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ARTheque - STEF - ENS Cachan | L'élaboration des programmes vue du CNP par un chimiste et un physicien

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L’ÉLABORATION DES PROGRAMMES VUE DU CNP

PAR UN CHIMISTE ET PAR UN PHYSICIEN

Bernard ROULET, Ludovic JULLIEN

Dans le cadre de ce séminaire, nous allons vous présenter la construction des programmes à travers le fonctionnement des groupes d’experts et de celui du Conseil National des Programmes. Étant donné nos spécialités disciplinaires (physique et chimie), les exemples pris seront issus de ces deux disciplines.

1. DES PROGRAMMES SCOLAIRES : POURQUOI ? COMMENT ? 1.1. Des programmes homogènes pour garantir une certaine égalité. Un programme scolaire est ce que l'on doit enseigner à l'école, pour tous les niveaux et dans toutes les filières. En principe, le Conseil National des Programmes (CNP) a en charge le cadrage des programmes de l’école maternelle jusqu’au niveau baccalauréat.

Les programmes constituent un cadre pour les contenus à enseigner. Pour la France, ces programmes sont nationaux, ce sont donc les mêmes pour toutes les classes d’un même niveau et d’une même filière. Ceci n’est pas le cas pour tous les pays, par exemple, si on prend le cas de la Hollande, chaque établissement définit un programme sur l'ensemble d’un cycle. Sa seule obligation est d'arriver à un niveau donné pour tous les élèves du pays, mais chaque établissement est libre dans la façon d’y arriver. Ceci a évidemment des avantages, notamment une grande liberté pédagogique, une plus grande souplesse pour s'adapter aux différents élèves et aux différents niveaux des élèves mais ceci a également des inconvénients, tel que le changement

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d’établissement pour les élèves et la mise en place forte d’une hiérarchie des établissements.

Cette homogénéité des programmes français représente le garant de l'égalité. Ce n'est peut-être pas suffisant, mais indispensable pour une éducation égalitaire.

1.2. Des programmes lisibles par un ensemble d’acteurs

Il faut que les programmes soient lisibles par l’ensemble des professeurs, des parents et des élèves. La lisibilité du côté des enseignants doit se traduire par une connaissance de ce qui doit être enseigné et de ce qui ne doit pas l’être. Ces programmes doivent donc constituer une référence pour les enseignants de toutes les disciplines et une lisibilité doit permettre à l’ensemble des enseignants de s’y référer.

Cette lisibilité des programmes par différents acteurs que constituent le corps professoral, les parents et les élèves n’est pas simple parce que chaque matière a son langage propre souvent incontournable. D’ailleurs, si vous demandez à un mathématicien ou un physicien de lire un programme de biologie de collège, il vous dira qu’il ne comprend pas tout et pour les parents ceci doit être pareil.

Alors dire qu'un programme doit être lisible, signifie qu'au moins les objectifs de celui-ci et les buts à atteindre sont clairement explicités. Par conséquent, dans chaque programme, il doit y avoir toute une partie dans laquelle les domaines à aborder, ce qu'on doit apprendre, sont explicitement écrits et détaillé.

1.3. Les principaux acteurs institutionnels de l’élaboration et de l’accompagnement des programmes scolaires

Le premier acteur institutionnel de l'élaboration des programmes est le ministre de l’éducation, c'est lui qui décide en principe la modification des programmes. Lorsque Claude Allègre est arrivé au ministère il a pris la décision de lancer la rénovation de tous les programmes du lycée.

C’est alors qu’intervient institutionnellement le Conseil National des Programmes (CNP) qui est chargé d'impulser la refonte des programmes et de donner un avis consultatif sur ces derniers une fois la rénovation proposée par les groupes d'experts (GE).

Le CNP

Ce CNP est constitué d’une vingtaine de membres nommés par le ministre et représentant à peu près toutes les disciplines. Ceci est un peu aléatoire car les nominations ne se font pas en bloc et les partants ne sont pas obligatoirement remplacés par des personnes de la même discipline. Par exemple, actuellement il y a quatre philosophes au CNP, trois représentants

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des mathématiques alors que les matières comme la physique ou la chimie n'ont qu'un représentant. De même, l'économie, l’histoire et les langues n’ont qu'un représentant. Et puis, il y a des disciplines qui ne sont pas du tout représentées comme les sciences de la terre ou la sociologie.

