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Gaiete perverse et rire de force dans l'œuvre de Victor Hugo

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(2)
(3)

NOTE TO USERS

(4)
(5)

GaieTé pe/Terse et rire de force dans l'a:ll\Te de Victor Hugo

par

Maxime Prévost

Thèse présentée àla Faculté des études supérieures et de la recherche

èn vue de 1"obtention du diplôme de Doctorat en philosophie

Département de langue et littérature françaises Université McGill

Montréal. Québec

Juillet 2000

(6)

1'-'1

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0-612-70132-8

(7)

(8)

Ti\BLE DES MATIÈRES

R~sumé :\hstract Remerciements Pr~supposés

I~TRODCCTION:PÉ~OrvIBRES Dl' RIRE RO~1ANTIQUE

PRE.\HÈRE PARTIE: LA GAIETÉ PERVERSE

IV V VI

vn

III

Chapitre 1 : Chapitre 2 : Chapitre 3 : Chapitre..+ : Le monstre et le bourreau (Han d'Islande. 1823) Le nain et le scélérat (AmyRuhsan. 1822-1828)

Le prêtre. le brigand et la foule

(Notre-Dame de Pari."'". 1X3 Il Le: bouffon de cour

(Le RoiS·llI1lU.H'. IK32)

58 102 128 162

DEl'XIÈyIE PARTIE: LA TRISTESSE DES JUSTES Chapitre 1 :

Chapitre 2 :

Le tyran, le soldat et le Peuple

(Napoléon le PeTit. 1852: ChûTiments. 1853:

Histoirecl'Ull crime, 1852-1 X77)

Le: forçat. la fi Ile de joie,legamin ct le pol icier

(Lcs .His{;rahlcs. 1862: Choscs l'Ile.\". posthume)

206

246

TROI51È\'lE PARTIE: LE RIRE DE FORCE Chapitre 1 :

Chapitre 2 : Chapitre 3 :

Le: Diable

(La Fin dt! SUTan. posthume1

L'écri vai n

(~VilliaJ1l Shakespeare, 186..+)

Le saltimbanque et l'orateur

(L 'Homme qui rit. 18691

31U 331 363

CO~CLl'SION : ÉLOGE DE LA MAl!VAISE Hl~MEUR

Bihl iographie Annexe

402

411 442

(9)

RÉSUMÉ

Cette thèse consacrée au rire dans l'œuvre de Victor Hugo distingue

Jeux grands réseaux topiques: la gaieté pe/Terse et le rire de force.

La prenlière partie <La Gaieté pe/Terse) Inontre conlment Hugo. puisant plusieurs topoï relatifs au rire cruel dans le rOlnan noir. crée une prenlière série de personnages dont le rire exprinle la turpitude (le 111onstre. le bourreau. le prêtre. le brigand. la foule. le bouffon de coUfl. La deuxiènle partie (La Tristesse des justes) s' attache au Hugo

qui. entre 1X.+5 et

1861.

façonne une rnythologie du peuple:

rèprenant les topoï relatifs ù la gaieté perverse. il les applique alors

aux puissances du Second Enlpire (le tyran, le soldat. le policier). Les infâllles rient. les justes pleurent et le rire des Inisérables (le

fon;at. la prostituée. le ganlin) est un rire forcé attribuable à la

per\'ersion sociale. La troisième partie (Le Rire de .fl)J-ce) considère

trois lCU\TeS de l"exil. notanlment L'H0J1l111e qui rit où Hugo définit

clairelnent ce lIu'est le rire de force: l'exultation de la victinle

~llutiréepar la perversité du bourreau social. le tyran. Ce passage de

la g.aieté perverse (procédant de la perversité individuelle) au rire de

fllrce (effet Je la perversion sociale) sera interprété cornnle le ret1et

d'une lnétilillorphose du deSTinataire ÎlJlplicùe hugolien. Alors que le

prerllier Hugo écrivait à propos

du

peuple. le

Hugo

de 1"exil a

1

ï

111pression d· écrire pOlir le peuple. ce qui 1110ditïe sensiblement la

sig.nification 411 'il prête àdivers topoï pourtant 1110bilisés depuis ses

toutes prelllières C0111positions .

(10)

ABSTRACT

This thesis studies the theme of laughter in the \vorks of Victor

Hugo. distinguishing two topieal networks : that of perverse gaiet)'

and that of ./f)rced Il/ltglzter. Part One (La Gaieté perverse) shows

IHl\V Hugo. drawing various commonplaces related to cruel laughter

in the gothic nove!. creates a first fanlity of characters \vhose laugh deri ves frOlll their denlented nature (the Inonster. the headsnlun. the priest. the outll.l\v. the Inob. the court jester). Part Two (La Tristesse

des justes) coneerns the Hugo whieh. between 1845 and 1862. fashions a rnythology of the People renewing with conlmonplaces relateu to perverse gaiety. which he now links to characters seen as pillars of the Second Empire (the tyrant. the soldier. the police officer). While the \vicked laugh. the just nlan cries. and the laughter of the oppressed (the convier. the prostitute. the street urchin) is cOl1strained. Part Three (Le Rire de force) considers three works dating from Hugo' s exile. including L 'HO/1l1lle qui rit. where the author clearly defines \vhat constitutes forced laughter : a victim' s exultation caused by the perversity of his social torturer. the tyrant. This transition fronl perverse gaiety (\vhich stenlS l'rom individual perversion) to forced laughter (the result of society' s perversion) will he interpreted as the retlexion of a shift in the identity of Hugo' s

iJll/J/iet./ reader. While the first Hugo \vrote ahout the people. the

laler Hugo aspires to \vriteff)!" the people. \vhich consiuerably affects

lh~ lneaning conferred to various c0l111nonplaces lIsed thoughout his

\\'riting can~er.

(11)

REMERCIEMENTS

Cette thèse de doctorat fut entreprise sous la direction du regretté Jean-Claude Morisot. auquel je dois Illon intérêt pour le romantisme en général et pour Hugo en particulier. Maître et professeur extraordinaire. il ne sera jamais oublié de ses étudiants.

Je tiens ü reillercier vivement Jean-Pierre Duquette. yui a accepté

sans hésitation de superviser cette thèse après la disparition de Jean-Claude Morisot.

~vIa gratitude \'a également à Jean Prévost et à Mawy Bouchard. qui

ont relu di verses étapes de cette étude. de nlêllle qu' à Michèle Neveu. pour son précieux soutien.

Je renlercie enfin le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH) pour son aide généreuse et efficace .

(12)

VII

PRÉsuPPOSÉs

Il est aussi mortel pour

r

esprit d·avoir un système que de n' en avoir

aucun. Il faudra donc qu ïl se décide à joindre les deux.

Friedrich Schle~el..... Fra2:ments de.... rAthenaelll11.

53

U

ne histoire sans

1

"imaginaire. c' est une histoire mutilée. désincarnée.

Jacques Le Goff.

L

'!lllagillaire nu!diét'al. Gallill1ard. 1995~ p. VII

l'Il patriotisllle étroit en littérature est un reste de barbarie.

La lV/use.fj·all~·llise. 1822

Nlere reading. it turns out. prior to any theory. is able to transform

critical discourse in a rnanner that would appear deeply subversive to

those who think of the teaching of literature as a substitute for the

leaching of theoIogy. ethics. psychology. or intellectuai history.

Paul de Man. The Resistance to Theory. 1982~ p.

2-1-Quand on a isolé un phénonlène littéraire et qu'on lui a donné un nom.

c'est déjà un résultatd'acquis.

À

cet endroit-là. on apénétré la structure

concrète de la 111atière littéraire. on a fait une analyse. on peut établir un

systèll1e de points. qu'on peut relier par des lignes - et cela nous donne Jes figures.

E. R. Curtius. La Litlérature européenne et le Moyen Âge latin.

XVIII. 1

Pour le poète cOlnlne pour

r

historien~ pour [" archéologue conlnle pour

le philosophe. chaque siècle est un changelnent de physionomie de [' hUIllanité.

Hugo. Préface de La Légende des siècles (1859)

Reillarque: lorsque les références sont inconlplètes~ se reporter à la

(13)

INTRODUCTION:

PÉNOMBRES DU RIRE ROMANTIQUE

On a toujours souffert ou on souffrira. Malheur aux insensés qui rient!

(Les Feuilles cI'llutomne. XVIl)

Le jour naît en larmes. Les lumineux pleurent. ne fût-ce que sur les ténébreux.

(14)

~L la chaumière de la paysanne qui. vingt-quatre ans auparavant a

porté son enfant. Il vient lui apprendre la nlort de ce tils. Femme. lui dit-il. bois un coup à sa santé, sortant de sous sa bure une coupe funèbre. chef-d'oeuvre artisanal réalisé avec le crâne du tils défunt.

Le 1110nstre éclate d'un «rire funeste» (1823 : Hl/Il d'Islande, chap.

