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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Faut-il savoir pour parler du savoir ? À propos de la méthode Jacotot (1823-1836)

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FAUT-IL SAVOIR POUR PARLER DU SAVOIR?

À

PROPOS DE LA MÉTHODE JACOTOT (1823-1836)

Anne MASSERAN

Groupe d'Étude et de Recherche sur la Science de l'Université Louis Pasteur, Strasbourg

MOTSCLÉS: JACOTüT XIXe SIÈCLE ENSEIGNEMENT UNIVERSEL LECTURE -SAVOIR

RÉSUMÉ: Jacotot met en pratique deux idées: l'égalité de l'intelligence humaine et la proximité des sciences. Ce postulat philosophique le mèneàconcevoir une méthode d'apprentissage où le maître est aussi ignorant que son élève. Je voudrais montrer comment une représentation du savoir, une conception de 1'homme et une orientation politique, issues de la Révolution française et des Lumières, ont pu donner lieu, au début du XIXe siècle,

à

une méthode d'enseignement.

SUMMARY : Two statements were at the core of the Jacotot's system of knowledge (I9th century) : intelligence is equally distributed among men, and a1l sciences are proximate as regards to their logic. Hence the following precept on which Jacotot's teaching method was built : the teacher is as ignorant as his pupi!. The purpose of this communication is to demonstrate how a panicular conception of knowledge associated together with a representation of the nature of man, bath originating from the French revolution and enlightenment, contributed to the making of a new teaching method.

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En 1818, après 30 années de bons et loyaux services dans l'enseignement traditionnel, Jean Jacotot fait une découvene surprenante.ÀLouvain, il doit enseigner la littérature française à des élèves flamands. Or ces derniers ne comprennent pas un mot de français, et Jacotot, lui, ne dispose pas du moindre rudiment de hollandais. Au même moment paraît une édition bilingue duTélémaquede Fénélon. Alors Jacotot déclenche une aventure intellectuelle passionnante: il dépose le livre entre les mains de ses étudiants et leur demande de comprendre le texte français en s'aidant de la traduction. Les élèves savent rapidement lire le français, comprennent les mots, la syntaxe et la grammaire: ils ont appris seuls, sans explication, mieux encore ils utilisent élégamment tel tenne ou telle tournure. Serait-il possible d'enseigner quelque chose sans le savoir? Car le fait est là : on apprend sans maître, juste au contact du livre, en répétant inlassablement les mots et les phrases de Fénélon. Jacotot ne se contente pas d'enregistrer le fait, il lui confère une signification philosophique et politique: tous les hommes, quel que soit leur âge, leur sexe, leur origine, disposent d'une intelligence égale et si cette intelligence n'est pas révélée, c'est que la vieille méthode la dénie. Jacotot peut ainsi doubler sa critique de l'enseignement traditionnel, qui n'est, d'après lui qu'une "niaiserie abrutissante" par une critique politique: la vieille (c'est ainsi qu'il nomme la méthode traditionnelle) sert un pouvoir qui a peur des lumières: "Ce fut une spéculation assez adroite que de faire croire aux peuples qu'ils ne sont pas nés pour s'instruire seuls. Alors on les plongeait à volonté dans l'ignorance absolue, ou dans un abrutissement gradué d'après l'échelle des convenances du moment; il suffisait, pour atteindre l'un ou l'autre but, de ne point ouvrir d'écoles, où d'organiser méthodiquement ces manèges littéraires, en y donnant plus ou moins de longe à l'animal qu'on voulaitdresser"(Mathématiques, p. 118).

Le fondateur de l'émancipation intellectuelle estime que chacun est capable d'apprendre par lui-même, le maître n'est pas là pour expliquer, mais pour indiquer la route que l'élève suivra seul. L'explication est un des moteurs de l'inégalité: lorsqu'un maître explique son savoir à un ignorant, on est en présence, par extension, d'un être intelligent et d'un être incapable d'apprendre seul. C'est cela que l'enseignement universel de Jacotot veut briser, l'identification du savoir à l'intelligence. Et comment mieux y parvenir qu'en étant un maître ignorant? Rien n'est impossible à l'intelligence humaine, pas même de faire savoir sans savoir: " ... on enseigne ce qu'on ne sait pas quand on leveut."(Langue maternelle,p. 150). Par conséquent, l'ignorance du maître représente la garantie du savoir de l'élève. Lorsque le maître ne sait pas il ne peut abrutir par la "massue explicatrice" mais il sait faire découvrir car son intelligence suit le même processus que celle de l'élève, en même temps.