Les GE

Les groupes d'experts (GE) sont composés de gens qui rédigent un programme précis relatif à une discipline. Ces GE sont constitués de professeurs de terrain qui enseignent la matière au niveau où les programmes doivent être revus, de représentants de l'inspection et d’universitaires spécialistes de la discipline. Tous les GE sont présidés par un universitaire. La présence des universitaires dans ces groupes est importante car ce sont ces personnes qui font avancer la science ou la matière en question et par conséquent ils sont à même de dire ce qui est important maintenant, ce qui est devenu obsolète et ce qui est devenu faux. Si on prend le cas de la biologie par exemple, il est clair qu'elle a été complètement bouleversée dans les 20 ou 30 dernières années et il est important que les chercheurs qui ont contribué à cette évolution, à ce bouleversement en fassent état pour une remise en question des programmes scolaires. De même, dans le domaine des mathématiques, le développement actuel des mathématiques appliquées a complètement changé la vision qu'ont les mathématiciens eux-mêmes qui font la recherche en mathématiques. En histoire, des nouveaux domaines ont émergé avec des changements de points de vue sur l'histoire. Bien sûr, toutes ces évolutions ne doivent pas être prises systématiquement en considération dans la refonte des programmes mais il faut les connaître et savoir pourquoi on ne les intègre pas ou on ne les prend pas en compte.

Les corps d’inspection

La position des corps d’inspection a évolué puisque pendant très longtemps c'étaient eux qui étaient responsables de l'écriture des programmes. Mais même si aujourd’hui ceci n’est plus le cas ils gardent un rôle important notamment dans la mise en application et le suivi des programmes. Ce sont eux qui permettent de rendre compte à la fois de ce qui passe bien, de ce qui passe mal, des difficultés d’apprentissage des élèves, de ce que les professeurs n'ont pas le temps de faire, et des documents nécessaires pour aider les enseignants à la mise en application du programme. Le suivi des programmes est du ressort de l'inspection générale.

La direction des enseignements scolaires (DESCO)

La direction des enseignements scolaires a en charge un côté plus administratif. C’est elle qui décide des horaires, de la publication des programmes et des documents d'accompagnement, éventuellement de la

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formation et des différentes publications qui peuvent servir à la mise en service des programmes.

La position générale et unanime du CNP

La philosophie générale du CNP est basée sur deux points, d’une part des programmes dans chaque discipline, dans chaque filière et pour tous les niveaux et d’autre part une approche différente pour les matières littéraires, des humanités et pour les matières scientifiques. Le CNP pense que quand on étudie dans une matière littéraire, ce sont les objets de la matière qui sont étudiés et non pas la matière elle-même. Par exemple en littérature ce sont les œuvres littéraires qui sont étudiées mais pas les théories littéraires. De même en histoire, ce sont les faits historiques qui sont mis en avant et pas les méthodes de l'historien ou une philosophie de l'histoire. A contrario, pour les matières scientifiques le CNP pense que c’est la matière elle-même qui doit être étudiée, les objets ne venant qu’en application de la matière. D’ailleurs si on compare la physique enseignée au collège et celle enseignée à l’université la différence essentielle concerne uniquement le niveau mais c’est la même physique, c'est toujours la théorie générale de la physique qu'on enseigne.

Cette position du CNP n’a pas toujours été respectée car les anciens programmes de sciences physiques de lycée étaient basés sur l’étude des objets de la physique et non pas sur la matière elle-même, position défendue à l’époque par l’inspection générale.

2. CALENDRIER TYPIQUE D’ÉLABORATION DES PROGRAMMES

* Avant J-24 mois : commande du ministre.

* À J-24 mois : envoi de la lettre de cadrage du CNP aux présidents des GE. * de J-24 à J-16 mois : rédaction des programmes par les GE/consultations diverses.