XVI). Un autre nain. mais bon, celui-ci - baladin servant de bonne étoile à une damoiselle en détresse - vient. par un passage secret. libérer l'héroïne d'une tour aux oubliettes. Par nlalheur. la porte du passage se referme derrière lui. Ils sont prisonniers. La belle danle se

désole li'avoir entraîné le lutin dans sa chute. Il la console

presteillent : qu' importe un pauvre diable de trois pieds et demi de haut'! on le pendra et il n'y perdra rien. Sur ces propos, nous

infonnent les indications scéniques, il éclate de rire (1828: Anzy

Rohsarl, V, 1). Un prêtre malétique s'éprend passionnément d'une

hohén1Ïenne qui rejette ses avances. Il l'envoie à la potence. Saisi par

r

énonnité de son crinle, il court frénétiquelnent jusqu'à ce que Paris

soit loin derrière lui et. dans la solitude d'un chalnp désert. sent éclater en lui-nlênle un rire diabolique, rire qui retentit effectivement.

èl1 des sonorités affreuses (1831 : Notre-Dcl/lle de Paris, IX, 1). Un

bouffon de cour bossu, difforme, seul. ignoble et cruel se dissinlule sous une cape noire pour visiter sa tille, laquelle loge secrètement dans une inlpasse déserte. Il pleure dans les bras de la jeune femme.

ce qui. dit-il. le délasse de ses excès de rire nocturnes (1832 : Le Roi

S '({IIIllSe, II. 3). Un certain 4 décembre, l"armée ouvre le feu sur le

(15)

heures du SOIr. rapporte l' historien, le tyran permet à l'armée de s Lunuser: fête nocturne sur le boulevard, au Inilieu des cadavres

( 1S52: Napoléo/l le Petit. III. 8). Quatre nlille ans durant Lucifer

tOlnbe dans l'abînle: enfin. il se heurte à un roc et s'

y

agrippe.

Pendant nlille ans. il contemple. à une distance inti nie. la lueur des étoiles. La foudre gronde dans les cieux. Satan rit. crache du côté du

tonnerre. et sa chute reprend de plus belle (oeuvre inachevée: La Fin

dl' .)'lIrall. «Hors de la terre».

1.

1 - l11anuscrit daté du 25 nlars 1854).

Une pauvrette. contrainte de laisser sa petite tille en pension chez des

aubergistes sans scrupules. se fait ouvrière.

Le

couple ignoble la

presse sans cesse de demandes pécuniaires. L' ouvrière apprend àrire.

En riant. elle vend ses cheveux. puis ses dents, ce qui lui laisse un sourire sanglant. L'argent manque toujours: elle devient tille de joie

( 1X64 : Les !vlisérables.

1.

V. 10). Le tils d'un lord proscrit est vendu

par le roi à une bande de gueux spécialisés dans la confection de

111onstres. Sur le visage de l'enfant ils sculptent. in \'ivo, un rire

horrible et éternel. Devenu grand, il se fait saltimbanque. Quiconque le \'oit est saisi d'un rire irrépressible. Un beau jour. la noblesse du salrinlbanque est reconnue: il peut siéger à la Chanlbre des Lords. Il

décide d'y devenir le porte-parole des faibles. des vaincus, des

{lpprilnés. Par lIl1 immense effort de volonté et de contorsion faciale, il arrive 1110l11entanément à nlasquer son rictus. mais. après avoir

annoncé

1

"imminente révolution sociale. il s'oublie. et son rire

horrible Inet le feu aux poudres: toute rassemblée se tord d'un rire dénlentiel (1H69 :L'HOl1l1lle qui rit, II. VIII. 7).

Cette galerie de personnages témoigne d'un thènle obsédant à

travers l'oeuvre de Victor Hugo: celui du rire noir. du rire pervers ou 3

(16)

(onstate qu· il préoccupe non seulement Hugo. l1lais bien tout un

~iècle (récrivains. On songe aux Nachtstücke allemands. au roman

historique de Walter Scott à ces univers peuplés de bouffons. de

L'll)\vns. d·~tres difformes et hilares (le veilleur de nuit de

Bonaventura. le Flibbertigibbet de K(!llilworth. le Wamba dï\'(Inhoe).

L'eXel1lple de Baudelaire vient aussi inll11édiatel1lent à l'esprit lui

qui. dans Le PeinTre de la rie J11oderne. C0l11pare le rire du dandy au

~ol1rirè de l'enfant lacédémonien nl0rdu par un renard caché sous son 111anteau: dans De / 'essence du rire. ce 111êl11e auteur évoque le destin tragique de Mell1loth. dont le «rire est l'explosion perpétuelle de sa

l"olère et de sa souffrance»l, Dans l'introduction à son histoire de la

Renaissance. Michelet considère le XYe siècle comme celui de la

«fausse gaieté» et des «entreprises préméditées et travaillées pour

faire rire» le peuple2• À ces exemples. il serait possible d'ajouter ceux

d~ \1usset;. MérÎlnée4

• Lautréanlont\ Dickenst1 et Zolaï • pour ne

non1111er que ces auteurs,

~ C!J~ll"k" BAL·DEL:\IRE. Ol'u\'rn cnmpli-rl's. d, dl: \'1i.:hd hml:l. Pans. Rohl:rt Laffllnl. ,,[3IIUqUIl1S". IYS().p,(,Y...L

~ JuIL'" ~llCHELET ()l'UITfS COl1/pli'rC.L tome Vil: Rl'fwi,\Sd/lCl' cr Rdorl1lc. éd. lk Rllhen

C"l"~llh1\;1. Pans. Flammarion. IYïS. p , S7 IIntroJul:tlon.

*

XIII.

; L·()..'[a\~ JI:LIC(lIl1l'ssioll d'ul/ l'Ilfamdu"ii-cil' dl. 1\'):o-ongera: <'l1llln 1:1ll:ur soul'fralt n sort.... -Ill'il ~ Ll\aJt pn.:squ (llfistamml:nl ....n moi un homme qui nai! ....t un autr.... LIul pkurail. [ 1Mes pl"lIpl"l.":O- r~lIlkn...m l'~lÏsalentl.jueiLIuefois une peine extr~me.et mes l.:hagrins les plus profonds me

dllnn~lIenl l'n\'le tf13dater Je l'in> (éJ. Je Daniel Leuwers. Paris. GF-Flammarion. Il)l)~.pp.

IIS-1Il)1

; \"111" ThierryUZ\\'ALD..•De Hugo àMérimée: éhauches J'un nctus romantique». Romlllllismr. .\:\1. /..+ 1IlNIl.pp."+Y·55.

~ ()11 JIl Jans L,'s CluiT/ISdl' "faldomr: .Sai pris un .:ani f [..,1 et je me suis fendu les chairs aux

,-'ndrIIJt"1lUse rc.:unls:o-ent les lèvres.1... 1Mais1.,.1jl: \'is hien 4ue mon rire ne ressemhlait pas à celui

dl.'s hUIl1;uns"1L,'sCham.'de-.\1a/domr.éd.JeP.- O. \Valzer. Paris. Gallimard..<Bihliothè4uC de la

(17)

Bakhtine

1

~avait observé. les ronlantiques ont manifesté une

profonde Inétïance à l'égard du rire~ leur carnavalesque procédant

plutôt de l'anéantissenlent que du ressourcenlentS L'oeuvre de Hugo

annonce en quelque sorte les analyses de Bakhtine. car il y est bien

4uestion d'un «avant». c'est-à-dire d~une période d'innocence où le

rire était libérateur. et d'un «maintenant», où il n'est plus possible de

rire sans arrière-pensée. Bien sûr. chez Hugo toute rétlexion à

L'aractère historique annonce un futur autre. si bien 'lU'on peut croire

que le rire «de 111aintenant». pour sombre et pervers qu"il soit. est SYlllptol11atique d'une libération future. le prodrome d'une révolution

nécessaire. Et cet at'a/a lumineux du rire s' opposant à un 111aintenant

noir C0l11111e nuit ne se Inanifeste janlais plus clairement que lorsque

Hugo rétléchit sur la portée du rire rabelaisien. «Rabelais. c~est le

l11as4uè fomlidahle de la conlédie antique détaché du proscénium grec. de bronze fait chair. désonl1ais visage hUI11ain et vivant. resté

~nonlle. et venant rire de nous chez nous et avec nous.»ll On voit clairenlent le gouffre séparant ce «111asque formidable». «de bronze

fait chair». et le nlasque de Gwynplaine (1'«holnme qui rit))).

cauchenlardesque sculpture faciale. signe de déclasselnent sociaL

()n "Ingl..' partl\.'ulJ~n:rn~nt ~l s~s ~hronJ4uesJllurnalisli4ues sur la gaielé panslenne cl l'industrie du rIr~" \'llir !'\lu\Tage Je Manin KANES. L'ATc!ier de ZoILl. TeXTes de joufIllllU, lS05-18ïO,

(;cnL'\l.:. Dru!.. jl-.)(i~. nlllamment aux. pages27-29cl [YI-lYS .

.. \'lllr~1ddlaïl BAKHTINE. L'0('111Tt.'d,'Fral/çois RahelaisCT /acU/flIrc populaireatlMOY(,lI Age

1T\litt.\ Id R('IlCliSSCIIlCl'. lrad. d'Andr~e Rohe/. Paris. Gallimard...Tel··. 1970. pp. 46 s4. (p. 47 :

"1--) dan le :.!wll.:syue romanti4uc. le rire esl diminuti. il prend la forme de l'humour, de l'ironie. du '~l/\:a mc. Il cc ...cd' êlre joyeuxcl alli:grc, L'aSpCl:1 régàlérarcllrCl posilif Ju prin~ipedu rire

l',( r':Jull au minlmum"l: cl Andrew J. Ml:KENNA."Ana Bakhtin : on lhe FUlure of Laughlcr and

I\'-HI ...lllry ln Fr~mLe>·,NcTltl' de l'[:nil'('niféc/'Orrmm. LIlI (lYS)1.p.X2 .

