UN MODELE DE REFERENCE UN MODELE POUR L'ENSEIGNANT
DES MODELES UTILISES PAR LES ENFANTS
D. LACROIX
Ecole Normale Grenoble
RESUME: Compte rendu d'activités menées avec des instituteurs en formation initiale ou continue.
Ce travail a trois objectifs.
- Faire découvrir aux stagiaires que les modèles qu'ils utilisent , sont différents des modèles véhiculés par l'enseignement des sciences au lycée.
- Faire découvrir au maître que les enfants créent, enrichissent, manipulent des modèles.
- Aider les maîtres
à
prendre en compte cette composante dans leur enseignement.L'étude d'une situation concrète , la prévision des résultats , l'analyse de ces prédictions constituent les activités menées avec les stagiaires.
Les enseign2nts de l'école ~riMaireoui rènent èans leur classe des activit~s scientifiques â dorrinante nhysicue veulent donner de la science l'i~a~equi refléte le niuR l'enseifre~entqu'il ont eux~ê~e reçu, l'image que les œanuels scolaires leur renvoient, celle d'une science ache~ée. Les wodèles ainsi ~anipulés apparaissent cburrrne èes représentations intangibles et irrŒuables et vraies des phénoITènes ?hy-siques.
Les enseign~tscherchent à coœrruniquer au~ enfants leurs propres certi-tudes, leurs propres représentations, qu'ils idertifient en outre celles qui leur ont été enseignées. Bcaucou~n'imaFinent rê~e pas qu'il puisse en exister d'autres et qu~ les enfants puissent les utiliser. Certains pensent ~êrre que les enfants sont aptes à assi~iler ~elles qui sont proposées par les aèultes.
Pour leur faire prendre conscience de la difficulté de cette entreprise les activités ultérieures leur sont proposées.
Ces activités sont proposées à èeR rraîtres en formation initiple ou continue. On va ~eneren parallèle une étuèe èes ~odèlesvéhiculés Dar llenseipnement des sciences au niveau du lycée) une étuèe èes modèles conçus par les enfants, une ~tude des ~od~l_es utilisês par le ~aître devant une situation concrête; Cps derniers sont ceux
Qutil
cherc~e ? trans~ettre d2ns Son enseignement, ce sont ceux qu'il fera ffianipuler aux enfants. ils lui ~erviront ~ trancher les cas liti~ieux. l,a prise de conscience par llensei~nantde ces ~odèles est fonda~entale. Une situation de classe suffisa~entvaste fournit le point de èéDar~de cette activité.Le probl~me dans llne classe de CE pourrait Be nrésenter ainsi: on v~ut compléter la ~aquettede la place du villar p construite antérieurerent. Trois réverbères seront iœplantés l'un devant la mairie, l'autre devRnt l'école et le troisiè~edevant 1'é~lise. Les_ trois réverhèreR sché~ati sés par des a~poules 3,5V devront-être ali~entésau ~oyen èe deux piles plates de 4,5V. Le problème physioue consiste à trouver tous les ~ranche ments possibles de l, 2, 3 ampoules sur 1 ou 2 piles. Il apparaît à chacun que l'éclaire~entde ces a~poules ne va pas être le Fê~e dans toetes les situations. Pour dêceler les repr~scntations utilis~es per les stagiaires, on leur demande:
de sérier les éclaire~entsèes ampoules.
de justifier par écrit les relations d'ordre ou d'équivalence propcsées. Cet exercice est trés difficile pour les stari2ires, l'écrit ne peut ~ue reprodui.re la v6rit~; le raIe de l'aniœate\l)" consiste uniquerrent 5 aider les stapieires â fOrl!luler les raisons oui ruieent leur choix. Ces rfnonses constit\lcnt les wat[riEtlZ uti]isf~ ult6rieurc~ent.
an
~vite pour des raisons fvi~entes de trOl' comparer ces r6Stl~tats et les r6sultats obtenuspar les enfants, les maîtres sont déjà trop enclin n eff~ctuer cette
comparaison, ce qui entraine souvent des blccR?es.
Une analyse èe& réponses conduit
n
L:ettre en évidence quelques aspects que l'on trouv~ ~2ns toutes les réponses:- Dffinition d'un rrêcanisme assurant le transfert de l'fnergie de la pile vers l'~rpoule.
- Maniêulation de granèeurs phvsiques (force, énergie •.• ).
- Référence à quelques principes physiQues (conservation de l'énergie ou de la charge par exe~Dle••. ).
- Référence à èes lois apprises antérieur~entou parfois tirées des principes cités à llalin~a pr€c~dent.
- Prise en co~pte des différents para~ètres c2ractérisant le circuit r!ornbre de pjles; noœbre d'arrpoules," orientation des piles les unes par rapport aux autres; confipuration èu circuit; circuit série, circuit parallèle.
- Vtilisation èe co~par2ison. analopies, rrétanrores (ex: ênalogie hyèro-lique) perœettant de palier une assinilation défaillante PC tout lap-Éage rnathéEwtique.
1.'étude expérit:::ent2le uT térieure perr::et de chai si r nart!li le s effi rI::2.ti ons préalabJes (à toute exp~ri~entation)celles qui sont conformes à 1fe)~É rience et de formuler dans ce cas particulier (piles identioues, a~oules identiques) les lois qui en découlent. L'assirr·ilation du "12ng:a~e" t"l.athé-rnatique étant ce qu1elle est, on est conduit
à utiJiser des analogies pour relier les difffrents faits entre eux. L'analyse d~ cette deuxiè~e phase Est menée de la œê~e manière que la preITière. Les ~ê~es aspects peuvent être èéga~és, certains perçoivent de plus l'importar!.ce èe la logique.
