• Aucun résultat trouvé

Essai d'analyse de quatre contes de fées de Madame d'Aulnoy

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Essai d'analyse de quatre contes de fées de Madame d'Aulnoy"

Copied!
96
0
0

Texte intégral

(1)

-~--~ . - - --~~---~---~.~---~---

..

---

... .

1

t.

UNIVERSITE McGILL

ESSAI D1ANALYSE DE QUATRE CONTES DE FEES DE MADAME D'AULNOY

par Danièle Simps.on

"

THESE PRESENTEE A ".LA FACULTE 'DES E'œDES AVANCEES ET DE LA UCHERCHE REMPLISSANT PARTIgLLEMENT LES èONDITIONS D'OBTÈNTION DU DIPLOME DE.MArtRxSE ES ARTS

,~ , " AOUT 1975

,@

DANIELE SIMPSON

1976

.

\ ~ . ; , . ~'.' ,t<.r.'< •. l ' . ' '1'

1

(2)

(

,

i

f

1

r

J

:~

r

('" , . i t

f

- y ~

0

:\ 1 • 1 RESUME

La th~se

est

divis~e

en trois chapitres d analyse et un

de conclusions.

Dans le

pr~mie~

chapitre les quatre contes sont analysés

18, méthode de Vladir!tLr Propp. pour déterminer les aotants et

let1r~

fonotionô3

propre~

au conte traditionnel ,et voir oomment

le~ conte~

de Madame d'Aulnoy

suivent ce

mod~le.

Dans le

~econd

chapItre les actants sont

~tudié, ~ous ~'angle,de

leur

p~chologie

afin de définir leurR motivations et leur code d'éthique.

On

y

voit l'influençe de la préciosité.

Dans un

troisi~me

chapitre l'analyse sémiologique du d&cor

~rmet

de raire des extrapolations psychanalytiques concernant l'auteur.

Dans le dernier chapitre des

hypoth~ses

psycho-génétiques sur

..:~ ~ ~

,Madame d'Aulnoy sont formuléè s.

-1,

·

·

.

,

,

.-'1 • :r

.

,,---,

J~

t ,

(3)

. -'t,

...

, , .... , \, ... ~

,

,

-.

,,"-'

.

.

," ,

\

- • 1 - --~--,---, --~--,---,

r

\

ABSTRACT

\

\

15 divided in three chapt.ers of analy'tical studies and one of. general concl

er, the four tale'! are analyzed accoroi?g to Vl

r

Propp!s method t de~ermine the roles and fUnotions caraoteristio of and t~ see in what way Madame d'Aulnoy's tales follow

\'

-eir p~hology to unmask their motivation~ and their oodo of e hies. Thore In the ~~cond chapter the plfptagonists are studied

Of

the basis

is a strong influ~nc~e of the movement called "prC§cio'iité".

1

\ ,In th. last

Chapt~r

.omo ps:rcho-g.n.Uc hypot,h ••• ,

~onc.rning

Madame

1

d'Aulnoy are fOl'lnUlated •

/

;' / , t .

,

• , »

.

.,.' .:> '

-, ;. l Il 1:

,

1

,

, \

(4)

i l ' . i

j

.:, .;.1

c

o

, , PREFACE ,

.

1

1 J'ai voulu dan~ oette "tMse exploiter au maximu'm les différente 5

..

méthodes. d'analyse d'un texte, morphologique, hi~torique ~t sémiologique, pour

. ~ arriv,r

à

oerne.r l'auteur dans toute ~a oomplexité d'être soumis

à·

de"s contraint~s

.

.

~tylistiqueq, littéraire~, 50cia1e~ et psychologiques.

"Chaque analyse met en lumi~re un aspect du. ;texte et permet d' arri-ver A une oonnais,ancè plus n\laneée et peut-8tre plus riche de la personnalité de Hadame d'Aulnoy.

Pour ce .rr~ je me suis inspirée des méthodes d'analyse èonnu~ .. que .j'ai adaptée, et

ut

ili sée. $.. cotmne 'il·me .. emblait néoes~a1re pour. répondre aux

exigences de mon objectif. )

. \ .' '

..

~ .~ "

" ~\ .. r • ,

"

",,~,

J

':;~I;.}.L~.:;:-;;:::-"'''!'''l!!',.l~,!'!I,.I!!!Q!I. _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ " -_ _ _ : ... '~.,..,.;--~~-~

(5)

$

~

'"

"

"

i

" 1 ~ ~ 1. ~~~ Î"

..

-r

t

~ "

\

t

r. 1\ ;;

"

" \\

.

\ INTRODUCTION

Madame d'Aulnoy est un personnage assez mystérieux. On hésite quant à la date prééise de sa naissance, est-ce en 1650 ou en 1651, et l'on n'est pas', tellement plus certain de celle de sa mort, le

13

janvier

1705

? Elle eut le mérite de donner naissance A six enf'll1ts don(la plupart n'étaient "'probablEJI\.ent

. ~ ~

pas de son mar i sans que per sonne ne sut vraiment qui étaient le 00 les ptJres.

A cette époque et tl.1lî 5 le milieu où elle vivait, c'

~t'l.it

déjà ë'preuve de

force.

-"- --.;r

$..f J..'~

fAa" .•

L'lle~

~M"~niW+~'-"~"~""~",,,,.

.D _ . . . d' • li ) Car lorsqu'elle monta contre

son mari, le b:u-on d'Aulnoy, une intrigue destinée à le faire condamner à llIOrt

.

'.-I--;(~

pour crime de l~se-majesté et que ce complot fut pi ) cl ' et Geux de ses

compli-/~'

cee exécutée, ~~dame'd'Aulnoy réussit

A

sauver sa .ie et n'eut qu'A se retirer dans un couvent le temps qu'on oublie l '·affaire.. Une autre dame, Madame Ticquet, qui avait essayé le même· stratag~me~ y lAissa sa. t3te- en, 1699. Qui la proU ....

t 'Î.l

eeait? Nul ne sait. Madame d'Aulnoy était la. ~étion rn8rne quand i l

s'agis-sa:i,.t de sa. vie privée. .,.

~\

CI~tüt s~rement une fanme intelligente, 'ou à tout,l~ moins astucieuse

,

-et qui n'avait p'lS fra,id a.u.x yeux. A dix-huit aile elle a~ait déJA eu quatre

enfants que son mari reconnaissa.;tl

~

s' ihen· était probablemer,t,

~s

le pàre ./"

~/

puisque lui-mbe s'intéressait davanta,ge aux homme's qu'aux femmes. Ëlle

'es~

;.~

-

;.

"

,./

" , . ' 1 /

deùx fois de Be' d~ba.rrasser de lui. Deux fois fue échoua sa~

9u

'11 ~rit ,a.u c une'

'\ j

'mes\ll'e contre elle. ' '. \.'--//

(6)

person-) r , , .-,

,

J

1

nage 11 n'est pa$ ~tonnant d'aPfTendre que des auteurs lui contestent la paternité de certaines Oal vres. Jeanne Roche-Mazon dans 00 n livre intitulé "Autour des

contes de fées" cite M.P.V. Delaporte qui soutilnt dans sa th~se Sllr "Le mer-vei11eux dans la littérature française srus le rllgne de Louis XlV" 'u'il faut

.. 1*. rendre le recueil Les nlustre!! féee publié en 169S à un dénomm.~ Lescouvel.

Elle écrivit, entre autres, des Hémoires et des Relations de voya-ges en Espagne et en Angleterre, de!lr.t on ne sait vraiment si elles ont été in-ventées de toute\piècE$oU si elles sont authentique!!. Elle se fit d'abord une réputation avec ses Hémolres de la cour d'Espagne publillr:$en 1690 et 1mmédiH,ment... \ suiviee en 1691 par les Rèlations de voyage ·en Espagne et en 1692 par des ~­

velles espagnoles. En 1695 ce sont les Mémoires de la cour d'AnpJ.e.t.erre aUXquel-les firent suite le Comte de Warwick, seul ouvrage qu'elle ~it signé de son nom en entier.

.'

Quelle qu'ait ~té sa vie pr~vée~ Madame d'Aulnoy était très appréciée " ~. de se! contemporains. MadaJœ de Junat écrit dans son Journal manusc!it "qu'on

ne s'ennuyait jamais avec elle et qué sa conversation était vive et enjou~e et

,

, z . '

bien au-dessus de ses livres. ( ••• ) C'~tait une personne dont l'esprtt a été connu et estimé de beaucoup de monde.fI En ef-fet, élue A l'Académie des

Rico-vrati de Padoue, elle avait été sqrnODlllée Clion l'Eloquente par ce qu'elle aimaU à. conter. Pourtant Madame de Junat n~s appre~d qu'elle" ne se t'lisait pa~ une étude d' ~crire, elJ.e écrivait ( ••• ) au m1lim et au bruit de mille gens qui

~

venaient chez elle." Elle avai~ une imagination folle. C'~tait selon Elizabeth

Storer "l'auteûr le plus fécond en mervr:illeux de tous les auteurs de fécSr1e

~

. *'le8 annotations renvoient , à la fi~ de l'intro~uction

\

(7)

,

J :

"

..

