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La sélection du bois dans la construction en bois massif. Technique des fustes en rondins bruts ajustés.

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Academic year: 2021

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C a ra cté ristiq u es des bois de ch a rp en te

La

sélection

dans

la

construction

Technique

des

fustes

en

Thierry Houdart (Ingénieur du bois, constructeur de fustes, Association Bois Sacré,

Technique et civilisation du bois, Lamazière-Basse)

Un rappel historique

Dans la construction des fustes (ou maisons en rondins bruts empilés), le m atériau mis en oeuvre est le fût d e l'arbre simplement écorcé, utilisé dans des longueurs p o u va n t atteindre 11 mètres e t des diam ètres d e 25 à 40 cm, voire plus.

La m éthode d 'e m p ila g e des bois que nous utilisons, fa it a p p e l non pas à la te ch n iq u e de c a lfa ta g e pratiquée depuis fort longtemps (Fig. 1) mais à celle d e l'ajustage des fûts qui consiste à em boîter les bois deux à deux en creusant une gorge qui vient épouser sur ses arêtes la form e du bois qu'e lle recouvre. Elle a longtem ps é té cantonnée aux pays nordiques. C 'est dans le nord d e la Russie, en Carélie, qu'e lle serait apparue, et elle daterait d 'a u moins 10 siècles. Elle a connu une diffusion en Scandinavie sous l'influence des Vikings qui l'on t

reprise e t a m éliorée par des em boîtem ents

re n fo rç a n t le b lo c a g e des bois aux angles. La Norvège est ainsi passée d e la construction en bois d e b o u t le stav, à la construction en bois empilé le

iaft.

Plus tard, lors des grandes m igrations

européennes des XVIIIe e t XIXe siècles vers l'Am érique du Nord, elle s'est à nouveau d é velop pée sur un c ontinen t riche en bois, où les pionniers devaient c o m m e n c e r par fabriquer leur h a b ita t a v e c les m atériaux disponibles en ab o n d a n ce .

Le renouveau d ’une technique

Elle connaît a ctuellem en t e t depuis 30 ans environ une nouvelle expansion dans le m onde, g râ c e à l'outillage m oderne disponible. Son choix répond à trois objectifs :

- A pporter une valorisation au m atériau bois d 'œ u vre d e nouveau a b ond ant, le bois résineux, en évitant le passage par le sciage.

- Développer les techniques de construction artisanale en bois d e pays.

- Favoriser le d é ve lo p p e m e n t d 'u n m ode de construction « naturel » qui mériterait à lui seul d e recevoir

Fig. 1. Fuste reconstituée sur le site a rchéologique d e Biskupin (Pologne)

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Au fil du bois

le qualificatif d e « aute m e n t é conom iqu e en énergie... ta n t pour sa fabrication que pour son utilisation (économ ie d e c h a u ffa g e ) ».

L’abondance de bois résineux : héritage de la révolution forestière du XIXe et XXe siècles

La forêt française reste à dom inante feuillue, m êm e si la part des résineux s'est considérablem ent a ccrue depuis deux siècles. Jusqu'alors cantonnées dans les zones de m ontagne, les essences résineuses sont devenues présentes sur to u t le territoire. Les raisons de c e t enrésinement volontaire sont multiples : fibre longue, croissance rapide e t productivité forestière, frugalité, besoins d e la construction et de l'industrie papetière... et souvent critiquées : monoculture, forêt industrielle, essences mal adaptées... Mais le résultat est là : des hectares d e landes reboisées, des zones d e marais assainis, des terrains m ontagneux sauvés d e l'érosion... et be a u co u p d e bois d e qualité inégale qui sont devenus b e a u c o u p de puits d e carbone...

Pour un a rchéolog ue habitué à rencontrer surtout des bois feuillus, l'évolution vers le résineux peut paraître surprenante.

Mais pour un technicien, la valorisation d e ces boisements, jeunes e t méconnus, a m ène à s 'a d a p te r et à rechercher des solutions techniques originales.