Bien sûr, cette relation d'égalité ne peut se concevoir sans qu'il n'y ait quelque chose de commun entre les deux protagonistes. Ils disposent d'une même intelligence, d'une volonté commune (le succès de l'élève est soumis à sa volonté d'apprendre, l'enseignement du maître à sa volonté de le voir savoir). Enfin, ils savent tous deux parler. Tout s'articule autour de cette donnée fondamentale que représente le langage: ce qui témoigne de la capacité que l'enfant a d'apprendre, c'est qu'il a appris à parler sans qu'on lui explique; ce qui lui permet d'aller plus loin, c'est encore le langage. Nous arrivons là au deuxième principe de l'enseignement universel énoncé par Jacotot: tout est dans tout. Tout est dans le langage, donc tout est dans leTélémaquede Fénélon par exemple. Le langage est vivant, dynamique, il entraîne l'homme sans cesse vers de nouvelles connaissances: "si nous

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réfléchissons un instant, nous sentirons que celui qui sait une langue sait tout [... ] C'est en ce sens que je dis:savoir une langue, c'est savoir tout ce que sait un peuple" (Langue étrangère, p. 3). Cette faculté commune qui devrait permettre d'accéder à toutes les connaissances amène Jacotot à préconiser une méthode de répétition. L'enfant a su apprendre "naturellement" et de lui-même quelque chose d'aussi universel que le langage, on lui propose maintenant de procéder de la même manière pour toutes les autres connaissances. Ainsi la lecture s'apprend en répétant et en réfléchissant à ce qui a été dit. PrenonsleTélémaque et apprenons à lire:

"Calypso Calypso ne ... Calypso ne pouvait ... Calypso ne pouvait se ... Calypso ne pouvait se consoler [ ]"(Langue maternelle, p. 1).

Lorsque l'enfant aura assez répété il saura lire et écrire, rapidement, sans maître. Voici donc l'abrégé de la méthode de Jacotot : "Sachez un livre, rapportez y tous les autres, voilà ma méthode" (Mathématiques, p. XI). Mais lui rétorquera-t-on, comment apprendre la physiologie dans Télémaque? Réponse: Tout est dans tout. L'intelligence qui a écrit Télémaque est la même que celle qui construit la physiologie. Jacotot affirme ainsi son appartenance au siècle des Lumières: non seulement tous les hommes sont égaux mais ils répondent aussi à un fonctionnement similaire dans leur manière d'accéder aux connaissances. La liaison des idées, chère à Condillac, légitime le succès de l'enseignement universel. "Je suppose, en effet, que, sachant la littérature par la méthode, je veuille jeter les yeux sur un livre de physiologie. Mon intention n'est point de devenir physiologiste, mais les sciences sont sœurs; d'ailleurs je ne connaîtrais pas bien toutes les ressources de ma langue si je ne lis que les littérateurs: c'est dans la langue de la physique, par exemple, que nos grands poètes ont puisé tant d'expressions énergiques et de comparaisons sensibles. Je lirai donc la physiologie dans un bon écri vain [... ] et comme je continue la route qui m'a été tracée dès l'enfance, je ne saurais m'égarer [... ] je répète sans cesse ce que j'ai appris; je crains toujours de l'oublier: c'est la base de tout l'édifice; c'est le terme de comparaison auquel je rapporte tout. Il se forme ainsi dans ma tête de perpétuelles liaisons d'idées; mais leur nombre ne saurait nuire à leur clarté: l'ordre qui règne dans toute mes acquisitions me pemlet de ne pas les confondre" (Langue maternelle,

p.

116).