4

et se situe tout de suite après Charles Perrault pour les contes de fées. 1I4

Le per sonnage de Madame d'Aulnoy est f as cinant • Par ses secrets,

""

ses talents, son indépendance. Pourtant l 'histoire ne nous apprend que peu de choses ~ son sujet.

.

Restent ses écrits. Se~ oontesl Ne pourraient-ils justement nous aider à percer les secrets de sa conscience, une fois dépouillés de leurs

.r-contraintes lit~éraires, philosophiques et historiques. C'est ce que ce travail -,

s'attachera à .4'couvrir après avoir identifié une ! une ~e5 différentes influ-ences auxquelles ~e plie l'auteur.

i

Puisqu'il s'agit de conte&, nous étudierons d'abord les structures inhérentes aux contes populaires, ativdnt la mPthode ne ProPP. Ces contes sont influencés par la philosophie prpcieuse e~nous ~cherons de distinguer jusqù'A quel point Mad&me d'Aulnoy s'y rallie. Finalement, nous analyserons le décor

- ~ - ,

pOllr y tetr<,U v<-r des indices de 11'1 pe rception de la vie Ett

de

la société de l-iadame d'Aulnoy •

,

,

.

(

"

,-~

,

.

.. ~,'" ~-f ''fJ-. 't~ '. "

...

;f

(8)

}

h

5

1Jeanne

Roche-~zon,

Autour des contes

de t,ès (Coll.

Bt~de$

de litt'rature

é-trangln'e

et

compartte,

M.

Didier 1968)

p.

II

~ry

Elizabeth Storer,

La

mode des

contes de fées

tLib. Ancienne

Ho~. Ch~

pion

1928) P. 24

)id. '

4 '

id. p.

3)

.'

) ~, -,1

.

\

/

'.

..

.

'

,.

1

\

-G

---

' ,"> ,

..

' , (' :

(9)

..

( , ...

'-r

~~ .. ' ~>- • ~::.

.

·f

\

...

Premier chapitre:

.ANALYSE NARRATIVE FONCTIONNELIE

,..

.

.

, ( 1

.

, , '

\

.

'.

-

, . ._ . . . ; . _-lÜ

\~

..

7 ' · . '

---~~

. .

:

~

. .

1 , \

J

/1

..

.

(10)

1

i'-'i" r' ...

t

~ ~ ~

1

r

r

A) La vague de'" conte"'. Leur origine.

,C' e ~t en 1690 què Madame d'Aulnoy, qui croyait le moment propice,

g1i~c;e danS' la trame d'un roman. L'Hicstoire de l'Hywlite, comte de Douglac:,

un conte merveilleux. Pr~va.r8it-elle le "'uecèe qu'elle aurait? Peut-être. , .

Toujours·e~t-il que la popularité ~ge engagea d'autres auteur'"

A

5ui",.., cette voie.

Char/~ll;

publia Hi-.toire. du remp, pas<é et cet ouvrage eut un tel _~~Q qu'il fit l'objet de deux tirage'" succe5~ir5 chez

~

Barbin,

~ler

d~s con:re:façon~

- et

~it

comprendre aux auteurs

pr~e~~

~'

~iter

une mode que les contee;

~erveilleux

étaient une

~ntrepri!)e

renta- '

a

~~---.

-~

. ,'{

~_~ ble. \

,

! 1 (.

K~ame d'Aulnoy, qui ne manquait pa~ d'ingéniosité, avait sans,doute senti '(enir le vent. Sinon c omment aurait-elle pu publier, trois mois· seule-',mënt

apr~!!i Charle~ perr~t.,- ~on

recueil de Contas de·Féès? Elle devait les

\:

avoir en portefeuille bien' avant la publioation du recueil de Charles Perrault.

o • " .

,_---eCe-e-:IMerocue±l. d'histpfres merv'eilleus~c;; -·publié. che? Barbin, était divis~ en

wu-sieurs

Y-Ol~'

illustré

âerlg;-ett'e~

d'un goût nait.

'~~

...

/ ./ Il sera bientôt suiT! de plucs1eurs

8u~ree, sign~'"

par

difrére~:s

_---~9.

Le~

conteurs toic;onnent et lec; femmee sont en .majorité. -

~En

î69S,

, ~/

.--_.

.~-~~ -:::...--- la vogue de~ contes de téef' est li Clon apogée. "Chaque

moi!!

met au jour un ra-,

,

cueil nouveau. Vo\ci le~ Contes de! cont,s~demoiselle de la Force et les quatre volume" ~e~ Iées li la mode, encore de Madame d tA~n~ et les Illustf'e:!!,), . Fée'3 du Cheval~r de Mailly, sans parler de' la Mélusine de N~ot ni de~ Contes

- . . 1*'

moins contes qUe les autres du fée,ond nouvelliste Préchac. "

r

" Los annotations 90nt on tin do

.h'~

..

,

'.

-.it::!,~

"1: ....

l

,:,,'

. ' 11 .... .. ; .. ~

(11)

-(

r-. , 1

,

7

".

Il

Le~ auteur~ eux-mêmes avouent puiser abondamment pan~ le répertoire populaire: Il faut bien préciser qu'ils ne chercheQ~~là_qu'une inspiration et qu'ils n'ont aucun souci Cie re<;pecter le conte. Seule Mademoi~'elle l'Héritier, nUee de Perrault. el.le-même auteur de contes, peut se van'te~ de tirer ses con-tes de la tradition orale sans la déformer.

Mary Elizabeth Storer dans La mode de~ contes de fées écrit: "Il

1

ee't certain que le~ conte" de f€oee. existaient dans la tradition ~ à la 'fin du XVllème siècle, que cette tradition avait ~t~ maintenue da~<; le peuplé, pa~­

mi les nourrice.:; et le<; ~ouvernante'5 et que lec: conteure.

'lont inc;pirés de, là. ( ... ) Il est bien po"''5ible qu'une vieille ~ervante ait raconté à Madamé

à'Aul-2

noy en fant l ' Oi 'ieau bleu." "Que Florine. danq 1 'Oi<;e~u bl~m, doive

e~cala-~

der une'

mo~tagne

d'ivoire, ce1a i;it écho à beaucoup d'autre'i

lége~de'5

où l'on

1 3

est contraint de gravir une pente escarpée." "On retI'ouve dan!'l l 'Oi~eau. bleu 'de", élément~ de" lai~ de Yonee et de Ywenec de Marie de France. Les lais ne

gO

nt publiés pou~ la premi~re fois qu'en 1970. Cela n'empêcherait toutefois

.

.

pas Madame d'Aulnoy.d'~oir eu connai~sance du manuserit avant ~a Publication.

/ ' ~ . 4

Marie de France,dit elle-même qu'elle tient ses histoires de se~ aieules."

Mais il es\ ~galement évident que l'origine des contes ne' se trouve pas seulement dans la tradition orale. Mary Elizabeth Storer écrit encore: "A

... ...

..

coup sûr les tâches imposées par Vénus. Psyché ont rait naitre chez Madame

5

d'Aulnoy ce-lles que la méchante rée innlge à Gracieuse." Les contes de fées -fi

ont également été influencés par le Pentamerone de Don Basile, publié à Naples

, ~ D S

en 1637.··et ~r le~ Facétieu"Ses Nuits du seigneur Straparole; traduit pour la

~O

premUre fois par 7 e de!" Mil~ .... et une Nuits en 1704.

, 1

~

)

(12)

..

~

.

""

Pour sa part, Mare Soriano dan" les Contes de Perrault soutient que: "la vogue des contes entre 1$~5 et 1700 est et rec;té eS!5entiellement savante. Le courant "nal1'" auquè1 se ~ttachent Mademoiselle L'Héritier et Perrault ne re-présente qu'une 1'aible partie d'un mouvement plus vaste. Les Contes, paree qu'ils respe~tent ( ... ) l'esprit et la lettre de l'art oral constituent un

phé-6 nomène

sinoJ~ique;

du moins

tr~s

rare

A

l'époque."

Soriano a-t-il raison? Pour le savoir, il faut ..

en~er de"~~rouver

dans les contee;; de Madame d' Auln6y des structures ou de~ caractérist.iques proprec; aux contes en général. Cela peut 5e r~re en appliquant aux contes la ~thode

le.

. d'analyse des contes traditionnels mise au point par VladimiT Propp, _ struc-·turaliste russe.