" U"ilf,olll .''l'/wJ..npcarc. 1. II. 2. ~ XII. dansŒtll'(C'slïl11l"li'TCS - Crirù/Ilc. ~d,Je Bernard Leuilliol.

Pan,. Llllum. «BllU4iulOs». 1YXS. p. 27S,

(18)

lllanifestation d' une domination aussi sadique qu "inique. Le nre rabelaisien est unitïcateuL Rabelais riant de lui. de nous. des autres. rnais «chez nous et avec nous». Rien de plus égalitaire que le rire

gaulois. Il nivelle le terrain entre sujets et objets. Dans

L

'Ho17l111e qui

ri!. toutefois. tout le monde rit sauf Gwynplaine: l'homme qui rit n' est

qUè

r

ohjet du rire. il n' a aucun droit à la dignité du sujet. Si

Gv:ynplaine n' était le prophète d' une révolution. il faudrait parler de

r~gressionhistorique. et non de progrès. Or. on sait où se situe Hugo face au progrès.

On constate donc que. dès ses débuts littéraires. Hugo s' est int~ressé au rire noir. au rire qui surgit de n1anière perverse. né du

spectacle de la souffrance. son premIer rOInan Han d'Islande

Jépeignant les crimes crapuleux d~un monstre hilare tenant à lu fois

du Meln10th de Maturin et de la Créature de Mary Shelley. Cette thérnatique est double. puisque deux faces du rire noir pénètrent !"OèU\Te hugolienne : d'abord la gaieté perverse, c'est-à-dire le rire des 111échants. le rire du bourreau aux dépens de la victime. le rire des Inonstres. des rois et de leurs bouffons. de Caligula. de Satan. du

\·arnpire. En cela digne représentant de

r

esthétique ron1antique. Hugo

accorde une place prépondérante à ce type d'exultation sadique dans la prernière partie de son oeuvre. puis il en vient à représenter un autre rire. le revers de la médaille. c'est-à-dire le rire de la victime. le rire forcé des misérables ou plus simplelnent le rire du peuple. Ce rire l:st souffrance. c' est un sanglot (Gwynplaine : «je ris. cela veut dire je pleure) 1(1).

1'1 /.'/lotTll11clliti rir. lI. VUI. VII. Jans Ot:rnn:scOl1lplheJ - R0I1111llSIII.15J. Je Bernard Lcuilliol.

P:lI1:--. R\lhcrt Laffonl. .. Bouquins». lYS). p. 744. Les l:ÎtaÜons suivantes proviendront de cette

(19)

«Gaieté perverse» et «rire de force».

La gaieté pen'erse

constitue donc la prenlière base thélnatique de cette étude, «[Cle total

lugubre. la gaieté». résunle Victor Hugo dans le chapitre de L'H0l11nZe

(lui rit consacré à la physionomie de Gwynplaine. synthétisant ainsi

~n une fornlule prenante

r

énornle soupçon que le romantisme a fait

peser sur la gaieté. soupçon se tnatérialisant souvent dans ce

«colluque qUI ne fait pas rire» qu' admire tant Flaubert". La gaieté

perverse est porteuse de sadisole: il s' agit d' une joie qui s' exerce au Jétrinlent d·autrui. qui est arme et signe de domination, Procède ainsi de la gaieté perverse le rire des «méchants», Le jeune Hugo critique

Quentin Dunrllrd:

L'llè ~cènè [...1remarquable [...

J.

c'est celle où les deux princes. que ks conseiIs les plus sages n' ont encore pu rapprocher. se réconcil ient par Ull acte de cruauté que l'un imagine et que l'autre exécute. Pour la première fois. ils rient ensemble de cordialité et de plaisir: et ce rire, è\cilé par Ull supplice. efface pour un moment leur discorde. Cette

idée terrible fail frissonner d'admiration.J2

()n voit il11111édiatement les applications pratiques de cette «idée terrible qui fait frissonner d' adlniration». idée qui. bien entendu.

n' appartient pas en propre à Walter Scott. l'époque

post-révolutionnaire senlblant juger inévitable que le pouvoir. de quelque

Il lit!'". II. Ir. 1. p. 52~: Guslave FLAUBERT. Cor,.e,\pOIlllllllCC'. tome Il. ~d. de Jean Bruneau.

l'an~. (jallimard. "Binliolhèque de la Pléiaue». IlJXO. p. X5 : ,.Le L:omique arrivé à l'exlrême. le

~llll1lqlle qUIne fail pas rin:. le lyrismeJ~ll1Sla nlague. esl pour moi (ou( L:e qui me rail le plus envie

...·"1111110....0cJ1valll" (Icme~lLouise Colet.Xmai 1X5:!).

12 "Sur Walter SL:ll((. ~I propos de Qllclltill f)llnmrd» !juin 1X231. Jans Littérawrc c( philosophie

IIIdùs. 0d. d' Anlhllny R. W. James. ŒmTc.\' cOl11plhes - Critiqlll'. Paris, Roherl LalTonl.

"Bl1uquinsH • IlJX5.pp. 150-151.

(20)

r0l11an noir commettent leurs atrocités en riant d'un rire sardonique. ou en souriant de manière sinistre. La Créature de Frankenstein

apprend à rire en nlême temps gu'à tuer". Le Melmoth de Maturin

glace ses victinles par son rire satanique (on lit chez Baudelaire : .. Tous les l11écréants du nlélodrame. Illaudits. danlnés. fatalement

ll1an.Iués li'un rictus qUI court jusqu' aux oreilles. sont dans

l'orthodoxie pure du rire. Du reste, ils sont presque tous des petits-tïls légitinles ou illégitinles du célèbre voyageur rvlelmoth, la grande

création satanique du révérend Maturin»14). Le Vampire de Polidoril~

n'assouvit pas sa soif sans laisser entendre un rire triomphant. ou sans

laisser \'oir un sourire d' exultation malicieuseIl,. Ce rire vampirique.

sèlllbiable au rire du diable. au rire de tout monstre romantique. et

silnilaire à la gaieté unissant les Louis

XI

et Guillauille de la Marck de

\\1~dter Scott. passe. via Nodier. dans 1ïmaginaire hugolien. Le visage

de Philippe [1. qui pourtant ne sourit janlais «<[ ... ] le sourire/N'étant

: ; Rm:de LI Cr~~llufl: . \Ofr 11(llammr.:nl \lary SHELLEY. F'Wl!..Ol.\TCi" orTfIl'.\/od"rTlPmff/,'r!l"lls

1 1:-; 1:-;1. III. -; . ··1 wa.... an .... wr.:n:J thruugh Lhr.: sllllnr.:ss of thr.: nlght hy a luuJ anJ lir..:ndish ILlugh. lt

J~11l~ un 1Il~ r.:ar~ l(lng anJ hr.:Llvdy: thr.: mountams re-r.:dlllr.:J it. and [kilas ifail hr.:11 sUIToundeJ mr.:

'.\1111 IIhl\.:k.r.:r~ ~lnd laughter"I~J. Jr.: MLlunœ HinJIr.:. LlIndrr.:s. Pr.:ngulnClassi~s. IYY2. p. IY6l. ,.; (·!I;lrk· ... B:\l·DEL.·\IRE...Dl"l"l'ssenc~ Jurift>. dans()l'l/I'rcs cOl1lplàcs. pp.6Y3*6Y--l.

,.; ()II "'~1I1 que la nl1u\r.:Ilr.: Jr.: John Pl1liJun. The \ 'UIIl?'"'' [1SIY1. IllngLr.:rnps allnhuél' à Byron.

1,IIU un r(lk J~(r.:rllllnanlJan" la pllpularisalion Ju pl"rsonnagr.: .. \arnpirr.:». noLammr.:nt gracc ü

l'~llbplalilln "'l:~l1IlIUl"dr.: Charlr.: .... Nl1Jir.:r (LeVlIfIlfJirt,. mdm/ralll" l'Iltrois actc.\' -1X201.

1" JIlim POUDORl. Th,' \'ol1ll'yrl'. éd. Je E. F. 8 kikr. ~L'WYork. Dovr.:r PuhliL:~ltions. lyo6. p.

27.~ : -\ ... hr.: aprrl1achr.:J. Lhr.: lhunJcrs. fur a llloment sdent. allmvl'J him Lll hr.:ar thr.: drr.:adful ... hnr.:k. III a \"'()rn~1ll nllngling with Lhr.: slitlcJ. r.:xullant lllod.:r.:ry\11"aIaugh.~ontinucd in onr.: almost ullhnlk.r.:n "llunJ .. ; p. 275: "[ ...1Auhrey [...1\Vas surprisr.:J lu 111r.:r.:L his li.c. Lord Ruthwr.:n·s - k

\~1I11plrr.:1ga/r.: lixr.:J intr.:nlly upon hirn. \VithLIsrnile ufmali~lllUSr.:xu[LaLion r1aying upon his lips : he k.nr.:\\ not why. hUl this smile hauntcd him». Al"inlerprète dr.: Lord Ruthwen. Nodier Jonne des IIldil.:aLllm"~L:éni4ucs L:ommr.:'<(/1'('('ulle joie ('oTlcclltréc>·li.y1ou'<ll\'C'('IITl .\"(JlIrirc férocc»OII. 7) - \ 11Ir Le \'lIl1Ipire. Jans OClllTCSdraml/Tiques. tome l. éd. Je Ginette PicLiL-Guinoisr.:au. Genève.