L 'homme reçoit les connaissances à travers ses sens. Puis, à partir des impressions qui naissent ainsi, se forme une chaîne d'idées qui conduit au raisonnement: ce processus est le même pour tout homme, et ainsi, toutes les productions humaines sont soeurs, issues du génie propre à l'espèce. Tout est dans tout: les mathématiques sont contenues dans Fénélon, et n'importe qui est capable de les connaître. "Tout homme qui comprend Fénélon, comprendra Lagrange. La langue des mathématiques, comme la langue maternelle, est composée de signes de convention pour exprimer des faits. Comprendre une langue, c'est voir le fait dont il s'agit. Quand on voit les faits énoncés par l'écrivain, ainsi que les relations qu'il exprime, on comprend le livre, quand même on n'admettrait pas la vérité des faits ou des relations"(Mathématiques, p. 241).

Ainsi, toute langue - fut-elle mathématique - doit être conçue comme un ensemble de signes que l'élève saura décomposer, identifier, puis comparer entre eux jusqu'à ce qu'il comprenne ce que leur combinaison veut dire. Voilà le sens de tout est dans tout, voilà aussi la force politique de cette formule: le maître explicateur n'existe finalement que parce qu'il existe un incapable qui a besoin de

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lui pour apprendre. Désormais, n'importe quel père de famille ignorant peut aider son fils à apprendre les mathématiques, le savoir n'est plus un argument du pouvoir. La pauvreté ne doit pas constituer un frein à l'accession aux connaissances, l'enseignement ne doit pas redoubler l'inégalité sociale. Une mère illettrée qui veut que son enfant sache lire peut suivre la méthode: il lui suffit de connaître par coeur un cenain nombre de prières, puis de se les procurer par écrit. Elle les dira chaque soir avec son enfant en regardant le texte, petit à petit ils distingueront les signes, puis les mots, puis les phrases et sauront les employer sans avoir dû recourir à un maître explicateur qui se serait fait payer pour aboutir au même résultat beaucoup plus lentement. Tel est le sens de l'émancipation intellectuelle: le savoir ne se vend pas, c'est à l'élève de le prendre.

On notera l'insistance portée sur la lecture: sans elle rien ne serait possible. Si l'enfant commence à apprendre par l'oreille, il ne pourra progresser sans ses yeux: l'écriture comme ensemble de signes se laisse décomposer, analyser, comparer; la parole s'en va sans laisser de reste. L'écriture constitue donc la condition de possibilité même de la méthode Jacotot, il importe que l'élève conçoive tout savoir comme un texte, il faut des signes pour que la méthode fonctionne. C'est déjà par une lecture que l'enfant accède au monde: "[ ... ] le plus petit enfant a la même intelligence qu'Archimède homme. Cet enfant est entouré d'objets qui lui parlent tous à la fois des langues différentes; il faut qu 'il les étudie séparément et dans leur ensemble; elles n'ont aucun rapport, et elles se contredisent souvent. Il ne peut rien deviner de tous ces idiomes que la nature parle en même temps à son oeil, à son tact, à tous ses sens. Il faut qu'il répète souvent pour se rappeler tant de signes absolument arbitraires. Il faut qu'il étudie les objets pour savoir ce que son palais, son oreille en doivent attendre"

(Langue maternelle, p. 139 ).

La lecture des langues, mais aussi des mathématiques, de la musique, voire du dessin, est toujours possible: la méthode de Jacotot est une méthode de lecture où il faut décomposer, recomposer et comparer. Toutefois, le support écrit ne serait pas suffisant s'il n'était mis en parole. Nous retrouvons là le principe de la répétition: c'est à haute voix que l'élève découvre le texte, c'est en partant d'une prière connue par cœur que la mère pourra faire passer son fils à la lecture. Il y a donc une mise en scène de l'écriture, une oralisation, qui permet à l'élève de comprendre c'est-à-dire d'exercer son entendement et son intelligence. Car si c'est par l'oreille que le savoir s'apprend le plus rapidement, l'élève devra recourir aux yeux pour progresser. Puis il faut revenir à l'oreille pour qu'il intègre ce qu'il a lu. Tout apprentissage repose sur ce mouvement: entendre, voir, entendre. Voici, par exemple, la manière dont Jacotot envisage l'enseignement du latin: "Non seulement il [l'élève] peut parler, mais il comprend encore ce qu'on lui dit, probablement parce qu'il entend l' Épitorne dans toUles les bouches, répété tout entier tous les jours, tant par les autres que par lui-même. Sans doute l'habitude d'entendre sans cesse la même chose lui grave profondément dans la mémoire le livre qu'il a appris. Peut-être que l'Épitorne contient toute la langue latine, et qu'avec les signes qui s'y trouvent on peut dire tout ce qu'on pense" (Langue étrangère, p. 8).