Réunions de 0,5 J à 1 J/semaine

Observatoires disciplinaires, syndicats, associations de professeurs…

* À J-16 mois : remise des programmes au CNP par les présidents des GE. * À J-15 mois : avis du CNP sur les programmes.

* À J-14 mois : vote au Conseil supérieur de l’éducation, puis signature du programme par le ministre.

* À J : mise en place du programme.

Le calendrier de travail

La commande du ministre concerne généralement un cycle scolaire et non pas une seule année. Après cette décision, le CNP a en charge l’écriture de

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la lettre de cadrage explicitant les grandes lignes dans lequel doit se développer le programme. Ensuite cette lettre est envoyée aux présidents des groupes d'experts qui ont un délai de huit mois pour écrire les programmes. Pour donner une idée du rythme de travail des groupes d’experts, les groupes de physique et de chimie se réunissaient pour discuter de ces programmes à peu près une fois par semaine et plus souvent sur une journée plutôt qu'une demie journée. Cette rénovation des programmes ne s’effectue pas en cercle fermé. Les GE consultent des organisations, des observatoires disciplinaires comme en mathématiques avec la commission Kahane. Ceci dans le but de connaître leurs opinions sur les programmes. Les syndicats, les associations de professeurs sont également consultés et plus ces dernières sont puissantes et plus elles ont un impact sur les programmes.

Les GE rencontrent le CNP relativement régulièrement, au moins une fois ou deux avant la publication finale des programmes pour préciser l’avancement, les directions prises…, le CNP jouant ici un rôle consultatif et de suivi par rapport aux orientations de la lettre de cadrage. Donc, plus le CNP suit de près l'évolution de la fabrication du programme et mieux cela se passe à la fin.

• Classe de Seconde : de 1998 à 2000 • Classe de Première : de 1999 à 2001 • Classe de Terminale : de 2000 à 2002

• Arrivée des étudiants « nouveaux programmes » dans le supérieur : 2003 Refonte des programmes de sciences physiques pour les classes de lycée

Il y a aussi une consultation nationale c’est-à-dire que le premier projet de programme est envoyé à l'ensemble des professeurs de la discipline dans la France entière et les recteurs d'académie sont chargés de relever et d'analyser les résultats de cette consultation. Les rapports des recteurs sont ensuite transmis au GE concerné qui en tient compte pour la rédaction définitive du programme. Le CNP émet alors un avis sur ce programme définitif. Dans une grande majorité des cas l'avis est positif. Les quelques cas où l'avis a été négatif sont principalement dus au non-respect de la procédure, à l’exception du cas de la philosophie qui était bien plus compliqué.

Après l'avis du CNP c’est au conseil supérieur de l'éducation de donner un avis. Mais, ces deux avis ne sont que des avis consultatifs. Seule la décision est prise par le ministre, décision qui doit être prise quatorze mois avant l'entrée en vigueur du programme.

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Ce laps de temps est en principe suffisant aux rédacteurs de manuels scolaires. Mais cette rédaction de manuel scolaire débute très souvent avant car les GE au cours de l’élaboration des programmes rencontrent les éditeurs pour préciser leurs directions de travail.

3- ÉLABORATION DE LA LETTRE DE CADRAGE (CNP) 3.1. Réflexions préliminaires

Les questions que se pose en amont le CNP pour rédiger sa lettre de cadrage concernant le programme de sciences physiques sont les suivantes :

Que faut-il apprendre à l'école ?

Pourquoi faut-il enseigner la physique ?

La réponse émise par les membres du CNP à ces questions est que la physique, la chimie, les sciences en général font partie de la culture au même titre que les humanités et que cette culture doit être enseignée d'une manière ou d'une autre, même s’il est évident que celle-ci n’est pas la même pour un élève qui sort du collège, pour un élève qui a un bac scientifique ou un bac littéraire ou pour un ingénieur. Il faut donc pour cela que les programmes de sciences fassent apparaître des éléments culturels c'est-à-dire une vision un peu globale des choses, des éléments d’histoire des sciences.

