partie des maladies tropicales relativement négligées à la fois aux niveaux local, national et international. Au niveau local, elles font parfois l’objet de préjugés et entraînent une forte stigmatisation sociale (Tremblay 2005; OMS 2010). Au niveau national, les politiciens s’en préoccupent moins, car elles frappent généralement les populations marginalisées sans influence politique et entraînent moins de décès que le paludisme et les maladies virales telles que la tuberculose, le choléra, le VIH/sida, etc. Enfin, sur le plan international, on accorde moins d’importance à ces maladies, car elles touchent plus généralement les couches les plus pauvres de la population qui voyagent moins, et sont liées à des conditions géographiques et environnementales bien localisées (OMS 2010). Pourtant, dans les pays en développement, les maladies des yeux et celles de la peau sont fréquentes et ont des effets néfastes sur la qualité de vie des personnes atteintes. Au Burkina Faso par exemple, selon les statistiques du Ministère de la Santé, on attribuait en 2009 environ 14,7 % du total des consultations déclarées à des maladies des yeux. Pour la même année, cette source indique qu’environ 6,7 % du total des consultations déclarées étaient attribués à des maladies de la peau (Ministère de la santé 2010). Une étude menée dans plusieurs centres de santé au Mali en 1994, montrait que 10 % des consultations avaient pour motif une maladie de la peau (Mahé et al. 1995). Au regard de ces statistiques et de celles disponibles sur ces maladies dans les autres pays en développement, il apparaît que, bien que n’étant pas pour la plupart létales, d’un point de vue de santé publique, les maladies des yeux et celles de la peau devraient constituer de nos jours une priorité (Jaffré 1999; Mahé 2000; Mahe et al. 2003).

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7 Les fortes prévalences des maladies de la peau et de celles des yeux observées dans les pays en développement peuvent s’expliquer d’une part par les facteurs écologiques (chaleur et humidité) et d’autre part par des facteurs socio-économiques (approvisionnement en eau, type d’habitat) entraînant de mauvaises conditions d’hygiène (Gentilini 1993; Fernando 2001; Gentilini 2002; Pichard 2002; Gachot 2004).

Les maladies des yeux fréquemment rencontrées dans les pays en développement sont : la cataracte, le trachome, l’onchocercose, la cécité de l’enfant, les vices de réfraction, la basse vision, la xérophtalmie, le glaucome, et les rétinopathies. Après la cataracte, le trachome est la deuxième maladie la plus fréquente parmi celles citées ci-dessus (Moulin et al. 2006). En effet, cette maladie affecte environ 40 millions de personnes, dont 8,2 millions présentent un trichiasis trachomateux, conduisant au stade cécitant de la maladie (Negrel et Mariotti 1998; Kumaresan et Mecaskey 2003; Mariotti et al. 2003). Deuxième cause de cécité évitable dans le monde, le trachome a des causes étroitement liées à l’environnement.

Plusieurs études ont montré que la vulnérabilité liée au trachome, ainsi qu’à celle de plusieurs autres maladies des yeux s’accroît avec l’insalubrité de l’eau, le manque d’accès aux services de santé, les mauvaises conditions de logement et d’assainissement (Schémann et West 2006), la pollution de l’air à l’intérieur et à l’extérieur des habitations, la mauvaise élimination des déchets solides et liquides (Gentilini 1993; Fernando 2001; Gentilini 2002; Pichard 2002 Gachot 2004; Moulin et al. 2006; OMS 2010).

Le trachome a été éliminé aux États-Unis d’Amérique et en Europe au XIXe siècle grâce à des interventions pratiques et bon marché mises en place pour les prévenir et les traiter. Ces interventions ont consisté en l’amélioration de l’alimentation en eau, de l’assainissement et de l’hygiène dans le cadre du développement économique général. Le Mexique, le Maroc et le Sultanat d'Oman ont également pu éradiquer cette maladie grâce aux campagnes d’éducation, d’information et de communication menées auprès des populations aux mesures d’hygiène et de salubrité. L’utilisation des latrines simples et partagées par tous, construites en matériaux locaux dans les communautés rurales de Tanzanie a également permis une réduction considérable du risque de trachome (Morrisson et Linskens 2000; Montgomery et Bartram 2010).

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8 Concernant les maladies de la peau, les cas d’impétigo, de furoncles, de gale, de teigne, d’eczéma, de bourbouille, d’ulcères, de lèpre, d’onchocercose, de pyodermites et des infections mycosiques sont fréquemment rencontrées dans les pays en développement. Les pyodermites et les infections mycosiques ont des causes liées au climat. Un climat chaud, et surtout humide peut favoriser la prévalence de ces maladies (Taplin et al. 1973 ; Potter 1979).