B) La méthode d'analyse de Vladimir Propp

",

Vladimir Propp dans SQ. Morphologie du Conte a utilisé une méthode

d'analyse des contes rol~qtles qui lui ~.perrnis de découvri: une série de fonctions

et

de

~équeh~es

d'actions typique du

~ônte· ·r.ol~lorique.

Il en con-clut . que : fi 1.,.5/ élément s constanh, permanent!!l, du conte' sont

te-s.

-{onctions

~ ~

~

des personnàges, quels que soient ces personnages et quelle que soit la

~e

~"--.~~

dont cU fonctions ~ont remplies. Les fonctions sont les parties eonstitutiv.es '" 7

fondamentales du conte."

Par fonction, Propp entend "l'action d fun personnage d~finie du point de vue de sa signification dans le dc§roulemerit de l'intrigue."

En somme, le personnage en tant qu t Individu' partioulier, importe

peu. '."La volonté de!! personnag~!I, leur.s intentions ne peuvent être tenues pour

\ '

(13)

c

t

---~""

de~ signes consistants quand il s'agit de la définition de ces personnages. Ce n'est pas ce qu'ils veulent qui est important, ce ne sont pas les

s~nti-ments qui les animent, mais leurs actes en tant que tels, définis et évalués du point de vue de leur signification pour le héros et pour le déroulement de l'intrigue. La même chose nous apparait dans l'étude des motivations: les sentiments du personnage peuvent être hostiles, neutres ou amicaux, cela ne

8 change en rien le cours de l'intrigue."

"

Le héros d'un conte typique poursuit donc toujours le même objec-tif et,l'atteint toujour~ grâce aux mêmes moyens. Il peut y avoir deux sortes de héros (quêteurs ou victimes), 18s fonction'5 peuvent se suivre danc; un ordre différent d'un conte A un autre, certaines peuvent être omises, assimilées ou

rê~tée~ (une fonction peut avoir une double gi~lcation morphOlogique), mais les élémentG de la grille eux, sont toujours les même~. La variété se trouve dans la combinaison des éléments.

i: fonction des personna8!s

Il y a donc au départ une situation initiale qui sera transformée par un méfait qui engendre une quit., ou par un manque quelconque qui a le

âme

effet. Face

A

ce revirement de la situation le héros quêteur acc~pte ou décide d'agir. C'est le début de l'action.

Le héros quitte alors la maison. I l rencontre ensuite le donateur

qui donnera au héros un moyen (généralement magique) lui

permettant

de ~parer par la suite le tort subi. Mais avant de recevoir ee moyen, le h~ros devra

"_________

atre

soumis l des aotions diwtses, une 'preuve, un que~tionnaire, une attaque.

---"

"-~ait,

le

h~ro~

reçoit l'objet magique qui peut prendre toutes sortes de

~,

9

c

..

(14)

1:-

'{'

v'

~,'

"

!.\ ~ , .

l

jfiil , ~,

'::

.

.

~

t

~

t

!'

1 ,

r

10

formes: animal, objet d'où sort un auxiliaire magiAue, qualité e magique~ reçues directement par le h~ro~.

Pui~ le héro~ e~t amené, conduit ou tran~port~ prè~ du lieu où qe trouve l'ob~et de sa quête. Il y alor~ combat entre le héro~ et son agreqseur.

L'agre~seur est vaincu et le méfait initial réparé ou le manque comblé.

A

50n retour le héro5 e~t pour~uivi, pui~ eecouru, mai~ 5ubit un

~econd méfait. La quête reco~nce, il rencontre de nouveau le donateur,- subit

. ' ~

l'épreuve, reçoit l'objet magique puiq est ramené prè~ de l'objet de sa quête. Il arrive incognito. Un faux héros fait valoir deq prétention5 mensongères. On,,' propose au héro~ une tâehe difficile, il l'accomplit, on le reconnaît, le faUx

héro~ est déma~qué et le héros est transfiguré. Le faux héros ou l'agresseur

e~t puni et le hér~s se marie et monte sur le trône •

. Dans un conte typique, 'chaqué fonction découle de celle qui la pr~­ oMe de par une néce~roité logique et e..-thétique et l'action "e déroule dano:; les

'1'

limitee des fonction~ qui viennent d'être d~crite~.

l ,

,~ ii: répartition de~ fonctions entre les personnage~

Chaque perf'onnage a sa ~Plère d'aetion qui lui est propre. On

. peut donc définir un per"onnage par ses ronctions.

L'agre"s8ur se retrouve danq le méfait. C'eet lui qui lutte contre le h~ros et c'est qui le pourc;uivra.

-Le donateur, lui, pr'pare le héros

A

la t"&nsmi~sion' de l'objet

ID8-gique et le met à sa dieposition.

1..

,.il'

L'auXiliaire est un per60nnage qui aide le héros A" se d'placer vers l'objet de sa quite. Il peut également être présent au moment de la réparation

(15)

..

!

1

c

\

du méfait où du manque. Il apporte un ~ecour~ au moment de la poursuite. Il l'aide danc l'accompli~~ement~ ~a (ou ses) tâche (~) difficile (5). Il par-ticipe à. la reconnaisc:ance du héros v~ritable et à la punition du second agre"!-seur. Il peut au~~i être pr~~ent au moment du mariage du héros.

Le

héro"', lui, apparalt au moment du départ en vue de la quête, il réagit aux exigence., du donateur. accomplit 50n rôle et finalement se marie.

Le

taux héros peut re~~embler au héro~ en ce qu'il partira lui auqci en vue de la quête, qu'il ~ncontrera le donateur, mais ea r~action aux

11

exigences de celui-ci ~era toujour~ négative et see pr~tentions toujçur~

menson-Si le nombre de" fonctions est limit.~, le n~bre de ~~quences lui ne l'est pa,5: une nouvelle ~équence peut être intercaUe datl~ une I\équence qui

n'est pas termin~e. La 5~quence interoal'e peut être interrompue à son tour. Il peut y avoir deux Mtafts qui doivent être tous deux r'parés ou deux quêteurs, bret la longueur du conte Peut différer considéràblé~nt d'un conte à l'autre. Ce qui ne ehangt!!ra pa~, ce sont les fonctions et 1 '1naignittance des motivations,

mobiles ~u !gent1ments de~ actants.

c)

Les actants et les fonction!'! dan~ les contes de Madatne d'Aulnoy

\

.

te

corpu~ ~tudi~ comprend qu~tre eontes (te Madame d'Aulnoy:

\

Gr~-cieuse et Peretnet, La souris. Les texte~ de

Nous COIIIIlencerone par

,

\

Belie aux cheveux d'or, L'Oiseau bleu et la Bonne

~ite

.

\

ce~

.

contes se trouvent annex~t'I à la fin d,e cette th~5~.

\

~ \

1 . .

(16)

,

.

12

,

pour ensuite déduire de ces analyses des conclusions générales sur, les actants

et les fonctions de ces quatre textes.

i: Gracieuse et Percinet

Nous retrouvons dans ce texte les fonctions essentielles d'un conte

populaire. D'abord, la partie préparatoire au conte qui comporte une situation

initiale: le bonheur de

Gracieu~e,

puis la complicité du roi,

qon ~re,

et

1

Grognon qui engendre

l~ ~fait:

le roi abandonne sa fille

à

Grognon.

Entre en

sc~ne

le héros: Perctnet. L'épisode qui devrait su.1vre,

~'e~t-A-dire

la rencontre du héros et du

donBteu~ e~t

escamoté puisque Pereinet ,

a reçu des dons de

f~érie à

sa naissance. Il ne

r.~evra

donc ras d'objet magique"

i l

n'aura pa') d'épreuve A rubir.

rt§sultat est

d~jA

assuré, le héros

lui-.. , lui-.. lui-...Ji

même est magique. '

",

Le

déplacement du héros verq l'objet recherché est inutile: le

hé-... \ hé-... ~ r

ros s'est

déjA.dt§plae~ puisqu~

a quitté,

son

palais pour devenir le page de

Gracieuse. Si l'on veut, le déplacement a déjA eu lieu.

A

ce IIIOIDf!int du conte" Gracieuse joue le s deux rôles dt obj et,

recherché~

,

vts-A-vis du hé.ros-quêteur, Percinet, et de héros-victime vis-A-vis de l'agresseur

& P-u4~ ~'

'

Grognon. C.

n

dei rôle'3

explique~e

héros-quêteur

n'.

jamais A

rencon-~

-

,

L

trer l'agresseur, cette lutte

ét~t

assumée par Gràè:\:eu,se, héros-victime. Percinet

demeure cepndant un héros puisque \ c'est. lui qui porte secours Ala princesse.