À ces questions s’ajoutent des questions à caractère scientifique et pédagogique telles que :

À quel stade faut-il introduire un champ nouveau de connaissances ? Pour les sciences expérimentales à quel niveau, faut-il essayer de

diversifier, d'identifier les différents domaines, c'est-à-dire à quel niveau faut-il séparer technologie, physique, chimie biologie, sciences de la terre ?

Pour le CNP, il n'est pas question de faire apparaître en tant que telle les différentes disciplines scientifiques au primaire. Les membres du CNP pensent également qu’il serait préférable d’avoir un pôle scientifique en 6e et de commencer la diversification, l’identification des disciplines progressivement à partir de la cinquième, quatrième en distinguant déjà sciences de la matière et biologie pour ensuite, probablement pas avant la troisième faire la distinction entre physique et chimie.

Comment introduire un champ de connaissances, que faut-il donner : les méthodes ou les concepts ?

Actuellement, quand on parle de méthodes dans le cadre d’activités scientifiques à l’école, on pense immédiatement aux principes, à la méthodologie décrite dans le cadre de l’opération la main à la pâte : « on

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choisit un objet d'étude ou le maître choisit un objet d'étude et puis on observe, on questionne et puis on expérimente ». Ce principe donne

effectivement une méthodologie mais si derrière il n'y a pas un « vrai » programme, avec un « vrai » savoir à acquérir alors on risque de courir à la catastrophe.

Il est donc important de donner les concepts en même temps que la méthode. Mais, évidemment les concepts doivent prendre plus d’importance au fil de la scolarité.

Le CNP se pose également des questions d’ordre disciplinaire du type :

Qu'est ce que la physique ?

Quel est son discours spécifique dans le cadre du curriculum ? Quel message veut-on dispenser ?

Il y a plusieurs choix de présentation de la physique mais pour faire un choix, il faut avoir une idée de ce qu’est la physique. Un premier choix qu’on peut discuter et qui a été évoqué précédemment : une entrée par les objets ou par les théories ? Mais on peut aussi dire que la physique est une explication des phénomènes naturels, que c'est ce qui a permis d'améliorer ou de détruire notre existence. La physique peut également être regardée avec une vision unitaire (la matière est la même partout) ou une vision en petits domaines.

Quand on regarde les programmes de sciences physiques anglais au niveau du collège et du lycée, on constate un enseignement par domaines complètement séparés.

Un autre problème qui se pose est : comment faut-il introduire la physique moderne ?

Ceci n’est pas évident et là encore, des choix sont possibles. On peut considérer que la physique moderne relève de l'université et dans ce cas on va s’efforcer au lycée de construire des bases suffisamment solides. Mais, on peut aussi dire que c’est un peu suranné et qu’il vaut mieux parler de choses nouvelles telles que la mécanique quantique, la relativité etc. Dans ce cadre-là, on est contraint de faire une certaine vulgarisation.

3.2. Contexte et contraintes

Cette lettre de cadrage doit prendre en compte un certain nombre de contraintes dans un contexte national.

La première contrainte est le cadrage horaire, puisque les horaires ne sont pas fixés par le CNP, et les modalités d’évaluation, car à chaque fois que quelque chose de nouveau est introduit dans un programme on vous demande « comment évaluer ça ». Par exemple en physique et chimie il y a

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des TP qui font partie de l'enseignement, il faut donc réfléchir à l’évaluation de ces TP.

Le public constitue la deuxième contrainte puisque celui-ci n'est pas le même d'une classe à une autre. Par exemple, la seconde n'est pas la même chose que la première S et la terminale S dans la mesure où elle est moins finalisée. Il faut penser que la plupart des élèves de seconde ne feront pas par la suite des études scientifiques et même pour ceux de première et de terminale scientifiques, la plupart non plus ne seront pas des scientifiques et encore moins des chercheurs du domaine. On n’écrit pas un programme pour de futurs chercheurs mais simplement pour former des citoyens conscients de la discipline.