Un peu de technique

Les bois empilés form ent une structure où le seul m atériau brut assure à la fois les fonctions d 'u n e ossature : résistance aux poussées e t charges verticales horizontales e t obliques (chaînage, contreventem ent), to u t en assurant l'isolation.

M écaniquem ent, à l'exce ption des pièces de ch a rp e n te (les pannes) travaillant en flexion, les bois utilisés seront sollicités essentiellement en compression transversale e t soumis à des efforts d e cisaillement et devront répondre à des exigences d e résistance m écanique peu importantes.

Les entailles pratiquées aux angles, d e très simples à très com plexes (Fig. 2), jouent un rôle essentiel dans la solidité d e la construction.

Elles p euven t être rem placées par des systèmes d e poteaux à coulisse, ou p iè c e en pièce, sorte de co lo m b a g e ou le bois em pilé joue le rôle de remplissage.

La stabilité d 'u n mur d e bois em pilé est obtenue d e la fa ç o n suivante :

- Horizontalement, en alternant la conicité des bois à ch a q u e tour d 'e m pilage, c e qui revient à inverser la position du gros bo u t (le pied) e t du pe tit bo u t (la pointe) d e ch a q u e tronc ou billot.

En choisissant c o n ve n a b le m e n t les bois à c h a q u e tour, on parviendra à un niveau horizontal au sommet des murs.

- Verticalem ent, la stabilité est obtenue en p la ça n t l'axe d e symétrie d e ch a q u e billot suivant l'axe de ch a q u e mur. C e tte opération que nous appelons « la mise en position du bois » est très d é lic a te en raison des courbures fréquentes e t plus ou moins prononcées d e ch a q u e bille ou billot.

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Les constructions en bois par em pilage, qu'elles soient réalisées a ve c des bois bruts ou des bois sciés, o n t toutes une caractéristique com m une qui est aussi une contrainte im portante : les bois subissant individuellem ent un retrait au séchage, les murs d e bois empilés vont se tasser. Ce tassement sera a c c e n tu é dans la techniqu e d 'a justage des fustes par un phénom ène de compression des arêtes des assemblages, sous l'e ffe t des descentes de ch a rg e (le poids des murs, d e la toiture, d e la neige...). Des dispositifs d e coulissage sont donc o b lig a to ire m e n t mis en oeuvre pour éviter des désordres dans la construction notam m ent au niveau des portes, fenêtres, escaliers, cheminées mais aussi pour les chevrons d e toiture (Fig. 3).

Deux notions distinctes : La sélection des bois et

le Choix des bois

F/g. 3. Biskupin : p o rte (fuste d e mélèze)

La sélection des bois pourra se faire sur pied ou après l'a b a tta g e , l'arbre encore couvert d 'é co rce , e t écorcés.

Pour nous, la sélection correspond à la décision d 'a c h e te r un lot de bois, et le choix est la décision d'utiliser une pièce de bois déjà triée dans un lot d e bois lors d e la construction.

Trois types de critères de sélection

Les bois q u e nous recherchons d e vra ie n t répondre à trois types de critères objectifs qui ne sont pas classés par ordre d 'im p ortance, mais suivant leurs conséquences à court, m oyen e t long terme.

À court terme, c'est l'a p titu d e du bois sélectionné à bâtir. À m oyen terme, c 'e s t son co m portem ent après séchage. À long terme, c'e st la résistance du bois qui donnera sa pérennité e t son confort à la construction, ta n t du point de vue biologique, m écanique que therm ique.

1. C eux qui ont une influence directe sur l ’aptitude du m atériau à utilisé pour construire (court terme)

La form e des fûts serait d o n c l'un des to u t premiers critères d e sélection : rectitu d e et d écro issan ce mais

aussi p ro preté du fût (présence d e nœuds), e t enfin dim ension des bois (diam ètre).