Il faut signaler que la peau est avant tout ce qui s’offre au regard dans l’expérience profane et quotidienne (Tremblay 2005). Les symptômes des maladies de la peau se caractérisent généralement par la présence sur le corps des taches dépigmentées, des lésions de grattage, des ulcères, des irritations, des brûlures, des démangeaisons, etc. (Mahé 2000). Les personnes présentant ces symptômes de maladies de la peau sont le plus souvent isolées et stigmatisées dans la société (Tremblay 2005). Chacun des symptômes des maladies de la peau cités ci-dessus est susceptible d’évoquer diverses pathologies (Tremblay 2005), ce qui montre la complexité desdites maladies. Une observation visuelle s’avère insuffisante pour permettre de distinguer de façon nette les différentes maladies de la peau présentes dans une population. Au-delà de l’observation visuelle, une différenciation entre les maladies de la peau observées nécessite des examens de laboratoire réalisés par des professionnels de la santé.

Plusieurs recherches en milieu hospitalier ont été réalisées sur les maladies de la peau dans les pays en développement. On peut citer à titre d’exemple les travaux de Traoré et al. (1997) qui ont montré dans une étude sur les dermatoses infectieuses de l’enfant dans un service de dermatologie en milieu tropical à Ouagadougou qu’il y avait une fréquence élevée d’infections cutanées chez les enfants de moins de cinq ans. Parmi ces dermatoses, on distinguait les infections bactériennes (l'impétigo et les folliculites), les infections parasitaires représentées essentiellement par la gale, les infections mycosiques dominées par les teignes et les infections virales (le Molluscum

contagiosum, les verrues planes et la varicelle). Leurs analyses ont montré que le manque

d’hygiène corporelle était fortement associé à ces maladies. Ces résultats sont superposables à ceux de plusieurs autres études (Dubois et Bruynseels 1941; Tchangaï-Walla et al. 1995; Sy 2005; Niang et al. 2008; Ezzahra et Senouci 2010). À Saint Louis au Sénégal, Sy (2005) a constaté que les maladies de la peau qu’il a encore qualifiées de maladies hygiéniques frappaient aussi bien les habitants des quartiers lotis que ceux des quartiers non lotis. Ces maladies frappaient aussi indifféremment les riches et les pauvres. Ses conclusions suggèrent que le niveau d’équipements

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9 de base des quartiers de la ville supposé « bon » ou « mauvais » n’a pas une grande influence sur la prévalence de ces maladies. Plutôt, c’est la question d’hygiène qui est à la base de ces problèmes de santé (Sy 2005). Donc, des actions de sensibilisation auprès des individus seraient plus efficaces comme moyens de lutte contre ces maladies que des interventions sur les équipements. Contrairement à Sy, sans méconnaître le rôle de l’hygiène corporelle dans la prévention des maladies de la peau, d’autres études attribuent à la pauvreté et ses conséquences la cause de la majorité des cas des maladies de la peau (Mahé et al. 1995; Niang et al. 2008). Ces auteurs en veulent pour preuve les moyens qui ont permis aux pays européens d’éradiquer les épidémies de gale qu’ils ont connues entre la première et la deuxième guerre mondiale. Ces épidémies ont été jugulées grâce à des mesures d’hygiène individuelle et collective, par un accès à l’eau en quantité et en qualité et par une amélioration générale du cadre de vie des populations. Selon Mahé et al. (1995), la prévalence de la gale et de la teigne serait plus associée à la promiscuité qu’à une hygiène défectueuse. Toutefois, une hygiène défectueuse renforcerait la surinfection des plaies causées par ces maladies.

Les liens des dermatoses avec l’hygiène, l’insalubrité et la promiscuité ont aussi été mis en évidence dans une étude réalisée dans les écoles coraniques à Dakar au Sénégal en 2008 (Niang et al. 2008). Cette étude avait pour objectif d’évaluer la prévalence des dermatoses dans cette communauté et de décrire les associations entre ces maladies et les différentes variables de la santé. Les résultats ont montré que 80 % des élèves présentaient une dermatose dont une teigne dans 42,7% des cas, une gale dans 23,3 %, un impétigo dans 15,3% des cas, une kératodermie plantaire dans 100 % des cas, et une association de deux ou plusieurs de ces dermatoses dans 34,5 % (Niang et al. 2008). Ces auteurs expliquent cet état de choses par les conditions socioéconomiques et environnementales dans lesquelles évoluent ces élèves. En effet, issus en général des couches socioéconomiques défavorisées, ces élèves vivaient dans des conditions de précarité et d’insalubrité. De plus, les écoles coraniques étaient caractérisées par une insalubrité et une promiscuité.

Outre les caractéristiques de l’environnement ou de la communauté, les déterminants de la santé en général et ceux des symptômes des maladies des yeux, ainsi que ceux des symptômes des maladies de la peau chez les enfants de moins de cinq ans dépendent aussi d’un ensemble des

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10 caractéristiques de l’enfant (sexe, âge), de celles de son ménage d’appartenance ou de ses parents (niveau de vie, éducation des parents) (Woldemicael 2000).