Les enseignants sont aussi une contrainte. Par exemple, un pôle scientifique a été précédemment évoqué pour le collège, mais actuellement il n’est pas possible qu’un même professeur enseigne à la fois la physique et la biologie. Il faut donc s’interroger sur comment contourner cette contrainte. La mise en place de formation continue est également une contrainte car lorsque de nouvelles notions, inconnues – non maîtrisées par les ensei-gnants – sont introduites dans un programme, il faut penser à mettre en place des formations pour les enseignants.

Les structures sont également à prendre en considération car s’il y a des TP il faut d’une part que les classes puissent être dédoublées, d’autre part des locaux spécifiques et enfin du personnel supplémentaire.

En France, le choix a été fait de coupler physique et chimie, mais ceci ne constitue pas une obligation internationale. Dans beaucoup de pays, le couplage physique et mathématiques prédomine et puis celui chimie et biologie. En France, la physique irait aussi bien avec Sciences de la Terre que la biologie.

4. QUE DIRE DES PROGRAMMES ET COMMENT LES ÉVALUER ?

4.1. Faire un programme, c’est faire des choix

Faire un programme c'est faire des choix et la question des choix est une question essentielle car tout le monde s'accorde pour dire que dans le programme il doit y avoir l'essentiel et qu’il faut éliminer tout ce qui est accessoire. Mais quand il s'agit de passer à l'acte, tout le monde dit : « on a

oublié ceci » ; « ce n'est pas possible » ; et on se retrouve avec des

programmes trop lourds. Bien sûr, ce n'est pas parce qu'on en met plus que c'est trop lourd mais c'est parce qu'on veut l'enseigner plus intelligemment. On veut que ce soit mieux compris, on veut que les subtilités qu'on n’avait pas autrefois soient mises et pour faire passer tout ça il faut du temps et

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c’est pour cette raison que l’on dit ensuite que les programmes sont trop lourds.

4.2. Des cohérences verticale et horizontale

Pour envisager la refonte des programmes sur plusieurs cycles, il faut des cohérences verticales et horizontales. Les premières sont généralement bien effectuées à l'intérieur d'un cycle parce que c'est le même GE qui pilote la rénovation sur tout le cycle. Par contre, la cohérence d'un cycle à un autre est moins évidente. D’ailleurs si on regarde les programmes des différents cycles, on peut constater qu’il y a des domaines qu’on retrouve à chaque fois, par exemple l’électricité. Est-ce que le fait d’aborder toujours le même domaine, même à des niveaux différents ne risque pas de lasser les élèves et de leur faire perdre le goût pour la découverte ?

Pour ce qui concerne les cohérences horizontales, c’est-à-dire les liens entre les disciplines, il y a eu beaucoup de progrès durant ces dernières années notamment avec la mise en place des TPE au lycée et des IDD au collège. La relecture des programmes de collège par des groupes d'experts communs pour les humanités d'une part pour les sciences d'autre part a constitué un travail important dans l’harmonisation des programmes.

Alors bien sûr il y a encore des efforts à fournir pour envisager :

- un enseignement de sciences et de technologie commun dans les premières années du collège ;

- l'introduction de l'histoire de sciences que ce soit en histoire ou en sciences.

5. LES NOUVEAUX PROGRAMMES DU LYCÉE

D’ENSEIGNEMENT GÉNÉRAL : L’EXEMPLE DE LA CHIMIE 5.1. Le séminaire « sciences expérimentales au lycée » (Treilles, 6 et

7 février 1999)

Après la prise de décision de réformer les programmes, un séminaire a eu lieu à la Fondation des Treilles les 6 et 7 février 1999. Ce séminaire fondateur réunissait des représentants de toutes les disciplines concernées (CNP, GE, Sociétés savantes, Académie…), c'est-à-dire de toutes les disciplines scientifiques plus les mathématiques. Il avait pour but de dégager les grandes lignes des futurs programmes de sciences expérimentales et accessoirement en mathématiques des trois années du lycée.