• Desb o is d em a u v a is e s r e c t it u d e s, aux courbures prononcées, d é ve lo p p e n t un bois d e réaction, a p p e lé bois

d e compression chez les essences résineuses, e t qui a pour caractéristique physique d 'a vo ir un retrait supérieur à un bois « normal », tandis que sur le plan m écanique, son m odule d'é lasticité est inférieur au bois sans courbure. C 'est d o n c du bois moins résistant e t qui se déform era plus au séchage. Par ailleurs d e trop grandes courbures p euven t rendre un mur de bois em pilé instable.

Avant d e com m encer à construire, l'artisan doit vérifier par un c a le p in a g e (relevé des dimensions à partir d e son plan) que son lot de bois con tie n t suffisamment de pièces droites dans des longueurs déterminées.

Le triage des bois sera indispensable ; les pièces les plus droites e t longues seront réservées pour les pannes, sablières linteaux..., tandis que les pièces plus ou moins courbées seront utilisées en longueurs plus courtes après débit.

L'exigence de bois de grande rectitude d é p e n d a v a n t to u t du plan d e la construction (Fig. 4).

• La d é c r o is s a n c e o uc o n i c i t é d e sb o is p e u t être é galem en t la source d e difficultés d e construction si elle est

excessive, c a r elle entraîne un é c a rt d e diam ètre im portant dans les assemblages d 'a n g le à mi-bois. La décroissance to ta le d 'u n e bille dép e n d d e sa décroissance m étrique m oyenne (1 cm par m ètre est une décroissance faible ; 2 cm est une décroissance forte) et d e la longueur d e c h a q u e bille. Plus un bois est long plus sa décroissance to ta le est forte. La co n ce p tio n architecturale d 'u n e maison en rondins empilés perm et là encore, d e s'a d a p te r dans une certaine mesure, à des bois trop coniques.

sera suivie d 'u n triage des bois après qu'ils aient été

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Au fil du bois

La con icité d 'u n arbre est la résultante d 'u n héritage génétique et aussi d e l'environnem ent : la sylviculture perm et de réduire la conicité (plantations serrées, arbres élagués). C 'est un critère d e sélection pour la plupart des utilisateurs d e bois qui préfèrent acheter des bois de faible décroissance. Les constructeurs de fustes n 'é c h a p p e n t pas à c e tte règle.

• La pr o p r e t éd u f û t. La présence de noeuds sur une p ièce d e bois, affaiblit b e a u co u p plus sa résistance

si le bois est scié que s'il est laissé sous sa form e naturelle, car il n'y a pas de discontinuité des fibres dans un bois rond brut. Par ailleurs, la présence d e nœ uds a ffe c te peu ou pas la résistance du bois en compression. En revanche, des nœuds e t couronnes d e nœ uds abondants, sont la source d e difficultés d e tra ça g e , d'ajustage e t d 'é c o rç a g e des bois dans la construction en rondins ajustés.

• La d i m e n s i o n d e b o is e n d ia m è t r e. Pour la construction en rondins bruts, la dimension idéale des bois en

diam ètre est, on l'a vu, de 25 à 40 cm. Il semble m êm e qu'il y ait un optim um à 35 cm, com pte-tenu du niveau d'isolation du bois, e t d e la rapidité de construction. La dimension du bois est un critère im portant de sélection pour l'artisan qui construit en rondins bruts.

Après avoir passé en revue ces premiers critères de sélection : rectitude, conicité, propreté du fû t et dimensions des bois, qui sont relativem ent faciles à identifier, on serait tenté d e définir le bois idéal pour la construction en rondins bruts : c e serait un cylindre bien droit, sans nœuds, d 'u n diam ètre donné. Loin de nous c e tte idée, ca r le résultat d 'u n e construction faite a ve c un tel m atériau ressemblerait b e a u co u p par sa m onotonie à ces maisons en bois usinés, tournés e t calibrés. Les formes, courbures, couronnes, nœuds... a p p o rte n t à c e typ e d e maison leur charm e, co m m e l'irrégularité des pierres a p p o rte la b e a u té à l'œ uvre du m açon.... C 'est aussi l'a rt d e m ettre les défauts en valeur !