En conclusion à cette brève revue de la littérature, nous pouvons dire que les points de vue des chercheurs sur les mécanismes de la prévalence des symptômes des maladies des yeux et de la peau chez les enfants de moins de cinq ans semblent divergents. Pour certains, les facteurs sociologiques en rapport aux modes de vie et de comportements des populations seraient plus associés à la prévalence de ces maladies que tout autre facteur (Sy 2005). Pour d’autres, la prévalence de ces maladies est déterminée par le niveau d’équipement, et par conséquent les enfants issus des ménages ayant accès aux services urbains de base (eau potable, systèmes adéquats d’assainissement et d’élimination des déchets solides et liquides, etc.) souffriraient moins des maladies des yeux et de la peau que ceux issus des ménages ayant un faible accès à ces équipements.

Que ce soit pour les maladies des yeux ou pour celles de la peau, toutes les études évoquées ci-dessus sont fondées pour la plupart sur des données hospitalières (Hutin et al. 1992, Tchangaï-Walla et al. 1995, Traoré et al. 1999; Oumou et al. 2006), donc sujettes à d’importants biais de sélection. De plus, les auteurs de ces études ont tous privilégié une approche descriptive en se limitant à une présentation des prévalences des maladies et à la recherche des associations entre ces dernières et chacune des probables variables explicatives. Les résultats trouvés méritent d’être approfondis à partir des données populationnelles sur lesquelles on applique une approche explicative. Les données populationnelles permettent de mieux apprécier l’ampleur des maladies dans la population générale, à condition que l’échantillon d’étude soit représentatif de la population générale. Concernant l’approche d’analyse, en procédant à une analyse multivariée qui permet en même temps de contrôler plusieurs variables associées aux maladies, on peut parvenir à dégager les facteurs associés à ces dernières. Cet aspect constitue l’objet de la présente recherche.

II-2. Cadre conceptuel

Cette section est consacrée à la présentation du cadre conceptuel résumé par la Figure 1. Selon le cadre conceptuel présenté ci-dessous, les maladies infectieuses de la peau et des yeux telles que le trachome, l’onchocercose, la gale, etc. entretiennent des relations avec la pauvreté, les politiques de logement, d’eau et d’assainissement. Chacune de ces variables peut agir directement ou

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11 indirectement par l’intermédiaire des autres pour favoriser la survenue des maladies des yeux et de la peau. Il peut également avoir des interactions entre ces différentes variables. Par exemple, les conditions de précarité peuvent entrainer une mauvaise évacuation des eaux usées. Ces eaux stagnent dans les cours d’habitation ou dans des endroits proches de celles-ci et constituent un milieu propice au développement d’agents infectieux générateurs des maladies des yeux (trachome, onchocercose, etc.) et de la peau (la gale, l’onchocercose, la filariose ou éléphantiasis, l’impétigo, le herpès, etc.).

La pauvreté peut également favoriser la promiscuité, le développement des taudis ou l’absence de caniveaux de drainage et le dépotage des ordures ménagères dans la nature, qui à leur tour favorisent le développement d’agents infectieux à l’origine des maladies de la peau et des yeux. Enfin, en présence ou non de la pauvreté, les politiques du logement, de l’eau et de l’assainissement mises en place par les pouvoirs publics sont déterminantes dans la prévalence des maladies des yeux et de la peau. Les mécanismes par lesquels elles agissent sur ces maladies sont similaires à ceux de la pauvreté.

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Figure 1. Cadre conceptuel de l’analyse des effets de l’environnement immédiat et ses variables intermédiaires sur la prévalence des maladies des yeux et de la peau chez les enfants de moins de cinq ans.

II-3. Hypothèses de recherche

L’hypothèse principale testée dans cette étude stipule qu'un environnement défavorable tendrait à augmenter le risque sanitaire des enfants de moins de cinq ans. De cette hypothèse principale découlent trois hypothèses spécifiques à tester, à savoir:

Contexte et politique économique

Maladies des yeux (trachome, onchocercose, etc) Maladies de la peau (gale, onchocercose, filariose lymphatique, impétigo, herpès, rougeole, rubéole, etc) Les symptômes fréquemment observé sont :

Pour les yeux

Conjonctivite, écoulement, cécité, croûtes etc Pour la peau

Taches dépigmentées, des lésions de grattage, des ulcères, des irritations, des brûlures, boutons, des démangeaisons, etc Carence en vitamine A (Accentuation du risque d’infection secondaire) Conditions ambiantes à l’intérieur des habitations

Politique de logement Politique d’assainissement

Pauvreté Surpeuplement Développement des taudis Mauvaise qualité du logement

- Insalubrité des logements - Qualité des toilettes

Insalubrité des quartiers

Développement d’agents infectieux et de risques de contamination

- Absence de caniveaux de drainage - Dépotage des ordures

dans la nature

Politique de l’eau

- Insalubrité de l’eau de consommation, de cuisson et de bain - Manque d’eau pour l’hygiène personnel (mère et enfant)

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13 H1 : un environnement défavorable caractérisé par le manque d’accès à l’eau potable, l’insalubrité de l’habitat, la promiscuité du logement, le non-lotissement du quartier de résidence, l’absence d’équipements de collecte et d’évacuation des déchets solides et liquides tend à augmenter la prévalence des symptômes des troubles infectieux ou allergiques oculaires chez les enfants de moins de cinq ans.