Donc, lors de ce séminaire il y a eu un certain nombre de recommandations générales qui ont été émises, notamment, donner du sens à l'enseignement dispensé au lycée dans sa globalité, l'idée étant effectivement :

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• de faire passer des messages interdisciplinaires pour essayer de légitimer une discipline dans l'enseignement d'une autre discipline ; • d'avoir des lignes de force par année. Traditionnellement il y en avait

une en terminale qui était le temps ; celle-ci a été conservée. De même, traditionnellement aussi en France en première on aborde l'énergie. Le but était d'essayer qu’un même champ soit traité simultanément par plusieurs disciplines.

• de rendre visibles et lisibles les programmes par les autres collègues des autres disciplines avec lesquels il pouvait y avoir interaction ;

• de donner une liberté pédagogique aux enseignants dans le cadre d’un volume horaire qui restait à définir.

5.2. La chimie des classes scientifiques du lycée français

Quand on fait le bilan d'un enseignement classique de chimie en France et en Europe modulo les points développés précédemment quant à une approche relevant parfois plutôt de la vulgarisation scientifique dans certains pays anglo-saxons, on retrouve un socle commun de points abordés : Atomes –ions –molécules –état solide ; Stabilité des édifices ; Propriétés physiques (ex : solubilité) ; Réactions d’oxydoréduction ; Piles et électrolyse ; Dosages ; Réactions acido-basiques ; Cinétique chimique ; Équilibres chimiques ; Stéréochimie ; Chimie organique. Sur ces contenus, il y a consensus international.

Dans le cadre spécifique de la chimie, il y a une singularité qui se caractérise par des activités, par des concepts et par des objets. Ceci s’explique par le fait que les conditions économiques liées à la chimie ne sont pas prises en considération de la même façon que dans les autres disciplines. De plus, nous sommes le pays à avoir le plus de TP en chimie. 5.3. Des réflexions générales autour de la chimie

Le cadrage passe par une première phase de réflexions générales. Certaines sont très objectives, par exemple le cadre historique qui permet de faire apparaître un certain nombre d'éléments autour de la chimie.

La chimie a à peu près 200 ans dans sa définition moderne. Elle a démarré par une approche extrêmement empirique qui a essayé de dégager des règles. Tout ceci s'est clarifié a peu près à la fin du XIXe siècle pour passer à un monde complexe et aujourd'hui, vu l'état d'avancement de la chimie, on peut dire qu'on est dans un monde intelligible.

Cet aspect historique a des conséquences sur les messages à dispenser dans la discipline. Dans l’évolution de l’enseignement de la chimie, on peut remarquer, dans l’Entre-deux-guerres, le passage d’une chimie racontée à une chimie basée sur l’atome. Ce fait est dû à l'évolution de la chimie, à la

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maturité de la discipline. Cette évolution s’est faite très vite, en moins de 200 ans, ce qui n’est pas énorme en nombre de générations d’enseignants. La chimie est caractérisée aujourd’hui par des connaissances très diverses, issues d’une multitude d’objets qu’elle manipule, mais basées sur très peu de concepts. Ceci fait donc apparaître deux entrées possibles : soit l’entrée par la diversité, soit l’entrée par une vision très unifiée du discours. Si le premier choix peut paraître un élément de motivation pour les lycéens, le second choix peut apparaître comme très rassurant.

En chimie, il faut repérer ce qui relève de l’apprendre et ce qui relève du comprendre. De plus, il y a une part importante d’implicite notamment autour de symboles que tout le monde manipule. Par exemple, la réaction chimique est utilisée, est manipulée sans réellement s’interroger sur ce que c’est.

Dans le cadre d’un cadrage pour un nouveau programme il faut se positionner par rapport à tout cela. Par ailleurs, l’industrie chimique est un acteur important, qui demande la prise en considération dans les programmes scolaires de la dimension économique.

D’un point de vue fondamental, la chimie décrit la matière à deux échelles, au niveau macroscopique et au niveau microscopique et elle est basée sur deux notions, la notion de structure et celle d’évolution. Au-delà de ces concepts il faut faire apparaître la chimie comme une discipline qui a une maturité suffisante pour lui permettre de fonctionner comme une technologie, c’est-à-dire comme une discipline qui réalise des objets, les molécules, à partir de règles empiriques ou de cadres théoriques qui ont été développés.