(21)

pas plus possibl~àces lèvres de fer/Que l'auroreà la grille obscure de

"ènfer»). s' éclaire lorsqu "il songe à son Invicible Annada : «Chose

Înouï~ ~ il vient de grincer un sourire.lUn sourire insondable. Îlllpénétrabie. anler.l[.,.]lEt le lugubre roi sourit de voir groupées/Sur quatre cents vaisseaux quatre-vingt mille épées !/Ô rictus du vampire assouvissant sa fainl!»I"7. La gaieté perverse est partout dans l"oeuvre

Je Hugo. partout dans le rOlnantisme. Hugo

1

ïnlporte directement. et

sans Joute inconscienlment. de chez Maturin. Walter Scott. Schiller.

Ceri re est

r

une des principales fondations de la pren1ière partie de

1-UeU\Te. dans Hall ll'Islande. Bug Jarga/. NoTre-Danle de Paris. Le

Roi s·([n1llse. Bien sûr. on entendra des échos de ce rire jusque dans

les dernières pages de Hugo. jusque dans les dernières pièces

L'onlposé~spour La Légende des siècles. notanlment.

Le rire de j()rce se nlanifeste plus tardivenlent. Ce rire donne un tour d' écrou suppléIl1entaire à la gaieté perverse. Non seulelnent les forts. les puissants. les haut-placés rient-ils perversenlent de leur pou\'oir despotique. mais encore faut-il que leurs subalternes et leurs \'Îctinlès participent de la gaieté ambiante. Encore faut-il que leurs \'ÎctÎnles rient «de nlauvais coeur». Cet avatar de la gaieté perverse surgit chez Hugo lorsque ses positions idéologiques sont déterminées

LIlle fois pour toutes. c'est-à-dire dans les oeuvres de l"exil. D·une

Inanlere générale. on peut soutenir que I"élllergence du rictus

rOlllantique coïncide avec celle d'une nouvelle conscience historique.

L~Il historien comme Michelet entreprend de détrôner les rois qui

siégeaient confortablement à

1"

avant-scène de la chronique officielle.

:- .. I.LI R,1"1:JI: l'inlamè>', Jans La Légt'1ldc cles .\'ii'cles. ':l.L JeJ~lc4uesTrul:hcl. Paris. Gallimard,

..Blhllll[h~quL·Je la PléiaJc". 1l)50. pp,~..W--t-tl.

(22)

L't Je donner le prenlier rôle à un nouveau personnage : le Peuple° De

Inêlne. le Hugo de ("exil. homme de gauche qui. d'ultra. a

progressivement glissé vers la Montagne, entreprend de nous nlontrer lè \Tai \'isage de ce peuple dont la Inisère fut. historiquenlent. passée

~ous silence. Surprise - son visage est celui de G\\.'ynplaine, «Illasque

~Ylnbolique d'un peuple défiguré. dont on a ncculté et volé la

~()uffranceH':-'.Sous le Second Enlpire, Hugo voit le peuple conlme

détiguré par son consentement tacite et forcé à un pouvoir tyrannique

c-t usurpé. consentelnent ne pouvant se Inanifester de· nlanière plus

prenante que par la joie, le rire et le sourire:

LL' Ill~urt-dè-faim rit. k mendiant rit. le forçat rit. la prostituée rit. IOl)rrhelin. pour mieux gagner sa vie. rit. I"esda\'e riL le soldat rit. le

peuple rit: la société humaine est raite de telle façon lJuc toutes les perditions. toutes les indigences. toutes les catastrophes. toutes les

lï~\TCS. tous les ulc~res. toutes les agonies. sc résol \'em au-dessus du gou rrrc cn une épou\'amahle grimace de joie.(rh,r. II. IX.2.r. 75lJ~

Du pain et des jeux. donc. En effet. en élaborant cette conception du

rire llè force. Hugo se tourne vers l'antiquité ronlaine. et plus

~pécifiljllènlent\'ers Tacite et Juvénal. Après le

2

décernbre. Hugo ne

l:onçoir plus le rôle d'écrivain «engage» autrenlent que par

iJenritÏcation aux deux voix discordantes de la Ronle inlpériale :

Tacite pour ("histoire (Napoléoll le Petit, Les Misérables, Willfcl111

Shakespeare. L°Hol1l111e qui rit sont en effet des monuments

lI"~lo4uèncè «tacitienne»). Juvénal pour la satire (Les Chûtùnents,

ainsi que Jïnnonlbrables pièces comprises dans Les COlltel11platiolls,

1" k~lI1-lïaul.k!\10RISOT. «Le Fr~néli4ue et k quotidien: Hugo. lula L't Il' "rire de fllrcc" n •

(23)

Il

La Légende des siècles. Les Quatre Vents de l'esprit. etc.)Ill. Sous ,. Elnpire que dépeint Tacite. et qui inspire Hugo. il fallait n10ntrer du

I~lè Jans la servitude. À ce niveau. les Annales constituent certes un

1110nU111ent

à

la gaieté perverse. Tacite rapporte par exelnple que

Drusus voyait couler le sang des gladiateurs avec «une joie trop Illarquée»20: que Pison. apprenant la mort de Germanicus. courut dans les ten1ples avec une «joie insolente». Plancina revêtant. en cette l11êlne occasion. des habits de fête 21 : que Tibëre. au bout de ses forces \'itales. dissimulait sa déchéance par des grilnaces22: que Néron. noceur effroyable. se délassait sous les atours de I·esclave. parcourant

nuitan1ment les rues de la ville. les lupanars. à la recherche d'une

\'ictin1e à détïgurer. et que la gaieté de ce césar était particulièrement dangereuse parce que contagieuse. «car la multitude est avide de

plaisir et pleine d'allégresse si elle retrouve ses penchants dans le

pri I1ce»>. NIais outre cette gaieté irnlllonde. cette joie féroce unissant

ëlllpereur et peuple ron1ain dans une étreinte perverse. Hugo trouve

dans ,. oeuvre de Tacite un diagnostic de l'autre synlptôme de

l'iniquité triomphante. de la tyrannie réussie. à savoir le rire de force. ()n [Inagine l'effet que durent avoir sur Hugo les pages résun1ant le

L·onCOUfS de chant organisé par Néron aux fêtes quinquennales: bien

1q \·llIr :\r1~tl~ ~[ Alain ~'1ICHEL. ..Jun:naJ Jan~ ks CIIlÎTitTli'1lTSH. CO//OC/IIC orglllliJ(: par la

.\O(/(:T(" d'c:rul!cs /WIll/lIlil/ues lcs 17 eT 18jll/l\·icr l'Jïf> surles "CluÎTimc1lTs" cil' \'. Hugo. 1<J7ï.

l'P '+s-5:-;.

~IIT.\CITE..-\lIIw/es.1.76 - [rad BurnouflB(lrn~cLJu~. Pans.Garni~r.s.J ..1.1.p. 105, ~1 Ihi" ..II. 75. p,203.

~~ //ltt!.. \'1.51). r.'+:':19 .

(24)

èotènJu. Néron. le «pnnce artiste» s'y produit sous les acclamations

de la foule qui. «habituée à encourager même les gestes des histrions.

faisait entendre des acclamations cadencées et applaudissait en Inesure»'::4. Pour Hugo. pour les historiens romantiques. ce passage est

li'un intérêt particulier parce que Tacite. qui est généralenlent aussi

s~\'~re pour la plèbe romaine que pour ses empereurs. se montre ici plus hésitant: «On eût dit qu'elle [la plèbe de Rome] était joyeuse et peut-être était-elle joyeuse dans son insouciance du déshonneur

public»'::"'. Sauf que ces festivités attirent des spectateurs

des

11111nlClpes éloignés, et donc moins corrompus. «où ron retrouve t:ncore la sévère Italie avec ses moeurs antiques». phénomène qUI

pennet ù Tacite de documenter les nlécanisnles de l"oppression par

joie forcée.

Lcurs mains ignorantes tombaient de lassitude et troublaient ceux qui a\ aient ,. expérience. Aussi étaient-ils souvent frappés par les soldats qui. debout entre les gradins, veillaient à ce quïl n·y eût pas un moment {facclamations inégales ou Je calme silence. C'est un fait constant que beaucoup de chevaliers. en essayant de sc frayer un passage à tra\'ers les couloirs étroits et les tlots de la multitude, furent

~cras~s. et que d'autres, à force de rester jour ct nuit sur leurs sièges, furent atteints de maladies mortelles. ~'lais ce danger les effrayait

Illoin~ Llue celui Je ne pas assister au spectacle. car des gens apostés,

les lIlls publ iquement. un plus grand nombre en secret. notaient avec

...oin les noms ct les visages, la tristesse ou la gaieté des spectateurs. Lc::-. petites gens étaient aussitôt li vrées au suppl ice: avec ceux d'un plus haut rang. on dissimulait pour le moment. mais la dette de haine ...c payait plus tard.'::11

~. thu/..

xv

I.4.

r.