H2 : un environnement défavorable caractérisé par le manque d’accès à l’eau potable, l’insalubrité de l’habitat, la promiscuité du logement, le non-lotissement du quartier de résidence, l’absence d’équipements de collecte et d’évacuation des déchets solides et liquides tendrait à augmenter la prévalence des symptômes des troubles infectieux ou allergiques cutanés chez les enfants de moins de cinq ans.

H3 : que ce soit pour les troubles oculaires ou pour les troubles cutanés, les effets d’un environnement défavorable persistent même après contrôle pour l’âge et le sexe de l’enfant, le niveau d’éducation de la mère et le niveau de vie du ménage auquel appartient l’enfant.

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III. PRÉSENTATION DU CONTEXTE DE L’ÉTUDE

Le Burkina Faso est un pays de l’Afrique de Ouest. Dotée d’une superficie de 274 500 kilomètres carrés, sa population est estimée à environ 14 017 262 d’habitants en 2006 (Ouattara et Somé 2006; Kabore et al. 2009). Les principaux groupes ethniques sont les Mossi, Gourounsi, Bwa, Dogon, Kouroumba, Bissa, Bobo-fing, Samo, Yarsé et Peulh.

Enclavé et sans ouverture sur la mer, le Burkina Faso est entouré par le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Mali, le Niger et le Togo. Sur le plan climatique, le sud du pays est occupé par la zone soudanienne caractérisée par une saison de pluie d’environ six mois et une hauteur d’eau pouvant atteindre les 1300 mm/an. Le centre du pays est caractérisé par un climat soudano-sahélien avec une saison pluvieuse d’environ cinq mois. Enfin, la partie nord du pays est occupée par une zone sahélienne caractérisée par une saison de pluie qui dure souvent moins de deux mois et avec environ 150 mm de pluviométrie par année.

Le Burkina Faso figure aujourd’hui parmi les pays les plus pauvres du monde. Les données de l’indice de développement humain le classent au 161ème rang sur 169 pays (PNUD 2010). Sa capitale politique est la ville de Ouagadougou, chef-lieu de la province du Kadiogo qui se trouve au centre du pays.

Ouagadougou est limitée au nord par les communes rurales de Pabrè et de Loumbila à l’Est, par celle de Saaba, au Sud par celles de Koubri et de Komsilga et enfin à l’Ouest par la commune rurale de Tanghin Dassouri. C’est une ville en pleine expansion démographique et spatiale. Peuplée de 60 000 habitants en 1960, Ouagadougou comptait en 2006 environ 1 200 000 habitants selon les résultats du recensement général de la population et de l’habitat. La population de la ville de Ouagadougou représente environ 10 % de la population totale du Burkina Faso et 46,4 % de la population urbaine du pays. Cette population se repartie sur une superficie de 518 kilomètres carrés, ce qui donne une densité moyenne d’environ 2848 habitants au kilomètre carré (INSD 2006). Cette population composée essentiellement de Mossi, Dioula, Fulfuldé, Bissa, Gurunsi se répartit sur cinq (5) arrondissements, trente (30) secteurs et dix-sept (17) villages.

La croissance rapide de la ville de Ouagadougou est imputable à son dynamisme démographique et à l’exode rural. En effet, la ville de Ouagadougou reçoit à elle seule et par année plus de 72 % des

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15 migrants de destination urbaine. Les migrants arrivant en ville se retrouvent en majorité dans des zones d’habitat « spontané » où ils sont rejoints en général par les citadins exclus des quartiers lotis à cause de leurs revenus faibles et irréguliers (Boyer et al. 2009). Il s’ensuit un étalement sans précédent de la ville qui a vu sa superficie quadrupler en moins de 20 ans, passant de 126 kilomètres carrés en 1987 à 518 kilomètres carrés en 2005 (INSD 2009). Ouagadougou connaît aujourd’hui une urbanisation désordonnée du fait de sa croissance démographique très rapide, surtout que les changements dans la taille de la population se produisent dans une période de crise économique (Boyer et al. 2009). Dans ce contexte, les pouvoirs publics et les collectivités locales ne disposent pas de moyens suffisants pour accompagner l’étalement de la ville, notamment par la satisfaction de nouveaux besoins exprimés en termes de lotissement de parcelles, de constructions de nouveaux logements, de fourniture des services urbains de base. Les conséquences se traduisent aussi par un accroissement des quantités de déchets solides et liquides produits par les citadins et des difficultés liées à leur gestion, une difficulté d’accès à l’eau potable, à l’électricité.