2. C eux qui ont une influence sur le com portem ent du matériau dans la construction à m oyen terme : Le retrait e t le com portem ent au séchage, e t notam m ent la présence de fibre torse, mais ces critères sont beaucoup plus difficiles à évaluer lors d e la sélection des bois sur p ie d

Une maison en bois em pilé est d ire cte m e n t conce rn é e par le séchage du bois, ca r sa conséquence, le retrait, est en grande partie responsable du tassement des murs.

Rappelons qu'il n'est guère possible d e m ettre en œuvre des rondins définitivem ent secs à moins d e les sécher artificiellement. Pour des raisons techniques e t économiques, on fera sécher les fûts à l'air am biant. Le séchage définitif des bois n'interviendra d o n c que lorsque la maison aura été ch a u ffé e au moins penda nt deux hivers ou plus. On fera toutefois une différence, lors d e la fabrication, entre des bois mi-secs (humidité inférieure à 20 %) et des bois verts (frais d e c o u p e ou humidité supérieure à 30%).

On construira de préférence a v e c des bois dits mi-secs qui auront un retrait réduit d e moitié par rapport à des bois humides. Toutefois, il est possible d e construire a ve c des bois verts ou frais d 'a b a tta g e , sous réserve d e pratiquer une fente de retrait située sur la partie supérieure du rondin. C ette fe n te est obligatoire pour des bois verts pour éviter que les gorges ne s'ouvrent excessivement ; elle sera c a c h é e e t protégée par la gorge du rondin supérieur, e t sera d 'u n e profondeur d'environ 1 /4 du diam ètre du rondin. Elle n'est pas nécessaire sur les débords d e rondins. On pourra améliorer l'e ffic a c ité de c e tte fente en y e n fo n ça n t de petits coins en bois repartis tous les 1,5 m (Houdart T. e t M.-F. 2001).

Si l'on travaille en bois vert, on devra prendre les mesures d e traitem ent préventif nécessaire pour éviter les décolorations du bois en sève (au printemps), notam m ent dues au mildiou e t au bleu. Enfin, les entailles situées aux angles doivent avoir un profil spécial, perm ettant de réduire le diam ètre e t perm ettre le coulissage des bois.

Pour limiter le tassement des murs lors du séchage, on cherchera à utiliser des bois a ya n t un retrait faible. Les résineux ont, en général, un retrait m oyen à faible.

La rétractabilité varie en im portance selon les essences e t leur provenance. Les fissures d e retrait qui apparaissent sur une bille d e bois lors du séchage reflètent simplement l'anisotropie de c e matériau. L'im portance du retrait ne semble pas d ire cte m e n t liée à la densité des bois, mais pour une m êm e essence, il p e u t y avoir certaines variations.

Un bois aura d 'a u ta n t plus d e retrait q u e ses cernes annuels sont fins (le bois final a ya n t un retrait plus im portant que le bois initial).

Le bois juvénile, fabriqué dans les premières années d e la vie d 'u n arbre, aura plus de retrait q u'un bois m ature e t on l'a vu, le bois d e compression aura aussi un retrait im portant au séchage.

Le retrait n'est pas le seul param ètre lié au séchage. Suivant l'essence choisie, la vitesse d e séchage p e u t être très variable, e t il pe u t é galem en t y avoir d e très grandes différences dans la reprise d'hum idité.

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Certains bois co m m e l'Epicéa sécheront plus vite e t seront b e a u c o u p plus imperméables, leur reprise d'h u m id ité sera faible ; tandis qu e d'autres, co m m e le pin sylvestre, sécheront plus lentem ent, auront te n d a n c e à reprendre fa cile m e n t de l'hum idité e t à rester sensibles aux attaques d e cham pignons, si l'hum idité reste supérieure à 20%.

Enfin, outre le retrait proprem ent dit, les différentes essences d e bois ont un c o m p o rte m e n t au séchage très variable suivant l'orientation des fibres du bois. Le fil vrillé, ou torse, est la source d e déform ations difficiles à contrôler. Un bois à fil tors se déform era plus q u 'u n bois d e droit fil lors du séchage. Cela pe u t avoir des conséquences graves sur la stabilité d 'u n ouvrage en bois em pilé e t sur son étanchéité.

