J.-L. MARTINAND et É. TRIQUET, Actes JIES XXIX, 2008 1
VULGARISATION DE L’INFORMATION
SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE POUR
LES ENFANTS ET ADOLESCENTS URBAINS D’AFRIQUE
Évelyne DOUAILLER, rédactrice en chef, Eyoum NGANGUE, rédacteur en chef,
Planète Jeunes
MOTS-CLÉS : VULGARISATION – INFORMATION SCIENTIFIQUE – JEUNES
URBAINS – AFRIQUE
RÉSUMÉ : L’atelier s’est déroulé en deux phases. La première a consisté en un feuilletage général
des deux magazines, Planètes Jeunes et Planète Enfants, rubrique par rubrique. Ensuite les participants ont fait une lecture spécifique de la rubrique sciences. Le but de l’exercice étant de déceler des procédés au travers desquels les rédactions des deux magazines adaptent les articles de sciences et technologies aux spécificités de leur lectorat.
ABSTRACT : The workshop has been divided into two phases. First: a general reading of both magazines, Planète Enfants and Planète Jeunes, column by column. Secondly, the participants of the workshop made a specific reading of the science column. The purpose of the exercise was to find a process through which the editorial staffs of both magazines adapt articles on science and technology to the specificities of their readership.
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1. INTRODUCTION
De manière générale, les magazines destinés à la jeunesse consacrent une bonne partie de leurs colonnes à la science, la découverte et la technologie. Les jeunes lecteurs sont friands de ces rubriques. Le groupe Bayard, avec des magazines comme Phosphore, Okapi, Youpi a une expérience ancienne en matière de presse jeune et de traitement de l’information scientifique pour ce public. Planète Jeunes et Planète Enfants sont des magazines destinés aux jeunes des villes d’Afrique francophone. Ils bénéficient de l’expertise éditoriale du groupe Bayard, mais dans un contexte de rareté de documentation scientifique et où le développement technologique et scientifique connaît un véritable retard, le rôle de Planète est d’adapter ses articles aux réalités du terrain, tout en faisant découvrir à ses lecteurs les avancées de la science.
2. LE PROJET PLANÈTE 2.1. Historique
En Afrique, le début des années 1990 a été marqué par un boom des médias, consécutif à une revendication des peuples pour plus de pluralisme politique et social. Un groupe de journalistes africains et français s’est étonné qu’au milieu de ce « Printemps de la presse », il n’y avait pas de support informatif pour les jeunes.
C’est donc de cette réunion qu’est née l’idée de lancer un magazine pour les 15-25 ans d’Afrique francophone. Deux ans plus tard, Planète Jeunes est né, en 1993. Le projet Planète Jeunes a débuté, financé par le ministère des Affaires étrangères, avec comme partenaire technique le groupe Bayard Presse. Cinq ans plus tard, il a été décidé de lancer un nouveau magazine : Planète Enfants, adapté aux élèves des écoles primaires et des premières classes du collège (8-14 ans) pour proposer une offre informative, éducative et récréative.
Chacun des magazines s’appuie sur un groupe de réflexion dans 25 pays d’Afrique et des Caraïbes (Haïti, Antilles françaises, Guyane) composé d’enseignants et de lecteurs.
2.2. Organisation actuelle
Le projet Planète a la forme juridique d’une association loi 1901 qui reçoit des financements de Bayard Presse, du ministère des affaires étrangères et jusqu’à très récemment du CCFD.
Une forte demande a lieu car dans certains pays il s’agit de la seule source d’informations pour ces tranches d’âge. Les magazines ne présentent pas les mêmes modalités de distribution. Planète
J.-L. MARTINAND et É. TRIQUET, Actes JIES XXIX, 2008 3 Jeunes est acheté en kiosque tandis Planète Enfants est distribué par abonnement auprès des écoles et des familles. La fréquence de publication pour chacun des magazines est de deux par trimestre. Sur le terrain, des représentants de Planète Jeunes assurent le relais pour la distribution des magazines, la recherche des abonnements et l’organisation des animations dans les écoles.