Les données de l’Institut National de la Statistique et de la Démographie (INSD) reprises par ONU-Habitat montrent que dans la ville de Ouagadougou, environ 30 % des ménages n’ont pas accès à l’eau potable et 6 % des ménages s’approvisionnaient à partir des puits traditionnels en 2003. La même source révèle que plus de 20 000 m3/an (500 tonnes) représentant 50 % des matières de vidange sont dépotées dans l’environnement urbain sans aucune précaution. En 2003, 20,2 % des habitations de Ouagadougou étaient équipées de latrines traditionnelles, 62,6 % de latrines améliorées, 14,7 % seulement de fosses septiques, et 2 % ne disposaient d’aucune installation (Macro 2004). On note aussi que 51 % des ménages en 1994 évacuaient leurs eaux usées sur la parcelle à l’intérieur même de leur concession (WC, puisards, ou à même le sol), et 49 % dans la rue (puisards extérieurs, caniveaux, rigoles ou directement dans la rue). Concernant l’assainissement urbain, 90 % des ouvrages d’évacuation des eaux pluviales sont construits à ciel ouvert. Ces ouvrages rarement entretenus sont souvent encombrés par divers matériaux solides et liquides jetés par les riverains, empêchant ainsi la fluidité de l’écoulement correct des eaux de pluie et offrant aux moustiques et autres vecteurs de maladies un milieu propice à leur prolifération (Sioufi 2007).

Face à l’insalubrité globale dans laquelle baigne aujourd’hui Ouagadougou et qui lui confèrerait à peu près les mêmes caractéristiques environnementales que le milieu rural (Dao et al. 2007), la

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16 question qui nous préoccupe est celle de savoir si un tel contexte favoriserait la prévalence des symptômes des maladies des yeux et de la peau chez les enfants de moins de cinq ans. Si oui, quelles sont les variables de l’environnement immédiat associées à ces symptômes de maladies?

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IV. DONNÉES, SPÉCIFICATION DES VARIABLES ET MÉTHODE D’ANALYSE

Cette section est consacrée à la présentation de la source de données, des variables et de la méthode de l’étude.

IV-1. Sources de données

Afin d'évaluer empiriquement les hypothèses ci-dessus énoncées, cette étude se fonde sur des données recueillies dans le cadre de l’Observatoire de Population de Ouagadougou (OPO), qui est un système de suivi démographique et de santé de la population dans cinq quartiers périphériques de la ville de Ouagadougou au Burkina Faso. Cette source de données comporte une diversité de variables liées à l’environnement immédiat, aux ménages et aux individus.

La zone de collecte de données de l'Observatoire de Population de Ouagadougou (OPO) est constituée de deux quartiers lotis (Kilwin et Tanghin) et trois quartiers non lotis (Nioko2, Polesgo et Nonghin) (voir Figure 2).

Les données principales nécessaires à cette recherche ont été collectées en février 2010 dans le cadre d’une enquête auprès d’un sous-échantillon de 1700 ménages tirés de façon aléatoire. Au cours de cette enquête, les informations ont été collectées sur l’état de santé et le comportement sanitaire associé aux maladies récentes. Dans ce sous-échantillon, on identifie 736 ménages abritant 950 enfants de moins de cinq ans. Ces derniers constituent l’échantillon de cette étude. Les analyses nécessitent des données sur les événements démographiques et sur les conditions de vie des ménages. Ces dernières données ont été collectées durant le round 1 de l’enquête ménage en mai 2009. C’est grâce à la combinaison des données de ces enquêtes que les symptômes des troubles oculaires et cutanés seront analysés en rapport avec les caractéristiques de l’environnement immédiat.

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IV-2. Spécification des variables

Nous cherchons ici à identifier les principaux déterminants des maladies des yeux et de la peau chez les enfants de moins de cinq ans. Les déterminants de la santé en général et des maladies des yeux et de la peau chez les enfants de moins de cinq ans en particulier dépendent d’un ensemble des caractéristiques de l’enfant, des caractéristiques du ménage ou des parents et des caractéristiques de l’environnement ou de la communauté (Woldemicael 2000, WHO 2007; Unicef 2011). Dans les sections suivantes, nous allons faire une description des variables retenues. Les statistiques descriptives sur ces variables sont consignées dans le Tableau 1.

IV-2-1. Variables dépendantes

Les symptômes des maladies des yeux et de la peau sont les deux variables dépendantes de cette étude. Au cours de l’enquête santé de l’Observatoire de Population de Ouagadougou (OPO), il a été demandé dans chaque ménage abritant un enfant de moins de cinq ans au répondant qui était le plus souvent la mère de l’enfant ou la personne responsable de ce dernier de fournir des réponses à un ensemble de questions concernant l’état de santé et le comportement sanitaire associé aux dernières maladies chez les enfants de moins de cinq ans. Parmi les problèmes de santé observés, figuraient les symptômes des maladies des yeux et de la peau.