L'is~e

de la lutte devrait être de mettre le héros Percinet en

pO~~e~~ion

de

'l'objet de sa quête,Gracieuse. Or, il n'en est rien.

Les

év~nement~ ~e suec~ent

donc

~nsi: agre~sion

de Grognon:

Gra-" .,..'

cieuse est battue avec

de~ verge~,

victoire de Gracieuse et de Percinet: Percinet

... --,...

(17)

\

f

, , '1 1 /

13

. change-le~ vergee en plumes, l' agre!"seur Grognon est vaincu~.

Puis: seconde agression de Grognon: elle fait conduire Gracieuse dans une dangereuse forêt où celle-ci est abandonnée, victoire de Gracieuse: Percinet ~a ~auve et l'am~ne chez lui, l'agres8eur Grognon est vaincue.

Le conte pourrait tr~g bien se terminer avec le mariage du héros

;r-et de la princesse. Mais encore une fob, i l n'en est rien. Gracieuse décide de

ren~rer: au chateau pour coneoler son ~re qui la croit morte. A ce moment, l'a-gresseur est démasqué: le roi reconnait ~a fille et réali",e la perfidie de Gro-gnon. Mais le méfait est ré~té: le ~re ~bandol\ne de nouveau sa, fille Il Grognon.

~La lutte entre l'agresseur et le héros-victime recommenoe. Cette fois l'agresseur est aidé par un auxiliaire magique, la fée qui inventera trois épreuves pour Graoieu~e. Trois fois Graoieuse sera soumise A des épreuves, trois

fois Percinet viendra lui ~rter 'Secours, sans que le d~roulement habituel se

pro-duise: mariage et soumissi9n de l'agresseur.

4,

Grognon attaque ençore une fob Gracieuse: elle l'enterre vivante. Percitlet sauve la jeune princesse. Et le mariage a enfin

lieU.

Grognon e~t tuée,

.

l'agresseur est donc vaincu. C'est la rée, auxiliaire magique, qui s'en chargera. Elle lui tordra le cou.

On retrouve donc dans ce cQnte la structure habituelle des co.es populaires avec cette seule except;ion: c'est Gracieuse qui décide de retourner chel son plre et donc de se, remettre entre les mains de son agresseur •. Or i l Il

,

déjll ét~ dit que les volontés des peJVtonnages ne devaient avoir Il~cune innuence .• sur le déroulement de l'action, ~'11 doit 1 avoir conte traditionnel. Gracieuse

(18)

1

lui rapt repou~~er Percinet

et

retourner chez son ~re? Il Y en a plusieurs.

--

"

L'amour de son père, d'abord, ensuite ses doute~ au sujet de'l'amour de Percinet. Ces deux 5entiment~ font partie d'un code d'éthique da1antage propre au XVllème

si~cle qu'aux contee; populaires: une jeune fille doit toujours être soumise

à

son ~re, la pitié est un sentiment noble. Mâis la véritable raison du retour de

Gracieuse, ce ~ont bien davantage les . crainte~'que lui inspirent ses faiblesses

.

1

pour Percinet. E11e ne veu~ pas lui céder trop vite et veut éprouver 50n amour avant de lui accorder ce qu'il désire. En cela elle ressemble bien aux précieuses

,

de l'époque et l'on voit l'influence de la morale précieuse sur le déroulemeht des éwnements •

.1i: , ~ Belle' aux cheveux d'or

Il Y avait une fois une pr~nëe5se si belle qu'on l'appelait la Belle

~

aux cheveux d'or

et

un jeune roi son

voi~in

qui n'était pas marié.

C'e~t la situation initiale. Celle-ci engendre non pas un méfait mais un manque: le roi devient amOureux et dé~ire épou~er la princt!t!'!"e. Il en-voie un premier héro!'>,l'ambassadeur. Ce 'n-'e~t pas W? vrai héros et i l échoue.

Le manque n'est pa~ cOIIbU. Le roi envoie un second héros: Avenant. Il part donc. L'intrigue ~e noue.

Pendant son voyage vers le royaume de la princes,e, le héros subit trois épreuves. A chaque fob il r.ed.re~l'!Ie un tort subi par uri être faible:' il !5auve la vie dtune carpe qui avait sauté hors de l'eau\ 11 .eauve un corbeau des attaque:!! dtun aigle et l1~re un hibou pris dans les filets des chasseurs. Ces épreuves devraient valoir des objets magiques

Ou

des auxiliaires magiques' au héros. Chaque

1

',.

animal sauvé promet 80n aide en temp8 nC§cessilire. Le h.§ros stassure du support, de

1

(19)

l.

-~ , ( .

,

o

\ \

,

15

\

troie 'auxiliaires magiques. l ' épi~od~ du héro

7

rencontrant le donateur est donc

-\

divi9é en deûx partie~: au cours de la premi~re partie le héros subit l'épreuve (ici elle sont au nombre de,trois) et un peu plùq loin dans le con"te, à"la

deuxi~-,

me p~ie' (elle-même di visée el!l sept épisode s), i l recevra l'aide magique au mo-ment où la prince~5e lui fera exécuter troie tâche~.

'Avenant n'est pa!' le héros vérita.ble pour la seule raison que c'est

, ~ lui qui reçoit l'aide magique. Il l'e~t au~qi parce que c'e~t lui qui accepte de répondre aux besoins du roi: il ira chercher la princesse. Il répond donc enti~re­

ment à la définition du h~ros, bien plus que l'ambassadeur qui lui, ne fait que son travail dtamba~sadeur et pas plu~.

Avenant arrive donc au royaume

de

la Belle aux cheveux d'or. Il

1

rencontre l'objet de sa-quête. Elle est séduite par Avenant mais il doit la gagner. Elle lui impose- troi'3 tâches dont i l devra s'acquitter avant de pouvoir la ramener

--'

~ son roi. Avenant accepte. En "étant c-elle qui impose le9.trôis tAches et qui torce Avenant

à

taire face à des difficultés insurmontables de façon n~turell$, la Belle aux cheveux d'or as~e en quelque ~orte le rôle de l'agresseur, si l'on

oonsid~re que l'agr~5seur, selon Propp,r8st respon~able des luttes contre le héros.

\

(Ce détail importe peu finalement dans l'identification"des fonctions, du conte

~is

i l parattra beaucoup plu!'l important lorsqu'on étudiera les atti'tudec:

de~

p4!lr-sonnages en fonction de l '.id,ei pr~cieux.)

Avenant doit donç retrouver une bague. au fond de la rivi~re. , C'est lA

qu'il reçoit sa premi~re aide magique. La carpe revient et trouve la bague pour lui.

La

premi~re tAche est e~cut~e. La prince9~e' lui ,en impese vne secpndè: il doit tuer: le monstJ;'8 Galifron.. Le corbeau vient à son secours et crive les yeux du

mons-.

\"

(20)

!

" •

;

!

.

t

i

G

/' ' ....

tre, ce qui ~rmet ll-Avenant: de lui coup$r la tête et de la rapporter à. la Belle.

Celle-ci est ~mervel1Uè du 'courage d'Avenant mais lui impose néanmoins une troi-sUme tâche: aller lui chercher dans une grotte protégée par deux dragons et rern-' ~ lie de' serpents et de crapauds de l'ea)f de la fontaine de beau:té et de santé. Au

~nt

où Avenant va

se·dhes~rer_.

le hibou apparaît et lui offre d'aller remplir d'eau le flacon de la princesse. C'est ainsi que ia troisi~me tâche est exécutée.

Le h~ros a gagné: la princesse le 'suit chez le roi qui l'épouse. En prinoipe l'histoire devrait se terminer ainsi puisque le manque a été oomblé. Mais il

y a un revirement de la situation et des rôles.

Un méfait est aocom~li: le héros est mis en prison par le-roi mandateur.

, '

Ce dernier est_ jaloux de vQir sa,.femme amoureuse d'Avenant. Avenant devient donc le

,

-.h~ros-V1otime"le roi devenant l'agre$seur.' ~ucun personnage ne pourra secourir

C

Avenànt. Il trame en prison malgré les 'exhortations de la Belle. Ce qui perdra le roi c'est sop désir d'être'plus beau ~r plaire A la Belle. ' Pour y arriver;. 11 se

.

o

i.

,

met de l'eau du !lac on sur le visag!'. Seulement, le

v~ritàble,

naoon a éU cassé

pa~

~ ....

une femme de chambre qui l'a remplacé san "J, le savoir par un flacon qui contient une

\

eau qui sert A faire mourir les nob~es criminels en les plongeant dans un sommeil dont ib ne reviennent jamais. Le roi meurt ·donc : quel prétext,e cousu ~e fil blanc! On voit bien que l'auteur voul&it se débarrasser de spn personnage.. Mais pourquoi?