Certaines essences o n t d e fortes prédispositions à la fibre torse qui semble être plus fréquente chez les résineux (le Mélèze, l'Epicéa...) qu e chez les feuillus (le Hêtre est une essence sensible à la vrille). Une p iè ce de bois vrillée a un retrait longitudinal im portant et a te n d a n c e à se déform er en m êm e temps que le bois sèche. Son co e fficie n t d e rétractabilité p e u t atteindre 0,2% pour une variation d e 1% d'hum idité, alors q u 'u n bois de droit fil a une rétractabilité longitudinale qui ne dépasse guère 0,01%. Plus la fibre est inclinée, plus c e retrait sera élevé. Dans une construction en bois empilé, un fû t vrillé provoquera des déform ations d 'a u ta n t plus importantes qu e la p iè ce est longue.

Toutefois, d'a près des connaissances empiriques, on sait qu'existe une grande différence entre les bois vrillés à g a u ch e e t ceux vrillés à droite. Les premiers se d éform ent plus q u e les seconds au séchage.

Les règles d e l'a rt d e la fuste donnent des indications précises sur les tolérances d'utilisation des bois vrillés suivant que la vrille est dextro (D) ou lévogyre (L) e t suivant son im portance : exprimée en %, 3% signifie une déform ation du fil d e 3 cm pour 1 m de longueur.

Les bois présentant une fibre torse ou vrille seront utilisés a ve c les restrictions suivantes, en distinguant les bois vrillés à G au ch e (G) des bois vrillés à Droite (D) :

- pour les sablières (rondins au som m et des murs), on utilisera des bois à fibre bien rectiligne (inférieure à 5% (D) ou 3% (G)).

- des bois à fibre torse m odérée (D) (5 à 10%) pourront être utilisés partout sauf pour les sablières. - des bois à fibre torse élevée D (plus de 10%) seront utilisés dans le 1/4 inférieur de la hauteur des murs (ou dans le 1/3 supérieur pour un bois à 2 entailles d'angles).

- des bois à fibre torse m odérée G (3 à 5%) seront utilisés dans le 1 /3 inférieur des murs (ou dans la moitié inférieure de la hauteur des murs pour des bois à 2 entailles d'a ngle).

- des bois à fibre torse élevée G (plus que 5%) ne pourront être utilisé que pour le premier tour, sciés en deux ou c o m p o rta n t aux moins deux entailles d'angle.

Dans tous les cas, on s'efforcera de mettre en oeuvre les bois mi-secs (moins d e 20% d'hum idité), lorsqu'ils présentent un taux im portant d e bois vrillés (International Log Builder's Association, 2002).

On constate d o n c que des bois très vrillés p euven t être quasim ent inutilisables pour construire en bois massif. Ce problèm e est d 'a u ta n t plus grave que la fibre torse est très difficile à d éceler sur des bois sur pied, lors d e l'a c h a t du bois. C 'est souvent l'expérience de l'a ch e te u r qui fera la différence, par une connaissance em pirique d e la fréquence d e bois vrillé dans une « provenan ce ».

La présence d e fibre torse est d o n c un critère limitatif d e « non sélection » du bois.

3. Ceux qui tiennent à la résistance biologique, m écan iq u e et thermique du bois e t qui donnent m atière à d éb at

3 .1 La r é s is t a n c e b i o l o g iq u e

Pour les essences résineuses on a coutum e d 'o p p o se r pour leur durabilité naturelle, les bois à duram en (bois parfait) différencié e t coloré, aux bois à duram en indifférencié (bois rouges contre bois blancs chez les résineux). C e tte distinction est-elle un critère de sélection ?

C haque essence a une durabilité naturelle propre qui peut être très variable selon les essences e t à l'intérieur m êm e d 'u n e essence entre le coeur de l'arbre e t la périphérie.