Ainsi donc, lorsque l'homme entend et voit il peut exprimer et s'exprimer, c'est-à-dire accéder à une forme de liberté. L'intelligence humaine a conçu des signes de convention, tout être doué d'intelligence est donc capable de s'en servir, voire d'en recréer de similaires.Lesavoir n'appartient

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de droit à personne, tout être qui veut bien faire l'effort de le prendre peut en devenir propriétaire. "Il est aisé de s'apercevoir que tous les autres livres sont contenus dans le premier. C'est cette remarque, c'est cet exercice que nous appelons tout est dans tout, qui rend facile l'acquisition d'un nombre illimité de connaissances nouvelles [... ] La chaîne de vos connaissances ne sera jamais interrompue; vous en retrouverez à volonté tous les anneaux qui se tiennent sans aucune solution de continuité. Les observations d'autrui, comme les vôtres, deviendront votre propriété assurée: vous la communiquerez quand il vous plaira, sans pouvoir l'aliéner jamais. Il se forme ainsi des liaisons intimes entre vos idées; elles s'entraident, elles se développent, elles s'éclaircissent [ ... ] C'est un cercle immense dont les points innombrables se présentent à la pensée un à un, s'il lui plaît, réunis ou désunis au nombre qu'elle a fixé; enfin dont tout l'ensemble et les détails ne forment qu'un tout que l'intelligence peut embrasser d'un seul coup d'œil" (Langue maternelle, p.IIS).

Faire répéter chaque jour la même chose en ajoutant quelques bribes, vérifier si l'élève a compris et demander ce qu'il en pense, ce sont là les seuls outils de Jacotot : répétition et réflexion. Mais si simple que paraisse cette méthode, elle ouvre la possibilité d'accéder à un savoir infini, du moins si nous croyons son fondateur. Ce n'est pas par hasard que les élèves apprennent avant tout à lire et à écrire: il est essentiel de considérer le premier stade de la connaissance, le langage, comme une lecture potentielle, c'est-à-dire comme une décomposition en signes qui permettra d'accéder à l'immensité du savoir. Le déchiffrage est le modèle même de l'apprentissage de quelque savoir que ce soit. Il est même le modèle de la constitution des connaissances qui s'ajoutent les unes aux autres tels des mots ou des signes produits par la même intelligence.Àce compte là,ils'agit (théoriquement) d'une méthode vraiment universelle, puisque le savoir le plus élémentaire (la lecture) permettrait, telle un code, de déchiffrer tous les autres savoirs.

Pour conclure cet exposé, je poserai une question. Jacotot a remporté un vif succès dont ses lettres en témoignent: quoique exilé de France, il jouissait du privilège royal en Belgique, pratiquait l'enseignement universel à l'école normale militaire, était sollicité pour enseigner la musique, les mathématiques, le dessin ou encore les langues. Alors pourquoi est-il tombé dans l'oubli?

