INTRODUCTION
Jean-Louis MARTINAND
LIREST, ENS Cachan
Trop souvent, parler de « culture », c’est enfouir les problèmes sous les bons sentiments et les bonnes résolutions. Comme dans bien des domaines, la « correction » politique ou idéologique, et même la politesse qui évite les questions qui fâchent, sont de mauvaises habitudes.
Avec cette première séance, nous voulons vraiment traiter des conflits et partages de valeurs à propos des rapports entre cultures – techniques et sciences. Oui, « conflits », car ainsi que l’UNESCO avait osé le dire dans son colloque de 1974 La science et la diversité des cultures, les tensions et même les oppositions renaissent en permanence à l’articulation des cultures, des techniques et des sciences, dès lors que tout ne se joue pas en champ clos et expurgé. Mais aussi « partage », avec toute l’ambivalence de l’idée : posséder ensemble, échanger, faire circuler et enrichir ; et découper, compartimenter, mettre hors d’atteinte.
Nous tenons au titre « des cultures, des techniques, des sciences ». Avec le pluriel, nous voulons éviter de réduire les cultures à la culture « universelle » ou « noble », les sciences à une science prééminente, par exemple l’astronomie souvent surreprésentée lorsqu’on débat de culture, ou aux sciences de la « nature » en oubliant les sciences de l’homme et de la société, et nous refusons tout refoulement des techniques si souvent méprisées alors qu’elles jouent des rôles primordiaux. Avec le pluriel, nous voulons inciter, au delà des associations paresseuses (« sciences et techniques » – « culture scientifique et technique » – « sciences, techniques et société ») à nous interroger sur toutes les relations. Avec les indéfinis (des), nous voulons enfin nous forcer à nous étonner, nous interroger, débattre « au sujet de » toutes ces questions qui nous sont souvent devenues trop familières.
Pour cela, il est nécessaire de revenir aux pratiques, à leurs significations, à leurs contextes ; il importe de penser les différences, les manières d’être à la fois autre et semblable.
La table ronde s’impose alors comme forme de débat, d’interaction, pour lancer ces Journées. L’ordre des intervenants important peu, ils viendront dans l’ordre le plus facile qui est l’alphabétique.