C 'est dans la zone périphérique d e l'arbre que le cam bium fabrique ch a q u e année une c o u c h e de bois jeune, riche en réserves e t en eau. Ce bois, a p p e lé aubier, est tendre, peu durable, de couleur claire ; c'e st le bois vivant qui peu à peu va se transformer a v e c les ans et se duraminiser. C ette duraminisation peut s 'a cc o m p a g n e r chez certaines essences (Mélèze, Douglas, Pins) d e sécrétions d e substances antiseptiques (acides résiniques notam m ent) qui colorent généralem ent les bois résineux dans des tons rouges, qui a p p o rte n t à c e bois une durabilité im portante. On parle alors de bois à duram en différencié, qui est par ailleurs, plus ou

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Au fil du bois

moins p ré c o c e e t im portant selon les essences.

Certaines essences, co m m e le Sapin e t l'Epicéa, n 'o n t pas de duram en différencié, leur couleur est claire e t uniforme. Dans ces deux essences, la partie externe du tronc aura sensiblement la m êm e durabilité que le coeur d e l'arbre.

Si l'on construit a v e c des fûts ou troncs, et quelle que soit l'essence utilisée, on conserve en général la partie périphérique du fût, l'aubier. C 'est la partie la plus fragile qui sera en c o n ta c t a v e c l'extérieur et ses agents d e dégra d a tio n biologiques : insectes e t cham pignons. Il sera d o n c nécessaire d e traiter l'extérieur des rondins empilés en fon ctio n des risques auxquels ils sont exposés, e t cela, m êm e si l'on utilise une essence à duram en très durable. Il semble aussi que l'aubier des essences à duram en coloré (Douglas, Mélèze) soit moins durable que celui des bois à duram en indifférencié e t non coloré (Sapin, Epicéa).

La durabilité naturelle du duram en n'est do n c pas objectivem en t un critère de choix prépondérant pour les murs d 'u n e fuste, à moins d'envisager d'élim iner l'aubier sur les murs extérieurs en équarrissant légèrem ent les rondins, c e qui est parfois pratiqué.

Toutefois, sur le plan com m ercial, il convient d e noter qu e la durabilité naturelle du bois p arfait reste souvent, aux yeux du client, un argum ent important, qui justifie souvent la préférence pour les « bois résineux rouges ».

3 . 2 Lesc r it è r e sd e r é s is t a n c e m é c a n i q u e : d e n s it é ettex tu re

Il existe une corrélation assez forte entre la densité d'u n bois e t sa résistance m écanique, m êm e si elle doit être tem pérée par une forte variabilité.

Pour une m êm e essence d e bois résineux, c e tte densité pe u t varier considérablem ent selon la « provenance », c'est-à-dire selon les conditions d e croissance e t d e sylviculture d 'u n peuplem ent. La texture du bois semble être é g a le m e n t un indice de c e tte variation de densité e t d o n c d e résistance m écanique. Les résineux, les bois du Nord ou les bois d 'a ltitu d e ont une bonne réputation d e résistance m écanique parce qu'ils ont poussé lentement, leurs accroissements annuels sont fins ; ils o n t une forte texture, peu d e bois d e printemps e t surtout du bois d 'é té dense. Un Pin Sylvestre d e Sibérie, à cernes fins, sera un bois dense en com paraison d 'u n pin sylvestre du Loiret. Sa résistance m écanique sera sans conteste plus élevée.

Avec c e critère d e cernes fins, il convient égalem en t d e m ettre en relief leur régularité. De grandes irrégularités dans l'épaisseur des cernes pourront entraîner des variations im portantes d e résistance mécanique.

Dans la construction d 'u n e fuste, les exigences d e résistance m écanique ne sont pas essentielles, co m p te tenu des sections employées, mais l'utilisation d e bois à cernes larges peut avoir des conséquences néfastes sur la résistance en compression des arêtes des entailles, e t d o n c sur le tassement-compression.

Q uant à la résistance biologique, elle semble aller dans le m êm e sens que la résistance m écanique, donnant a v a n ta g e aux bois à forte texture (bois final prépondérant).