5.4. La chimie et les autres sciences expérimentales

La cohérence verticale est assez simple à mettre en place dans le cadre d’une refonte des programmes de chimie de lycée car le GE a connaissance de ce qui est fait au collège. Par contre, la cohérence horizontale avec les disciplines connexes (physique, biologie et sciences de la Terre) pose problème. Les points de passage entre la chimie et ces disciplines connexes sont explicités dans le tableau page suivante.

Il est difficile de tenir un discours cohérent auprès des lycéens notamment au sujet de l’énergie parce que les entrées prises par les disciplines pour aborder l’énergie sont différentes. Les physiciens abordent l’énergie par la mécanique avec une vision très structurée (énergie cinétique, énergie potentielle etc.) ; les biologistes, eux, s’intéressent aux systèmes dissipatifs qui sont tout sauf des systèmes mécaniques et ce qu’ils voudraient, ce sont les fonctions liées au second principe dès la classe de seconde c’est-à-dire l’énergie libre, l’entropie etc. Ils ont donc une exigence très différente

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qualitativement, les physiciens situent par exemple l’entropie en maîtrise et les biologistes en seconde.

Physique Biologie Sciences de la Terre

Cohésion de la matière Structure moléculaire et aspects connexes

Structure et réactivité Évolution des systèmes :

le rôle du temps Des transformations chimiques complexes Cinétique et équilibres chimiques La mesure

Discours sur l’énergie centré sur les systèmes mécaniques

Discours sur l’énergie centré sur les systèmes ouverts dissipatifs

L’essentiel des évolutions qu’il y a eu dans le programme de lycée a à voir avec la gestion du dilemme autour des critères d’évolution. Le cadrage a donc été de s’appuyer sur deux notions, structure et évolution, et de demander au GE de définir, de dégager quelques relations structure -propriétés car c’est ce que sait faire un chimiste. Le chimiste étant l’homme à qui parlent les molécules, à qui parle la matière, que ce soit du côté des propriétés physiques ou des réactivités. Puis, autour de l’évolution c’est comprendre quels sont les moteurs de l’évolution dans le cadre d’un cours de chimie. Ceci a soulevé un certain nombre de problèmes autour de ce qui est de l’ordre d’une transformation et de ce qui est de l’ordre d’un processus d’évolution donc la réaction chimique.

5.5. Le programme de chimie de la classe de seconde

Le programme de chimie de la classe de seconde doit prendre en considération trois populations distinctes : ceux dont l’activité profession-nelle sera très éloignée des sciences et qui, de ce point de vue, constitueront « le grand public », ceux qui, à titre professionnel seront utilisateurs de méthodes ou techniques relevant des sciences physiques, et enfin les futurs chimistes (au sens large) ; il doit d’autre part respecter les spécificités propres à la discipline, en présentant à la fois son importance économique et sociale ainsi que son identité dans un cadre conceptuel cohérent.

Pour cela, le programme de chimie a été construit sur deux principes directeurs :

• Se centrer sur les fondamentaux : c’est-à-dire que les objectifs du programme doivent être clairement identifiés, affirmés et limités. Un enseignant quand il rentre dans sa classe doit être capable en une phrase de résumer ce qu'il va dire en 1 h – 1 h 30.

• La prééminence de l’expérimental. La demande était d’aborder la notion par une entrée expérimentale. La mise en situation « expérimentale » de

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l’élève, essentielle, devait être privilégiée et utilisée pour éveiller l’intérêt de l’élève et susciter l’interrogation, l’identification puis la formulation de questions, l’obtention et l’analyse des réponses. C’est à la fois une méthode d’enseignement et un outil d’évaluation.