Il prédisait lui-même l'échec de l'enseignement universel si la société ne parvenait pas à admettre le principe d'égalité naturelle des hommes. Pour cela il aurait fallu une réforme radicale du fonctionnement de la société, une reITÙse en cause de la distance générée par l'explication, un désir de voir les IUITÙères se propager par les familles, bref il aurait fallu faire de l'enseignement universel" la principale et la première de toutes les affaires du royaume" (Mathématiques, p. 97). Jacotot n'y croyait pas, il y avait trop de réformes à établir pour que l'enseignement universel puisse perdurer. "Pour dégager les fonctionnaires de leurs devoirs, dont l'accomplissement nuisait nécessairement à la propagation désirée, il eut donc fallu, avant tout, changer les lois. D'un autre côté, où trouverez-vous, sur toute la terre, un prince assez imprudent pour faire une loi de l'égalité des intelligences? Quelles clameurs! Les entendez-vous? Cela est impossible et pourtant cela est nécessaire. Jugez si j'avais raison de dire: l'établissement de l'enseignement universel est impossible avec les lois existantes. Donc impossible dans l'ordre social qui ne peut point changer ces lois. On ne peut que rendre les établissements existants mille fois plus utiles qu'ils ne sont, comme je l'ai dit dans mon

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premier volume. Croyez-moi donc, laissez ces chimères et faites du bien aux individus"

(Mathématiques, p. 133)

Par ailleurs, plusieurs raisons conjoncturelles peuvent expliquer cet oubli. D'abord, le groupe des disciples de l'enseignement universel s'est scindé en deux partis opposés. Deuxièmement, l'accès aux institutions commençait à reposer sur les diplômes. Au moment des débuts de la méthode universelle il n'était pas nécessaire de disposer d'un baccalauréat pour entrer dans les grandes écoles: chacun se formait comme il le pouvait. Or, la pratique des examens s'est rapidement imposée en remettant en cause un enseignement qui n'était pas sanctionné par un diplôme. Enfin, l'égalité des hommes représentait en cette mi-XIXe siècle le mot d'ordre de l'idéologie progressiste. Il fallait établir l'égalité en perfectionnant les intelligences dans les écoles. Jacotot ne croyait pas au perfectionnement de l'intelligence: tous les hommes disposent d'une intelligence égale par nature. L'idéologie progressiste, elle, estime que l'égalité se conquiert en passant par des institutions et non pas par les familles. Selon Jacotot, ce type d'enseignement répète le postulat de la vieille méthode:il identifie inégalité sociale - pauvreté - et inégalité intellectuelle - incapacité d'apprendre seul. On oeuvre dans le but de l'émancipation, en utilisant toutefois les moyens anciens: l'élève est toujours tenu en longe, et la distance qui sépare le savant et l'ignorant demeure.

Deux raisons plus structurelles pourraient permettre d'éclairer l'oubli de Jacotol. La disciplinarisation naissante interdit de concevoir les sciences comme des sœurs. Elles se spécialisent, se rationalisent chacune suivant un but propre et en relation au positivisme naissant: un enseignement universel apparaît alors totalement anachronique. Seconde raison, l'égalitarisme de l'intelligence induit par une conception sensualiste de l'être humain cède peu à peu la place, au cours du XIXe siècle, à une philosophie etàune science plus "psychologiques" qui mettent en évidence des différences et non plus des ressemblances entre des individus.

Enfin, il y a peut-être une explication plus théorique: Jacotot conçoit tous les savoirs comme des textes àdécrypter. Or ces disciplines possèdent désormais un langage technique de plus en plus sophistiqué dont l'apprentissage passe par les explications. Ils ne peuvent pas se soumettreà la lecture sauvage que préconisait Jacotol. Il est inconcevable que l'élève confectionne par lui-même son savoir. Il faut lui expliquer ce que les mots veulent dire car il y a de moins en moins de rapport entre les différentes langues des sciences, du moinsle prétend-t-on.

BIBLIOG RAPHIE

JACOTOT 1.,Enseignement Universel- Mathématiques,2e éd., Paris, 1829. JACOTOT 1.,Enseignement Universel-Langue maternelle,le éd., Dijon, 1829. JACÜTOT 1.,Enseignement Universel- Langue élrangère,4e éd., Paris, 1923. JACüTüT J., Enseignement Universel- Musique,4e éd., Paris, 1829

RANCIÈRE J.,Le maître ignorant .' cinq lel'ons sur l'émancipalion intellectuelle,Paris: Fayard, 1987.

Références

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