Cela n'a rien

A

voir àvec les fonctions essentielles du eonte et c~la

va A l'encontre de la dt§finition du conte par ProJlP qui d:1t que les sentiments et

)

les intentions des personnage~ n'ont rien A voir avec le déroulement de l'aetion. Mais contentons-nous de noter que cette derni~re partie du conte ne répond plus à la

(21)

1

17

.

Une rois le roi mort, la B.11e vient d6livrer Avenant, lui offre de l '~pousel' et vit avec lui dans le borMeur et la s.ti~faction.

':..rI

est trh rare que ce soit l'objet de la quête qui offre d"pouser le h6ro!=l, mais. lA encore

le conte 'semb1e se plier davantage aux principes précieux

~'ai:

101s du

c~nte

traditionnel.

! iii: La Bonne petite souris

1. Il Y av8.it d'abord le pays de la joie où s'amusaient roi, reine et

,

sujets. Tout pr~s de

H.,

le royaume voisin, ..'le pays des larme~ où le méchant ra! se plalt à tuer et l torturer <se!! sujets. C'est la situation initiale.

Lorsque le méchant roi entend parler des plai,sirs du roi Joyeux., i l attaque son royaume: c'e3t le m~fait.

Il gagne la guerre, tue le roi Joyeux et fait prisonni~re la

pau-vre reine enceinte.

La

reine devient le héro~-vietlme, c'est elle qui subit les

\

t0rtS.

Dans sa pri "on, elle reçoit la visite d ')!fle tée, qui lui promettra son aide: c'est l'auxiliaire magique. Suivra donc 1f,épreuve qui servira A vé-'ri.f'ieJ: si la reine est digne de recevoir l'aide magique. Cette épreuve en sera une d'amitié: la reine partagera son rèp&l*> avec une petite souris. Elle reçoit d'jl sa premit.re réoompense: un bon repas. La scltne se r'~te une seconde tais. Pub c'est une vieille teme qui prOllÎet d'aider sa petite fille si la reine

,

accepte de tuer une bonne petite souris bien grasse. : Malgré ses difficultés, la reine refusé et

perd

le ~ecours de la vieille.

f i .. t'

Ce n'est qu'aprfts la naissanc4!t de sa tille Joliette que la petite ,souris reprend sa forme dritable: elle eott t'e et c'e!rt.' elle que le 1Mchant > •

..

.- Xl 'r1'~ ~~ . ~~\~.... ' , -::-~~"I"."'/ .~, ... ,~ ,.~~~'-',.' 'Io~~.

, '

, ,1

(22)

"

.

"

\

...

roi avait tait venir pour ~avoir si la reine était gros~e ~'une fille.. La f~è

lui dit qu'elle avait voulu éprouver son coeur et qu'elle l'aidera A se sauver

et A 'sauver sa fille. Alors qu'elles allaient s'entuir toutes les trois, i l y

a un chang~lnent de ~i tu at ion •

La petite Joliette est enlevée par la méchante fée Canealine. Jo-.. lieUe de~eDdra dbnc lI.. partir de cet in<;tant un s~eond héros-victime et Canca-line' un !Jécond agresséur. Le personnage de la reine disparalt au royaume de la -bonne tée, qui, elle, re!>t~ l'auxiliaire magi~e. Il l' a donc un second ,méfait :

l"enUvement de Joliette. Et ~ l'intéd.eur du cont'e, un second conte. 1-1 faut donc réparer un méfait •

[J Le h~ros-vicîime fait la rencontre de l'auxiliaire mag:tque: la fée

se d,éguise en vieille be:rg~re pour aller voir une' petite dindonnUre qui

n'est

nulle autre que Joliette. .Joliette la reçoit avec douceur

et

de til en aiguille,.

. "

-

"':-la fée devine l 'idènt1té , ' réell~ de la dindonni~re. BIle lui ordonne de se laver

" . J' ,

un peu et de revêtir la robe qu'elle lui donne., Joliette e'5t obéisc;ante et bien appris.: elle tait ce que la tée lui dit. L'épreuve er,t accomplie: Joliette a les, manUres qu'il faut pour s'a"surer l'aide de la bttnne fée.

, C'e8t

A

oe moment que Joliette est attaquée par le roi et son '.~

, • 0

fils qÙi remplacent, en qualité d'agres$eurPl, Cancaline dont

on

n'entend plus parler. Le :t'th ,veut épouser Joliette et le roi menace de la tuer si eUe ,retuse ..

Arrive la r~e, auxiliaire magique, qui reprend la forme dtune pe-tite? souris pour déf4!ndre Joliette. Elle réussit A semer un trouble incroyable en

;,.

mordant aux oreilles 1e- roi et' son fils puis en revenant grignoter l'intérieur de J

l~ bouche du roi, sa .langue et ses llvres. Elle grignote aus~i le- seul bon oeil de son fils; Le brouhalia est tel qUe rus aveugle et roi en c9Ure s'àtt~ent

.~

"1' ~,!-I'-~~;~. , . "~i,

':'

~

":..

t - ' • ''1~: ~'f..

(23)

1

r·l

!

, ,

c

19 .

,.. \ 'l la suite d'un malentendu et se

biessentQmutuell~nt.

- , ?

...,...:-

.

" ~

Leurs ~.rviteurs, bien 1

helreuX de le" voir dans eet état, leur lient pieds et ~s et vont le! .1eter dans la ri vi~re.

elle reprérid le rôle de héros-net me de S8 quête est Joliette, s~ fille.

Le~ fonction<! sont telles que.. définies par :Propp, qui ne dit nulle pa~

h~ros dç.>ive être un homme et l'objet de la quête une -femme, ma.i~ i l faut bien

t , • ,

convenir que l~ situation de

La

Bonne petite ~ouris e~t aosez rare.

s a un étonnant dénouement •. 'l'ous les'méfaits

~pnt r'parés, le manque est cOl/l'olé, les héros sont vainqueu ~ les agresseurs punis (sauf Canealine, mais cela importe ,peu puisqu'elle a disparuQ.et ,ne ~emble

"

pas vouloir pourlmivre se~ attaques.) La fée, 1.a reine et Joliette décident d'aller taire un coup d'état. Le coup d' état réussit et pour bien terminer

o

... t.out cela, la fée va cheroher R. 1 t Autre bout du monde un prit;loe aussi aimable

que Jolutte. Ils

s'épou~ent.

Encore une fois) la fin du conte n'est pas

t~ès ~

~

orthodoxe., Et e,.~core une r~i;, ,~e, 50nt des Jemmes qui ~'ment le

hommes né,so~t lA que par néees~ité d'amour/,~i,9P- dire. Et le"plus important c'est

~e

ce sont les

~~

'qui

d~c1dent

de leurS actions qui ne !Sont plue fonotion du

~ment

du récit.

~ ,

i>?-::1ié>1,!e~u bl~

·'1

---~ , )

,

L'Oheau bleu est un conte. plein de rebondissements, aw!, des contes

\

dans le conte. La part~! prépara~o1re e~ 8ssel longue, le .t'ait qui eIl$~mdre

-~ ~-('

(24)

\ '

,

1/

la prernUre reine, la rencontre du roi et de la

~~ve,

leur mariage, l'arMvée de la tille de la seconde -reine.

De ces év~nements on peut dire qu'il,a forment la situation initiale,

'\

Vient ensuite 1 t éloignement de Florine,. la t'ille du roi, et que Trtiitonne et sa

1ère détestent parce qu'elle est a.imé~ du roi Charmant qui veut l'époUser. Puis

r

vient la trompelÜe, où Truitonne se raU passe.r poUl;' Florine et se fait enlever par 1

Charmant et mene,r pour

,

le~ noces chez "!a marraine la f~e Soussio.

C'e~ lA que Charmant s'apercevra de la superoherie et sera transf"oziné

enp~isea\l bleu plutôt que- El6--renoncer A Florine. Charmant est un héros-victime. \

L'objet de sa quête est Florine. Il s'agit pour 111;1/non seulement de la trouver

~/

mais ausc;i de la

~auver

et de se

~auver l~~~;:

'

-~'

L'auxiliaire magiq~t son ami l'enchanteur. Il n'aura pas A subir

--~-des .~preu';e5 ~~~

',s.on

aide: elle lui est acquise" par l ' amitie§ qui les

,

~-~~:Lest à noter que ce n'est ~s la premUre t'ois qUe le héros masculin _____________ n'a pas bfsoin d'épreuve pour se mériter l'aide magique: Percine,\:- avait reçu

des dons de féerie' sa nai"'sance, Charmant a un ami. Il n'en est pas de m8rne

~

\

V--o'est d'abord

.

Dans l'Oiseau bleu, l ' agreerrur -a plusieurs visages:

~ ~

la reine avec Truitonne, puie Sousei~ que~ Iles pouvoirs magiques rendent redou- : table.