Il existe des suppléments locaux de Planète Jeunes qui s’autofinancent. Pour le moment, seul le Gabon a maintenu le sien.
3. LE DÉROULEMENT DE L’ATELIER
Après la présentation du projet Planète par les deux animateurs, l’orchestration de l’atelier a été défini sous la forme de deux moments.
3.1. L’apport des animateurs
Parcours commenté des deux magazines à l’exception des pages sciences/techniques pour en prendre connaissance et déterminer l’organisation de chacun d’eux.
Les animateurs ont effectué le feuilletage des deux magazines, rubrique par rubrique, pour bien montrer la variété des sujets avec des parties ludiques et des sujets d’information et de réflexion. Le magazine destiné aux plus jeunes offre des approches particulières pour les enfants auxquels on donne des pistes de découverte du monde, des méthodes de lecture d’un magazine. Il prend aussi en compte une possible intervention d’un adulte (parent ou enseignant) dans l’utilisation du magazine. Le magazine pour les plus âgés réserve une large place à des questions comme la musique, la mode, le sport qui leur permet de s’identifier aux vedettes.
Les animateurs ont aussi attiré l’attention sur le fait que la zone de diffusion des magazines est très vaste, et que des lecteurs des pays du Sahel n’ont pas toujours la même perception que ceux de la zone forestière ; qu’il y a des lecteurs chrétiens et musulmans et en conséquence la manière d’aborder certaines questions sociales ou économiques peut être mal perçues par l’une des communautés. Les questions du taux d’alphabétisation, des fortes différences d’âges dans une même classe, etc. ont été également évoquées.
3.2. L’activité des participants
Répartis en groupes de 3 ou 4, les participants ont analysé les pages sciences de chacun des deux magazines (« Tout savoir » pour Planète Enfants et « Sciences ou technologies » pour Planète Jeunes).
J.-L. MARTINAND et É. TRIQUET, Actes JIES XXIX, 2008 4 L’objectif étant de voir sur plusieurs items (le choix des thèmes, leur traitement, etc.) comment chaque magazine se positionne par rapport à l’adaptation à la tranche d’âge et au contexte des pays ou des régions.
Résultats
Le groupe a proposé deux séries d’indicateurs d’analyse.
La première concernait les différences en rapport avec l’âge des lecteurs visés.
- Les thématiques et le vocabulaire sont apparus adaptés aux tranches d’âge des publics visés. - Il en va de même pour la mise en page et l’illustration.
La seconde cherchait à mettre en évidence les marques de contextualisation
- L’encadré « avis de l’expert » dans Planète jeune regroupe l’ensemble de ces marques : la parole est toujours donnée à un expert africain ; cet expert tisse des liens entre la thématique et le contexte africain (« clonage » / traitement de la mucoviscidose en Afrique ; « nucléaire » / impossibilité d’avoir des équipements pour les chercheurs africains et pourtant existence de spécialistes sur le nucléaire africain).
- Les illustrations (dessins, photographies) mettent en scène des personnes de couleur.
- À l’opposé, peu de thématiques en rapport direct avec l’actualité ou la situation des pays africains.
Plusieurs des points ont été discutés car les cultures, les religions, sous forme de tabous ou de non-dits, ont un impact sur le choix et la manière de traiter les sujets et de les illustrer. C’est la raison pour laquelle sur Planète Enfants, un livret complémentaire annuel dénommé « Planète Parents » est maintenant proposé à l’usage des parents. Il leur est présenté des aides pour accompagner les lectures de leurs enfants et des approfondissements possibles.
Quelques suggestions ont été faites, notamment pour ce qui est d’un plus grand rapprochement de la rédaction des deux magazines avec les enseignants de sciences, au niveau du choix des sujets et la manière de les traiter.
Restitution réalisée à partir du compte rendu rédigé par : Sandrine Hénocq et Chérif Goudiaby (Étudiants au master « Didactique des sciences et des techniques » STEF ENS Cachan)