Enfin, il convient d e souligner, bien qu'il y ait eu, à notre connaissance peu d 'é tu d e s sur c e sujet, que des bois à texture faible o n t un retrait inférieur à ceux à texture forte.

Sur le p la n therm ique, un bois léger a une con d u ctivité therm ique faible ; elle double lorsque la masse volum ique passe d e 450 à 600 kg par m3. C 'est un a v a n ta g e im portant en faveur des bois légers qui sont donc b e a u co u p plus isolants que des bois denses et qui nous a incité à choisir le mélèze du Japon, bois léger plutôt que du mélèze d'Europe très dense, pour construire des maisons en bois empilé.

Il convient ég a le m e n t de souligner q ue les bois légers sem blent être plus favorables à « l'Effet d e Masse Thermique », qui a p p o rte un bonus therm ique aux murs en bois massifs (Gorman 1995).

Ces considérations am è n e n t à conclure que l'em ploi d 'u n bois de faible masse volum ique sera avantageux pour l'isolation d 'u n e maison e t pour l'é co n o m ie d e chauffage. C 'est un critère im portant de sélection du bois. Et si des bois à cernes larges sont en principe plus légers e t plus isolants que des bois de m êm e essence à cernes fins (en fa it il existerait une gra n d e variabilité dans c e tte corrélation), il serait alors, en théorie, préférable d e les privilégier pour obtenir les meilleures perform ances thermiques.

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En conclusion, il a p p a ra ît que la densité et la texture sont des critères d e sélection du bois à double tra n ch a n t : d 'u n côté, un bois serré e t dense est plus résistant du point d e vue m écanique et biologique, de l'autre, un bois léger à cernes larges sera plus isolant e t d e plus faible retrait.

Confrontons m aintenant c e paradoxe à l’â g e du bois e t d o n c à sa m aturité afin d 'e n tirer des

conséquences.

Bois juvénile

Lors d e ses premières années de croissance, la plante ligneuse fabrique des fibres d e bois très différentes d e celles d e sa période d e maturité. Ces fibres (trachéides) juvéniles sonf courtes e t donne nt un bois b e a u c o u p moins résistant e t moins dense que celui du bois mature. C ette période de bois juvénile est d 'u n e durée variable selon les essences. C'est aussi un bois à très fort retrait.

La sylviculture intensive des résineux am ène à exploiter en première ou deuxièm e éclaircie des bois à forte proportion de bois juvénile. Ils seront peu a d a p té s à une utilisation en bois d'œ uvre.

La duraminisation améliore la qualité du bois

C e phénom ène im portant est un processus lent d e transformation chim ique du bois qui se déroule de la périphérie vers le cœ ur du bois. Les cellules vivantes du cœ ur de l'arbre meurent, les pores des cellules se bouchent, la circulation d e l'e a u ne s'y fa it plus e t le bois du duramen, ou bois parfait, con tie n t moins d 'e a u q ue l'aubier. Ce bois subit une transformation en sécrétant des substances qui se déposent sur les membranes des cellules ; certaines com m e les tanins ou les acides résiniques, apportent, on l'a vu, une protection naturelle au bois.

La duraminisation se fait a ve c le temps : des bois âgés sont en général bien duraminisés. Certaines essences co m m e le mélèze ont une duraminisation précoce, tandis que d'autres, com m e le pin sylvestre, se duraminisent tardivem ent.

Bois m ature e t duraminisation montrent, à l'évidence, que l'â g e des bois de vie n t un critère d e sélection, e t d o nne nt un net a va n ta g e aux bois à cernes étroits. Il n'est pas exagéré d e dire que pour le bois d'œ uvre, « la valeur a tte n d le nom bre des années ».

En conclusion, il sem blerait que nos critères de sélection du bois puissent se résumer ainsi :

— Les critères d e form e et de dimension sont les plus simples à appréhender. Ils se justifient aisément m êm e si ce la est moins certain sur le plan esthétique, Par ailleurs, le triage des bois perm et d e com penser en partie la qualité m oyenne d e la sélection.