Charmant a plusieurs tAches A.accomp1ir: dtabord retrouve!' Florine.

Ce

qu'il.

rait ~!J8.1 ':tacllement

et

sans aide de son auxiliaire. Il l'entend se

plaindre un soir ~ sa fenêtre

et

la reconnait. 11 se pNsente A ell~ et lui ex-plique son histoire. Ils passent -deux ans • se rencontrer ainsi le !oir et l

'~f \ ~

"1'

.----.

" ( • >, , '

(25)

c

..

21

bavarder ~ la fenêtre de la prison de Florine.

La reine finit par découvrir le man~ge, grâce à une espionne, per-sonnage secondaire qui sert à donner une information à l'agresseur. Charmant 'se prend au piège que lui tend la méchante reine: elle fait att,acher des épées, dec; couteaux et des rasoirs aux cypr~s qui entourent le chateau et l'oisea;ybleu se

"

bles~e grièvement. C'est son'auxiliaire magique qui le guérit et le ramène dans

son royaume.

--r-C'est à ce moment que survi~nt un revirement important. Le roi meurt et la révolte éclate.

La'

reine est tuée. Truitonne s' enfuit chez Sous~io et le peuple. vientt"':ouronner florine.

Le per~onnage recherché cette fois-ci, c'e~t Charmant et le héros, Florine. Oes trois agrec;eeurc;,il n'en reste que deux: Truitonne et Sou~sio.

Florine part.donc à la recherche de Charmant. Sur sa route~elle

renoontre un donateur magiq~e: la soeur de la fée Soussio. Celle-ci est déguisée

"

eh petita vieille voûtée. Florine lui raconte sec; malheurs. Celle-ci se trans-forme ~lore en ,fée et lui donne quatre oeuf~ qu'elle n'aura

qu'à

casser lors-qu'elle aura besoin de c;eoours.

Suit un long xoyage où Florine doit utiliser deux de ~es oeufs. La

pJ;"8lllillre fois pour grimper au sommet d'une montagne d'ivoire, le premier oeuf lui fournit des crampon:=; d'or qu'elle met A ses pieds et A ~es mailils. La seconde

fois pour descendre l'autre versant de la montagne qui n'est qu'un'vaste miroir

tr~s fragile et que F19rine évite de briser en se faisant conduire par de~

pi-,

geons qui l'œnent jusqu'aux portes du royamb.e de Charmant •

.

(26)

,

c

le roi. Elle le fait grâce

A

ses

deux

derniers oeuf~. Son premier sucebs elle le doit d'abord à l'échange qu'elle fait avec Truitonne (que le roi a enfin

àC-cepté 1. 'épou~er) de bijoux contre une nuit pa:'l~t'e dans le cabinet des échO""

dt 01' elle es~re pouvoir se faire entendre de Charmant. Ce cabinet était fait de telle façon que tout ce qui

"'y

disait pouvait être entendu dan~ la chambre du roi. Malheureusement le roi, cette nuit-l~ co~e toute~ le~ autreR nuits d'ailleurs,

a pri:'l de l'opium pour dprmir et il n'entend rien àes plaintes de Florine.

Florine casse donc un troisi~me oeuf et y trouve quatre marionnettes extraordinaires dans un carosse. Elle fait le même échange avec Truitonne, mais sans plus de succês que la pre~i~re fois. Un valet de chambre, personnage ~econdai­

re d'information, lui apprend que le roi fume de l'opium avant de s'endormir. Elle lui offre des bij oux pour empêcher le roi de fumer ce· soir-là. Il accepte.

Florine casse donc son dernier oeuf. Il en sort un pât~ de

six

oiseaux qui chantent, disent la bonne aventure et connaissent bien la médecine. Elle l'offre A Tru1tonne contre une nuit au cabinet des écho"3. Cette !ois le roi l'entend et va la retrouver. La quête e~t terminée.

Arri'\rent les deux auxiliaires magiques, l'enohanteur et la soeur de

J

la fée Sous~io dont les pouvoirs oonjugués l'emportent sur celui de Soussio. Les

deux agresseurs sont donc vaincus: Soussio par le pouvoir des deux auxiliaires magiques qui rivent li. renverser sa magie et Truitonne parce qu'on la transforme en truie.

Charmant et Florine s'épousent et le conte se termine ~si •

.r

L'Oiseau bleu est parmi ces quatre contes celui qui s'~cartë

-1.,

plus des scht§ma.s folkloriques. L'innuence des motivations psychologiques est trlJs

• • l>..'" • r ~ ... ~ 1 . . ~ ~.

. .. . .'

t

(27)

1

c

..

23

importante pour le déroulement de l'action. D'abord Charmant a l'opportunité ,de choisir entre épouser Truitonne et être transformé en oi~eau bleu. C'est sa dé-eision qui détermine le cour~ de l'action. Ensuite c'est ~on iQterprétation des év~nements qui l'~loigne de Florine et qui la force ~ partir A sa recherche. Il Y a dans tout cela une conception de l'amour qui est bien plus importante dans le déroulement de l'action que les fonctions des personnages.

v: premi~re~ conclusions

Pour arriver à de~ conclusion~ générale~ concernant la similarité entre ce~ quatre contes et le mod~le établi par Propp. ~l faut d'abord revenir à la définition ~lobale que donne Propp du conte folklorique.

Propp dit que :"le5 éléments con"'tants, permanent"'. du conte sont les fonctions des personnages, quels que soient ce'" per~onnages et quelle que

b

soit la rnanHlre dont cee; fonctions c;ont rempliee ." Il ajoute: "le~ sentiments de" personn-ages peuvent être hostile~, neutres ou amicaux, cela ne change en

9

rien le coure; de l'intrigue." Il ec;t clair que tout conte qui ne répond pas

A

cette définition ~omprend des éléments con~itutir~ qui sont étrangers aux contes traditionnels.

Il ~tait déjA évident, dans Gracieuse et Percinet, que la conception de l'amour intervenait dan .. le dérOÙl.èment de~ év~nements. La Belle aux cheveux d'or Suit assez rigoureusement le modèle de Propp, sauf vers la fin où l'amour du rol pour la princesse occasionne indirectement sa mort et le changement de rôle d'Avenant. C'est également

A

la fin que l~ Bonne petite ~ouris se d~tache le plus du scMma de Propp •. Le coup d'~t.at n'aurait aucun "Iens dans un conte tra-ditionnel. Mai'" i l a tout son Sens quand on sait l'importance que les pr~cieux

(28)

~---,.---c

.

,

~J.. 0

acoordaient A la femme et A son i~telligence. L'Oiseau bleu, lui, e~t rempli de mod~le~ précieux, quant a~ man1~res, A l'amour, aux conver~ations entre

amant~. Toute action y est préte~e A l'illustration du code d'éthiqu~ précieux. Quiconque lirait 'L'01.J!au Bleu pour y connaitre les rituels amoureux idéaux du

XVll~rne si~cle ne ~erait pas d~çu. Les po~mes, les leçons de morale, les descrip-tions de soupir~, de délicatesses et de finesses verbale~, y abondent. On y

retrouve bien sûr les fonctions et les actants de~ qontes traditionnels mais un peu édulcorés par des tableaux d'amour précieux.

Il apparaît donc que les contes" de Madame d'Aulnoy utilisent les fonctions et les actants du schéma de Propp, mais laiss~es sentiments et les motivations des personnages influer sur le cours de l'action, ce

qui

dans les genres littéraires rapproche davantage ces textes du roman proprement dit, t81 que le conoevra une Madame de La Fayett~, que des contes traditionnels. Marc Soriano avait donc raison et oela n'est ~ke étonnant: ~ame d'Aulnoy fré-quentent des habitués de salons littéraire~ et elle est bien plus portée vers leurs préoccupations'que ver~ celles du peuple.

Mais pour oonnaltre davantage l'auteur,'il faut étudier plus A fond les motivations et les sentiments, de ses personnages, pour voir A quel code d'é-thique ils se rattachent. Au pré~er abord l'intluence précieuse est prépondérante. Qu'est-ce donc que la préoiosité et cOIIIJI8m s'incarne-t-elle dans ces quatre

oontes? C'est ce que nous verrons dans le second ~hapitre.

(29)

os

1 , )

Gilb.~~.~uger, Perrault: Contes, t~xte5 ~tabli5" par (Ed. Garnier 1967

p. n~ ~

2

Hary Elizabeth Stàrer, 1& mode des cantes de fées ( Lib. Âncienne Hon.

"

Champion 1928) p.

224

3 id. p. 232

4 id. p. 234

5 id. p. 244

" 6 Marc Soriano, Les contes ùe Perrault (Bibl. des Idées Ed. Gallimard

1968~

p. 266

7 Vladimir Propp, Morphologie du conte (7COll

Po4St±q~e

Ed. du Seuil 1965) p.