Ces axes de cadrage issu du CNP sont ensuite explicités par les groupes d'experts et se traduisent par une production qui est le programme. Pour la classe de seconde, il y a 20 % du temps qui est dégagé sous forme d'un enseignement thématique dont le champ, la progression et l’organisation sont laissés à la charge de l'enseignant. A contrario, l'enseignement dit fondamental qui représente 80 % du temps est lui très défini. Ce programme de chimie de la classe de seconde se décline de la façon suivante (voir tableau).

La chimie est omniprésente dans notre existence, autant au travers de la réalité matérielle du monde qu’au travers de son importance dans les sociétés humaines.

… activités de documentation et d’observation (approche de chimiste d’un objet naturel, inventaires des domaines où intervient la chimie…), travaux pratiques présentant quelques-unes des grandes opérations de la chimie (extraction, synthèse, purification, caractérisation, dosage…) dans une perspective historique.

La diversité du monde matériel s’entend à partir d’un nombre réduit de constituants fondamentaux dont l’organisation est « compréhensible » à l’aide d’un nombre limité de concepts.

… Les aspects structuraux soulignent que la diversité de la matière résulte des variétés d’assemblage i) des nucléons/électrons pour donner les atomes, les ions… ; ii) des atomes pour donner des molécules ; iii) des molécules pour donner des phases condensées, dont les propriétés « collectives » ne se résument pas à la somme des propriétés individuelles.

… La présentation des lois de conservation est envisagée au sens de Lavoisier (« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme »). La « réaction chimique » est abordée sans considération microscopique mais avec le soucis d’établir une distinction entre le bilan de la transformation d’un système chimique et ce qui gouverne son évolution (la réaction chimique).

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TABLEAU : PROGRAMMES DE CHIMIE ET DE

PHYSIQUE DE LA CLASSE DE SECONDE DE LYCÉE

D’ENSEIGNEMENT GÉNÉRAL

CHIMIE

• I. « Chimique ou naturel ? » (4 TP, 8h)

 1. La chimie du monde : mise en évidence de l’ubiquité des

espèces chimiques

1.1 Inventaire et classement de quelques espèces chimiques

1.2 Espèces chimiques naturelles et espèces chimiques synthétiques

 2. Le monde de la chimie : approches expérimentale et

historique de l’extraction, de la séparation et de l’identification d’espèces chimiques

2.1 Techniques d’extraction d’espèces chimiques organiques

2.2 Séparation et identification d’espèces chimiques

 3. Le monde de la chimie : la synthèse des espèces

chimiques au laboratoire et dans l’industrie 3.1 Nécessité de la chimie de synthèse 3.2 Synthèse d’une espèce chimique

3.3 Caractérisation d une espèce chimique synthétique

• II. Constitution de la matière (4 TP, 8h)

 1. Des modèles simples de description de l’atome

1.1 Un modèle de l’atome 1.2 L’élément chimique

1.3 Un modèle du cortège électronique

 2. De l’atome aux édifices chimiques

2.1 Les règles du duet et de l’octet

2.2 La géométrie de quelques molécules simples

 3. La classification périodique des éléments • III. Transformations de la matière (4 TP, 8h)

 1. Outils de description d’un système

1.1 De l’échelle microscopique à l’échelle macroscopique : la mole

1.2 Concentration molaire des espèces moléculaires en solution

 2. Transformation chimique d’un système

2.1 Modélisation de la transformation chimique : réaction chimique

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PHYSIQUE

• I. Exploration de l’espace (5TP, 10h)

 1. De l’atome aux galaxies

1.1 Présentation de l’univers 1.2 Échelles de longueurs 1.3 L’année de lumière

 2. Messages de la lumière

2.1 Un système dispersif : le prisme

2.2 Les spectres d’émission et d’absorption 2.3 Application à l’astrophysique

• II. L’univers en mouvement (4 TP, 8h)

 1. Mouvements et forces 1.1 Relativité du mouvement 1.2 Principe d’inertie 1.3 La gravitation universelle  2. Le temps 2.1 Phénomènes astronomiques 2.2 Dispositifs construits par l’homme

• III. L’air qui nous entoure (3TP, 6h)

 1. Du macroscopique au microscopique

 2. Lien entre agitation thermique et température : équation

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