Il s’agissait pour les symptômes des maladies des yeux, de savoir pour chaque enfant de moins de cinq ans de l’échantillon, si ce dernier a eu des croûtes dans les yeux (ou les yeux collés) au réveil pendant au moins 3 matins durant les deux dernières semaines précédant la date de l’enquête. Cette variable est dichotomique et prend la valeur 1 si l’enfant a répondu oui et 0 dans le cas contraire. Concernant les symptômes des maladies de la peau, pour chaque enfant, le répondant devait dire si ce dernier a eu des plaques de boutons infectés (qui coulent et qui démangent) durant les deux dernières semaines précédant l’enquête. Comme pour les maladies des yeux, cette variable prend la valeur 1 si l’enfant a répondu oui et 0 dans le cas contraire.

IV-2-2. Variables indépendantes

Cette section présente les variables explicatives et discute des effets attendus de celles-ci sur la probabilité de présenter des symptômes des maladies des yeux, ainsi que de ceux des maladies de la peau.

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IV-2-2-1. Variables d’intérêt (caractéristiques de l’environnement immédiat)

Au regard des objectifs et de la problématique de cette étude, les variables de l’environnement immédiat sont les variables d’intérêt. Ces données couvrent le mode d’évacuation des ordures ménagères, la source d’alimentation en eau, les types de toilettes utilisées, le mode de partage des toilettes, la nature du sol intérieur, le mode d’évacuation des eaux usées et le quartier de résidence.

a. Mode d’évacuation des ordures ménagères

Les ordures ménagères représentent l’ensemble des déchets et détritus produits quotidiennement par les ménages dans leurs activités. Une meilleure prise en charge des ordures ménagères constitue un moyen efficace pour préserver l’hygiène et la santé publique (Le Bozec 1994; Diedhou et al. 2006; Rouyat et al. 2006) en général et la santé des enfants de moins de cinq ans en particulier. Le dépotage d’ordures ménagères dans la cour, la rue ou dans la nature représente à la fois une pollution esthétique du cadre de vie et une source de maladies. En effet, lorsqu’elles sont mal éliminées, les ordures ménagères peuvent être à l’origine de la prolifération de microbes, parasites et autres vecteurs de transmission de maladies, y compris des maladies des yeux et de la peau.

Dans le cadre de l’observatoire de la population de Ouagadougou, les informations ont été collectées sur l’issue réservée aux ordures ménagères. À la question « comment vous

débarrassez-vous le plus souvent des ordures ménagères ?», 7 modalités de réponses ont été enregistrées,

notamment : "poubelle privée avec service de ramassage", "bac (benne) public avec service de

ramassage public", "centre de précollecte", "terrain vague/parcelles vides", "rue à proximité", "tas

d’ordures dans la cour" et "autre". Nous avons recodé la variable « mode d’évacuation des ordures ménagères » en deux modalités. La première modalité regroupe les enfants issus des ménages qui

utilisent un mode approprié pour se débarrasser des ordures ménagères. Il s’agit des enfants dont les ménages utilisent les services privés de ramassage d’ordures ou remettent les ordures dans les bacs (bennes) publics ou dans les centres de pré-collecte. Ces derniers sont comparés aux enfants issus des ménages qui dépotent les ordures ménagères sur les terrains vagues et parcelles vides, dans les rues à proximité ou qui ont des tas d’ordures dans la cour.

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b. Principale source d’alimentation en eau

L’accès à une eau salubre est cité dans de nombreuses études comme un des principaux déterminants de la santé (Dos Santos 2006). De nombreux problèmes de santé sont causés par une hygiène médiocre due à l’insuffisance d’eau et à la consommation d’eau contaminée (Seidl 2006). Au cours de l’enquête ménage de l’Observatoire de Population de Ouagadougou (OPO), on a collecté des données sur l’accès à l’eau. Une première question a été posée sur la principale source d’approvisionnement en eau. À cette question, on a obtenu une variété de réponses incluant l’eau courante (dans les logements, les concessions ou les parcelles), la borne-fontaine publique, le forage, le puits, la pompe manuelle, le vendeur d’eau, l’eau de pluie et l’eau de rivière. Nous présumons que ces dernières sources sont plus sujettes à la contamination.

La variable de la principale source d’alimentation en eau a été recodée en deux modalités. La première modalité regroupe les enfants issus des ménages disposant d’une connexion d’eau à domicile (robinet intérieur ou extérieur) et les enfants issus des ménages qui ont les bornes-fontaines publiques comme principale source en eau. La deuxième modalité regroupe les enfants issus des ménages qui ont pour principale source en eau les puits, les forages ou qui s’approvisionnent auprès des vendeurs d’eau.

c. Type et utilisation de toilettes

Le manque ou l’insuffisance d’infrastructures adéquates destinées à l’élimination des excréments augmente le risque accru de contact avec ces derniers et par conséquent le contact avec des organismes pathogènes dangereux pour la santé humaine (Seidl 2006). Ces organismes pathogènes sont responsables de nombreuses maladies au rang desquelles les maladies des yeux et de la peau. La fourniture d’installations appropriées pour l’élimination des excréments constitue une première barrière contre ces maladies par la réduction de la transmission directe ou indirecte.