— Les critères liés à la durabilité intrinsèque d 'u n e essence ne sont pas prépondérants ca r l'aubier est conservé e t sera traité. Il reste toutefois que la réputation de durabilité de certaines essences à duram en très durable p e u t devenir un critère d e sélection pour des motifs com m erciaux.

— M êm e si les bois à croissance rapide ont quelques avantages, liés surtout à leurs bonnes qualités thermiques, il reste im portant d'utiliser des bois suffisamment âgés e t mûrs, e t d e c e fa it aya n t des accroissements moyens à faibles, en privilégiant les bois à faible masse volumique.

— L'excès de fibre torse d o it être évité. Ce sera un souci perm anen t lors d e la sélection des bois. Enfin, gardons pour la fin les crifères subjectifs : l'a sp e ct visuel e t esthétique du bois, son vieillissement, et m êm e... l'odeur, restent à l'ap préciation de c h a cu n e t jouent un rôle parfois im portant dans la décision d'utiliser telle ou telle essence d e bois.

Dans une construction en bois brut, le bois reste visible à l'intérieur co m m e à l'extérieur. En général, le cam bium , c e tte peau fine, reste adhérent. On pourra aussi l'enlever pa r p la n a g e e t dans c e cas, c'e st l'a sp e ct des premiers veinages du bois qui sera visible.

C ha q u e essence de bois a son a spect propre e t ch a cu n pourra exprimer son go û t pour la patine de tel ou tel bois, tons dorés puis ocre des Mélèzes, Douglas, Pins... tons mats des Sapins et Epicéas.

Avec le temps, le vieillissement a p p o rte une patine plus a c c e n tu é e au bois. Les amateurs de construction en bois bruts recherchent le plus souvent l'a sp e ct naturel du bois, refusant d e c a c h e r la patine du temps derrière des colorants-cosmétiques d e typ e lasure, d 'u n entretien coûteux. L'aspect visuel d 'u n bois e t son c o m p o rte m e n t au vieillissement sont d o n c des critères d e sélection pour celui qui veut faire construire une maison en bois massif. Il en va de m êm e pour l'o d e u r d e ch a q u e bois qui, dans une maison en bois massif, d e vie n t l'o d e u r dom inante.

(8)

Au

fil du bois

Enfin, le critère économ iqu e semble être très secondaire. Le niveau d e prix du bois est très bas. En France, dans les 30 dernières années, le prix du bois résineux a été stable en francs courants (il diminue donc régulièrement). De plus, pour une m êm e essence, les prix varient b e a u co u p plus en fonction d e la dimension des bois (c'est-à-dire de leur volum e unitaire) que d e la qualité des bois. Enfin, la part de la valeur bois est très faible dans c e typ e d e construction par rapport à la valeur ajoutée (moins d e 10%).

Q uant au critère géographique, s'il nous paraît im portant de travailler a v e c des bois d e pays « proches », il n 'e n dem eure pas moins que la provenan ce reste un fa cte u r d e sélection important. C ette notion, qui est au bois c e que le « cru » est au vin, a de tous temps é té reconnue. Elle est loin d 'ê tre une idée périm ée car elle reflète, non seulement un sol, un climat, un terroir mais aussi des pratiques sylvicoles.

Éléments bibliographiques

Gorm an T, 1995. The therm al p e rfo rm a n ce o f lo g Home walls, University of Idaho.

HoudarT. etM.-F. 2001. L'arf d e la fusfe cahier n°4, maîtriser la technique p o u r faire une maison, Association Bois Sacré t.c.b., Lamazière-Basse.

International Log Builder's Association, 2002. Log Building Standards for Residential, Handcrafted, Interlocking, Scribe-fit Construction, Lumby (b.c.).

Figure

Fig.  2.  A iguebelle :  fuste de mélèze en construction,  entailles en  tête de bélier
Fig.  4.  Aitone,  Pins Laricio

Références

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