L'objet ~lobal de ce travail est è'attirer l'attention du raître sur son attitude face à l~émergence des ~odèles manipulés par les élèves de la classe Où il enseipne.
rn
troisiè~e volet co~plète les deux précédents: c'est l'identification et l'étude des modèles proposps par les enfants.Le
modèle à deux ccurap.ts utilisé snontanérnent de ~anière sporadique ou permanente par tous les enfants àe l'école éléIT'entaire ef:t l'objet privilégié de cette étude.Des tests ont été proposés à des enfants avant ~enés ant6rieurerrent des activités en électricité, ces tests consistent à anticiper les résultats expéri~entaux.Lorsque ces activités se renouvellent plusieurs années consêcutives, les idêes des enfants ont le tepps de s'éclaircirt de se
développer. Certains enfants sont ~êpe parfoi~ en rresure d'expliciter certains aspects des mod~lesqu'ils utilisent. Pour la plupart, l'analys~ de leur répop.se à des tests individuels per~et d€ èérager l'existance de un ou des ITodèles dont on peut mêre cerner 1e do~aine d'utilis~tio~.
\Toici un excIT!ple d'exercices proposés aux enfants et un exeTI'ple de
résultats obtenus dans cette classe de CE.
L'ampoule s'éclaire parce que la pile fournit de l'énergie, on dit ~ê~e qu'elle se vide.
Voilà l'expérience que l'on va réaliser:
- on ITet une rd.le sur un plateau d'une bal?nce. et un J""'orceau de 'Pâte
à modeler sur l'autre plateau pour rétablir l'équili~re.On ~ranche aux bornes de la pile une ampoule qui s'éclaire.
a) voici avant l'expérience la position des olateaux de la ~alance.
i_'-5L
pâte à modeler pile neuve
pâte à """deler pi le usarée pâte à t:1oc'eler pile Ils<l'ée
~~
pâte il .Peux-tu justifier
modeler pile usagée
ta l"é?onse!
Voici les réponses des enfants:
- la pâte à modeler sera plus lourde parce que l'énergie qu'il y avait dans la pile s'est en allée.
- un plateau sera plus bas, la pile se sera vic'ée.
- la pile est vide car elle a fonctionné pendant une heure. la pile est plus légère.
- c'est ni plus lourd ni moins lourd (1 élève)
- la pâte à ~odeler est plus lourde car la pile s'use sa matière intérieure qui est du charbon se conso~e, elle perd èu poids.
- le plateau de la pâte à modeler sefa nlus lourd, il y a moins de courant
dans lp ~én6rateur.
- la larre ne fonctionnera nlus, elle sera prillée (2 élèves)
- non ça ne sera l)as i ~galit~ puiscue la pile sera un peu vide. lta::'~Doule 1'!'2rchera encore IT'ais il y aura trains èe volts, }" pâte C;l
modeler sera plus lourde.
Au terme des prereiêres leçons d'êlectricitê les raitres affir~ent souver..t que les enfants ont acquis la notion de circuit.
Qu'est-ce qu'un circuit pour un enfant? sinon un ci~cuit auto~obile! Pour 1 'adulte, c'~st la ~ême référence. Lorsque l'enfant et 1t~èulte utilisent le terrre circuit ~lectriaueest-ce qu'ils font référence à la rrên:e chose?
On analyse les résultats des tests. On peut conplèter le cadre défi'ilit antérieureP."lEnt, entre érutre on peut construire l'analop:ie utilisée de t"ê.nière sous .;acente par les enfants ainsi:
- la pile est une catapulte qui 6jecte des boulets par ses deux pBles, ces boulets se dfplacent en sens inverse dans les fils.
- les conducteors sont leur s~st~rre de gui~a~e.
à cl18que obs~acle ils perdent de la vitess€t le ter~e de leur trajet est scuvent l'êkpoule.
- les 1~C'biles ~ui. arrivent en ser:.s inverse se cho~l..~ent, eXDlosent et dis~"'2r3issent,ils se transforn:ent en chaleur ou en ItJl7:.ière.
- l'a~poule est d'une autre néture que les conducteurs.C'est un ~ur pratiq~eIDentinfranchissahle sur lequel viennent éclater les boulets. Drôle ùe circuit ~ui ressemble plus à un rr2nèfe d'autotaITPonneU5es, ou à une route nationale bordêe d'êpaves.
l.es r€sultats des expêriences contraires à leur pr~visionvont-ils détruire le mo~èle initial?
Certains pourraient utiliser ces expériences pour affirmer que le ITo~~lc ~ deux courants est inexact.
Ces expériences perrettent tout au plus de répondre aux questions:
P.9~E_!~_!~~~~_~_~_~~~!~~!~ r9~!_!~_~~~~1~_~_!_E~~E~~!
- ces courants sont-ils pesants? - ce courant est~il pEsant? quel_s sont leurs trajets? - quel est son trajet? - sont-ils ind5pendants? - a-t-il la ~~~e intensitê - onthils la F;êrre intensité
dans tOtlt le circuit?
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Les deux modèles s0nt ainsi ~ieux cernés. Une question se pose: - ou'en faire? les naîtres ont. ainsi le choix: - de ne pas s'en préoccuper.
- les cerner puis: a) amener les enfants à les co~parer.
b) aœener les enfants à les co~parerau wodèle habituelle~entutilisé.
- leur faire une lutte sans rrerci en utilis80t l'autorité du ~a!tre.
L'ensermle de ces activités a pour but d'éviter un dialofue ~e sourds et do~nc au rraître la possibilité de choisir entre 6ifférer.tes solutions lorsque des re~arques inte~gest~vesèes enf2nts apnaraissert dans la classe.