401.

~~thicl.

(25)

13

POUf Hugo. cette Inanière de régner par consentement forcé devient

l'un ues principaux ressorts de la domination historiquement exercée

sur le peuple. Hugo estime qu'il est parfaitement normal et

cOlnpréhensible que l"histoire ait égaré les livres que Tacite a

consacrés à Caligula (<<Rien de plus aisé à comprendre que la perte et

1"oblitération de ces sortes de livres. Les lire était un crime. Un

htHnme ayant été surpris lisant l'histoire de Caligula par Suétone.

C0l1l111ode

tït

jeter cet hOlnme aux bêtes»2ï). La génération romantique

fit de Tacite un héros. un redresseur de torts. C"est en grande partie par l'entremise du nlythe Tacite que l'historiographie romantique redéfinit le rôle de I·historien. Or Hugo trouve chez lui l' exposition et

la dénonciation des mécanismes de l"oppression. avec cette

conséquence quï 1 en vient à concevoir sa propre fonction d" écri vain

L'Ol1ll1le celle d" «agent révélateur» : il ne lui suffit pas d' exposer des faits. ni I1lênle d" accuser tel ou tel tyran. il lui faut aussi et surtout jeter

un jour nouveau sur le CO/1l1llent. exposer certaines de ces «vérités pas

bonnes à dire» qui. une fois sues et cOl1lprises du lecteur. empiètent sur la toute-puissance des tyrans. Que trouve-t-on dans les livres

perdus sur Caligula'! On trouve notamnlent ce fait d'amle. ignoré de

Suétone. Blais que Hugo reconstitue (ou invente'!) dans ~Villi([lll

5;/rllkespeare pour que son lecteur comprenne bien la nature et les

arInes du règne de «l"honlme qui eut peur» :

«Il

force le tils à assister

all supplice du père et le mari au viol de la femme. et à rire»2s. «Les

~- \rilliO/1/ .S'/IlI!.:.l'.\/'l'Llr{'. L IL 2,

*

VIlI.r. 273 . 2:'1/hid.

(26)

honllnes cornnle Tacite sont malsains pour rautorité». ajoute Hugo2\J.

prodiguant ainsi ce qui. à ses yeux. est le plus grand hommage qu' on

puisse rendre à 1~écrivain.

Que [es mécanismes du rIre soient très souvent lugubres. que

don1Ïnation et déclassement social se jouent autour du rire~ Hugo n' en

doute pas. et L·HOJllllle qui rit constitue en quelque sorte le point

cuirninant de toutes les cogitations et variations hugoliennes sur le

lh~Ine du rire : le «rire de force». comble de la perversité historique.

s'y fait jour. Les forts. non contents de régner. doivent violer les

nlÏsérables jusque dans le sanctuaire de la conscience. [es forcer à

lllanifester leur consentement aux institutions qui les déclassent.

G\vynplaine à la Chambre des Lords: «- Ce rire qui est sur mon front.

L"t~st un roi qui 1"y a mis. Ce rire exprime la désolation universelle. Ce

rire \'eut dire haine. silence contraint. rage. désespoir. Ce rire est un

produit des tortures. Ce rire est un rire de force» (Hqr.

II.

VIII. 7~ p.

7.+5);0. Retenons~donc. que r édifÏce socio-historique que décrit Hugo

repose sur deux socles : la gaieté perverse du bourreau et le rire de force Lie la victinle.

~"I/J,l!.

;,l14.: pr0t~ JonI.: au t~rlI1~ .. rire Je forœ)· (que j'utiliseraiJ~s(1rll1aissans guillemetsl la valeur que

lUI ~h':l.·(1rd~ Hugo Jans L 'Homme qui rit. Par souci de pr~cision. notons au passage qu'au moins dl'lI\ '-Tluques uli1is~nt l:~ terme Jans un autre s~ns. le4ud correspond grosso modoil ma «gaieté l''''' rh' rsl'H . "olr Viclor B RüMBERT. \';cfor Hugo mul tht' FiJùmary Nm'd. Camhridge (Mass. l.

Ibn~lrd l!I1I\'~rsiIYPress. )LJX-l. p. 1loi5 ("Louis xm !"ounJ entertainel1lcnt lnexecutions. tortures.

.ml! ...·h~lrnd hllll~l'S. Louis XIV sllught in the holol:aust of war a cure for horedol11. [...1As for the

d....hauL:!l....d lauglucr uf Llluis XV. it sums up the insolenl:e anJ inequiriesIlfail royal power. This

p\l\\ ....r bughter.or"rire Je forœ:' still rings in Hugo'Scars)":Jo~ FRIEDEMANN. ,<Le Rire dans

I.n ,\Ii.\àuh/l'.'· :de b forœ ~l la sagcsse)·, Liuérarurc.\"(rllulous~1. no 31 (automnc )LJl)4 l. p. 104 ("Ilrl' de furcc" : ,.formule agreSSive du puissant ou ou hourreau. Imposant son arhitraire jusqu'ù dl'\cl1Irmaléliœ"l.

(27)

Il faut préciser. d'entrée de jeu~ que la Inéthode adoptée dans

cette étude nous mènera à étudier les manifestations du rire noir dans

1"oeuvre de Hugo sans arrière-pensée, c~est-à-dire que les textes

hugoliens serviront de point de départ, et non de point d'arrivée. Il ne

sera aucunelnent question~ ICI~ d'analyser les composantes

«essentielles», immuables, ontologiques~ du rire, comnle si le

phénonlène n'était pas d' ordre historique~c'est-à-dire objet culturel se

Inanifestant dans plusieurs tonalités à travers les époques et. à

1"intérieur cl'une nlêlne époque, chez différents auteurs~ ou encore

dans différentes oeuvres d'un seul auteur. Aucune taxinomie (l priori

du rire ou de I"hunl0ur ne guidera l'étude, le Wit: freudien ou le

«coI11ique de situation» bergsonien ne procédant pas, à mes yeux du

1l1oins, d'une réalité intemporelle et ne pennettant pas d'apporter une intelligence historique rétrospective sur les oeuvres de Victor Hugo

llll sur l'uni vers esthétique dont elles sont issues. De fait. les

Inani festations du ri re chez Hugo ressortissent ù pei ne de l'esprit de

syst~llle;1. la c lassi tïcation bipartite ici proposée sur les deux facettes

du rire noir hugolien tenant un peu de la gageure, et certainelnent de

1"interprétation. Mais il s~agit d'une interprétation qu'autorise

"oèuvre de Hugo et qui, du 1110ins je I"espère, pennet d'éclairer un \'ersant de sa pensée à travers le temps. Pour le moins, cette interprétation nlet en relief une facette constante de l'oeuvre de Victor

q CL les cllnL:!usiuns auxquellcs arrivc Jllë FRIEDEMANN Jans ranidc ·<Le Rin: Jans Lc,\'

.\/i.\àtlh/c'.\: de la forœ ~lla sagesse),. pp. 115-116: c<L:Clle élude L:onlirme [... llïmpossihiljté. d'un ... ran. J ... consiJérer h: thème du rire Jans I"ocu\'re hugolienne L:omme une illustration LI'unc

thl.;llnl.' ullIquc. qu'dle soit cartésienne. hohhcssienne ou hcrgsonicnne: lïmpossihililé. en outre. Je

l' .lrrrdlendcr en hloL:. ";Ol11me la résurgcm:e LIe la seule fantaisie d'un autcur),_

(28)

Hugo. sa fascination pour le rire noir constituant l'un des ponts les

plus solides entre son oeuvre personnelle et celles de ses

contenlporains. illustres ou plus obscurs. On sait que le Hugo de I·exil. le Hugo qui aidait Adèle à compiler les notes et souvenirs qui

ùeviendront le Victor Hugo racoJ1lé par lill lé11l0Ùl de sa ~'ie [1863].

cherchait. rétrospectivement. à insuftler une unité idéologique. sinon

politique. à son cheminenlent littéraire'2. D'une certaine manière. cette quête ù'unité était justifiée. sauf quïl eût sans doute été plus honnête de la transposer sur le terrain de l'esthétique. Tout au long de sa carrière. Hugo module. jette de nouveaux éclairages sur le phénomène du rire noir. qui agit en quelque sorte comine une tonalité dominante dont les idées politiques seraient des Inineures relatives. L'unité de

1"oeuvre hugolienne saute aux yeux. nlais je crois qu"il faut surtout la

rechercher dans les détails, non dans les systèmes idéologiques globaux. fussent-ils politiques. esthétiques ou philosophiques. D"une certaine façon. la littérature philosophe nlieux que la philosophie

«officielle». notaolment pour cette raison que, nloins férue de

L'ohérence systénlique, elle lève tout naturellement le voile sur les

ùétails esthétiques et culturels constituant les nébuleuses topiques

d'une époque donnée, Par conséquent. cette étude se concentrera sur

le détail de l'oeuvre hugolienne. partant de l'observation de

1Ïntïninlent petit pour éventuellenlent relier entre elles des séries de

points. c'est-à-dire relier tel élément à tels autres détails senlblables chez Hugo et. ensuite. chez d"autres auteurs. en espérant que ces

:.: \'llir Vil.1(lr BROMBERT. ·,Hugo·s Condcmncd Man: LaughlcrofRc\·olulion». Tilt' Romwric

1\(\1('''' LXX j19791. pp, 1Il) sl{.: Alain DECAUX. \'ic[or Hugo. Paris. Lihr~tiri~ al:adémiquc I\:rnn. 19:-14.pp.20sq.