On distingue plusieurs types d’installations sanitaires considérées comme adéquates pour l’élimination des excréments humains. Il s’agit des toilettes à chasse d’eau reliées à un système d’égouts ou à une fosse septique, des fosses d’aisances améliorées ventilées, des fosses d’aisances avec dalle et des toilettes à compostage (Iknane et al. 2009).

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21 Au cours de l’enquête ménage de l’Observatoire de Population de Ouagadougou (OPO), on a posé des questions sur le type de toilette utilisé par la plupart des membres du ménage ainsi que sur le mode de partage de ces toilettes.

Concernant le type de toilette, les réponses obtenues incluent la chasse d’eau, les latrines simples, les latrines améliorées et aucun dispositif. Pour les besoins d’analyse et compte tenu de la problématique de l’étude et des effectifs de chaque modalité, la variable « type de toilette » a été recodée en deux modalités ; ce qui permet de diviser l’échantillon en deux sous-groupes, à savoir le groupe d’enfants issus de ménages utilisant les infrastructures jugées adéquates pour l’élimination des excréments et le groupe d’enfants issus de ménages utilisant des moyens jugés non appropriés pour éliminer les excréments. Les équipements jugés adéquats comprennent les toilettes à chasse d’eau et les latrines améliorées, tandis que les moyens jugés non appropriés incluent les latrines traditionnelles et la nature.

Concernant le mode de partage de toilettes, la question était de savoir si les toilettes sont réservées uniquement au ménage ou si elles sont communes à d'autres ménages.

d. Évacuation des eaux usées

Les eaux usées mal éliminées en plus d’engendrer des odeurs incommodantes présentent un risque élevé pour la santé publique dans la mesure où elles peuvent devenir une source importante de prolifération de germes, de microbes et autres vecteurs de maladies. L’OMS (2008) estime à environ 1,6 million le nombre d’enfants qui meurent chaque année en raison de l’insalubrité de l’eau, de l’absence de services d’assainissement de base et le manque d’hygiène. Les eaux usées recensées dans le cadre de l’Observatoire de Population de Ouagadougou (OPO) sont des eaux ménagères des salles de bain et de cuisine, et les eaux-vannes rejetées des toilettes. Si les eaux ménagères sont en général chargées de solvants, graisses et débris organiques, les eaux-vannes par contre contiennent diverses matières azotées et des germes fécaux. A la question de savoir comment les ménages se débarrassaient le plus souvent des eaux ménagères, les répondants avaient le choix entre 7 modalités de réponses qui sont :

- Fosse septique;

- Jette dans les caniveaux extérieurs; - Jette dans la cour;

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22 - Jette dans la rue/nature;

- Jette dans un puits perdu; - Utilisées pour l'arrosage; - Autres.

Pour les besoins de l’étude et tenant compte des objectifs de la recherche et de la taille de l’échantillon, la variable concernant l’évacuation des eaux usées a été recodée en deux modalités à savoir :

- Jette dans les fosses septiques, les caniveaux et les puits perdus; - Jette dans la cour, dans la rue et autres.

e. Nature du sol intérieur

La nature du sol intérieur peut représenter une menace pour la santé des enfants de moins de cinq ans. Dans cette période de la vie, les enfants sont régulièrement en contact avec le sol qui représente pour eux une aire de jeu. Si le sol est en terre (non recouvert), il peut constituer un milieu propice à la prolifération de germes pathogènes comme les bactéries, les virus ou les œufs de parasites. Un sol en ciment ou en carreau par contre peut avoir un effet protecteur pour les enfants, pourvu qu’il soit nettoyé et gardé propre.

L’effet bénéfique d’un sol en ciment, en carreau ou en bois sur la santé des enfants de moins de cinq ans a déjà été mis en évidence dans plusieurs études. En 2000, Morrisson et Linskens ont montré à partir des données des Enquêtes Démographiques et de Santé (EDS) que, l’existence d’un sol en ciment semblait plus importante que la disposition de toilettes pour expliquer l’état de santé des enfants de moins de cinq ans dans 16 pays d’Afrique subsaharienne (Morrisson, et Linskens 2000).

Comme l’Observatoire de Population de Ouagadougou (OPO) a collecté les données sur la nature du matériau utilisé pour le sol intérieur du bâtiment, nous avons l’opportunité d’apprécier les effets de cette variable sur la prévalence des maladies des yeux et de la peau chez les enfants de moins de cinq ans. Il sera ici question de comparer les enfants issus des ménages dont le sol intérieur est en ciment ou en carreaux à ceux issus des ménages dont le sol intérieur est en terre.