31

8 id. p.

99

9-

id • '-,

\

1 25

\

(30)

,

..

Second chapitre:

,

~..L-'IDEAL PREC:muI . : r " , ~ o

..

.'

.; .ua

(31)

l ,

. 26

A) Contexte hietorique et °oc1al

L'époque était favorable aux contee: dé fée"'. "Le roi Loui'" XIV

.-prenait plaic:ir aux conte~ de féec étant enfant. Un demi-e:iècle plue tard,

il Y prenait plaieir encore.

.

Ver~aille~ avait .. a mère l'Oye: la femme d'up conc:eiller d'état, Madame Le Camu'" de Melun, une amie de Mademoi~el1e

LtH~-ritier. nièce de Charlee Perrault. On dieait de .. contee che~ Madame

Lambert.

che~ Mademoicelle de La Force. che~ la Duche~~e d'Eperon. Lee mème'" canevas 1

pa'5saient de mâin en main."

J

~..,..,~ 1 ~+t.s..-.

...

~. Colbert; aimait également le!'1 contee; de

beaucou~

la

r~vélati~n

de l'Orient.

féé'" et c:'intéreec;ait

Le c: Conte c: de fée., ~e Madame d'Aulnoy furent d~Ué"

A

Madame;

mère du futur i'égent. Li"'elotte aimait le"! conte'3: "J'avoue que j'aime

à

entendre raconter de petites hiAtoires d\aventures et, en particulier, de

revenant~ et de sortilège~. Le duc d'Anjou aimait les cpnte"!, je lui en

_ 2

faisai~ .de!" "'oirées enti~res.tt

Le"! contee: qont donc a~q des Grands: ils p~olif~reront.

Ce seront de petiteg bagatelles insp1r~eR de~ r~ëits deq nourrices et fignolées

à

la bXle' pdcieuse, une mode souvent qualifiée de 15gère mai~ qui en

r~a-lité l111,lstrait un fort courant social que l'on jugerait de nos j~s proche du fQdnbme. Qui écrit ces contes? En grande partie des femmes, Madame de Murat, Mademoiselle Bernard, Mademoiselle de La Force ,'" Madame dt Aulno)" , Madame d'Auneuil, Madame Durand, Mademobelle ,

.

L'H~ritier, Il.y a 8u~!i

quelques honmes, Monsieur de Préohac, le chevalier de Maill;r. Et d"où

!5or-..'

" , " 1 1 1

(32)

tent-ils? Des ~alon" tenus par des femmes. -Ges fem1nes !':Ont cultiv~es"

connais!'ent l'art de la conversation et de l'écriture: ont de~ mani~re~ raffinées. Bref elle" repr~sentent une· "orte d' HUe int-ellectuelle sans

.

poUT autant être pédantes. Les Précieuses Ridicules de Moli~re sont une

27

earicature de la situation et -ne' dKrivent qu'une minorité parmi ces femme\s. ,,~_

i: situation de la femme

Il faut se rappeler que d~s le d~but~ du XVll~me ~i~cle, les femmes de l'ari~tocratie ont conquis leur indépendance: les maris, souvent appelés

aux armes,

li~rent le~ fe~~r

absence. Celles-ci ont également une vi~ mondaine qui assouplit pour elles les lien~ rigides du mariage.

Quelle est donc la situation légale et sociale de la femme

A

l'époque où écrit Madame d'Aulnoy? La bourgeoise n'a -comme liberté que le pouvoir de décider entre le couvent et le mariage

imposé

par son ~re, sou-vent d~s l'âge de dOUlo' ou trei~e ans. Les alliances bourgeoises étant

uni-quement affaire d'argent, les femmes n'y trouvent aucun plaisir. Ajoutons à

oela les maternit~'S annuelles qui la privent durant de longs mob de oette vie sooiale qui lui procure un des rare"! plai~irs de son existence.

- ,

Le terrain était donc tout

à

fait propice aux revendications

f~minine~. Mais les rennes n'avaient pas vraiment les moyens de faire res-pecter ces revendications. La préciosité e~t la co~s~uence de ce~te

situa-tion. Dans ~ cercle fermé des salon!, précieuses et précieux se recrc§~mt i , un monde,L

1 tun~que h~ro1ne e~ la femme. Des lois complexes et subtiles r~­ glent le~ relations entre les gene et surtout entre les hommes et les femmes.

118 femme, qui ,dans la vie quotidienne" est soumise" l'hOJlllle, dans le salon,

..

(33)

,

-.

.,.

devient l'objet d'amour qu'on ne mérite 'qu'aux prix ~e diffieiles épreuves. Dont l'une, évidemment, e~t de e'initier au code d'éthique précieux.

28

"En cherchant plus avant, on trouverait même des théories Clociales beaucoup plu~ hardie5 dan~ la précio~ité. ( ••• ) Certaine~ précieuees en effet, chez qui l'amour platonique ne ~atisfait pas les ~eurs natUrelles, revendi-quaient

~ettement

le droit de "vivre leur vie",

eJ,)

certaines encore pro-posaient l'établi<lsement du divorce,

d'aut~es

un-\régime de mariage A l'essai, par baïf'renouvelable chaque année A la

volont~ d~

deux

partie~,

d'autres

- p

encore un

syst~me

de mariage limité

A

la

na~e

du premier entant; certaines

,

même ont prêché l'amour libre. Quelque~-une5 recommandent la limitation 3

volontaire des naissances."

B) L'expression de la préciosité.

i: l t amour précieux

Quelle était donc la forme que prenait l'amour précie~ qui devait rendre

A

la femme une dignité perdue dans -les transactions maritales de 'la bourgeoisie? 1

Il t'allait d'abord policer un peu les manilre:!l de ces hommes. plue habitués aux garnispns qu'A rr~quenter des femme5. "La ghJ.anterie française, qui avaij. vécu de ~i beaux jours au Xllbe sUtcle et reçu un nouvel éclat A

la cour de François 1er et dans quelques cercles aristocratiques du XVUme sUcle avait ét' tort néglig4Se dans les désordres qui avaient suivi 1& Réforme. La

,

,"','

(34)

29

4

brutalité et le cynisme avaient alors fait tache d'huile.';

J..j

&J,..ir

~

...

Ce Ai ~aGfa ducul:b s'ua:pkjw Madame de Rambouille~oAt ln )t.aap.h

1::_

'~~rdl .

Dopnajt J'au4l.i" Rlaa:J:tIs

~

imposer A

~es

hôts! la

d~cence

à laquelle

elle tenait. C'est

A

son cercTe qu'on doit une certaine rénovation de la ga-lanterie française. Autour d'elle, dan~ la Chàmbre Bleus, on ne parlait pas de la licence des moeurs

même

si on lui donnait libr, cours

A

l'ext~rieur.

A

cette' époqu~Volture pouvait encore S~ permettre d'écrire un rondeau comme celui-ci,

il décrit le~ charme~ de sa maîtresse:

"Panni tout ce qui plu'3 m'engage Est un certain petit pa~~age

Qui, vermeil et déli.cieux ...

Mai c; èe secret est pour le!$ Dieux!

Ma plume changeons de langage

5

Tout beau!"

Mais la préoiosit~ rait son chemin et bientôt Saint-Evremond pourra

dire des précieuses :"Css rausse~ délicates ont ôté à l'amour ce qu'il a de plus naturel, peneant lui donner quelque chose de~plu8 précieux. Elles ont tiré une passion toute ~enstble du coaur

A

l'esprit et converti des mouvements en

6

idées."

-Ce ~elque chose de plus précieUX, c'est l'adhbion de l'ima. "L'a-mour, explique L'abb~ de Pure, n'est point dans un coeur jusqu'A ce que la con-vic::ti0!l de l '

amitU 'l'ait

asservie soUs la ohose aimée. ( ••• ) Ce n'est pas

I l

une colldition qullaisse des désirs 1mparfait~, quj. ·ra~s.e aimer faiblement

, . 7

et qui se contente de

l'assai.

Il faut aiJaer autant que l'Ame peut aimer."

(35)

e-.'

JO

Pour arri~r à un tel amour, i l faut évide~t accepter d'y mettre le temps.

La

constance ~era une preuve d'affection. Pellisson et Mademoiselle de

Scudé-ry s'écriront pendant deux ans avant de "l'avouer leur amour et leur amitié ' amoureuse durera quarante ans. Les progr~s d'amour sont ana,lysés, décortiqués,

le~ précieuses se voulant des ~pécialistes du coeur.