(29)

17 séries de poi nts fonneront tigures et partant permettront d'accéder.

au 1l10ins en partie, à la constitution culturelle du rOlnantisme

littéraire.

La

philologie revisitée.

Vladimir Nabokov. un peu comnle Ernst

Robert Curtius et Leo Spitzer. essayait de transmettre à ses étudiants

,. aillour du détail. persuadé qu' en nlatière de critique. l11ieux vaut

repérer

o'

abord les étoiles individuelles que de nonlnler d'emblée les

constellations littéraires.

Lorsqu'on 1il. il faudrait remarquer et savourer les détails. Il n'y a rien

~l redire au clair de lune des idées générales lorsqu'il intervient après

que l'on a recueilli avec amour tous les petits éclats de soleil du livre.

Si 1\111 commence par des généralités toutes faites, on commence par

le mauvais bout ct "on s'éloigne du livre avant J'avoir commencé üle

comprendre. ;,

Bien que la ll1éthode d'analyse de Nabokov diftère de celle d"un Curtius. la prelllière s'attachant à l"étude détaillée d'un seul texte, la seconde cherchant à rattacher ces détails à des exemples analogues

issus li'autres textes. on trouve dans leurs approches respectives le

l11êlne respect de ("objet d·étude. En aucun cas le texte littéraire n'est pen;u C<-Hllille

1

"illustration de théories générales. la Inanifestation de pensées systénlatiques. Curtius. donc. survole le texte pour repérer un certain nonlbre d'Î1ots de sens qui. foisonnant dans l'uni vers littéraire.

;; "ttdimir NABOKOV. Liuàarurcs /. lrad. J'Hélène Pasquier. Paris. Fayard. ·(Bihlio essais»,

(30)

cllllstituent en quelque sorte la nlatière pren1Ïère de l'histoire culture Ile.

«Quand on a isolé un phénomène littéraire et qu'on lui a

donné un nom. c'est déjà un résultat d'acquis. À cet endroit-là, on a

pénétré la structure concrète de la matière littéraire. on a fait une analyse. on peut établir un système de points. qu' on peut relier par des

1ignes - et ce la nous donne des tigures.».;4 Ces 1ignes de Curtius

condensent

r

approche des grands philologues alletnands, ce..;

historiens des langues et littératures ronlanes. dont les ouvrages critiques jalonnent le premier vingtième siècle. Gundolf. d'abord. puis SèS tils spirituels : Curtius. bien sûr. nlais aussi Auerbach et Spitzer. puis èI1COre les philologues de la génération suivante, Hugo Friedrich

~t Hans Robert Jauss. Une évidence qu'on a peut-être perdue de vue :

0tYll1ologiquenlent. «philologie» signitie silnplement «amour des hèlles-Iettres». le philologue étant celui qui ailne le discours, qui aime

raisnnner et discuter. Entendons ici : discuter avec le texte.

L'approche philologique instaure un dialogue avec le texte. en posant COI1Ul1e condition préalable que la voix de 1"interprète ne couvre pas L'elle de son objet ct'étude (pour Nietzsche. la philologie est «l'art de

hien 1ire. - de savoir déchiffrer des faits S([IlS les fausser par son

interprétation. sans. par exigence de comprendre à tout prix. perdre toute prudence, toute tinesse»3'i). Dialogue avec les textes. donc. mais il faut ajouter que ceux-ci seront perçus comme des documents

:~ I:rn,,( RlIhl'rt CURTIUS. La LiTtt;rafllrf fUfOPÙTll1(' t'f /f Mme'fl ,.\gc itain. tr..llL dl' Jean

Br~'\Ill\. Pam. Presses unin.:rsil"lIresde Franœ... Agora/Pressl's pOl.:kel", 1956. XVIII. 1.p. 595 .

... 1.·.\Illt:dlri.\r. àJ. dl' Giurgiu Colli cl Mal.Zino ~111ntlnan. IraJ. JI.' kan-Claude Hémery. P"lris. (i.dlrl1larJ ...Fllli(l". 11.)7...1..p. 71.

(31)

socioculturels: Frédéric Gundolf détinissait bien le critique comnle

l"«historien de la culture»·'''. En regard de cette définition. on

cOlnprend Îlnmédiatement que l'approche philologique est tout le contraire d'une approche inlmanente: pour elle. le texte ne fait \'éritablenlent sens que lorsquïl est mis en série et replacé dans son contexte J' origine. L 'hilarité contrainte de G\vynplaine. réduit par un

caprice royal ù l"état d' anluseur public. et. par exemple. la gaieté que

la richissinle et très perverse Miss Havishanl essaie de forcer chez le

Pip Pirrip du Greal Expectariolls de Dickens·i ont sans doute une

signitication dans leur oeuvre d'origine. signitication que le critique

peut analyser. à partir Je laquelle il peut élaborer un conlnlentaire.

\clais juxtaposées rune à I·autre. ces victinles de la gaieté perverse

adoptent une nouvelle signification. nloins précise. plus vaste: une fois réunies. elles ouvrent une petite fenêtre sur la topique dans

laquelle puisent à la fois Hugo et Dickens.

:\u coeur de l"approche philologique se trouve une vision très

exigeante de la connaissance. Si ron voulait rapprocher le philologue

de 1

ï

ll1aginaire ronlantique. on pourrait dire qu"il est en quelque sorte

un « forçat du savoir». Pour le philologue, l'ensemble du champ

1inéraire est la voie d'accès à l'«histoire des idées», ou plus

:,, \'mr J~an-y\~~ TADIÉ. L.I CrirÙIl/t' /irràairc ail X)Ù, ,\ii'cle', Paris. Pi~m: Bdfond ... Agora •• _

Il/S:,p, ...H1.

;- \"111' (irc'ar EXI'('crl/tùJfls. ~hap. X: ·..·1 am lired:' sait! Miss Havishalll, "1 want t!i\l.:rsion. and 1

h;l\~dllnL' w!th men and \\'Ol11en, Play."/I think il will he~onœdcd hyrnymost disputatÎous reader.

Ilia! ...he ~'()uld hardly havL' dirc~ted an unfortunate hoy to dll anything ln lhe wioe \\'orld more

dlllïcuitIII h~Jllne under the ~in.:urnstanœs.rï sometirnes han: si~kfancies:' sh~went lin. "and 1

ha\~ a slL'k fancy that 1 want[0 s~esorne play, Therc. thcrc~.. with an impatient movcmcnt of the

ringa...Ill'hcr righl hand: "play. play. play!" (~d. d' Angus Calder. LDnorcs. Pcnguin Classics. 1065.

11 , SS1.

(32)

20

précisél11ent à

r

«histoire de la culture» comnle le voulait Gundol[

1nais histoire prise au sens large. Non pas histoire de la philosophie.

non pas histoire du concept du «Ding an sich» de KantàHeidegger en

passant par Schopenhauer. mais bien histoire de l'imaginaire collecti[

d~s I1lodes de représentation communs. Histoire. si l'on veut. des

contenus esthétiques des idées. donc histoire des horizons

intellectuels et culturels.

Un

texte étant une nlanifestation culturelle.

son sens individuel revêt une ilnportance secondaire. Erich Auerbach.

par exemple. c0l11parait la philologie moderne à récriture de Proust

ou de Virginia Woolf. à cet art d"arriver au sens moins par la peinture

d'événelnents Inarquants que par l'esquisse de «fragments de vie». pris COlllme au hasard. «n' importe quand».

On peut comparer ceue technique de certains écrivains modernes à la démarche Je quelques philologues modernes qui pensent que J'une interprétation de l}uel4ues passages de Ham/et. de Phèdre ou de Faust un peut tirer plus de choses. et des choses plus essentielles. sur Shakespeare. Racine ou Goethe et leur époque que J'études qui traitent systématiquement et chronologiquement de leur vie el de leurs ueu\TeS [ ...1.,S

Il Illè senlble qu' on pUisse rattacher des critiques aussi divers et

chronologiquement distants qu'Arthur

O.

Lovejoy. Marc Angenot et

Stephen Greenblatt à l'école de la philologie allenlunde précisément

~n ce qu'ils cherchent à faire parler le détail textuel. Ce qui intéresse

Lovejoy est ce point de rencontre. cet intïniment petit qu' il appelle «unit iùea». reliant les textes de disciplines intellectuelles qui, au prel11ier abord. peuvent sembler distinctes et indépendantes l'une de

:S Eridl ..\LTERBACH. MÙllésis. La repréSe1l1111Ùm dl' la ràlfiré da"s la lilfàalllre occidentale.