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f. Type de quartier de résidence

L’influence du milieu de résidence sur la santé a été mise en évidence dans plusieurs études. Ces études montrent que les caractéristiques du milieu de résidence peuvent avoir un impact sur la santé des individus et ce, au-delà des caractéristiques personnelles (Schémann et West 2006). On s’attend à ce que la probabilité de présenter les symptômes des maladies des yeux et de ceux de la peau soit plus élevée dans les quartiers non lotis. Ces quartiers accusent en général un déficit en infrastructures de base (eau potable, équipement pour l’assainissement, …). Ils sont aussi habités par des personnes socialement défavorisées.

IV-2-2-2. Variables de contrôle

a. Caractéristiques individuelles de l’enfant

Parmi les variables propres à l’enfant, nous avons retenu un certain nombre en fonction de la pertinence de leur relation théorique avec la santé des enfants de moins de cinq et de leur disponibilité dans les bases de données de l’Observatoire de Population de Ouagadougou (OPO).

a-1. Sexe de l’enfant

Le sexe de l’enfant est l’une des variables susceptibles d’influencer la santé des enfants. Plusieurs études conduites dans les pays en développement suggèrent que le sexe d’un enfant a des effets importants sur les comportements des parents. Elles indiquent en Asie et parfois dans les pays d’Afrique subsaharienne une préférence accordée aux enfants de sexe masculin. Ces derniers par rapport aux enfants de sexe féminin seraient privilégiés par les parents en matière d’alimentation et de soins reçus (Mbacké et LeGrand 1992; Lefebvre 2006). Le traitement privilégié accordé aux petits garçons par rapport aux jeunes filles serait aussi en parti expliqué par les facteurs physiologiques. En effet, les études démographiques font état d’une surmortalité masculine entre 0 et 5 ans, c’est ce qui justifie que bien que plus nombreux que les filles à la naissance, on arrive à l’âge de cinq ans à un rapport de masculinité proche de 1 dans la plupart des pays. La fragilité des jeunes garçons expliquerait donc en partie le privilège que les parents accordent à ces derniers en matière d’alimentation et de soins reçus. On s’attend ainsi à ce que les filles plus que les garçons soient plus exposées aux maladies des yeux et de la peau.

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a-2. Âge de l’enfant

L’âge est un facteur déterminant de la santé des enfants surtout en ce qui concerne l’exposition et la résistance aux risques de santé. En effet, la plupart des études montrent que les enfants sont particulièrement fragiles durant les premiers mois de la vie et résistent moins aux maladies infectieuses et autres infections liées à des causes obstétricales. À partir de l’âge de 6 mois, les enfants commencent à ramper et dans leurs déplacements, ils peuvent rentrer en contact avec des objets souillés dans leur environnement alors que leur appareil immunitaire n'est pas encore bien développé (Charasse 1999), ce qui pourrait les rendre plus vulnérables aux maladies, surtout celles des yeux et de la peau.

Au cours de la collecte des données sur l’état de santé et le comportement sanitaire associé aux dernières maladies, les répondants ont fourni les dates de naissances des enfants. Ces dates ont été utilisées pour calculer les âges (en mois) en soustrayant la date de naissance de la date d’enquête. Ces âges ont été par la suite recodés en cinq catégories à savoir : "0-11 mois"; "12-23 mois"; "24-35 mois"; "36-47 mois" et "48-59 mois".

b. Caractéristiques de la mère et du ménage

Trois variables ont été retenues à titre de caractéristiques de la mère et du ménage. Il s’agit notamment de l’éducation de la mère, du nombre moyen de personnes par pièce habitable et du niveau de vie du ménage auquel appartient l’enfant.

b-1. Éducation de la mère

Plusieurs études ont mis en évidence l’importance de l’éducation de la mère sur la santé de l’enfant (Schultz 1984; Barcat 1998). Schult (1984) distingue cinq canaux d’influence de l’éducation de la mère sur la santé de l’enfant. Ces canaux repris par Ambapour et Moussana (2008) agissent de la manière suivante : premièrement, l'éducation a un impact direct sur l'acquisition de connaissances en matière de santé et d'hygiène. En second lieu, l'éducation accroît les compétences générales en matière de lecture et en conséquence permet de mieux comprendre les instructions du personnel soignant. En troisième lieu, l'éducation augmente la probabilité d'obtenir un emploi et d'accroître le revenu total susceptible d’améliorer la santé infantile. Enfin, l'éducation accroît le coût d'opportunité du temps de travail et réduit donc le temps destiné aux soins des enfants. Enfin, l'éducation parentale peut affecter les préférences des parents de manière systématique, notamment

Figure

Tableau 2 : Résultats du test de multicolinéarité sur les variables indépendantes.
Tableau 5 : Modèles et variables indépendantes incluses.
Graphique 1. Prévalence des symptômes des troubles oculaires et ceux des troubles cutanés au cours des deux  dernières semaines précédant l’enquête
Tableau  6 :  Prévalence  des  symptômes  des  troubles  oculaires  et  des  troubles  cutanés  chez  l’enfant  selon les caractéristiques environnementales, socioéconomiques, culturelles et démographiques
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