L'homme ne peut rien attendre de la femme avant de lui avoir prouvé sa fidélité: les épreuves'sont aus!i difficiles et longue~ que lè pouvoir réel de l'homme "ur la femme est lourd. Dan~ l'amour précieux, c'est la fennne qui dirige l'homme, c'est lui qui e~t ~ son service et qui doit supporter toUtes ses hésitations ju~qu'à ce qu'enfin elle couronne ses effortc;.

li: le langage pr,écieux - ..-. ..,.\

Avant de devenir un jargon pour initié, le langage précieux servait des objectifs louables: "il n'y avait pM à la cour un langage choisi,

homo-",

gêne qui put agir avec ~c~s sUr la littérature: la langue écrite ne res-semblait en rien à la langue parlée. Telle qu'elle était, c'était en quelque sorte 'Un idiome "'avant que tous entendaient mais qui n'avait pas cours dans les relations habituelles. ( ••• ) Sitla politesse du langage ne préoccupait aucunementles gens de la cour, leurs habitudes guèrri~es et leur vie de garnison les rendaient peu scrupuleux sur la décence des expressions; le g01lt des histoires graveleuses, l'emploi des termes les plus libres, les

usages les plu~ grossiers arrêtaient dans leur expansion tous les sentiments de

pudeur, toute cette r~serve, cette dt§licatesAe exquise et fine qui réclame

- S

im~rieusernent une langue particulUre. il

Les _liorations de la langue toucheront donc deux aspects:

"

\

(36)

31

l'art de- la conver~ation et l'écriture. Tous les deux répondent 1

A

dés r~gle~

/'

préci~e~: soucis de bienséance, de noblesse, de di~tinction, de modernisme, goût

de la pureté du st~le, de la propriété des termes, de leur précision, goût du concret. On remarque auc:;~i une tendance ~ l'exagération ou à. l'hyperbole, au

, ,

vague, par besoin de laisser aller l'imagination, une recherche de l'ingénieux et du spiritu~l. La précio~ité ec:;t une ari~tocratie dè l'esprit que doit illustrer le langage parlé ou é,crit.

c) Etude des actants sous l'angle de leur psychologie

Il "serait inutile d'étudier chacun des personnage! des quatre contes

de Madame d'Aulnoy. Certains ne sont qu'un prétexte à la fonction qu'ils rem

-plissent. Grognon en agresseur, Truitonne et· sa ~re, en agres~eurs égaleme~t,

le valet de chambre, en perc;onnage de liaison, etc.

Les personnages intéressants du point de vue de leur psychologie sont ceux qui prennent des décicdons ou ont des' sentiments qui changent le cours des

~ énnements. Par cela même, ils se détachent des actants habituels des contes traditionnels et c'est leur difr'rence qu'il est important d'ana1y-!ter pour voir de quèlle influence elle d'pend.

i: Gracieuse et Percinet

Ce qui est frappant dans Gracieuse et Percinet Cl' est que Gracieuse

1 •

~'est Mros-vict1me que parc~ qu'elle refuse de permett~e A Percinet de l'enlever

pour l'épouser. Par ailleurs, Percinet a tous les pouvoirs sauf celui de séduire

,

"

(37)

,

&&Si

32

en tous points A la dcSfini,tion de l'amour précieux: l'homme doit satisfaire

,

A tous les désirs

de

celle qu'il courtise et celle-ci doit lui imposer des épreuves av'ant de croire 11 c;on amour.

Mais il y. a aussi plusieurs autres caractC§r!stiqueR précieuses dahs

, ' . ,

les attitudes des d~ personnages:

a) tous d~ux affirmè~t que l'égalité de naissance est néceqsaire pour que deux ~re~ puissent s'aimer. p

,

Gracieuse: ~'Un page a l'audace de me dil'e qu'il m'aime! Voici le"comble de mes disgrâces!"

Percinet: "Ne vous effrayez point, belle Gracieuse. Je suis Per~i"net., 'princ~ assez connu par mes richesses et m.:m savoir pour que vous ne troùviez point

9 d' inégali U. ent ra nous."

b) Gracieuse"sur le point d'être flagel1C§e par des femmes de Grognon h~site

A

appeler Percinet parce qu'elle est A moitié nue. Lor$que celui-ci vient

A

__ ~~m secours il reste cependant dans un coin de sa champre par respect pour

elle. Elle lui d$m8llde 1 d'ailleurs de se r,~irer car: "on lui avait touj~s

1 10 •

dit qu'il ne tallait pas demeurer seule aYeGl des garçons." Cela répond bien

au principe de pudeur, sinon de pruë1rerle. affiché. par les prC§cieuses •

c) Per'cinet doit tout' accept.~r de Gracieuse s'il veut lui plaire. Percinet

.

lui dit: "qu'il était bien juste puisqu'elle était sa mattresse qu'il lui

, 11

obtUt en toutes cho'3es, mime

aux

dépe"t1s de ~a propre satiSfaction." Et il ne l'abandonnera pàs,

~

;"qutelle lui soit plus inhumaine que Grognon ne

12'

l ' e st avec eUe." Il d~milera pour elle l' cScheveau.

d) Gracieuse doit ~v1ter de succomber au charme de Percinet.

Gr~ieu.se; "Je suis ~eule

L .. ),

ce prin,ce est jeune, aimable, amoureux. Je

t.

lui dois la vie. Ha,o'en est tropl Eloignons:'nous de lui., Il va'4-t mieux mourir

(

\

.

(38)

1

ù

-13

que de l'aimer."

.

,

Lorsque Percinet lui rend hommage dans le plus pur style précieux: "Les Amours

14

vous accompagnent, les fleurs naissent sous vos pas." , Gracieuse ne répond pas parce qu'elle n'ose répo~d!e: elle -ne voulait point s'embarquer dans ces

sor-te .. de converCJations.

I&rsque Gracieuse se retrouve dane son royaume, elle d~cide de partir pour "ne

15

pas demeurer dans un palais où i l ~ta!t le maitre."

Percinet lui dit : "Fai sons ensemble notre félicité. Que craignez-vous? Elle lui eépond: Qut)'vous ne m'aimiez pas asset. Je veux que le temps me confirme vos

16

sentiment s. "

e) Gracieuse n' ~prouve pas Percinet inutilement: "Il est vrai que j'éprouve votre

- \ J '

confiance mais c' e

st

pour la couronner quand j'en serai convaincue. ( .•• ) Je 0

craignais que vouS' né fussiez de l 'humeur lég~re des autres hommes ,qui changent

, 17

quand ils '~ont certains d'être aimés.·~

r) l'admirat~on e'5t une condition essentielle ll'amour. "El~e V'Oyait avec

&d-lf

~~_ miration son !savoir et elle n'en n'avait pas moins pour son Drite: ainsi elle

\

la

v l'acceptait ~ é~." "

I~"\f'aut ~ement~:pot~r l'~rtance

du père dans ce

r~c~~.

Bien

qu'il ne soit pas tellement présent" 'tous les malheurs qui tombent sur Gracieuse lui viennent indirectement de lui. Lorsqu'elle est en danger

A

cause de Grognon,

\

".

19

l'auteur écrit: "le roi ne s'émeut point des tflrreurs de sa fille." c!es1:.

\.-lui

GJUi

permet l Grognon d'agir A sa gui"e. Pourtant Gracieuse n'aurait, #

sans 'Peroinet, aucune autre d&fens. qü. lui. C'est dire si la r~n1me est sous le

,..~

joug de l'home. Tout ce qui d~nne A Grognon 1. pouvoir qu'elle a .. c'est

l'a-,

Références

Documents relatifs

[r]

Pour ceux qui se plongent dans ce que le conte de fées a à communiquer, il devient un lac paisible qui semble d'abord refléter notre image ; mais derrière cette image, nous

Examen du 6 janvier 2015, durée 3h L’ USAGE DE TOUT DISPOSITIF ÉLECTRONIQUE AUTRE QUE LA MONTRE ( ET ENCORE ) EST INTERDIT.. I L EN EST DE MÊME DE

Examen du 24 juin 2015, durée 2h L’ USAGE DE TOUT DISPOSITIF ÉLECTRONIQUE AUTRE QUE LA MONTRE EST INTERDIT.. I L EN EST DE MÊME DE

De façon similaire, une autre fille de 8 ans répond : “Peut être ses amis sont quelque part près d’elle et elle ne sait pas quoi faire ( ?) Aller chez sa grand-mère comme sa

Tout ce que nous savons des sentiments de La Belle au Bois Dormant, c’est qu’en se réveillant elle a un regard « tendre »&gt; pour le prince qui la délivre de son enchantement.

« Of course, » Susan Bordo has observed in her discussion of contemporary body images, « muscles have chiefly symbolized and continue to symbolize masculine power as

Dans son ouvrage, Psychanalyse des contes de fées (5), le psychiatre Bruno Bettelheim démontre que le conte merveilleux a une place importante dans l’apprentissage de la maturité