(33)

21 l'autre : «any unit-idea which the historian thus isolates he next seeks

(0 trace throu~h more than one - ultimatelv. indeed. through ail - of

~

-

~

the provinces of history in which it fïgures in any important degree. \vhether those provinces are called philosophy. science. literature. art. religiolL or politics»;'!. Et comme en écho chez Angenot :

P~rcen)ir I~pouvoir d~sdiscours dans I~uromniprésence. diffracté en Lous 1ieux

l... ].

Mettre en connexion les champs littéraire . ...(i~ntjlïqu~. le champ philosophique. les discours politiques. la presse cL la publicislique. tout ce qui semble s'inscrire el se diffuser dans des lieu\ particuliers. [... )examin~r les frontières reconnues ou contestées. lès points d·échange. les \'ecteurs interdiscursifs qui y pénètrent. les r0gles Je transformation qui mettent en connexion les divers lieux el en organisent la topographie globale.·w

Cette conviction que les détails. les «marges». ont quelque chose à nous révéler est aussi constitutive de ce «ne\v historicisnl» dont les

actions sont actuellement à la hausse sur les canlpus ~lll1éricains(<[ ...

1

1 propose [... ] to look less at the presuI11ed center of the literary

JOlllain than at its borders. to try to track \vhat can only be gIimpsed. as it \\'ere. at the 111argins of the text»-!I). Mais pour voir comnlent un (extl? s' avère la 111anifestation de forces culturelles. la convergence de lieux C01l1nluns appartenant à l'ilnaginaire collectif d'une époque Junllée. et se l11anifestant dans diverses provinces de la pensée. il faut lire énonnément. faire de la lecture. de l'alnour de la littérature. la

,", .\nhurU. LOVEJOY. The' Great Chain

or

Rcing. .4 SllIlfr ortheHisron otlill Idea. Camhridgc

I.\b~~.'_Hanard L:nJ\crsily Pn:ss. IY36. p. 15.

';11 .\brl" ,-\NGENOT. ISSY. Cilétat dltdi.\"(·OIlH social. Llmgucuil. LI: Préamhu\l:. 1YSlJ. pp-

1079-IOSlI .

.lI Sh:phcn GREENBLATI. 51wkcspcarcllII NegoriariOllJ. The Circulation of Social EIlCfKY ill

(34)

J0l11inante de sa VIe. La lecture est le premIer pas méthodologique. L'elui qui intléchit toute rétlexion. toute recherche. La philologie est t:n quelque sorte un nlode de vie: on comprend donc que Curtius. Spitzer aient parlé de l'étude des lettres comnle d'un sacerdoce.

Voyant la philologie comme l'étude du détail. Leo Spitzer preCIse:

Personnèllement. j'ai cheminé J'observations Je détail à des unités qui

~l mesure 4u'elles s'~largissaientprenaient un caractère plus spéculatif.

C\~st là je pense la voie inductive. celle de la philologie: elle cherche ù

J,:cou\Tir le sens dans cc qui est apparemment futile, par opposition à

la méthode déductive qui commence par des éléments qu'on suppose Jonnés [...1..12

Curtius tient le Inênle langage: la philologie est une discipline t:Jnpirique (<<En histoire. la démonstration doit s'appuyer sur les

l~1110ignages. en philologie. sur les textes».!'): il s'agit d'un art

d'observation (<<Une des tâches du philologue. c'est l'observation [...

J.

POUf observer. il faut lire énonnénlent [, .. ] et aiguiser son regard pour

trOll\'er les "faits signitïcatifs··»"l~). Curtius livre son programme

111~thodologiquedans le dernier chapitre de La LiTTérature européenne cf le A/oyen

Age

latin. une fois que l'étude et l'écriture lui ont suggéré.

au fur et ~l 111esure. quelles arnles conceptuelles pouvaient le nlieux

:-;en'ir son projet. Cet exemple (nous en évoquerons d'autres sous peu) sèlnble confÏnner que. comme le constatait Spitzer. la philologie est

:2 LL'Il SPITZER ... Art Ju langag~I:l Jinguisli4U~". lrad. Jl.: Michel Fllucault. Jans Étudl's de style.

1';11'1:--. Cialli11larJ,·:rd,·, )lJ70, p.()~.

(35)

").,

--'

essentiellement inductive. Le rétlexe philologique est celui de

l'induction. alors que celui du critique plus conceptuel fait appel à la

d~ùuction. Le philologue part de

r

observation d' un fait précis pour

passer ù son explication et. éventuellen1ent. à une observation

historique générale: le critique plus théorique passerait au contraire

J'une théorie générale à l'observation de ses n1anifestations dans le

Inonde ou. dans le cas qui nous occupe. dans le texte littéraire. Procéderait de la déduction. par exenlple. une étude sur le rire n ll1lantique prenant pour point de départ les catégories esthétiques de Kant. Je Hegel. et cherchant leur confirmation ou leur intÏrn1ation

dans tel ou tel corpus: nlais. en fait. il est légitinle de voir dans La

C'rilù/ue de la facu/lé de juger de Kant. dans 1"Esthétique de Hegel. deux textes panni tant d·autres. deux étoiles panni les nébuleuses textuelles qui. prises isolément. se révèlent insuffisantes pour nous

pernlettre d'accéder à la réalité historico-cuiturelle.

Des exelnples de procédés inductifs foisonnent dans le corpus

de la philologie ronlane. Dans son célèbre A1iI1U!sis. Erich Auerbach

Ile lè\"e le voile sur la nléthode suivie que dans les dernières pages du dernier chapitre et dans la postface. Même phénonlène chez Curtius. L·Ollll11e nous 1"avons vu : l'essentiel de la luéthode s'est défini en cours dè route. J'où ce retour sur la nléthode dans l'épilogue. où l'on peut

1ire. notanl111ent. que l'enchaînenlent des thèn1es et des personnages de

~on étude lui a été suggéré par l'expérience. c'est-à-dire par ses

lectures. par son travail de recherche. L' analyse du discours social

fonctionne. grosso /nodo. de la même manière. Au début de 1889.

\larc Angenot anl0rce une réflexion nléthodologique en prévenant le lecteur que. ce faisant. il anticipe. puisque «les notions et les thèses»

(36)

24 qui se formulent dans la problématique d'ensemble «sont nourries par la rétlexion sur le corpus étudié et par les obstacles et difficultés

rencontrés»~:'i. 1889. comme Mil11ésis. conlme

La

Littérature

europée/lne el le Moreil Âge lalin. se termine d·autre part par un

« Retour sur la méthode».

Spitzer parle d'un nlystérieux «;prenller pas» qui fonde toute

l'entn~prise critique. premier pas qui consiste en fait à se servir de sa cOlnpétence d'historien de la culture. cOlnpétence acquise au fur des

lectures et servant à repérer ce que Curtius. ~l la suite de Bergson.

appelle les «faits signiticatifs». Cette conlpétence est selon Curtius «une faculté de l'âme» : «on peut l'éveiller. l'exercer. la diriger. Mais

on ne peut ni l'enseigner. ni la transmettre»"~h. De même. Spitzer

~stilnaityue tout étudiant qui essaierait de reproduire telles quelles ses

ln~thoJes ferait fausse route. attendu qu'elles dépendent entièrement de l'objet et de l'interprète. Les philologues aIlelllands. nlême s'ils se font assez peu loquaces sur ce sujet. peuvent donc constituer le point de départ J'une rétlexion sur le rôle d'interprète du critique. rétlexion

qu'un Jean Starobinski. par exemple. nlène de l1lain de maÎtre~7. Deux

interprètes se serviront du processus inductif à partir de phénol11ènes di fférents. de phénomènes qui leur parlent. et I1lênle en observant des

faits senlblables. ils risqueraient d' arri ver à des conclusions

di vergentes.

~..; \1.m: :\~(jENOT,/88CJ. r. 15.

~- \"lIrkan ST:\ROBINSKI. .. Le Texlc ct l'intc:rrrètc." dan~Jal:ljues Le Goffcl Pierrc Nora. éd,. hllFe dl l'II;S[OIIT Home 1[ : ,\'olln:lle.\ approches), Paris. Gallimard... Folio histoirch. IlJ74. pp. :2~-244.

(37)

Malgré sa nature inductive. la philologie, en cela n1ême

qu'elle est philosophie. gu' elle cherche à instaurer un dialogue entre

le texte et son commentateur, est régie par une série de présupposés qui la lin1itent - et qui font sa force" D'abord. elle fait implicitement

du texte un objet de connaissance, une voie d"accès à l'histoire des

111entalités. Elle ne refuse pas au texte son coefticient esthétique, son

~tltllt d'objet d"art plus ou moins réussi, mais son but n"est pas de

questionner le degré de cette réussite. Ainsi, elle tendra àInettre sur le

Illêllle pl an. sans souci de départager. les chefs-d'oeuvre de la

1ittérature universelle et les textes dits rnineurs. En fait. rapproche

philologique n'échappe pas tout à fait au processus déductif. car elle

postule. par exelnple. la pertinence d'une topique historique, donc de l"historicisation des lieux comn1uns et. partant. des n1entalités. Elle

prend pour point de départ que les Lettres à Lucilius. les lettres de

\1aJallle de Sévigné et la correspondance de Henry Miller et Anaïs

:\iiIl ne sont pas à situer sur le Inên1e plan socio-historique et. ü partir

de ce présupposé (qu' on peut en toute bonne foi trouver fort

raisonnable). s" applique à reconstituer leur horizon topique.

Bien entendu. les études rhétoriques actuelles ressortissent de cette approche philologique globale. Mais les textes littéraires du

XIXe siècle font-ils assez souvent l'objet d"analyses proprement

rhétoriques'! Prenons 1"exemple qui nous occupe à présent - celui des

rOlllantiques qui. dès le collège. étaient formés à la rhétorique et

i11lprégnés des modèles antiques: Hugo. notamment. fait ses premiers pas dans le domaine des belles-lettres en traduisant Virgile et Tacite. Bien sûr. la génération romantique eut le mérite de renouveler les

..,--~

(38)

lnodèles hérités de

r

ancien régin1e. malS il n' en demeure pas n101ns qUè. un peu con1me à la Renaissance. ce ressourcement passait. en partie du 1110ins. par un retour aux textes antiques. Marc Fumaroli

~xpliquè:

Il ,,'agissait bien [...l. pour Mme de Stad. pour Chateaubriand. pour Hugo. pour Sainte-Beuve. de substituer aux trait~s de rhétorique l11arqu~s par I·École. le Barreau. la Chaire. une rh~torique proprement littéraire qu'on baptise esthétique ou poétique ou critique pour mieux (aire ressortir sa nou\"eauté. mais au prix Je faire oublier sa filiation.4s

L:n Hugo. un Lalnartine tentèrent sans doute de s'affranchir des traités

de rhétorique. l1lais comme les surréalistes après eux. ils n'en créèrent pas 1110ins une nouvelle forme d'éloquence qui avait elle aussi ses

r~gleset surtout ses lieux C0111mUnS,

Or quelle est-elle. cette rhétorique scolaire'! Gérard Genette

Jlige liLI'elle touche principalelnent au style: «(Si

1"

on se réfère aux

troIs parties traditionnelles de la rhétorique [.... ]. on dira qu ïl s' agit

I~l. pour (·essentiel. d'une rhétorique de 1"e/OClllÎO».!j'I. Mais. con1me le

rappelait avec justesse Jean Molino dans un article de 1990, il faut se

~arder de prendre ù la lettre le non1 de la classe de Rhétorique.

.. COll1111è ~i la rhétorique au sens étroit du 1110t en constituait le fond

~.'\clllsif»"\',Si le XIXe siècle constitue notre chanlp d·enquête. il faut

L'hercher la réalité rhétorique ailleurs que derrière le seul terme

~"... \1an.: Fl:MAROLL L',-\gc dl' I"dol{lIclln'. Rllàoriqllc ct .. res lilCf{/rill" dl' III Rowis.\W1CC' ml \1/1/1dc l'c"/Jol/Ill'dllSJÙ/ltl'.G~n~\'~,Droz, 1YXO, p. -L

;'1 (i~rard CiENETIE...Rh~tnriqucct enseignement!>, dans Figures 1/. Paris, Éditions du S~uiI. l'}(ll). rr" 2h-27"

"" .k-~1l1 \füLlNO. "Qu~14u~s Hypothèses sur la rh~t(ln4ue au XIXe sièd~)·. Rc.'\'ltl' d'hiSTOire

(39)

27

r/uJ[(Jrique. particulièrenlent si nous voulons embrasser le donlaine

prilllordiai de lï/1\'cntio. Molino donne l'exemple d~un traité de

Dubois Fontanelle (professeur de Henri Beyle à rÉcole centrale de

Cirellohle)~lequel publie en 1g13 un COllrs de Belles-Lettres,

r

on peut lire:

Scion la manière Je voir des anciens et Je tous les hons esprits qui se

~nnt formés à leur exemple. les belles-lettres ou la littérature en

général. car j'emploierai indifféremment l'une ou ralllre de ces èxpn:ssions. comprennent toutes les connaissances humaines depuis la

grammaire jusqu'à la philosophie. Elles n' excluent que les sciences

physiques. les sciences exactes. les arts enfin et les métiers.:'[

Cè 111ênle traité. Jans la section consacrée à 1Ïnvention. nous pernlet

de saisir «sur le terrain» la tension régnant dans l'univers littéraire du

X1Xe siècle entre «originalité créatrice» et ce qu~on pourrait appeler

,. «héritage topique». c'est-à-dire la banque de lieux C0l11mUnS souvent

i111I11énlOriaux 4ui sont à la disposition de tout un chacun. Selon

[)ubois Fontanelle, ce n' est plus dans les lieux conlOluns de la tradition qu'il faut chercher l"inspiration, Blais plutôt dans les trésors

de la pensée individuelle, dans le feu de 1ïnlagination. «tapageur aux

cents voix»:'2. LÏl11agination. au lieu d'être inlitative. doit viser à la

création. ce qui revient sonlme tOlite à dire. nle senlble-t-il. que, prelllièrelllent. l'auteur doit chercher l'inspiration topique dans des

lllodèles plus récents.

L

tl/iade et Pindare cédant en quelque sorte le

pas aux S(Jl~tJ;'allccs du jeunc Werr!ze]" et à André Chénier. et

'" 1.I.ei. DLiBOlS fONTANELLE. Cours de 8c:1/l'.\·-LcTtn's. G. Dufour. 1X13. [orne l. p. -+4 (l.:ité

..!an'~l\llinu,..Qudqul.:s hypothèses sur la rhétorique au XIXe siècle .. , p. 1XlI.

(40)

deuxièlllenlent que. contrairenlent aux humanistes n~naissants. les r0l11antiques auront tendance à dissinluler les liens qui les rattachent au passé,

La rhétorique qui nous intéressera ici est celle de

r

ùn'eIlTio, Le

lieu conlmun étant. encore une fois, la voie d'accès à lïmaginaire

collectif d'une époque,

Topologie du topos. Curtius nous laisse entrevoir, même s'il est

:'\onlllle tOlite assez silencieux sur ce sujet". que le recensement de

topoï constitue la prenlière étape d'une histoire de la culture. le topos

étant ùla fois plus et nloins qu'une idée. Le topos est donc une lnatière

L'oncrète. le détail du texte littéraire, Curtius reprend

à

son compte

l'adage Je Warburg: «Le bon Dieu est dans ses détails»5.J. et l'applique illlplicitenlent au chalnp littéraire selon une fornlule qui resselnblerait

~l <da culture s'étudie en prêtant attention aux Jétails». Mais

L'ontrairenlent à Spitzer. qui recherche le détail stylistique permettant

de Jétïnir le style de tel ou tel auteur. Curtius cherche en quelque sorte

le détail «topique», le détail conlmun à nlille et un textes, détail qui

pL'nnet de plonger dans l'illlaginaire d'une époque. J'entrevoir sa L"onstitution intellectuelle et esthétique. en lin Inot sa constitution L"ulturelIe"

Curtius n' accorde pas au terme topos la Inême valeur

qu' :\ristote, pour lequel le topos est une proposition irréductible logiquenlent. c 'est-à-dire une vérité probable servant en quelque sorte

(41)

de dénoluinateur commun logique. Curtius enlploie plutôt le terme

dans une acception dérivée de

r

antiquité tardive: «Les topoï sont

certaines inlages-thèlues constituant des invariants conventionnels de

certains genres»~~. Détinissons le topos. le lieu conlmun. comnle une

.( idée vide». L1ne inlage-thènle qui est Inoins un repère logique ou intellectuel qu'un point d'ancrage esthétique. «[nlage-thènle» qui est

cèrtes IHoins qu'un lhèllle. celui-ci se I1lanifestant par le biais d'une

i111l11enSe série de topoï. Le thème est de nature abstraite (1'alllour

trahi. la ~~loire. la bouH!eoisie. etc,) et ne se concrétise littérairement~

que gr[lce au topos. IVlais un topos n'est que rarenlent lié de nlanière

exclusive ~l tel ou tel thème: libre de détemlination idéologique

précise, le 1ieu conlffiun est habituellement la courroie de transmission

de thélTIatiques ITIultiples. Précisons. ù'enlblée. que le topos. ainsi

perçu. n' est aucunenlent exclusifà un genre en particulier. La poésie.

le théâtre. le rOlnan et même l"historiographie ou la politique

rOlllantiques s' abreuvent aux lnêmes sources topiques. Un I1lême personnel littéraire traverse les scènes théâtrales et les pages du rOI11an. Le topos. point d'ancrage esthétique. ne respecte pas plus les

1illlites génériques 4ue les frontières nationales. Ainsi donc. le topos

relè\'e 1110ins du présupposé idéologique que du lTIotif littéraire faisant

apparition dans une foule de textes. àtravers les époques ou. pour une

111ênle époque. dans des contextes idéologiques variables et li

l'intérieur de textes appartenant à diftërents chanlps

du

savoir.

La

topique du ronlan dit «gothique». par exelnple. se prête aussi bien à

1"idéologie royaliste 4u' au discours des lumières. et pourra facilement

.; .. \Lm: :\NGENOT. Glossaire prllliqul' cie la critique' cOIl1cmporaillC'. Villc LaSalic. Hurtuhisc

1l\IH.llJ7l}.p.21J.

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